westler un film de Wieland Speck
Allemagne, 1985, 94 mn
Réalisation: Wieland Speck, Production: Andreas Schreitmüller , Scénario: Hörmann Egbert & Speck Wieland, image: Klemens Becker, costume: Astrid Rühr
avec: Rachman Sigurd (Felix), Rainer Strecker (Thomas), Lucas Andy (Bruce), Frank Redi (Bernie), Andreas Bernhardt (Jürgen), Sasha Kogo (Elke), Point Hans-Juergen (Lutze), Singer Zazie De Paris (en boîte de nuit), Harry Baer (gardes-frontières), Thomas Kretschmann (soldat), George Stamkoski (Pavel)
Résumé
Lors d'un voyage à Los Angeles, Felix, un jeune Allemand de l'Ouest, nous sommes en 1984, rencontre Bruce, un américain de son âge et commence avec lui une relation amoureuse. Lors de la visite de Bruce en Allemagne, les deux hommes décident de faire une excursion d'une journée à Berlin-Est. Ils y rencontrent le jeune Tommy, un jeune et mignon allemand de l'est qui est immédiatement attiré par Felix. Après leur retour, la relation entre Félix et Bruce tourne court. Bruce retourne en Amérique. Felix rend bientôt visite à Thomas à Berlin-Est, car ce dernier ne peut pas sortir de là ville. Felix, tel Cendrillon doit être de retour à la frontière qui sépare les deux parties de la ville, à minuit... Au fil du temps et des visites leur relation se construit... qu'ils ne tombent pas dans l'amour. Les visites de Felix étant fréquentes, les gardes-frontières sont de plus en plus désagréable. Las de ce harcèlement, Felix et Thomas décident de passer une journée à Prague où ils décideront du cours que prendra leur vie...
L'avis critique
C'est le premier film écrit par le réalisateur, ouvertement gay. Speck Wieland qui a eu un rôle important dans l'organisation du Festival de cinéma de Berlin. Il a travaillé à la Berlinale durant 30 ans en tant que l'un des responsables de la sélection. Il a été nommé à la tête de la sélection Panorama en 1993 et a géré le prix Teddy depuis (qui récompense chaque année un film gay). Son premier film a été présenté à la Berlinale en 1981.
Le film raconte la difficile histoire d'amour entre un habitant de Berlin-Ouest et un autre à Berlin-Est. Westler ressuscite un monde disparu, celui de l'Allemagne de l'est. C'est l'intérêt principal du film, pour ne pas dire le seul. Wieland nous plonge dans un monde gris, absurde et haineux que quelques amnésiques semblent regretter! Il nous montre bien l'épaisse bêtise du régime communiste. C'est surtout un témoignages historiques sur une époque et un mode de vie sans oublier la découverte d'un milieu gay souterrain dans le Berlin est d'alors. Pour bien comprendre le film, il est important de se remettre dans cette époque d'avant la chute du mur et surtout de se rappeler que les visiteurs de l'Ouest étaient soigneusement contrôlés.
Il est bon et même louable que ce film rappelle dans quelle frustration vivait la minorité homosexuelle dans les régimes communistes d'Europe de l'est. Il semble que les nouvelles générations l'oublient. Le message passe d'autant mieux que les deux acteurs principaux font un travail superbe. Il est pratiquement impossible de ne pas ressentir une certaine empathie pour les deux hommes en observant les difficultés que rencontre leur relation.
Il est très intéressant que le film réussisse à nous montrer la différence de mentalité des deux hommes. On voit qu'alors que Felix est de plus en plus frustré de la relation qu'il entretient avec Thomas durant seulement ses visites à Berlin-Est qui dépendent de fonctionnaires bornés. Tandis que Thomas est résigné et ne voit pas, tout du moins au début de sa relation avec Felix l'issue par laquelle il pourrait s'échapper de sa vie sans horizon. Rainer Strecker est celui sur lequel le spectateur se focalise, bien sûr grâce à sa fragile beauté à cet appel de protection qui traverse l'écran. Aussi également parce que c'est le personnage qui évolue le plus durant le récit. IL se déplace et non seulement. il représente la sensibilité.
Il convient de souligner l'habileté du scénario qui en une série de scènes frappantes; celles des entrées de Felix à Berlin-Est, en soulignant la grossièreté de plus en plus évidente des agents des douanes de l'est, en particulier la scène de la "fouille au corps", suffit à mettre en relief les tares d'un régime inique.
Le film et son message sont bien résumés dans la phrase dite par la Sexy Miss Ecstasy à Felix: ". Le problème n'est pas le mur, c'est le peuple". Si la thématique du film est passionnante et les acteurs presque tous irréprochable, il ne faut pas dissimuler les grandes carences dont souffre le film une scène est emblématique de cela, celle dans laquelle Bruce et Felix ont une grande explication, mis on entend rien du dialogue. Il y a également beaucoup de scènes qui n'ajoutent rien à une intrigue qui, aurait du se centrer uniquement sur l'histoire d'amour entre Felix et Thomas. Par exemple l'ouverture du film, située à Los Angeles, est particulièrement médiocre et ne s'intègre pas avec la suite. Techniquement si l'on accepte et comprend bien que les passages tournés à Berlin Est ne peuvent pas être parfaits, en revanche nombre des approximations dans le tournage des scènes d'intérieur qui parfois frise l'amateurisme sont aujourd'hui inacceptable. Ceci dit il faut replacer Westler dans son époque, pas seulement historique, mais dans l'histoire du cinéma, l'année 1985 marque la fin de l'influence de l'underground cinématographique américain dont le grand oeuvre de Wieland Speck est l'un des derniers héritiers.
Wieland Speck a très tôt été travaillé par cette problèmatique du mur et du Berlin coupé en deux. En 1978 il tourne une vidéo «Berlin Off / On Wall" qui montre un jeune homme, le peintre Luc, qui escalade le mur pour jouer de la harpe assis sur son sommet. Bien que l'instrument de musique qu'il joue soit généralement des associé au pacifisme, ou du moins à une possibilités de paix. Mais le lieu de la performance de Luc en fait un acte hautement transgressif. La performance attire des foules de chaque côté du mur jusqu'à ce que les autorités interviennent pour y mettre fin. Ce documentaire a été tourné avec une caméra à la main Sony vidéo Portapack.
Toutes les scènes à Berlin-Est, ont été tournées clandestinement avec une caméra Super 8 qui avait été conçu pour un usage domestique et ce modèle assez rustique n'avait pas d'enregistreur audio d'où des scènes muettes en plein milieu du récit.
Le film a remporté le prix du public pour le Meilleur Film du Festival Lesbian and Gay de San Francisco en 1986.
Ce film m'est personnellement cher, puisque c'est moi qui l'ai édité en France, d'abord en VHS sous le label Platypus, puis en dvd sous celui d'Eklipse et l'ai doté de sous titres français. Ce qui ne m'empêche pas comme vous venez de le lire d'en souligner les limites.