Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans les diagonales du temps
2 mars 2020

Sugar, un film de John Palmer

2004, Canada, 78mn
Réalisation: John Palmer, Production: John Buchan, Damion Nurse, scénario: Todd Klinck, Jaie Laplante, John Palmerbasé sur courtes histoires de Bruce la Bruce,image: John Westheuser, musique: Rabbi Persaud,  
 
 
avec: Andre Noble (Cliff), Marnie McPhail (Madge), Haylee Wanstall (Cookie), Dorothy Gordon (Ancienne femme de chambre), Jeffrey Parazzo (Flex), Alastair Moir (Lil'Bro), Michael Barry (Shayne), Brendan Fehr (Butch), Balázs Koós (Shade), Sarah Polley (Fille enceinte), Enfant Arsenault (Enfant), David MacLean (Andrea), Alexander Chapman (Natasha), Misakiu (Rosée), Amanda Taylor (Mandy Goodhandy), Lorne Hiro (Paula le voleur à la tire), Jason Beharriell (Sasha), Maury Chaykin (Stanley), Steve Alguire (Greg), RD Reid (Lyle), Pat Butcher (Darlene), Michael Riley (l'homme), Andrew Dow (Garçon), Varna Moricz (Assassin)
Résumé
 
Cliff est un jeune homme, vivant avec sa mère à Toronto et conscient de son homosexualité, et très curieux des choses du sexe, qu'il n'a pas été capable jusqu'ici d'explorer.Le jour anniversaire de ses dix-huit ans, sa mère Madge et lui font une petite fête lors de laquelle Cliff boit plus que d'habitude. Elle le pousse à aller en  ville pour qu'il aille s'amuser. Bien décidé à perdre sa virginité, Clifffait la connaissance de Butch, un garçon d'une vingtaine d'années qui se prostitue pour vivre. Cliff à le coup de foudre pour Butch au moment où il le voit. Toutefois, bien que But développe de la sympathie pour Cliff, qui va se développer en une amitié, son "métier" a développé en lui une distance émotionnelle envers les autres. Il n'est pas intéressé par des relations sexuelles si lui on ne l'a pas payé pour cela.
Cliff commence à visiter de manière régulière l'appartement de Butch. Grâce à son nouvel ami, il fait connaissance rapidement de la Communauté gay de la ville de Toronto. Les problèmes apparaîtront quand Butch convaincra Cliff que pour garder son amitié, il doit avoir une relation sexuelle avec lui devant un client...

 critique:
 
Il s'agit d'une production canadienne, visiblement fauchée qui mélange romantisme avec le drame. John Palmer s'est chargé à la fois de la diriger, de la produire partiellement et d'en écrire le scénario basé sur une
 
de courtes histoires écrites par Bruce LaBruce lui aussi connu comme réalisateur de films à thématique gay
Le titre du film, « Sugar » (Sucre), a été choisi pour le paradoxe qu'introduit les sens de ce mot, d'abord la douceur de l'ingrédient et la douceur de Cliff et la drogue dont Butch est dépendant. Le meilleur du film est dans sa description très réussi et réaliste de l'innocence, de l'ingénuité et les espoirs d'un garçon  
découvrant sa propre sexualité, et ses désirs. Cette réussite doit beaucoup à Andre Noble  qui interprète magistralement le rôle de Cliff parvenant à transmettre au spectateur les différents sentiments qui écartèlent Clff. Malheureusement ce sera le seul rôle pour cet acteur prometteur puisqu'il est décédé quelques semaines après la fin du tournage, empoisonné par un plat de champignons. Les autres acteurs sont également très bons. Le défaut principal du film tient dans son scénario qui part un peu dans tous les sens, au lieu de se focaliser sur la relation entre Cliff et Butch, personnages qui ne sont pas assez creusés. Par exemple Nous ne connaitrons rien de l'histoire de Butch qui l'a conduit à se prostituer. On ne comprend pas non plus pourquoi Butch veut détruire la candeur de Cliff alors que c'est pour cette raison qu'il l'aime. D'autre part  le film développe une idée qui me parait assez perverse et désespérée tentant de démontrer que l'innocence se termine toujours en destruction. Les scènes de sexe dans lesquelles Butch exerce le rôle de chaperon n'apporter rien et ne sont guère maitrisées. Génant et très politiquement correct est la manière dont sont présentés les clients de Cliff, comme les derniers des dépravés.
Enfin le relations familiales de Cliff paraissent des plus irréelles, seul le personnage de la soeur est crédible
Après un bon début où l'on s'attache au personnage de Cliff, les incohérences du scénario font que l'intérêt du spectateur diminue progressivement.
 
 



 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Sucre, le film
 
Sucre 1
 
 
Sucre, 3
 
 
Sucre, 2
 
Sucre, 4
 
 
Sucre 5
 
 
Sucre, 6

Sugar Trailer (2004)

Publicité
Publicité
2 mars 2020

case en exergue: Bob de Moor

case en exergue: Bob de Moor
case en exergue: Bob de Moor
2 mars 2020

LES TÉMOINS, un film de Téchiné

lestemoins.jpg
`temoinsSP.jpg

 

Fiche technique :
 
Avec Michel Blanc, Emmanuelle Béart, Sami Bouajila, Julie Depardieu, Johan Libéreau, Constance Dollé, Lorenzo Balducci, Alain Cauchi, Raphaëline Goupilleau, Jacques Nolot, Xavier Beauvois et Maïa Simon.
Réalisation : André Téchiné. Scénario : Laurent Guyot, André Téchiné et Viviane Zingg, d’après le roman de Jamil Rahmani et Michel Canesi. Directeur de la photographie : Julien Hirsch. Musique : Philippe Sarde. Montage : Martine Giordano. Décor : Michèle Abbe. Costumes : Radija Zeggai.
Durée : 115 mn. Disponible en VF.
 

Résumé :
 
Été 1984, Manu (Johan Libéreau), un jeune homosexuel insouciant de vingt ans débarque à Paris de son Ariège natale. Il vient chercher du travail. Le garçon squatte provisoirement la chambre d’hôtel borgne de sa sœur Julie (Julie Depardieu), une fondue de chant. Elle suit une formation de chanteuse lyrique. La cohabitation est difficile ; Julie s'efforce de maintenir une distance avec son frère envahissant. Manu sort beaucoup la nuit... Un soir de drague dans les jardins du Trocadéro où les mecs tournent, se frôlent, se sucent dans une noria incessante, il rencontre Adrien (Michel Blanc), un médecin gay quinquagénaire, extraverti et cultivé qui s’éprend de lui et avec lequel il sympathise. Il ne se passera rien de sexuel entre eux mais Adrien fait  découvrir au garçon le style de vie de son milieu.
Invité par un couple d’amis dans une belle villa au bord de la Méditerranée, Adrien emmène Manu avec lui et le présente à ce couple atypique de jeunes mariés, composé de Mehdi (Sami Bouajila), inspecteur principal de la Mondaine, et de Sarah (Emmanuelle Béart) qui écrit des livres pour enfants.
Ils vivent une grande liberté sexuelle, mais l’équilibre du couple est perturbé par la récente naissance de leur enfant. Manu et Mehdi vont être irrésistiblement attirés l’un par l’autre et vivre clandestinement leur liaison. Le jeune homme s’éloigne d’Adrien...

