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Dans les diagonales du temps
24 mai 2020

Pour ne pas oublier Farley Granger (1925-2011)

 
 
La première fois que j'ai vu Farley Granger, c'était sur une télévision qui paraitrait aujourd'hui une antiquité avec sa belle boiserie en acajou et son écran bombé dont les coins étaient arrondis. C'était en cachette de mes parents pour voir "La corde" dont je ne sais pas comment la notoriété était arrivée à mes enfantines oreilles. Je devais avoir une dizaine d'années et ne savais encore rien, du moins consciemment de ma sexualité mais dès l'apparition de ce beau jeune homme, je fus subjugué par son élégance. Après cette révélation je n'ai eu de cesse que de guetter ses apparitions qui furent à mon gout bien trop rare. Et voila qu'il part alors que j'avais le dos tourné du coté de l'Andalousie où il est désormais assez difficile de trouver "Le Monde", ma gazette préférée, je n'ai donc appris la disparition de mon ancienne admiration qu'à mon retour. Décidément  en ce printemps, les étoiles hollywoodiennes s'éteignent une à une. Celle de Farley Granger brillait avec discrétion depuis quelques années mais son éclat m'arrivait grâce à ma vidéothèque lorsque je décidais de revoir un chef d'oeuvre signé Hitchcock ou Visconti où il s'illustra. Son élégance était inégalable, elle suintait d'une obscure sensualité. 
 


Le beau jeune homme, natif de San-José, a été découvert à 17 ans par Samuel Goldwyn. C'est  "La corde" que le talent de Farley Granger donne la pleine mesure. Son visage d'ange, sur lequel on peut déjà deviner les premiers stigmates de la déchéance, suggére d'obscures inquiétudes. La corde est emblématique d'un temps où l'homosexualité ne pouvait s'avancer sur les écrans que masquée; ainsi dans ce film, l'art du crime et de la dissimulation devient une métaphore de la sexualité cachée et mise au placard entre garçons. Chaque plan et chaque réplique sont des exercices de haute virtuosité du double-sens dans lesquels l'ironie est rarement absente. 



Dans l'inconnu du Nord-Express, il est un merveilleux joueur de tennis dragué dans le train fatal par le pervers Bruno, joué par Robert WalkerIl n'y a pas que chez Hitchcock que Farley Granger a brillé, il fut aussi le vénéneux officier autrichien qui faisait perdre la tête à la Comtesse Alida Valli dans le SENSO de Visconti, qui avait un grand talent assez rare, de donner des rôles consistants aux jeunes premiers.
Il fut aussi remarquable dans le film noir de Nicholas Ray, en 1949, "Les amants de la nuit" qui n'est pas sans rappeler "Bonnie and Clyde".
En 2003 dans son autobiographie, "Include me out", à ma connaissance toujours pas traduite en français, qu'il a rédigé avec le producteur Robert Calhoun qui était son compagnon depuis 1963, Farley Granger révèle sa bisexualité qui lui aurait été révélé à la suite d'une nuit très chaude où il aurait fait l'amour successivement avec un garçon puis une fille. Farley Gringer a été une des très rares vedette hollywoodienne a avoir parlé de son homosexualité.
 

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