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Dans les diagonales du temps
31 janvier 2023

Ryan McGinley

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31 janvier 2023

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31 janvier 2023

La douceur de Christophe Honoré

 

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En lisant « La douceur » de Christophe Honoré  je n’avais qu’une autre fois, avant celle-ci, dans ma vie de lecteur, qui commence à être longue,  le sentiment de lire un roman dont le nom de l’auteur ne serait pas celui qui est inscrit sur la couverture. C'était en découvrant le premier roman de Thierry Dancourt, « Jeux de dame ». Je m’étais demandé si Patrick Modiano n’avait pas pris un pseudonyme  pour tester sa notoriété comme l’avait fait Romain Gary qui pour cela s’était déguisé en Ajar. Cette fois c’était encore plus troublant car le romancier qui pourrait être l’auteur à la place de Christophe Honoré est mort depuis 15 ans. Mais regardons la date de la première parution de «  La douceur »  C’est 1999. Soit 9 ans avant la mort de Tony Duvert car si j’avais lu ce court roman de 156 page à l’aveugle je l’aurais attribué sans hésiter à Tony Duvert et même pensé que dans son oeuvre « La douceur » s’inscrivait à la suite de « L’ile atlantique ».

Ce qui m’aurait néanmoins fait hésiter pour désigner Tony Duvert comme l’auteur de « La douceur » ce n’est pas le style car celui de Duvert varie d’un livre à l’autre sans que pourtant l’écrivain perdre de sa maitrise, c’est le bâclé de la construction. Christophe Honoré, puisque c’est bien lui l’auteur ne parvient pas à tenir le fil de son intrigue, il n’arrive pas à établir une progression dramatique à son histoire installant des les premières pages le drame. Mais peut être faudrait il dire que dès les premières scènes on a le sentiment de lire une ébauche de scénario plus qu’un roman. Néanmoins Il réussit tout de même à retarder le plus possible l’acmé de son récit. Il fait bien car la description méticuleuse de ce paroxysme de l’horreur rend la suite presque insignifiante. Nous ne sommes plus chez Duvert mais désormais chez Sade. Un Sade qui serait « joué » par des enfants et non des adultes comme parfois Hollywood s’est amusé à faire jouer des films de gangsters ou des westerns par des enfants; mais chez Honoré les supplices ne sont pas des jeux. Nous sommes d’autant choquer par cette violence et cette irruption de l’amoralité enfantine que règne en maitre sur notre société le diktat intellectuel de la pureté de l’enfant devenu un trésor intouchable et insoupçonnable, en occident du moins, depuis qu’il s’est raréfié… Le choc est d’autant plus rude pour le lecteur qu’il doit affronté la violence pré-pubère non pas hors-champ comme elle l’est le plus souvent par exemple dans sa « Majesté des mouches » de Golding mais frontale ment sans aucune échappatoire poétique.

La narration se déroule sur deux plans chronologiques celui du présent du crime et celui de sa narration par Steven huit ans plus tard. Chaque chapitre, écrit à la première personne du singulier souvent très court, possède en accroche le nom du personnage dans lequel il aura la parole en revanche la position dans le temps de chaque chapitre n’est pas indiqué ce qui donne un récit déconstruit en regard de la chronologie. Les morceaux dialogués sont fréquents.

Le titre trompeur se réfère sans doute à ce vers de Beaudelaire: << La douleur qui fascine et le plaisir qui tue. >>. Avec une délectation morbide Christophe Honoré en changeant une lettre à douleur aura opéré un glissement sémantique masochiste. Au vers Baudelairien répond cet extrait de « La douceur »: « Il s’est avancé à quelques centimètres de mon visage. J’ai pensé qu’il allait me mettre un coup de boule. Il m’a embrassé sur la bouche. », auquel on peut y adjoindre cet autre: << La douceur des gens c’est dans la bouche qu’on la ressent. Pas sur les lèvres, non, dedans, je le sais maintenant, le toucher de la langue, voila tout est dans la langue…>> Le décor, une colonie de vacances, cadre un peu désuet propre à nourrir la nostalgie de beaucoup de lecteurs, renforce encore le malaise que l’on éprouve à la lecture de ce court roman.

La seule référence littéraire explicite est celle de Clodomir l’assassin de Jouhandeau qui brouille encore plus les pistes en laissant entrevoir le mobile de la jalousie pour le meurtre associé à la présence du mal en tout homme et encore plus chez l’enfant pas encore assez poli, pas en encore galet, par la société

La douceur est construit sur deux lignes de force qui sont deux histoires d’amour. Celle folle et incandescente entre deux jeunes garçons Steven et Jeremy et celle sage et tiède des adultes Baptiste et Aude. Ces deux branches sont reliés par un fil assez ténu mais qui n’est pas néanmoins sans instiller une perversité supplémentaire puisque Baptiste est le frère de Steven l’un des deux assassins et Aude la directrice de la colonie de vacances où s’est déroulé le rituel sadique.

Le roman est également duale dans sa forme. De nombreuses pages peuvent être considérées (ou pas) comme les fantasmes de l’auteur, fantasmes autour d’une sexualité morbide, loin de toutes réalités psychologiques alors qu’une autre partie principalement dans les chapitres qui donnent la parole à Aude sont très ancrés dans un prosaïsme des plus quotidien. Par exemple le fonctionnement de la colonie de vacances y est décrit avec beaucoup de réalisme. Ce mélange du cauchemar et du quotidien est un des moteurs de cette narration.

Steven et Jeremy ont 11 ans. La contradiction entre leur âge et leurs désirs sexuels renvoie à un fantasme tout duvertien... Leurs désirs sexuels ne sont pas de leur âge pas plus que l’est la conscience de Jeremy d’agir en manipulateur conscient de Steven sous l’emprise du désir sexuel qu’il éprouve pour Jeremy.  

Le lecteur d’aujourd’hui de « La douceur » n’est plus dans la même position vis à vis de l’auteur que celle d’une personne qui aurait découvert le roman lors de sa parution en 1999. Le lecteur de 2023 ne pourras que chercher dans cette oeuvre, déjà ancienne, ce qui était déjà en germe et annonçait les thèmes et la manière du cinéaste et du dramaturge que nous connaissons aujourd’hui. Sa première réaction sera la stupeur devant la violence de ce récit que l’on ne retrouve pas ni dans l’oeuvre cinématographique, ni dans celle théâtrale que ce soit ses propres pièces ou celles qu’il a mise en scène. Sa moisson sera donc maigre et il aura plus conscience des différences que des ressemblances entre l’auteur d’hier et le cinéaste d’aujourd’hui. 

Dans aucun des films d’Honoré on ne trouve une violence et une noirceur semblables à celles que l’on découvre dans « La douceur ». Cependant on peut repérer quelques constances entre « La douceur » et le reste du travail de Christophe Honoré. Dans plusieurs des oeuvres de l’auteur on trouve celle du rapport ambiguë, un mélange de tendresse et d’incompréhension qu’entretiennent entre eux deux frères. La relation entre Baptiste et Stevens n’est pas sans rappeler celle de Lucas et de son frère dans « Le lycéen » le dernier film de Christophe Honoré. Dans « Le lycéen » comme dans « La douceur » un adolescent est interné dans une sorte d’hôpital psychiatrique pour se soigner. Mais soigner quoi: leur homosexualité? Ces enfermements suggèrent que pour la société l’homosexualité, en dépit des lois, est toujours considérée comme une perversion. Ne pourrait elle pas conduire au crime, à la barbarie comme celle perpétuée par Steven et Jeremy?*

 Une fratrie est également au centre de son premier film « Tout contre Léo » tourné en 2002. Autre points communs entre « La douceur » et certains rôles dans ses films et sa pièce « Sous le ciel de Nantes » celui de la mère obtuse et là on retrouve Duvert qui partage avec Honoré également la figure du père évanescent, figure qui s’explique par la biographie des deux hommes.

Si « La douceur » ne peut que faire penser qu’à Tony Duvert, il faut se rappeler que Tony Duvert a été édité par les éditions de Minuit et, que justement Christophe Honoré en 2012 a consacré une pièces aux auteurs édités par cette prestigieuse maison, pièce intitulé sobrement « Minuit ». En lisant « La douceur » on aurait pu penser que le personnage de Tony Duvert y figurerait en bonne place et bien non, il n’est même pas cité. Certes le point de départ de la pièce est la fameuse photo regroupant les auteurs qui à partir de cette image seront considérés comme les membres de l’école du Nouveau Roman, photo sur laquelle ne figure pas Duvert, mais tout de même Catherine Robbe-Grillet, ne figurait pas non plus sur la photo et elle est présente dans la pièce. Il n’est pas interdit de penser en 2012 Christophe Honoré n’assume plus l’admiration qu’il avait en 1999 pour Tony Duvert, même si dans une interview, il dit avoir eu l’idée d’intégrer la figure de Duvert dans sa pièce de 2018 « Les idoles » ce qu’il n’a néanmoins pas fait. En 2002 au mensuel « Le matricule des anges », il citait « Récidive » de Tony Duvert comme le livre qu’il avait le plus lu.

Il faut aussi noté le courage de Christophe Honoré d’avoir voulu publié un tel texte qui désacralise la prétendue innocence de l’enfant, alors qu’il est aussi un auteur pour enfant! Même si ses livres destinés à un jeune public ne sont jamais mièvre et dans lesquels on peut trouver des « traces » de « La douceur » comme « L’affaire P’tit Marcel » paru en 1998 dans lequel la scatologie tient une large place si elle moins présente dans « La douceur », elle n’en est pas absente.

On peut être reconnaissant à l’éditeur d’avoir eu la double audace de publier ce texte. Qui, je le crains, ne serait pas publiable aujourd’hui. Pourquoi parce qu’il a du faire fi à la fois de la morale et de sa déontologie professionnelle, du fond et de la forme. Le fond c’est évident le noyau du roman étant le crime gratuit sur un enfant commis par deux garçons homosexuels pré-pubère (c’est le film « la corde » d’Hitchcock transposé chez les enfants d’une colonie de vacances.

Mais c’est sans doute encore plus sur la forme que sur le fond que l’éditeur a du se faire le plus violence tant le livre est mal construit et même incohérent au moins à deux occasions. La première, qui est à mon sens la plus grave, c’est qu’il faille attendre plus de la moitié du livre pour connaitre le véritable auteur du crime. Jusque là on pouvait croire que l’assassin était un moniteur qui avait tué pour cacher un acte de pédophilie, personnage qui ensuite disparait du récit! On aurait été là cette fois non du coté de Duvert mais de celui d’Emmanuel Carrère auteur du regrettable « La classe de Neige ». Le deuxième point qui désoriente le lecteur est la narration d’un épisode, se déroulant à Londres, que vit Steven, épisode dont on apprend à la fin qu’il n’est pas réel mais rêvé. Si cette péripétie est un songe ne pourrait-il pas en être de même pour le crime qui ne serait alors que le fantasme d’un garçon interné dans un hôpital psychiatrique!

L’éditeur a justement pensé qu’en dépit de ses faiblesses, La douceur a une telle force que le roman restera gravé longtemps dans la mémoire de ses lecteurs. 

 

* Le thème de l’enfermement pour homosexualité n’est pas obsolète puisqu’on le retrouve dans un premier roman paru en 2022 « Ils vont tuer nos fils » de Guillaume Perilhou.

 

 

Pour retrouver Christophe Honoré sur le blog: 

  

 

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