temoins1.jpg
Dans le même temps, Sarah refuse une maternité qui, croit-elle, menace sa féminité. Elle ne parvient pas à aimer son enfant, « livré sans mode d’emploi » dit-elle, et traverse une panne d’inspiration littéraire.
L’irruption de Manu dans la vie des autres protagonistes est un tremblement de terre qui va bouleverser leur paysage relationnel. Sans le vouloir, sans le savoir, Manu révèle les désirs de chacun.
Puis un jour, il chope une drôle de maladie, pour laquelle la médecine va bientôt confesser son impuissance. « Les gens ne le savent pas,mais c'est la guerre » affirme Adrien. Médecin des Hôpitaux de Paris, il est en première ligne pour savoir qu'une nouvelle maladie est apparue et se répand, notamment chez les homosexuels. Il va récupérer Manu ; le soigner et l’aider à combattre le mal.
L'arrivée de l'épidémie du sida, maladie perçue alors dans les médias et l'imaginaire collectif comme une peste moderne et honteuse, puisqu’elle n’atteindrait que les homosexuels, va chambouler ces tranquilles destins particuliers. Chacun va devenir acteur et témoin d'un drame contemporain, où ceux qui ne mourront pas en ressortiront peut-être plus forts, mais en tout cas marqués pour le reste de leur vie.
Toute l’histoire est racontée par Sarah, qui fait de Manu le sujet de son premier roman pour adultes qui se déroule entre l’été 1984 et l’été 1985 à Paris et sur les rives de la Méditerranée.

temoins2.jpg
L’avis critique :
 
On sort de la salle remué et, pour les rescapés de cette époque, avec tout un tas de mauvais souvenirs qui remontent à la surface du gouffre de la mémoire dans lequel on les avait cru ensevelis pour toujours. Maissurtout on est en colère contre le cinéaste qui par manque de rigueur et, osons le dire, de travail est passé à côté du grand film sur le sida, mot jamais prononcé durant tout le métrage, que l’on attendait et qu’il nous laisse parfois entrevoir.
Manque de travail d’abord sur le scénario qui nous apparaît presque comme un premier jet avant l’indispensable émondage du superfétatoire. Pourtant, non seulement il est inspiré d’un roman de Jamil Rahmani et Michel Canesi, Le Syndrome de Lazare, aux éditions du Rocher, mais ils se sont mis à trois, Laurent Guyot, André Téchiné et Viviane Zingg pour le concocter. Ce qui n’empêche pas nombre de scènes inutiles comme celles attachées au folklore désuet de l’hôtel de passe et du bar à putes, pas toujours les plus mal réalisées, à l’instar de celle de la danse de l’inévitable prostitué au grand cœur sur un tube des Rita Mitsouko de l'époque : Marcia Baïla, un titre sans doute pas choisi au hasard car ce morceau évoque une autre maladie grave, le cancer, qui emporta la jeune chorégraphe Marcia Moretto dont il est question dans cette chanson. Ce sous texte est typique de la méthode Téchiné qui consiste à toujours plus alourdir la barque de détails, parfois incongrus, si bien qu’à la fin son film prend l’eau de toutes parts. Autre fâcheux exemple, le procédé éculé qui consiste à faire raconter une partie de l’intrigue par un auteur qui écrit l’histoire de ce que l’on voit sur l’écran et dont la lourdeur est aggravée par la platitude du texte, lu en voix off par celle bien peu mélodieuse d’Emmanuelle Béart.

temoins3.jpg
Alors qu’il faut au contraire resserrer un scénario pour le concentrer sur l’intrigue principale et sur quelques personnages que l’on aura soin de faire intervenir tout au long du récit, Téchiné fait tout l’inverse en multipliant des apparitions anecdotiques qui n’ont pas le temps de s’imposer, comme le patron du camping (Alain Cauchi) dont on ne comprend pas la nature de la relation qu’il entretient avec Manu, ou celui de la mère de Sarah (Maia Simon) qui parait n’être amenée que pour énoncer sa phrase définitive sur l’existence.
Certaines séquences frôlent le ridicule, en particulier celle du sauvetage de Manu de la noyade par Medhi (grosse ficelle scénaristique) ; ceci malgré les belles images sous-marines de Julien Hirsch, excellent chef opérateur du Lady Chatterley de Pascale Ferran, que Téchiné retrouve après Les Temps qui changent. Hirsch propose souvent des décadrages audacieux dans des images où l’orange est la couleur dominante, couleur solaire omniprésente dans la première partie, « Les jours heureux », qui malheureusement, « bénéficie » d’un montage haletant, si bien que le regard n’a pas le temps de se poser (heureusement, cela évite que l’on s’attarde sur les nombreux anachronismes, j’y reviendrai). Le spectateur est submergé par la masse d’informations qu’assène cette suite de scénettes hétérogènes d’une qualité très inégale, montées bout à bout sans aucune fluidité, à la hache comme s’il fallait dévorer la vie à toute vitesse, puis le film s’installe progressivement, se pose, dans un climat et une construction rappelant Les Innocents etLes Voleurs. On a connu Martine Giordano, pourtant monteuse habituelle du cinéaste, mieux inspirée.

temoins4.jpg
Manque de travail aussi sur les personnages, les adversaires du naturalisme vont être ravis, car Téchiné ne s’est pas embarrassé de psychologie, pas plus que de vérité sociologique, ni même parfois géographique. Si bien que l’on a beaucoup de mal à croire à certains caractères, trop romanesques, au mauvais sens du terme. Il faut admettre, pour adhérer un minimum au film, que nous sommes devant un conte, habité par des êtres dont beaucoup n’ont ni épaisseur, ni vérité. Ils n’existent pas hors la temporalité du film. On ne sait pas par exemple si Medhi a couché avec d’autres garçons que Manu... On ne peut pas savoir s’il en connaîtra d’autres après lui, tant sa personnalité est floue. Toutefois Téchiné est cohérent avec lui-même puisqu’il déclare à Têtu : « Je ne voulais pas que le projet prenne la forme classique d’un documentaire objectif, réaliste. Je voulais que le film puisse s’apparenter à un conte, un conte pour adulte averti avec des moments d’enchantement mais aussi de violence... J'ai fait le film par devoir de mémoire envers des amis qui ont disparu dans ces années-là, et parce que comme beaucoup de gens de ma génération j’ai eu le sentiment, en passant entre les mailles du filet, en échappant au sida, qui apparaissait dans ces années-là, d’avoir en quelque sorte échappé à mon destin. Cela a fondé la nécessité d’en parler et de raconter cette histoire. C’est peut-être disproportionné de comparer ce drame au sort des hommes et des femmes qui ont pu éviter la déportation, mais il y avait à ce moment-là, également, une question de vie ou de mort en jeu, un effet de destin partagé... » Ces mots font immédiatement naître en moi deux questions : A-t-on envie de voir un conte sur la shoah ou sur le sida et a-t-on même le droit de traiter ces tragédies par ce biais ? Ma réponse, qui me semble nourrie par une éthique élémentaire, à ces deux questions est non. Il n’en reste pas moins qu’il était courageux et noble de s’embarquer dans l’aventure des Témoins.

temoins5.jpg
Il n’est pas nécessaire d’être un grand scénariste pour savoir que l’exceptionnel est à introduire dans une histoire à dose homéopathique si l’on veut qu’elle reste crédible. Et que voit-on dans Les Témoins ? Que des personnages sortant du commun : en 1984, un inspecteur de police d’origine maghrébine, de surcroît bisexuel, est bien improbable. Il faut tout l’immense talent de Bouajila pour que l’on puisse y croire un peu. Que cet homme épouse une écrivaine, voilà qui est encore plus problématique ; que cette dernière, alors qu’elle écrit pour les enfants, ne parvienne pas à aimer son nourrisson est un cas bien extraordinaire, sujet qui aurait à lui seul mérité tout un film. Autant d’extravagances que Téchiné introduit dans son scénario comme autant de faux-semblants qui lui évitent de se colleter d’emblée avec son vrai sujet : l’émergence du sida, trop douloureux pour lui comme il l’explique (voir ci-dessus sa déclaration à Têtu).
Le cinéaste, en reprenant son personnage récurrent de jeune paumé monté du sud-ouest à Paris dont on ne voit pas à quel brillant avenir il pourrait prétendre, affaiblit la charge émotionnelle de son film, laissant penser que seuls les marginaux étaient touchés par le fléau, alors que la plupart des victimes étaient des garçons bien intégrés dans la société dont on pouvait espérer qu’un fécond demain les attendait.

temoins6.jpg
Si Les Témoins ne parvient pas à imposer ses héros, en revanche le film montre bien la liberté des mœurs d’alors qui permettait d’expérimenter plusieurs relations, d’une façon harmonieuse, sans honte et sans mise au point. Cette diversité des expériences affectives et sexuelles pouvait se vivre sans culpabilité. On est loin de ce qui se passe aujourd’hui avec le règne du puritanisme et de la pornographie qui sont les deux faces de la même médaille. Pour les jeunes spectateurs, la scène de drague au Trocadéro, avec ses grappes d’hommes copulant dans les buissons, tout de même bien surpeuplés, dans la vision proposée par Téchiné, paraîtra surréaliste, et pourtant... Le film décrit avec justesse comment le virus du sida provoque, d’abord aux États-Unis, puis en France, un rejet de la communauté homosexuelle et combien le dépistage et la prévention auront du mal à se mettre en place face à la panique stigmatisante ambiante par des documents filmés d’époque qui, malheureusement s’intègrent mal à la trame romanesque du récit. Il illustre aussi ce qu’était l’état d’esprit du grand public face à l’épidémie à cette période, quand le jeune Américain venu à Paris pour faire la connaissance des parents de son ami décédé du sida, dit son désarroi à Adrien devant leur refus de le rencontrer. État d’esprit que résume bien Michel Blanc en une anecdote confiée au Nouvel observateur : « Je me rappelle avoir été bouleversé, au début de l'épidémie, par la réaction d'une femme de 45 ans qui faisait le ménage dans un club de sport où j'allais : cette femme, qui passait son temps à nettoyer les douches au milieu de mecs à poil, me disait qu'elle était malade, qu'elle devait se faire opérer, et que le sida, après tout, c'était bien fait pour ceux qui l'avaient. Les victimes de la société condamnant d'autres victimes, c'est quelque chose d'épouvantable. »
Téchiné n’a pas fait l’économie d’une réflexion sur l’histoire et la société comme le prouve cette déclaration : « Le film est comme tous les films, il pose des questions sur le bien et le mal. Et le bien et le mal, aujourd’hui, qui le décide ? La médecine et la justice. Je crois qu’à partir du sida justement, la médecine a capitulé par rapport à la morale, donc il ne reste que la justice, et son bras exécutif qu’est la police. C’est peut-être pour cela que les personnages du médecin et du policier se sont imposés avec évidence dans cette histoire. » Et sur la situation actuelle du cinéma : « Le sujet fait peur, il n'est pas commercial. C'est une des grandes différences entre Hollywood et la France : là-bas, les grands traumatismes nourrissent le cinéma, alors qu'ici la tendance est à les enfermer. C'est ainsi par exemple que je n'ai jamais réussi à monter mon film sur l'Algérie. » Malheureusement cette peinture juste d’une époque est mise à mal par le constant anachronisme sociologique des personnages. Le réalisateur a donné à ses créatures de 1984 la mentalité des bobos de 2006 d’où le hiatus permanent entre leurs agissements et le paysage social dans lequel ils évoluent.
Et puis comme souvent chez Téchiné, des erreurs de détail gênent la concentration du spectateur, erreurs imputables plus à l’équipe de tournage, assistants, scripte qu’au metteur en scène quoique bien s’entourer est aussi un grand talent... Par exemple, juste après le premier panneau « 1984 », on a un plan de rue, avec le gros logo bleu LCL... ou encore ces innombrables automobiles dans des paysages, censés être de 1984, de modèles sortis bien après cette date comme ces Twingos arrivées qu’en 1993 ! Autant d’impairs qui sont difficilement pardonnables de la part d’un cinéaste aussi chevronné. Bourdes qu’il était possible de corriger à la post-production. Pourquoi n’est-ce pas le cas ? Faut-il rappeler qu’un film ne se termine pas au dernier jour de tournage ?

temoins7.jpg
La clé du titre est donnée par Sarah, jouée par Emmanuelle Béart, qui est la narratrice de cette histoire, lorsqu'elle affirme qu'ils sont « tous des témoins du passage de Manu », atteint du sida, parmi eux.
En ce qui concerne les comédiens disons, pour être gentil, qu’ils font des prestations inégales. On ne comprend pas bien pourquoi Emmanuelle Béart, horripilante comme souvent, avec un jeu se résumant à la crispation des maxillaires, se trimbale à poil durant la plupart de ses scènes, sinon pour que l’on constate que le temps a été plus aimable pour son cul et ses seins que pour son visage...
Je ne sais plus pour quel film un journaliste (je revendique le droit du chroniqueur à l’imprécision) constatait, à propos d’une saga mettant en scène les membre d’une famille juive, qu’aucun des acteurs les incarnant n’étaient juif ; il ajoutait que pourtant la profession ne manquait pas d’acteurs juifs talentueux. Je précise que le-dit journaliste était juif lui-même. Je me dis, mais peut-être que je rêve un peu, qu’il doit bien y avoir des jeunes acteurs gays qui auraient été fiers de jouer le rôle de Manu. Je sais bien qu’être acteur c’est justement interpréter ce que l’on n’est pas. Mais je suis exaspéré par ces jeunes acteurs qui jouent le rôle d’un gay et dont les premiers mots à toute interview sont : « Je ne suis pas gay ! » Ce que je peux confirmer à propos de Libéreau, pour être passé sur un tournage où il sévissait et où il semblait filer le parfait amour avec la scripte (pourquoi ne pourrais-je pas faire mon Voici, zut alors ! Il n’y a pas que Zanzi sur ce blog pour être mauvaise fille !). L’interview en question est insérée dans un article laudateur de Ciné livedans lequel Johan Libérau est qualifié d’inoubliable par Xavier Leherpeur qui ajoute que : « subitement l’écran est devenu bien étroit pour accueillir son élégance féline et son sourire lumineux. » Encore une pauvre fille qui se rend malheureuse et qui doit avoir un chien pour faire une comparaison entre Libéreau et un chat ! Je me souviens aussi, pour avoir discuté avec des directeurs de casting, dont celui de Téchiné, pour avoir assisté à plusieurs castings et enfin pour en avoir fait moi-même, que le regard chez un acteur est prépondérant et à voir celui de Johan Libéreau, on se doute bien que ce dernier n’a pas inventé la pelle à charbon...
Au-delà du choix de Johan Libéreau que j’estime malheureux, tout de même moins que celui naguère de Manuel Blanc dans J’embrasse pas, un détail a frappé mon tympan, plusieurs fois : au détour d’une réplique j’ai entendu l’accent « d’jeune » bien connu aujourd’hui maisinaudible en 1984, je ne dirais donc rien du fait que Manu débarque de l’Ariège... Je suis conscient ici de soulever un tabou, l’irruption dans la société française d’un accent qui n’est plus régional mais social, un accent de classe qui stigmatise les locuteurs d’un français qui le colore de cet accent. Triste nouveauté dans notre république de ce qui était une particularité peu enviable de la Grande-Bretagne.
Bouajila réussit le tour de force de faire croire à ce flic complètement improbable, à être juste, sauf dans les premières scènes avec Emmanuelle Béart, mais qui le pourrait tant elles sont mal écrites, dans des situations aussi variées qu’incongrues. On savait depuis longtemps qu’il était un des tout meilleurs acteurs de sa génération, il le confirme une fois de plus.
Adrien, joué par Michel Blanc, est le seul rôle vraiment crédible et fouillé du film, peut-être parce qu’il est en grande partie l’alter ego de Téchiné. L’acteur est parfait, faisant bien ressortir les contradictions de l’homme, comme les dénonce Medhi dans la très bonne scène de dispute dans la voiture.
Mais la vraie révélation des Témoins c’est Julie Depardieu qui en quelques apparitions fait que la sœur de Manu, pourtant bien artificielle, existe.

temoins8.jpg
Le plus extravagant à propos de ces personnages dont la véracité est des plus problématique, est que Téchiné en donne les clefs : Manu serait inspiré par Michel Béna qui fut son assistant et surtout réalisa un très beau film, Le Ciel de Paris ; quant à Adrien, il serait nourri par Daniel Defert. J’ai eu (encore ! excusez-moi de mon parisianisme) l’occasion de croiser, il y a quelques années, ces deux personnes et je ne vois absolument pas le rapport entre elles et les êtres que l’on voit à l’écran, ce qui n’a aucune importance en soi, mais alors pourquoi donner des clés qui n’ouvrent aucune porte ?
Si vous êtes attentifs, vous repérerez quelques guest stars dans de petits rôles, le patron de l'hôtel : Jacques Nolot, l'éditeur : Xavier Beauvois, quelques plans leur suffisent à donner de l’épaisseur à ces silhouettes. On aperçoit aussi Jean-Marie Besset en  régisseur de théâtre.
Pendant longtemps la figure de l’homosexuel a hanté le cinéma de Téchiné sans pouvoir s’avancer dans la lumière, ce fut une drague sur un quai dans Hôtel des Amériques, la confession à demi-mot de l’homosexualité du héros à son frère dans La Matiouette, la passion d’un père de famille pour un bel arabe dans Les Innocents, la prostitution du héros de J’embrasse pas et son amitié avec un vieil animateur de télé gay... Puis en 1994, à la surprise générale, le timoré Téchiné fit son coming-out cinématographique avec Les Roseaux sauvages. Ensuite, on continuera de croiser des homos dans son œuvre : Catherine Deneuve et Laurence Côte dans Les Voleurs, Mathieu Amalric dans Alice et Martin, Gaël Morel dans Loin, Malek Zidi dans Les Temps qui changent. Dans Les Témoinscomme dans Les Roseaux sauvages, les gays sont le sujet même du film mais alors qu’auparavant ils étaient relégués aux rôles d’accessoires décoratifs, ils semblent cette fois entravés par le romanesque.
On comprend bien qu’il était difficile à Téchiné d’aborder l’irruption du sida, lui-même comme tous les gays de sa génération se sentant comme injustes survivants. C’est un sentiment, ayant connu également cette période, que je partage et ressens presque chaque jour.
La gestation d’une telle œuvre est moralement compliquée et douloureuse. Quant à son financement, il est périlleux car il faut de la témérité pour entreprendre aujourd’hui un film sur ce sujet et cette époque à un moment où le cinéma est formaté en raison de son financement à 80 % par les télévisions qui sont toutes (plus ou moins) les parangons de la France moisie. Peut-être que le vrai scandale de ce film est qu’il soit courageux de le faire.
On attend toujours le grand film sur le sida, Les Témoins n’est pas celui-là. Mais malgré ses défauts, il est urgent que ceux qui ont aujourd’hui 16, 20 mais aussi 25 voire 30 ans et qui n'ont pas connu cette période (que nous, les rescapés, nommons les années enchantées) voient Les Témoins, témoignage sincère mais parfois maladroit d’une tragédie. À la fin du film, la mère de Sarah dit à sa fille : « c'est un miracle d'être vivant », ne l’oublions jamais.

temoins9.jpg
 

temoins10.jpg
Témoins, 6
 
Témoins, 2
 
 
Témoins, 3
 
Témoins 5
 
 
Témoins, 4
 
 
Témoins 1
 
2 mars 2020

case en exergue: Carlos Laffond

case en exergue: Carlos Laffond

 

2 mars 2020

C'était Paris en 1980 par Bruno

Paris1980j

 

Paris1980k

 

Paris1980m

 

Paris1980a

 

Paris1980b

 

Paris1980c

 

Paris1980d

 

Paris1980g

 

Paris1980f

 

Paris1980h

 

Paris1980n

Publicité
Publicité
2 mars 2020

VACATIONLAND, un film de Todd Verow

 
 

 

Fiche technique :

 
Avec Brad Hallowell, Gregory J. Lucas, Jennifer Stackpole, Mindy Hofman, Charles Ard, Theodore Bouloukos, Michael John Dion, Hilary Mann, Nathan Johnson, Jennifer Mallett et Gregg Anderson. 

 

Réalisation : Todd Verow. Scénario : Todd Verow & Jim Dwyer. Image et montage : Todd Verow. Musique : Jim Dwyer & Colin Owens.

 
USA, 2005, Durée : 104 mn. Disponible en VO et VOST

 

Résumé

 

Joe (Brad Hallowell) 18 ans, vit avec sa mère, une marie-couche-toi-là, et sa sœur aînée Theresa (Hilary Mann). On apprendra qu’il a été violé à l'âge de dix ans,  mais il a décidé de garder le secret. Il est dans sa dernière année de lycée et espère entrer après dans une école d’art. Il devient ami avec Victor (Charles Ard), un vieil artiste pour lequel il pose nu. Il vient habiter avec lui, espérant que le peintre l’aidera à échapper à la médiocrité de son milieu. Alors que l'horreur et le vice rôdent autour de lui, Joe tente par tous les moyens de s'en sortir et d'échapper à un destin minable et inéluctable s’il reste dans le quartier de Capeheart Projects dans la petite ville de Bangor, dans le Maine, banlieue blanche où tout est un peu étrange sous des apparences de normalité et où il est très difficile de s'épanouir, surtout lorsque l'on est, comme Joe, gay et amoureux de son meilleur ami, Andrew (Gregory J. Lucas), la vedette locale de football américain. Andrew, lui, n'assume pas son homosexualité. Il continue à sortir avec la chef des majorettes. Joe accompagne le couple dans leurs virées, suivi de Kriss (Mindy Hofman), la classique fille à pédé. Lasses d'attendre le grand soir, où leurs hommes enfin les dépucelleront, les deux jeunes femmes finissent par réaliser l'attirance réciproque des deux garçons. Elles vont alors devenir le catalyseur de leur première relation sexuelle... 


L’avis critique
 
On peut penser que Todd Verow, qui a adapté à l’écran en 1999 Frisk, le célèbre roman de Denis Cooper, transpose l'histoire de sa jeunesse dans Vacationland. Il est en effet né en 1966 à Bangor dans le Maine, lieu où se déroule l’intrigue du film qui, cinématographiquement commence bien. Le réalisateur, dans les dix premières minutes, réussit, en quelques séquences justes, en particulier celle d’une mémorable drague dans des toilettes, à faire exister son héros avec la seule grammaire du cinéma; il y a peu de dialogues. Nous pourrions être alors dans le meilleur Gregg Araki. Mais les choses commencent à se gâter lorsque Joe rencontre sa sœur, Hilary Mann, peu crédible comme l’ensemble de la distribution féminine. Et cela continue très mal avec l’adjonction, aussi inopinée que calamiteuse, de la voix off de Joe nous expliquant qu’il est amoureux de son meilleur copain, Andrew, ce que l’on avait compris dès les premières minutes.

On sent tellement que ce procédé (affreusement mal postsynchronisé, avec un effet de son « cathédrale » des plus gênant) n’est fait que pour masquer l’incapacité du cinéaste à filmer une scène dans laquelle il montrerait la force de cet attachement, cela parait un peu pitoyable. Todd Verow fait suivre cette maladresse par une belle idée de mise en scène, une séquence dans laquelle Joe pose nu (malheureusement nous ne verrons pas grand chose de son appétissante anatomie) devant un peintre qui lui demande de se raconter pendant qu’il le dessine, un habile subterfuge pour nous informer sur le garçon. La mise en scène fera ainsi alterner le pire et le meilleur tout au long du film. Malheureusement, le pire est beaucoup plus fréquent que le meilleur.
Par le biais du portrait d’un jeune gay égaré dans une petite ville de l’Amérique profonde,Vacationland se veut un constat sombre, mais pas désespéré, sur une jeunesse en mal de repères. Nous assistons à l’apprentissage mutuel de la sensualité entre Andrew et Joe. C’est la partie la plus réussie du film et sans aucun doute la plus autobiographique, on y sent le vécu. Une des faiblesses du film est son incapacité à mêler l’autobiographie et le romanesque. On est en plus gêné de reconnaître un peu trop facilement les sources de ce romanesque dans les emprunts maladroits aux films L.I.E. (Long Island Expressway) de Cuesta, Bully de Larry Clark et surtout à Mysterious skin de Gregg Araki.

Les meilleurs amis abandonnent leur innocence en devenant amants. Ainsi, vaille que vaille, ils peuvent mieux affronter cet univers occasionnellement traversé de violences.
À la relation amoureuse de Joe et Andrew, une belle brochette de personnages secondaires compose un arrière-plan que l'on se serait accordé à trouver attachant si la plupart d'entre eux n’étaient pas malheureusement restés au stade d'ébauche. Ce regrettable manque de développement des seconds rôles gêne jusqu’à la compréhension complète du film.


v24154506

Il fut un temps où, en particulier dans le cinéma américain, tout était montré, remontré, expliqué aux spectateurs, niais qu’ils étaient sensés être, de peur qu’ils ne saisissent pas le moindre tenant et aboutissant. Aujourd’hui la nouvelle tendance est « d’oublier » de tourner quelques pages du script ou de ne pas montrer certaines scènes en se disant que cela fait plus « arty » ou que ces morceaux inédits feront des bonus vendeurs pour le futur DVD : voici arrivée l’ère des films gruyères ! C’est le cas de Vacationland, dont le scénario a de véritables béances, tout en nous infligeant des plans inutiles comme ceux du décollage de l’avion qui emporte la sœur de Joe pour un monde qu’elle espère meilleur. La frustration est en partie atténuée pour les possesseurs du DVD (qui annonce en bonus des coulisses qui sont introuvables), grâce aux scènes coupées qu’il propose heureusement en bonus. Ainsi, nous découvrons la personnalité du professeur LaBlanc (Nathan Johnson), personnage que l’on suppose envisagé comme important, puis finalement réduit à la portion congrue, dans une courte séquence dialoguée qui aurait bien mérité d'appartenir au montage final, comme la quasi totalité des images non retenues. Il aurait juste fallu abréger les déambulations solitaires de Joe et d’Andrew qui avaient leur utilité, puisqu’elles nous font découvrir Bangor. Même avec ces ajouts, le film serait demeuré lacunaire. Le scénario, aux ellipses souvent brutales, abonde en situations arbitrairement laissées en suspens.

La distribution pose aussi problème, composée en majorité d’acteurs inexpérimentés qui ont parfois un jeu approximatif et un âge rarement adéquat pour leur rôle. Les deux protagonistes principaux font preuve d’une spontanéité touchante qui ne peut qu’engendrer la sympathie du spectateur et puis même s’ils sont bien mal appairés, ils ne sont pas désagréables à regarder...


v24154500

En revanche, les actrices jouant les lycéennes, de vraies caricatures, sont beaucoup trop âgées, certes ce sont de telles idiotes que l’on peut penser qu’elles ont redoublé plusieurs fois (mais ce n’est pas une pratique américaine), quant à la femme jouant la mère de Joe, elle est  ridiculement trop jeune !


v24154495

Vacationland est tourné en D.V., avec des moyens visiblement dérisoires. La photo est fréquemment sous-exposée et parfois sur-éclairée ! Mais souvent on voit très bien qu’il n’y a pas d’éclairage additionnel du tout. Le manque de moyens et de maîtrise technique ruinent complètement l’effet qu’aurait dû produire sur le spectateur la scène de vengeance qui aurait du être l’acmée de l’œuvre. Elle nous parait comme filmée par un mauvais cinéaste amateur.

Le paradoxe du cinéma de Verow, qui débouche au final sur une impuissance, c’est qu’il allie des sujets sexuels à une réalisation pudibonde : c’est à peine si on aperçoit quelques secondes les fesses de Joe, alors même qu’il est modèle pour un peintre, qu’il fait le gogo dans une boîte, qu’il couche avec son meilleur ami (consentant), qu’il drague un mec pour lui voler son argent, qu’il tripote son prof de français dans les toilettes de son lycée pour lui extorquer un diplôme, et qu’il entraîne son ami-amant dans une vengeance sordide dans laquelle il sert d’appât sexuel !


v24154524

Il est indéniable que Todd Verow a le potentiel pour nous offrir des films de qualité. Il faudrait seulement qu’il admette que faire un film est une œuvre collégiale et que l’on ne peut pas être à la fois le réalisateur, le scénariste, le directeur de la photo et le monteur d’un film. Ce qui ne le privera pas de se coltiner avec la grammaire du cinéma qu’il semble encore loin d’avoir assimilée. 


v_1

Vacationland est un film un peu « sexe », pas assez en fait, surtout romantique, d'un réalisme à fleur de peau, parfois à la limite du glauque avec quelques très beaux moments émergeant difficilement d’un amateurisme complaisant.

 

 
Vacationland 5

 

 

Vacationland, 3

  

 

Vacationland 1
 

 

Vacationland, 2

 

 

Vacationland, 4

 

 
Vacationland, 6

 

 

Vacationland Trailer (2006)

2 mars 2020

Le clan, un film de Gaël Morel

 

Le clan, un film de Gaël Morel (réédition complétée)
France, 2004, 90 mn

réalisation: Gaël Morel, production: Philippe Jacquier, scénario: Christophe Honoré & Gaël Morel, image: Max Jean-Bernard, son: Camille Rocailleuxe

avec:Nicolas Cazale (Marc), Stéphane Rideau (Christophe), Thomas Dumerchez (Olivier), Salim Kechiouche (Hicham), Bruno Lochet (Père), Vincent Martinez (professeur), Jackie Berroyer (Robert), Aure Atika (Emilie), Nicolas Paix (Montana), Mathias Olivier (Ryan), Gary Marie (Luc), Geordie Piseri-Diaz (Jeremy), Clément Dettli (Henry), Pierre Vallin (Sly), Janine Ribollet (Mère de Sly)


Résumé
Trois frères doivent faire face à leur douleur  après la mort de leur mère. Il y a Marc qui est obsédé par la drogue. Il est à la fois en colère et confus. Son échapatoire est l'exercice et la capoeira, une discipline qui mélange danse  et arts martiaux. Marc pense que son seul ami est son chien, qui est tué par la vengeance du fait d'un trafiquant de drogue que Marc n'avait pas payé. Christophe, le frère aîné vient de terminer une peine de prison. Il tente de se réinserrer par le travail. Il essaye de remettre Marc du bon coté de la loi.Toutefois, il lui est impossible d'obtenir le pardon de son père pour avoir été en prison quand sa mère est morte.
Enfin, il y a Olivier, le plus jeune des trois frères, qui se sent perdu après la mort de sa mère, et qui commence une relation avec un ami de Marc, Hicham. Hicham va tenter de ne pas seulement enseigner l'art de la capoeira ( une discipline qui mélange la danse et les arts martiaux, cette pratique est originaire du Brésil. Elle était traditionnellement pratiqué par les esclaves, les trois frère ne sont-ils pas esclaves de la perte de leur mère?) à Olivier mais aussi essayer de lui apprendre à accepter sa nature homosexuelle.
 

L'avis critique
Le titre «Le Clan», se réfère à celui que forme les trois frères et leur père après la mort de la mère. Alors que le titre international est «Le Clan, Trois esclaves danseurs (3 Dancing Slaves). Ce titre a été choisi parce que la pratique des trois frères de la capoeira, une discipline qui mêle danse et arts martiaux originaire du Brésil,  était traditionnellement pratiqué par les esclaves. Il est utilisé comme une métaphore, les trois frères sont esclaves de la perte de sa mère. Mais aussi, il met l'accent sur ce qui est le plus réussit dans le film la peinture de ce lumpen prolétariat auquel semblent condamné cette fratrie. 
Si film a été réalisé par Gaël Morel, son scénario est du à Gael Morel maisaussi à Christophe Honoré. La symbiose ne s'est pas bien fait entre les deux inspirations. Le thème principal du film les déchirements dans une fratrie est celui qui obsède Honoré depuis toujours et que l'on retrouve dés son premier film, "Tout contre Léo" et aussi dans ces livre comme "L'infamille", Morel y a greffé son monde ouvrier, pour ne pas dire ouvriériste alors que le milieu où évolue les personnages de Christophe Honoré est la bourgeoisie petite ou moyenne. Cet hétérogénéité du scénario est un des problèmes principaux du filme qui alterne le meilleur,  toute la partie où l'on voit Marc (Stéphane Rideau, parfait) dans l'entreprise où il se réinsère. Morel, parce qu'il en vient est un des rares cinéastes français a pouvoir filmer le prolétariat d'une façon convaincante. Autre point intéressant le questionnement sur ce monde d'hommes qui vient de perdre son unique élément féminin. Le pire est tout ce qui touche le gangstérisme autour de la cité où habite les trois frères. Il y a de nombreuses parties du scénario qui souffrent d'une utilisation de l'ellipse d'une manière excessive, et bizarrement d'autres sont sacrifiées au profit de scènes qui sont complètement inutiles par rapport à l'histoire. Le scénario passe d'une histoire ayant rapport à l'un des trois frère sans transition d'où l'impression de décousu.Il montre les caractéristiques de la vie de chacun des garçons. On s'aperçoit vite que la seule chose qu'ils partagent, c'est l'absence de leur mère. La narration n'est pas linéaire. Il y a de nombreux retours en arrière qui ignore toutefois des périodes de la vie des protagonistes. Le spectateur doit déduire ce qui s'est passé pendant celles-ci en étant particulièrement attentif aux dialogues. Le plus gênant est que si on arrive à peu près à reconstituer la trajectoire de chacun en revanche on ne comprend pas les raisons de leur évolution psychologique. Néanmoins on ne connait pas l'origine de la relation entre Hicham et Olivier. 
D'autre part Gael Morel s'est laisser aller au plaisir de filmer les corps de ces trois jeunes acteurs. Si on le comprend cela aboutit à des scènes de sexe improbable comme le rasage du cul du plus jeune frère par Hicham. Parfois d'une façon incompréhensible Maurel est saisi d'un accès de pudeur comme dans la scène dans laquelle Olivier et Hicham font l'amour où soudain il quitte le couple pour faire un long plan fixe sur le ciel...
Encore une fois Gael maurel montre combien il est un bon directeur d'acteurs. Les acteurs sont tous bon, les jeunes bien sûr avec un coup de chapeau particulier à Nicolas Cazale que le scénario n'épargne pas maisaussi les ainés, Bruno Lochet dans le rôle du père et surtout Jackie Berroyer impressionnant en contremaitre.
Le film se termine sans que les problèmes qui assaillent la fratrie soit résolu, laissant le spectateur sur sa faim, il s'est tout de même repait de la plastique de quatre beaux jeunes hommes pendant presque deux heures.
 
 

 


.
 
Stéphane Rideau (Christophe)

 

Nicolas Cazalé (Mark)

 

Thomas Dumerchez (Olivier)

 

Le clan 1

 

Le clan, 2

 

2 mars 2020

A la fenêtre

A la fenêtre
A la fenêtre
A la fenêtre
La Varenne, été 1983
2 mars 2020

case en exergue: Grun

case en exergue: Grun
2 mars 2020

SHORTBUS, un film de John Cameron

 

shortbus2.jpg
shortF.jpg 

Fiche technique :
 
Avec : Sook Yin Lee, Paul Dawson, Lindsay Beamish, PJ Deboy, Raphael Barker, Jay Brannan, Peter Stickles, Alan Mandell, Adam Hardman, Ray Rivas, Bitch, Shanti Carson, Justin Hagan, Jan Hilmer, Stephen Kent Jusick, Yolonda Ross, Jd Samson, Daniela Sea, Miriam Shor, Rachael Cyna Smith, Paul Oakley Stovall, Lex Vaughn, Justin Bond.
  
Réalisation : John Cameron Mitchell. Scénario : John Cameron Mitchell et le collectif de comédiens. Image : Frank DeMarco. Montage : Brian A. Kates. Musique : Yo La Tengo
 
USA, 2006, Durée : 102 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

 

Résumé 
 
Shortbus est un film d’amour à l’amour. Il suit, pendant quelques temps, plusieurs personnes trentenaires qui ont des problèmes dans leur couple en raison d’un refus d’un acte sexuel ou dans l’incapacité d’éprouver le plaisir sexuel avec son partenaire. Très vite,deux couples se détachent de la photo de groupe. L’un est hétérosexuel, composé d’un chômeur et d’une sexologue, Sofia (Sook-Yin Lee) qui n’a jamais connu l’orgasme. Pourtant le couple nous démontre devant la caméra qu’il ne ménage pas sa peine dans la révision de leur Kamasutra. Mais Sofia simule le plaisir depuis des années avec son mari Rob (Raphael Barker). Elle croise Severin (Lindsay Beamish), une maîtresse dominatrice décidée à l’aider. L’autre couple, homosexuel, formé de Jamy (PJ Deboy) un acteur sans emploi, ancienne babystar, et de James (Paul Dawson) un ex-prostitué reconverti en maître-nageur. Ce sont des clients de Sofia. Ils songent à ouvrir leur sexualité à un troisième partenaire, le très mignon Ceth (Jay Brannan), mais Jamie ne parvient pas à se décider. Tout ce petit monde se retrouve dans un club libertaire, le Shortbus. Ils croiseront notamment une prêtresse sado-maso, un jeune voyeur, un groupe de lesbiennes engagées et un ancien maire de New York (Alan Mandell). Ce club est dirigé par Justin Bond, figure de la scène underground new-yorkaise, dans sonpropre rôle. Dans cette enclave, tous les personnages y apprivoiseront progressivement leurs névroses. Dans ce petit club underground, jamais glauque, on y partouze, chante, discute d'art et de sentiments... Chacun y trouvera peut-être ce qu'il cherche, des histoires d'amours et d'amitiés... Car ces habitants de New York ont peur d'aimer, peur de perdre ceux qu'ils aiment...

 
short0.jpg

 

short01.jpg


short03.jpg


short04.jpg


short3.jpg


short1.jpg


short2.jpg

L’avis critique

 
On sort de ce film ragaillardi au sens ancien du terme, plus gaillard, avec sa bandaison sous le bras. Les acteurs de Shortbus sont beaux et bandants (surtout James) ou plutôt Mitchell a réussi à nous les rendre beaux par l’amour communicatif que sa caméra porte à tous.
Mitchell c’est un peu Casavetes qui réfléchirait moins mais mieux et probablement boirait beaucoup moins. Bien des noms affluent dans notre mémoire cinéphilique après avoir vu le film. C’est aussi du Woody Allen qui passerait aux travaux sexuels pratiques et puis cela rappelle par le mélange d’amour et d’humour, de crudité et de délicatesse les débuts d’Almodovar. Quand à la représentation du sexe, il faut remonter jusqu’à Taxi zum klo pour voir une représentation des actes sexuels aussi désinhibée.
L’humour n’est jamais absent du film. Il désamorce souvent ce qu’il pourrait y avoir de salace et le rire efface la gêne. On ne s’y sent jamais voyeur mais partie prenante. Comme le dit l’un des personnages : regarder c’est aussi participer. Avec générosité, le réalisateur n’exclut personne et surtout pas le spectateur qu’il invite à se joindre aux amis qu’il filme.
Mitchell part du principe que le sexe est le meilleur révélateur de l’être profond : « J’ai toujours considéré la sexualité comme la terminaison nerveuse de la vie des gens. J’ai toujours pensé qu’en observant deux inconnus qui font l’amour, on peut tirer des déductions assez précises sur ces personnes, sur leur enfance, ou sur ce qu’ils ont mangé au déjeuner. » Et pourtant les scènes d’orgies, dans lesquelles les corps s’enchevêtrent avec élégance finissent par s’effacer de notre mémoire pour laisser place à ce qu’elles révèlent : une quête, celle des sentiments, d’un orgasme, du bonheur ou d’une normalité rêvée, heureusement inatteignable.



short4.jpg

 


Une des rares faiblesses est inhérente à son processus scénaristique. Tous les personnages, malgré la grande générosité du metteur en scène, ne provoquent pas chez lui la même empathie, ce qui l’amène à en privilégier certains notamment James et on le comprend aisément...
L’autre petit défaut est cette parade finale unanimiste un peu forcée qui rappelle la fin, pas complètement réussi, de cet autre chef-d’œuvre nihiliste qu’est The Party de Blake Edwards. Autant de références cinématographiques pour un film qui n’est jamais post-moderne mais toujours novateur et s’inscrit dans l’histoire la plus actuelle (la vue de ground zéro). Ce n’est pas une coquetterie critique mais une évidence. Mitchell est un grand cinéphile comme l’illustre ses déclarations dans lesquelles il se révèle beaucoup moins gentil que dans son film : « Je voulais montrer le sexe comme je ne l’avais jamais vu. J’avais vu beaucoup de films européens de la fin des années 90 qui utilisait du sexe non simulé mais il y semblait quelque chose d’aussi négatif que, disons, les chrétiens conservateurs. J’ai adoré le film de Catherine Breillat À ma sœur mais il m’a donné envie de me jeter par la fenêtre... Les acteurs ne sont pas des marionnettes. Ils sont des associés. Je peux apprécier les films de Bresson, mais Bresson ne laisse pas jouer ses acteurs. D’autres réalisateurs choisissent leurs acteurs juste parce qu’ils veulent les baiser, comme Godard, Visconti ou Pasolini. »
Shortbus est le résultat d’un processus de production totalement original. La recherche des acteurs a duré deux ans. John Cameron Mitchell voulait que les rapports sexuels ne soient pas simulés, ce qui au final est le cas dans le film. Une exigence qui interdisait l’emploi de stars, et même d’acteurs professionnels. Il voulait en plus que ses acteurs soient capables d’improviser et disponibles pour de longues répétitions avant le tournage. Il devait donc trouver des comédiens amateurs dévoués corps et âme au projet. Ce fut fait par l’intermédiaire d’appels dans plusieurs magazines underground. Il y demandait que chacun lui envoie une vidéo sur laquelle il raconterait une expérience sexuelle marquante. La production reçut plus de 500 vidéos. Tandis que certains candidats s'adressaient directement à la caméra, d'autres chantaient ou dansaient, d'autres encore allaient même jusqu'à se masturber. Au final, quarante personnes furent choisies. L’équipe du film a convié les heureux gagnants à l’une des fêtes mensuelles que Mitchell organisait. Par l’intermédiaire de petits jeux, par exemple des couples désignés devaient s’embrasser, des affinités se sont formées... La grande aventure de Shortbus pouvait commencer. 



short5.jpg


Chaque comédien a apporté sa pierre à la trame scénaristique. Prenons le personnage de James, qui est un peu le porte-parole du réalisateur, il a été inspiré par le vécu de son interprète qui photographie continuellement sa propre vie et par Jonathan Caouette, le réalisateur de Tarnation que Mitchell a co-produit. Le film est donc le fruit d’un travail collectif, un travail partagé entre le réalisateur et ses comédiens.
Malgré le coté underground revendiqué de l’entreprise, Mitchell n’oublie jamais de faire du cinéma. Il prouve qu’avec un dispositif léger de tournage on peut faire des images aussi belles que novatrices comme celles de la collection de godes multicolores sur fond de ground zéro, filmées dans une belle lumière chaude. Même s’il y a peu de vues d’extérieur, on sent un amour débordant du cinéaste pour  New York aussi explicite que celui de Woody Allen dans Manhattan, autre référence implicite de Shortbus.
Ce film ne pouvait être que new-yorkais, chaque scène est située précisément par l’intermédiaire de la simulation poétique de la ville en 3D dont l’apparition aère les ébats érotiques. Par son truchement, on suit les cheminements, tant géographiques que mentaux (par le biais de la lumière), des personnages. Elle a été conçue par John Bair, un animateur qui avait déjà réalisé les images numériques sur Hedwig, le précédent film du cinéaste. Il a scanné ses propres dessins pour après les retravailler ; ce qui apporte une touche naïve, un côté peint à la main au résultat. À noter au début du film l’apparition de la Statue de la Liberté, on entend alors chanter “Is you is, or is you ain’t my baby ?” (Es-tu bien ou n’es-tu plus ma chérie ?) tout en découvrant son visage. Un exemple significatif de la manière subtile qu’a Mitchell de faire passer son message politique. La nostalgie des années 70 apparaît au détour d’une conversation lorsque Justin Bond lâche : « There was a time when I wanted to change the world, now I just want to crawle out of this room whithout loosing all dignity » (Il fut un temps où je voulais changer le monde, maintenant je veux juste ramper hors de cette pièce sans perdre toute dignité).
La lumière, ici symbole de la vie, joue aussi un rôle important dans le film car elle défaille à certains moments-clés, et finit par s’éteindre complètement lors d’une panne de courant générale dans New York. La simulation de la ville retrouvera ses loupiotes multicolores lorsqu’un personnage sera arrivé à l’orgasme ou aura résolu une de ses interrogations existentielles.



short6.jpg

 


Les scènes du Shortbus ont été tournées à Brooklyn dans un atelier collectif d’artistes gays où des soirées dans le genre de celles du Shortbus ont été organisées. Le nom du club, Shortbus, évoque le célèbre bus scolaire jaune américain. Les enfants « normaux » empruntent le Schoolbus, le long bus jaune. Les enfants qui ont besoin d’une attention particulière, les handicapés, les caractériels, les surdoués... utilisent le petit bus parce qu’ils sont moins nombreux ; d’ou le parallèle avec ce club, rassemblement de hors normes. J’ajoute que les shortbus sont surtout utilisés dans les grandes villes américaines, en particulier à Manhattan, parce qu’ils se faufilent plus facilement dans le trafic que les longs schoolbus.
À la sortie du film, une fois mon euphorie apaisée, une phrase du Journal d’André Gide affleura à ma mémoire : « Les personnages de tragédie sont toujours plus ou moins des désœuvrés. “To be or not to be” est un fruit du loisir. » Nous pouvons faire la même réflexion en l’appliquant à la quasi totalité des personnages des films qui nous sont proposés chaque semaine. Cet évitement du travail n’est-il pas symptomatique de nos crises de civilisation ?  
Un grand coup de chapeau à Fortissimo, coproducteur et distributeur international du film à qui l’on doit déjà entre autres Mysterious skinKen Park et la découverte en occident de Tsai Ming-Liang, ce n’est pas rien !
Les acteurs sont aussi presque tous musiciens, puisque ce sont eux qui ont signé la bande originale du film.
C'est un beau film hédoniste que nous offre John Cameron Mitchell, un film émouvant, attendrissant, drôle et qui réussit à travers un petit groupe à nous faire un peu plus aimer l’humanité. Shortbus c’est un merveilleux happening et un orgasme cinématographique.



short7.jpg


short9.jpg



short99.jpg

Paul%2BDawson-shortbus-14.jpg

 

Paul_Dawson_Shortbus_02.jpg

 

Paul_Dawson_Shortbus_01.jpg

 

 

shortbus-Paul-Dawson%252BPJ-DeBoy-2.jpg

 

shortbus-Paul-Dawson%252BPJ-DeBoy.jpg

 

-Shortbus.jpg

 

SHORTBUS%252C.jpg

 

Shortbus%2528John%2BCameron%2BMitchell%2

 

shortbus-Paul-Dawson%252BPJ-DeBoy-01.jpg

 


shortbus-Paul-Dawson%252BPJ-DeBoy-02.jpg

 


shortbus-Paul-Dawson%252BPJ-DeBoy-03.jpg

 

 

Shortbus-13.jpg

 

Shortbus-06.jpg

 

shortbus-3.jpg

 

 

Shortbus-2.jpg

 

 

shortbus1%25CE%25BD.jpg

 

Shortbus%2528John%2BCameron%2BMitchell-2

 

Shortbus%2528John%2BCameron%2BMitchell.J

 

 

shortbus-PaulDawson.jpg

 

 

Shortbus-1.JPG

 

Paul%2BDawson-shortbus-13.jpg

 

short_bus_8-771706.jpg

 

shortbus.jpg

 

 

Paul%2BDawson3.jpg

 

Paul%2BDawson-shortbus-10.jpg

 

 

Shortbus%2528John%2BCameron%2BMitchell-6

JayBrannan-shortbus-2.jpg

Paul%2BDawson-shortbus-5.jpg

 

Paul%2BDawson-shortbus-2.jpg

 

peter-stickles-Shortbus.jpg

 

PaulDawson-JayBrannan-shortbus.jpg

 

shortbus-PJ-DeBoy-2.jpg

 

PaulDawson%252BPJDeBoySHORTBUS%2528JohnC

 

shortbus3guys.jpg

 

74-justin-bond-party-Shortbus-2.jpg

 

JayBrannan-shortbus.jpg

 

 

Paul%2BDawson-shortbus.jpg

Shortbus 1
 
Shortbus, 2
 
 
Shortbus, 3
 
Shortbus, 4
 
Shortbus 5
 
 
Shortbus, 6

"Shortbus" Extended Uncensored Trailer

 
Publicité
Publicité
Dans les diagonales du temps
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité