François Augiéras, le dernier primitif de Serge Sanchez
Il y a des biographes froids, les comptables des éjaculations et des notes de blanchisserie et puis ceux qui se permettent de parler pour leur modèle pensant que la longue fréquentation de celui-ci, les autorise à jouer les ventriloques pour le grand homme de leur élection. Serge Sanchez est de ceux-là. Ainsi il prête à François Augiéras (1925-1971) âgé d'une dizaine d'années ces sentiments, lorsque l'enfant, il parcourt les rue de Paris: << Il n'était touché ni par l'anecdote, ni par le fait pittoresque, coloré. Ouvert aux mystères de l'invisible, il se tenait au contraire au plus près de l'abstraction éternelle, quasi platonicienne, qui se dissimule sous le chatoiement des apparences.>>. Même surdoué je ne suis pas sûr qu'un garçon de cet âge ait ces préoccupations. Notre biographe y va parfois d'affirmation que l'on peut juger pour le moins contestable comme celle-ci page 73: << Le nazisme fut effectivement un âge d'or de l'homosexualité. >>. Tout est comme cela durant les 430 pages que Sanchez a commis sur Augérias. Si on prend le parti d'en rire, on passe un bon moment.
<< Le caractère inconsciemment magique du régime de Pétain, archaïque, je le pressenti. Sa simplicité fit ma joie tout au long de mon heureuse adolescence...>>. Lorsqu'il fait cet aveux, il ne faut pas oublier qu'Augiéras a quinze ans en 1940, fait comprendre certaines adhésions au régime de Vichy qui avec le recul paraissent paradoxales. Il ne faut ommettre non plus la suite de la déclaration de l'écrivain pour lever tout soupçon d'accointances nazies: << J'ignorais les crimes nazis, le racisme, l'antisémitisme. Dés que j'en aurait connaissance je prendrais mes distances aussitôt.>>. Je conseillerais de lire « une adolescence au temps du maréchal » en parallèle avec « Les minutes d'un libertin » de François Sentein qui sont deux documents exceptionnel sur le quotidien sous le Maréchal.
Mais hormis cette période Augiérias semble habiter une planète bien à lui, aucun événement extérieur à sa petite sphère l'intéresse. Il parait avoir été le genre de garçon si empli de lui même qu'ils oublient de regarder au dehors... Il en sera ainsi jusqu'aux derniers jours de sa vie. Voilà un homme vivant dans ses songe qu'il a preque rien vu de ce qui se passait autour de lui. Par exemple en toute innocence à quelques semaines de l'indépendance de l'Algérie il essaye de vendre quelques arpents de Sahara et est tout surpris de ne pas trouver preneur!
L'auteur n'est pas avares de considérations moralisatrices, ce qui est assez curieux lorsque l'on prend pour sujet Augiéras, et de lieux communs; néanmoins il lui arrive de faire des propositions intéressantes comme celle d'attribuer les théories de Malraux sur l'art (souvent fumeuses à mon humble avis) aux progrès de la reproduction des oeuvres d'art dans les livres, favorisant les rapprochements des formes, permettant presque à chacun de connaître et de revoir un grand nombre d'oeuvres, ce qui était impossible auparavant.
Quelques fois notre biographe à des bouffées de candeur allègre et juvénile qui surprennent comme dans ce qui suit: << Le soldat et son jeune amant représentaient le couple initial d'une nouvelle genèse. Adam et Eve avaient été chassés du paradis, la belle affaire. Eux déchiquetaient à pleines dents les fruits de la connaissance et se prélassaient sans scrupule au coeur de l'enfer. >>.
Bien que Serge Sanchez dans son avant propos ait précisé qu'il ait vérifié et revérifié chaque point de la biographie d'Augiéras on peut être un peu inquiet du fait qu'il prenne des pans entiers d' « Une adolescence au temps du Maréchal » et surtout du « Vieillard et l'enfant » comme des épisodes avérés de la vie de son modèle. Ce dont on peut douter quand on connait la propension d'Augiéras à l'affabulation. On peut avancer que toutes l'oeuvre d'Augièras appartient au genre de l'autofiction, même si le mot n'existait pas lorsque l'halluciné de Périgueux l'écrivait. Mais il ne faudrait donc pas oublier que dans autofiction, il y a fiction...
