Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans les diagonales du temps
16 mars 2020

DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château roy

Dominique Mauries était mon ami. Il est parti trop tôt. Et il me manque toujours, avec qui puis je aujourd'hui passer des soirées à refaire le moyen-âge? Ton expression préférée était "c'est de la folie". Tu avais raison, mais alors je ne le savais pas, la vie c'est de la folie!

B.A.

 

DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château royal d’Amboise 13 août 1988

  

 

UNE FORÊT : profonde, pleine de rumeurs, parée de tous les mystères. Un temps, quelques moines, les guerriers de Dieu, s’y isolèrent, y fondèrent des ordres, y chantèrent huit fois par jour. Prières, mais aussi essartages, travaux de forge et de tissage, à grand ahan, selon les règles du monachisme, bien à l’écart de la société séculière et de sa superbe. Un temps aussi s’y cachèrent faidits, renégats de tous poils, mainades1, lépreux et ceux-là, les hérétiques, les Albigeois, qui, des manifestations du monde, ne voyaient que pièges du Malin, œuvre satanique. Les monts de Lacaune, plus précisément leurs versants méridionaux, ceux qui préludent à une autre montagne, celle-là dite Noire, celle donc des forces perverses, des secrets à demi-révélés : la femme à la quenouille, au lit et au coffre, y réside toujours. La vraie fée du logis. Une Mélusine2. Une sorcière. Une rebouteuse, aujourd’hui.

 

Nous y sommes, au mitan d’un été ; eux, un groupe d’enfants soustraits des obligations familiales et scolaires, moi, animateur dans un centre de colonie de vacances. la forêt : une promenade revendiquée dès le premier jour. Ce lieu d’errance attire, irrépressiblement, parce qu’il est le lieu de toute action romanesque. Il l’a toujours été. La forêt, nous dit Georges Duby, domaine des adolescences périlleuses, de tous les charmes délétères, qui redresse le torve et par quoi sont disciplinées les poussées de vie. Cette forêt, il nous faut donc l’apprivoiser, faire semblant de s’y perdre, s’y distinguer aussi. Surtout. Et qu’apparaissent, au détour d’un hallier, des murs en ruines, le décor, d’instinct, est dressé. Une tour, une palissade, des bauges3 de branchages, bref, un lieu de protection, une forteresse, un château. Aussitôt forclos. Cet espace exige la présence du seigneur. Il s’impose. Il est de grande force, de bonne mine, un homme de douze ans, un “nice jouvenceau”, ainsi nous est décrit, à l’orée du XIIIe siècle, Perceval enfant par Wolfram von Eschenbach. Des soldats, ensuite, qui le protègent. Des hommes-liges4. Des vassaux, et, par voie de conséquence, des serments : les crachats sur le sol remplacent les rites “de main et de bouche”. Et, pour en finir avec cette mise en scène, des règles, les règles du jeu : il sera guerrier. Il y a les bons, les méchants, les traîtres. Fi des préliminaires : l’affront est de taille. Un rapt ! L’enlèvement de la Dame, une gamine, une fillette, la seule avant accepté le rôle : est-elle donc si jeunette qu’on ne puisse la marier ? Palabres, défis, rognes, tumultes, assauts, pour elle, captive, apeurée, mais ravie, au coeur de cette escouade. Les voilà donc, ces benêts, en une aventure improvisée à quelques lieues du château de Ferrières5, égratignés, haletants, téméraires, bientôt moulus, d’aucuns occis, peu, l’épée en noisetier fichée entre bras et torse. Les agonies sont lentes, éminemment théâtrales, car il s’agit bien de cela : mimer des actions d’éclats, courir sus au félon, jouter, rançonner, c’est-à-dire prendre à bras-le- corps, par itération de gestes, les coutumes guerrières de ces êtres quasi légendaires qui peuplent l’imaginaire et enchantent l’enfance, toujours.

 

CES HOMMES, magnifiés par le conte ou découverts sur un manuel d’histoire médiévale, silhouettes singulières, attirantes, engoncées dans une carapace de métal et de cuir, ces tournoyeurs professionnels, ces chevaliers jetés dans une multitude de rixes mais dans peu de batailles, ces “Perceval”, ces “Gauvain”, ces “Lancelot”6, des errants qui se précipitent au moindre “combat de plaisance”, puis qui s’en retournent en une solitude si peu prisée en ces siècles mais glorieuse... Et ici, dans le tissu confus d’une forêt “soutaine7 et félone”, reproduire une coutume tant et tant de fois décrite, étudiée, enjolivée : la prouesse chevaleresque. Le Moyen Âge donc. Ou pour le moins son domaine attirant, haut en couleurs, pittoresque : le duel, la bousculade. Turbulente, bagarreuse, cette garçonnie transformée en conroi8 troque l’arme à feu contre l’arme noble, Arthur détrônant David Crockett. Mordred9 remplaçant un quelconque transfuge, Guenièvre10 se pâmant d’autant mieux que son front est serti d’une couronne de feuillages. Caricature naïve, tronquée, de la geste féodale ? Certes ! Le médiéviste bougonne, le professeur s’inquiète. Ecoutons celui-ci : « Moyen Âge à la mode [...], mais Moyen Âge qui imprègne les esprits moins par des connaissances précises que par l’exotisme qui s’en dégage. Époque rurale, immobile, le Moyen Âge adolescent est un espace de guerres continuelles et d’exactions seigneuriales, à la fois répulsif et attirant ». Constat abrupt, clairement énoncé, conforté par des réponses à un questionnaire précis, un examen, un test, si peu un jeu, si peu un plaisir, si peu le goût d’une quête, son amorce. Pour l’exemple : « Voici une liste de personnages historiques : certains ont vécu au Moyen Âge. Lesquels ? Voici une liste d’évènements historiques : certains se sont déroulés au Moyen Âge.

 

Lesquels ? Voici une série de dates importantes : certaines font partie du Moyen Âge. Lesquelles ? »... Voilà comment est enchaîné, dans un cul de basse-fosse, ce qui est « à la fois nos racines, notre naissance, notre enfance, et ce rêve de vie primitive et heureuse » dont nous parle Jacques le Goff.

 

LE MOYEN ÂGE adolescent, ou des âges exposés en proie... Il est temps, me semble-t-il, de s’égratigner à un buisson de questions. Que signifient ces termes : Moyen Âge adolescent ? Peut-on les énoncer en toute impunité ? Peut-on, a fortiori, les définir ? À quel Moyen Âge se réfère-t-on ? Celui du “haut”, du “moyen”, du “bas” Moyen Âge ? Celui des forêts ? Des abbayes ? Des cathédrales autour desquelles, essor prodigieux, se dessinèrent nos villes ? Est-ce celui de Régine Pernoud qui, pertinente, réserve ces vocables aux deux derniers siècles de notre histoire ? Est-ce celui de Jacques Le Goff qui nous dit que le Moyen Âge n’est pas une époque réductible au seul âge des ténèbres, acception au demeurant tout à fait erronée, mais une longue époque durant laquelle, à la pauvreté, aux épidémies, et aux bûchers répondirent la construction de Saint-Denis et de Notre-Dame, naquirent les universités, furent mis en lumière le système solaire et la circulation du sang, apparurent les fourchettes ? Époque extensible, long, long Moyen Âge, qui va perdurant, qui nous sollicite, qui nous enveloppe, nous qui craignons, comme aux approches de l’An mille, épidémies et cataclysmes... Autant de questions sur la difficulté de sérier mille ans d’histoire et dont les réponses restent variées, opportunes ou balbutiantes, mais stimulantes toujours. Autant de questions qui, en mon propos, en appellent d’autres. Le Moyen Âge adolescent... De quel adolescent parle-t-on ? Est- ce l’enfant qui ne sait pas écrire mais qui dessine inlassablement des châteaux et des rois ? Est-ce le pré-adolescent qui ignore tout de Crécy ou de Bouvines mais qui subtilise à la barbe des guides telle pierre de telle forteresse, vestige étiqueté, daté, et conservé parmi tant d’autres mêmement dérobés ? Est-ce cet autre pré-adolescent qui, sous une chaleur accablante, distribue des tickets de visite au pied de la montagne de Peyrepertuse11 et sait dire, par cœur et avec le ton, les premières laisses du “Canso” de Guillaume de Tudèle12 ? Est-ce cet autre adolescent, citadin celui-là, que je découvris déconfit et quelque peu colère de n’avoir obtenu que deux malheureux 10/20 à des exposés (dont les thèmes étaient délibérément choisis), le premier sur Robert le Diable13, le second sur Tristan et Yseult, devoirs dont je me porte garant quant à la qualité de la rédaction ? Il y a des professeurs qui, manifestement, n’aiment pas le Moyen Âge : a-t-on craint pour cet élève une déviance intellectuelle, voire politique ? Je l’ignore et ne peux user, au risque de déparler, du procès d’intention.

 

CES EXEMPLES, réunis bout à bout, peuvent nous amener à penser que le Moyen Âge adolescent, si tant est que nous puissions faire fi du caractère ondoyant, voire insaisissable des termes, doit être énoncé non comme une réalité pédagogique, circonscrite dans le temps et bridée par un programme, mais comme LA CONJUGAISON INTIME, SECRÈTE, entre UN RÉFLEXE LUDIQUE et un PENCHANT ESTHÉTlQUE, certes évanescent, hasardeux et informulé.

 

Laboureur opiniâtre de nos consciences, éveilleur de tous nos secrets, René Char, historien à sa manière, interroge : « Comment, faible écolier, convertir l’avenir et détiser ce feu tant questionné, tant remué, tombé sur ton regard fautif ? » Cet avenir n’est-il pas celui qui nous effraie, celui où, à l’instar des détrousseurs de l’An mille, nos guerriers nantis d’armes diaboliques, s’acharnent à vouloir détruire et « versent le sang des justes » ? Ce feu n’est-il pas le Moyen Âge lui-même, période devenue de jour en jour plus actuelle, familière, entêtante, ère durant laquelle nos aïeux, comme nous-mêmes, combattaient les ténèbres ? Et ce regard fautif de l’écolier démuni n’a-t-il pas été le nôtre, écarquillé, scrutateur, quand il se leva pour la première fois vers les voussures des cathédrales ? Et le maître de l’Isle-sur-Sorgue de répondre : « Le présent n’est qu’un jeu ou un massacre d’archers ». Alors, à trop dédaigner l’imaginaire frivole, enfantin, entaché d’ignorance — le mime chevaleresque des gamins des forêts n’est-il pas cela ? — risque de s’ouvrir en grand le portail des massacreurs, ces archers, ces hommes de pied que sont parfois les docteurs de l’enfance et du savoir. Pour l’âge dont je parle, talismanique14 s’il en est, — âge qui dépassait celui du “mignotage”15 et s’épuisait avant “l’adoubement”, soit aujourd’hui entre 7 et 13 ans d’après les conclusions extraites de l’ouvrage L’enfant à l’ombre des cathédrales — pour cet âge donc, le Moyen Âge ne s’étudie pas, ne s’apprend pas. Tout au plus, quand vient “octobre et la rentrée dans l’ordre”, se discipline-t-il avec force résumés chronologiques. Le Moyen Âge se picore au gré des forces vives de la nature, il se présente au travers d’une épée hâtivement fabriquée avec des planches, il subjugue dans les salles austères et angoissantes des donjons, il se révèle, criard, bariolé, mais combien séduisant, en quelques lices dressées pour des festivals estivaux... Ne l’oublions jamais : c’est notre PREMIER Moyen Âge, celui des douves et des huiles bouillantes, celui de Wilfrid d’Ivanhoé et du sire de Bois Guilbert16, celui que j’interroge, essayant d’analyser l’étonnant pouvoir de séduction d’une banale boite de conserve métamorphosée un jour en un heaume rutilant, gouaches vives et toutes fougères flottantes. Nous sourions de cette panoplie, gare à qui la renie ! Car la renier serait méconnaître le pourquoi d’un choix et d’une démarche qui nous réunissent pour la première fois en cette académie. Comme serait utile parfois le retour dans ces forêts du Morrois17 ou de Brocéliande18, en compagnie des acteurs nigauds de la fresque chevaleresque. Nous y boirions à nouveau à la fontaine d’un engouement, du moins pourrions-nous se dégourdir les jambes. Un univers médiéval, je l’ai dit, qui se picore, se présente, se révèle. subjugue. Puis qui s’épouse enfin, sans fausse pudeur, sans retenue, lors des longues soirées d’hiver, en des lieux clos, privilégiés, là où se dessinent d’incroyables labyrinthes ; je veux parler de ces scénarios fantasmatiques modernes que sont les jeux de rôles. C’est une nouveauté. Qu’elle soit simple toquade, violon d’Ingres de la colère des médiévistes, objet de dédain pour quelques professeurs acariâtres, source inespérée et inépuisable d’interprétations psychologiques, voire psychanalytiques où le fallacieux le dispute souvent au byzantin, cette nouveauté est d’importance.

 

LE DONJON de l’Effroi, Talisman, Pendragon19... Jeux pernicieux, trompeurs, à l’esthétique suspecte, favorisant chez l’enfant un réflexe schizoïde... Allons donc ! Dans son Apostille au Nom de la Rose, Umberto Eco écrit : « À la vérité. je n’ai pas seulement décidé de parler du Moyen Âge. J’ai décidé de parler DANS le Moyen Âge », démarche ambitieuse, option d’érudit, sujette justement au dédoublement de celui qui l’inaugure et qui paraît répondre à une autre préoccupation, celle de Roger Caillois qui, lui, se demande ce que peut être l’imagination juste. « C’est réunir, nous confesse-t-il, autant que faire se peut, les conditions d’une conjoncture heureuse ». Ainsi, tandis que le romancier italien introduit une notion qui lui appartient en propre et que le jeu de rôles suppose ipso facto — le parler vrai, le sens de l’ORALITÉ,

ce fil non coupé, selon Jacques le Goff, qui nous relie au Moyen Age —, celui qui scrute les roches, thésauriseuses d’histoire et qui, opportunément, nous entretient du Tarot des Imagiers du Moyen Age, définit le jeu comme un « excellent entraînement à imaginer juste ». Oralité, imagination, jeu. Les parallélismes entre l’univers forclos d’Adso et de Guillaume de Baskerville20, celui des Imagiers du Moyen Âge et celui de Pendragon, sont éloquents. Toujours le langage, l’image et le mythe. Des jeux, bien sûr, — celui d’Eco, une belle aventure, le jeu du détective ; celui de Caillois, la Figure21, un jeu à haut risque pour l’âme ; celui de Pendragon, qui est moins le catalogue exubérant des “topoï”22 accrochés à la mémoire collective que l’approfondissement ludique du mystère moyenâgeux — et ils sont révélateurs pour la connaissance de soi et des autres, en une époque qui, ici, nous sollicite. Voilà ce qui conduit l’enfant joueur qui ne sait rien de la Première Croisade, du meurtre de Thomas Beckett ou de la création de la Sorbonne, à épouser la quête des chevaliers de Pendragon, à s’immiscer corps et âmes dans leur existence, « à se mouvoir en maintes terres pour prix et aventures quérir ». Notre PREMIER Moyen Âge, je le répète, celui où nous étions espiègles, rêveurs, gothiques à souhait, c’est-à-dire un peu barbares et follement indisciplinés. Où nous étions, Mesdames, Messieurs, EN ATTENTE D’ÉRUDITION.

 

Si peu une leçon d’histoire au tableau noir, sous le couvert un peu pernicieux de la beauté des ruines, la magnificence des rois et l’austérité des livres, mais les réponses aux incroyables questions que d’aucuns parmi nous n’auraient pas envisagées il y a à peine dix ans : « Qui est-il, celui dont je mime l’aventure, cet autre vêtu d’un bliaut ou d’une cotte d’armes ? Quel est le secret de sa puissance ? Son intimité ? Enfin, par Dieu, est-ce que je lui ressemble ? »

 

Tronqué, extravagant, inepte Pendragon ! Ni plus tronqué, ni plus extravagant, ni plus inepte que ces images médiévales, complaisantes, plastiques à souhait, ces planches graphiques cousues de pillages, de viols, d’épidémies, de sang et d’infamies mettant à l’encan, sous le fallacieux prétexte d’une mise à jour culturelle de la bande dessinée23, toute propension aux rêves, ces rêves justement que le plus tard de l’enfance se chargera de déchiffrer, ce qui me semble œuvre de science et de perspicacité. « Je crois, c’est encore Jacques le Goff qui nous le dit, que l’importance nouvelle de l’imaginaire se développera encore dans le domaine de la science historique et de la science tout court ». L’enfant n’en est pas encore là, lui qui chevauche, toutes bannières flottantes, cette carte mirifique de Pendragon, étalée sur une table par le Maître du jeu chevaleresque, un pair, un compagnon, celui qui n’est plus le professeur qui vaticine mais le savant qui ouvre, audacieux, la porte de l’imaginaire médiéval. Ce qu’est le jeu de rôles, c’est bien cela, un détour nouveau quant à l’introduction au monde médiéval. On y meurt rarement, et si, par malheur, le jet des dés est néfaste — les dés, encore le jeu du hasard, tels les Tarots d’antan, la Sapience secrète du Moyen Âge —, l’autre sera là, toujours, pour secourir, offrir des points de vie et pardonner félonie et couardise.

 

QUI PARLE ? Richard Coeur de Lion et Guillaume le Maréchal, ou les jeunes acteurs du mime chevaleresque ? Tous, peut-être, malgré sept siècles d’intervalle. Pour les uns, ce sont murmures, paroles d’enthousiasme, ordres de stratèges. Pour les autres — mais le savaient-ils sur l’instant ? — c’était, tout bonnement, faire l’histoire. Écoutons : « Maréchal, l’autre jour vous avez voulu m’occire, et je serais mort sans aucun doute si je n’avais détourné de mon bras votre lance. Ce fut pour vous mauvaise journée.

- Sire, je n’ai jamais eu l’intention de vous tuer, ni ne m’appliquai à le faire. Je suis encore assez fort pour conduire une lance. Si je l’avais voulu, j’aurais frappé droit dans votre corps, comme je le fis dans celui du cheval. Si je l’ai tué, je ne le tiens pas à mal, ni ne m’en repens. - Maréchal, je vous pardonne. Jamais je n’en serai irrité contre vous. »

Poignant dialogue, non retranscrit sur les manuels d’histoire, mais pressenti toujours dans la marge d’un jeu en pleine nature ou dans celle d’un Donjon-Dragon, paroles qui émeuvent et tissent, entre l’enfant et cette “beste” sauvage qu’est le Moyen Âge, ce fil, oui, de l’oralité.

 

AU TERME de ce propos qui s’est voulu moins une conférence de médiéviste qu’une réflexion de romancier, une réalité, d’elle-même, s’impose. Que sont finalement ces réflexes ludiques conjugués à des penchants esthétiques, hasardeux, informulés, sinon une musette, un panier à goûter, pour cette traversée de ce long, long Moyen Âge ? Car ces mille ans de notre histoire, si entêtants et si fascinants soient-ils, entr’aperçus par l’enfant à l’ombre des forêts ou sur un livre dont il veut être le héros, ces mille ans nécessitent, voire obligent pour le voyage à de plus lourdes et encombrantes pourvéances24. Traversée périlleuse, étapes lointaines, lieux difficiles d’accès, Moyen Âge devenu alors, pour nous aujourd’hui réunis en cette académie, objet d’érudition, d’étude, de divergences parfois. Pour l’enfant et l’adolescent, il n’est qu’aventure, prétexte à travestissements, nigauderies, coloriages... Peut-être prémisse à la quête, pour quelques-uns, qui troqueront en effet la musette pour un bagage plus conséquent. Ceux-là découvrent un ouvrage d’histoire, ramassent une pierre, déchiffrent des spectacles comme ceux que nous offre, par exemple, ce festival. Pour les autres, ceux qui crient « pouce ! » au bord du chemin, soyons bienveillants. Mieux encore : retournons avec eux en ces lieux magiques que sont les forêts, jouons, et profitons de leur mime naïf pour raconter l’histoire de Léopold, ce mal aimé de Richard Cœur de lion. Il s’éteint, Léopold d’Autriche, des suites d’une blessure, blessure contractée lors d’un siège rondement mené, avec force prouesse et vaillance. Mais le siège de quelle forteresse, de quel château, de quelle place forte inexpugnable ? Un château de neige, tout simplement, construits par ses pages et que, par jeu, Léopold d’Autriche voulut conquérir... Séduisante anecdote, presque un fait divers, qui autorise à l’ébahissement et éveille la curiosité. Peut-on trouver plus belle introduction à l’apprentissage du Moyen Âge ? Alors, oui, pendant quelques instants, retournons dans les forêts en compagnie des nigauds de la fresque chevaleresque et racontons-leur l’histoire de Léopold d’Autriche 25 : au cœur de ce mois d’août de l’an 1988, au cœur de cet été où chaque pierre de chaque donjon fascine, où chaque abbaye nous accepte, où le Moyen Âge consent enfin à dispenser ses lumières, ce sera, me semble-t-il, notre plus belle preuve de reconnaissance et de modestie.

 

VOUS, LES CHEVALIERS D’AUJOURD’HUI, LES CONSTRUCTEURS DE DEMAIN... PROTECTION VOUS EST ACCORDÉE.

 

Dominique Mauriès Amboise - 1988

 

Notes:

 

1-  Mythologie grecque, ménades ou Mainades : disciples femelles de Dionysos. Par ext. compagnes.

2- Mélusine est une femme légendaire souvent vue comme fée, et issue des contes populaires et chevaleresques du Moyen Âge.

3- Refuge, hutte, petite cabane. 

4- Tenu par un serment envers son seigneur, avec des obligations mutuelles.

5- Localité du Tarn, avec une ancienne forteresse du XIIsiècle.

6- Dans la légende arthurienne, chevaliers de la Table ronde.

7. Solitaire, peu fréquentée.

8-  Cortège, escorte.

10-b Personnage de la légende arthurienne, fils du Roi Arthur.

10 Personnage de la légende arthurienne, femme du roi Arthur.

11- Un des châteaux dits “cathares”, situé dans le massif des Corbières, département de l’Aude.

12- Chanson de geste du XIIIsiècle en langue d’oc, qui raconte la croisade albigeoise de 1209 à 1219.

13- Personnalité légendaire du Moyen Âge, issu d’une tradition orale écrite au XIIIsiècle.

14- Influence positive, créatrice d’une personne, d’un groupe, d’une société, etc. 15- Traiter délicatement, de façon mignonne, entourer d’attentions, de soins délicats.

15- Personnages du roman Ivanohé de Walter Scott (1819).

16- Forêts où vivront cachés Tristan et Yseult. 18 Forêt mythique de la légende arthurienne.

17- Scénario et personnages d’un jeu de rôles dans un univers médiéval fantastique. Que dirait Dominique des jeux vidéo d’aujourd’hui !

20- Les deux héros du roman Le Nom de la Rose, d’Umberto Eco (1980-1987).

21- Roger Caillois (1913-1978), écrivain et sociologue, s’est penché sur la théorie de la fête, les figures de l'imaginaire humain, et la structure rationnelle des rêves et de l'imaginaire en général

22- Du grec « élément d’une topique », art de collecter les informations et de faire émerger des arguments. Les « lieux communs », ou vérités de bon sens, sur lesquels repose la pratique de l’argumentation naturelle.

23-Le nombre de bandes dessinées ayant pour thème le Moyen Âge est aujourd’hui impressionnant.

24- De “pourvoir” : fournitures nécessaires.

25 Dominique Mauriès écrira sur ce thème une histoire médiévale, La cavalcade de Bertil Roudière (ou Le semeur de trésors), publiée à titre posthume en 2006.

 

BIBLIOGRAPHIE

BIDON (D.A.) et CLOSSON (M.) : L’enfant à l’ombre des cathédrales, Presses universitaires de Lyon, CNRS, 1985. CAILLOIS (R.) : Préface à l’ouvrage de O. Wirth Le tarot des Imagiers du Moyen Âge, Tchou, 1966. CHAR (R.) : La nuit talismanique, Champs Flammarion, 1977.

DUBY (G.) : Saint Bernard - l’art cistercien, Champs Flammarion, 1979. ECO (U.): Apostille au Nom de la Rose, Le livre de poche, Biblio, 1985. ESCHENBACH (W.v.) : Parzival, Aubier Montaigne, 1977. LE GOFF (J.) : L’imaginaire médiéval, Gallimard, 1985.

MEDIÉVALES : Revue n° 13, automne 1987. MICHELET (J.) : La sorcière, Garnier Flammarion, 1966. PERNOUD (R.) : Pour en finir avec le Moyen Âge, Seuil, 1977 ; Richard Cœur de lion, Fayard, 1988. ! Extraits de : GUILLAUME LE MARÉCHAL, ou le meilleur chevalier du monde, retranscrit par Georges Duby, Folio Histoire, 1984. LE BRÉVIAIRE DU CHEVALIER, Les ateliers de la licorne, 1987.

 

Présentation, corrections et notes de ce document : Dominique Paviot. À l’intention de Zdenka Stepan, Lavelanet, juillet 2014

 

Je remercie Zdenka Stepan pour m'avoir confié ce beau texte. J'ai évoqué dans les billets de ce blog à plusieurs reprises Dominique Mauries.  B.A.

 

DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château royal d’Amboise 13 août 1988
DES ÂGES EXPOSÉS EN PROIE, Conférence écrite et donnée par Dominique Mauriès Académie d’été Moyen Âge et Renaissance Château royal d’Amboise 13 août 1988
Publicité
Publicité
16 mars 2020

Matt Lambert (2)

interview-matt-lambert-grindr-home-body-image-1482235439

 

interview-matt-lambert-grindr-home-body-image-1482235456

16 mars 2020

La Tamise peinte par Canaletto

 

 
Pont de Westminster  le jour du maire, 1746 

 
 
Londres, la Tamise le jour du maire, 1746-1747
 
Londres Vu d'une voûte du pont de Westminster, 1747
 
Londres, la Tamise et la City de Londres de Richmond House, 1747
 
La Tamise de Somerset House Terrace vers la ville, 1750-1751
 
Hôpital de Greenwich de la rive nord de la Tamise, c.1753
16 mars 2020

Le Gros, la Vache et le Mainate, opérette barge au Théâtre du Rond Point

Numeriser-copie-1.jpeg

  

Le rideau s'ouvre sur un couple de garçons en train de repeindre leur appartement. Ils attendent un heureux événement. L'un d'eux, le gros (Olivier Martan-Salvan) est enceint. Ils se chamaillent. Le gros reproche à Paul, son compagnon (Pierre Guillois par ailleurs auteur de la pièce et directeur du Théâtre du Peuple de Bussang de 2005 à 2011, où la pièce a été créée) ses infidélités. Arrive inopinément la vieille tante de l'un d'eux, la tante Schmurz ( Jean-Paul Muel que l'on avait vu, ici déjà formidable dans Perthus de Jean-Marie Besset) accompagnée de son mainate, Luis Mariano. Elle a un mois d'avance. Elle devait venir pour surveiller le bébé dans ses premiers jours. Alors que la tante Chose qui arrive tout de suite après la tante Schmurts devait assister « le gros » dans le dernier mois de sa grossesse. La tante Schmurz et la tante Chose (Pierre Vial) se détestent. Elles devront pourtant cohabiter quelques semaines dans l'appartement. Elles s'installent. Le rideau tombe, la pièce est très découpée, et s'ouvre de nouveau sur une place, sur laquelle, au milieu d'une fête ,le gros, accompagné d'un grand orchestre, chante et danse son bonheur d'être enceint et de sentir le bébé dans son ventre. La scène suivante est d'une toute autre tonalité. Au détour de la conversation entre les deux tantes, seules dans l'appartement, on apprend que l'accouchement a été tragique. Le pied droit du bébé ayant traversé la poitrine du parturient alors que le pied gauche de l'enfant a percé le dos de sa mère-père qui en a succombé. Les deux femmes sont dérangées dans leurs confidences par un employé du gaz, assez accorte. Il ne laisse pas les deux vieilles femmes indifférents. Il exécute un striptease complet. Des stripteases récurrents, toujours exécutés par le même comédien (Luca Oldani) dans des rôles différents, pompier, plombier, infirmier..., rythmeront régulièrement la pièce. Paul ramène l'enfant. Puis le gros, dans son cercueil revient chez lui. La veillée mortuaire commence... J'arrête là recension de cette pièce d'abord parce qu'il serait dommage de vous priver de sa découverte et qu'ensuite son implosion dans les scènes suivantes rend l'exercice périlleux.

Unknown

 

 

Je m'aperçois en relisant mon espèce de pitch que l'on pourrait croire que la pièce est triste et même sinistre alors qu'elle est tordante et que l'on rit d'une façon presque interrompue durant les deux heures qu'elle dure. Cet hilarité secouante parvient même à faire oublier l'incroyable inconfort des fauteuils de la salle Renaud-Barrault.

La crudité des propos et le scabreux des situations font que cette pièce animalière n'est pas pour tout public. Amis gérontophile, pédophiles, urophiles, scatophile, amateurs de flatulences sonores et de stripteases masculins vous y prendrez un grand plaisir; en revanche membre de Famille française ou de la fraternité de saint Pie X vous risquez d'être désappointés par ce que vous allez voir et entendre. De même ceux pour qui le théâtre est synonyme de Paul Claudel risque un choc culturel qui pourrait être préjudiciable à leur équilibre. Je précise cela car il pourrait se fourvoyez devant Le Gros, la Vache et le Mainate en raison de la présence à l'affiche de Pierre Vial qui a à son actif vingt ans de Comédie Française. Cette réflexion me conduit a préciser que les comédiens sont tous époustouflants.

Autre avertissement (car si la pièce ne se joue plus au Rond Point, elle part en tournée et fera peut être halte dans votre contrée), si la mise en scène de cet esthète qu'est Bernard Menez est hyper sophistiqué, visiblement les moyens ne sont pas complètement à la hauteur des ambitions du scènographe et une telle mécanique de précision peut connaître quelque ratées lors de la représentation à laquelle vous assisterez. Pour ma part, lors de l'avant dernière représentation à Paris, la vache a ostensiblement refusée d'apparaitre sur scène malgré les efforts de la troupe en revanche le mainate a été beaucoup plus coopératif survolant le public médusé (public où l'on pouvait constater que les vieilles tantes n'étaient pas uniquement sur la scène et où on y trouvait également de nombreuses crevettes ayant dépassée largement leur date de péremption) et le bombardant de fiente avant de se percher sur un spectateur du dernier rang sur lequel il a été récupéré par Jean-Paul Muel en personne.

Le Gros, la Vache et le Mainate est une expérience théâtrale que l'on oublie pas lorsqu'on a la chance de l'avoir vécue.

 

Unknown-1

  

« Après tout quand t’es vieux, qu’est-ce qu’il te reste comme plaisir, à part insulter les amis et faire peur aux gosses » Tante Chose

  

  

 

BA Le Gros, la Vache et le Mainate

  

         

 

16 mars 2020

En arpentant le Machu-Pichu

En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
En arpentant le Machu-Pichu
Machu-Pichu, Pérou, septembre 2015

Machu-Pichu, Pérou, septembre 2015

Publicité
Publicité
16 mars 2020

Agora, film d'Amenabar

  

Capture-d-ecran-2011-07-12-a-18.28.30.jpg

  

Alexandrie au quatrième siècle de notre ère, l'empire Romain se délite. Les fanatiques chrétiens sont en passe de faire régner l'intolérance et la terreur. Une femme philosophe et ses disciples s'interrogent sur le cosmos, dernières lumières de la raison avant les temps obscurs.

Voilà cinquante ans, que le grand amateur du péplum que je suis, se voyait présenté les chrétiens comme des agneaux et meilleur met des lions. Divine surprise! nous vient d'Espagne, enfin le réalisateur Amenabar est espagnol car la production est internationale, « Agora » qui nous les montre tels qu'ils étaient ( et qu'ils sont restés ) de sanguinaires obscurantistes. Ce n'est d'ailleurs pas que les païens ou les juifs soient meilleurs, plus éclairés ou plus doux, non, dans cette Alexandrie du quatrième siècle, ils se trouvent qu'ils ont la malchance de devenir minoritaires, passant ainsi, du jour au lendemain, de la situation de bourreaux à celles de victimes. Vieille histoire qui se répète probablement depuis des millénaires et qui semble avoir un bel avenir devant elle. D'ailleurs j'ai un délicieux petit tapis de prière, dans un de mes placards. Je le sortirais à bon escient lorsque les ignares mahométans seront majoritaires dans notre contrée, ce qui ne saurait tarder. Alors nombre de benêts pourrons dire, comme dans le film, cet adorateur d'Osiris se penchant sur la foule grouillante et hostile qui l'assiège: << Depuis quand sont-ils aussi nombreux?>>…

  

 

Le film fait un parallèle constant et pesant entre ces chrétiens d'hier et les islamistes d'aujourd'hui. Pour être sûr que le spectateur comprenne bien, chaque idée est assénée de nombreuse fois. Et pour appuyer encore un peu plus le propos de son scénaristeMateo Gil, le réalisateur a donné au chef des catéchumènes une gueule de repoussant ayatollah.

Les amoureux des reconstitutions antiques, dessinées par Jacques Martin, Chaillet et autres Dufaux et Delaby trouveront leur compte avec celles d'Agora somptueuses grâce à l'indiscernable aide numérique.

La distribution, très internationale, dans laquelle il n'y a pas de célébrité, excepté Michael Lonsdale que j'avais quitté dans "Banc public" acheteur de paillasson et que je retrouve avec plaisir, toujours aussi patelin, en toge, se tire très bien de l'exercice toujours difficile qu'est l'incarnation de personnages antiques. A noter que le jeune et bel esclave, Davus qui est amoureux d'Hypatia est interprété par le fils de feu Anthony Minghella, Max Minghella. 

Le film est, à travers sa seule figure positive, d'Hypatia, une belle et fière philosophe, qui m'a évoqué en féminin celle du Zénon de Margueritte Yourcenar, une ode à l'athéisme et à la raison. Annoncerait il le grand retour d'Auguste Comte (première manière car sur sa fin le chantre du positivisme s'est fourvoyé dans un ersatz scientiste de religion). Plus que par la dénonciation des intolérances et de la bêtise des religions, ce qui n'est tout de même pas inutile de rappeler en ce moment, je m'étonne que cela nous vienne d'Espagne où la religion catholique est encore prégnante , mais c'est peut être la raison de la vindicte d'Amenabar, c'est par la peinture du petit groupe de lettrés qu'il nous propose qu'Agora m'a intéressé. A une époque ou l'anti intellectualisme se porte bien on ne peut que saluer un film qui met en son centre le savoir.

  

 

 


 

 



 


 

 

  

Le mythe féminin d'Hypatie a eu de multiples interprétations comme nous le rappelle le philosophe américain John Thorp:
 

 

 

« Hypatie est l'héroïne idéale. Elle était charismatique ; elle mourut horriblement ; elle fut au centre d'un jeu compliqué de tensions politiques et religieuses ; et – la qualification la plus importante pour le statut de héros – en fin de compte nous savons très peu sur elle de façon claire et certaine. Une étoile qui brille, certes, mais vue à travers les brumes du temps et de l'oubli. Nos incertitudes invitent la construction d'une héroïne. L'un des principaux thèmes des études récentes sur Hypatie est précisément la diversité des interprétations de son histoire. Un livre italien, d'Elena Gajeri, portant le titre Ipazia, un mito letterario – « Hypatie, un mythe littéraire » suggère qu'Hypatie, telle que nous la connaissons, est une construction de l'imaginaire plutôt qu'une réalité de l'histoire. »



 

 

« Déjà dans l'antiquité tardive elle était une héroïne païenne pour avoir été massacrée par les chrétiens, ou encore une héroïne des ariens pour avoir été massacrée par les orthodoxes, ou encore une héroïne des chrétiens de Constantinople pour avoir été massacrée par les chrétiens intempérants d'Alexandrie. Plus récemment elle s'est vue traiter d’héroïne anticléricale, victime de la hiérarchie ; héroïne protestante, victime de l'église catholique ; héroïne du romantisme hellénisant, victime de l'abandon par l'Occident de sa culture hellénique ; héroïne du positivisme, victime de la conquête de la science par la religion ; et, tout dernièrement, héroïne du féminisme, victime de la misogynie chrétienne. Femme polyvalente ! »


 

« Vous avez donc, chez Hypatie, tous les éléments idéaux pour une histoire captivante : il y a le fait exotique, dans l'antiquité, d'une femme mathématicienne et philosophe ; il y a son charisme indéniable ; il y a l'élément érotique fourni par sa beauté et par sa virginité ; il y a le jeu imprévisible des forces politiques et religieuses dans une ville qui a toujours connu la violence ; il y a la cruauté extraordinaire de son assassinat ; et, en arrière-plan, le sentiment profond d'un changement inexorable d'ère historique. De plus il y a notre manque d'informations claires et précises sur elle, ce qui permet aux fabricants de légendes de remplir les lacunes comme ils veulent »



Nota:
1- l'augmentation de mon précédent billet doit tout à l'excellent site Mes couleurs du temps: http://mescouleursdutemps.blogspot.fr
2- quelques précisions historique sur Hypatie 
Hypatie par Charles William Mitchell, 1885 (via : wikipedia)
Hypatie d'Alexandrie (en grec ancien Ὑπατία / Hypatia, v. 370-415) était une mathématicienne et une philosophe grecque. 
Son père Théon d'Alexandrie, dernier directeur du Musée d'Alexandrie, fut éditeur et commentateur de textes mathématiques. Il éduqua sa fille en l'initiant aux mathématiques et à la philosophie.

Hypatie fait ses études de sciences, philosophie et éloquence à Athènes. Elle travaille aussi dans le domaine de l'astronomie et de la philosophie. Elle écrit des commentaires sur L'Arithmétique deDiophante, sur Les Coniques d'Apollonius de Perga et sur Les Tables de Ptolémée. Ses exposés publics à Alexandrie, où elle défend les thèses néoplatoniciennes (sans l'influence de Plotin) lui valent une grande renommée. Cependant aucun de ses travaux ne nous est parvenu, en particulier à cause de l'incendie final de la Bibliothèque d'Alexandrie; cela explique sa faible notoriété. 


L'historien chrétien Socrate le Scolastique rapporte dans son Histoire ecclésiastique (vers 440) :
«Il y avait à Alexandrie une femme du nom d’Hypatie; c’était la fille du philosophe Théon; elle était parvenue à un tel degré de culture qu’elle surpassait sur ce point les philosophes, qu’elle prit la succession de l’école platonicienne à la suite de Plotin, et qu’elle dispensait toutes les connaissances philosophiques à qui voulait; c’est pourquoi ceux qui, partout, voulaient faire de la philosophie, accouraient auprès d’elle. La fière franchise qu’elle avait en outre du fait de son éducation faisait qu’elle affrontait en face à face avec sang-froid même les gouvernants. Et elle n’avait pas la moindre honte à se trouver au milieu des hommes; car du fait de sa maîtrise supérieure, c’étaient plutôt eux qui étaient saisis de honte et de crainte face à elle. 

Contre elle alors s’arma la jalousie; comme en effet elle commençait à rencontrer assez souvent Oreste, cela déclencha contre elle une calomnie chez le peuple des chrétiens, selon laquelle elle était bien celle qui empêchait des relations amicales entre Oreste et l’évêque. Et donc des hommes excités, à la tête desquels se trouvait un certain Pierre le lecteur, montent un complot contre elle et guettent Hypatie qui rentrait chez elle : la jetant hors de son siège, ils la traînent à l’église qu’on appelait le Césareum, et l’ayant dépouillée de son vêtement, ils la frappèrent à coups de tessons; l’ayant systématiquement mise en pièces, ils chargèrent ses membres jusqu’en haut du Cinarôn et les anéantirent par le feu. Ce qui ne fut pas sans porter atteinte à l’image de Cyrille d'Alexandrie et de l’Église d’Alexandrie; car c’était tout à fait gênant, de la part de ceux qui se réclamaient du Christ que des meurtres, des bagarres et autres actes semblables soient cautionnés par le patriarche. Et cela eut lieu la quatrième année de l’épiscopat de Cyrille, la dixième année du règne d’Honorius, la sixième du règne deThéodose, au mois de mars, pendant le Carême.» 
 Source : wikipedia
16 mars 2020

un inédit de Paul Morand, Terre chaude de Manille

un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
un inédit de Paul Morand (2), Terre chaude de Manille
16 mars 2020

Tobias Malmberg

Tobias Malmberg
Tobias Malmberg
Tobias Malmberg
Tobias Malmberg
Tobias Malmberg
Tobias Malmberg
Tobias Malmberg
Tobias Malmberg
Tobias Malmberg

 

16 mars 2020

Sévices

Sévices
16 mars 2020

Italian boy, 1961. Herbert List

tumblr_px7ephq2Qj1qbp3lao1_540

Publicité
Publicité
Dans les diagonales du temps
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité