Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans les diagonales du temps
3 mars 2020

Francesco Mochi

Francesco Mochi 
(1580-1654 Montevarchi Rome) 
Jeune (Saint - Jean-Baptiste ou l'Archange Gabriel?) 
Rome, c. 1605-1610 
Chicago, Art Institute of Chicago,

Publicité
Publicité
3 mars 2020

Gods and Monsters un film de Bill Condon

Unknown

 
Fiche technique :


Avec Ian Mc Keilen, Brendon Fraser, Lynn Redgrave, Lolita Davidovich, David Dukes, Kevin J. O'Connor, Mark Kiely, Jack Plotnick, Rosalind Ayres, Jack Betts, Matt McKenzie et Todd Babcock.

 

Réalisation : Bill Condon. Scénario : Bill Condon, adapté du roman Father of Frankenstein de Christopher Bram. Image : Stephen M. Katz. Montage : Virginia Katz. Décorateur : James Samson. Costumes : Bruce Finlayson. Musique : Carter Burwell.

USA, 1997, Durée : 90 mn. Disponible en V.O.

 

Unknown-1


Résumé :


Gods and Monsters relate les derniers jours du cinéaste homosexuel, James Whale, réalisateur d’une vingtaine de films dont le célèbre Frankenstein avec Boris Karloff, avant sa mystérieuse noyade dans sa piscine à Hollywood en 1957.
James Whale (Ian Mc Keilen), âgé et malade, dépérit dans sa demeure hollywoodienne, gardé par une domestique dévouée et autoritaire (dès ces premiers plans, on pense à Sunset Boulevard et les réminiscences cinéphiliques ne cesseront plus…) Il a été banni des studios depuis de nombreuses années, en partie à cause de l’échec commercial d’un projet qui lui tenait à cœur (The Road Back) et surtout en raison d’une homosexualité trop voyante. Les suites d’une attaque cérébrale font qu’il ne parvient plus à se concentrer sur un sujet et que des bribes de son passé l’assaillent constamment. Cela ne l’empêche pas de succomber aux charmes et à la beauté de Clayton (Brendon Fraser, depuis devenu la vedette de La Momie et de ses suites), un ex marine déboussolé qui vit dans une caravane et qui est devenu jardinier pour subvenir à ses besoins. Le vieux réalisateur, peintre du dimanche, parvient à le convaincre de poser pour lui. Ils prennent l’habitude de se retrouver chaque jour pour ces séances de pose qui déclenchent des réminiscences douloureuses en flash-back chez le vieil homme : le tournage de Frankenstein, les « parties » gays que Georges Cukor – une grande honteuse – organisait autour de sa piscine et surtout des épisodes de la Première Guerre Mondiale où il connut son premier amour, un étudiant aux joues roses... La relation de tendresse qui réunira les deux hommes bouleversera leur existence... 

 

 

images-3

 


L’avis critique


Fausse « biopic », ce film est une spéculation sur les derniers jours de James Whale. Il est adapté du roman de Christopher Bram, Le Père de Frankenstein (aux éditions Le Passage du Marais), dont Angelo Rinaldi écrit : « Faute de pouvoir établir la raison exacte de la disparition de James Whale, le romancier en propose une qui devient emblématique du vieillissement et de la fin de tout artiste... On pensera sans doute au drame de Julien Green, Sud, qui exploite un thème analogue, à ceci près que les deux protagonistes sont de même âge. Mais il arrive qu’un humain s’enraye aussi bien qu’un revolver… L’habileté du romancier, dépassant son anecdote comme un danseur s’envole vers les cintres, est de faire en sorte que l’artiste, à la fin, regagne sa véritable place, aux cotés des vaincus de la société. »

 

images

 


C’est une bonne partie de l’histoire du cinéma que Condon a convoquée pour Gods and Monsters, bien sûr les films de Whale lui-même, mais c’est aussi un peu Bunuel chez Attenborough et Mankiewicz qui s’inviterait chez James Ivory. Cela fait beaucoup de monde sur le pont et le navire prend parfois un peu de gîte mais il tient toujours le cap. On croirait feuilleter un chapitre inédit très émouvant, jusque dans ses dérapages « camp » d’Hollywood Babylone de Kenneth Anger. Hollywood est pour Condon un cimetière de luxe qui abandonne ses vieilles gloires, leur laissant le soin de gérer un peu d’argent et leur anonymat.

 

images-1

 


Ce n’est pas l’ambition artistique qui a manqué à Condon, et il serait bien injuste de lui en faire grief, l’ambition artistique n’étant pas la chose la mieux partagée dans le cinéma et dans le cinéma gay en particulier. Mais le film auquel on pense le plus est le Ed Wood de Tim Burton. L’insuccès de ce dernier a rendu le montage financier de Gods and Monsters difficile.
On sent chez le cinéaste un grand respect pour son modèle. Il n’adopte jamais un ton paternaliste pour traiter son personnage. Il s’attache à son côté obscur, tout en rendant hommage à son œuvre. L’intrusion du fan qui doit interviewer le cinéaste permet à la fois de présenter un type de gay déluré un peu crétin en opposition un Whale brillant qui n’a pas besoin de jouer un rôle de gay, et d’exposer habilement et sans lourdeur la carrière de Whale. Cette scène met aussi en lumière sa cruauté et sa frustration. Il s’en prend à ce jeune homme dès qu’il réalise que ce dernier ne s’intéresse pas à lui en tant qu’artiste.
À travers le cas particulier de la relation Whale/Clayton, Condon traite plus généralement d’une relation intergénérationnelle entre deux hommes de classes différentes, dans laquelle beaucoup pourront se reconnaître. Comme toute interaction entre deux personnes, celle-ci suggère des montagnes russes de sentiments. Quand l’un domine, l’autre est dominé. De manière simple, chacun désire ce que l’autre a dans un pur phénomène d’attraction/répulsion. Whale désire la jeunesse, la beauté et le futur de Clay, voire même son pur américanisme. Clay désire le passé, l’argent, l’accomplissement de Whale, sa capacité de conteur. Mais il se révèle progressivement qu’ils sont plus proches l’un de l’autre qu’ils ne l’imaginent, dès lors qu’ils laissent tomber leurs défenses. Et c’est là que surgit le concept du Dr Frankenstein et de sa créature. Le film suggère, non sans humour, que c’est l’Europe qui aurait créé l’homo-americanusincarné par Brendan Fraser, corps d’athlète et mâchoire carrée, comme Frankestein a fabriqué sa créature...

 

images-2

 


Bill Condon, dans une interview, soulevait la fréquente superposition qui existe entre le public gay et celui des films fantastiques : « Je suis gay, Clive Barker est gay et James Whale l’était. Cela va peut être effrayer certaines personnes, mais Clive remarque d’évidents liens entre son jeune public et le public gay. C’est un certain cinéma fantastique qui fonctionne vraiment chez des gens qui ne sont pas encore au clair quant à leur sexualité. Les films d’horreur jouent sur une terreur organique et sur la répression des instincts naturels ; ils trouvent forcément un écho soit chez les homosexuels soit dans un public qui se cherche. »

La mise en scène très classique n’est pas toujours légère légère, en particulier en ce qui concerne les retours en arrière, pourtant ce film est émouvant de bout en bout… comme touché par la grâce. L’impeccable distribution y est pour beaucoup, à commencer par Ian Mc Kelen remarquable dans le rôle de James Whale (comme il l’était dans celui de Richard III), mais Brendon Fraser ne démérite pas en lui donnant la réplique, ni d’ailleurs le reste de la distribution. Leur duo est aussi succulent que celui de John Hurt et de Jason Priestley dans Long Island Place, les deux films étant d’une tonalité proche. Il est plaisant aussi de rapprocher ce film de celui tiré du roman de Archibald Joseph Cronin Le Jardinier espagnol (The Spanish Gardener) de Philip Leacock avec Dirk Bogarde, dans lequel un jardinier est amoureux, plus platoniquement que dans celui de Condon, d’un enfant. Mais dans ces deux œuvres, aux deux extrémités de la vie, les jardiniers soignent la même solitude.

Bill Condon argumente son choix de Brendon Fraser : « Le roman s’attachait à comprendre ce qui avait motivé son geste tragique et se servait à cette fin du personnage inventé de l’américain Clay, joué par Brendan Fraser. Mais je pense que cette fiction n’est pas si éloignée des événements réels. J’ai en partie choisi Brendan Fraser pour sa silhouette qui rappelle étrangement la créature de Frankenstein. Je n’en étais pas sûr au début puisqu’il avait encore ses cheveux longs, hérités de Georges de la jungle. Mais le choix, ne l’oublions pas, était surtout motivé par ses talents de comédien, son sens inné du comique et la manière avec laquelle il modèle son visage. Je savais que j’allais avoir besoin d’un interprète dont les traits dévoilent immédiatement la pensée, et qu’il fallait qu’il soit tout à la fois beau, séduisant et d’une forte constitution physique, presque menaçante, qui contraste avec celle de Whale. Brendan était celui qui s’apparentait le plus au concept de ”monstre doté d’une âme” que nous cherchions. Il est innocent sans jamais paraître stupide. »


Ian McKellen est sans doute l’acteur de la scène anglaise qui lia le plus directement l’annonce de son homosexualité, en 1988, et sa carrière. Car si elle était florissante sur les planches, elle n’était que modeste à l’écran. À 49 ans, McKellen s’est alors affranchi des contraintes, libéré de lui-même en s’engageant dans de nombreux combats, en particulier dans la lutte contre le sida. Il déclare : « Avant mon coming-out, la seule chose dont je me sentais expert, c’était le théâtre. Désormais, je réalise que j’ai un autre domaine où je suis expert, et une source de fierté : ma sexualité. »
Bill Condon nous a fait une bonne surprise avec l’un des films les plus ambitieux de l’année 1998. Il faut bien dire que l’on n’attendait rien de ce deuxième couteau des productions Clive Baker (un des Maîtres du fantastique moderne – Les Livres de sang, Cabale, La Trilogie de l’Art et le magistral Sacrements –, réalisateur, scénariste, peintre et l’un des papes de la production horrifique et gore, qui a été une cheville ouvrière du montage de Gods and Monsters), réalisateur des oubliables Candyman 2Sister sister ou encore Murder 101. Depuis, il a livré une biopic un peu moins convaincante, celle de Kinsey.

La critique américaine a désigné ce film comme étant le meilleur film américain sorti en 1998. Il a décroché deux Golden Globe pour ses interprètes Ian McKellen et Lynn Redgrave, obtenu aux Oscars trois nominations et obtint l’Oscar du meilleur scénario, ce qui était amplement mérité et ce qui ne l’a pas empêcher de ne pas être distribué en France. C’est l’honneur de Canal+ de l’avoir programmé en prime-time.

Le film existe en DVD aux USA et en Grande-Bretagne. L’éditon spéciale comporte un documentaire de 30 mn sur James Whale, A journey with James Whale.

 

james_whale

 

JAMES WHALE

Bien que sa filmographie soit assez courte, le réalisateur James Whale n’en est pas moins, par son sens aigu de l’atmosphère et son style, un des auteurs les plus marquants des années 30. Il naît en Angleterre, dans les Midlands, dans une famille modeste, en 1889. D’abord dessinateur satirique, il participe à la Grande Guerre et est fait prisonnier en 1917. Durant sa captivité il découvre le théâtre ! Rentré à Londres, il s’y livre avec passion jusqu’en 1930 : acteur, décorateur, metteur en scène. À cette période, il est fiancé à une créatrice renommée de costumes de théâtre, Doris Zinkeisen ; si les fiançailles ne se concrétisèrent pas, ils resteront néanmoins de grands amis. La mise en scène en 1929 de Journey’s End de Robert Cedric Sheriff lui vaut un grand succès qui le conduit en Amérique où dès 1930 il tourne le film adapté de la pièce de Sheriff. Le New York Times classe le film parmi les dix meilleurs de l’année. C’est dans ces premières années hollywoodiennes qu’il rencontre David Lewis, qui apparaît dans Gods and Monsters, qui sera producteur pour Warner, Paramount puis en indépendant pour divers studios. Ils vécurent ensemble de 1930 à 1951 et restèrent proches amis par la suite. Whale lui laissa 1/6eles Anges de l’Enfer dont il écrit les dialogues. Ensuite, il adapte une autre pièce de théâtre,Waterloo Bridge de Robert E. Sherwood où apparaît Bette Davis. La M.G.M. en tirera deux remakes en 1940 et 1956. Universal confie la même année à Whale une autre adaptation :Frankenstein. Le film connaît un grand succès. La vision du monstre interprété par Boris Karloff sera pour toujours celle de Whale, on le voit bien dans le remake de Kenneth Brannagh. Le climat d’épouvante plaît à Whale. Il récidive avec UneÉtrange soirée, un huis-clos éprouvant d’après J.B. Priestley dans lequel Charles Laughton, autre gay d’Hollywood, est aux prises avec deux vieilles folles. En 1933, L’Homme invisible est un coup de maître, magnifiquement photographié par Arthur Edeson avec des effets spéciaux dus à John Fulton qui font date, malgré leur grande simplicité. Vient ensuite son dernier grand succès critique et public : La Fiancée de Frankenstein. En plus de posséder une extraordinaire maîtrise de son art, Whale disait posséder « un pervers sens de l’humour ». Élégant, ironique et peu conventionnel… et pas seulement par son homosexualité qu’il n’a jamais cherché à dissimuler, il s’identifiait totalement aux outsiders, à ceux qui travaillaient en marge de l’industrie. de sa succession. Puis il collabore avec Howard Hugues pour
Whale ne tarde pas à entrer en conflit avec ceux qu’il appelait « The new Universal ». Il est sans cesse contredit et censuré pour des raisons ”politiques”, probablement en fait pour son état d’esprit gay sans complexe. Après La Fiancée de Frankenstein s’opère un tournant dans la filmographie du cinéaste. Le thème de la Grande Guerre, qui l’a profondément marqué, ce qui est bien montré dans Gods and Monsters, devient récurrent. Il divorce définitivement d’avec Universal après que le studio eut cédé à la pression de l’Allemagne nazie pour le montage deThe Road Bach, adaptation d’un roman d’E.M. Remarque. Devenu réalisateur indépendant, Whale tourna encore huit films dans les douze années qui suivirent, mais jamais il ne retrouva la magie de ses débuts. Renvoyé en 1941 par Columbia durant le tournage de They dare not love, il se retire définitivement du cinéma. Il vécut jusqu’à la fin de sa vie grâce au confortable pécule amassé tout au long de sa carrière, s’adonnant à la peinture et à la mise en scène dans un petit théâtre local. En 1951, Whale lors d’un voyage à Paris rencontre un jeune français, Pierre Foegel ; il en fait son homme de confiance et à partir de 1952 ils vivent ensemble. Comme pour David Lewis, Whale lui laisse 1/6e de sa fortune. Au milieu des années 50, une série d’attaques cérébrales affaiblissent grandement le cinéaste. À l’âge de 67 ans, il écrit une lettre d’adieu et se jette la tête le première dans sa piscine presque vide. La police conclut cependant à un accident, ses amis ne révélant la lettre que des années plus tard. Kenneth Anger, dans Hollywood Babylondonne une version différente des faits, évoquant un meurtre et un jeune gay, version fermement contredite par le biographe du cinéaste et par ses amis.
Pour tout savoir sur James Whale il existe deux livres, mais seulement en anglais : James Whale: A Biographie de Mark Gatiss, Cassell édition 1995 ; encore plus complet (455 pages !) et sérieuxJames Whale : A new world of gods and monsters de James Curtis, Faber and Faber, Londres 1998. Outre le livre dont est tiré le film, en français Le Père de Frankenstein, François Rivière a ciselé un petit chef d’œuvre, une fantasmagorie autour de James Whale : En enfer avec James Whale aux éditions du Masque (1999) où même les fantômes sont gays ! Le fantastique ne veut pas dire informations fantaisistes et l’on apprend beaucoup de choses sur James Whale maisaussi sur Boris Karloff, Forrest J. Ackerman, Gladys Cooper, Carl junior Laemmele, Robert Cedric Sherriff, George Zucco et quelques autres... En passant, Rivière nous glisse que le jeune Laurence Olivier aurait été l’amant de James Whale... mais ne l’oublions pas, c’est un roman dans lequel on retrouve les influences aussi diverses que celles de Jean Ray, Chesterton, Modiano, Kenneth Anger (celui d’Hollywood-Babylone). Ce livre est le second et le dernier paru d’une trilogie : Blasphème. Dans le premier volet, Le Somnambule de Genève, centré autour de la figure de Mary Shelley on y aperçoit néanmoins James Whale et surtout Sherriff. François Rivière n’en a peut-être pas encore fini avec James Whale puisqu’il apparaît à nouveau en 2004 dans son court roman, L’Ombre de Frankenstein (ed. Cahier du cinéma). Pour rester dans la littérature, un grand roman de l’immense Joseph Hansen décrit le Hollywood gay, côté scénariste de ces années-là : En haut des marches, 1999 aux éditions Rivages/noir, en V.O. Living Upstairs, 1993.

 

Gods and Monsters Trailer

 

3 mars 2020

Richard Lukacs Attila (1962 -)


Attila Richard Lukacs, MIKE, dyptych (1989)

Attila Richard Lukacs, Piss (1989)
Attila Richard Lukacs, Licky (1990)
Attila Richard Lukacs, Adam et Steve (1991)

Richard Lukacs, Attila Amour en attente, stretching le corps (1991)

Richard Lukacs, Attila variétés de l'amour, la peinture Portrait des Amants (1992)

Attila Richard Lukacs, Amour dans l'Union - rendez-vous galant (1992)

ttila Richard Lukacs, L' amour dans l' Union - Daybreak (1992)

Attila Richard Lukacs, et, (1997)

Attila Richard Lukacs, vert Boy avec les bras (1997)

Attila Richard Lukacs, dans le style français (1998)

Attila Richard Lukacs, Last Night I Stole jeudi (1998)

Attila Richard Lukacs, Petit Fart in Show (1998) 
 Attila Richard Lukacs, Coo coo ka-choo, M. Robinson (1999)

Attila Richard Lukacs, Colossus (1999)

Attila Richard Lukacs, David et Goliath (2006) 

Attila Richard Lukacs, un autre côté, One Down (2006)

 Richard Lukacs, Attila Parc Oppenheimer - Surprise-moi si les morts, et bon accueil (2007)

Attila Richard Lukacs, Camouflage (2007)

Attila Richard Lukacs, PAIX, AMOUR, ROCK & Soul ESCLAVE ou le cimetière (2007)
 Attila Richard Lukacs, La Forge (2007)

  Attila Richard Lukacs, Ermite: Voyant (2015)
Attila Richard Lukacs, dans la grotte HOBBS (2017)
3 mars 2020

Andrey Tarasenko (5)

Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
Andrey Tarasenko (5)
3 mars 2020

La photographe T1 par Kenichi Kiriki

La photographe T1 par Kenichi Kiriki

 

Les japonais sont réputé pour photographier à tout va (comme moi) lors de leurs séjours à l'étranger et je peux témoigner qu'il font de même lorsqu'ils font du tourisme (beaucoup) dans leur propre pays. Avec "La photographe" ont voit comment le virus de l'image prospère chez les jeunes nippon. L'héroine de "La photographe" Ayumi a Choisi de devenir membre du Club Photo de son lycée, pour s'exercer elle décide de faire des petits reportages photographique dans différents quartiers de Tokyo. Avec elle nous découvrons un Tokyo ignoré des touristes et même de beaucoup de tokyoite.

Petit à petit elle réalise un véritable carnet de voyage, elle nous balade de quartier en quartier, la photo étant un prétexte pour nous faire découvrir des lieux méconnus. Au final, Ayumi prend peu de photos, elle travaille encore en argentique et chaque cliché a un coût indéniable pour une jeune lycéenne. Cette ignorance du numérique est assez étonnante aujourd'hui et donne un coté rétro à ce manga. Au-delà de la ville et de ses aspects méconnus, c'est aussi une jolie ode au plaisir de la photographie. L'héroïne expérimente, réfléchit, mais suit surtout beaucoup son instinct pour réaliser ses clichés, où la technique est aussi importante que l'émotion du moment. 

La photographe est constitué de courts chapitres qui racontent chacun une promenade de l'héroïne. Chaque sortie est pour elle l'occasion de se plonger dans l'histoire de sa ville. À ses côtés, on en apprend plus sur la vie d'écrivains célèbres, sur des monuments ou des lieux atypiques à visiter... On pourra regretter que chaque chapitre soient si courts. Ce qui empêche de complètement s'immerger dans l'ambiance des lieux, dans l'atmosphère contemplative que l'auteur met en place. On a aussi l'impression de survoler les histoires passionnantes de beaucoup d'élément abordés. Le ton du récit, lui, déborde peut-être un peu trop de bons sentiment. Les chapitres sont très variés. Certains sont axés sur la vie de tel quartier, alors que d'autres se concentrent plutôt sur les relations entre les personnages, ou la photographie.

 Entre chaque chapitre, un carnet explicatif donne la propre expérience du lieu de l’auteur lors de ses repérages. Complémentaire et très informatif (comme l'adresse d'un bon restaurant de ramen dans le secteur), cela permet d’aller plus loin que la simple anecdote traitée dans le manga. On prolonge ainsi l’immersion touristique par des anecdotes souvent assez amusantes. De plus, certains quartiers sont décortiqués plus profondément sur deux pages entre certains chapitres. Là, on rentre vraiment dans les faits concrets, les mêmes que l’on pourrait trouver dans un vrai guide touristique.

 

 

Les images prises par la jeune fille sont chargées d’histoires et d’anecdotes qui font tout l’intérêt du récit. Plus qu’une simple déambulation de lieu en lieu, ce manga nous amène dans un Tokyo que nous ne pouvions soupçonner. Chaque chapitre se focalisant sur un endroit, un bâtiment, un monument, une fête, une spécialité locale ou même un personnage célèbre. De quoi contempler la culture du Japon au gré des tribulations de cette jeune fille. On y découvre, avec délectation, un Japon moderne, mais également ancré dans ses traditions. Il faut tout de même prévenir le lecteur et je l'espère pour lui le futur promeneur dans ce Tokyo que les trace du passé sont souvent bien minces et se limitent à une plaque commémrative car Tokyo au XX ème siècle a subit deux terrible destruction la première lors du tremblement de terre de 1923 (sur le sujet il faut lire l'indispensable ouvrage de Akira Yoshima, Le grand tremblement de terre du Kantôt, édité par Actes Sud) quasiment tout ce qui était au sud du parc Ueno fut détruit, plus par l'incendie qui suivi le tremblement de terre que par ce dernier, la seconde lors des bombardements américains de 1945 qui ne laissèrent quasiment aucun quartier intact.

 

 

 

Le graphisme est en accord avec le thème. Il est très... photographique. Les planches se partagent entre les personnages, au design fin et un peu rétro, qui apportent l'émotion, et une reproduction plus réaliste, presque photographique, des lieux visités. Le résultat est un peu froid, mais accentue le côté guide, comme une invitation à venir savourer ces décors de nos propres yeux. Comme l’explique l’auteur, Kenichi Kirki, il s’est lui-même promené dans les endroits et ce sont ses propres observations qu’il retranscrit dans son manga. On peut se demander alors pourquoi il a jugé bon d'user du truchement de la jeune Ayumi sur laquelle on a peu de détail et qui est dans ce premier tome un peu transparente même si semble s'ébaucher une histoire d'amour avec un de ses camarades. 

 

 

 

L’éditeur compare ce titre à celui de Jiro Taniguchi «  L’Homme qui marche ». Il est vrai que ces deux œuvres ont un fond commun : une balade menant à de nombreuses découvertes. Mais contrairement à l'oeuvre de Taniguchi, La photographe est plus léger, moins introspectif. Il n’amène pas le lecteur dans une méditation contemplative. Le manga de Kenichi Kiriki est également plus centré sur les vraies découvertes de lieux connus. Son héroïne, jeune lycéenne, est constamment émerveillée par des choses que les plus anciens trouveraient banales (l'émerveillement chez les jeunes japonais semblent inépuisable, voilà une jeunesse qui ne parait pas blasé). 

La photographe est un manga frais et dépaysant pour découvrir un Tokyo souvent méconnu, même par les autochtones.

 

 

 

Publicité
Publicité
3 mars 2020

Bartolomeo Manfredi

 

Bartolomeo Manfredi 
(Ostiano / Mantoue 1582-1622 Rome) 
Caïn tuant Abel c. 1615 
Vienne, Kunsthistorisches Museum,

2 mars 2020

Carlo Saraceni

Carlo Saraceni 
(Venise 1579-1620 Venise) 
Martyre de c St Cecilia. 1610 
Los Angeles, le Los Angeles County Museum

2 mars 2020

Chefs-d'œuvre de la période Edo de la Feinberg Collection


Maruyama Okyo, bleu paon et de pivoines, 1768, période Edo, 1615-1868. 


Le Harvard Art Museums présente la collection d'art japonais Feinberg, une exposition de plus de 120 œuvres appartenant à la collection de Robert et Betsy S. G. Feinberg. L'exposition ouvrira ses portes le 26 Juillet 2020, fournira une fenêtre sur la culture visuelle extrêmement riche de l'époque moderne au Japon, et explorera comment cela a été exprimé au cours de la période Edo (1615-1868) à d'Edo (aujourd'hui Tokyo) au cours de cette périodeLa collection Feinberg se distingue non seulement pour son ampleur , mais aussi pour sa qualité remarquable.Elle comprend des peintures représentant pratiquement toutes les écoles de peinture de cette époque stylistique: des magnifiques œuvres décoratives de l'école rimpa à la lumière de l'école Maruyama-Shijo, à travers la le Monochromatisme de l' école Nanga. 
 

Tani Bunch (Edo 1763-1840), le mont Fuji, en 1802, période Edo, 1615-1868




Mochizuki Gyokusen (1834 - 1913), Lunes des quatre saisons, 1911, période Meiji, 1868-1912.

Nakamura Hochu (mort 1819), Snowy Pines 1770? -1819, période Edo, 1615-1868

Tani Bunch (Edo 1763-1840), Lune et fines herbes, 15e jour du 8e mois en 1817, période Edo, 1615-1868






Sakai Hoitsu (Edo 1761-1828), les oiseaux et les fleurs douze mois, c. 1817-1828, période Edo, 1615-1868.

Sakai Hoitsu (Edo 1761-1828), Fleurs de printemps, c. période Edo 1804-1818, 1615-1868.


Suzuki Kiitsu (Province Omi 1796-1858), le mont Fuji et mont Tsukuba, c. 1835-1843, période Edo, 1615-1868.

 Rosetsu Nagasawa (1754 - 1799), le perroquet roi, vers 1790, époque d'Edo, 1615-1868.



Rosetsu Nagasawa, japonais (1754 - 1799), Jittoku, Cubs et Hotei, 1780-1799, période Edo, 1615-1868.

Shunk Katsukawa II, la célébration de la nouvelle Yoshiwara, 1818-1825, période Edo, 1615-1868.

Kaigetsudo Doshi (actif 1704-1716), courtier, 1704-1716, période Edo, 1615-1868.

 Keihin Takada (province Omi 1674-1755), le mont Fuji, la forêt de pins et Miho Temple Seikenji, 1746 Période Edo période, 1615-1868.


 Uragami gyokudō (Bizen 1745-1820), solitaires vieux arbres au printemps 1780? -1820, période Edo, 1615-1868.


Kano Sanboku (actif entre le XVIIe et début du XVIIIe siècle) hommage à l'empereur Carriers chinois, fin du XVIIe début du XVIIIe siècle, époque d'Edo, 1615-1868.

 Moronobu, japonais (Hodamura, Province Awa c. 1618-1694 Edo), en début de soirée à l'auberge à Yoshiwara, 1650? -1694, période Edo, 1615-1868.

Maruyama Okyo (province Anafuto de Tamba 1733-1795) Paysage dans une tempête de pluie, 1782 (Tenmei 2), période Edo, 1615-1868.


 Bunch Tani (Edo 1763-1840), des première et seconde exposition à la falaise rouge poétique, en 1800, la période Edo, 1615-1868.


 Suzuki Kiitsu (province Omi 1796-1858), Grues, c. 1820-1825, période Edo, 1615-1868.


 Kamisaka Sekka (Kyoto 1866-1942), Fleurs du Four Seasons, c. 1920-1930, période Meiji, 1868-1912.

 Soga Shōhaku (Ise 1730-1781 Kyoto) course sur la rivière Uji, c. Période Edo 1 764, 1615-1868.

 Soga Shōhaku (Ise 1730-1781 Kyoto), Paysage, milieu du XVIIIe siècle, époque d'Edo, 1615-1868.

 Shuitsu Suzuki (1823 - 1889), Taira Tsunemasa Tocando Biwa dans le sanctuaire Tsukubusuma, mi - fin du 19ème siècle période Edo, 1615-1868.

 Katayama Yōkoku (Nagasaki, Japon 1760-1801), Tigre dans une tempête de pluie, 1780? -1801, période Edo, 1615-1868.

 Shuki Okamoto (1807 - 1862), et garceta Alcedínids entre Lotus, période Edo milieu du XIXe siècle, 1615-1868.



 Utagawa Toyokuni (1769 - 1825), Kabuki Acteur Segawa Kikunojo III 'Dojoji Musume', 1800 -1825, période Edo, 1615-1868?.

Kaigetsudo Doshi, japonais (actif 1704-1716), courtier, 1704-1716, période Edo, 1615-1868.

Yosa Buson (Settsu 1716-1783) Traversée d' un ruisseau par un pont, c. 1778-1783, période Edo, 1615-1868.

 Utamaro, japonais ( à partir de 1750-1806) BELLEC aseguda, ca. 1802 - 1806, période Edo, 1615-1868.


 navire commercial portugais arrivant au Japon, dix-septième siècle période Edo, 1615-1868.

 Baiitsu Yamamoto (Nagoya 1783-1856 Nagoya), des branches cassées tiré de la vie, en 1835, période Edo, 1615-1868.

Ki Baite (Kyoto, Japon 1734-1810), Lanting Pavillon, 1805 période Edo, 1615-1868.

Wintry voyageur solitaire dans les montagnes, c. 1770-1775, période Edo, 1615-1868.

 Yosa Buson, japonais (Settsu 1716-1784) Visite de la ferme dans la forêt Bambo, c. 1777-1778, période Edo, 1615-1868.

2 mars 2020

Hartung au Musée d'Art Moderne de Paris

P1020448

 

 

P1020449

 

 

 

Si l'on excepte le premier tableau, datant de 1984, de ce billet qui est aussi le premier tableau que l'on voit en entrant dans l'exposition, l'accrochage est chronologique. Ce premier tableau est placé à coté des 4 petite aquarelles que l'on voit sur la photo suivante. Elles ont été peinte en 1922. Hartung est alors âgé de 18 ans et encore lycéen. Il ne connait pas les travaux de Kandinsky de la même époque. Ce qui fait d'Hartung un des tout premiers peintres de l'Histoire. C'est la grande révélation de cette rétrospective. Pour les gens qui sont né dans les années 50, Hartung n'est pas un nom qu'ils ignorent de 1960 à 1980, il a été un des peintres français les plus célèbre avec Mathieu ils personnifiaient la peinture abstraite puis progressivement leur étoile a pali et leur peintures ont disparu des foires d'art moderne et contemporain. Depuis quelques années la peinture dite gestuelle réapparait. Ce que l'on découvre c'est qu'il a eu un Hartung très intéressant avant le geste. Ce sont ces peintures que je montre dans ce billet, toutes peintes avant 1945. On peut apparenter les tableaux de la première partie de la carrière d'Hartung à ceux d'Atlan, de Miro, Kandinsky...

 

 

P1020450

 

 

à droite un autoportrait de 1922

P1020451

 

 

P1020452

 

 

P1020453

 

 

1935

 

P1020454

 

 

P1020455

 

 

P1020456

 

 

P1020457

 

 

P1020458

 

 

P1020459

 

 

P1020460

 

 

 

P1020461

 

P1020462

 

 

1940

 

P1020463

 

 

1940

 

P1020464

 

 

 

P1020465

 

P1020466

 

 

P1020467

 

Paris, février 2020

2 mars 2020

SUNDAY, BLOODY SUNDAY (UN DIMANCHE COMME LES AUTRES), un film de John Schlesinger

   

Fiche technique :


Avec Peter Finch, Glenda Jackson, Murray Head, Peggy Ashcroft, Tony Britton, Maurice Denham, Bessie Love, Vivian Pickles, Frank Windsor et Thomas Baptiste.

 

Réalisation : John Schlesinger. Scénario : John Schlesinger et Penelope Gilliat. Images : Billy Williams. Montage : Richard Marden. Musique originale : Ron Geesing.


Grande Bretagne, 1971,Durée : 110 mn. Disponible en VO.


Résumé :


Lui, Daniel Hirsh dit Dany (Peter Finch), médecin prospère, la cinquantaine argentée, membre influent et estimé de la communauté juive à laquelle il appartient ; elle, Alex (Glenda Jackson), d’une très bonne famille de la bourgeoisie fortunée qui s’occupe à recycler ceux que l’âge condamne au « Bloody Sunday » du chômage. Elle et lui pourraient entretenir une liaison qui serait confortable si chacun n’avait pas une faille pour ces bonnes sociétés, du Londres de 1970, auxquelles ils appartiennent. Lui est homosexuel, elle est divorcée. Et puis il y a l’autre (Murray Head). Il se doit d’y avoir un autre pour qu’existe une histoire. Cet autre est un jeune homme qui partage tour à tour leur lit. Un téléphone omniprésent assure la liaison entre ces trois personnages. Un Dimanche comme les autres n'est pas une histoire d'amour triangulaire, mais plutôt deux histoires d'amour parallèles que nous suivons durant les dix derniers jours de ces relations. Daniel et Alex ne se connaissent pas, mais ils n’ignorent pas leur existence respective. Bob est tendu vers un espoir, le départ vers l’Amérique. Il abandonnera elle et lui à la solitude des dimanches où il ne se passe rien, sinon la mort d’un chien...


L’avis critique


Il nous a fait courir ce film, il nous a ému. On en a parlé et reparlé. Beaucoup de jeune gays (le mot existait-il en France alors ? Je ne crois pas…) se sont identifiés à Bob. Ils voulaient eux aussi partir, même si l’Amérique d’alors faisait moins rêver les français que les jeunes anglais, mais ils sont restés et avec beaucoup de chance, ils ressemblent aujourd’hui à Daniel. Une vie est passée.

 


C’était sans doute la première fois que l’on voyait deux hommes nus s’embrasser dans un lit. L’un aurait pu être le fils de l’autre et ils s’aimaient ; ça, on ne l’a pas beaucoup revu depuis. Il est étonnant de voir combien le cinéma gay comporte peu d’histoires d’amour intergénérationnelles, comme on dit maintenant. Est-ce l’un des derniers tabous ? 
Ce film, célèbre en son temps, a disparu des écrans. Pourquoi ? Est-il devenu obsolète ou dérangeant ? Il n’existe qu’un DVD américain maisdépourvu de sous-titres français.
Il se passe en un temps qui me parait si ancien, si différent de nos jours. La libération sexuelle balbutiait. Sida était quatre lettres dénuées de sens. Dans une Angleterre d’avant Margaret Thatcher et Tony Blair qui venait d’à peine prendre conscience que sa grandeur lui avait échappé et que son empire s’était évanoui, mais où pourtant on pouvait avoir le sentiment que s’inventaient les prémisses de la civilisation du lendemain. Mais le royaume se sentait surtout menacé par la grisaille de ce fameux dimanche britannique avec sa tacite loi qui voulait que le repos soit associé à l’ennui.



Le film a mûri de longues années et son tournage ne fut pas simple comme l’expliquait John Schlesinger à sa sortie : « L’histoire du film a commencé il y a presque dix ans, au moment où je venais d’achever Billy Liar, Penelope Gilliat m’avait apporté un scénario intéressant, que je n’ai pas retenu à l’époque mais dont les éléments de base m’ont amené beaucoup plus tard, à tourner Sunday Bloody Sunday. Aussi en 1967 j’ai demandé à Penelope Gilliat de préparer un nouveau script. Je voulais faire un film sur l’amour avec un homme et une femme d’un certain âge, ayant des racines dans une société stricte, lui parce qu’il était juif, elle parce que son père était banquier, et se trouvant chacun confronté à un garçon d’une vingtaine d’années, très moderne, sans attaches et psychologiquement disponible... Il était important pour moi que ce garçon rêve d’Amérique... J’ai travaillé en étroite collaboration avec Penelope Gilliat et nous avons fait ensemble quatre scénarios avant la version définitive. Dès le début néanmoins, nous étions d’accord pour montrer les dix dernières journées d’une crise et pour respecter l’unité de temps et de lieu... Après le tournage, lorsque nous avons vu le film bout à bout, ça n’allait plus. Le jeu de Glenda était trop fort et celui de Murray trop faible. Étant responsable de ce déséquilibre, j’ai coupé mais ce n’était pas suffisant et j’ai eu l’idée de donner du papier collant à Murray. Avec ce scotch enroulé autour de la main, il créait un objet, il pouvait ainsi montrer ce goût de la manipulation, des gadgets, en accord avec le métier de sculpteur qu’il incarne dans le film... 

Je suis fatigué de voir des films où les homosexuels sont des hommes malheureux, hystériques et dont le public peut et doit penser qu’ils sont des monstres. Je crois qu’il était temps de montrer sans tricher un fait naturel de la vie...
C’est un film optimiste. Alex décide de rester seule, et c’est en définitive un choix. Quand au médecin, il sait que le garçon ne l’accompagnera pas en Italie, mais malgré tout, il apprend l’italien et il fera le voyage. À la fin du film, il s’adresse au spectateur et lui dit en substance : “Ne me jugez pas, ce n’était pas grand-chose.” et il ajoute : “Je suis seulement venu pour ma toux.” Cela parce que c’est lui qui est devenu le malade, mais sa maladie n’est pas bien grave. Seuls, nous le sommes tous, l’essentiel est de chercher, de trouver un compromis pour supporter cette condition.
 »

 


Plus que par l’intrigue, fort mince, le film est remarquable par sa plongée dans des milieux bien particuliers du Londres de 1970 : les drogués, la bohème artistique, la bourgeoisie la plus compassée... On constate alors que John Schlesinger est dans la droite ligne de la prestigieuse école du documentaire anglais qui doit tant à Robert Flahertie et qui a donné David Lean, John Grieson, Pat Jackson, Thorold Dickinson qui ont engendré le free cinéma des Tony Richardson, Richard Lester, Clive Donner dont John Schlesinger est l’héritier direct. Avant d’être un raconteur d’histoire, il est un observateur des mœurs et cela dès son premier film Terminus, un documentaire sur la gare de Waterloo à Londres qui lui valut un Lion d'Or à Venise en 1961, et plus encore avec Billy Laird qui racontait la découverte de Londres par un jeune provincial. Lorsque le réalisateur présente Un Dimanche comme les autres, il est auréolé de l’immense succès remporté l’année précédente par son Macadam Cowboy pour lequel il remporta trois Oscars, celui du meilleur film, du meilleur réalisateur et de la meilleure adaptation. Il lui aura fallu aller aux USA pour instiller l’homosexualité dans un de ses films. Elle sera aussi présente, mais plus discrète dans Marathon man.
À son talent de cinéaste, Schlesinger ajoute celui de découvreur de talents ; Daniel Day-Lewis, âgé de treize ans fait sa première apparition à l’écran dans Un Dimanche comme les autres,c’est le garçon dont on célèbre la bar-mitsva. Julie Christie, Alan Bates, Tom Courtenay, Rita Tushingham lui doivent beaucoup, sans oublier Terence Stamp qui aurait sans doute été plus convaincant que Murray Head dans le rôle de Bob, l’objet de tous les désirs qui, en outre, parait un peu trop âgé pour incarner la légèreté de la jeunesse. 


Le seul (peut-être) point faible du film est que nous avons un peu de mal à nous convaincre que Murray Head puisse provoquer une telle passion chez un homme et une femme de cette qualité, qu’il bouleverse la vie de l’un et de l’autre. Mais ne nous sommes nous jamais dit que l’objet de notre amour ne nous méritait pas ? Ainsi l’histoire d’amour passe au second plan derrière la subtile peinture de mœurs même si nous voyons bien que c’est pour échapper à la pesanteur de l’establishment que Alex et Dany s’entichent de ce médiocre gigolo.
Mais Bob est-il ce médiocre gigolo ? Se vit-il ainsi ? Ses velléités artistiques sont-elles sincères ou sont-elles des leurres pour se mentir comme pour mentir à ceux qui l’aiment ? Le film ne répond pas à ces questions et laisse le spectateur libre de son intime conviction. À la fin, il semble que Daniel, apaisé, se soit convaincu que la beauté de son amour résidait dans le pari qu’il avait fait sur le jeune homme. À ce moment, le film est aussi audacieux dans la forme que dans le fond puisque c’est en regardant la caméra que Daniel exprime la leçon de vie qu’il tire de cette aventure : « Les gens me disent : il ne t’a jamais rendu heureux. Moi je leur dit : mais je suis heureux. Excepté qu’il me manque. Toute ma vie j’ai cherché quelqu’un de courageux et de débrouillard. Il n’était pas ce quelqu’un. Mais il a quelque chose. Nous avions quelque chose. »
Peut-être plus que l’amour, le sujet profond du film est la solitude, la solitude des dimanches anglais d’alors. Bob, lui est à l’âge d’être hors dimanche. Pour lui cette solitude est une fête. Il est la disponibilité même, allant de Daniel à Alex, sans mensonge, en donnant ce qu’il appelle l’amour. Il donne ce qu’il peut donner, bien trop peu, par rapport à ce que Daniel et Alex espèrent...
L’intelligence du cinéaste est d’avoir réussi à personnifier cette solitude par le téléphone en en faisant un personnage à part entière, à la fois technologique mais surtout humain par l’intermédiaire de la standardiste (Bessie Love) des abonnés absents.

 



Le film nous suggère que la solitude serait le prix à payer pour la lucidité, pour la vérité... Pourtant Daniel dit : « Tout est préférable à l’absence d’amour. » Mais de quel amour parle-t-il ?
Schlesinger a l’art de nous en dire beaucoup par le seul truchement de l’image, comme dans cette scène où un prostitué arrête la voiture du docteur, bloquée à un feu rouge, la gêne de celui-ci, son geste impatient pour le faire monter quand l’arrivée d’un policeman risque de provoquer un scandale, son lâche soulagement quand il constate que le garçon s’est enfui... Nous en apprenons ainsi plus sur la psychologie de Dany et sur la société anglaise que par bien des dialogues.

Un Dimanche comme les autres est un film qui supporte de nombreuses visions sans en perdre complètement ses mystères comme celui, par exemple, de son titre original l’énigmatique : Bloody Sunday, soit « dimanche sanglant ». Il serait erroné d’y voir une allusion au tristement célèbre dimanche sanglant d’Irlande du nord, celui-ci s’étant déroulé en 1972, un an après la sortie du film. On ne voit pas bien ce qui le rapproche de l’autre célèbre dimanche sanglant de l’histoire celui du 22 janvier 1905 lorsque à Saint-Pétersbourg la troupe ouvrit le feu, faisant de nombreux morts parmi les ouvriers qui manifestaient pacifiquement, marchant vers le Palais d’hiver du tsar Nicolas II pour lui demander des réformes. Sinon qu’il pourrait arriver la même chose en Grande-Bretagne, frappée à ce moment-là par une grave récession économique, présente dans le film par des bulletins d’information de la radio et de la télévision, traitant de ce sujet, que l’on entend plusieurs fois en fond sonore.
Un Dimanche comme les autres est un film extrêmement ouvert qui ne juge pas et encore moins condamne, invitant ses spectateurs à considérer ces trois protagonistes à la recherche du bonheur (empêtrés dans les paradoxes, parfois drôles, parfois déchirants) de leur vie, selon leurs propres critères et leur propre histoire.
C’est l’œuvre la plus personnelle du cinéaste, d’ailleurs c’est ainsi qu’il le considérait. Le personnage de Daniel ressemble beaucoup au réalisateur, comme lui il est juif et homosexuel, comme lui il a une passion pour la musique classique et en particulier l’opéra. La musique de Mozart est très présente dans le film.
Plus de trente-cinq ans après sa sortie, alors que John Schlesinger, décédé en 2003, connaît un immérité purgatoire artistique, ce qui frappe en revoyant Un Dimanche comme les autres c’est que outre sa grande qualité, il n’a rien perdu de sa singularité cinématographique.

 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
Publicité
Publicité
Dans les diagonales du temps
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité