Rêves de gloire de Roland C. Wagner
Le monde dans lequel nous entraine Roland C. Wagner n'est pas celui dans lequel nous vivons. Plutôt que de qualifier l'univers de "Rêves de gloire" d'uchronique je le qualifierais plutôt parallèle au notre. En effet pour qu'il y ait uchronie, il faut qu'il y ait un point de bifurcation bien distinct avec notre réalité, cela crée par un évènement précis. De cette modification découle ensuite toutes les différences dans le récit par rapport avec l'Histoire que nous connaissons. Il n'en va pas ainsi dans le roman de Wagner. Même si on peut considérer comme point de divergence avec notre présent ce qui se déroule le 17 octobre 1960 dans le monde de Wagner. Le chauffeur du général de Gaulle choisit de passer par la Croix de Berny plutôt que par le Petit Clamart comme cela était prévu. La voiture du chef d'état est mitraillée. Le général décède quelques instant plus tard n'ayant le temps que de dire: << On aurait dû passer par le Petit-Clamart. Quelle chienlit...>>. On voit immédiatement que Roland C. Wagner n'est pas dénué d'humour... Si l'on comprend bien que la mort du général de Gaulle en 1960 à une incidence directe sur ce qui va se passer ensuite en Algérie où l'histoire du livre se déroule, il est beaucoup moins évident que cette mort fasse que par exemple Kennedy ait lui échappé à son attentat et, que malgré son souffle court, Albert Camus soit toujours en vie aux abords de l'an 2000. Il n'est pas évident non plus que le trépas de la grande Zoha fasse que Johnny Halliday ait quitté ses fans en 1964 victime de l'explosion d'une charge de plastique... Il est encore plus improbable que le fait que le général ait calanché puisse avoir une incidence sur des évènements ayant eu lieu avant ce trépas, comme la sortie de la Hongrie du bloc de l'est en 1956 et que la même année les anglais et les français aient mis une pâtée à Nasser dans l'affaire de Suez... L'auteur nous fait découvrir ces évènements par petites touches, comme par inadvertance. Il faut dire que le narrateur principal est peu intéressé par la politique. Il est en revanche obsédé par l'histoire du rock... algérois! Car les rêves de gloire du titre sont ceux, dans les années 60, des groupes de rock qui fleurissent alors à Alger devenu après quelques vicissitudes une enclave indépendante dans une Algérie tout aussi indépendante présidée par Boudiaf. Dans cet algérois cohabite quatre millions d'habitants d'origines des plus diverses et aux tendances idéologiques multiples. Le groupe le plus inattendu est celui que forme les vautriens , secte agnostique et festive dont le grand homme est Timothy Leary pourvoyeur de « gloire » que l'on peut traduire par L.S.D. Le titre du livre est ainsi à double sens, Rêves de gloire peut être ceux provoqués par cette drogue. Il l'est même à triple, car « Rêves de gloire » est aussi le titre d'un disque d'un groupe mystérieux et éphémère, les Glorieux Fellaghas. Cette galette de vinyle provoque la mort de celui qui la possède! Il faut ajouter que durant cette guerre d'Algérie est apparu dans le djebel un prophète, un soldat français déserteur, qui avant d'être tué par ses anciens camarades a fait de nombreux adeptes parmi les autochtones. Il y a bien d'autres choses encore dans cette riche brique. Le moins qu'on puisse dire c'est que Wagner ne manque pas d'imagination et si parfois on a un peu de mal à suivre les multiple fils de son histoire on ne s'y ennui jamais.
Tout cela est vu à travers les yeux d'un antiquaire, spécialiste des vinyles anciens et lui même grand collectionneur. On apprend les faits saillants de l'Histoire dans cette réalité aux détours de longues considérations sur le rock et plus particulièrement sur le rock méditerranéen. J'espère que l'auteur, en fait je n'en doute pas, a pris beaucoup de plaisir à réinventer l'histoire de sa musique préférée. Le lecteur que je suis, a un peu moins de bonheur à déchiffrer les arcanes de cette aventure culturelle d'autant que je suis assez ignorant de l'histoire de ce courant musicale dans le monde réel. Il est probable qu'en raison de cette méconnaissance, je n'ai pu que savourer très peu des clins d'oeil dont Wagner parsème son récit. L'auteur est un grand spécialiste dans le domaine; il est musicien lui-même : son groupe s’appelle Brain Damage, ce qu’on pourrait traduire en français par Lésion Cérébrale. Il n'a pas manquer de citer son groupe dans son texte. J'ai tout de même percuté aux allusions à Radio Caroline (Qui se souvient de cette radio pirate qui émettait d'un bateau dans les années 60) et à Woodstock transplanté à... Biarritz!
D'ailleurs après plus de 350 pages, l'auteur nous avoue son plaisir, qu'heureusement il réussit en partie à nous faire partager, qu'il a eu à écrire le livre. Plus loin, il nous fournit aussi son point de vue sur le roman et les clés pour lire celui-ci. Il met cette confession dans la bouche d'Albert Camus (qui parle au narrateur du roman qu'il est en train d'écrire), il n'y a pas de mal à se faire du bien: << Quel est l'intérêt d'un roman? Et qu'est-ce qu'un roman, sinon une philosophie mise en images? (…) Je reconnais ce monde a été amusant à construire, bien qu'il soit pire que le nôtre. C'était un jeu très excitant. Et une source de plaisir inédit pour moi. Mais ce monde n'est que le décor devant lequel se déploie la parabole, il n'est que l'arrière plan de la philosophie qui guide le livre. (…) C'est un livre sur une autre Algérie, mais pas seulement. En traitant d'autres possibilités, on relativise ce qui s'est réellement produit. Et de fait, on prend un recul supplémentaire.>>. Voilà un sage et pertinent mode d'emploi pour tous les lecteurs et auteurs d'uchronies.
Wagner ne se penche pas que sur le passé. Certains passages, à peine transposé, sont en prise directe sur notre actualité.
Notre auteur n'est donc pas féru que de musique. Il a une bonne connaissance de l'Histoire, vous me direz que c'est le minimum pour un écrivain qui se coltine à l'uchronie mais son savoir du monde arabe est remarquable, ce qui fait qu'il est même prophétique et éclairant sur ce qui s'est passé il n'y a pas très longtemps en Egypte. En témoigne le passage suivant, dialogue de deux protagonistes passablement imbibés, mais néanmoins politiquement lucide, page 45 de l'ouvrage: << Pour les saoudiens c'est de toute manière mieux que l'Egypte soit dirigée par un parti religieux. Par principe, je dirais ou croyance. Et puis il y a le canal de Suez, "objet de toutes les convoitises. Un concept que les saoudiens n'ont jamais digéré, c'est le pan-arabisme.>> (à méditer)...
L'origine de Roland C. Wagner n'est pas étrangère à ce savoir. Il est né le 6 septembre 1960 à Bab El Oued qui était encore à l'époque en Algérie française. Wagner n’est pas un pseudonyme : WAGNER est bien le nom hérité de son père, soldat allemand enrôlé par la Luftwaffe à 19 ans, baladé par les conflits mondiaux d’Indochine en Algérie, puis rapatrié en France comme les autres pieds-noirs en 1962, avec femme et enfant. Cette hérédité peu commune, dont il a doté son narrateur collectionneur de disques, fait que l'on sent que le livre est nourri de morceaux d'autobiographie; ce qui donne une émotion à la lecture, très rare dans ce type d'ouvrage.
Question de style on voit bien que le livre a été écrit au fil de la plume qu'heureusement Wagner a facile. Autrement il n'aurait pas avant cet ouvrage, en trente ans de carrière, déjà publié une centaine de nouvelles et une cinquantaine de romans. On peut regretter que Wagner travaille n'est pas plus travaillé son écriture et surtout la construction de l'ouvrage pour un livre dont on perçoit bien l'ambition derrière l'imagination débridée.
Pour dynamiser son récit et que celuci ne soit pas qu'une description d'un univers différent du notre, le romancier y instille une intrigue policière. De très méchant sont à la recherche d'un disque. Ces vilains personnages croient que le narrateur le possède. En fait lui aussi est en quête de la mystérieuse galette. Les affreux sont prêt à tout pour la récupérer. Pourquoi? Que révèle ce mystérieux disque pressé il y a plus de trente ans qui sème la mort? Il me semble que l'auteur aurait du faire intervenir le suspense policier plus tôt dans la narration.
Est-ce pour faire comprendre au lecteur étourdi que "Rêves de gloire" se place dans le sillage de Philip K. Dick, mais l'on peut penser que l'amateur de cet opus ne sera pas sans connaitre "Le maitre du haut château", que Roland C. Wagner fait dans la déconstruction du récit, procédé totalement antagoniste avec certains relâchements de l'écriture. Des voix anonymes, chacune intervient régulièrement dans le récit, nous introduisent progressivement dans cette autre histoire, mais cet anonymat ne les rend pas immédiatement reconnaissable. La lecture parvient tout de même à être fluide malgré à la fois cette coquetterie de construction, pourquoi multiplier les narrateurs, ce qui fait que parfois on ne sait pas immédiatement qui parle, d'autant que d'un fragment à l'autre, on peut changer d'époque. Cette complication narrative fait que l'on ne parvient pas immédiatement à entrer en empathie avec le collectionneur de disque, visiblement l'alter égo de l'auteur. Il faut en plus ajouter des bizarreries gratuites de vocabulaire. Pourquoi appeler les hélicoptères des coléoptères!
J'aimerais bien savoir si Wagner a écrit les chapitres à la suite les uns des autres tels qu'ils se présentent dans le livre ou s'il a rédigé dans la continuité chaque fragment de son ouvrage se rapportant à un personnage et qu'il les a fragmenté et ensuite mélangé les morceaux d'intrique ainsi obtenus. Je penche pour la première solution, mais je m'interroge. Autre interrogation le romancier a t-il arpenté les rues de l'Alger d'aujourd'hui ou a t-il travaillé seulement d'après un vieux plan de la ville du temps de la colonisation, peut être les deux... Incidemment « Rêves de gloire » devrait séduire les vieux algérois qui retrouveront dans ce texte une topographie et le nom de rues qu'ils ont connues. Alger est un personnage à part entière du récit, un peu à la manière de ce qu'est par exemple Barcelone pour les romans de Zafon. Roland C. Wagner a un autre point commun avec l'écrivain espagnol, sa diabolique habileté pour relancer l'intérêt du lecteur en fin de ses courts chapitres.
On subodore bien assez que les nombreux personnages qui hantent les différents morceaux du récit ont bien entre eux un quelconque rapport et que comme dans tous les feuilletons, car il y a aussi du feuilleton dans « Rêves de gloire », les morceau du puzzle vont bien finir par s'imbriquer, mais pour apercevoir une ébauche du motif, il faut tout de même bien attendre les environs de la quatre centième page!
L'ennui avec un auteur érudit, c'est qu'il faut que le lecteur ne soit pas complètement ignorant, une bonne connaissance de l'Histoire est ainsi indispensable pour apprécier un roman uchronique. Dans le cas présent c'est l'Histoire de l'Algérie sur laquelle il est bon d'avoir de solides lumières. On apprend beaucoup de chose par exemple sur la guerre d'Algérie à condition de bien connaître son déroulement, d'autant que l'auteur a une liberté de propos très rare sur le sujet.
Philip K. Dick n'est pas la seule influence du livre, pour sa totale liberté et son gout pour une géopolitique échevelée on peut également penser à Norman Spinrad (que Roland C. Wagner a traduit), quand à la teneur des réflexions politiques et leur ton, ils rappellent parfois celui de Jean-Pierre Andrevon.
Les éditions de l'Atalante savent fabriquer de beaux objets, une fois encore, la maquette est très belle.
Malgré les réserves que j'ai développées précédemment, pour l'époustouflante invention, la culture discrète mais immense et la plume alerte de son auteur ce livre d'une absolue originalité est à ne pas manquer.
Rêves de gloire de Roland C. Wagner, aux éditions de L'Atalante
Nota:
1- D'autres billets où il est question d'uchronie sur le blog
2- En février 2012, aux mêmes éditions de l'Atalante a fait paraitre "Le train de la réalité" dans lequel Wagner reprend le même univers que "Rêve de gloire".
3- le 26. 5. 2012, à 22 heure, France Culture dans sa fameuse émission Mauvais genre a consacré un numéro à ce livre que la chaine présentait ainsi: << Uchronie avec "Rêves de gloire", monument historico - romanesque érigé, chez L'Atalante, par le romancier Roland Wagner à la gloire de l'Algérie jadis française, des sixties et des vinyls collector. Un roman-monstre de près de 700 pages, une oeuvre choral charriant tous les grains de voix imaginables du légionnaire au fan de 45 tours, du maquisard kabyle à l'amateur de LSD. Une uchronie fleuve qui, jouant des ressorts de l'histoire alternative, nous transporte dans un monde où De Gaulle est mort au Petit-Clamart, Kennedy en a réchappé, Johnny est mort dans un attentat, et où, à l'issue de soubresauts politiques insurrectionnels, l'Algérie française n'est plus qu'un confetti portuaire hanté par les disciples de Timothy Leary et les groupes de garage-rock.>>
4- Roland C. Wagner est mort le 5 aout 2012 à Laruscade (Gironde) dans un accident de voiture.
5- Ce livre ne manque pas d'études ni de commentaires sur la toile, voir ci-dessous
- Lire la critique de ActuSF
- Lire la critique de nooSFere
- Lire la critique de Traqueur Stellaire
- Lire la critique de Welcome to Nebalia
- à cette adresse aussi: http://rsfblog.canalblog.com/archives/2011/08/28/21017798.html
- Lire aussi les avis de Psychovision, Mythologica, Anudar, Efelle, Henri Bademoude, Blog-o-livre, Fifokaswiti,Les chroniques de l'imaginaire, Les Vagabonds du Rêve, Génération SF, Pierre Jouan, Phénix-Web et sur le site de l'éditeur.
COMMENTAIRES LORS DE LA PREMÈRE ÉDITION DU BILLET
À propos de « star wars »... Il y a quelques temps.
Star Wars n°1 éditions Atlas |
Un Géant dans la vallée par Jack Kirby
Ici, pour le Dinosaure Écarlate, les premières pages sont fidèles puis, assez bizarrement, quelqu'un chez Artima a fait le choix de changer le format d'une case :
Jack Kirby, né Jacob Kurtzberg le 28 août 1917 à New York et mort le 6 février 1994 à Thousand Oaks enCalifornie, est un des artistes les plus influents, célèbres et prolifiques de la bande dessinée américaine. Surnommé « the King of Comics » (« le Roi de la bande dessinée »), il est à l'origine de nombreuses séries qui marquèrent l'histoire des comics américains.
En 1940, il crée, avec Joe Simon, Captain America ; en 1947, toujours avec Joe Simon il invente le genre descomics de romance ; dans les années 1960, avec Stan Lee, il crée de nombreux super-héros qui font la renommée de l'éditeur Marvel Comics, notamment : Les Quatre Fantastiques, L’Incroyable Hulk, le puissantThor, Les Vengeurs, Les X-Men ; enfin dans les années 1970 pour DC Comics il entreprend son œuvre la plus ambitieuse, constituée de quatre comics reliés pour former une seule saga, Le Quatrième Monde. Après cela, il poursuit une carrière moins marquée par la nouveauté mais toujours fructueuse pour Marvel ou pour des éditeurs indépendants.
Il marque ainsi le monde des comics en produisant des œuvres qui connaissent un réel succès populaire et toujours admirées par ses pairs. Son goût pour le grotesque valut à quelques-unes de ses œuvres de se faire censurer en France, y compris par ses propres éditeurs.
Malgré cette reconnaissance, Jack Kirby connaît des déboires avec ses éditeurs, surtout Marvel, qui ne reconnaît pas de droits d'auteur ; ce conflit, qui s'était achevé du vivant de Jack Kirby, a depuis repris car ses enfants, en 2009, réclament à Marvel le retour des copyrights des séries créées dans les années 1960 ; la justice a rejeté le bien-fondé de cette demande même si l'avocat a fait appel. Mais, si son nom est toujours connu dans l'univers des comics, c'est essentiellement grâce à la force de son art qui s'est parfaitement adapté au style épique des histoires de super-héros.
Musée d'Art Moderne de Strasbourg
Le monde vert de Brian Aldiss
Dans le monde dans lequel sans préambule nous sommes plongé. Comme le démontre son très bel incipit: << Lily-yo, l'homme Haris et la tribu montaient dans les frondaisons du banian. La petite Clat était tombée. Lily-yo, juchée à califourchon sur un virevole, avait plongé à sa suite. Trop tard. Un claque-dents avait surgi de sous une feuille géante et happé la fillette.
Est-ce la terre? Toute la surface est occupée par une immense jungle. Le grand talent de paysagiste d'Aldiss fait que la forêt décrite semble peinte avec des mots... Cette nature est peuplée par des hommes qui tentent tant bien que mal d'échapper aux nombreux périls qui les entourent. La première interrogation que l'on se pose est une question de taille. Est-ce que ce sont les arbres qui sont géants ou les hommes qui sont minuscules? comme dans plusieurs de ses autres roman, ce grand connaisseur de la S.F, use d'un ton détaché, assez froid comme si l'auteur était une sorte de dieu qui regarderait en surplomb mais non sans empathie, le monde qu'il a créé.
Est-ce que Brian Aldiss nous présente au travers "Le monde vert" notre monde dans lequel l'homme a regressé pour revenir à un état semi-sauvage. Il est certain que Brian Aldiss a lu le Tarzan d'Edgar Rice Burroughs, mais heureusement il écrit beaucoup mieux. Comme la série des Tarzn, le roman d'Aldiss est aussi un roman d'aventure. Mais contrairement au canon du genre, le romancier n'érige pas un personnage en héros. Il n'hésite pas par exemple à supprimer un personnage que l'on avait imaginer central. Le Monde vert est aussi parfois très près du "Livre de la jungle" de Kipling. "Le monde vert" est un livre très riche dont la lecture passionnante fait se poser beaucoup de questions au lecteur.
Les images répertoriées "OL" d'Egermeier
Si on se souvient que la photo OL 7242 a été prise à Prague, on peut supposer également que l'image 7473 provient également de Tchécoslovaquie. Ce qui conduit à penser qu'au minimum les 231 photos qui séparent les deux clichés ont été réalisées dans ce pays.
Mais sans certitude, je fais la supposition suivante: que toutes les images de ce billet ont été réalisées en Tchécoslovaquie au cours d'un voyage que Karel Egermeier aurait entrepris l'été 1967 ou 1968 pour revoir ses deux frères et connaitre leur famille. Je pense que la plupart des personnes que l'on voit sur ces clichés sont des parents du photographe. Je me base sur la ressemblance entre Karel Egermeier et l'homme figurant sur l'image OL7549. Je suppose que c'est son frère. En outre j'extrapole que l'autre adulte de la série sur OL7551 serait son autre frère.
L'immatriculation et la voiture sur OL7594 ne sont pas françaises, pas plus que l'immatriculation de la Peugeot 204 sur OL7555. Cette dernière voiture date la série; les premières Peugeot 204 ont été mises sur le marché en 1966. Les photos de cette série sont donc postérieures à cette date.
Je suis bien conscient que cette hypothèse soulève bien des questions. Tout d'abord comment un (ex?) citoyen tchécoslovaque vivant en France depuis plus de 35 ans, de surcroit connu pour son anticommunisme a-t-il pu se rendre en Tchécoslovaquie. C'est en réfléchissant à cette interrogation que j'ai envisagé soit l'été 67 ou 68 pour le voyage du photographe dans son pays natal, période éphémère de dégel en Tchécoslovaquie. Autre point posant problème, les voitures françaises (mais pas que) sur ces images. Je ne sais rien de la possibilité d'exportation de ces modèles à l'époque en Tchécoslovaquie...
Je réitère mon appel. Si vous avez des informations sur Karel Egermeier soyez assez aimable pour me les communiquer. Si vous vous reconnaissez ou si vous reconnaissez une personne de votre connaissance sur ces images, si vous avez une idée sur les lieux et la datation éventuelle des photos ci-dessus n'hésitez pas à m'en faire part. Si sur d''anciens journaux scout vous trouvez des photos signées Aiglon ou Egermeier pourriez vous les scaner et me les envoyer avec la date de parution de la revue. Merci d'avance
Lettre à Momo, un film d'Hiroyuki Okiura
Pour toujours enfoncer le même clou, je vais redire que l'animation japonaise ce n'est pas Goldorak et que les longs métrages de l'animation japonaise qui ont la chance de sortir sur les écrans français sont supérieurs à tous les autres films distribués dans notre pays. Deuxième point qu'il faut rappeler également l'animation japonaise ne se résume pas à Miyasaki père, génie certes mais pas talent isolé. Il suffit de citer Ichii, feu Satoshi Kon, Mamoru Hosoda, Isao Takahata, Keiichi Hara et bien d'autres. Si vous êtes courageux vous pourrez lire les quelques billets que j'ai consacrés à certains de leurs films...
