Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans les diagonales du temps
5 mars 2020

Photo Jesse Laitinen

Ph. Jesse Laitinen

 

Publicité
Publicité
5 mars 2020

Un homme d'honneur, film de Laurent Heynemann

Le brillant film de Laurent Heynemann qui nous expose ce qui amena le 1er mai 1993 l'ancien Premier ministre Pierre Bérégovoy à se suicider, faire taire une fois pour toute les tristes perroquets médiatiques qui répètent inlassablement depuis des années cette insanité que la télévision et le cinéma français, contrairement à leurs homologues britanniques et américains, n’osent pas se pencher sur l’histoire récente de leur pays.
Ceci dit avec “Un homme d’honneur” on est passé près de saint Bérè où la canonisation d’un éléphant socialiste. Dan Franck, le scénariste a du tout de même penser en cours d’écriture que cela serait tout de même difficile de faire avaler au spectateur non encarté de rose qu’un tel saint homme ait pu prospérer dans les écuries d’Augias du Mitterrandisme. Ce qui l’a fait nuancer ses propos sur un socle hagiographique qui a tout de même du mal à se faire oublier. Vous me direz avec raison que le mitterrandisme est mort mais que les écuries sont encore debout et pleine de fange comme elles ne l’ont peut être jamais été et... toujours pas d’Hercule à l’horizon pour un salubre nettoyage. D’autre part qu’ en comparaison de ses confrères les tristes pachydermes roses et de la calamiteuse équipe actuelle qui a pris leurs places dans les confortables stalles de la république, Pierre Bérégovoy était un modèle de probité et de compétence. Sur ce dernier point j’aurais aimé que le film nous éclaire sur ce qui me parait être la véritable énigme du personnage, comment passe-t-on de fraiseur à ministre et surtout à ministre compétent ce que fut indiscutablement Bérégovoy.

Capture_d__cran_2020_03_05___19

Le grand mérite du film est de montrer la montée d’un orgueil incommensurable chez cet homme. C’est cet orgueil qui l’a tué. Persuadé que l’affaire de son prêt sans intérêt contracté auprès de Patrice Pelat était la seule raison de la cuisante défaite aux élections législatives d’avril 1993 alors qu’il avait pris la suite du gouvernement Cresson qui avait battu tous les records d’impopularité en raison surtout de la dite Cresson colossale erreur de casting de Mitterrand. Il est a parier que si des élections s’était déroulées avant son arrivée la déroute des socialistes aurait été encore plus importante. L’honneur d’un homme met aussi en lumière l’extraordinaire dureté de ces hautes sphères du pouvoir. Et surtout la naïveté enfantine dont ses aigles des cimes font parfois preuve. On voit Bérégovoy anticipé sur la mort, qu’il estime à tort du président mettre au point, avec l’aide d’une conseillère en communication, sa déclaration de candidature à la succession de Mitterrand. Ce dernier, l’ayant appris, fait preuve à partir de cet instant, d’une solide rancune envers son premier ministre; il est difficile de tenir rigueur à Mitterrand de cette réaction et bien Bérégovoy en est tout surpris. Comme l’est Samir Traboulsi ( Marc Samuel, parfait) figure emblématique de ces affairistes qui servent d’intermédiaires à la république en des dossiers pas toujours rutilants, lorsque Bérégovoy, hier son ami ne veut plus le recevoir. A noter que Bérégovoy sera amère de l’abandon de ses anciens amis alors qu’il aura fait de même avec Traboulsi et avec Boublil son chef de cabinet qu’il n’a pas hésité à sacrifier. 

Capture_d__cran_2020_03_05___19

Il faut louer Laurent Heynemann et Dan Franck d’avoir réussi en seulement un peu plus d’une heure trente à rendre la complexité d’un homme et celle des arcanes du pouvoir. Ils ont utilisé un procédé à la fois habile et classique, que d’ailleurs ils n’arrivent pas toujours à tenir, d’un témoins d’une vie en l’ occurrence l’épouse de Pierre Bérégovoy, se remémorant les épisode marquant de cette existence. Le lieu de ce travail de mémoire est la voiture qui mène Gilberte Bérégovoy (Dominique Blanc) accompagné de son seul chauffeur, de Nevers à l’hopital du val de grâce. Le film est ainsi presque en temps réel, la durée du trajet entre ces deux points. 
Il faut aussi rendre hommage aux auteurs qui ne sont pas tombé dans les élucubrations de la théorie du complot qui voudrait accréditer la solution du crime pour cette mort qui n’a en réalité que pour seul mystère celui de l’homme. 
Daniel Russo est remarquable comme presque toujours que l’on se souvienne de “Mémoires d’un jeune con, Le garçon d’orage ou bien encore de “Rue Lauriston et de bien d’autres... Il s’explique sur sa composition du personnage de Pierre Bérégovoy: <<>>. 
Le reste de la distribution est à la hauteur. Je regrette cependant, je suis toujours attaché au psychomorphysme, que l’on ait choisi pour le rôle de Patrice Pelat un comédien, Simon Eine, excellent au demeurant, qui ne ressemble en rien au vrai Pelat. Je peux en témoigner l’ayant croisé. Et plus gênant Simon Eine ressemble étonnamment à de Grossouvre autre suicide, lui très intriguant de l’ère Mitterrand. Le 7 avril 1994, peu avant 20 h, son garde du corps, un gendarme du GIGN, retrouve François de Grossouvre mort, d'une balle dans la tête, dans son bureau du palais de l'Élysée, situé au premier étage de l'aile Ouest... 
Encore une fois le format d’une heure trente est un peu court pour brosser une époque et laisse quelque points d’interrogations pour le spectateur. Par exemple qui est ce Michel ( Laurent Spielvogel ) qui apparaît plusieurs fois est ce le nouveau chef de cabinet du ministre, Michel Jobert, ou une sorte de personnage générique censé représenter plusieurs amis de Bérégovoy? 
Le réalisateur Laurent Heynemann, est un habitué des films sur l’histoire moderne et contemporaine. Depuis “la Question”, son long-métrage sur la torture en Algérie, sorti en 1977, jusqu'à son télé film, vu récemment sur Arte “René Bousquet ou le grand arrangement” sur lequel je reviendrais. Heynemann songerait il a se spécialiser dans les amis de Mitterrand, il y a en effet du travail de ce coté là. 
L’honneur d’un homme est surtout un film qui fait honneur à la télévision française. 
Commentaire à la première édition du billet 
 

s si honorable que ça

Je suis d’accord avec vous quand vous dite que Pierre Bérégovoy n’avait pas sa place au côté de Mitterrand, tout bien réfléchi l’homme d’honneur, issu du peuple n’était pas si honorable que ça, il a tout de même envoyé l’armée pour faire dégager les routiers en grêve, pratique plus approprier à la droite.

Posté par A.M, 20 mai 2009 à 14:27

Routiers

  

Sauf que les routiers et leurs représentants votent plutôt "à droite"... Ce n'est pas en tout cas l'électorat "naturel" de la gauche.
Concernant l'affaire, film bien réalisé mais la politique sous-entend une capacité psychologique (ex : Tapie, Balkany, Fabius et bien d'autres) que Pierre Bérégovoy n'avait pas.
Cela étant, on ne peut pas réduire un homme à une seule identité ; il lui a manqué un soutien du style "vous avez été un des rares socialistes à garder une circonscription (Nevers) en mars 1993" (comme Fabius par exemple malgré un autre scandale de l'époque)...

 

5 mars 2020

Nus de Dominic dans l'appartement

Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Nus de Dominic dans l'appartement
Paris, février 1990

Paris, février 1990

 

