Il suffit de tourner la tête, du coté de la Crète, cette fois, pour qu'un grand artiste disparaisse, ci-dessous mon petit hommage à ce grand monsieur.
Avec des photos de ses oeuvres prises tout d'abord lors de ma visite à sa grande exposition au Centre Pompidou en 2011 puis au fil de divers expositions et salons que j'ai visités.
C'est l'artiste français le plus conceptuel, un précurseur dans le domaine, qui nous est montré au Centre Pompidou. Il ne s'agit pas d'une rétrospective; il en a déjà eu une en ces lieux, il y a quelques années, ainsi qu'en 2000 une grande exposition au Jeu de paume. François Morellet vient de l'abstraction géométrique; il est à ce sujet fort intéressant de faire suivre, ou l'inverse, la visite de cette exposition par celle consacrée à Mondrian qui se déroule concomitamment. Le centre Pompidou s'intéresse seulement à ses installations, un mode d'expression qu'il pratique depuis une cinquantaine d'années. La plus ancienne date de 1963. Avec Soulage, Morellet apparait comme le vétérant français de l'art contemporain. Il est toujours sur la brèche et a conçu une oeuvre spécialement pour cette exposition. Les autres installations présentées, comme l'indique le titre, on déjà été montré ailleurs ou sont même encore sur site pour certaines. Réinstallation permet de découvrir des oeuvres presque toujours éphémères.
Les installations de Morellet sont tour à tour, ou à la fois minimalistes, poétiques, conceptuelles, ludiques, savantes et bien des choses encore. Il s'est d'abord fait remarquer, dans la pratique de l'installation, par l'utilisation de néons, et ceci dès 1963. On peut dire qu'alors on pouvait aussi le ranger dans la catégorie des propagandistes de l'art pauvre car il utilisait pour ses oeuvres des néons que l'on pouvait acheter chez le quincailler du coin, et pour d'autres oeuvres du ruban adhésif noir qu'il appliquait sur des murs, statues, escaliers... sans tenir compte des reliefs en dessinant ainsi des grilles. Par cette démarche on peut le comparer à Buren, mais avec beaucoup moins de systèmatisme et beaucoup plus d'humour. Les néons de ses dernières créations sont tout autre et ont été réalisés spécialement pour lui.
Parfois c'est une simple branche d'arbre qui est à l'origine d'une idée car ce grand interventionniste en architecture est aussi un amoureux de la nature.
Même si c'est un peu moins évident pour cette manifestation, le travail de François Morellet est aussi un maitre de la contrainte, le plus souvent une contrainte mathématique et/ou géométrique. Mais comme l'artiste ne peut pas rester sérieux très longtemps, il insuffle dans ces contraintes une dose de hasard. François Morellet est l'oulipien des arts plastiques!
Je conseillerais aux visiteurs de faire deux fois de suite le parcours de l'exposition. Une première fois, en lisant soigneusement le cartouche qui accompagne chacune des installations pour comprendre la contrainte qui a présidé à son élaboration et une seconde fois en regardant chacune des pièces sous l'angle de leur esthétique, car Morellet démontre que le conceptuel peut être beau. Et puis même une troisième fois en s'y amusant, car certaines de ces pièces permettent , au moyen d'interrupteurs que chaque visiteur peut actionner, de changer leur configuration. L'exposition Morellet me parait une excellente occasion pour initier un enfant à l'art contemporain dans ce qu'il a de meilleur.
A son talent François Morellet ajoute la gentillesse, la générosité et la spontanéité. Voilà un artiste de renommée internationale, âgé de quatre vingt cinq ans qui a consacré 90 minutes de son temps de 17 heure 30 à 19 heure, lundi dernier, dans la librairie du centre, j'y étais, à dédicacer les catalogues de ses expositions! Espérons, je n'y crois pas trop, que son exemple va se propager.