Cette biographie que je ne recommande pas m'a fait me replonger dans l'oeuvre d'Augièras, plongée peu profonde en regard de sa minceur. Après cette excursion j'en ai déduit qu'avec Augiéras on tient là un beau cas d'hallucination littéraire collective. Certes les victimes de ce mirage se nomment André Gide, Claude Michel Cluny, Angelo Rinaldi, Etiemble, Marguerite Yourcenar, qui néanmoins ne fut pas totalement dupe, même le cher de Ricaumont y a été de ses louanges, et quelques autres de haute lignée, mais pour autant ne faudrait-il pas admettre, si l'on reste libre de son jugement, que les membres de ce coruscant aréopage ont été blousés par ce bonimenteur d'Augiéras qui avait apparemment le talent de faire prendre des vessies pour des lanternes.
J'explique en parti l'incommensurable indulgence de ces grands esprits par le fait d'une part qu'ils ne connaissaient pas ou peu Augièras, qui à la lecture de sa biographie apparaît comme un parfait salopard, mais surtout que ses premiers opuscules étaient signés Abdallah Chaamba. Ce qui a du sérieusement émoustiller l'oncle André qui était aux portes du tombeau. Quant à quelques autres comme Etiemble par exemple, il ont voulu voir dans « Le vieillard et l'enfant » histoire d'un jeune arabe martyrisé sexuellement par un vieux barbon de colonial, une métaphore de la colonisation qu'ils abhorraient car dans leur candeur ils étaient persuadés que c'était l'enfant du livre qui couchait sur le papier ses douloureux souvenirs et non un jeune bourgeois déclassé qui se vengeait de son enculeur d'oncle. Ce qui est rigolo c'est que ces humanistes toujours prêt à se battre la coulpe auraient été horrifiés par de nombreuses phrase d'Augérias comme celles ci, extraites de son dernier ouvrage « Domme où l'essai d'occupation » qui ne trouvera un éditeur qu'en 1982: << L’Homme ne peut continuer à être un « produit de série », issu de n’importe quel couple qui procrée en pensant à autre chose : la Nouvelle race sera contrainte de ne tenir pour « Homme » que le produit raisonné d’un couple conscient, déjà en cours de mutation favorable. Un reclassement est déjà commencé; il y a une humanité véritable en cours d’apparition, douée des organes psychiques qu’il faut pour revenir à l’Univers des Astres; il en est une autre qui n’est plus qu’une apparence, une humanité résiduelle, sordide, bassement terrestre, humaniste, irrémédiablement condamnée, coupée de l’Univers-Vivant, en partie par la faute du Christianisme qui n’a jamais été que la copie maladroite et frauduleuse des grandes Initiations.>>. On retrouve dans ce texte des accents que n'aurait pas désavoué la revue Planète.
Une autre piste est donné par un des thuriféraires d'Augièras, le grand Rinaldi dans ce qui pourrait s'appeler le snobisme du critique: << Le critique éprouve bien de la satisfaction (…) quand il sait que ses louanges ne changeront rien à la fatalité qui veut que tel ou tel auteur ne sera jamais fréquenté par la foule. De la sorte, le cher homme s'administre à lui même la preuve qu'il appartient à l'élite des initiés, ce qui est un sentiment tout à fait exquis.>>. Plus loin dans son article Rinaldi fait pourtant preuve d'une belle lucidité: << Le seul écrivain d'inspiration érotique qui donne à son lecteur l'envie de se laver le sexe. >>
Dans une lettre à Jean Chalon, Augiéras écrivait: «Il me semble parfois être une étrange étoile. Disons, si tu veux, un quasar, ces étoiles difficiles à situer, aux signaux très énigmatiques et sur lesquelles toutes les hypothèses sont possibles.». En ce qui me concerne je fais celle qu'Augièras c'est totalement bidon!
Nota: Les peintures illustrant ce billet sont de François Augiéras
Les époques esthétiques privilégient la pédérastie
La Frontière est posée par l'apparition des poils. Le garçon imberbe, au torse lisse, est plus désirable. Les époques esthétiques privilégient la pédérastie; les époques morales (comme la notre) la proscrivent et autorisent "la réplique" (ce que nous appelons l'homosexualité entre adultes consentants).
Dominique Fernandez, Amants d'Apollon, page 91, Grasset 2015
Tony Tollet
Me promenant rue des Saints pères mon regard a été attiré par la vitrine d'un antiquaire où le tableau de cette belle famille était mis en majesté (il est donc à vendre, avis aux amateurs). Si j'étais satisfait de mes deux photographies de détails, en revanche je ne l'étais pas de celle du tableau en son entier, n'ayant pu éviter les reflets. Heureusement la toile magique m'a permis de le découvrir sans ces facheux parasites. Elle m'a aussi révélé deux autres oeuvre dans le même esprit.
Intrigué par cette éphémère frimousse de Guy de Fontgalland illustrant une image pieuse me voilà de retour sur la toile qui m'apprend la curieuse histoire bondieusarde qui suit.
Guy est le fils du comte Pierre Heurard de Fontgalland (1884-1972), avocat, et de Marie Renée Mathevon (1880-1956). Elle se destine au carmel, lui est militant catholique, lorsque Mgr Emmanuel Martin de Gibergues (1855-1919), évêque de Valence et ami de la famille, les présente et finalement les unit. C'est lui qui baptise leur fils, sous les prénoms de Guy Pierre Emmanuel, le 7 décembre 1913 en l'église St-Augustin.
Humainement, Guy a les qualités et les défauts d'un enfant ordinaire. Il se montre orgueilleux, capricieux avec sa mère et coléreux avec son frère Marc, né en 1916, mais également sensible et affectueux. Il est surtout franc et loyal, avouant de lui-même ses bêtises au risque d'être puni. Il mourra avec la réputation de n'avoir jamais dit un seul mensonge.
Spirituellement, il témoigne d'une foi toute enfantine inspirée de Thérèse de l'Enfant-Jésus. En janvier 1917 à Lisieux, il respire une délicieuse odeur sur la tombe de celle qui n'est pas encore béatifiée mais que sa mère vénère.
Très jeune, il cherche à imiter Jésus en tout. Il cause avec lui dans l'intimité ou, par la suite, pendant l'eucharistie. Il lui offre chaque jour de petits sacrifices pour lui faire plaisir. Il a cinq ans à peine quand il manifeste son désir de communier et, l'année d'après, de devenir prêtre. Il apprend alors à lire et à écrire en deux mois et se fait inscrire au catéchisme.
Le 22 mai 1921, il profite des dispositions du pape Pie X en faveur de la communion précoce, dont il se fera bientôt un apôtre au sein de la Croisade Eucharistique. Ce jour-là, après un mois de préparation ponctué de cent dix huit sacrifices, Guy fait sa première communion en l'église St-Honoré d'Eylau. Il a alors la révélation de sa mort prochaine mais garde le secret, pour ne pas attrister ses proches.
Octobre 1921, il entre au collège Saint Louis de Gonzague. Élève médiocre, malgré son intelligence et sa curiosité, Guy est étourdi et passe pour paresseux. Il se corrige et améliore son caractère. Il ne se fait pas remarquer mais se signale par sa charité et sa camaraderie. Il protège les plus faibles sans se défendre lui-même, pardonne et ne garde pas rancune, ne boude jamais et refuse de dénoncer les autres ou d'en dire du mal.
Juillet 1924, la famille est en pèlerinage à Lourdes. Guy a la confirmation devant la grotte qu'il mourra bientôt, précisément un samedi, jour de la Vierge.
Dans la nuit du 7 au 8 décembre de la même année, alors qu'il a tout juste onze ans, Guy tombe malade de la diphtérie. S'ensuit une période de crises et de rémissions pendant laquelle, sachant qu'il va mourir en dépit de l'optimisme des médecins, il divulgue son double secret à sa mère. Il affronte avec courage la douleur et meurt d'étouffement, effectivement un samedi, le 24 janvier 1925.
Sa survie
Sa mort provoque un choc dont l'onde se répand. C'est un défilé de parents, d'amis et de religieux au 37 rue Vital où le corps entouré de fleurs blanches est exposé cinquante deux heures, par autorisation spéciale. Une photographie de Guy sur son lit de mort, comme cela se fait à l'époque, est envoyée ou remise en souvenir à 500 exemplaires.
Après une cérémonie à Notre Dame de Grâce de Passy, le cercueil est emmené à la gare de Lyon et placé dans un wagon aux armes des Fontgalland. Le service funèbre en la cathédrale de Die (Drôme), berceau de la famille, a lieu le vendredi 30 janvier 1925 «au milieu d'une foule considérable».
Encouragée par des prêtres, notamment le Nonce Apostolique et l'Archevêque de Paris, Madame de Fontgalland rédige du 23 au 25 mars une courte biographie de son fils. Elle est publiée à l'automne à 400, puis 4 000, puis 95 000 exemplaires, et traduite en treize langues.
De toute la France puis du monde entier, on écrit à propos de Guy, on vient se recueillir sur sa tombe et on visite ses parents. On réclame des souvenirs (des images de lui sont tirées par centaines de mille en quarante-huit langues différentes) et des reliques (726 000 parcelles de ses vêtements sont distribuées). Des ouvrages lui sont consacrés en plusieurs langues.
À l'inauguration de la statue du Christ Rédempteur à Rio de Janeiro, en octobre 1931, l'épiscopat brésilien et plus de cinq cent prêtres demandent la béatification de l'enfant. Ils font écho aux 650 000 signatures déjà envoyées à Rome ou à Paris entre 1926 et 1931. L'année suivante, le 15 juin, un tribunal diocésain est constitué par l'archevêque de Paris, pour instruire la cause du petit Guy. À la date du 1er mars 1934, de nombreuses conversions (244), des vocations religieuses (698), des guérisons attestées par des médecins (742) et beaucoup de grâces (environ 85000) lui sont attribuées.
En 1936, le 25 mars, on transfère son corps dans la chapelle Sainte Paule à Valence pour veiller sur la vocation des séminaristes. Le 11 septembre, ses parents et son frère sont reçus par Pie XI, qui se réjouissait en septembre 1925 «qu'une fleur de plus, à peine éclose ici-bas, ait répandu, dans son entourage, un si beau parfum de piété envers l'Eucharistie, la Mère céleste, et le Pape...».
C'est à présent 1 312 000 signatures d'enfants et d'adultes qui lui demandent de hâter la béatification de Guy.
Le dossier de l'enquête fait 1804 pages. Il est envoyé à la Congrégation des Rites à Rome, le 8 février 1937. Pie XI meurt deux ans plus tard. La décision d'écarter la cause est connue officieusement en novembre 1941, dès l'ouverture du procès ordinaire, puis officiellement le 18 novembre 1947, dix ans après la fin de l'enquête.
Fernando Bayona
Bayona est né en 1980 dans la ville de Jaen Montizón, dès sa jeunesse il a montré son intérêt pour l'art. Diplomé of Fine Arts, spécialisé dans la sculpture. Il a finalement choisi la photographie comme moyen d'expression.
Le travail de Bayona explore divers thèmes, tels le cirque, les contes de fées, la vie du Christ. Apparaît souvent le thème de l'amour et comment celle-ci affecte les personnes impliquées, tant pour le bien que pour le mal.
Selon "The Advovate" son travail mêle la culture pop, l'illustration classiques comme celle d' Arthur Rackham par exemple. Il est aussi influencé par des photographes comme David LaChapelle et Diane Arbus, Erwin Olaf, Eugenio Recuenco, David LaChapelle, Joel Peter Witkin, Gregory Crewdson, Steven Klein, Annie Leibovitz ... et par les peintres flamands et hollandais du XV ème siècle.
Il vit et travaille à Madrid et Milan. Il a publié cinq livres, présentant tout son travail à ce jour en tant qu'artiste. . Il termine actuellement une thèse de doctorat.
Une de ses œuvres les plus connues est « Cirque Christi ', un ouvrage composé de quatorze photographies, "qui correspondent aux quatorze stations du Chemin de Croix". Dans ces images il montre une lecture personnelle et postmoderne du texte nouveau testament. " Je voulais donner plus d'importance aux femmes "dit il.
Fernando Bayona, dans son œuvre ‘Circus Christi’ revisite l’histoire de la semaine sainte à sa manière, qui ne doit guère agréer à Demetrio Fernández González, évêque squatter de la Mezquita de Cordoue ni au Cardinal Antonio Cañizares. Il est vrai que son Jésus Christ décoiffe. La vierge Marie va présenter l’enfant au bordel dans lequel elle semble aussi vendre ses charmes. Jésus après s’être accouplé avec Marie-Madeleine se révéle plutôt gay (le baiser de Judas est explicite). Et il délivre son message dans un groupe de rock. Bayona veut montrer un Christ qui vivrait à l’heure actuelle. Il a conçu son ‘Circus Christi’ comme un exemple de la recherche frénétique d’un succès rapide. Il y dénonce plus la société que la religion, prétend-il.
L'exposition de sa série sur le christ a soulevé l'ire de la plus partie conservatrice de la population forçant sa fermeture à l'Université de Grenade, Bayona a reçu plusieurs menaces de mort. Dans l'église de Aldeahermosa, un tableau de Bayona a été attaqué par des bigots.