5 mars 2020

Will McBride

Will McBride
5 mars 2020

La dernière conquête, une aventure d'Alix de Ranouil et Jailloux

La dernière conquête, une aventure d'Alix

Voyons d'abord le scénario de "La dernière conquête: Alix et Enak sont aux abords d’Ariminium (actuelle Rimini), sur la côte Est italienne, où un inconnu leur a donné un mystérieux rendez-vous à l’aube. Après qu’ils aient montré patte blanche, un légionnaire conduit Alix dans une grotte, où le gaulois retrouve… Jules César ! Celui qui n’est pas encore l’empereur de Rome, mais déjà le glorieux conquérant de la Gaule, confie une mission secrète à Alix, qu’il considère comme son protégé. César ambitionne en effet de conquérir l’Orient et dans cet objectif, il veut avoir le soutien des dieux. Il demande donc à Alix de lui rapporter la bague d’Alexandre le Grand, jadis Empereur d’un gigantesque territoire allant de la Méditerranée jusqu’à l’Indus. Sur son lit de mort, Alexandre avait en effet dédié cet anneau, sur lequel se trouvait son sceau, au potentiel chef qui voudrait s’en montrer digne. Or 300 ans plus tard, nul ne sait ce qu’est devenue la dépouille d’Alexandre. Car le jour de sa mort, ses compagnons d’armes se disputaient et délitaient aussitôt son empire. Pour cette quête César possède un atout : un prisonnier appelé Asham, qui a été trouvé en possession de pièces d’or issues du trésor d’Alexandre. De fait, Asham doit forcément savoir où se trouve la tombe d’Alexandre, quelque part en Bactriane (au nord de l’actuel Iran). Malgré l’évidente mauvaise volonté du jeune homme, Alix décide de lui faire confiance. Il est aussi très intrigué par son attitude : Asham semble avoir plus d’importance qu’il ne veut bien le montrer. Leur première étape passe par la riche Byblos, ancienne ville phénicienne, puis ils se rendent vers la Perse. Ils découvrent peu à peu qui est Asham...

 

 

Avec "La dernière conquête" Alix pour la première fois était confié aux bons soins de Marc Jailloux qui se présenta sans vergogne lors de la parution de cet opus, non comme le énième héritier de Jacques Martin, mais comme le seul. Les fanfaronnades du monsieur m'avaient tant agacé que je n'avais pas acheté l'album dès sa sortie; ce que je fais habituellement pour tous les Alix. Certes Jailloux n'était pas un inconnu dans l'univers martinien, celui-ci a en effet déjà réalisé un Orion (le tome 4 de la série) et il faut reconnaître que son travail graphique sur le personnage d'Alix est très respectueux des codes du maître Martin, Marc Jailloux même s'il doit encore s'améliorer notamment au niveau des têtes des personnages que je trouve trop allongées néanmoins les visages des deux héros principaux sont très semblable avec ceux dessiné par Martin dans la période des "Légions perdues".

A chaque reprise des aventures d'Alix, je me demande toujours pourquoi de ses deux assistants principaux au moment où, en raison des trouble de la vue à la fin des années 90, il fut contraint d'abandonner le dessin, il a choisi, le moins attiré par le monde antique pour reprendre Alix: Rafael Morales. Epaulé par un autre assistant, cette équipe réalise, de O Alexandrie à Roma Roma des album qui, quant au dessin sont les plus médiocres de la série, le style graphique se dégradant à mesure que le temps passe. C'est d'autant plus dommage que le scénario de Roma Roma est l'un des meilleurs de la série. Lorsqu’on lit L'Odyssée d'Alix 2 dont les dessins sont assumés par Christophe Simon, et notamment une courte bande onirique, on se demande pourquoi l’éditeur n’a pas pu (ou su) convaincre Maître Martin de confier Alix à ce dessinateur. Ce qui est amusant, après avoir fait une très intéressante série antique sur Sparte, est que Christophe Simon reprend Corentin de Cuvelier qui était un des meilleurs amis de Jacques Martin...
Je suis donc toujours un peu dans le regret du dessin de Christophe Simon et bien sûr dans celui de Jacques Martin. Dans "La dernière conquête celui de Marc Jailloux n'est pas indigne mais pas aussi bon qu'il le proclame, depuis avec les deux albums qui ont suivi celui-ci, il faut reconnaitre qu'il a fait de notables progrès.
Le principal défaut de cet album réside dans la pauvreté des décors qui ne sont pas assez travaillés par rapport à ce que proposait Jacques Martin, surtout si, encore une fois, on se réfère à la période des "Légions perdues, période qui est considérée comme l’âge d’or de la série. Marc Jailloux semble s'intéresser moins que Jacques Martin aux reconstitutions archéologiques des lieux traversés. Par exemple les personnages passent par Byblos, puis Suze, mais ces lieux sont évoqués de manière très rapide. Les images et les commentaires se concentrent sur l'action et sur les personnages, plutôt que sur les décors. On rêve aux panoramiques que n'aurait pas manqués de dessiner le Maitre.

Parfois la fidélité frôle le pastiche comme par exemple, dans la séquence du cauchemar p16, on pense immédiatement à la scène qui se trouve page 10 dans "Le dernier spartiate" où Alix est confronté dans son rêve à une déesse au visage de félin. 

 

 

Néanmoins, pour une première, c’est plutôt convaincant. Le récit démarre par ailleurs très bien, et ceci dès la première image, avec un beau paysage et une ambiance poétique. Marc Jailloux semble aimer dessiner ce genre de paysage. Jailloux ponctue son album de nombreux hommages aux cases jadis dessinées par Jacques Martin piochées dans de précédents albums; cet imaginaire fera écho chez nombre de « vieux » lecteurs. En revanche la scénariste Géraldine Ranouil a eu plus de mal à s’affranchir des rigueurs narratives imposées. La problématique et l’intrigue globale ne manquent pourtant pas d’intérêt : à la demande de Jules César, Alix se met en quête du trésor d’Alexandre le Grand. Curieusement en 31 albums, il n’avait jamais été proposé pareille quête à Alix! Chronologiquement parlant, l’épisode est proche d’Alix l'intrépide, le premier album de la saga. Il est même possible de le dater précisément, puisqu’on voit ici César franchir le Rubicon, un épisode si célèbre, qu'il est devenu une expression passé dans le langage courant. Ce franchissement marque le début de la guerre entre César et Pompée. Nous sommes donc le 11 janvier en 49 avant JC.

 
Malgré les réticences que j'avais en lisant les déclarations de Marc Jailloux cet album m'a convaincu que l'on pouvait espérer que la série était cette fois entre de bonnes mains, si des progrès étaient effectués. Les albums suivants ont montré qu'il en fut ainsi. Reste à régler le problème de la pagination qui est toujours insuffisante pour développer une intrigue d'une manière satisfaisante.
 
La dernière conquête, une aventure d'Alix

J'ai récupéré cette intéressante interview de Marc Jailloux sur la toile. Elle devrait éclairer mes propos...

 

20140620-jailloux-marc-c-sophe-hervier

Marc Jailloux. Photo Sophie Hervier

 

Reprendre un héros qui a marqué l’histoire de la BD n’est pas chose facile, pas plus que redonner vie à une époque lointaine quand le père du personnage d’origine l’a tellement marqué que sa vision est devenue canonique. Marc Jailloux en est à son troisième Alix. Avec Mathieu Breda au scénario, il a redonné souffle et vigueur à une série qui menaçait ruine. Il a dû actualiser la vision de l’antiquité à l’aune des recherches récentes tout en gardant la ligne sans tenir compte des nouvelles séries sur le monde romain. Ancien assistant de Gilles Chaillet, Marc Jailloux est entré dans l’univers Martin par la reprise d’Orion.

Ce nouvel Alix est plus dense, psychologiquement que les autres, on ferme l’album avec plus de questions que de réponses.

Tant mieux, c’est un peu ce que je recherche. C’est vraiment le but d’une œuvre d’art, en ressortir avec plus de questions que de réponses. C’était notre objectif d’amener le lecteur à se poser des questions par rapport à Alix comme nous-même nous nous en posons. En l’occurrence, au travers de la quête identitaire d’Héraklion, on sent qu’il s’agit aussi de celle d’Alix, c’est quelque chose qui le touche de près, qui l’affecte particulièrement. On peut se demander si retrouver Astianax en Afrique n’est pas justifié par le fait que ce soit lui qui ait découvert la cité des derniers spartiates. C’est cette découverte qui entraine la fin de la rébellion grecque et l’orphelinat d’Heraklion. Alix a envie d’aider cet enfant mais il peut aussi culpabiliser et essayer de réparer. Je trouve ça justement très intéressant en bande dessinée de raconter ce qui passe entre les cases et entre les aventures, entre ce qui est raconté. Alix a vécu beaucoup de choses, plein d’aventures mais ce n’est pas pour cela qu’il ne se questionne pas.

 

alix-styx

 

 

Est ce que cela va à l’encontre de l’image qu’on a d’Alix. Malgré tout ce qu’il lui est déjà arrivé, il ne se pose pas trop de questions, il n’a pas de failles ?

Il y avait quand même dans les derniers Alix de Jacques Martin, des questionnements similaires. Dans Vercingétorix, il y a l’histoire de l’enfant abandonné, le père doit quand même retrouver son trésor et combattre César au même moment. Dans Le Cheval de Troie, Martin installe cette espèce d’ambiance familiale un peu dramatique. On sent qu’Horatius, le père adoptif d’Héraklion ne va pas bien, il est victime d’un jeu de dupe qui le conduit à s’immoler avec sa famille. On sent que la dimension est forte dans les Alix. Dans Par-delà le Styx elle est plus traitée, plus présente, plus dans l’air du temps. Après j’ai toujours dit que je ne voulais pas figer Alix dans le passé. Martin, si il était encore en activité, aurait fait évoluer le dessin et l’histoire, comme il l’a toujours fait. L’air du temps est beaucoup à la noirceur des héros. On ne peut pas mettre en scène des personnages qui ne ses posent pas de questions, on n’accepte plus l’histoire comme ça. Les médias, la science, tout ça évolue et on ne prend plus les récits pour argent comptant.

Les fans d’Alix vont quand même s’y retrouver, il y a tous les fondamentaux : une quête, une guerre, de l’action, des Romains, des ennemis de Rome…

(Rire) Oui, oui. Bon, Alix n’est pas dans un lit ou sur un canapé dans une thérapie avec un psy. C’est aussi, pour moi, une envie personnelle, ne pas se contenter d’une simple aventure. J’ai toujours envie de dessiner le Alix que j’aimerais lire. Il y a toujours un voyage. On part de Rome, et j’ai enfin pu dessiner Rome avec le temple de Vénus Genitrix en construction (voir Images changeantes de la Ville éternelle). On part de là pour aller vers l’Afrique, c’est un grand voyage et on a toujours un background historique majeur avec la guerre entre César et Pompée, surtout la bataille de Thapsus. C’est le dernier affrontement entre les forces de Pompée et César qui entraine le suicide de Caton. Dans la bataille, on trouve Metellus Scipion, Juba Ier. J’ai mis aussi un mercenaire, celui qui a un casque à tête de serpent, Citius, qui a vraiment existé. On passe de l’histoire personnelle d’Alix, d’Heraklion à la grande Histoire.

Ce sont des sujets et des personnages rarement abordés dans les autres albums sur l’Antiquité. Comment travaillez-vous quand arrive ce genre de sujet et qu’on a les contraintes liées à Alix ?

En fait, je ne les vois pas comme des contraintes. Les copains dessinateurs me demandent souvent «oh là là comment tu fais, moi je ne sais pas comment je m’en sortirais…». Pour moi, ce n’est pas du tout ça. Au contraire, c’est une richesse. J’ai toujours aimé Hergé, Jacobs, Martin, des auteurs qui bossaient avec de la documentation. C’est plutôt une alliée et une partie du boulot qui me plait beaucoup. Après il faut finir les albums donc il faut savoir arrêter les recherches pour avancer. C’est ce que j’aime. Imaginer des évènements peu ou pas représentés, reconstituer des villes, des ambiances. Pour La Dernière conquête, je me suis documenté sur les tribus d’Afghanistan. PourBritannia, idem, on a peu de documents. Depuis le temps, je vais plus vite, je baigne un peu dans ce monde. J’aime bien aussi jouer avec ce que tout le monde connait : des films, des bouquins d’archéologie, des photos de reconstitution. Le temps passe et je deviens moi-même source de documentation. C’est-à-dire que je me souviens très bien de mon premier Orion qui se passait au Necromanteion. Il n’y avait pas grand chose dessus à l’époque. J’ai vu depuis que des albums étaient sortis et que les dessinateurs avaient vu mon travail. Pour ma part, j’essaie vraiment de montrer des trucs que je n’ai jamais vus. C’est exaltant, ça surprend toujours le lecteur et la réalité, même antique, est plus forte que la fiction.

 

alix britannia

 

 

C’est un travail de tous les jours.

Exactement, tout peut nourrir les albums. Des expositions de peinture, des documentaires, des films… Après je fais un tri pour m’en emparer. Par exemple, pour la Grèce, ça a été très long. J’avais beaucoup de mal à me l’imaginer. Rome était au-dessus dans mon imaginaire, la Grèce de Périclès pour Orion m’était vraiment étrangère jusqu’au jour où la lecture du livre de Robert Flacelière La vie quotidienne en Grèce au siècle de Périclès m’a transporté au Ve siècle av. JC. Je me suis baladé dans l’Athènes de l’époque, c’était bon. Après il faut s’intéresser aux pays actuels, car certaines coutumes ou des pratiques n’ont pas vraiment changé. Par exemple, un puits. Il suffit d’aller voir comment sont faits les puits en Afrique du nord pour savoir comment ils sont construits, comment sont les poulies… Pour les dessiner, il faut saisir la logique des monuments ou des choses, surtout quand elles sont anciennes ou qu’elles ont disparu.

 

51Jrn4xFg2L._SX373_BO1,204,203,200_

 

 

Comment ces recherches servent-elles la narration ? C’est plus simple, plus fluide ?

Non, je ne pense pas. Ce n’est pas ce qui assoit le propos, c’est juste le background. C’est un écran sur lequel je projette les personnages. Avant ça c’est le récit, il prime sur tout.

Est ce qu’il y a une différence entre votre Antiquité et celle de Jacques Martin ?

Il y en a forcément une, comme il y en a une entre l’Antiquité du Martin des débuts et celle de la fin. En fait, la documentation est de plus en plus impressionnante. Par exemple, dans Par-delà le Styx, à un moment donné, on montre une charge de la garde noire, de dos, dans la citadelle et en face on voit les légionnaires romains se battre contre des hoplites grecs. Ce qui m’amuse c’est que j’ai gardé les costumes grecs du Dernier Spartiate mais je n’ai pu dessiner les soldats romains comme Martin l’aurait fait à l’époque. Je les ai faits comme les décrivent les historiens actuels. Martin, lui même, rectifie son dessin quand il dessine Vercingétorix, car une trentaine d’années sépare les deux albums et la documentation a évolué. Il n’y a plus qu’Astérix qui continue à être dessiné avec des Romains verts avec la cuirasse de lames métalliques. Mais on ne l’attend pas sur ce détails. Après j’ai le choix, il faut être équilibré car on ne peut pas dérouter le lecteur. Quelquefois, un soucis extrême d’exactitude peut perdre le lecteur, le désorienter ou rendre la lecture plus tendue. Par exemple dans Britannia, on sait que les costumes des Gaulois et des Romains se ressemblaient beaucoup. J’ai dû codifier : mettre les Romains tous bien en rouge et les Gaulois, très différents.

 

7895da10-5fdd-0130-6257-005056945a4e

 

 

Quelles différences voyez-vous entre votre Antiquité et celle de Murena par exemple ?

(Rires) Déjà, on ne dessine pas la même époque… C’est aussi une époque très documentée. On connait bien les costumes par exemple mais aussi l’architecture. Quand Martin commence, il dessine des soldats romains comme ceux qui sont sur la colonne trajane. C’est très tardif par rapport à l’époque d’Alix. On sait maintenant que les costumes, les plastrons, les casques étaient plus simples, moins impressionnants que pour les débuts de la période impériale. Après je prends quelques petites libertés en dessinant des casques différents pour marquer un grade, un statut et créer un peu de variété. Cette sophistication différente rend l’époque différente. L’autre différence, c’est que Murena fait clairement référence au cinéma récent. On pense à Gladiator par exemple.

Pendant très longtemps Alix a été la seule BD sur l’Antiquité, à côté des grand péplums de l’Histoire du cinéma. On a un peu l’impression que ce cinéma à grand spectacle a influencé Jacques Martin.

Ce qui a fait le succès d’Alix à l’époque, et Alix commence en 1948, est le fait qu’Alix est la première BD historique à faire un gros effort de documentation. C’est-à-dire qu’il y avait un vrai désir d’aller au-delà de l’histoire. Contrairement aux autres dessinateurs, Martin essayait de ne pas être schématique. Il ne mettait pas un Romain vaguement cuirassé avec un Gaulois coiffé de son casque à ailes ou à cornes avec un vague temple derrière. Martin a amené beaucoup de rigueur, bien sûr par rapport à la documentation de l’époque. Après, Martin était plus intéressé et influencé qu’on ne croit et qu’il l’a dit lui-même. Par exemple la course de char du Tombeau étrusque c’est celle de Ben Hur, puis celle de Murena. Tous ces créateurs finalement montrent une époque de telle manière qu’elle corresponde à ce que les gens, les lecteurs ou les spectateurs en attendent. Chaque nouvelle série semble plus réaliste que les précédentes. Gladiator ne l’est pas plus qu’Alix, qui ne l’est pas plus que Ben Hur. A partir de la documentation, on produit des esthétiques différentes. Pour Alix, je suis entre les deux. Donner à voir ce qui a dû être, le plus fidèlement possible, et s’insérer dans une série qui a des codes et un esprit romanesque fort. Il faut que le lecteur s’enrichisse, qu’il apprenne quelque chose sans qu’il s’en rende compte. C’est pour cela que j’ai dessiné trois lieux très différents, des événements différents. Dans le dernier Alix, nous avons mis un village de nomades, des mercenaires, des éléphants avec des cornacs. On avait eu ça dans un Voyage d’Alix mais ici, c’est une aventure.

