Soderling au service
.
Arnaud Clément
POPB, Paris, novembre 2009..
La Havane est une ville envoutante et extraordinaire. Paradoxalement elle doit d'avoir préservé sa spécificité et donc sa beauté grâce, si je puis dire à l'embargo américain qui a épargné l'architecture coloniale et surtout celle du début du XX ème siècle qui est unique car elle a été partout détruite ailleurs, en Amérique centrale et dans les Caraibes. Autre paradoxe, j'ai retrouvé une douceur de vivre (apparente ne soyons pas dupes) dans cette ile sous un régime "communiste" comparable à celle que j'avais rencontrée dans le Portugal du "salazarisme" finissant, dans ce Portugal d'hier qui était préservé par un repli sur lui-même.
Comme ce préambule ne l'indique pas, ce billet va être consacré à un des artistes de "street art" les plus intéressants que j'ai pu rencontrer de par le monde, car, comme vous l'avez sans doute remarqué, je ne manque pas, lors de mes différentes escapades, de photographier les oeuvres de ces peintres des rues qui souvent embellissent les murs et parfois les dégradent; c'est encore un autre paradoxe; ce billet en comportera beaucoup, ce qui me parait inévitable lorsque l'on parle de Cuba...
Or donc rencontrons Salvador Escalona. La découverte se mérite car pour y arriver lorsque l'on vient du cartier historique d'Habana vieja et de sa place d'arme, point de départ le plus pratique pour toutes excursion dans la ville, il faut traverser tout le quartier Centro Habana car la ruelle décorée par notre peintre (qui a fait des émules dans les parages) ce trouve à l'extrémité du quartier près de celui de Verado.
Je vous conseille de traverser tout Centro Habana par l'intérieur pour admirer les bâtiments début de siècle dont je vous parlais plus haut et non de prendre par le Malecon, le boulevard du bord de mer, et ensuite le quitter par l'avenue qui lui est perpandiculaire, de Mencal; mais c'est aussi une solution. Il ne faut pas avoir peur de se perdre car El callejon de Hamel la ruelle peinte est connue des habitants qui se feront tous un plaisir de vous renseigner. Elle se trouve entre deux grandes avenue, Aramburu et Hospital.
Salvador Escalona est un peintre à la fois naif et fantastique. Peintre autodidacte, il se déclare inspiré par Dali, Miro, Picasso et les muralistes de la révolution mexicaine. Je dois dire que cela ne m'a paru évident à voir ses fresques sur les murs de son quartier pas plus qu'en visitant son atelier ou en le voyant peindre. La peinture de Salvador Escalona ressemble surtout à du Escalona et c'est très bien comme cela. Plus décelable dans son inspiration est celle d'une culture afro-cubaine avec ses divinités nées de tous les syncrétismes qui travaillent l'ile.
Le peintre a mis près de dix ans a décorer tout le pâté de maisons dans lequel il réside. Il ne peut s'agir d'un geste spontané dans un régime aussi autoritaire que celui de Castro. Toutes ces fresques n'auraient pas pu être peintes sans l'aval du pouvoir.
Salvador Escalona de son quartier de La Havane a essaimé ses peintures murales dans toute l'Amérique latine. Il voyage beaucoup mais lors de mon passage j'ai eu la chance de le rencontrer et de le voir peindre... dans sa rue, totalement dans sa bulle, étranger au vacarme qu'il l'entourait, tout à son oeuvre. A ce propos j'ai remarqué la grande faculté de concentration qu'on les cubains pour s'extraire du bruit de la ville et des incessants bavardages de leurs compatriotes (ci-dessous, le maitre au travail).
La rue, réservée aux seuls piétons, n'est pas seulement peinte (jusqu'au ciel), elle est encombrée d'installations avec comme objet récurrent la baignoire, sur l'une d'elle on peut lire: La nave del olvido (le navire de l'oubli). D'autres installations peuvent même être habitées (comme celle ci dessous). On y trouve aussi des sculptures diverses dont certaines semblent des sortes d'hôtels puisqu'elles reçoivent des offrandes.
Très organisé tout cela, je me baguenaudais le nez en l'air, les appareils photos fumants, lorsque j'ai été conduit fort aimablement dans la petite galerie où l'on peut acheter les oeuvres du maître (pas les celles sur les murs mais celles peintes à l'acrylique sur un fort papier à dessin ). Il y a un grand choix et on peut passer le temps que l'on veut à les admirer, certaines sont sur les murs mais la plupart sont en piles. Il faut fouiller! Elles sont d'un prix occidental modéré mais d'un prix cubain élevé. Pour emporter une oeuvre il est conseillé d'avoir un tube en carton assez long disons 80 cm et d'un bon diamètre, 15 cm pour ne pas casser le papier.
On m'a dit que les installations changeaient assez souvent donc on peut y revenir régulièrement. Très important il y a aussi une petite buvette qui sert un cocktail maison, le Negron bien requinquant après la traversée pédestre de La Havane.
La Havane, Cuba, décembre 2009
Shibuya est un des grands carrefours de la ville. C'est le plus grand carrefour piétonnier du monde. Il se trouve à la sortie de la gare du même nom qui est sur l'inévitable ligne Yamanote. C'est un peu le Time square de Tokyo avec ses publicités et écrans géants sur lesquels on découvre de jolis garçons.
nuit
La station de Shibuya est entre autres là où se donne rendez-vous les fashon victimes. A deux pas il y a le fameux magasin 109, ciblé teen ager. On le voit de très loin et son enseigne est attractive...
Non loin de là se trouve le grand magasin Parco pour lequel, jadis Bernard Faucon avait fait une belle publicité.
Bernard Faucon – Parco 1, 2 et 3 – 1991
Sur les images de Bernard Faucon, je laisse la parole à l'indispensable site Culture & Débats que l'on peut retrouver dans mes liens amis: << Dix jeunes garçons dorment sur une grande literie, lovés dans un léger duvet blanc. Seuls les bustes nus dépassent ; corps d'enfants fragiles, à la chevelure blonde ou brune, poings serrés, bras tendus.
Lentement, face à une lumière qui semble irradier de partout, hors du cadre de l'écran, dans son espace étroit, ils s'éveillent et se redressent, subjugués par un spectacle que ne peut percevoir le spectateur.
C'est un peu comme si le grain de la lumière et celui des épidermes enfantins partageaient le même secret, la même contemplation, la même texture intime.>>.
Encore plus près, il y a aussi un magasin de la populaire enseigne locale, Uniqlo.
Le lieu est plus spectaculaire la nuit que le jour. C'est d'ailleurs un des quartiers de Tokyo où l'on sort le soir. Le point de ralliement (particulièrement des jeunes) est la statue d'un gentil chien, Hachiko, extrêmement célèbre dans tout le Japon, dont voici l'histoire: Chaque soir Hachiko attendait son maitre au retour du travail. Un soir le professeur ne rentra pas. Il avait été terrassé à son travail par une crise cardiaque. Le chien revint chaque soir attendre son maître en vain durant dix ans jusqu'à ce qu'il disparaisse à son tour. La fidélité de Hachiko fit le tour du Japon et on édifia une statue en bronze à l'endroit où le gentil chien attendait. L'image du chien fidèle est aussi maintenant sur le mur de la gare.
Près de la statue du chien fidèle, il y avait ce soir là un joli minou...
Si beaucoup de jeunes se retrouvent ici, c'est qu'à proximité est situé Bunkamura un énorme complexe culturel contenant des salles de cinéma, de théâtre et de concert. Il y a aussi beaucoup de petites salles de théâtre à Shibuya qui est le fief de la musique avec donc des concerts et le plus grand magasin de disques et de dvd de la ville, Tower records de la chaine américaine du même nom, dont presque tous les magasins aux Etats-Unis ont fermé. On y peut admirer et acheter, j'ai craqué, les C.D de jeunes vedettes mignonnes à croquer.
On peut y acheter aussi des dvd de nanars japonais de science-fiction, promesses de moments délectables au second degré. Le carrefour est un endroit idéal d'observation. On y voit défiler beaucoup de beaux garçons...
La nuit, il y a encore plus de néons et de lumière qu'à Time square.
Tokyo, avril 2010
Autre attraction du quartier, les nombreuses boutiques de machines à sou, Pachinco, dans lesquelles le photographe n'est pas vraiment le bien venu...
Dans un tout autre ordre d'idée, il y a encore à proximité du carrefour, le premier et le plus grand magasin "Hands" du Japon. La caverne d'Ali baba pour tous les habiles de leurs mains bricoleurs ou artistes, pour tous les curieux et amateurs de belles choses sigulières et utiles. Tout par exemple pour réaliser en une sorte de pâte à modeler des miniatures de ce que l'on mange au Japon. Il y a aussi dans les parages une boutique Madarake. Je n'y suis pas allé mais j'en ai visité une autre, c'est pour une prochaine fois.
Okaihabara, Tokyo, Japon, octobre 2011
Si l'envie de posséder la réplique en miniature du bureau de ce bon docteur Goebbels vous taraude, une seule solution aller dans le quartier d'Okaihabara à Tokyo et arpenter les moult magasins de jouets qui s'y trouvent et puis cela peut faire un cadeau originale pour une petite fille ou pour un garçon sensible qui se consume de ne pas pouvoir jouer à la poupée. Le docteur Goebbels en petit format peut être une bonne alternative à Ken. Pour ne pas qu'il s'ennuie vous lui adjoindrez l'effigie de Goering plus mince que le vrai, très élégant dans son bel uniforme bleu pale.
.
Quelle bonne idée que cette exposition des plus belles couvertures de Vogue France, de 1920, année de l'apparition du journal à aujourd'hui (le premier numéro de l'édition américaine a vu le jour en 1892). On se remémore ainsi que le magazine a fait souvent appel à des peintres célèbres pour illustrer ses couvertures, Chagall, Hockney, Dali, Miro, Warhol... De célèbres actrices font également la une telles Brigitte Bardot, Catherine Deneuve, Elisabeth Taylor... La revue n'oublie pas non plus les modèles célèbres en leur temps comme Twiggy,
.
.
.
Magnifique couverture de 1929, signée Benito , bien de son époque. A la naissance du journal le peintre dessinateur espagnol Benito crée de nombreuses couvertures élégantes inspirée par le cubisme et l'art nègre.
.
Costellecci pour cette oeuvre a sans doute beaucoup regardé les toile de Chirico.
.
.
C'est Suzanne Lenglen, dessinée par Helen Dryden qui a les honneurs de la couverture d'un des tout premiers numéros de Vogue France.
.
En décembre 1985, David Hockney est le rédacteur en chef de ce numéro de fêtes. Pour le signaler, il choisit un tableau plein d'humour mais qui est assez peu représentatif de son travail.
.
1971, Salvador Dali maoise Marilyn...
.
Une belle imite au passage la pose de Caroline de Monaco, dans laquelle Andy Warhol l'a figée. Vogue se donne des allures d'Interview...
.
La une, due à Jean Pages d'un des derniers numéros de Vogue en 1940, avant sa rennaissance dans la France libérée en 1945. Le journal a refusé de paraître durant l'occupation.
.
Au centre, une couverture de Pierre Roy, audacieusement Vogue choisit une magnifique toile de ce peintre surréaliste, trop oublié.
.
.
Un mendiant et son chien, à la fois sous le regard d'Hitchcock, photographié par Philippe Halsman et d'une belle en fourrure par Horst P. Horst.
Au second plan une créature gracile, datée d'avril 1930, née du crayon de Georges Lepape qui sera en ce qui me concerne, la révélation de cette exposition. Dessinateur et affichiste il créa, jusqu'en 1939, une centaines de couvertures pour les Vogue français, américain et anglais. Pour elles, il inventera un monde sophistiqué et élégant...
.
En mars 1939, Benito dessine une colombe, symbole de la paix; un espoir qui ne passera pas l'été...
.
Helmut Newton, en septembre 1964, curieusement se met, en privilégiant ce rouge fichu de luxe, se met dans la droite ligne d'inspiration de Horst et de son chapeau bleu.
.
Horst P. Horst qui dans le privé aimait beaucoup les beaux garçons a surtout photographié les belles femmes. Il avait, comme le stipule le cartouche sous cette photo, le génie du détail et de la mise en scène, comme en témoigne la mise en valeur de ce chapeau bleu.
.
Irving Penn qui vient de disparaître, avait, en octobre 1959, immortalisé ce châle vert.
.
Une toujours élégante se souvient des parures de son bel âge...
.
Ci-dessous, cette élégante aux sports d'hiver, avec sa cagoule noire, le modèle à des faux airs d'Irma Vep, en décembre 1951, est une image de Robert Doisneau, ce qui sans doute en surprendra beaucoup qui ne voient en ce photographe que celui du réalisme social poétique du Paris des années 50.
Paris, octobre 2009.
Au premier plan, Mert Alas et Marcus Piggoff, en novembre 2008 montre Vanessa Paradis dans une représentation décalée. Juste derrière, dans les ocres, on voit une des couvertures signées Georges Lepape, datant de 1934, une des plus belles de l'installation.
L'exposition a été inauguré en présence d'Anna Wintour, le modèle du diable s'habille en Prada, et de Carine Roitfeld la rédactrice de l'édition française.