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Dans les diagonales du temps
11 avril 2020

Terry Smith

 

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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11 avril 2020

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

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Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

En préambule de ce billet je voudrais prévenir les offusqués professionnels, genre useurs de semelles derrière les banderoles natalistes que, bien sûr je vous déconseille de visiter la chocolaterie de McCarthy et plus encore de lire le billet qui suit dont le malheureux et ignare rédacteur est loin de posséder la maitrise de la litote des auteurs de la plaquette présentant cette exposition, performance... je ne sais pas trop comment la nommée, que l'on vous remet gracieusement à l'entrée du labyrinthe qu'est cette chocolaterie. Car je vais évoquer des pratiques salissantes et curieusement (pour moi) sexuelles pour certains comme la scatologie et même la coprophagie...

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

De quoi s'agit-il exactement? Rien de plus à première vue que de la fabrication de figurines en chocolat de différentes grandeurs, mais les plus fréquentes ont une trentaine de centimètres de hauteur, et de leur stockage dans les pièces contiguës à celle ou est implantée la fabrique par elle-même. Les dites figurines proliférant (nous somme dans un work in progress) car leur vente est bien inférieure au nombre que l'on fabrique, elles sont en passe d'envahir totalement les locaux de la Monnaie de Paris, récemment restaurés à grands frais. Les figurines sont de deux sortes. La première est identique, en beaucoup plus petit, à l'arbre (tree en anglais, nom de l'oeuvre) qui a été dégonflée par les offusqués dont je parlais à l'entrée de mon article. Les dit offusqué y avait vu un plug géant alors que moi dans ma candeur cacochyme je pensais que c'était un pion d'un d'échec pour Titan (je suis actuellement très marqué par « L'invasion des titans » manga et animé qui font fureur en ce moment au Japon). La seconde représente le père Noël tenant ce même plug.

Il faut peut être à cet instant de la description de la manifestation, que j'éclaire certains, encore plus candide que moi, sur ce qu'est un plug.

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

Cet objet sert a obtenir un plaisir annal lorsqu'on s'assoit dessus (enfin c'est toujours pareil, seulement pour les amateurs de ce genre de plaisir). Une sorte de godemiché spécialisé en quelque sorte. Son introduction peut en outre être le préambule à des plaisirs plus importants, si je puis m'exprimer ainsi. Car l'objet peut être utilisé pour dilater l'orifice en question dans l'espoir (?).. d'y faire entrer des éléments plus copieux et donc d'éprouver un plaisir plus vertigineux encore (je ne peux pas vous faire un dessin, ni être plus explicite sous peine de faire interdire ce blog, certains s'y essayent avec beaucoup de constance et je ne veux pas leur tendre la perche). On voit que la vandalisation du plug de la place Vendôme par des coincé du cul est d'une logique biblique...

J'en étais à ce degré de réflexion quand soudain j'ai compris quel était le but de McCarthy: combler tous les trous du visiteur ne serait-ce que de manière virtuelle. La virtualité tient une grande place dans cette installation qui demande au visiteur beaucoup d'imagination.

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

Vous comprenez bien que la jouissance du premier trou, dont il est question plus haut, est problématique in situe (en raison du public et de quelques articles de loi particulièrement pudibonds). Vous pouvez toutefois différer ce plaisir en achetant un plug en chocolat à la boutique de l'exposition. Il vous en coutera 50 € tout de même, mais la boite est très jolie. Il me semble néanmoins que pour prendre du plaisir avec votre nouvelle acquisition, il vous faudra être en de bonnes dispositions d'une part, et d'autre part, faire l'expérience dans une chambre froide; sinon la chaleur de votre corps risque de faire fondre l'objet et rendre son introduction plus délicate. Malheureusement cet environnement climatique risque de nuire à « votre bonne disposition ». Les chairs se resserrant avec le froid. Vous pouvez en conclure que l'heure de visite aura de longs et fructueux, mais probablement douloureux, prolongement à votre domicile. Une telle opération peut en outre déboucher sur une expérience coprophage. Je vous laisse imaginer... toujours pour des raisons d'iniques censures

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

Autres orifices qui vont se réjouir vos narines. Dès l'entrée de la manifestation qui commence par l'exposition de la machine servant à fabriquer les figurines, machine qui oeuvre pendant toute l'exposition et est alimentée par deux jeunes filles qui semblent échappées d'un manga, l'engin est curieusement sise dans une sorte de cabane de trappeur, on est assailli par l'odeur du chocolat qui devient de plus en plus prégnante au fur et à mesure que l'on s'enfonce dans l'installation. Là selon votre constitution vous serez soit écoeuré, au bord de ce que l'on appelle assez improprement la crise de foie ou dans un état proche du manque du drogué, car malgré le pullulement des sujets en chocolats il est interdit d'en manger. Ainsi vous errerez l'oeil hagard dans le dédale des pièces encombrées de ces tentantes gourmandises, tel Omer Simpson en murmurant << chocolat, chocolat, CHOCOLAT>>. Vous vous doutez bien que j'étais dans la seconde disposition...

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

Je fus sauvé des affres de la tentation, qui auraient pu me conduire aux dernières extrémités, par les restes de mes dons d'observation. Je vis qu'un des plugs encombrant l'âtre d'une cheminée avait été brisé, se trouvant au niveau du sol, vraisemblablement par un coup rageur de tatane d'un iconoclaste gourmand. Là encore il me semble qu'il faut une explication supplémentaire . Les plugs sont remisés encore tièdes. Les sujets en chocolat adhèrent sur la surface sur lesquels on les dépose. Tout comme le plug courant qui est souvent muni d'une ventouse qui le fixe à une surface, généralement horizontale, ce qui lui évite de riper lors de l'introduction... C'est donc cette adhérence qui explique qu'un coup de pied vindicatif ait pu casser en deux l'objet de ma convoitise.

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

Je me suis donc saisi de la partie supérieure de l'objet, qui pour des personnes à large ouverture buccale peut éventuellement être un substitut à la fellation active, mais peut être que ma libido exacerbée par l'environnement chocolaté me fait m'égarer dans des hypothèses oiseuses, et j'ai grignoté le large morceau de chocolat le restant de ma visite. Non sans avoir soigneusement la moitié restante de la partie supérieure du plug, soit environ ¼ de la figurine à sa place, tournée vers l'extérieur de manière qu'un visiteur peu vigilant, j'en ai détecté quelques uns, ne puisse voir mon demi acte de vandalisme. Il est bien évident que je ne vous encourage nullement à m'imiter sinon que resterait-il de l'oeuvre de McCarthy dans les jours qui vont suivre?

C'est donc ainsi que mon estomac fut apaisé et un de mes trous comblés enfin pas tout à fait car le chocolat de la chocolate factory de McCarthy n'est pas exceptionnel et si sa qualité est honnête, elle est loin de justifier son prix d'achat. Plutôt qu'à notre fils de mormon adressez vous à un rejeton de protestant suisse pour vos chocolats de Noël.

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

L'estomac un peu calé j'ai pu me repaitre sans entrave du son qui accompagne toute la visite, excellente sonorisation qui ravira les orifices que vous avez de chaque coté de la tête. Si on ne doute pas un seul instant que ce que l'on entend sont des grognements de plaisir, plaisir probablement sexuel, on n'identifie pas immédiatement qui peut en être l'émetteur. J'hésitais entre le rut du sanglier ou celui du grizzli nain quand, au détour de mes pérégrinations chocolatés je tombais en arrêt devant la projection d'une vidéo montrant l'artiste lui même poussant ses rauquements d'extase lorsqu'il écrit d'une manière compulsive et d'une écriture saccadée, sur de larges feuilles de papier: fucking america. Il aurait bien tort de se priver d'une telle extase qui demande somme toute peu de moyen. La vidéo passant en boucle vous n'échapperez pas une seconde à l'expression du bonheur de notre installateur. Mais rassurez vous le créateur à d'autres moyens pour atteindre l'extase, notamment la défécation car si on examine bien les dessins sur lesquels il s'est représenté dans cette activité, sa béatitude fait plaisir à voir.

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

J'en réfère maintenant à la sagacité des lecteur qui comme moi iront visiter cette éphémère chocolaterie, car il y a une chose que je n'ai pas compris dans cette manifestation, c'est la présence de plusieurs lits de guingois dans certaines des pièces. Quel est le sens de leur présence? Est-ce une invitation à des travaux pratique? J'attend vos hypothèses.

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris

J'ai pu faire à peu près toutes les photos que j'ai voulu malgré une formelle interdiction de photographier, car les malabars surveillant la chose, peut être intoxiqués par les effluves chocolatées, étaient très statiques. Seul le manque de lumière a été génant.

Si je puis me permettre je vais faire une suggestion à l'artiste. Il me semble qu'il serait intéressant pour les amateurs d'art contemporain (et de chocolat) que le jour de la fermeture la Monnaie de Paris invite les visiteurs à un grand happening, les intimant d'ingérer plugs et pères Noël porteur de plug jusqu'au dernier. Une sorte de remake de la grande bouffe filmée par les caméras de surveillance. Le film de cette orgie de cacao pourrait être ensuite projeté ce qui ferait l'objet d'une autre installation...

Pour faire court en guise de conclusion je n'ai pas regretté mes huit euros, prix de la visite pour avoir eu autant de sens sollicités.

 

Chocolate factory de Paul McCarthy à la Monnaie de Paris
Paris, décembre 2014

Paris, décembre 2014

11 avril 2020

un emballeur emballant

un emballeur emballant
un emballeur emballant
un emballeur emballant
Paris, décembre 2014

Paris, décembre 2014

La FNAC Paris les Halles mettait avant le noel de 2014 cet emballeur emballant à la disposition de ses clients pour confectionner leurs paquets cadeaux...

11 avril 2020

Dessins de Cocteau

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11 avril 2020

Ram Shergill

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
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11 avril 2020

Evgeniy Rotanov (1940-2010

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11 avril 2020

La course au Mouton sauvage de Murakami

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Il n'est pas inutile, en préambule, de préciser que ce roman est un des premiers de Murakami et qu'il a été publié au Japon en en 1982 au Japon et a été traduit en français en 1990. Il est le premier véritable succès de l’auteur, qui avait déjà écrit deux romans alors.

Le narrateur (dont on n’apprend pas plus le nom dans ce livre que dans Danse danse qui reprend le même narrateur, d'ailleurs dans ce roman aucun personnage n'a de nom mais parfois des surnoms ou est désigné par son activité) est publicitaire à Tokyo. Il a du mal à s’engager et à donner du sens à sa vie banale. Jusqu’au jour où il est approché par un mystérieux homme à cause d'une photographie qui lui a été envoyé par un ami qu'il a perdu de vue depuis plusieurs années, photo qu'il a publiée dans le cadre de son travail. Sur cette photographie figure un paysage montagneux occupé par des moutons. Mais à y regarder de plus près, on y découvre un mouton différent des autres. Il a une étoile sur le dos. Ce mouton aurait jadis investi l'esprit du « Maitre », patron de l'homme mystérieux et lui aurait permis d'atteindre une grande puissance. Le Maître, dirige une puissante organisation occulte d’extrême droite (enfin d'extrême droite, c'est ce qui est écrit, mais je ne vois pas en quoi elle mérite cette appellation. Il faut dire que l'extrême droite au Japon est un épouvantail que l'on agite encore plus qu'en France, on y agite également, mais avec moins de vigueur celui de l'extrême gauche. Ces entités politiques sont la-bas moins fantasmagoriques qu'ici...). Cette organisation a la mainmise sur la politique, l'économie et la presse, par là même sur leur destinée. Le narrateur, décontenancé, se voit forcé de partir à la recherche de ce mouton ! Il n'a guère la possibilité de refuser car le messager de l'organisation le menace de graves sévices s'il refusait cette mission.

La chose la plus extraordinaire c'est que le lecteur va finir par trouver cette histoire extravagante presque normale et ce n'est pas le moindre talent de Murakami mais auparavant il aura eu néanmoins quelques obstacle à franchir. Tout d'abord un début languissant et de prime abord un manque d'intérêt pour le personnage principal. Une des difficulté à rentrer dans le livre est la médiocrité du héros. J'ai l'intuition que la lecture réveille dans le lecteur la mégalomanie qui ne sommeille que d'un oeil chez bien des hommes; car si le lecteur est tout prêt à s'identifier à un empereur romain, à un chef de gang, à un génie quelconque, il a beaucoup plus de mal à rentrer dans la peau d'un trentenaire japonais dont la plus grande qualité est l'indécision... Mais à mesure que son indécision se guérit, le héros devient de plus en plus attachant... Ce qui est heureux pour les vente futures de l'auteur puisque la fin relativement ouverte de « La course au mouton sauvage » lui permet de faire venir notre publicitaire à l’hôtel du Dauphin (lieu crucial du roman) cinq ans plus tard dans Danse Danse Danse, car le narrateur ressent le besoin de revoir les gens qu’il a croisés lors de sa quête de l'animal à poil laineux.

Autre tour de force de l'auteur, et qui aide à la crédibilité de cette pourtant incroyable aventure, celui de l'inscrire dans l'Histoire du Japon. Le romancier aborde par exemple l'épopée de l'occupation d'Hokkaido, qui fut un peu le Far-west japonais; occupation qui ne commença vraiment qu'à partir de la seconde moitié du XIX ème siècle (ce que n'ignorent pas les lecteurs du magnifique livre de Nicolas Bouvier, « Chronique japonaise »).

Le roman commence un peu comme un roman de Modiano, (Dans le café de la jeunesse perdue) mais dans ce chapitre la comparaison stylistique avec Modiano n'est pas à l'avantage du japonais... Le narrateur nous parle à la première personne du singulier, d'une fille facile qui attend tous les jours, dans un café d'étudiants, le garçon qui règlera la note de ses consommations de la journée, contre quoi elle fera l'amour avec lui. Nous sommes en 1970 et celui qui parle à vingt et un ans et à connu cette fille l'année précédente. Ces dix premières pages n'auront aucune incidence sur la suite du récit. Nous avons droit ensuite aux déboires conjugaux du monsieur, cette fois nous sommes en 1978 et nous n'en bougerons plus. Notre jeune homme se console bien vite de l'abandon de sa femme avec une jeune femme qui l'a subjugué par la beauté de ses oreilles et qu'il va entrainé dans son enquête sur le mystérieux quadrupède frisé. Si le lecteur a été pugnace il sera arrivé déjà à la page 56 que l'on peut considérer comme le véritable début du roman qui va encore aller doucement jusqu'à la pages 126 avec la rencontre entre notre terne, jeune homme (il vient juste d'avoir trente ans) et « un homme étrange aux propos étranges ». Le roman décolle enfin et devient délicieusement mystérieux. L’intention de l’auteur est probablement jusque là de nous faire ressentir dans un style naturaliste et terne la vacuité de la vie du narrateur.

Le style de Murakami est à la fois plat et fluide mais heureusement ses phrases souvent anodines contiennent parfois des trouvailles imagées épatante comme: << De temps à autre, quelqu'un toussait en faisant un bruit sec comme si l'on frappait la tête d'une momie avec des pincettes.»ou «J'imaginais les moutons fixant chacun de leurs yeux bleus leur portion de silence.» et plus loin << "Son visage n'avait pas la moindre expression. Il me rappela cette photo d'une ville engloutie sous la mer que j'avais vue un jour>>. Ces trouvailles langagières qu'on hésite à qualifier de poètiques en regard des l'objets sur lesquelles elles reposent m'ont fait penser à la collision improbable d'une page de Bret Easton Ellis avec une de Raymond Queneau... 

L'écriture de Murakami est principalement une écriture de l'action et du dialogue, une écriture où la description n'a que peu de place surtout celles des paysages qui sont assez rares et peu convaincantes ce qui est assez paradoxale, car la nature tient un grand rôle dans le livre et probablement chez Murakami comme chez beaucoup de japonais.

Ce qui est amusant est que le héros, tout comme le lecteur ne se comprend jamais totalement ce qui se passe, il doit fréquemment s'expliquer à lui même la moindre chose. L'avantage du procédé est que l'on ne se perd jamais dans cette histoire extravagante, l'inconvénient sont les fréquentes redites.

« La course au mouton sauvage » est un voyage dans l’absurde et la réalité en forme de métaphore. C'est également un voyage géographique, le roman tout comme « Kafka sur le rivage » est aussi road movie mais alors que le héros de Kafka sur le rivage met le cap au sud de l'archipel nippon celui de l'ouvrage présent va lui au nord dans la froide ile d'Hokkaido. Le problème une métaphore de quoi? Durant toute ma lecture j'ai cherché un sens caché à cette histoire absurde d'ovin. Ce mouton qui vampirise des hommes-hôtes , que symbolise-t-il ? Il est responsable de la naissance d'un parti d'extrême droite. Les rhinocéros de Ionesco et la peste de Camus reflètent la montée des idées fascistes, ce mouton ne lorgnerait-il pas vers une métaphore similaire. N'y a-t-il pas une historique, voir politique ce roman? Ne serait-il pas une justification de la théorie du complot; Murakami dénonce un parti conservateur japonais, au pouvoir, phagocyté par l'extrême droite et l'affairisme... On peut envisager que a quête du mouton étoilé s’apparente aussi à l’attente de Godot, mais un Godot démiurge, peut-être maléfique... Mon âmes réjouissante y a même vu une apologie du suicide.

Autre probable métaphore celle que dissimule le pseudonyme du rat, celui de l'ami du narrateur qui lui envoie la fameuse photo; tout comme le mouton, le rat est une figure du calendrier chinois; l'intrigue Murakamienne tourne autour du rat, qui est quasi absent. Seul le rat semble libre de ses actions alors que les autres personnages semblent tous un peu des automates. Les questions existentielles ne sont pas absentes du livre, je suis sur que vous vous êtes toujours demandé pourquoi les bus n'ont pas de nom contrairement aux bateau? Cette grave interrogation est amené par le fait que le chat du narrateur n'a pas de nom; matou dont les flatulences à bord d'une luxueuse limousine m'ont fait rire, mais c'est je crois la seule note d'humour de l'ouvrage.

Même si je connais le vieil adage que comparaison n'est pas raison, ceux qui ont l'habitude de me lire (il ne doivent pas être très nombreux, d'autant qu'en cette période estivale la fréquentation fléchit. La plupart se contentant de regarder les images du blog, en imaginant des polissonneries...) savent que je ne peut m'empêcher de chercher sources et parentèles de l'auteur que je viens de lire avec d'autres que j'ai lu jadis ou naguère. Dans « La course au mouton sauvage » si l'on remplace le mouton par une baleine on pourrait penser à Melville, pour rester dans les lettres américaines j'évoquerais aussi John Irving où comme chez le nippon le loufoque fait parfois irruption dans la quotidienneté la plus grise, mais fi de plaisanteries, Murakami est un écrivain fantastique à la manière d'un Maupassant ou d'un Buzzati chez lesquels, comme ici, le fantastique naît de l'intrusion dans notre monde de forces extérieures, inhumaines et incompréhensibles pour les infortunés héros et le lecteur que je suis.

Une phrase du roman résume parfaitement ce que le lecteur a envie de dire à l'écrivain lorsqu'il a terminé la lecture de "La course au mouton sauvage": << Toute votre histoire est à dormir debout, tant elle est absurde, mais à l'entendre de votre bouche elle a comme un goût de vrai.>>.

 

11 avril 2020

Hommage à Villeglé

Hommage à Villeglé
Hommage à Villeglé
Paris, dans le métro, décembre 2014

Paris, dans le métro, décembre 2014

 

11 avril 2020

Maxwell Ashby Armfield

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11 avril 2020

MA VIE EN ROSE, un film d'Alain Berliner

  

  

Belgique, 89 mn, 1997

  

Réalisation: Alain Berliner, scénariste: Alain Berliner et Chris Vander Stappen, image: Yves Cape, musique: Zazie

  

avec: Michèle Laroque, Georges du Fresne, Daniel Hanssens, Hélène Vincent, Jean-Philippe Ecoffey, Laurence Bibot, Jean-François Gallotte, Caroline Baehr, Julien Rivière, Marie Bunel, Gregory Diallo, Erik Cazals De Fabel, Cristina Barget, Delphine Cadet, Morgane Bruna

  

Résumé

  

”Ma vie en rose” est un film sur la différence. Un garçon, Ludovic, pense être une petite fille. Ce qui est normal pour lui ne l’est pas forcément pour les autres, il y a des choses que l’on fait et d’autres que l’on ne fait pas, même si elles nous semblent naturelles. Ses parents ne savent pas quoi faire, face à sa conviction. Ils réagissent comme ils peuvent, blessés quand le regard de leurs voisins se charge de reproches...

  

  

L'avis critique

  

Ce film parle d’un quartier petit bourgeois qui découvre la différence, la peur de l’autre, l’incompréhension et le rejet, mais il parle aussi de rêve et d’espoir malheureusement sur un sujet aussi original dans le paysage cinématographique il aurait fallu plus de légèreté, tous les personnages adultes sont caricaturaux et lourdement interprétés et ne pas biaiser la réalité par des images oniriques de pacotille sur le même thème Didier Blasco dans son court-métrage, ”Un Sacrifice” a montré beaucoup plus de tact, et que dire de la scène finale, happy end téléphoné qui relativise grandement le courage d’entreprendre un tel film. Georges du Fresne dans le rôle de Ludovic est parfait; on l’a revu en Proust enfant dans le merveilleux ”Temps retrouvé” de Ruiz. On peut penser qu’un garçon légèrement plus âgé aurait donné plus de force au film.

  

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Les réactions auraient été certainement différentes s’il s’ était agi d’une petite fille qui voulait devenir un garçon. Les garçons manqués, c’est beaucoup mieux accepté dans la société. D'ailleurs, on le voit vers la fin avec une fille qui est dans ce cas: sa famille n’est pas du tout affectée. L'emballage moral unanimiste, comme chez Van Dormael auquel on pense beaucoup,  évacue soigneusement toute interrogation concrète sur le devenir réel de Ludovic. Sera-t-il homo planqué, hétéro-folle, gay dans le vent, travesti transsexuel ou ”guéri” ?! Néanmoins La vie en rose est un film qui nous parle, Parce que les regards en coin, les sous-entendus, les moqueries, les incompréhensions, les pleurs, les grimaces, l’incertitude, l’évasion par le rêve, les danses échevelées en chambre close... tout cela beaucoup l’on vécu à un moment donné de leur vie. La réussite du film est de le mettre sans ambages ni caricatures sous le regard du grand public. Et en plus de mettre son jeune héros dans une relation quasiment de couple (en tout cas amoureuse) avec un autre garçon de son age de manière très évidente et très pudique.

Techniquement pour son premier film, Berliner réussit grâce à une caméra proche des personnages, comme pour ne pas perdre une miette de ce qu’ils vivent à nous faire entrer en empathie avec le jeune garçon. Ma vie en rose est soutenu par une jolie mélodie de Zazie.

Serge Kaganski pose dans les ”Inrockuptibles” une question fondamentale ou dérisoire que l’on pose trop rarement à propos du cinéma en général et du cinéma gay en particulier: << Quelle est la finalité de ce genre de film humaniste bonasse? les gens vraiment cons et homophobe n’iront sans doute jamais voir ce genre de film et le public éclairé qui se présentera au guichet repartira confortablement rassuré dans sa juste vision du droit à la différence.>>.

 

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