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Dans les diagonales du temps
10 avril 2020

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Istamboul, février 2015

Istamboul, février 2015

 

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10 avril 2020

Jari de Raymond Reding

 

Jari  de Raymond Reding

 

 

Il n'est pas bien sorcier de se douter qu'enfant, la B.D Jari de Raymond Reding, que je lisais chaque semaine dans le journal de Tintin, était une de mes séries favorites puisqu'elle mettait en scène un champion de tennis ce que j'espérais devenir. Ces aventures à la relecture procure le même plaisir que celui qui consiste à se repasser un de ces vieux films mélodramatiques parsemés de touches humoristiques comme il y en avait tant dans les années 1950 ou 1960. Après la publication de seulement quatre épisodes aux éditions du Lombard, de huit albums en noir et blanc aux éditions Bédescope et d’une tentative manquée chez Claude Lefrancq, près de 60 ans après son apparition, voici enfin l’édition complète de la série disponible chez BDMust. Soit les dix grandes aventures et l’ensemble des épisodes complets réunis dans une collection de douze albums à la présentation enfin digne du travail de Raymond Reding !

 

 

 

 

Le 28 août 1957 (Tintin Belgique n° 35) et le 10 octobre de la même année (Tintin France n° 468), un nouveau héros est annoncé en couverture de l’hebdomadaire des éditions du Lombard : Jari Lorrain, jeune espoir du tennis et orphelin, croise la route de Jimmy Torrent, chirurgien et champion de tennis. lorsque le jeune garçon est frappé violemment par une balle qui risque de lui faire perdre la vue. Le sympathique chirurgien-tennisman prend sous son aile le garçon qui se révèle être un surdoué de la raquette, jusqu’à en faire un joueur de premier plan. Soutenus par le richissime Monsieur Berthault, les deux nouveaux amis vivent des aventures passionnantes, à la fois sportives et policières. Ils seront les héros de 10 longs épisodes de 30, 62 et 46 planches et de courts récits notamment proposés par Tintin Sélection.

 

 

 

A l'ére du richissime et très talentueux Féderer la lecture des aventures de Jari qui nous entraîne dans les coulisses du tennis, sans pour autant négliger l’action et le suspense. fait renaitre, un peu en contrebande, le tennis des années 50 et 60. Un sport d'amateurs et de gentlemen où il était inconvenant de parler d'argent ,tout comme dans la bonne société, celle d'avant le bling bling et des révélations hebdomadaires sur les pratiques sexuelles de nos hommes politiques. Vous avez compris que je suis un nostalgique de ce temps là où à Roland Garros on pouvait laisser sa veste sur le central, qui ne s'appelait pas encore Chatrier, pour marquer sa place et aller follâtrer sur les courts anexes.  

Raymond Reding (1920/1999) était un passionné de sport. En 1957 il imagine ce duo efficace dans la foulée de son confrère Jean Graton qui vient de lancer « Michel Vaillant ». 

Ce sont d’ailleurs les premiers héros de l’hebdomadaire à évoluer dans des compétitions sportives, un cadre jusqu’à lors très peu utilisé par la bande dessinée franco-belge (a l’exception de quelques récits dus à René Pellos ou à Mat), contrairement aux USA où sports et bandes quotidiennes furent étroitement associés dès l’origine du média. Amusant alors de constater que les auteurs respectifs de ces deux séries, aux styles réalistes quand même assez proches, feront rencontrer leurs héros dans « Jari dans la tourmente » pour ce qui est de Raymond Reding et dans « Le Pilote sans visage » en ce qui concerne Jean Graton (lequel sera aussi caricaturé par Reding dans « Jari et le plan Z »), le temps d’une même séquence avec des points de vue différents.

 

 

 

 

 

 

La bande dessinée sportive devient un cheval de bataille du journal Tintin. C’est après avoir signé de nombreux récits basés sur des faits vrais dans Tintin, un peu similaires aux belles histoires de l'oncle Paul chez Spirou, le grand concurrent de Tintin  que Raymond Reding obtient le feu vert de la rédaction pour créer une série récurrente. Hélas, contrairement à « Michel Vaillant », et bien que caracolant à la tête des référendums (il sera même premier), « Jari » ne connaît pas le même succès en librairie, victime d’une politique d’albums déplorable. Jusqu’à ce jour, il n’existait pas de collections permettant de suivre de manière cohérente les aventures de Jari et de son mentor Jimmy Torrent.

 

 

 

Jari connaitra pourtant dix grandes aventures de 30 puis 62 ou 44 planches, avec la note nécessaire d’humour apportée par le personnage du richissime mécène et mentor Monsieur Berthault, Malgré le succès rencontré (le premier album édité par le Lombard en 1960 fit l’objet d’une adaptation radiophonique et la carrière du jeune tennisman sera même couronnée par une première place au référendum du journal), « Jari » ne réapparaîtra alors que dans trois récits complets dans Tintin (« Le Petit bruit de Monsieur Berthaut » en 1970, « Le Singe noir » en 1971 et « Cet as de Caro » en 1977), dans cinq autres courtes histoires dans Tintin Sélection « Le pneu magique » en 1969, « Jari et l’Invincible Gérard » en 1970, « Une Machine appelée machin » et « Le Knack » en 1971, puis « Souricière grand format » en 1972), et comme personnage secondaire pour d’autres créations de Reding (dans « Vincent Larcher », notamment).

Déçu, Reding abandonne ses personnages en 1978 pour se consacrer à d’autres séries, situées elles aussi dans le monde du sport : « Vincent Larcher », « Section R », « Fondation King »… et surtout « Éric Castel », le footballeur de Barcelone flanqué de son ami le jeune Pablito.

L’édition complète de la série est donc désormais disponible chez BDMust dans une collection de douze albums à la présentation soignée : couleurs retravaillées, un ex-libris numéroté dans chaque volume et un tirage limité à 1 000 exemplaires imprimés sur un excellent papier d’art Munken.

 

 

 

L’ensemble est présenté accompagné d’un dossier érudit de seize pages reprenant les couvertures de Tintin, des documents inédits et un texte passionnant de Gilles Ratier.

Le même éditeur a déjà publié les intégrales de « Barelli », de « Pom et Teddy », du « Chevalier blanc », de « Cori le moussaillon ». La qualité de ces albums est indéniable, en général leur prix est correct environ  20 euros l’exemplaire. Le problème c'est que pour la série Jari, il n’est pas possible de se procurer les albums indépendamment, mais que le tout est proposé à 199 euros jusqu’au 31 décembre (239 euros à partir du premier janvier 2015) ; voir www.bdmust.be.

Il y a quelques années les éditions du Lombard ont proposé de redécouvrir les trois premiers épisodes de cette saga sportive et policière (« Jari et le champion », « Jari dans la tourmente » et « Le Secret de Jimmy Torrent»), compilées dans un bel album de 168 pages reliées à l’ancienne et agrémentées d’un trop court dossier sur la série et l’auteur. C'est album qui doit toujours être assez facilement trouvable. Malheureusement les meilleurs épisodes sont certainement ceux qui, chronologiquement, viennent ensuite : « Jari et le plan Z », « La Dernière chance de Larry Parker », «Le Troisième goal », « Jari au Pays Basque », « Jari et le diable rouge », « Guitare et dynamite », «Le Justicier de Malagne »

Il faut préciser, qu’en 1967, Raymond Reding est malheureusement victime d’un très grave accident de la route et failli être perdu pour le sport et la bande dessinée. A force de courage et après des mois de rééducation, il retrouve pourtant, peu à peu, le chemin de sa planche à dessin et des courts de tennis… Seulement quatre albums des péripéties sportives de « Jari » ont été édités par Le Lombard, de 1960 à 1964, et il faudra attendre les années 1978-1979 pour que la petite structure qu’était Bédescope propose huit nouveaux albums en noir et blanc (puis en couleurs, pour certains titres, sous le label Récréabull). En 1997, les éditions Lefrancq tenteront elles aussi de rééditer deux épisodes, sans grand succès, malgré des couvertures redessinées et des illustrations inédites. Pourtant, ces passionnantes aventures, où notre héros exemplaire était plus souvent confronté à des problèmes moraux qu’à ses adversaires de compétition, étaient souvent en avance sur le temps, dénonçant déjà les fléaux que sont encore aujourd’hui les drogues et le dopage.

 

 

 

Français de naissance alors que son père avait la nationalité Belge, le Normand Raymond Reding (1920-1999) était lui-même un athlète accompli, ayant pratiqué de nombreux sports comme la natation et le tennis, et la plupart de ses séries se déroulent dans ce milieu. Comme ses parents, installés en Belgique depuis 1931, n’avaient plus les moyens de lui permettre de continuer ses études, il multiplie les petits boulots : marchand de journaux, pianiste de jazz, enseignant d’anglais, comédien…, et écrivain le temps de quelques pièces de théâtre, romans et contes pour enfants. C’est ce qui l’amène à se présenter, en 1944, à la rédaction du journal belge Bravo ! dont la rédaction accepte de publier quelques-uns de ses contes et où le directeur artistique (Jean Dratz), ayant remarqué une certaine patte dans les croquis que le jeune Reding lui avait aussi présentés, lui propose d’illustrer par lui-même.

 

 

Tout en réalisant des travaux publicitaires (particulièrement pourL’Aiglon en 1949), il fait ses premières incursions dans la bande dessinée avec le strip « Monsieur Crô » destiné au quotidien La Dernière Heure (1947)

 

Raymond Reding renouera avec sa passion pour le tennis grâce au «Grand chelem » (les aventures de « Chris Larzac ») publié en 1990 dans Hello Bédé : sa dernière grande bande dessinée après la «Fondation King » qui intervient de façon caritative dans tous les domaines touchant au sport moderne (avec un album aux éditions Dargaud en 1977), le footballeur « Éric Castel » ‘après le sitehttp://lambiek.net, les lecteurs allemands connaissaient déjà « Éric Castel » (« Ronnie Hansen » pour les Hollandais) depuis 1974, sous le nom de « Max Falk » dans Wham ; il fut rebaptisé « Kai Falke », lors de sa reparution dans le magazine Zack, point de départ de l’éphémère aventure Super As.]] en 1979 (dans Super As), le chien «Pytha » qui évolue lui aussi dans une ambiance tennistique (un seul album chez Novédi en 1987)… ; des créations où l’apport de sa fidèle collaboratrice François Hugues, qui assumait aussi bien les décors, l’encrage, le lettrage que les couleurs (depuis le début des années 1970), est indéniable.

 

 

 

Certes, Raymond Reding ne figurera peut-être pas au panthéon du 9ème art franco-belge, mais il fit quand même partie de cette deuxième génération de dessinateurs apparue dans les années cinquante (avec Jean Graton, François Craenhals, Tibet, Albert Weinberg, Dino Attanasio, Berck, Mittéï, Édouard Aidans et quelques autres) qui renouvela le vénérable journal Tintin enfermé dans une ligne claire un peu trop sage. Et rien que pour cela, il mérite honneurs et respect, d’autant plus que son style réaliste et dynamique, sa parfaite connaissance des sujets exploités et son efficacité imaginative à mêler habilement sentiments et intrigues, a su toucher bien des lecteurs et susciter nombre de vocations sportives.

9 avril 2020

Wim van der Kant

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9 avril 2020

La collection Baillon à Rétromobile 2015

La collection Baillon à Rétromobile 2015
La collection Baillon à Rétromobile 2015

C'est l'histoire d'un collectionneur, Roger Baillon qui aimait l'automobile, sous toutes ses formes. Grandeur nature, évidemment. Mais aussi sur du papier glacé. Il a amassé plus de 200 voitures durant sa carrière de collectionneur impulsif. Fabricant de camions, dirigeant une société de transport basée dans l’ouest de la France. Passionné de la première heure, il exposa même au Salon de l'auto de Paris de 1947 un roadster de sa fabrication. il achetait à tour de bras des modèles exclusifs, mais pas forcément en bon état ou très précieux, dans le but d'ouvrir un musée sur sa propriété coquette, dans les Deux-Sèvres. Une stratégie qui lui a permis d'acquérir de véritables perles, comme une Ferrari 250 GT SWB California Spider. Cette voiture a été achetée neuve par Gérard Blain qui la céder rapidement à Alain Delon. Celui-ci a été photographié à plusieurs reprises au volant du bolide : en 1964 avec Jane Fonda sur le tournage du film ‘Les Félins’ et sur la Côte d’Azur avec Shirley Mac Laine. Elle a atteint le prix de 14,2 millions d'euros à la vente aux enchères organisée par Artcurial le 6 février 2015 dans le cadre de Rétromobile.

Or, subissant un revers, Roger Baillon a dû se séparer d'une grande partie de son trésor de son vivant. Et le musée n'a jamais vu le jour. Il en restait cependant 60 voitures "dans leur jus" pour la plupart, c'est-à-dire portant les stigmates d'un demi-siècle passé sous des abris de fortune. Une collection découverte après un sommeil de près de 50 ans : Talbot-Lago T26 Grand Sport SWB Saoutchik du Roi Farouk (à peu près complètement détruite, il semble qu'elle est fait un tonneau!), Maserati A6G 2000 Gran sport Berlinetta Frua, Delahaye 135 M Cabriolet Faget-Varnet, Facel Vega Excellence, Hispano-Suiza H6B Cabriolet et autres Bugatti Type 57, Maserati,.... Les belles au jardin dormant ont été réveillées en douceur par les spécialistes de la maison Artcurial. C’est en fait la troisième fois que des voitures issues de la collection Baillon sont proposées à la vente. Les automobiles ayant été intégrées aux actifs de la société mise en liquidation, 60 d’entre elles avaient été dispersées en juin 1979, et 38 autres en octobre 1985. Ce n’est qu’en 2013 que la famille aurait pris conscience des trésors encore dans la propriété des Deux-Sèvres (on peut tout de même penser qu'ils étaient assez niais car même peu informé de ce marché, il était tout de même évident que ces reliques valaient quelque argent!), et notamment la fameuse Ferrari 250 GT California Spider 1961, dernier exemplaire recensé sur les 37 fabriqués, et que tout le monde croyait disparu. 

 

La collection Baillon à Rétromobile 2015
La collection Baillon à Rétromobile 2015
La collection Baillon à Rétromobile 2015
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La collection Baillon à Rétromobile 2015
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Paris, février 2015

Paris, février 2015

9 avril 2020

Basket et maths de Rodolphe Marconi

 

France, 2009, 6 mn 30

Réalisation: Rodolphe Marconi,

avec: Jean-Denis Marcoccio, Aurélien Baty, Ugo Venel

Résumé

Jérôme lors d'un entrainement de basket a soudain une illumination, tel Claudel derrière son pilier de Notre Dame, ce n'est pas la vierge ou le petit jésus qui lui apparait mais il est pétrifié, subjugué par la nuque de Cédric, à qui par ailleurs il donne des cours de math d'où le titre. Il en déduit in petto qu'il est pédé, cela tombe bien car après quelques tergiversations, Cédric convient qu'il l'est aussi.
 
L'avis critique
N'hésitez pas pas à voir ce court-métrage, il ne vous en coutera qu'un peu plus de 6 minutes de votre temps et comme les deux protagonistes de cette petite affaire, que vous oublierez immédiatement après l'avoir vu, jouent très correctement et ne sont pas désagréables à regarder, il est des minutes plus mal employées... Il n'en reste pas moins que l'on peut se demander à quoi peuvent bien servir ces petits films militants, celui-ci appartient à une série contre l'homophobie, qui ne sont regardés que par les convaincus du message qu'ils sont censés délivrer. La seule utilité de "Basket et maths" est de nous donner des nouvelles de Rodolphe Marconi et sans doute pour le réalisateur, de ne pas se rouiller avant son prochain long métrage, ces derniers étant toujours longs à mettre en route. Que le réalisateur se rassure il fait toujours de beaux plans et il n'a rien perdu de sa capacité  pour installer une atmosphère en quelques images. Sa dernière réalisation avant ce très court-métrage était le documentaire Lagerfeld Confidential mais on se souviendra surtout de deux de ses films de fiction, "Défense d'aimer" et le beau "Dernier jour".

 

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9 avril 2020

Alexandre Falguière (1831-1900), le vainqueur du combat de coqs

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9 avril 2020

Danse, danse, danse d'Haruki Murakami

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Danse, danse, danse est le sixième roman d' Haruki Murakami. Il a été publié au Japon en 1988. Il appartient à la série de roman du rat, qui comprend outre la course au mouton sauvage », « Écoute le Chant du Vent » (1979) et  « Le Flipper de 1973 » (1980), romans que l'on peut considérer comme une suite autobiographique rêvée dans lequel Haruki Murakami met en scène ses désillusions d’adolescent puis d’homme mûr.Avec cette suite de « La course au mouton sauvage » que le narrateur, que l'on retrouve quatre ans après, résume ainsi: « De l’automne précédent à cet hiver là, il s’était vraiment passé beaucoup de choses. J’avais divorcé. Un de mes amis était mort dans d’étranges circonstances. Ma femme était partie sans rien me dire, j’avais rencontré de drôles de gens, avait été impliqué dans des évènements bizarres. Et puis, quand tout cela avait pris fin, je m’étais retrouvé comme aspiré dans un calme et  une solitude dont je n’avais jamais fait l’expérience jusque là ».Il me paraît néanmoins indispensable delire « La course au mouton sauvage » avant d'aborder le présent volume, Haruki Murakami confirme qu'il n'est pas l'auteur des départs rapides. Comme pour le premier livre des aventures du narrateur, dont on ne saura toujours pas le nom, on s'ennuie un peu durant les cinquante premières pages. Mais cette fois c'est moins gênant car le lecteur se sera pris de sympathie pour le narrateur en lisant « La course au mouton sauvage ». Le livre ne débute vraiment que lorsque le narrateur, qui ne travaille plus en tant que publicitaire mais est devenu journaliste indépendant, capable d'écrire à la demande sur "les mérites d'une marque de montre ou le charme des femmes de quarante ans", il ne cesse de s'interroger sur le sens de la vie, les femmes qui le quittent et les gens qui traversent son existence, puis "repartent, encore plus usés de l'intérieur". Il revient à l'hôtel du Dauphin, situé à Sapporo (Hokkaïdo), l'épicentre de « La course au mouton sauvage » où il a été appelé dans ses rêves par son béguin aux belles oreilles disparu mystérieusement à la fin de sa quête ovine. Ceci quatre ans après les péripéties racontées dans « La course au mouton sauvage ». Il a la surprise de découvrir à la place de l'établissement miteux de Sapporo, un palace ultra moderne. Malgré le désappointement de ne pas y retrouver ses vieilles connaissances, il prend une chambre dans le nouvel établissement. Il a aussitôt une relation avec une jeune employée de la réception qui lui révèle que l'aspect luxueux et clinquant de l'hôtel se cache une réalité inquiétante. Dans une réalité parallèle, l'Homme mouton, déjà messager de l'autre-monde dans « La course au mouton sauvage », rencontré dans les ténèbres paranormales du 15e étage de l'Hôtel du Dauphin, lui aura délivré son injonction: «Danse, continue à danser», ce qui donne le titre du livre : " Mais il n’y a rien d’autre à faire que danser, poursuivit l’homme-mouton. Et danser du mieux qu’on peut. Au point que tout le monde t’admire. Danser tant que la musique durera. Ne te demande pas pourquoi. Il ne faut pas penser à la signification des choses. Il n’y en a aucune au départ. Si on commence à y réfléchir, les jambes s’arrêtent. ".

Comme souvent chez Murakami, la musique s'invite au détour d'une page. La musique que nous, lecteurs, “entendons”, c’est le fond de jazz, de funk et de rock des années 60, 70 qui s’échappe du lecteur cassette de la vieille Subaru ou des enceintes des cafés enfumés. Il est amusant de constater que le narrateur s'amuse et s'agace à la fois des noms farfelus des groupes d'alors. Ces digressions permettent à Murakami de nous faire partager ses gouts musicaux et dans « Danse, danse, danse ». Par le biais de Gotanda, un ami acteur, ancien condisciple de collège du héros, le romancier nous fait part de ses critiques acerbes sur le cinéma populaire japonais. Pan du cinéma nippon quasiment inconnu de l'occident très loin du cinéma d'un Ozu hier ou de celui d'un Miike aujourd'hui. Ce personnage qui a un nom, ce qui n'est pas toujours le cas dans les romans de Murakami, permet d'introduire une réflexion sur l'identité. Par ailleurs l'un des leitmotivs du roman est une scène d'un film de série B, « Amour sans espoir », dans lequel tourne Gotanda.

Tout comme dans « La course au mouton sauvage », le fantastique surgit dans la réalité la plus prosaïque qui soit en l'occurrence en sortant d'un ascenseur d'un grand hôtel moderne. Murakami est un maitre de la bifurcation narrative, alors que le lecteur commençait à s'installer dans le bizarre et l'étrange, surgit à la page 240, le roman en compte 574, une nouvelle rupture qui nous entraine vers une intrigue policière si classique avec flic teigneux et prostituée de luxe étranglée avec son bas que l'on frise la parodie. Mais l'auteur, comme à son habitude ne tarde pas à nous emmener ailleurs.

Un des procédés de la construction romanesque de Murakami est, mis à part le narrateur, de traiter tous les autres sur le même plan sans que l'on sache distinguer à la moitié du livre ceux qui ne seront qu'anecdotiques de ceux qui se révèleront importants pour l'intrigue. On a le choix ici entre deux inspecteurs tordus, Yuki (neige en japonais) une Lolita de treize ans faussement naïve et un peu médium qui a des sortes de presciences..., un acteur bellâtre ennuyé de son succès, une prostituée mystérieuse, une réceptionniste de grand hôtel stressée, un poète manchot et quelques autres...

Le cadre spatio-temporel de l’histoire est très accessible parce que presque contemporain, nous sommes précisément en 1984, dans le Japon des années 1980 est en plein boom économique. Epoque dont on peut se souvenir avec nostalgie avec ses objets emblématiques comme les cassettes audios et encore, plus pour longtemps, les disques vinyle... On fume énormément dans ce roman et on y boit beaucoup, plus des pina-colada que du saké...D'autre part les références de l'auteur sont exclusivement occidentales. Il convoque Faulkner, Kafka, David Bowie, Mickael Jackson, Les Beach Boys, et multiplie les références à l’occident.

Je sais grès à Murakami de dater avec soin son roman. Je suis certain que cela lui donne une densité qu'il n'aurait pas sans cela: << Le disneyland de Tokyo avait été inauguré. Bjorn Borg avait arrêté le tennis. Michael Jackson se maintenait à la première place au hit-parade de la radio.>>.

Le romancier parsème son histoire de considérations générales qui peuvent agacer par leur évidence, mais quelques fois il n'est pas inutile de rappeler les évidences comme: << Il y a toujours des guerres. Toujours. Il n'y a eu aucune époque sans guerre. On a beau croire qu'il y en aura jamais, un jour il y en a une. Les humains au fond aiment s'entre tuer. Ils s'entretuent jusqu'à ce qu'ils soient trop fatigués pour continuer. Quand ils sont fatigués pour continuer, ils font la trêve un petit moment. Et ensuite le massacre recommence. C'est réglé d'avance. On ne peut faire confiance à personne, et rien ne change. Il n'y a rien à faire. Si on aime pas ça, il ne reste qu'à s'enfuir dans un autre monde.>>. Souvent en guise de pose dans l'action, nous est délivré des sentence tout aussi désabusé sur le quotidien de l'individu. La teneur de ces remarques va du morose au désespéré et résonne pour moi comme certaines pages de Céline. En voici un exemple: << Ma maison a deux portes, l'entrée et la sortie, et on ne peut pas les intervertir. On ne peut entrer par la sortie ni sortir par l'entrée. Il y a plusieurs façons d'entrer, et plusieurs façons de sortir. Mais tout le monde finit par ressortir. Certains sont sortis pour essayer de nouvelles possibilités, d'autres pour faire des économies de temps. D'autres encore sont morts. Mais pas un n'est resté.>>.

Pour le lecteur connaissant Tokyo et ses environs Danse, danse, danse procurera le petit plaisir supplémentaire qu'éprouve l'initié en présence d'un signe qu'il reconnaît et deviendra ainsi un élément de connivence avec l'auteur. Il s'apercevra, carte à l'appui qu'en matière d'itinéraire, le héros murakamien n'est guère un adepte de la ligne droite à l'instar du romancier qui nous inflige bien des circonvolutions pour parvenir au dénouement. On pourrait se passer agréablement de certaines en particulier des languides et répétitives conversations entre le narrateur et son ami Gotanda, surtout qu'il ne faut pas être d'une perspicacité extraordinaire pour subodorer qui est le personnage clé du mystère.

Une des propensions de Murakami que je n'apprécie que modérément est celle de détailler les moindres faits et gestes de son héros. Lorsqu'il mange, on n'ignore rien de son menu. Pas plus que lorsqu'il fait sa valise pour partir à Hawaï, on connait tout des atours qu'il emporte. Le romancier s'en voudrait sans doute de ne pas mentionner lorsque le narrateur se lave les dents ou pisse (on pisse presque autant dans les livres de Murakami que dans les film de Tsai Ming Liang.)

Encore une fois on ne sait pas pourquoi on est comme envouté par une pareille histoire peut être parce que cette fois, on s'attache, plus que dans son aventure précédente, au narrateurun antihéros qui, malgré sa médiocrité, essaye de faire de son mieux pour renouer les fils de sa vie. Sa médiocrité fait qu'on s'identifie facilement à lui. Et puis, il y a Yuki (les rapports qu'entretient Yuki avec sa mère m'ont fait songer à celui qu'avait Eva Ionesco avec sa mère la photographe, comme la mère de Yuki, Irina Ionesco.) qui est un personnage bien attachant dont aimerait connaître le devenir...

En 2001, Murakami a déclaré qu'écrire « Danse, Danse, Danse » avait été un acte de guérison après le succès inattendu de « La Ballade de l'impossible » et que, à cause de ça, il avait préféré l'écriture de « Danse, Danse, Danse » à celle de tout autre roman.

« Compliquée cette affaire, mon cher Watson, fis-je, m’adressant au cendrier posé sur la table.
Mais le cendrier ne répondit pas. Et pour cause, il était intelligent et savait qu’il valait mieux rester en dehors de toute cette histoire. » Contrairement à ce cendrier auquel s'adresse le narrateur de « Danse, danse, danse », il ne faut pas hésiter à entrer dans cette histoire.

  

Nota: On lira avec profit la critique d'Argoul du livre à cette adresse: http://argoul.com/2012/01/02/haruki-murakami-danse-danse-danse/

9 avril 2020

Ruka

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9 avril 2020

soirs à Istanbul

mosquée de Soliman le magnifique

mosquée de Soliman le magnifique

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle), intérieur

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle), intérieur

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

la nouvelle mosquée (XVII ème siècle)

petit marchand de gateaux

petit marchand de gateaux

marchands de gateaux en bronze

marchands de gateaux en bronze

soirs à Istanbul
pêcheurs sur le pont de Galata

pêcheurs sur le pont de Galata

Istanboul, février 2015

Istanboul, février 2015

 

9 avril 2020

Konrad Helbig

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