Or donc, actuellement, sur malheureusement bien peu d'écrans (j'ai du mal à comprendre la politique du distributeur de ce film qui a pris le soin d'en faire une version française en regard d'une distribution aussi chiche; maison peut penser que c'est pour une prochaine édition en dvd et blue-ray, ce dernier support est toujours à privilégier pour les films d'animation, donc si vous avez raté ce film en salle vous pourrez sans trop tarder vous rattraper.) on peut voir la nouvelle merveille des animés nippons, « Lettre à Momo ».
A bord du bateau qui emmène Momo avec sa mère sur l'ile de Shio (ile imaginaire mais précisément située dans la mer intérieure du Japon, mer de Seto, les lecteurs de Manabé Shima de Florent Chavouet ne seront pas dépaysés... Le réalisateur, enfant, y passait ses vacances d'été...) où elles vont désormais vivre. Momo, à l'orée de l'adolescence, déplie une feuille de papier où sont écrits ces seuls mots: << Chère Momo >>. Un flash-bach nous apprend bientôt qu'elle a trouvé cette lettre inachevée sur le bureau de son père qui vient de mourir, océanographe il a disparu en mer. La dernière fois que Momo a vu son père, elle s'est disputé avec lui. Hantée par ce souvenir, Momo à le coeur lourd. D'autant que l'ile où la conduit sa mère, qui y a passé son enfance, est pour Momo, qui vient de Tokyo, vécu comme un lieu d'exil. Shio est habitée par une population vieillissante vivant pour l'essentiel de cultures ancestrales élaborées à flanc de colline. Mais à peine arrivée dans la vieille maison qui sera désormais leur demeure, déboulent trois truculents et très encombrants yokais sortis du folklore japonais, que seule Momo voit. Ces trois créatures sont caractérisées à l'extrême. Il y a le râleur au nez en museau, le géant affamé qui ressemble au Bluto de Popeye et le chétif souffre douleur. Ils vont bouleverser la vie de Momo, et celle de toute l'ile. Maisvont se révéler bien autre chose que de navrants goinfres...
Comme tous les grands dessins animés japonais, « Lettre à Momo » peut se lire à différents niveaux. S'il réjouira les enfants, disons à partir de sept ans, il captivera les adultes, d'abord par la beauté du dessin et surtout parce qu'il aborde des sujets qui peuvent toucher tout à chacun, comme celui de comment vivre un deuil et comment faire partager ou pas sa douleur. Le film intéressera également tous les passionnés de la culture japonaise avec cette nouvelle intrusion dans le monde moderne des yokais, un des symboles de la culture populaire ancestrale nippone. « Lettre à Momo » s'inscrit aussi dans les problématiques les plus actuelles de la politique japonaise, comme la désertification des campagnes; souvent dans l'archipel elles ne sont plus habitées que par des vieillards, et dans ces conditions, se pose à court terme, la survie de l'agriculture, à un moment où le gouvernement Abe veut réduire les aides aux agriculteurs et d'une manière assez contradictoire prône une plus grande auto-suffisance alimentaire pour le Japon.
Lettre à Momo est très ancré dans l'histoire et la tradition japonaise. L'émouvante dernière séquence se réfère au festival de Miajima (on peut aller voir mes photos de cette ile et de son célèbre torii: essai d'épuisement photographique du grand torii de Miajima, Japon ), tradition qui vise à apporter force et bonne santé aux plus jeunes habitants de l'île. Le principe étant de pousser un bateau de paille enflammé dans la mer afin qu'il se consume au milieu de l'eau. C'est une fête qui fait directement référence à la Seconde Guerre mondiale, les aînés souhaitant voir leurs enfants revenir sains et saufs de la guerre
Comme très souvent dans les animés japonais de qualité, le décor est très soigné mais aussi la typographie avec ses repères, une maison, un village, une ile, endroits à la fois immuables et changeants selon les saisons. Ces éléments prosaïques peuvent se muer en véhicules de la fantasmagorie...
Le public européen sera peut être dérouté par le mélange typiquement japonais de mélodrame et d'humour trivial, les yokais pètent pour repousser des sangliers ou effectuent une danse grotesquement lascive pour entrer encontact avec l'au-delà!
On retrouve dans « Lettre à Momo » des constantes de l'animation japonaise (Certes vous pourrez me rétorquer bien des contre-exemples mais tout de même). Le voyage initiatique qui marque la fin de l'enfance et l'entrée dans l'adolescence comme dans le « Voyage de Chihiro), l'absence du père comme dans « Les enfants loups », le drame familiale comme dans « Les enfants loups, « Mon voisin Totoro », « Colorful », la fuite de la grande ville pour une campagne réparatrice des maux comme dans les « Enfant loup », « Mon voisin Totoro », « Arrietty », « Mai Mai Miracle », la nostalgie pour le Japon apaisé des petites villes et des vieilles demeures comme dans « Arriety », « La colline aux coquelicots», « La traversée du temps », « Summer wars », l'irruption de créatures surnaturels souvent issues des vieilles légendes comme dans « Mon voisin Totoro », « Pompoko » et surtout « Un été avec Coo » où un Yokai, un kappa, est au centre du film (le renouveau des yokais dans l'imaginaire nippon doit tout au mangaka Shigeru Mizuki, l'auteur de NonNonBâ. A ce sujet on peut voir mes billets: NomNomBâ de Shigeru Mizuki et des Yokai par Shigeru Mizuki). Tous ces points communs avec de nombreux animés japonais de grande qualité font de « Lettre à Momo » un film archétypal de l'animation japonaise; c'est peut-être là sa limite.
Le cinéphile trouvera aussi grandement son compte dans cette « Lettre à Momo » passé l'effet de surprise qu'il constitue pour tous ceux qui attendaient, depuis 1999, après le chef d'oeuvre incontestable qu'est « Jin-Roh, la brigade des loups », fable uchronique violente, passionnante, sur le totalitarisme, quand il s'apercevra que le deuxième film d'Hiroyuki Okiura n'a rien à voir, sinon par sa qualité graphique, avec le premier opus du cinéaste. En regard de ce deuxième film on voit combien la patte d'Ichii, (Ghost in the shell) qui est un peu le mentor d'Hiroyuki Okiura, scénariste de Jin-Roh était présente dans ce dernier. Pour son deuxième film Hiroyuki Okiura en a cette fois écrit le scénario. Le spectateur habitué de l'animation japonaise repèrera plusieurs hommages du réalisateur à ses maitres et confrères. Plusieurs séquences sont quasiment des citations de Miyazaki, la rencontre des esprits sous la pluie, l'attaque des sangliers, l'apparition des esprits sous la forme de gouttes (« Princesse Mononoke) et les esprits font beaucoup penser à ceux du « Voyage de Chihiro ». Les trois yokais par leur truculence et leurs maladresses évoque les S.D.F de « Tokyo Godfather »...
D'autre part Questionné à propos du réalisme apporté à son film d'animation, Hiroyuki Okiura avoue s'être inspiré de l'un des maîtres de l'animation japonaise, Isao Takahata et de son film Kié la petite peste : << C’est un film avec une forte composante burlesque et néanmoins chaque détail concernant les personnages est décrit avec le plus grand soin : leur personnalité, leurs gestes, leur manière de marcher ou de se retourner quand on les appelle, ils ressemblent tous à des personnes réelles. J’ai rarement vu de film d’animation qui prenait autant de soin pour détailler des gestes du quotidien >>.
Le film s’étale sur deux heures. Pourtant on ne s’y ennuie pas, tant le rythme du film est maîtrisé de part en part, jusqu’à un final digne des moments les plus Shinto du grand Miyazaki.
Le cinéaste s'est entouré d'une équipe chevronnée. Hiroyuki Okiura et le chef de l'animation Masashi Ando avaient déjà travaillé ensemble par le passé sur le film Paprika (2005) de Satoshi Kon. Masashi Ando était alors déjà superviseur de l'animation tandis que Hiroyuki Okiura était l'un des nombreux animateurs.
Techniquement le film a été réalisé par une méthode d'animation classique, animation en deux D avec du papier et des crayons; ce qui confère à l'ensemble un extrême réalisme que ce soit dans la fluidité des mouvements des personnages ou dans l'expression de leur visage aux traits pourtant assez simples. Le réalisateur a néanmoins eu recourt au travail par ordinateur pour quelques séquences, comme celle de la course poursuite. Les décors sont dus à Hiroshi Ono, responsable des déjà de ceux de « Kiki la petite sorcière » même si l'esthétique générale fait plutôt penser aux films de Mamoru Hosoda (La traversée du temps).
L'une des particularités des auteurs japonais de films d'animation, c'est de ne pas craindre d'aborder les sujets les plus difficiles comme la destruction de Tokyo par un tremblement de terre dans Tokyo magnitude 8, le suicide des adolescents dans Colorful, la mort d'innocents durant les guerres dans Le tombeau des lucioles... et de le faire, en règle générale, avec beaucoup de sensibilité et de justesse. « Lettre à Momo » en est un bel exemple.
Bande-annonce : Lettre à Momo - VF
B.A.08/06/2014 12:34
http://www.avionslegendaires.net/snecma-c-450-coleoptere.php
Ceci explique peut-être cela.
Bon, en même temps, il m'a encore moins donné envie de le lire, même si ce n'était pas son but, mais comme je ne connais absolument rien de l'histoire d'Algérie (je suis Belge, et c'est un épisode de l'histoire qui est tout simplement passé sous silence sur les bancs de l'école), ni de l'histoire du rock avant les années 80 (je suppose que de connaître les Beatles, les Pink Floyd, les Doors, les Rolling Stones et Bowie n'est pas suffisant pour comprendre la chose ^_^) et je ne suis pas vraiment attirée par ce sujet au départ, bien qu'aimant les uchronies. Du coup, je sens que je vais être perdue dans les aspects historiques et frustrée par les références que je ne comprendrais pas...
On verra si un jour je le lirai quand même, qui sait. Mais pas tout de suite en tout cas...
réponse à Cachou
Je regrette de n'avoir pas pu vous entrainer à la lecture de ce livre rare. Et puis c'est toujours ce qu'il faut chercher d'être perdu et frustré dans les références d'un livre, je crois que c'est aussi comme cela qu'on apprend et en plus en se distrayant ah quelle belle chose que la lecture et être appelé par un gros livre lorsque l'on musarde dans une librairie, on ne voudrait pas l'acheter parce que ce n'est pas raisonnable, et puis d'un coup on le saisi brusquement comme si on le volait, on le serre contre soi et coure presque jusqu'à la caisse et on va se perdre dans ses fameuses références...
J'aime à me perdre dans des livres, même si je ne maîtrise pas leur sujet, mais à condition que celui-ci me tente (astrophysique, pays asiatiques, etc.). Ici, c'est différent, parce qu'à la base, ce roman n'a rien pour me plaire, c'est juste sa réputation qui m'a intriguée. Mais j'ai un "mauvais feeling" à son sujet, du coup je vais attendre d'arrêter d'en entendre parler à tout va, de ne plus être dans la folie "RDG", d'autant plus que les deux précédents livres lus de l'auteur n'ont pas été des "révélations" en ce qui me concerne.
Mais c'est amusant, parce que dès que j'émets des doutes quand à mon envie de lire ce livre, la première réaction des gens, c'est d'essayer de me persuader de le faire. RDG rend prosélyte on dirait ;-p.
C'est vrai que je me veux prosélyte en ce qui concerne ce livre qui est le premier que je lis de son auteur dont honte à moi je n'avais jamais entendu parler. Ce qui m'a attiré vers ce livre c'est que ce soit une uchronie sur la guerre d'Algérie et mon père ayant fait, un peu malgré lui d'ailleurs le putch des généraux félon cela devrait bien sûr me parler même si je n'ai pas du tout trouvé ce que j'attendais...