Kiefer au Grand Palais éphémère
Durant ma visite j'ai balancé entr la stupéfaction devant cette exposition qui est en faite une sorte de grande installation et la frustration n'étant pas germanophone je ne pouvais comprendre les inscriptions sur les tableaux. Il est vrai que certaines étaient traduites dans le joli livret remis à l'entrée. Toutefois ma petite connaissance de la poésie de Celan me fait penser que la traduction de tous les textes ne m'aurait probablement peu aidé à une meilleure compréhension des vastes peintures de Kiefer. La poésie de Celan est un peu comme celle de Mallarmé, j'ose cette audacieuse comparaison n'est pas d'une limpidité immédiate. Pour avoir entendu quelques uns de ses poèmes lus par lui même, il m'est apparu même si je ne connais pas l'allemand, que Celan joue beaucoup sur les sons des mots et leur scansion pour que son poème devienne une sorte de chant, un peu comme du Homère en grec ancien. Pour en avoir lus certains traduits je me suis aperçus de deux choses, la première c'est que leur sens se trouvait suggéré, jamais donné d'une façon évidente; rien de moins illustratif que cette poésie d'où que ce n'est pas forcément une bonne idée de mêler ces poèmes avec des images. Je ne crois pas par exemple que sous prétexte que le poème contient le mot cognée, ce soit une judicieuse idée de coller sur la toile des haches, pas plus que lorsqu'il évoque les épis fauchés il faille adjoindre au tableau une faux ou des gerbes de blé. Je trouve qu'il y a là une lecture bien naive de Celan.
La deuxième c'est que la Shoah, la tragédie qu'a été la vie du poète, sous-tend toute son oeuvre et que lorsqu'il a proclamé à plusieurs reprises que dans ses poèmes il ne parlait pas de lui, je pense que Celan mentait par pudeur.
J'ai donc essayé d'oublié le prétexte de cette exposition pour admirer quel formidable matièriste est kiefer de l'espèce des Dubuffet et autre Leroy d'où ma pratique photographique un peu particulière dans cette exposition: celle d'abord de prendre une vue du tableau complet, puis de m'approcher pour en montrer la riche matière picturale.
Paris, décembre 2021