L’apport pédagogique se fait aussi par le scénario.

Oui, par exemple notre bataille de Thapsus est très différente de celle dessinée dans Astérix légionnaire… (Rires)

 

Publicité
Publicité
5 mars 2020

Tiégo au Palais de Tokyo

Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Tiégo au Palais de Tokyo
Paris, février 1990

Paris, février 1990

5 mars 2020

Paula Modersohn- Becker au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Paula Modersohn- Becker au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris

Je confesse que la peinture de Paula Modersohn- Becker n'est pas mon genre, ni par les thèmes de grandes parturientes, des petites filles au profil ingrat et aux yeux liquides, ni dans sa manière trop de Nabis, trop de Rouault mais ce n'est pas néanmoins tous les jours qu'il m'est donné la chance de découvrir une peinture d'une telle force d'un artiste dont je n'avais jamais entendu parler (ou sans doute incidemment à propos de Rilke). Certaines toiles représentant des enfants sont aussi fortes que celle de Soutine et aussi désespérées que celles de Rustin sur le même sujet. Il aura fallu un essai sur l'artiste par Marie Darrieussecq, écrivain qui ne fait partie de mes lectures habituelles, pour que cette production de première qualité traverse le Rhin. Malgré sa courte carrière artistique, une dizaine d'années, elle est morte à 31 ans, elle a peint une quantité impressionnante de toiles c'est une centaine de celles-ci que l'on peut voir à Paris. Paula Modersohn- Becker a peint principalement la figure humaine, presque que des femmes et des enfants et quelques natures-mortes bien charpentée où pointe Cézanne, ce qui n'est pas rien.

Comme j'ai l'habitude d'illustrer mes visites d'exposition avec mes propres photos, cette fois elles seront bien rares car les photos sont interdites dans ce musée. Habituellement je parvient à déjouer le gardiennage, mais avec les attentats (j'espère que vous aurez remarqué comme moi que de nos jours tous les déséquilibrés s'appellent Mohamed...) la surveillance a été renforcée dons il est quasiment impossible de faire des photo, mais heureusement il est assez facile de trouver des reproductions de l'artiste sur la toile.

L'accrochage est correct, la juxtaposition des tableaux est souvent judicieuse. Des vitrine propose de nombreux document et photographies, certaines prises à Paris qui était la ville de prédilection de l'artiste. 

 

Paula Modersohn- Becker au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
Paula Modersohn- Becker au Musée d'Art Moderne de la Ville de Paris
5 mars 2020

Chord Overstreet est le Sam de Glee

Capture-d-ecran-2011-06-14-a-14.35.50.jpg

  

Lorsque je suis d'humeur sombre et que j'aspire à passer une bonne nuit, avant le couché, en guise de tisane, je me passe un épisode de Glee. Cela ne fait pas trop travailler les méninges et c'est une bonne révision de la variété anglo-saxonne des années 50 à aujourd'hui avec une forte prédominance de la musique américaine pop des années 80, 90 ce qui n'exclut pas des embardées vers la comédie musicale et le blues entre autres. C'est plaisant. Cette histoire de lyceens qui concourent pour être la meilleure chorale des Etats-Unis ne fait pas mal à la tête et ces jeunes pousses ont bien du talent. Malheureusement leur plumage n'est pas à la hauteur de leur ramage et l'amateur de belles jeunes bestioles mâles que je suis, ne savait pas trop où poser son regard jusqu'à l'apparition, au tout début de la saison 2, (j'attend avec impatience la saison 3 qui devrait être la dernière) de l'ébourriffant Sam joué par Chord Overstreet (il est doublé en français par Antoine Schoumsky mais il me parait impossible de regarder Glee autrement qu'en V.O.).

Sam apparaît dans le premièr épisode de  la saison 2. En tant que nouveau, il veut au plus vite se rendre populaire et entre dans l'équipe de football dont le quarterback est Finn. Un jour, pendant les douches, Finn entend Sam chanter et lui propose d'intégrer le Glee Club afin de travailler son talent. A ce moment de la série j'ai espéré que Sam fut gay (mais un autre gay en plus de cette follasse de Kurt cela aurait fait beaucoup! Sam accepte avec envie, mais il hésite par la suite lorsqu'il apprend qu'être au Glee Club est mal vu par les autres élèves. C'est Quinn Fabray, dont il tombe amoureux, et Finn Hudson qui parviennent à le convaincre d'intégrer New Directions. Plus tard, on apprendra qu'il a un petit frère et une petite soeur et que, à cause de la crise économique et du renvoi de son père, tous vivent dans une chambre de motel.

Sam Evans est dyslexique. Tout au long de la série, son côté peu malin et un peu dans les nuages est mis en avant par lui-même et par ses amis. Il se révèle être un vrai compétiteur (il aimerait devenir quarterback à la place de Finn) et une personne digne de confiance : Quinn accepte de sortir avec lui par la suite. C'est aussi l'un des plus beau garçons du lycée McKinley.

Ce sera dans le tout dernier episode "New York" qu'on le verra avec Mercedes ce tenant la main au café après avoir vu Blaine et Kurt.

  

63944020-sam-evans.jpg

 

  

Sam-from-Glee.jpg

  

sam_glee-e1288213685524.jpg

  

Sam-Evans-glee-16609030-1662-2400.jpg

5 mars 2020

Hommage à René Haussman

Rene-Hausman-c-Eric-Laurin

 

Le dessinateur belge René Hausman s’est éteint le 28 avril à l’âge de 81 ans.

René Hausman, né à Verviers en Belgique en 1936, démarre dans le journal Spirou en 1958. Poussé par Raymond Macherot (auteur de Sybilline et Chlorophylle), il publie des illustrations animalières (Le Bestiaire), puis une bande dessinée intitulée Saki et Zunie. Mais ce sont bien ses dessins d’animaux qui assoient sa notoriété.

Puis viennent les collaborations fructueuses avecPierre Dubois (Laïyna, Capitaine Trèfle), Yann (Les Trois cheveux blancs, Le Prince des écureuls) ouMichel Rodrigue (Le Chat qui courait sur les toits). Et son coup de pinceau chaleureux, détaillé, empathique illustreront nombre de textes classiques, comme lesFables de La Fontaine, les Contes de Perrault ou Le Roman de Renart, et des bandes dessinées en solo chez Aire Libre (Les Chasseurs de l’Aube, Le Camp-volant). Il préparait depuis quelques mois un nouvel album chez le même éditeur, sur un scénario de son épouse Nathalie Troquette et de Robert Reuchamps.

 

 

hausman_couv

 

 

René Hausman avait publié récemment, au Lombard, un hommage au personnage de Macherot : Chrlorophylle et le monstre des trois sources, sur un scénario de Jean-Luc Cornette. Ses nombreux livres illustrés et bandes dessinées laissent un héritage visuel au graphisme traditionnel léché et à l’univers, entre nature et féérie, tout à fait singulier, immédiatement reconnaissable.

 

 

hausman_chlorophylle

 

Pour moi René Hausman restera surtout l'auteur de Saki et Zunie que j'aimais tant retrouver enfant dans mon Spirou que je lis encore chaque semaine près de 60 ans plus tard.

 

 

René Haussman est mort
René Haussman est mort
René Haussman est mort
René Haussman est mort
René Haussman est mort
René Haussman est mort
René Haussman est mort
René Haussman est mort
René Haussman est mort
5 mars 2020

W. Eugene Smith

W. Eugene Smith, The Walk to Paradise Garden, 1946

W. Eugene Smith, The Walk to Paradise Garden, 1946

 

W. Eugene Smith, Spanish Village, 1950

W. Eugene Smith, Spanish Village, 1950

 

W. Eugene Smith, Pittsburgh, 1955 1958

W. Eugene Smith, Pittsburgh, 1955 1958

 

W. Eugene Smith, As from my Window, 1957 58

W. Eugene Smith, As from my Window, 1957 58

Publicité
Publicité
Dans les diagonales du temps
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité