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Dans les diagonales du temps
14 mai 2020

LE PLUS BEAU PAYS DU MONDE de Marcel Bluwal

 

  

Fiche technique :

 
Avec Jean-Claude Adelin, Claude Brasseur, Jacques Bonnaffé, Marianne Denicourt, Thierry Lhermitte, Didier Bezace, Daniele Lebrun, Jean-Pierre Cassel, François Berléand, Laurent Malet et Maurice Barrier.

Réalisé par Marcel Bluwal. Scénario de Jean-Claude Carrière. Compositeur : Antoine Duhamel. Directeur de la photographie : Philippe Pavans de Ceccaty.


France, 1998, Durée : 120 mn. Disponible en VF.

 

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L'avis critique

 
Les films français sur le cinéma sont rares (La Nuit américaineLe Schpountz, Laissez-passer ...). Les films sur Vichy aussi. Ce passé, qui ne passe pas, s’est assez bien passé pour la grande famille du cinéma français – tout du moins pour ses membres qui n’étaient pas juifs... La période n’a engendré que peu d’œuvres, qu’il ne faut pas confondre avec le cinéma sur la résistance pour ne pas dire résistansialiste (La Ligne de démarcation, La Bataille du rail, L’Armée des ombres...), ni avec les film qui prennent cette époque comme toile de fond. Il y a bien sûr le Pétain de Chabrol, le très beau Hôtel du parc, on peut citer aussi moins centraux mais passionnants Drancy Avenird’Arnaud Pallières en 1997 et Milice, film noir d’Alain Ferrari en 1998 et quelques autres, c’est peu. Le Plus beau pays du monde, le titre sous-entend le cinéma qui était dans ces années noires l’incontestable plus beau pays du monde et un refuge virtuel pour beaucoup, défriche un terrain vierge de notre cinématographie. Il y a eu depuis Laissez-passer, le chef-d’œuvre de Tavernier.

 

 

 

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Le film nous raconte une histoire vraie : la naissance d’un film, Mermoz, de l’idée de départ jusqu’à sa sortie en passant par son tournage. En cela il serait déjà un exceptionnel document pédagogique et l’on peut faire confiance à Marcel Bluwal en la matière, si cette histoire se situait en une période historique normale, inscrite en pleine occupation ce film sage devient un brûlot tant il peint la grande famille du cinéma français comme un conglomérat d’opportunistes égoïstes. Le film se hisse à la tragédie lorsque l’on apprend que la vedette de Mermoz, Robert Hugues-Lambert est arrêté en plein tournage par la police allemande à cause de son homosexualité affichée (?). Jean-Claude Adelin, que l’on avait découvert incandescent dans le beau Buisson ardent de Laurent Perrin en 1987, compose un Lambert candide, courageux... et acteur médiocre. On passe au burlesque le plus noir dans la scène dans laquelle on tend au malheureux prisonnier un micro par-dessus les barbelés de son camp, le camp de transit de Compiègne, à deux heures de vélo de Paris, pour qu’il sonorise une scène qui avait été tournée mais était restée muette. Le metteur en scène n’hésite pas à lui demander d’y mettre un peu plus d’entrain ! Entre autre « détail » sinistre, on apprend horrifié qu’un hôtelier louait les chambres de son établissement qui avait vue sur le camp à tous ceux qui voulaient jeter un dernier regard sur un être cher avant qu’il soit déporté !

 

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Le Plus beau pays du monde est paradoxalement un hommage au cinéma des années 40, dans le sens d’une certaine justesse des dialogues, et surtout de la manière dont il met merveilleusement en valeur les seconds rôles. Il n’y a d’ailleurs pas vraiment de premier rôle dans ce film. Chacun des 25 personnages parlants possèdent une épaisseur et donnent autant de directions différentes au film, le relançant à chaque scène. Bien sûr la mise en scène n’a pas la fluidité de celle du Dernier métro de Truffaut, auquel on ne peut s’empêcher de penser. Le talent de Bluwal n’est pas seul en cause : la différence majeure entre les deux films est que les protagonistes du Plus beau pays du monde n’ont pas le même désir de cinéma que ceux duDernier métro avaient de désir de théâtre et d’amour, les deux désirs à l’unisson l’un de l’autre étaient immenses.

 

 

 

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En montrant mille détails de la vie quotidienne des parisiens pendant l’occupation, Marcel Bluwal réussit à nous faire ressentir le climat de ces années-là. Il rend tangible cette peur de perdre le peu de liberté et de libre arbitre qu’il reste, la peur de ne pas avoir à manger, la peur d’être dénoncé, la peur de perdre la vie, peur d’être pris pour un autre. Là où Losey dans le beauMonsieur Klein montrait la lente descente d’un homme unique vers l’oubli (inoubliable Alain Delon), Marcel Bluwal filme un groupe, ici le petit milieu cinématographique, ni meilleur ni pire qu’un autre et représentatif du moral de la plupart des Français d’alors avec toutes ces petites lâchetés et vilenies qui émaillent le quotidien de ces gens et qui ne font que traduire cette terreur (non dénuée de fondement) de plonger dans l’oubli de la déportation, dont on ignore les modalités mais que l’on pressent horrible, ce qui est au premier comme au second degré le thème majeur du film. Il est toutefois dommage que ce ne soit que dans les dix dernières minutes du long métrage que l’on apprenne par des documents d’archives que ce Lambert a réellement existé et qu’il a été arrêté une semaine avant la fin du tournage pour « oisiveté », en réalité à cause de son homosexualité et qu’il est mort en déportation.

 

 

 

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Le scénario de Jean-Claude Grumberg utilise habilement, même si il prend des libertés avec la réalité, le mystère qui entoure Lambert (est-il un résistant, un espion ?) L’intérêt est constamment soutenu grâce, entre autre, aux scènes de comédie sur le fil du rasoir un peu à la manière de celles de La Traversée de Paris et de la pièce du même Grumberg: L’atelier.
C’est toute une époque du cinéma que fait revivre Le Plus beau pays du monde… Il nous montre un cinéma encore en lutte contre le théâtre, comme si l’un était le parent pauvre de l’autre. Il dénonce aussi l’aveuglement qui saisit des artistes qui sont prêts à toutes les compromissions pour que leur œuvre, même médiocre, voie le jour. Si le cinéma prend ses repères dans la vie, il n’est pas la vie. Il peut embellir la réalité mais aussi l’ignorer.
Parlant de Mermoz, le colonel Valogne (Thierry Lhermitte) dit à son réalisateur (Didier Bezace) : « Notre film est destiné à la jeunesse française. » Marcel Bluwal destine son film à la jeunesse pour qu’elle ne soit pas oublieuse, à ceux qui ont vécu cette époque et surtout à tous les fous de cinéma. Jacques Lourcelle, qui pour une fois quitte l’âge d’or du cinéma américain, résume bien ce qu’il faut penser du film. « À travers beaucoup de bassesses parfois même comiques, le tragique néanmoins affleure ! Il y a un aspect, une dimension dérisoire typique des milieux traités qui fait l’originalité de ce film. Le film de Bluwal écrit par Jean-Claude Grumberg est habilement et brillamment interprété: Riche en personnages et détails significatifs. Il brasse une matière à la fois douloureuse et passionnante insérée dans une très authentique reconstitution de tournage. » On peut regretter que Marcel Bluwal ait cru bon de changer les nom des protagonistes à l’exception de celui de Lambert.
En 1943, Robert Hugues-Lambert interprète le rôle du plus célèbre des aviateurs français dans le film Mermoz de Louis Cuny. L’un des seuls films de toute la production cinématographique française de l’occupation que l’on peut qualifier de vichyste. La première du film a lieu le 14 octobre 1943 à l’Opéra de Paris. Dans le palais Garnier, le tout-Paris de la collaboration se presse, même Max Bonnafous, ministre de Vichy a fait le déplacement. Dans la revue Le Film, le gala est évoqué en ces termes : « Pour la première fois depuis la guerre l’Opéra de Paris a servi de cadre à une grande manifestation cinématographique... » Il y a pourtant un grand absent à ce grand raout : Robert Hugues-Lambert, l’interprète du rôle titre. Il se trouve au même moment au camp de concentration de Buchenwald sous le matricule 21623. Il a été arrêté 7 mois plus tôt par la police allemande en plein tournage de Mermoz. Qui était-il et pourquoi a t-il été arrêté ?
Il naît à Paris le 1er avril 1908, son vrai nom est Lambert tout court, Hugues n’est encore que son prénom et Robert que son deuxième prénom. Ses parents sont tous deux employés au BHV. Après une enfance sage, il passe son brevet à 15 ans. Le collégien joue déjà au théâtre dans une troupe d’amateurs dont son père fait partie. Il suit des cours de théâtre. À 18 ans, il part au service militaire chez les chasseurs alpins. À son retour, il tente sa chance sur les planches. Il est engagé à l’Odéon mais il oublie de se présenter le jour de la première ! Il rejoint ensuite une tournée qui joue dans la France entière : la tournée Barret. Drôle, léger et inconscient, dans cette France du début des années 30, il affiche son homosexualité et parle de sa vie sexuelle comme un hétérosexuel parlerait de la sienne. Ce naturel, cette absence de honte sont perçus, à l’époque, comme de la provocation. En 1939 il est mobilisé et envoyé au front pendant la Drôle de guerre. Il revient à Paris après la défaite. En 1941, il remplace Alain Cuny dans Le bout de la route au théâtre des Noctambules, rue Champollion. En 1942, à la grande surprise de ses camarades, il abandonne la pièce car il est choisi pour jouer le rôle titre dans le Mermoz que va réaliser Louis Cuny. Son élection ne tient pas tant à son talent qu’à son étonnante ressemblance avec le héros de l’aviation disparu en 1936 et... compagnon de route du mouvement droitier du colonel de la Rocque (pour en savoir plus sur cet épisode, il faut lire la somme de Jacques Nobécourt : Le colonel de la Rocque 1885-1946 ou les pièges du nationalisme chrétien chez Fayard), puis du PPF de Jacques Doriot. Il doit aussi sa chance aux prétentions financières exorbitantes de Pierre-Richard Willm, alors grande vedette, qui avait été contacté en premier pour interpréter le rôle. Lambert se trouve pour sa toute première apparition à l’écran dans un premier rôle aux côtés de comédiens chevronnés : Héléna Manson (l’infirmière dans Le Corbeaude Clouzot), Jean Marchat (le méchant du Remorque de Grémillon), Lucien Nat, alors au sommet de sa carrière (on le retrouvera bien des années après dans Les Amitiés particulières).

 

 

 

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Le cinéma français se porte très bien en ces années de guerre ; certains ont même parlé d’un Âge d’Or du cinéma français. Les allemands, comme Vichy, tiennent à donner aux Français une impression de normalité et surtout à les distraire pour oublier les privations et surtout, il faut bien le dire, pour les empêcher de réfléchir. La production des films entre dans cette stratégie. Dans cette optique, les films légers sont les films les plus aidés. La plupart des œuvres de l’époque sont aidées par des subventions diverses. Mermoz ne fait pas exception à la règle. La production reçoit plus d’un million de francs. Ce que niera ensuite le producteur du film : André Tranché. Si le montage du film fut difficile, c’est peut-être qu’il était un des rares films vraiment vichystes de l’époque. Jean-Pierre Bertin-Maghit, l’auteur du meilleur livre sur le cinéma de cette période : Le Cinéma français sous l’occupation aux PUF, parle de Mermoz en ces termes : « Mermoz est l’un des rares films de la période où soient réunis un ensemble de signes fascisants : le pilote de l’aéronautique, en particulier, est un héros solitaire, engagé dans une œuvre d’utilité collective au prix d’une lutte contre la bureaucratie et les forces d’argent qui lèsent les intérêts de l’individu comme de la nation entière. » Pourtant, lors de la sortie du film, la centrale catholique émettra tout de même une réserve : « Bon film qui montre l’énergie et le courage au service d’une grande tâche et qui magnifie l’effort. Cependant présence d’une fille, allusions grivoises, jurons, mots grossiers. »
Le monde du cinéma d’alors était surtout opportuniste. Pour s’en convaincre, il suffit de lire le stupéfiant Journal 1942-1945 de Jean Cocteau paru en 1989 chez Gallimard. La persécution des juifs, nombreux dans les métiers du cinéma, comme le dénonçait Lucien Rebatet, le très écouté critique de cinéma de l’hebdomadaire ultra collaborationniste Je suis partout, dans son pamphlet antisémite : La tribu du cinéma. Les combattants (Gabin, Jean-Pierre Aumont, Claude Dauphin...), les prisonniers de guerre (Bernard Blier, Pierre Bost...) et les exilés (Jouvet...) avaient créé de larges béances dans les rangs de « la famille du cinéma ».
Le maréchal Pétain s’intéresse au projet. Il charge le sculpteur François Cogné (celui-là même qui avait réalisé le buste du chef de l’État français qui devait remplacer le buste de Marianne dans toutes les mairies de France) de veiller à sa bonne exécution ! Il y aura une avant-première à Vichy le 11 octobre 1943, en présence du maréchal Pétain et de la mère de Mermoz. Mais pour en arriver là, ce n’aura pas été sans mal. Les problèmes viennent surtout du jeu de Lambert trop théâtral, trop « Comédie Française ». Le réalisateur, lui aussi débutant, devait faire de nombreuses prises pour chaque scène à une époque où la pellicule était rare. Mais le problème le plus aigu est le filmage de la scène figurant l’accident d’avion dans la Cordillère des Andes. Le tournage de cette scène était prévu au départ en décor naturel, mais il s’avère bientôt impossible de transporter un avion des années 30 dans les Alpes. Il faut donc tourner en studio. Un panorama de montagnes enneigées est construit dans le studio de la rue François 1er, aujourd’hui les locaux de la radio Europe n°1, pour la somme exorbitante de 1 200 000 francs. En outre, certaines scènes devaient être tournées dans la zone libre, mais l’invasion de celle-ci en novembre 1942 rend le tournage impossible. Tous ces contretemps allongent la durée du tournage. Les comédiens en profitent pour réviser leurs exigences à la hausse.

 

 

 

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Mais la vraie catastrophe, c’est l’arrestation le 3 mars 1943 de Lambert. Il reste encore plusieurs scènes à tourner ! Comment finir un film sur Mermoz, sans Mermoz ? L’équipe de production trouve une solution de colmatage. Dans les scènes qui restent à tourner Mermoz n’apparaîtra que de dos. Il sera interprété par Henri Vidal qui, de dos, ressemble à Lambert. Tranché aurait eu cette idée après qu’un barman d’un café, le Silène, près du studio de la rue François 1er, lui eut parlé de la ressemblance entre les deux hommes. Curieusement, Henri Vidal, qui épousera Michèle Morgan en 1949, n’a jamais évoqué cet épisode de sa vie à celle-ci. L’idéal serait de doubler les images d’Henri Vidal avec la voix de Lambert. La production apprend que ce dernier est enfermé au camp militaire de Compiègne-Royallieu, rebaptisé Front Stalag 122. Seule solution : se rendre sur place pour enregistrer la voix du prisonnier.
André Tranché est alors un jeune producteur de 29 ans qui a beaucoup misé sur Mermoz. Il raconte : « J’ai téléphoné à un ami qui habitait Compiègne et qui avait le bras long. Il a tout arrangé. Je suis parti pour Compiègne accompagné d’André Cottet, le patron des studios des Buttes Chaumont. Mon ami m’avait indiqué le chemin vers le camp de prisonniers. J’ai approché le cul de la camionnette d’enregistrement le long du mur et je suis monté sur le toit. Tout était prévu. Lambert nous attendait de l’autre coté. J’ai déployé la perche au-dessus de l’enceinte et des barbelés avec le micro au bout. Hugues avait 10 ou 12 phrases à dire et il avait le texte en main ; je lui avais fait parvenir par un intermédiaire qui lui avait expliqué que je voulais le faire relâcher. Après l’enregistrement, j’ai dû lancer : Allez, à très bientôt ! »
En réalité, pas plus Tranché qu’un autre ne fera de démarches pour libérer Lambert. Tranché fait en 1999 cette déclaration ignoble à Marc Epstein de l’Express : « De mon point de vue, le film était terminé. Dans les années 30, un grand producteur américain m’avait donné un conseil : « Mon petit, si vous voulez faire du cinéma, dites-vous bien qu’un acteur, c’est un ouvrier, il est comme le plombier qui vient réparer le robinet. Il doit travailler. Ces gens-là, c’est rien. Ça ne sert à rien d’être copain avec eux. » Je ne l’ai jamais oublié. » On ne saurait mieux dire ! À noter que le sieur Tranché a sévit dans le cinéma jusque dans les années 70 comme scénariste. On lui doit entre autres la version française du Grand silence de Corbucci. Ils avaient obtenu ce qu’ils voulaient : le film était sauvé, peu leur importait le destin de Lambert. Alors que très probablement la moindre démarche un peu appuyée aurait permis de le faire libérer. Le père de l’acteur comptait sur les messieurs du cinéma pour le faire libérer.
Le réalisateur, lui aussi, continua de tourner en tout une dizaine de films dont le dernier en 1959 s’intitule Symphonie pour un homme seul, il est peu probable malgré le titre qu’il ait alors songé au malheureux Lambert.
Le mystère des raisons et des conditions de son arrestation demeure. Il n’est pas certain, comme le dit Tranché, que Lambert ait été raflé dans un bar homosexuel. Une rumeur voudrait qu’il ait eu une liaison avec un officier allemand et qu’il aurait été dénoncé comme homosexuel par un autre officier allemand jaloux de son camarade ! Une chose est certaine : si son arrestation est due probablement indirectement à son homosexualité, celle-ci ne peut pas en être la cause directe et encore moins officielle. Les homosexuels, nombreux dans le monde du spectacle du Paris de l’occupation, n’ont jamais été inquiétés. Dans la distribution même deMermoz, Jean Marchat qui joue le rôle de Saint-Exupéry vécu toute sa vie avec Marcel Herrand, l’interprète de Lacenaire dans Les Enfants du paradis ; Jean Weber, qui présenta une partie de la soirée de gala à l’Opéra de Paris, fut l’un des premiers acteurs français à évoquer ouvertement, dès 1935, son attirance pour les hommes. Serge Lifar, qui dansa le même soir sur une musique originale d’Arthur Honegger, était l’ancien amant de Serge Diaghilev, le créateur des Ballets russes.

 

 

 

 

  

 

Commentaires lors de la première édition du billet

André Tranché

Bonjour ,
Il y' a 20 ans , j'ai participé a un stage d' acteur au studio 407 chez Mr André Tranché . Les evenements de ma vie ont fait que je n'ai pas perseveré dans cette voie .
J' avais donc rencontré Mr Tranché .
Avez vous d'autres informations , Qu' est il devenu ?
En vous remerciant .
Cordialement ,
JF Mollere

Posté par Mollere, 19 janvier 2008 à 18:44

En réponse à JF Mollere

Malheureusement je n'ai aucune information sur la suite de la vie de Mr Tranché qui ne devait pas être dissert sur cette période de son existence. Dans le cas contraire je serais curieux de savoir comment il présentait ces années là. Merci de votre commentaire
Posté par Bernard Alapetit, 19 janvier 2008 à 19:14

 

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20 avril 2020

Souvenir de Marnie

 

Souvenir de Marnie

 

Il n'est jamais judicieux de révéler le résumé d'un mélo car son charme risque de s'évaporer dans les mots. Le dernier animé des studios Ghibli, « Souvenir de Marnie » est un pur mélo et il a beaucoup de charme. Sachez que ce film est pour vous, si vous aimez les vieilles maisons un peu brinquebalantes ( Hiromasa Yonebayashi, le réalisateur, dont c'est le deuxième film après le très beau Arrietty, les aime assurément), ouvrir leurs fenêtres sur une baie ensoleillée où toussent de petits bateaux de pêche, observer les courlis qui picorent la vague, admirer le lent rougissement des tomates... Comme tous les cinéaste de Ghibli, le réalisateur à la nostalgie d'un Japon bucolique et agricole d'avant l'industrialisation. Souvenir de Marnie présente une image idéalisée de la campagne nipponne. C'est une vision récurrente dans tous les films de Ghibli mais elle est aussi largement partagée par toute l'animation japonaise. Si le film se déroule aujourd'hui, il est surtout une réflexion sur le temps et la filiation à travers les destins croisées de deux jeunes filles. N'oubliez pas votre mouchoir mais je vous rassure cela se termine bien. Les petite fille vont adorer (je dois en être une.).

Souvenir de Marnie n'est pas le plus grand film sorti des studio Ghibli, il est parfois un peu trop insistant mais c'est un beau film comme il n'y en aura pas beaucoup cette année. Je ne prend pas trop de risque en faisant ce pari.

Souvenir de Marnie
26 mars 2020

Saint Laurent, un film de Bonello

 

Saint Laurent, un film de Bonello

 

Le « Saint-Laurent » de Bonello marque d'une pierre blanche l'histoire du cinéma français en dépit de ses faiblesses. Car il est un des très rares films français à montrer deux choses qui font pourtant la chair de chaque vie: le temps et le travail.

Il est impossible, même si ce n'est pas la bonne méthode pour voir et apprécier ce film, de ne pas le comparer avec celui de Jalil Lespert sorti au début de l'année 2014  qui était également une biopic du Couturier. Le film de Lespert embrassait la vie d'Yves Saint-Laurent sur une plus longue période que celui-ci montrant notamment sa rencontre avec Pierre Bergé. Le film de Bonello considère principalement les années 70, mis à part quelques scènes sur les toutes dernières années du couturier qui est alors joué par Helmut Berger et deux brèves séquences, parfaitement inutiles, montrant Yves Saint-Laurent enfant. Le film aurait été meilleur si le réalisateur s'était tenu à ne traiter que les seventies. Alors que Jalil Lespert a centré tout son film sur l'histoire d'amour entre Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, Bonello a essayé de montrer toutes les facettes de l'homme, Yves Saint-Laurent.

Autant le film de Lespert était timoré cinématographiquement autant celui-ci est audacieux. Bonello n'hésite pas à nous réciter toute la grammaire du cinéma même en ses figures les moins utilisées comme le partage de l'écran ou le jeu sur la profondeur de champ. Malheureusement ces procédés ne sont pas toujours bien servis. Si le split screen fonctionne remarquablement pour la séquence du défilé de couture, permettant de voir le in et le of; en revanche juxtaposer des images de la vie de Saint-Laurent avec des extraits d'actualité est une façon bien pesante pour signifier que le couturier ne se préoccupait guère de la vie du monde et qu'il était tout à son travail et à ses plaisirs. Autre procédé, celui là très primaire, le jeu sur la netteté de l'image; lors d'une scène de drague nocturne dans le jardin des Tuileries, Yves Saint-Laurent enlève ses lunettes, sans doute pour être plus séduisant, l'image devient flou!

Qui dit biopic dit reconstitution d'époque. En se limitant sagement presque seulement aux années 70, Bonello s'est déjà facilité le travail. De même en ne tournant presque que des scènes d'intérieur et en ne filmant qu'en plans moyens il limite ainsi les risques d'anachronismes (grand traqueur de ceux-ci, je n'en ai trouvé qu'un: le labyrinthe des Tuileries qui n'existait pas sous la forme actuelle que l'on voit à l'écran). Les anachronismes aiment se nicher dans les coins des images.

Le grand tour de force du film est de nous faire voir le travail d'une grande maison de couture, du dessin d'un modèle jeté sur le papier par Saint-Laurent que l'on découvre acculer au travail gigantesque d'imaginer deux collections de haute couture par ans sans parler du prêt à porter et des différentes commandes pour la scène et le cinéma, au travail des « petites mains » (Bonello a filmé de vrais couturières) qui vont rectifier un modèle parfois quelques minutes avant le défilé.

Mais la maison Saint-Laurent n'est pas que de la création c'est aussi une entreprise et là c'est la partie de Pierre Bergé. Le cinéaste dans un morceau d'anthologie réussit à faire vivre une scène de tractation financière. Jérémie Rénier est magistral en Pierre Bergé. Peut être encore plus que dans d'autres films dans une biopic l'incarnation des personnages est essentielle d'autant que pour Yves Saint-Laurent son image était très connue. Gaspard Ulliel est crédible dans le rôle. Il possède en outre une ressemblance acceptable avec son modèle. Bonello a choisi la simplicité en n'accentuant pas la ressemblance naturelle de l'acteur avec son modèle, pas de prothèses, ni de lourds maquillages, seulement des costumes et des coupes de cheveux d'époque. Gaspard Ulliel ne démérite pas, le rôle est écrasant, mais néanmoins on sent qu'il force son jeu dans certaines scènes.

La bonne surprise vient de Louis Garrel, souvent bien mauvais et qui a toujours tendance à en faire des tonnes mais dans « Saint Laurent » pour une fois son jeu outré colle parfaitement avec le personnage qu'il interprète, ce Jacques de Basher (David Hockney l'a portraituré avec talent) qui cabotinait au quotidien comme le pire acteur de boulevard dans une tournée de province. On ne comprend pas bien comment un fat aussi creux a pu séduire Karl Lagerfeld puis Yves Saint Laurent. Il devait avoir des trésors cachés. A propos de trésors cachés, la seule scène d'amour physique du film, qui est entre Yves Saint-Laurent et Pierre Bergé, nous offre une nudité frontale de Gaspard Ulliel qui montre qu'il a été largement doté par la nature...

Alors que Pierre Niney dans le film de Lespert parvenait à faire entrer le spectateur en empathie avec Yves Saint-Laurent, peu être grâce à une fragilité physique que l'acteur de la comédie Française parvenait à faire passer, Gaspard Ulliel n'y parvient jamais.

Mais il n'est pas aidé par le scénario de Bonello beaucoup plus démonstratif que celui que Jacques Fiechi avait concocté pour Lespert. Bonello a cru bon d'inventer une scène où Saint-Laurent donne de l'argent à une petite main qui vient lui confier qu'elle doit avorter. Mais dès qu'elle est partie au chef d'atelier qu'il ne veut plus jamais la voir... Le réalisateur justifie la mauvaise action de cette invention sous le prétexte d'avoir <<un contrepoint sur ce génie.>>.

Je rebondis sur ce terme; il me paraît plus qu'abusif de qualifier Saint-Laurent de génie. D'ailleurs j'ai beau scruter l'horizon et cela depuis des années, de génies je n'en vois pas (ils ont du tous rentrer dans leur bouteille...). Il faudrait tout de même rappeler à monsieur Bergé et au public que ce dernier a su si bien persuader que Saint-Laurent était au moins l'égal d'un Proust ou d'un Picasso, que la mode est un art mineur, comme disait ce bon vieux Serge... Génie, il ne faudrait pas pousser mémère dans les orties comme disait mon grand père...

On entend répété à l'envie par des journalistes qui se font les perroquets de Pierre Bergé que Saint-Laurent a révolutionné le vestiaire féminin au même titre que Coco Chanel après la Grande Guerre. Je rappellerais que c'est surtout le rôle que les femmes ont été contraint d'assumer durant cette boucherie mondialisée qui les a obligé à s'habiller différemment que Chanel ait personnifié cette évolution comme Saint Laurent celle des années 60-70 c'est indéniable. De la à parler de génie...

Certains des passants de la vie de Saint-Laurent, grâce aux interprètes parviennent en quelques apparitions à exister à l'écran, si ce n'est pas vraiment le cas de Loulou de La Falaise, mannequin emblématique de la maison Saint Laurent interprété par Léa Seydoux, ni Betty Catroux, jouée par Aymeline Valade, mais elle est très belle, en revanche Micha Lescot en « monsieur Jean-Pierre » parvient à s'imposer dans le rôle assez ingrat du chef de l'atelier de couture (souvenez vous il incarnait le narrateur dans « A la recherche du temps perdu », la belle série télévisée que Nina Companeez a tirée de l'œuvre de Marcel Proust.).

Peu de films vérifient aussi bien l'adage qui veut qu'un film se fasse autant au montage qu'au tournage. « Saint-Laurent » est une juxtaposition de scènes qui ne sont liées ni par la chronologie, ni par la cohérence d'une action mais par l'écho d'une scène par rapport à la précédente. On glisse harmonieusement de l'une à l'autre. Il n'y a pas à aller loin pour trouver le César 2014 du meilleur montage.

Quoi qu'il en soit peu de film mon fait un effet aussi puissant. Lorsque la lumière est revenue dans la salle, je suis resté quelques secondes médusé sur mon siège. Je ne peut pas vraiment expliquer ce phénomène qui va bien au delà de la simple critique cinématographique, peut être parce que Bonello nous met face au temps...

 

Saint Laurent, un film de Bonello
Saint Laurent, un film de Bonello
19 mars 2020

“Deep End”, Jerzy Skolimowski, 1970

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18 mars 2020

Requiem pour Raoul Ruiz

J'ai eu la chance de rencontrer Raul Ruiz, de le suivre pendant qu'il discourait tout en marchant dans son labirynthique appartement de Belleville où l'on passait d'une pièce à une autre en soulevant des rideaux, les portes ayant disparu, plus que des pièces c'étaient des corridors qui serpentaient entre des falaises de livres défraichis. J'étais venu là pour acquérir les droits de "Lile au trésor" afin d'éditer le film en vidéo. Pris dans le flot lent de la parole ruizienne émise d'un ton grave ou la malice avait de la peine a se dissimuler, j'oubliais vite pourquoi j'étais là... Ce fut une belle après midi. J'ai fini par éditer L'ile au trésor en VHS, première apparition de Melvil Poupaud sur grand écran dans son beau livre   Quel est Mon noM l'acteur se souvient du tournage. La cassette s'est peu vendue. Mon distributeur me confia qu'elle était achetée essentiellement parce que Sheila se trouvait au générique...

Lors de ma dernière visite à l'excellent site locus-solus je trouve le beau billet que vous pouvez lire ci-dessous. Locus-solus nous fait un merveilleux cadeau en nous permettant de voir un petit chef d'oeuvre signé Raul Ruiz.

  

Fantômes de Ruiz

 
 

Je viens de découvrir qu’on peut visionner sur le site de l’INA la « lettre d’un cinéaste » réalisée par Raoul Ruiz pour Cinéma, Cinémas (et malheureusement non reprise dans le coffret anthologique de quatre DVD consacré à cette épatante émission). Elle s’intitule de très borgésienne manière le Retour d’un amateur de bibliothèques. Un clic et vous y êtes (et l’on est ému d’entendre la voix de Michel Boujut en préambule).

À la fin de 1982, Ruiz retourne au Chili pour la première fois depuis son départ en 1974, après le coup d’État de Pinochet. N’importe qui d’autre en aurait tiré un couplet convenu sur l’exil et le retour au pays natal. Pas Ruiz évidemment, qui semble même prendre un plaisir moqueur à parodier la forme du reportage autobiographique/travelogue/film d’enquête, narré en voix off et tourné en Super-8 tremblotant. Le Chili qu’il donne à voir est un pays fantôme, à la fois familier et méconnaissable ; et le contexte socio-politique demeure le sous-texte d’un film qui préfère atteindre une vérité documentaire par le détour d’une fiction labyrinthique. S’y mêlent inextricablement des bibliothèques et des enfances parallèles, des chansons populaires, des références apocryphes à la culture maya, des spéculations nées des songes (à moins que ce ne soit le contraire, on ne sait plus). Tout le film s’ordonne autour du motif polysémique de l’absence (l’absence, c’est aussi bien l’oubli du passé et les paramnésies que l’absence des morts, des disparus, des victimes de la dictature). Le narrateur, retrouvant sa bibliothèque1, y constate l’absence d’un livre essentiel à la compréhension du « mystère de la nuit du 10 au septembre 1973 » (soit la nuit du coup d’État). Et la disparition de ce livre à couverture rose explique de manière irréfutable que cette même couleur se soit désormais absentée des paysages chiliens. Lancé à la recherche de son livre perdu, le narrateur va multiplier les rencontres improbables, retrouver des amis fantômes, un ivrogne dont seule tremble la main droite, un professeur ayant inventé une méthode infaillible pour expliquer visuellement le problème de l’inflation, un libraire délirant qui doit lire les sous-titres français de ses propres propos pour pouvoir les énoncer dans sa langue maternelle. Labyrinthes du songe, vertige, fantômes, humour et parodie : le Retour d’un amateur de bibliothèques est, en quatorze minutes, un condensé de poétique ruizienne.

Sa troisième, précise-t-il : « Sachez que de l’immense ville laissée par les Mayas je n’ai retenu que l’habitude de me refaire une bibliothèque tous les cinq ans. Plus mes bibliothèques sont nombreuses, plus elles sont égales à elles-mêmes. »

 

 

 

Positif et Raoul Ruiz, c’est une longue histoire. Ado Kyrou et Louis Seguin repèrentTrois Tristes Tigres en 1969 au festival de Locarno. Premier entretien en 1971 (le tout premier dans une revue française), que suivront bien d’autres rencontres et dossiers.
Il plane donc un parfum de mélancolie sur l’ensemble post-mortem que lui consacre la revue dans son numéro de janvier. Guy Scarpetta, qui a fréquemment écrit sur le cinéaste dans ces colonnes (tout récemment, une critique remarquable de Mystères de Lisbonne) ouvre le bal avec un beau texte qui entremêle souvenirs et éléments d’analyse, en esquissant au passage une classification du baroque au cinéma. Suivent des articles d’Alain Masson et de Michel Chion qui donnent du grain à moudre, la transcription d’un entretien radiophonique consacré à Trois Vies et une seule mort, des notes d’intention de Ruiz sur trois films (les Âmes fortes, Ce jour-là, la Recta Provincia), un témoignage du producteur François Margolin, un compte rendu del’Esprit de l’escalier, autobiographie fictive que Ruiz avait terminée peu avant sa mort et qui vient de paraître chez Fayard.

  

Enfant, racontait-il, il passait des après-midis entières dans un cinéma chilien où l’on projetait à la suite trois ou quatre films de série B. Il lui arrivait de s’endormir pendant un western, et de se réveiller alors que le film suivant avait commencé, un thriller, ou une histoire de pirates — mais c’étaient les mêmes acteurs… D’où, disait-il, une étrange impression de magie, de métamorphose. Il en avait tiré une maxime qui fonctionnait pour lui comme un principe de création : « S’endormir dans un film et se réveiller dans un autre. »
Mais j’imagine qu’il y avait dans cette anecdote (où je voyais quelque chose comme le mythe d’origine ou la scène primitive de son esthétique) une dimension supplémentaire : la source, peut-être, de son goût pour les ingrédients du cinéma populaire, fût-il le plus kitsch, qu’il est toujours possible de transfigurer, de détourner, à simplement se faire télescoper les codes.

Raoul Ruiz, très drôle, à une terrasse de café, me désignant avec certitude, parmi les passants, ceux qui étaient des fantômes (dont certains, assurait-il, n’en étaient pas moins « gentils »)… Au fond, tout le cinéma, pour lui, était une affaire de revenants, et chaque personnage, par définition, avait quelque chose de spectral.

Guy Scarpetta, Requiem pour Raoul Ruiz
Positif no 611, janvier 2012

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18 mars 2020

Simon Werner a disparu de Fabrice Gobert

 

  

  

Il ne manque que peu de chose à Fabrice Gobert pour être un très bon cinéaste, peut être juste de connaitre un peu mieux la géographie et de maitriser la carte et le territoire... Le défaut essentiel de son film, qui en a peu d'autres, est que l'on ne parvient pas a croire que tous les décors dans lesquels se meuvent ses personnages appartiennent au même univers et soient circonscrits dans le périmètre limité qu'exige son scénario. Le fait que d'après les remerciements du générique (vous pouvez constatez combien je suis un critique consciencieux) tout soit tourné dans la même commune, Bondoufle en l'occurrence, ne change rien à l'affaire. Certains lecteurs vont me trouver bien vétilleux mais en ce qui me concerne, ce genre de défaut et encore plus les anachronismes, me distraient de l'intrigue et ont tendance à me faire sortir du film, et même lorsque c'est vraiment grossier, ce n'est pas le cas ici, à m'empêcher d'y entrer. Et là je dois dire que ce défaut mineur n'a été qu'une gène passagère, mais néanmoins répétée.

  

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Le cinéaste a tourné un teen movie à la française, sans aucune vedette, autrement dit le film a du être très difficile à monter. Le cinéaste se référe clairement à Gus Van Sant et plus particulièrement à son film "Elephant". Ce qui est particulièrement couillu, pour ne pas dire suicidaire pour un premier film. Le résultat est qu'en cinéma pur, il a fait mieux que son modèle en évitant les faux raccords dont Gus Van Sant, qui n'est pas un mauvais, même si je persiste à penser que c'est un cinéaste surestimé, n'est pas avare.

  

 

Le point de départ de "Simon Werner a disparu" est le plus bateau qui soit. Il a généré moult série Z de terreur pour adolescents. Pour ses dix huit ans, le héros (Jules Pelissier) organise une fête. Deux des invités découvrent dans les bois alentours un cadavre. Qui est ce? la jolie blonde de la fête (Ana Girardot fille d'Hyppolite du même nom) disparait et bientôt c'est deux autres lycéens qui sont introuvables. Les mystères s'accumulent... 

Gobert n'a pas craint non plus d'utiliser des personnages archétypales de ce genre de film. On reconnaît ainsi les différents stéréotypes comme le sportif, la bombe du lycée, le marrant, la marginale ou encore la tête de turc. Mais une fois ces stéréotypes installés, il s'amuse à jouer avec, le sportif à la jambe cassée et se déplace difficilement, la bombe du lycée est trompée par son petit ami... 

  

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Cette histoire est vue successivement par les yeux de quatre de ses protagonistes d'où la référence explicite à Gus Van Sant. En outre le lycée de la région parisienne (un des personnages cite un journal de Versailles)  où se déroule la plus grande partie du film n'est pas sans rappeler celui qui sert de cadre au film de l'américain.  La principale difficulté technique dans ce genre d'exercice est qu'il ne faut pas se tromper dans les angles de caméra lorsque l'on utilise la vision subjective qu'à le personnage d'une scène. Sinon on embrouille complètement le spectateur qui ne sait plus qui voit quoi (c'est ce qui se passe à plusieurs reprises dans Elephant). L'autre embuche est d'ennuyer le spectateur en lui racontant plusieurs fois la même chose. Gobert déjoue habilement l'obstacle en nous en apprenant à chaque regard un peu plus sur son histoire.

Plus haut j'introduisais l'idée d'anachronisme encore faut-il pour parler d'anachronisme que l'intrigue ne se déroule pas de nos jours et soit située précisément dans le temps. C'est seulement après la projection, tant le scénario m'avait captivé, que je me suis aperçu que cette histoire ne se passait pas de nos jours. Pas de téléphones portables ni d'ordinateurs, les voitures que l'on aperçoit ne sont pas des modèles récents, sans pour cela être des pièces de musée; je les daterais de la fin des années 80 et pour écouter de la musique ces jeunes gens se servent encore de microsillons et semblent ignorer les C.D. J'ajouterais qu'ils parlent tous un français compréhensible et que le casting est entièrement gaulois. Le fait que l'on ne puisse pas situer exactement ni dans le temps ni dans l'espace, même si certains indices peuvent faire penser que nous sommes dans la grande banlieue parisienne, renforce l'étrangeté de l'ensemble.

Le casting est parfait. Au demeurant les acteurs qui sont tous des inconnus, pour moi tout au moins (sauf Serge Riaboukine très inquiétant et dense en prof à la mine patibulaire que l'on charge de tous les maux et Laurent Capelluto qui était la révélation d'un conte de noel de Desplechin, en entraineur de football peut être pervers) et qui composent la distribution sont tous excellents. Je pourrais seulement reprocher à Jules Pélissier de faire plus que ses dix huit ans et de d'être pas aussi beau que son rôle l'exigerait d'après ce que disent de lui ses camarades de classe. A Elephant je rajouterais comme référence "Les disparus de saint Agil" et même "Qui a tué Harry" pour l'habileté du scénario. Nous ne sommes pas loin non plus de "virgin suicide" en ce qui concerne la juste peinture des affres de l'adolescence. Parfois aussi le film est nimbé d'une atmosphère quasi linchienne.

L'incertitude de l'époque procure au film une distance de bon aloi par rapport au naturalisme qui encombre habituellement le cinéma français. Elle évite également le coté artificielle du langage qui était un peu le problème de cet autre film de lycéens qu'est "La belle personne" de Christophe Honoré, même si ce dernier avait pris soin de situer son intrigue dans les beaux quartier où l'on est censé encore parler, même chez les jeunes gens, un français presque châtié.

  

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A noter que la musique du film est signée Sonic youth, ce qui n'est pas rien. Sonic youth induirait que nous sommes plutôt dans les années 90, alors que les visuels m'incitaient à situer le scénario à la fin des années 80...

Pour ceux qui traquent l'homosexualité dans les films, il y a dans "Simon Werner a disparu" un furtif baiser entre deux garçons mais contrairement à ce qui se passe dans Elephant cette relation n'a pas vraiment un rôle important ici. 

Simon Werner a disparu est époustouflant de maitrise aussi bien dans la direction d'acteur que dans l'écriture du scénario et la propreté du filmage, très belle utilisation de la lumière artificielle, il faut dire que l'image est signée par l'immense Agnes Godard à mon sens le meilleur chef op du cinéma français. Ce coup d'essai dans les limite de sa modeste ambition n'est pas loin d'être un coup de maitre.

  

P.S. J'ai rectifié dans le texte ci-dessus ma bourde, l'attribution d'Elephant à Larry Clark alors que le film est bien sûr de Gus Van Sant mais j'ai tenu à maintenir les commentaires de mes lecteurs vigilants.

    

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commentaires lors de la première parution du billet:

  


Bibliothèque Gay
 a dit…

C'est peut-être le semblant de polémique actuelle sur l'expo Larry Clark qui vous a fait faire une faute de frappe. Il s'agit évidemment de Gus Van Sant

25 septembre 2010 06:25 

  

Anonyme a dit…

Mars 1992 dans une petite ville de la Région Parisienne. Lors d'une soirée bien arrosée, des adolescents découvrent dans la forêt un corps apparemment sans vie, enfoui dans les broussailles. (Cinemovies.fr)

25 septembre 2010 16:17 


psykokwak
 a dit…

  

Comment avez vous pu laisser passer ce lapsus concernant la référence non à Larry Clark ( Ken Park) mais Gus Van Sant pour Elephant... du coup j'ai failli sortir de la lecture de votre critique... C'est vrai que Ken Park fait jouer 4 histoires mais qui ne se recoupent pas comme c'est le cas ici.

Ceci dit au delà de l'histoire de ce pseudo thriller d'ados, le réalisateur pointe les mécanismes de la rumeur, des imaginations qui s'enflamment. A ce titre l'entraineur de foot garde une part d'ombre (que fait il avec le jeune garçon? que les filles accusent de pervers sans preuve...)

25 septembre 2010 21:58 

  

Anonyme a dit…

J'aurais plutôt attribué Elephant à Gus Van Sant.

27 septembre 2010 10:39 


bernard a
 a dit…

  

Réponse à Psykokwak et aux autres lecteurs qui ont remarqué mon lapsus.

Parfois je me félicite de mes bourdes car c'est dans ce seul cas que se manifeste mes lecteurs. Bien sur il fallait lire Gus van Sant, encore plus sur évalué que Larry Clark, et non le nom de ce dernier. Je réitère l'avis que ce Simon Werner a disparu est supérieur à Elephant. Il est en effet possible que ce soit la médiocre polémique sur l'exposition Larry Clark au musée d' Art Moderne, dont je ne tarderai pas à vous parler, qui a pu être à l'origine de mon lapsus.

J'avais bien lu la date de 1992 dans le dossier de presse, mais rien n'indique cette date dans le film. Certains détails contredisent cette date comme l'absence de CD ou de baladeurs par exemple. Dans mes critique je ne tiens jamais compte des dossiers de presse, si les informations qu'ils contiennent ne sont pas corroborés par ce que je vois à l'écran. Psykokwak vos remarques sont pertinentes et j'y adhère complètement.

4 octobre 2010 06:40 

18 mars 2020

Tatsumi de Khoo

Tatsumi

  

Avec Tatsumi, le titre du film prend le nom du mangaka dont il est le portrait, il aurait pu être sous-titré une vie, une oeuvre, le cinéaste singapourien Eric Khoo, révélé à Cannes par deux films qui ont retenu l'attention, Be With Me (2005) beau film sur un trio amoureux adolescent, et My Magic (2008) et lui-même ancien dessinateur, "Tatsumi est sa première incursion dans le cinéma d'animation, de B.D rend hommage à l'un des maitres du manga par l'intermédiaire d'un film d'animation qui s'appuie sur la formidable autobiographie dessinée de Yoshihiro Tatsumi, « Une vie dans les marges ». La grande idée du cinéaste a été de faire alterner des épisodes de la vie de son modèle avec des adaptations de certaines ses oeuvres.

  

 

Il faut immédiatement dire que le film n'est pas du tout pour les enfants. Les oeuvres choisies par Khoo, avec l'aval de Tatsumi, qui est le récitant du film, sont très noires. Ce qui n'est pas une surprise puisque Tatsumi est l'inventeur au Japon en 1957 du gekiga, une bande dessinée pour adultes. Le genre a connu son apogée dans les années 60-70 grâce au magazine Garo avec les oeuvres de Tatsumi et aussi celles de Takao Saito, Yoshiharu Tsuge (L'homme sans talent), Hiroshi Hirata, Kazuo Koike... Yoshihiro Tatsumi est né en 1935. Il est de cette génération d'artistes japonais (Hayao Miyazaki, Nagisa Oshima...) dont l'enfance a été façonnée par la guerre.  C'est a Tatsumi que revient l'immense mérite de s'être aperçu que la bande dessinée était un médium qui offrait bien d'autres possibilités que de proposer des histoires gentillettes pour les enfants. A 22 ans, confronté à l’incompréhension qui monte au Japon envers les mangas, jugés vulgaires, Tatsumi prend conscience qu’il faut différencier le manga pour enfants de celui pour adultes. Ses premièrs récits noirs furent de véritables bombes qui déstabilisèrent tout le petit monde du manga, à commencer par son dieu, Tetsuka l'ancien mentor de Tatsumi auquel le film rend hommage dans la séquence d'ouverture. C'est sous l'impulsion de Tatsumi et des mangakas réunis autour de lui que Tetsuka, jalous de leur soudain succès, produisit dans les années 70, ses grandes séries de seinen, « Ayako », « Les trois Adolf »... pour lesquels il est désormais célèbre en occident.

Tatsumi nous montre, ce qui peut être sera une découverte pour beaucoup, un Japon pauvre subissant la dure occupation américaine, peinant malgré la vaillance de son peuple à se relever du désastre de la seconde guerre mondiale. Cette vaillance n'est pas le propos des récits de Tatsumi où transparaissent l'amertume et le désespoir d'hommes sans talent pour reprendre le titre célèbre de Tsuge qui s'applique parfaitement aux cinq nouvelles qui s'intercalent dans l'évocation de l'existence du dessinateur. Des faits historiques, grands ou petits, sont toujours mis en rapport avec avec la tranche de vie qui nous est racontée. Deux de ces courts-métrages en particulier sont bouleversants et inoubliables. Dans l' « L'enfer » un photographe, au lendemain de la bombe sur Hiroshima, croit avoir immortalisé sur un mur la trace d'un fils penché tendrement sur sa mère, bientôt il aura la révélation que la réalité est toute autre... Encore plus poignant est « Monkey mon amour » où un ouvrier invalide suite à un accident du travail, devenu trop pauvre est contraint de se séparer de son singe, le seul être qui lui donne de l'affection. Les fictions aussi courtes qu'elles sont fortes sont des témoignages des époques dont elles parlent. Elles sont traitées en noir et blanc alors que les morceaux de la vie du dessinateur sont dans des couleurs franches et vives. Autre contraste alors que les séquence mettant en scène le dessinateur sont traitées dans un style très ligne claire, les nouvelles sont dessinée avec des traits charbonneux et plus nerveux. Les planches d'origine sont transposées à l'écran avec un minimum de mouvements pour être le plus possible fidèle aux oeuvres dont s'inspire le film. Cette fidélité aux planches de Tatsumi est un juste retour des choses car le mangaka ne s'est jamais caché dans son découpage et dans ses images, avec leurs nombreuses contre-plongées devoir beaucoup au cinéma.

Khoo a bien réussit a rendre l'insatisfaction perpétuelle qui a rongé toute sa vie Tatsumi, même une fois le succès pour ne pas dire la gloire, venu. Le triomphe ne semble pas avoir vaincu sa mélancolie... Les photos du dessinateur qui illustrent le générique de fin en apprennent beaucoup sur son état d'esprit; on a la surprise de découvrir un très beau jeune homme, qui a la chance de bien vieillir, alors que Tatsumi s'est représenté dans « Une vie dans les marges » sous des traits assez ingrats...

Le seul défaut du film, qui passe comme un éclair, on est tout étonné en voyant arriver le générique de fin, est d'être trop court pour son ambition, raconter la vie d'un grand créateur en la replaçant dans son époque. Il a fallut 800 pages à Tatsumi et dix ans de travail pour dessiner sa vie dans  « Une vie dans les marges » qui est publié somptueusement en deux volumes reliés aux éditions Cornelius. Le livre a été très justement primé au dernier Festival d'Angoulême qui aurait pu en plus honorer Tatsumi de son grand prix...

  

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Contraint par le format du long métrage Khoo a du faire de nombreuses ellipses dans sa narration. Pour cette raison le spectateur qui aura lu le chef d'oeuvre qu'est Une vie dans les marges  prendra encore plus de plaisir en regardant « Tatsumi » qui lui même éclaire le livre. Il faut espérer que le film aidera a connaître en France cet immense artiste qui y est encore trop méconnu. Pourtant il fut un des premiers mangakas traduit dans notre pays au début des années 80 dans le journal précurseur que fut « Le cri qui tue ».

 

 

 

18 mars 2020

TAB ET ANTHONY



Pour se souvenir du ténébreux et Délicieux Anthony Perkins, acteur d'une rare élégance dans le tapageur Hollywood des sixties et du discret couple qu'il forma fugitivement avec Tab Hunter. L'alliance du brun et angoissé Anthony avec la blonde vitalité éclatante de Tab. 
 



















 
Anthony Perkins s'esseya comme chanteur de charme et le résultat est convainquant. On peut l'écouter en cliquant sur la ligne ci-dessous. 
http://www.youtube.com/watch?v=bHbyS4RSSLw
 
Pour suivre quelques images du beau Tab...




























 

17 mars 2020

My little princess, un film d'Eva Ionesco

  

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Soyons clair ce n'est pas l'éventuelle qualité cinématographique de « My little princess » qui m'ont fait me précipiter à la première séance du film, à 10 heure du matin mais les thèmes qu'aborde le scénario. Une femme, Hannah, d'origine roumaine, devient une artiste à la mode en photographiant sa fille Violetta, âgée d'une dizaine d'années en des poses érotiques dans des atmosphères morbides. Débarrassons nous d'emblée de la critique des aspects techniques. La qualité du filmage, si elle n'est pas honteuse ne restera pas dans les annales de l'histoire du septième art.La chef-opératrice est Jeanne Lapoirie, fidèle de François Ozon.My little princess aurait pu être raccourci d'une dizaine de minutes quelques scènes font doublon. Les scénaristes ne sont pas parvenus à insuffler une progression dramatique à leur opus même si l'on voit bien néanmoins que le regard de la fille sur sa mère se décille petit à petit. Le film repose entièrement sur la confrontation entre la mère et la fille. Heureusement ces deux rôles sont remarquablement tenus; d'abord celui de la mère par Isabelle Hupert dont on attendait pas moins, même si elle est un peu trop âgée pour le rôle, mais on ne voit néanmoins personne d'autre pour interpréter la photographe, plus extraordinaire encore est la performance d'Anamaria Vartolomei en Lolita mal embouchée. L'action se déroule sur environ deux ans et l'on a l'impression de voir réellement Violetta viellir. Si les amateurs de Lolitas en seront un peu pour leur frais (quoique), les prises de vues de My little princess » sont beaucoup plus chastes que les photos d'Irina Ionesco, les amateurs de tenues féminines extravagantes seront eux comblés. A chaque scène la mère et la fille arborent des costumes différents. Ils sont dus àCatherine Baba, styliste photo pour qui fait de brillant début comme créatrice de costumes pour le cinéma.Par contre les rôles secondaires sont à la fois mal écrits, caricaturaux et pas toujours bien joués. Est-ce un clin d'oeil d'avoir fait ressemblé le professeur de l'enfant à Bernard Faucon?

  

 

Petite remarque à l'ingénieur du son un appareil photo chargé d'une pellicule lorsqu'on l'arme ne fait pas le même bruit qu'un appareil vide. Celui confié à Isabelle Hupert est vide de toute pellicule cela s'entend et nuit fortement à la crédibilité des scènes de prises de vues qui sont par ailleurs bien rendues.

My little princess semble surtout un règlement de compte familiale. Eva Ionesco y transpose son histoire celle d'une enfant que sa mère Irina Ionesco a photographié durant dix ans dans des poses érotiques. Après l'auto-fiction littéraire voici l'auto-fiction cinématographique. Pour éviter sans doute quelques procès et surtout pour se faciliter le tournage Eva Ionesco a affublé ses personnages de masques transparents ou en a fait des fantoches. Irina Ionesco n'a pas que portraiturer sa fille, elle a également réalisé d'étonnants clichés de yakuzas que l'on peut voir à cette adresse: http://www.artsgb.com/artists/Irina_Ionesco/Irina-Ionesco-Yakuza/index.html

Une des chances du film est le masochisme d'Eva Ionesco le fait de faire de son double une petite allumeuse soudain pris de bouffées de pudeur empêche tout empathie du spectateur avec cette odieuse pimbêche et ne peut le faire adhérer avec la lourde thèse du film de l'enfance volée par une mère folle d'égocentrisme.

  

 

Il se trouve que j'ai assez bien connu le milieu de la photographie d'art dans la fin des années 70. A ce propos on ne peut situer l'époque exacte à laquelle se déroule « My little princess » seulement à la fin du film lorsque l'on peut lire sur le tableau de la classe de Violetta la date de 1979. Jusque là la réalisation avait été incapable de nous suggérer quand exactement se passait cette histoire. Cette modeste connaissance m'a immédiatement trouvé une scène ridicule celle du vernissage de la première exposition de la photographe, à croire qu'Eva Ionesco souffre d'amnésie l'ayant croisé en de tels lieux. Il y a toujours une gène lorsque l'on découvre sur un écran une personne que l'on a réellement rencontrée dans la vraie vie. J'ai quelque fois croisé Irina Ionesco, la dernière fois, il y a presque une dizaine d'années, non loin des lieux principaux du tournage, les abords du zoo de Vincennes, elle était accompagnée de sa fille. Je l'ai dès ma première rencontre avec elle trouvée passablement piquée mais elle ne m'a jamais paru écervelé comme le montre le film qui en fait une détestable conne.

  

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photo d'Irina Ionesco

 

Le scénario présente la photographe comme une novatrice absolu du fait de photographier d'une manière impudique de jeunes personne. Hannah semble ne reconnaître comme maitre que Lewis Carrol et est présenté comme seule à faire ce genre de photos à son époque. C'est montrer une méconnaissance totale de l'histoire de la photographie. C'est oublier Hamilton et ses nymphettes embuées, Bourboulon qui n'hésitait pas dans ces années là a faire des clichés osés de très jeunes filles et l'on commençait à découvrir les images de Jock Sturges. En ce qui concerne les garçons on connaissait déjà les nus de Gérard Marot, de Nègrepont et de quelques autres... Et bien sûr il y avait Bernard Faucon. Quand à l'inspiration morbide des image d'Irina Ionesco elle doit beaucoup à l'oeuvre de Molinier...

L'ennui avec ce cinéma d'auto-fiction c'est que l'on ne sait jamais où commence la fiction. Un excellent article paru dans Lbération (http://www.liberation.fr/culture/0101648217-eva-ionesco-tombee-des-nus) nous éclaire un peu sur ce point.

  

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Par ailleurs le peintre, joué par Denis Lavant que l'on est bien content de retrouver, qui est à l'origine de la carrière photographique d'Hannah puisqu'il lui offre son premier appareil photo est dans la vraie vieCorneille qui aurait offert à Irina Ionesco, son ami d'alors pour Noël 1964 le Nikon par lequel tout à commencer. J'aimerais bien savoir qui est dans la réalité le jeune lord rocker.

Le film pose de nombreuses questions auxquelles il n'est pas facile de répondre: Hannah, la mère, est-elle un génie jusqu'au-boutiste ou bien une folle à enfermer ? Où commence, où se termine la liberté de l'artiste ? Dans quelle mesure une photographie appartient elle au photographe et non au modèle qui y figure?

Espérons que « My little princess » donne l'idée à des cinéastes talentueux de prendre pour sujet une certaine école artistique des années 70, qu'il ne faudrait pas idéaliser en la comparant avec l'obscurantisme de nos jours car on peut se demander dans quelle mesure les dérives d'un certain milieu artistique, nourri d'une certaine littérature, versé dans le New Age, où sexe et art fusionnaient dans une équation amoureuse, et auquel appartenait Irina Ionesco, ont pu amener la société bien-pensante et moralisatrice d'aujourd'hui.

  





















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Bande annonce : My Little Princess - Madame Figaro

 

My Little Princess - Filme legendado em português

 

Commentaires lors de la première édition de ce billet

 

Je vous remercie pour ces informations . J'ai vus aussi que vous cherchiez plus de détail sur l'acteur du Jeune Lord . Et bien d'après mes courses il ce nomme Hugo Vuillard mais je n'en n'es pas la certitude.Si vous trouvez d'autres informations à son sujet faite moi signe .
Merci encore.

Marie le16/11/2011 

  

Bonsoir.
J'aurais une question mais d'après certaine personne,impossible de répondre . Je me demandais où avait été tourné les passages(dans qu'elle région) où Hannah et Violetta sont en Angleterre?
Merci

Marie le16/11/2011 

Réponse

 

Malheureusement je ne peux pas vous apporter de réponse et le cinéma est un grand menteur, cela peut donc être dans la campagne française, la Normandie par exemple comme le sud de l'Angleterre comme dans le Kent.

B.A.

17 mars 2020

Quartier lointain, un film de Sam Garbarski

 

A l'impossible nul n'est tenu, car c'était bien une folle gageure que d'adapter au cinéma le chef d'oeuvre de Taniguchi (le mangaka fait une apparition, en passager du train à la fin du film), le manga "Quartier lointain" et qui plus est de le transposer dans la France des années 60. Pour ceux qui ne connaitrait pas cette exceptionnelle bande dessinée, en voici l'argument: De nos jours Thomas, la cinquantaine, doté de femme et enfant est un dessinateur de bande dessinée en panne d'inspiration, se rendant au Salon de la B.D d'Angoulême, il se trompe de train. Il se retrouve dans celui qui le conduit à sa ville natale où il n'est pas revenu depuis plus de 20 ans. Il profite de sa bourde pour se rendre sur la tombe de sa mère. Là, il a un malaise, s'évanouit et se réveille âgé de 14 ans (mais ayant gardé sa mémoire d'adulte) au début des années 60, juste avant la date à laquelle sont père avait abandonné sa famille; il va tenter d'empêcher ce départ...

  

  

 
 

Et bien Sam Garbarski, cinéaste dont je n'avais jamais entendu parlé, "Quartier lointain est son deuxième film, se tire honorablement de son impossible entreprise. Pourtant cela commence bien mal avec un Pascal Gregory dans le rôle de Thomas adulte, qui a une tête du type auquel on vient de présenter la note de ses six derniers mois de consultation chez son psychanalyste, comme dit Eric Neuhoff pour une autre prestation du comédien aussi peu convaincante que celle-ci. Mais dés que le héros retombe en enfance, au sens strict du terme, et est joué par le jeune Léo Legrand, absolument parfait, cela va beaucoup mieux. Tout le casting est alors remarquable à commencer par les parents de Thomas; le père est joué par Jonathan Zaccai, déjà très bien dans "ÉLÈVE LIBRE)" et la mère par Alexandra Maria Lara. Laura Martin qui interprète Sylvie, l'amoureuse de Thomas ne démérite pas non plus. Autre point fort du film, la qualité bluffante de la reconstitution d'époque, aucun anachronisme à l'horizon.

 

  

 

 

 

  

  

Si le choix de Nantua comme ville de l'enfance de Thomas est assez judicieux, il faudra que l'on m'explique comment en voulant prendre un train pour Angoulême on peut se retrouver à Nantua!

Même si le flm est assez fidèle à la bande dessinée, qui est bien sûr à lire absolument, ce serait une erreur de vouloir la retrouver. Pour apprécier le film mieux vaut oublier son origine et alors on passe un agréable moment dans ce voyage sans faute mais non sans nostalgie dans la France provinciale des trente glorieuses dans laquelle la vie était plus douce qu'aujourd'hui. 


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Bande annonce de Quartier Lointain de Sam Garbarski d' après l' oeuvre de Taniguchi Jirô

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