Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans les diagonales du temps
16 août 2020

LE GARÇON EN PYJAMA RAYÉ (THE BOY IN THE STRIPED PAJAMAS)

 


36451058_p

Avant d’aborder ce film (je remercie A. M. de l’excellent blog de m’ avoir fait découvrir ce film dont j’ignorais l’existence.), qui a pour centre l’amitié qui se développe entre deux garçons de huit ans en Allemagne durant la seconde guerre mondiale, l’un étant un détenu juif, Shmuel (Jack Scanlon), du camp que dirige le père de l’autre, un officier ss. J’étais extrêmement circonspect; étant d’emblée assez d’accord, sans pour autant avoir sa totale intransigeance avec Claude Lanzman, le cinéaste de la shoah, sur l’impossibilité et l’immoralité de représenter les camps de concentration dans une fiction cinématographique. L’article de Rivette sur le film “Kapo” de Pontecorvo, article repris et popularisé par le ciné-fils Serge Daney, n’a pas été pour rien dans ma défiance initiale en ce qui concerne “Le garçon en pyjama rayé”. D’autant qu’elle avait été, il n’y a pas si longtemps par l’inconvenant “La vie est belle” de À l'instar de Roberto Benigni. Pour raviver les mémoire et faire simple ce célèbre papier méprise celui qui tentait de faire de la belle image d’un camp de concentration ou d’un déporté et particulier sur la mort de l’un d’eux comme Pontecorvo avec un travelling qui fit couler beaucoup d’encre... J’ajouterais qu’un film ne peut ni s’abstraire de l’Histoire, pas plus que de l’histoire du cinéma.
“L’enfant au pyjama”, d’après le roman éponyme  de l’ irlandais John Boyne (aux éditions Gallimard jeunesse). ne m’aura pas fait changer d’avis. Sa réalisation est de Mark Herman, bien connu pour ses  films “Little voice” et “Brassed Off”. Tout d’abord j’ai eu du mal à entrer dans le film tant la construction du générique est scolaire. La bonne idée de faire commencer le film par un très gros plan sur un drapeau nazi que l’on identifiera que lorsque la caméra reculera après quelques secondes se poursuit par un grand élargissement du champ dans lequel on découvre notre futur héros le jeune Bruno  (Asa Butterfield qui a déjà joué dans un autre film “Son of Rambow”). jouant dans la rue avec des camarades de son âge. Dés ses premiers plans nous sommes dans la pire esthétique “Butte chaumont” souvenez vous de ces dramatiques de feu l’ORTF qui commençaient par un plan fixe d’ un coin de rue, en cadre serré, qui était sensé nous évoquer une grande ville, plan immanquablement traversé par un quidam qui le traversait d’un air dégagé. C’est ce que nous voyons ici avec en plus une figuration particulièrement figée. C’est Berlin 1940, façon musée Grévin. Puis ensuite nous avons droit à l’alternance de courtes scènes lourdement significatives, montées en opposition, par exemple une rafle (de juifs?) dans un immeuble, suivi d’une élégante descendant de sa limousine aidée de son chauffeur...
Heureusement tout s’arrange avec la première scène de comédie car on peut faire confiance aux anglais. Si ceux-ci ne sont pas toujours des grands maîtres de la mise en scène, ils sont de remarquable directeurs d’acteurs, ces derniers étant presque toujours excellent, ce qui aide bien le metteur en scène. Disons le tout de suite ils sont parfait dans ce film, en particulier les deux enfants et surtout David Thewlis  grand acteur, qui fut entre autres le Paul Verlaine de “Total Eclipse” impeccable dans le rôle du père. Il est devenu célèbre en interprétant le rôle du le  professeur Lupin dans Harry Potter. Je m’en voudrais d’oublier  David Hayman excellent dans un petit rôle, certes un peu conventionnel, celui de Pavel, un ex-médecin interné du camp qui a réussi à garder son humanité face à la terreur.


36451117_p



Au début le scénario est habilement construit. Par exemple nous ne savons pas immédiatement que le père de famille lorsqu’il apprend à ses enfants que toute la famille va déménager qu’il est un officier SS. La bonne idée du casting est de le faire jouer par David Thewlis qui a plutôt une bonne tête et qui en plus n’est pas un habitué des emplois de méchant. On ne découvrira sa qualité d’officier que dans une scène suivante lors de la fête donné en son honneur pour une promotion. On comprendra petit à petit qu’il est en fait directeur d’un camp de concentration, un bourreau, semblable à celui que nous décrit Robert Merle dans son beau livre “La mort est mon métier”.
Le garçon en pyjama rayé est surtout intéressant du fait qu’il traite, par le biais et autour de l’histoire principale, d’un sujet qui à ma connaissance n’a jamais été explorée par une fiction cinématographique, la population allemande face aux camps de concentration et à l’extermination des juifs. La grande réussite du scénariste est qu’il parvient à nous faire vivre cette période tragique à hauteur d’enfance, même si l’on peut être un peu surpris et irrité de l’innocence de Bruno qui a tout de même huit neuf ans. Il nous montre bien l’impossibilité pour un enfant d’apréhender le tragique de ces situations extraordinaires. Il est souvent occulté dans son esprit par un détail prosaïque qui vient accaparer toute son attention. De là à penser que la population allemande dans son ensemble faisait de même...
Mais le problème principal du film est la possibilité matérielle de cette amitié sur lequel il repose presque entièrement. Pour ma part je reste très dubitatif qu’en à sa crédibilité. Comment penser que la rencontre du fils d’un chef nazi et d’un petit juif détenu dans un camp puisse être possible à cette époque. Mais à quelle époque sommes nous exactement? Une grosse carence du scénario est ne ne pas avoir situer très exactement les événements que nous voyons sur l’écran. Cette facilité opacifie et gauchit le film. En effet par exemple le régime des camps de concentration n’est pas le même en 1940 qu’en 1943, l’attitude des militaires et de la population allemande envers le régime nazi n’est pas identique en 1942 et en 1944 (c’est curieux comme les affres de la conscience et la lucidité politique augmentent lorsque les armées sont défaites et que les placards se vident... et ce n’est pas vrais que pour l’Allemagne de la dernière guerre). Une scène ainsi perd tout son sens, la mort de la grand-mère que l’on sait antinazi. Le père suite à un appel téléphonique annonce, à sa famille à table que sa mère vient d’être tuée par une bombe. L’image suivant est celle d’un convoi mortuaire cheminant dans une rue où aucune trace de guerre est discernable puis près de la tombe la mère veut arracher sur une couronne, la carte de visite d’un haut dignitaire nazi sous prétexte que sa belle mère n’en aurait pas voulu. Son mari l’en empêche. Ces différentes scènes me font douter que la vieille dame, que l’on nous avait présenté antérieurement comme malade, ait été tué par une bombe et si elle s’était suicidée, ne supportant pas la fonction de son fils? Ces interprétations auraient été moins possibles si le scénario avait constamment été borné par une chronologie du quotidien, par des dates.
On peut aussi être agacé par le fait que nous sont présentés des allemands mojoritairement antinazis. Faisons en une petite recension. Le père officier, de la SS, très important cette appartenance, dit qu’il accomplit sa sinistre tâche par devoir et non par idéologie, on entend aucun antisémitisme de sa bouche; sa femme est horrifiée lorsqu’elle découvre le véritable travail de son mari; sa mère est une antinazi affichée, son père est un suiveur, probablement un officier de la grande guerre, ces “demi-soldes” qui embrassèrent par désespoir le nazisme; quant à son aide de camp on peut supposer que son nazisme est plus une manière de se dédouaner de l’opposition au régime de son père que par une farouche adhésion. Il n’y a pas beaucoup de francs nazis dans tout cela. Cette vision que l’on trouve dans le récent film Walkyrie (et puis il y a comme dans ce film dans le garçon en pyjama rayé la gène d'entendre ces nazis allemands s'exprimer en anglais...) de faire une majorité des allemands des années 40 est contraire à toutes vérités historiques, je comprend bien qu’elles dérangent. Il faut peut être rappeler qu’Hitler est arrivé au pouvoir par les urnes.


36451143_p



Si la vérité historique est donc malmenée d’autres épisodes sonnent très juste comme l’effet de la propagande propagée par leur précepteur sur le candide Bruno ainsi que sur sa sœur (Cara Horgan), Gretel; ou encore la prise de conscience de la mère (Vera Farmiga) qui est aussi très vraisemblables. On voit bien qu’elle peine à reconnaître sa culpabilité et celle de ses contemporains. En réalité elle aimerait se sauver avec sa progéniture vers un paradis sécuritaire où elle pourrait retournerà sa quiète  ignorance.
Il serait bon que chaque scénariste soit un chartiste (La méthode de Roger Martin du Gard pour ses roman devrait être le bréviaire de tous scénaristes), particulièrement lorsqu’il ambitionne de placer ses péripéties dans l’Histoire. Le spectateur est d’autant plus prêt à accepter une histoire improbable que celle-ci se déroule sur un substrat historique solide. Dans le cas d’”un garçon au pyjama rayé” le scénariste a trop fait confiance au romanesque de sa tragédie, remarquablement bien amené, il est rare de voir une fin aussi inattendue, et a négligé l’indispensable travail de préparation qui aurait peut être fait que sa fable serait devenu une évidence.
Il faut regretter la  partition pompière de James Horner (Titanic) qui est en contradiction avec la réalisation sobre de Mark Herman.
Le regard inhabituel porté sur le nazisme, celui d’un enfant d’un bourreau, un scénario très bien construit, des personnages dont les creux interrogent, servis par des acteurs de premier ordre, sont malheureusement abîmés par une réalisation moyenne et par une paresse dans la finalisation du projet, mais cela ne parvient tout de même pas à empêcher l’émotion qui étreint le spectateur.
 
 

le réalisateur


Mark HERMAN est né en 1954 a Bridlington, dans le Yorkshire en Angleterre
A l’âge de 27 ans, il dessine des cartoons à l'école des Beaux-Arts avant de s’impliquer dans le dramatique, quand il commence à étudier le cinéma. 
Il s’est ensuite entraîné pour devenir animateur à l’Ecole Nationale du Film à Londres. Puis il a continué à étudier pour poursuivre une carrière de réalisateur. Il a aussi écrit des poèmes sous le nom de M. Henry Herman pour le groupe The Christians.
Le premier projet de long-métrage de Mark, Blame It on the Bellboy, une comédie d’erreur d’identité sort en 1992. 
Après cela, il écrit et réalise Les Virtuoses (1996) 
Grand Prix du Festival du film de Paris
Prix spécial du jury du Festival international du film de Tokyo, 
Prix des auditeurs du Masque, 
César du meilleur film étranger
Prix Lumière du meilleur film étranger), qui sera acclamé par les critiques. Le film raconte l’histoire d’une fanfare de mineurs, qui peine à survivre après la fermeture des mines, dans les années 1980.
Dans Little Voice (1998), adapté par Mark d'une pièce de Jim Cartwright , Jane Horrocks joue le rôle principal d’une femme harcelée, qui s’échappe dans les mémoires de son père et en imitant les chanteurs qu’elle admire.
Purely Belter (2000) raconte l’histoire de deux adolescents, qui essayent de gagner ensemble assez d’argent, pour acheter des places pour un match de football à un couple. 
Suivront Hope Springs (2003) et Le Garçon au pyjama rayé.

artfichier_508405_3433176_201402154439344

 

 

artfichier_508405_3433195_201402155252113

 

 

artfichier_508405_3433204_201402155545708

 

 

artfichier_508405_3433177_201402154501490

 

 

artfichier_508405_3433178_20140215451580

 

 

 

commentaires lors de la première diffusion du billet

Je suis affligé

je suis affligé par votre critique, pourquoi toujours chercher la petite bête et faire oublier l'essentiel (vos commentaires sont très intéressant sur la réalité historique, sur ses détails qui ne correspondent pas l'histoire etc.. etc.. etc..)
L'essentiel pour ma part n'est pas là, ce qui est important selon moi c'est que nous avons à faire à un excellent film admirablement interprété sur un sujet inédit poignant et terrifiant et qu'il faut s'empresser d'aller le voir, alors les détails qui sont peut être importants pour vous, qui ne correspondent pas à la réalité historique (on à l'impression en vous lisant que vous avez de la sympathie pour l'idéologie Nazi et que le fait de voir des scénaristes schématiser ces temps là vous irrite (Une grosse carrence du scénario est ne ne pas avoir situer très exactement les événements que nous voyons sur l’écran. Cette facilité opacifie et gauchit le film.) Gauchit le film.. (vous parler d'un point de vue) cesser de vous croire persécuter.
j'espère quand même que je ne vous apprend rien en vous disant que l'idéologie Nazi comme beaucoup d'autres a fait des milliers de morts.
 
Est ce que vous vous rendez compte que vos lecteurs qui vont lire votre critique risquent de ne pas chercher à voir ce film (qui pourtant le mérite beaucoup) mais j'espère que ce n'est pas ce que vous cherchez.
 
Vos opinions sur votre blog vous honorent (mais elles vous sont propres) laissez aux autres le soin de se faire la leur.
 
je sais j'ai l'air de vous donner des leçons et de parler à votre place et je m'en excuse mais essayez d'être plus objectif et moins subjectif (bien que cela vous honore)
 
 
Amicalement.
 
Alain.

Posté par Alain, 28 février 2009 à 15:15

réponse à Alain

L'essentiel n'est pas le sujet mais le cinéma. Comme le seul sujet de la peinture n'est pas un bouquet de fleurs ou une pipe (voir Magrite) mais la peinture. Ensuite seulement vient le sujet et lorsque l'on traite un sujet historique vaut il mieux connaitre l'histoire, (ceci dit il n'y a pas de bourdes historiques dans le film et il est bien meilleur que son générique raté et surtout que le film de Begnini). Rien n'empêche de raconter une histoire sur Mars et ainsi de se libérer des contraintes historiques. C'est ce que fait l'héroic fantasy. Il ne me semble pas que ma critique suggère que j'ai des sympathies nazis ou alors je me suis bien mal exprimé. Je crois qu'en revanche il est toujours dangereux de simplifier et qu'il faut faire confiance au public surtout celui des enfants capable de comprendre la complexité de l'âme humaine.
La critique a aussi ses contraintes comme celle de ne pas révéler la fin du film que l'on traite qui comme je l'ai déjà dit est inattendue et poignante. Quant à la subjectivité je la revendique sinon à quoi bon s'exprimer, je n'empêche personne d'avoir un avis différent du mien surtout s'il est argumenté, ce qui m'oblige à remettre en question mon opinion. Je dois dire que j'essaye dans mes textes de toujours privilégier la raison sur l'émotion.
L'émotion est souvent mauvaise conseillère et elle a par exemple conduit quelques intellectuels et autres dans les bras du nazisme voir par exemple le cas d'un Brasillach... Gardons nous donc de trop d'émotivité.
Quoiqu'il en soit Le garçon en pyjama rayé est un film bien intéressant que je n'hésiterais pas à montrer aux enfant mais avec quelques compléments d'informations.

Posté par B A, 28 février 2009 à 16:57

une bonne histoire

L'essentiel n'est pas le sujet mais le cinéma. Comme le seul sujet de la peinture n'est pas un bouquet de fleurs ou une pipe (voir Magrite) mais la peinture. Ensuite seulement vient le sujet.
 
je vous cite cette phrase dite par Jean Gabin à Lino Ventura sur le tournage du premier film de ce dernier (touchez pas au grisbi)
(Pour faire un bon film il faut trois choses, premièrement une bonne histoire,deuxièmement une bonne histoire et troisièmement une bonne histoire)
 
Pour moi le sujet passe avant tout.
si vous n'avez pas de bons sujet au départ vous n'avez rien.
 
Alain.

Posté par Alain, 01 mars 2009 à 02:10

Images ou Acteurs

je pense que pour vous le cinéma c'est d'abord les images (le visuel)
 
alors que pour moi se sont les acteurs et ce qu'ils dégagent.
 
voilà je crois ce qui nous différencie.
 
Amicalement. 
 
Alain.

Posté par Alain, 01 mars 2009 à 02:28

très beau film

Il me semble avoir déjà lut une histoire semblable... Mais quel film! Beau, touchant...
Je ne pensais pas un jour voir un film qui me ferait autant méditer après la liste de schindler de spielberg... J'ai trouvé les images belles à souhait (on ne voit pas auschwitz comme un camps ou il pleut sans arrêt et ou la mort est omniprésente... un film magnifique avec un bon jeu d'acteur; je ne regrette pas de l'avoir vu.

Posté par raliraloudu56, 01 mai 2009 à 19:06

réponse à raliraloudu

Très juste sur le climat du camp. Les cinéastes associent preque toujours la mort, le drame avec la pluie, le gris, mais on meurt aussi un jour de grand soleil...
Posté par B A, 01 mai 2009 à 21:59

wladimir et perla

je vous invite à écouter mes interentions USA
devant 500 étudiants et adultes, non juifs,
grâce aux Holocaust Centers de tout le continent
us du nord au sud, en 4 langues...
 
la mort de perla et la vie de son fils,
survivor...et résilient...
 
wladimir
06 38 39 30 10

Posté par wladimir à tous, 26 décembre 2009 à 15:41
Publicité
Publicité
4 août 2020

Colorful un film de Keiichi Hara

 

 

 

 

S'il y en a encore des personnes qui croient que les dessins animés sont pour les enfants et ne traitent que de sujets puérils, color ful devrait les faire définitivement changer d'avis puisque le film traite d'un sujet on ne peut plus grave, le suicide d'un collégien. Mais il est vrai que la gravité ne s'impose pas d'emblée. La première séquence est traité avec légèreté;elle est assez trompeuse car en décalage avec le reste du film, tant par la forme, c'est la seule en vue subjective, on comprendra pourquoi seulement à la fin du film (mais pour cela il ne faut pas être très perspicace) que par le son fond. Elle nous montre un écolier en culotte courte qui, dans une sorte de gare, annonce à un défunt, à l'esprit amnésique, que l'on ne voit pas, que le "patron" lui a donné une seconde chance. Il devra revivre dans le corps d'un adolescent, s'il passe l'épreuve d'une période probatoire, il pourra rester dans ce corps et vivre une seconde vie. L'écolier est une sorte d'ange nommé Paru Paru qui guidera l'élu, ce dernier est tout d'abord peu enthousiaste de retourner sur terre, pour affronter une nouvelle vie. L'âme de notre inconnu investit le corps d'un lycéen de 14 ans, Makoto, qui s'est suicidé. Les parents sont fous de joie de voir leur fils ressusciter. Mais le nouveau Makoto doit tout apprendre de sa famille et de son entourage; il est en outre assez peu aidé par son juvénile ange gardien...

 

 

 

 

Le fait de revivre une deuxième vie, fait un peu penser "A quartier lointain", le génial manga de Taniguchi. Autre référence qui vient immédiatement à l'esprit, cette fois en ce qui concerne la mise en scène est celle d'Ozu.

 

 

Avec beaucoup de tact Keiichi Hara dont Color ful est le deuxième long métrage sorti sur nos écrans après "un été avec Coo" amène progressivement dans son histoire des thèmes inhabituels dans les animés et même dans le cinéma, comme le suicide des adolescents, la prostitution des collégiennes, la démission des parents, les brimades des plus faible dans les collèges...

 

 

 

Tout comme dans "Un été avec Coo" Hara part d'un prémice surnaturel, cette fois ce n'est plus un yokai, mais la réincarnation (thème déjà abordé au cinéma d'une façon assez semblable dans "Une question de vie ou de mort") pour observer la quotidien d'un jeune japonais d'aujourd'hui.

 

 

 

L'histoire de la production de Color ful fait espérer dans l'intelligence de certains patrons du cinéma. En effet c'est un des responsables, Kenji Uchida du studio Sunrise, studio célèbre pour ses animés et séries de robots, qui a contacté Keiichi Hara, fort surpris de cette démarche, et qui lui a fait lire le roman d'Eto Mori, paru en 1998. Hara ayant aimé le livre, il a décidé de l'adapté en étant d'après mes informations (je n'ai pas lu le livre, je ne crois pas qu'il soit traduit en français) très fidèle au roman. La seule innovation importante qu'aurait apporté le cinéaste est la scène du tramway disparu, ce qui m'amène à dire combien "Colorful" est un film japonais, en effet les transports en commun (et leur amour) ont une importance pour les nippons que l'on ne soupçonne pas en Europe. Autre particlarisme japonais qui est au centre du film cette tension qui existe pour chaque individu de l'archipel entre le désir de se réaliser individuellement et le souci de faire parti du groupe, une des causes du suicide de Makoto est le fait qu'il est ostracisé par ses camarades de classes. Keiichi Hara évite le piège du sentimentalisme, où il était facile de tomber avec un tel sujet, en ne nous rendant pas Makoto sympathique d'emblée.

 

 

 

L'un des points forts du film est la qualité des décors qui possédent un rendu très proche de la photographie, avec pourtant ce petit supplément indéfinissable qu'apporte le dessin, alors que les personnages sont traités en un dessin plus épuré et moins naturaliste, parfois au bord de la caricature en ce qui concerne paru paru et le copain de Makoto. Les familiers du japon retrouveront avec plaisir et nostalgie ces petits riens qui font le charme du Pays.

Danc cette peinture du quotidien d'une famille ordinaire, de la classe moyenne du Japon d'aujourd'hui, c'est par le biais des nombreuses scènes de repas que le réalisateur pose les enjeux de son film.

Le film réussit à merveille a figurer ces instants de tout les jours qui sont souvent ceux qui pourtant font dire que «savoir qu'on a un lendemain, c'est vraiment bien»...

 

Capture-d-ecran-2011-11-25-a-14.36.34.jpg

 

Le film a obtenu un double prix, prix du public et mention spéciale du Jury au Festival du film d'animation d'Annecy. Même si le livre a été déjà adapté au cinéma avec de véritables acteurs il y a dix ans (comment voir ce film?), je trouve que c'est une très bonne idée de traiter par l'animation des sujets aussi graves et des histoires qui au premier abord n'appellent pas ce genre de médium car paradoxalement il passe presque toujours plus d'émotion par l'intermédiaire d'un personnage dessiné que lorsqu'il est figuré par un être de chair et de sang.

 

Capture-d-ecran-2011-11-25-a-14.36.50-copie-1.jpg

 

Colorful aurait gagné à être un peu moins long, la fin (le film se termine bien ce qui fait que l'on sort optimiste de ce film pourtant très noir), avec sa leçon de morale un peu pesante aurait pu être écourtée. La musique parfois tonitruante à des moment incongrus est souvent mal choisie. Mais ce ne sont que defauts véniels pour des meilleurs films de l'année pour qui s'il est préférable de connaitre un peu la civilisation japonaise pour l'apprécier pleinement. Il peut être vu par un large public qui y trouvera autant de distraction que de matière à reflexion. 

 

Keiichi Hara à Paris pour la projection de son film Colorful. Photo Barthélémy Lecocq

Keiichi Hara: "Je voulais filmer la dimension humaine"
4 juillet 2020

Modiano, le cinéma et mes souvenirs du 6 ème arrondissement

 

J'ai habité une dizaine d'années dans le sixième arrondissement de Paris, une petite rue qui joignait la rue de Sèvres à la rue du cherche midi qui est une de mes rues préférées de la capitale et pas seulement parce que de nombreux souvenirs heureux m'y rattache. Je faisais mes courses rue de Sèvres, à la Grande Epicerie du Bon Marché que je continue de fréquenter au moins une fois par semaine et que je quitte la bourse plate et l'échine courbée sous les provisions, mais aussi pour le tout venant à la moyenne surface qui était à cent mètre de chez moi. Et voilà qu'au détour d'un blog Les avant dernières choses dont voici l'adresse, http://avantderniereschoses.blogspot.com. Vous ne regretterez pas la visite; c'est une véritable caverne d'Ali baba d'enregistrements rares. Je reconnais le lieu de mes anciennes emplettes parcouru par Patrick Modiano qui est un de mes écrivains préférés, comme vous l'avez sans doute deviné, si curieusement vous me lisez et qui m'apprend que l'endroit était un cinéma où il connut ses premiers émois cinéphiliques. C'est un extrait datant de 1990 de la regrettée émission "Cinéma, cinéma" du non moins regretté Michel Boujut C'est en dessous...

 

 

 

29 juin 2020

UN CONTE DE NOËL un film de Desplechin

 

Capture-d-ecran-2011-06-25-a-21.26.19.jpg

 

 

L’argument du film est à la fois simple et alambiqué, mais rien ne peut être simple chez Deplechin. La mama (Catherine Deneuve) est atteinte d’un cancer rare du sang. Seule une greffe de moelle, ne pouvant venir qu’un proche membre de sa famille, peut éventuellement la sauver. Tous les membres de la smala qui se retrouvent dans la grande maison familiale de Roubaix pour fêter Noël, ont fait un test pour savoir s’ils peuvent être donneur. Seul le fils maudit et le jeune fou de la famille sont compatibles. Le fils noir va se dévouer.

On comprend bien, malgré une documentation médicale sans faille, cette histoire de cancer n’est qu’un habile prétexte pour faire l’autopsie d’une famille (qui à de nombreux points communs avec celle mise en scène dans “Rois et reine”, le précédent film du réalisateur) et insuffler du romanesque dans ce huis-clos bourgeois dans l’inévitable grande maison, c’est tout de même curieux cette propension à la vastitude des demeures dans le cinéma français, située à Roubaix, ce qui est à la fois original et tendance suite au succès des “Chtis”.

Cinématographiquement le film se place sous le parrainage revendiqué de Bergman dont on aperçoit un extrait d’un de ses films et plus discrètement sous celui de Woody Allen pour l’humour et le cynisme tranquille des dialogues. Leur brillant m’a fait autant penser à l’américain qu’à Sacha Guitry et les situations à Tchékov. Tout cela pour vous dire que Depleschin me semble se tromper de médium et que sa place est plus au théâtre qu’au cinéma. Les points forts du film étant outre des dialogues éblouissants, une direction d’acteur exceptionnel. C’est à ce propos la première fois que je vois Emmanuelle Devos, elle qui plombait le pourtant excellent “Rois et reine”. Roussillon est aussi extraordinaire qu’à l’habitude apportant sa truculence ahurie aux échanges verbaux. Amalric nous ressort son numéro de bobo borderline de “Rois et reine”, mais qui s’en plaindraient et Catherine Deneuve son registre de salope gourmée ,mis au point chez Valérie Lemercier, drôle et glaçant. Une grande découverte pour moi, Laurent Capelluto, comédien que je ne connaissais pas et que je trouve formidable de densité dans le rôle de Simon. La révélation est Emile Berling qui dans un rôle ingrat ne démérite pas du talent de son père. Il faut signaler la très bonne utilisation de la voix off, et celle de la figure, toute théâtrale, on y revient, de l’aparté. Mais cela se gâte sérieusement quand le réalisateur, sans la béquille du verbe, n’utilise que la grammaire cinématographique. Si bien que l’on pense parfois que nous assistons à l’adaptation au cinéma d’une pièce de théâtre. Certains subterfuges sont même un peu misérable comme celui de faire défiler les enseignes de café de la ville en sur impression d’un plan de la ville de Roubaix.

un_conte_de_noel_3.jpg

 

Autre défaut inhérent au cinéma branché français, son incapacité à filmer le travail, sauf ici les actes médicaux, sans doute parce que nos cinéastes ont bien peu l’expérience d’un autre labeur... Les métiers des protagonistes semblent ainsi être choisis au hasard. On s’etonne par exemple qu’un aussi fin lettré et musicien que le personnage magistralement interprété par Roussillon soit teinturier et paraisse jouir d’une telle aisance financière peu en accord avec son humble état d’artisan. On voit tout aussi mal sa névrosée de fille en auteur à succès et ce n’est pas une vêture de dandy qui transforme Hippolyte Girardot, de plus en plus précocement décati, en grand architecte, rôle d’une inconsistance totale.

Il n’en reste pas moins que c’est un véritable plaisir de passer près de 2h 30 non avec de simples actants, comme on le disait au beau temps du structuralisme triomphant, mais avec de vrais caractères à l’épaisseur romanesque que nous sommes ravis de côtoyer pendant ce moment d’intelligence qu’est la projection de ce conte de Noël.    

Pour un avis éclairé ne manquez pas la critique du bon docteur Orlof http://drorlof.over-blog.com/

 

22 juin 2020

CEMENT GARDEN, (LE JARDIN DE CIMENT) un film d'Andrew Birkin

 

 

  

Grande Bretagne, 90 mn, 1993

 

Réalisation: d’Andrew Birkin, scénario: Andrew Birkin et Ian McEwan d'après le roman éponyme de Ian McEwan (éditions du Seuil), image: Stephen Blackman, montage: Toby Tremlett, musique: Ed Sheamur

0_1e8215_f1d274ba_orig.jpg

 

avec: Charlotte Gainsbourg, Andrew Robertson, Alice Coulthard, Ned Birkin, Hanns Zischler, Sinead Cusak

 

Résumé

 

Dans une maison cubique isolée, de silhouette moderne, qui s’élève dans un paysages désolé, à l’écart d’un quartier d’immeubles démolis, un homme se bat contre les gravats en essayant de cultiver son jardin potager. Mais il y renonce et décide de couler du ciment sur tout ce qui entoure la maison. Il demande pour ce travail l’aide de son fils, Jack (Andrew Robertson), qui refuse et s’enferme dans les toilettes pour se masturber! A l’instant où le garçon jouit, son père s’effondre, victime d’une crise cardiaque, la tête la première dans le ciment frais... Peu après, sa femme (Sinead Cusak) rend, elle aussi, son dernier soupir. Voila quatre orphelins, deux garçons, deux filles qui sont terriblement travaillés par leur sexualité et par un sentiment d’abandon. Les enfants cachent la mort de leur mère aux voisins qui vu la situation de l’incroyable bicoque sont assez éloignés. La fratrie décide de garder près d’eux le cadavre de leur mère. Les enfants déposent le corps dans un grand coffre qu’ils coulent dans le ciment à la cave. Ils organisent leur vie quotidienne en écoutant leurs pulsions, chaque journée est ponctuée par les masturbations de Jack et par ses regards gourmands sur les belles cuisses largement ouvertes de sa soeur. Julie (Charlotte Gainsbourg, la nièce du réalisateur) et Jack, les ainés, se jettent de sensuels défis qui ira jusqu’à l’inceste consommé, pendant que le plus jeune frère s’habille en fille et se maquille... Dans la maison s’entasse de plus en plus les détritus. La tribu de ces abandonnés retourne vers une sorte de vie bestiale. Intervient alors la jalousie car un adulte du voisinage qui arrive en voiture de sport rouge tente de séduire Julie...

 

cem4

 

artfichier_508405_1590570_201212230316751

 

L'avis critique

 

Avec « Cement garden » nous avons à faire à un teen movie qui semble être le négatif des films holywoodiens. Cette macabre histoire d’après un roman de Ian McEwan à une force malaisante peu commune qui viendra hanter longtemps le spectateur sans doute en parti en raison de la fusion d’un fantastique macabre et d’une froide objectivité. Cette alchimie ne pouvait être qu’anglaise, tant par sa subtile perversité nourrie de Lewis Caroll, de William Golding et du Henry James du Tour d’écrou. Elle impose uneatmosphère délétère que le français Régis Wagnier n’est pas parvenu à rendre complétement dans son Seigneur du chateau(d’après le roman de Susan Hill, é(ditions Albin-Michel) dont Ciment gardenest assez voisin, aussi bien que par sa forme théâtrale, lieu clos et unique où rodent les spectres, typiquement britanniques. Une autre référence littéraire s'impose rapidement. On pense beaucoup à sa Majesté des mouchesdans lequel l’ile serait réduit à une maison isolée dans une désolation post-urbaine.

 

 

 

cem1

 

 

La situation d'une fratrie qui tente de survivre seule après la mort de leurs parents ou leur départ a été traité à plusieurs reprises, notamment dans «Our Mother's House" (1967), un chef-d'oeuvre peu connu réalisé par John Clayton.

Ce film fait bien plus que mettre roman de Ian McEwan en images. Une fois n'est pas coutume, l'adaptation est supérieur à l'original. Peut être parce que l'auteur du roman a travaillé à l'adaptation. Cement garden est le premier roman que Ian McEwan a publié. Ce qui était un début très dérangeant qui plaçait la barre très haut. D'ailleurs c'est déjà un classique de la littérature anglo-saxonne. Dans leur adaptationOn peut dire qu' Andrew Birkin et Ian Mc Ewan a adouci son livre en lui enlevant l'humour macabre et caustique qu'il contient. Cinématographiquement par un montage rythmé, Andrew Birkin a réussi à fluidifier un récit qui ne l'était pas. La lourdeur de l'exposé est le défaut majeur des premiers romans de Ian McEwan. Le réalisateur est bien aidé par sa distribution, si Sinead Cusack joue habilement la mère, les véritables vedettes du film sont ses jeunes interprètes, en particulier par Charlotte Gainsbourg qui trouvait là son premier grand rôle, et par le très joli Andrew Robertson que l'on a malheureusement plus revu.

 

 

 

La remarquable partition musicale d' Ed Sheamur distille tout au long du film l'angoisse.

La présence de l’homosexualité dans le film n’est pas tant dans le travestissement du jeune garçon que dans le regard désirant que le réalisateur porte sur Jack. Andrew Birkin avait déjà exploré les abîmes de la sexualité dans le beau et moins étouffant Burning secret.

Il y a une édition de ce film en France.

Cement garden est un grand film, curieusement méconnu ( même s'il arecueilli un ours d'argent à Berlin), sans doute en partie à cause de la noirceur de son sujet. On sort du film, comme d’une plongée en apnée, à bout de souffle, mal à l’aise et bouleversé.

 

cem3

 

cem2

 

 

 

cem5

 

 

 
Publicité
Publicité
21 juin 2020

SI J’ÉTAIS

Capture d’écran 2020-06-12 à 18

 

Je vous livre mes réponse au délicat exercice au jeu du << si j’étais>>. Il ne faut pas hésiter  à vous prêter à cet amusement

 

Un film:

“Lawrence d'Arabie” de David Lean, l'aventure, l'espionnage, les conquêtes, les causes perdues, l'empire, les garçons...

Un réalisateur:

Adolescent je vouais une passion à Claude Chabrol, “La femme infidèle” était mon grand film, Michel Bouquet et Maurice Ronet mes acteurs préférés. Lorsque quelques années plus tard j'ai rencontré Maurice Ronet, il a été très flatté d’avoir été mon comédien favori. Mais moi alors, c'est surtout sa peinture que j'aurais aimé voir...

Un acteur:

Enfant, jusqu'à 15 ans, c'est Jean Gabin qui me passionnait, “Les grandes familles” ou “Le président” ou bien encore “La bête humaine”, autant de films  qui m'avaient beaucoup impressionné, découverts à la télévision, le dimanche soir, sur l'unique chaîne d'alors. Dès leur sortie je demandais à ma tante de m’emmener voir le dernier film de l’acteur.

A cette époque avec mes parents nous habitions la banlieue parisienne. Nous n’allions à Paris au cinéma qu’exceptionnellement, le plus souvent pour voir le Disney annuel. J’attendais donc  que les films de mes acteurs préférés, il n’était pas encore question pour moi de metteur en scène dont j’ignorais jusqu’à l’existence, passent dans nos cinémas de quartier qui avaient pour nom le Vox et le Dôme. Nous étions prévenu de la programmation de ces deux cinémas par de grandes affiches mensuelles aux lettres tantôt rouges, tantôt bleues, invariablement collées sous le pont du chemin de fer.

Une actrice:

Dominique Sanda dans “Le jardin des Finzzi Contini” de Vittorio De Sicca.

Une rencontre d’acteurs:

Laurel et Hardy qui seront à jamais associés dans mon souvenir aux après midi de vacances pluvieux lorsque ma jeune tante m'emmenait au cinéma lorsque nous ne pouvions aller à la plage.

un gag: 

Toujours Laurel et Hardy se servant à tour de rôle de leur pouce comme briquet dans “Fra Diavolo”, vu à six ans dans un cinéma de Cabourg et jamais revu depuis!

Une révélation: 

“Blow up” découvert une après midi à Leysin un jour de tempête de neige où l'on ne pouvait pas skier, le mauvais temps est propice à la naissance de la cinéphilie.

Souvenir cinéphilique qui pourrait figurer dans une chanson de Vincent Delerm:

Je ne suis pas sûr que cela pourrait être dans une chanson de Delerm (que j'aime bien) mais je choisis la crise de larme de mon petit ami d'alors à la sortie de "La mouche" de Cronenberg, il avait dix huit ans et devait mourir du sida quelques années plus tard...

Une histoire d’amour:

Le problème lorsque l'on est gay et qu'on le sait très vite on est très frustré de ce coté là... Il m’aura fallu attendre “Beautifull thing” pour voir une histoire d’amour gay qui finisse bien.

Une bande son: 

“West side story”, la musique me tourne toujours dans la tête avec celle des Demoiselles de Rochefort.

Le pire film que j'ai vu: 

Mon beau frère à tué ma soeur dont j'ai oubliè le metteur en scène et ne désir pas m’en souvenir. 

Faiseur surestimé:

Beaucoup des cinéastes français que défendent à longueur d'année les Cahiers du cinéma, Vincent Dieutre par exemple et son désolant “Rome désolé”.

Une oeuvre sous estimée:

Les films "qualité française" descendus par la Nouvelle vague et qui ont émerveillé mon enfance: “Taxi pour Tobrouk”, “Fortunat” (j’ai appris plus tard que Frédéric Mitterrand jouait l’un des enfants), “Les aristocrates”, “Un singe en hiver”...

Un choc plastique: 

“Le satiricon” de Fellini, “Mort à Venise” de Visconti, la même année je crois(??)

Un fantasme:

Vivre dans “Le satiricon” de Fellini pour être tout près d’Encolpe et Giton...

3 juin 2020

John Wayne, adolescent

Rd3L7IW

e4681070a067eea0f6c8e3a484b64726--usc-trojans-john-wayne

27 mai 2020

Sal Mineo

Capture d’écran 2020-05-21 à 18

 

Il a souvent été dit que son personnage dans Rebel  Without A Cause a été  le premièr adolescent gay du cinéma. Ce qui n'est pas vraiment exact, mais il est certainement difficile de nier la connotation gay de l'engouement de Platon pour Jim dans le film. Lorsque Sal Mineo se rend à Hollywood le système de studio était toujours en vigueur, même si il en était déjà en déclin. Le studio lui construit des des histoires d'amour avec de belles jeunes filles pour alimenter les colonnes de commérages. Alors qu'il est gay, il donne des interviews dans lesquels il décrit sa fiancée idéale. Il fait ce que fait tout acteur alors s'il veut faire carrière à Hollywood. Il joue le jeu et sa carrière décolle bien. Il est nominé pour l'Oscar à deux reprises, la première fois alors qu'il n'a que seize ans et une seconde fois cinq ans plus tard. Mais quand il commença à vivre sa vie comme un homme plus ou moins ouvertement gay, dans les années 1960, il disparaître mystérieusement des affiches. La plupart des rôles qui lui sont offerts sont des rôles de psychopathes ou de mauviettes. Coïncidence? L'une de ses dernières apparitions au cinéma, avant son assassinat  a été comme  chimpanzé dans "Les évadés de la planète des singes".

  

 

 

24 mai 2020

Pour ne pas oublier Farley Granger (1925-2011)

 
 
La première fois que j'ai vu Farley Granger, c'était sur une télévision qui paraitrait aujourd'hui une antiquité avec sa belle boiserie en acajou et son écran bombé dont les coins étaient arrondis. C'était en cachette de mes parents pour voir "La corde" dont je ne sais pas comment la notoriété était arrivée à mes enfantines oreilles. Je devais avoir une dizaine d'années et ne savais encore rien, du moins consciemment de ma sexualité mais dès l'apparition de ce beau jeune homme, je fus subjugué par son élégance. Après cette révélation je n'ai eu de cesse que de guetter ses apparitions qui furent à mon gout bien trop rare. Et voila qu'il part alors que j'avais le dos tourné du coté de l'Andalousie où il est désormais assez difficile de trouver "Le Monde", ma gazette préférée, je n'ai donc appris la disparition de mon ancienne admiration qu'à mon retour. Décidément  en ce printemps, les étoiles hollywoodiennes s'éteignent une à une. Celle de Farley Granger brillait avec discrétion depuis quelques années mais son éclat m'arrivait grâce à ma vidéothèque lorsque je décidais de revoir un chef d'oeuvre signé Hitchcock ou Visconti où il s'illustra. Son élégance était inégalable, elle suintait d'une obscure sensualité. 
 


Le beau jeune homme, natif de San-José, a été découvert à 17 ans par Samuel Goldwyn. C'est  "La corde" que le talent de Farley Granger donne la pleine mesure. Son visage d'ange, sur lequel on peut déjà deviner les premiers stigmates de la déchéance, suggére d'obscures inquiétudes. La corde est emblématique d'un temps où l'homosexualité ne pouvait s'avancer sur les écrans que masquée; ainsi dans ce film, l'art du crime et de la dissimulation devient une métaphore de la sexualité cachée et mise au placard entre garçons. Chaque plan et chaque réplique sont des exercices de haute virtuosité du double-sens dans lesquels l'ironie est rarement absente. 



Dans l'inconnu du Nord-Express, il est un merveilleux joueur de tennis dragué dans le train fatal par le pervers Bruno, joué par Robert WalkerIl n'y a pas que chez Hitchcock que Farley Granger a brillé, il fut aussi le vénéneux officier autrichien qui faisait perdre la tête à la Comtesse Alida Valli dans le SENSO de Visconti, qui avait un grand talent assez rare, de donner des rôles consistants aux jeunes premiers.
Il fut aussi remarquable dans le film noir de Nicholas Ray, en 1949, "Les amants de la nuit" qui n'est pas sans rappeler "Bonnie and Clyde".
En 2003 dans son autobiographie, "Include me out", à ma connaissance toujours pas traduite en français, qu'il a rédigé avec le producteur Robert Calhoun qui était son compagnon depuis 1963, Farley Granger révèle sa bisexualité qui lui aurait été révélé à la suite d'une nuit très chaude où il aurait fait l'amour successivement avec un garçon puis une fille. Farley Gringer a été une des très rares vedette hollywoodienne a avoir parlé de son homosexualité.
 

21 mai 2020

JACQUES PERRIN, un si joli jeune homme

  








 

Publicité
Publicité
<< < 10 20 21 22 23 24 25 26 27 28 29 30 > >>
Dans les diagonales du temps
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité