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Dans les diagonales du temps
10 mars 2020

Cloud Atlas de Lana Wachowski, Andy Wachowski et Tom Tykwer

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J'ai toujours une grande réticence à aller voir un film tiré d'un livre que j'ai beaucoup aimé surtout si comme c'est le cas pour « Cloud atlas » un des intérêts majeurs de l'ouvrage dont il est tiré, L'atlas des nuages de David Mitchell, est son écriture. D'autant que dans le cas présent en raison de sa taille, de sa construction littéraire et du fait que l'histoire se déroule du milieu du XIX ème siècle à un futur lointain il me paraissait inadaptable. Et bien la famille Wachowski épaulé de Tom Tykwer m'ont prouvé en 2h 30 que j'avais tort.

La réussite du film doit beaucoup au fait que son adaptation ait abandonné la construction du livre qui raconte six histoires s'échelonnant sur plusieurs siècles racontées de façon chronologique pendant la première moitié du roman, puis terminées dans la seconde moitié en ordre inverse selon le schéma: « 1,2,3,4,5,6,5,4,3,2,1 ». Chaque récit étant relié à une autre par un personnage, ou plus souvent sa trace, se trouvant dans l'histoire précédente. Dans chaque segment un des personnages est marqué par un signe identique, une tache de naissance au creux de l'épaule ayant la forme d'une comète. Si le scénario du film avait respecté la géographie du roman, il aurait fallu attendre plus d'une heure que le spectateur rencontre les personnage du segment 6 qui est à mon sens le meilleur du livre. Le scénario du film a choisi judicieusement de déconstruire chaque segment et de les éparpiller dans le film en respectant néanmoins l'ordre chronologique de chacun des segments en reliant chacun des petits morceaux par un très intelligent montage. Dans le cas de « Cloud atlas » le film doit autant à son monteur qu'à ses réalisateurs, même si le montage a été pensé bien évidemment en amont au tournage.

  

 

   

Pour ceux qui n'aurait pas lu le roman de David Mitchell, ce que je les encourage à faire sans tarder, voilà les pitchs de chacun des segments, classés par ordre chronologique: 1849, Adam Ewing, un jeune avocat, écrit un journal de bord lors d'une traversée durant laquelle il est de plus en plus malade malgré « les soins » d'un médecin ami (Tom Hanks). Un événement inattendu va faire de lui un fervent antiesclavagiste; 1936 après avoir du fuir Cambridge où il filait le parfait amour avec son amant, un jeune compositeur Robert Frosbisher (Ben Whishaw) tente de phagocyter un célèbre compositeur vieillissant pour assoir sa future carrière. Pendant qu'il lit le journal d'Adam Ewing, il écrit des lettres à son amant Rufus Sixsmith (James d'Arcy); 1973, en Californie, la journaliste Luisa Rey enquête sur une centrale nucléaire qui pourrait être dangereuse pour la population. Elle rencontre inopinément un savant atomiste Rufus Sixmith qui relit sans cesse les anciennes lettres que lui envoyait son amant. Aujourd'hui, en Angleterre l'éditeur Timothy Cavendish (Jim Broadbent, particulièrement savoureux) lit un manuscrit qui raconte l'enquête de Luisa Rey mais bientôt une suite de péripéties drolatique le mène dans une maison de retraite-prison d'où il essaye de s'évader avant d'écrire une adaptation théâtrale de ses mésaventures; 2014 Néo Séoul, la serveuse Sonmi-451 un clone devient l'instrument d'une révolte contre l'ordre totalitaire qui domine la ville. Elle a l'occasion entre deux péripéties dangereuses de voir un vieux film qui narre l'évasion de Cavendish; 2321 Hawaii, Zachry (Tom Hanks), un membre d'une tribu revenue à l'âge de pierre sur une terre que l'on imagine dévastée vénère la déesse Somni.

  

 

   

La trajectoire des personnages marqués par la comète sont influencées par la philosophie bouddhiste que semble pratiquer en amateur David Mitchell un peu à la manière dont le découvreur des sources du Nil, Richard Burton pratiquait l'islam... << Dans un monde où la réincarnation est possible et dans un film où le passé, le présent et le futur s’enchevêtrent, la mort est juste un nouveau point de passage d’un univers à l’autre.>> déclare David Mitchell. La présence de la marque de la comète indique donc qu'il pourrait s'agir d'une âme passant d'un corps à un autre au fil des temps. L'âme migrante était déjà l'idée qui amalgamait différentes histoires dans « Ecrits fantômes  », le premier livre de Mitchell paru en français.

Toutefois malgré son indéniable réussite cette brillante adaptation m'a encore conforté dans mon idée que la littérature est bien supérieure au cinéma. Le cinématographe oblige à une simplification du récit. Dans le cas présent nombre d'intrigues secondaires sont passées à la trappe dont celle dramatique mais néanmoins affriolante d'un mousse abusé sexuellement par un officier de marine.

Mais plus grave le cinéma force le trait ce qui était suggéré dans le roman devient une évidence. Le scénariste contraint de choisir entre les possibles qu'évoque l'auteur, gomme l'ambiguité qui faisait un des charmes et des mystères du livre. Il faut reconnaître que présentement il fait ressortir aussi combien Mitchell est un formidable raconteur d'histoires. Les fan de Mitchell pourront quitter le film 5 minutes avant la fin qui par son happy end trahi le pessimisme de l'écrivain, même si cette fin heureuse était l'une des possibilités que laissaient entrevoir les dernières pages du livre.

Ayant lu le livre et l'ayant encore bien en mémoire je suis incapable de dire comment un spectateur ne connaissant pas le roman peut recevoir le film. Je suppute que ce doit être un peu rude au début et qu'il lui faut un certain temps pour comprendre de quoi il retourne, mais en cela le film est fidèle à l'esprit de Mitchell qui n'a pas l'habitude de commencer ses livres par de longs préambules tièdes.

En élaguant la trame touffu du roman, le scénario met en avant des thèmes qui ne ressortent pas avec un tel relief dans le roman comme l'histoire d'amour entre deux hommes (si bien que je me suis demandé en raison de l'importance qu'elle prend dans le film si je ne devais pas classer « Cloud atlas » dans la rubrique cinéma gay »), le message antiesclavagiste. A l'inverse d'autres idées très présentes dans le roman sont mises au second plan comme le pessimisme sur le devenir humain (j'y reviendrais) ou le message écologiste.

  

 

 

Pratique peu courante dans le cinéma, ce film s'est fait à six mains! En effet la famille Wachowski se sont adjoint les services d'un troisième réalisateur, l'Allemand Tom Tykwer, à qui on doit entre autres « Cours, Lola, cours ». Les Wachowski ont réalisé les séquences sur le voyage maritime d’Adam Ewing en 1849, la révolte de Sonmi en 2144, et de la vie de Zachry en 2321. Alors que Tom Tykwer a réalisé les segments sur musicienl Robert Frobisher en 1936, celles des révélations de la journaliste Luisa Rey autour d’un complot industriel en 1973, et celles autour de l’éditeur londonien Cavendish en 2012.

A la gageure extravagante que représentait l'adaptation du roman, le triumvirat au pouvoir du film a rajouté la contrainte de faire jouer la multitude de personnages par un nombre limité d'acteurs. Si leurs performances sont réussies, elles n'empêchent pas quelques vieillissements un peu outrés ni les postiches trop voyantes. Mais cette contrainte était probablement indispensable pour attirer des acteurs célèbres comme Tom Hanks, Halle Berry, Hugo Weaving, Susan Sarandon, Hugh Grant... à rejoindre un projet aussi incertain.

Cloud atlas ne serait-ce que par son insensé culot mérite votre visite, le plaisir sera au rendez-vous même si la lecture du roman de David Mitchell dont le film est une habile adaptation vous en apportera encore plus.      

 

 

 

Cloud Atlas - Bande Annonce Officielle (VF) - Tom Hanks / Halle Berry / Wachowski

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10 mars 2020

Hannah Arendt, un film de Margarethe Von Trotta

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Ayant choisi le 1er mai pour allez voir, la biopic d'Hanna Arendt (1906-1975), vous vous doutez bien que je ne suis pas adepte de l'usure de semelles derrière un quelconque calicot, la plus grande surprise ne fut pas le film, mais le fait que la salle du cinéma qui le programmait était archi comble. A tel point qu'un des employés de l'établissement, juste avant la projection, est venu voir s'il pouvait encore caser deux personnes. Je n'avais pas vu cela depuis ma pré-adolescence où le cinéma de la station balnéaire où je résidait ne commençait à projeter le film en saison que lorsque tous les sièges étaient occupé. Je ne me serais jamais douté qu'Hannah Arendt et sa théorie de la banalité du mal avait autant d'adeptes à moins que Finkielkraut est donné rendez vous à cette séance à tous les thuriféraires de la philosophe... Mais je n'ai pourtant pas aperçu le résistant de France-Culture dans la salle. Ma surprise fut redoublée lorsque je m'aperçu que l'assistance ne comptait pas que des chenus mais aussi de jeunes pousses.

Pas grand chose à dire de ce film qui est néanmoins à voir, ne serait-ce pour ceux qui l'auraient oublié, de leur rappeler l'importance d'Hannah Arendt dans l'histoire des idées au XX ème siècle, tant il est d'une impeccable facture classique. Les cinéastes semblent enfin, après Spielberg et son Lincoln, s'apercevoir que le format d'un film de cinéma est trop court pour narrer toute une vie. Margarethe Von Trotta s'est ainsi concentré uniquement sur l'épisode de la couverture en 1961 du procès d'Eichmann pour le New-yorker par la philosophe ( C’est elle-même qui, malgré son inexpérience du journalisme, a suggéré à William Shawn, directeur du magazine, de la charger de cette mission). Le film s'étend sur quatre année de 1961 à 1965. Son texte où elle expose sa théorie de la banalité du mal déclencha une vive polémique mais ce qui ulcère particulièrement les juif c'est surtout qu'elle dénonce le fait que des autorités juives ont aidé à la shoah.

Très intelligemment grâce à un retour en arrière qui laisse entrevoir la relation qu'entretenait Hannah Arendt avec Heidegger (Klaus Pohl). Le film évoque avec mesure la liaison entre la jeune Hannah Arendt et son professeur. La scène de leurs brèves retrouvailles après la guerre, au cours de laquelle elle somme Heidegger de s’expliquer sur son engagement nazi, est particulièrement réussie. on comprend l'intransigeance intellectuelle d'Hannah Arendt pour qui la raison doit toujours primer sur l'émotion comme le lui a appris son maitre à penser (Heidegger n'a pas vraiment appliquer son dogme dans sa relation avec le nazisme). Ce qui peut être audible aujourd'hui était parfaitement inentendable en 1961 par la communauté juive dont beaucoup des membres étaient des rescapés des camps de concentration. C'est ce paramètre que ne pouvait du fait de sa formation intégrer dans sa manière d'exposer ses arguments sur la question du mal. Ainsi son ami Yosef Hayim Yerushalmi lui reproche d’avoir condamné en bloc tous les conseils juifs et d’avoir contribué, par cette généralisation, à l’effacement de la distinction entre victimes et bourreaux. Un de ses meilleurs amis, Kurt Blumenfeld (Michael Degan), sioniste et père spirituel d’Hannah depuis sa jeunesse, l'accuse de vouloir défendre les bourreaux du peuple juif. Il meurt sans lui avoir pardonné.

On entre et connait certains épisodes de la vie d'Annah Arendt par le biais de conversations qu'elle a avec son mari ( Heinrich Blücher, joué par Axel Milberg, l’homme de sa vie, rencontré à Paris, et qui l’accompagne dans sa fuite à travers l’Europe puis à New York, où ils se sont mariés et ont vécu ensemble pendant près de trente-cinq ans, jusqu’à la mort de Blücher)et ses amis dans lesquelles elle évoque des souvenirs comme son incarcération au camp de Gurs en 1939, alors qu'elle était réfugiée en France. Cet artifice permet à la réalisatrice de dépeindre le milieu new-yorkais dans lequel gravite la philosophe en particulier la romancière féministe américaine Mary McCarthy, interprétée par Janet McTeer, qui l’a soutenue alors qu’elle était attaquée pour ses articles sur le procès Eichmann.On voit également Hannah Arendt donner des cours à ses étudiants américains. Il faut se rappeler que grâce à la parution en 1951 de son ouvrage intitulé « Les origines du totalitarisme », Arendt était déjà en 1961, considérée comme un des grands penseurs du XXe siècle.Margarethe von Trotta réussit à filmer la pensée en train de s'élaborer.

L'interprétation est remarquable bien sûr Barbara Sukova est parfaite dans le rôle titre mais les autres acteurs ne sont pas en reste. Le choix à première vue de Barbara Sukova peut paraître surprenant car elle ne ressemble pas physiquement à Hannah Arendt mais l'intensité de l'interprétation de l'actrice fait oublier rapidement ce hiatus. L'insertion de bandes d'actualités (les images du procès d'Eichmann) est habilement fait. les images d’archives en noir et blanc sont intégrées au récit par le montage alterné avec les séquences reconstituées de la salle d’audience. Mais le tour de force est de parvenir à nous donner une idée de la philosophie d'Hannah Arendt et de Martin Heidegger.

Margarethe von Trotta en spécialiste des grands portraits de femmes fictives ou réelles, depuis L’Honneur perdu de Katharina Blum(1975) jusqu’à Rosa Luxemburg(1986) et Hildegarde de Bingen(2009) était la cinéaste la mieux à même pour réussir le portrait de cette femme intransigeante et courageuse. Margarethe Von Trotta montre bien le caractère passionné d’Arendt et sa vive intelligence, qui lui valurent autant d’amitiés que d’hostilité.

 

HANNAH ARENDT by Margarethe von Trotta - Trailer (HQ)

10 mars 2020

La vie d'Adèle un film d'Abdellatif Kechiche

 

  

  

On parle couramment de tranches de vie à propos d'un film ou d'un roman, il faudrait plutôt parler ici de pain de vie, tant le cinéaste nous fait sentir, sans aucun artifice de maquillage, à peine un changement de coiffure, le temps qui passe et qui corrode l'amour. Cette histoire d'amour entre Adèle et Emma se déroule sur une période de cinq à six ans; alors que le tournage aurait duré cinq mois. Lorsque Adèle rencontre Emma, elle n'est encore qu'une lycéenne de 17 ans (Emma doit avoir quatre à cinq ans de plus) et à la dernière image on vois Adèle devenue une femme cramée d'avoir connu le grand amour. On sait en la voyant s'éloigner seule, dans une rue de Lille, que quoi qu'il arrive désormais dans sa vie, elle ne connaitra plus un amour d'une telle intensité. Celui qu'elle a connu avec Emma elle l'écrira toujours avec un A majuscule.

Le but d'un cinéaste est-il de faire que le spectateur oublie qu'il est au cinéma et que ce qu'il regarde n'est pas joué mais qu'il observe un morceau de vie. Si c'est le cas Kéchiche y a parfaitement réussi et devient avec « La vie d'Adèle » un maitre. Le maitre du cinéma naturaliste, façon Pialat. Il y parvient si bien que l'on entre complètement en empathie avec Adèle au détriment d'Emma à laquelle on ne peut qu'en vouloir d'avoir casser le charme (hypnotique pour le spectateur) de son amour pour Adèle.

Je sais gré à Kéchiche d'avoir si bien montrer la jouissance au cinéma. C'est beau l'orgasme. Et puis pour qui n'est pas lesbienne c'est instructif, surtout pour un pédé, est-ce ainsi que les femmes jouissent? Je met un point d'interrogation car à la sortie de la salle j'entendais deux lesbiennes (c'est moi qui le subodore à l'écoute involontaire de leur conversation) qui disaient que c'était là l'amour lesbien filmé par un hétéro. Ah entendant cela j'ai compris la limite de ma critique, du moins sur ce point précis, n'étant ni lesbienne, ni hétéro, nul n'est parfait... Mais néanmoins je ne crois pas qu'il faille être homo pour pouvoir filmer les homos. Et puis je me doute que les lesbiennes ne jouissent pas toutes de la même manière, pas plus que les pédés aient les mêmes pratiques sexuelles ou que les hétéros fassent l'amour tous de la même façon...

  

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Une chose me paraît certaine, il y a désormais pour la représentation à l'écran de l'amour physique un avant et un après « La vie d'Adèle », où plus exactement il m'a semblé que pour la première fois on voyait le plaisir sexuel au cinéma, mais également le plaisir de manger, le plaisir de voir (belle scène au musée de Tourcoing) et le plaisir d'apprendre et de transmettre. Les scènes de classe sont remarquables. En un mot La vie d'Adèle est d'abord un film hédoniste.

Jamais auparavant devant une scène de sexe à l'écran je n'avais fait l'amour dans ma tête, comme je l'ai fait aujourd'hui, non avec un des acteurs (ou les deux) du film, mais avec un de mes anciens amants. C'est une expérience troublante, une sorte de dédoublement du temps et de la personnalité que j'ai subi durant ces longues scènes de sexe du film.

  

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J'ai été très impressionné par la beauté de ces corps de femmes emmêlés que le plaisir transfigure.

Ce qu'il y a de plus magique dans « La vie d'Adèle » c'est de nous faire le témoin de la transformation d'Adèle qui dans les premières séquence est une lycéenne quelconque et après sa rencontre avec Emma, épanouie par l'amour et comblé par le plaisir physique s'est métamorphosée en une belle jeune fille désirable et donc désirée.

Mais peut être encore plus impressionnant que le filmage du plaisir sexuel est celui du temps qui passe sur l'amour. La vie d'Adèle m'a enfin fait comprendre pourquoi on vieillit rarement avec son grand amour. Même si c'est une question encore beaucoup plus tabou que le représentation de la communion sexuelle dans une relation homosexuelle (et hétérosexuelle)...

  

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Je pense qu'il ne faut évacuer la notion d'homosexualité dans cet amour. Je ne crois pas que le film aurait été semblable si Adèle s'était éprise d'un jeune homme. L'image de l'hétérosexualité et surtout du couple hétérosexuel que donne « La vie d'Adèle » est très négatif. C'est celui d'un terne enfermement convenu que vivent les parents respectifs des deux filles.

Si on ne peut que louer l'abnégation des deux actrices principales, Léa Seydoux (que j'ai découverte dans La belle personne, le film de Christophe Honoré ) et surtout Adèle Exarchopoulos qui est dans chaque scène et presque dans tous les plans, quelle trouvaille de la part de Kéchiche, il ne faudrait pas oublier celle de leurs faire-valoir. Car tous les autres personnages, joués tous à la perfection, ne sont que des clichés de médiocres qui mettent d'autant en lumière la qualité des deux jeunes femmes. C'est à mon sens un des seuls défauts du film d'avoir fait des personnes qui gravitent autour du couple des caricatures, surtout dans la deuxième partie; si bien que l'on ne comprend pas comment Emma et Adèle peuvent accorder la moindre estime à de tels ringards. C'est un tour de force des comédiens que de rendre crédible ces navrants personnages. Je pense en particulier à Aurélien Recoing qui en une scène campe d'une manière magistrale le père bas de plafond, comme un ciel de Lille, d'Adèle et à Salim Kéchiouche parfait en dragueur maladroit qui en deux scènes fait exister la personnalité indigente de son personnage. Certes chaque personnage sonne juste, mais leur juxtaposition en fait une caricature de la société française de 2013.

  

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Je crains que les scènes époustouflantes de sexe occulte bien des choses que dit le film, sur la société française (et sur le cinéaste). Première remarque Kechiche n'est pas tendre avec ses coreligionnaires, les deux figure « d'arabe » ne sont guère valorisante, il y a d'abord la copine d'Adèle, véritable harpie homophobe puis Samir, interprété par Salim Kéchiouche, dragueur macho pas méchant mais particulièrement bête, mais « les gaulois » ne sont pas gâtés non plus... Le regard acerbe de Kéchiche traverse toutes les classes de la société, le père prolo d'Adèle est tout aussi regrettable que le pérorant directeur de la galerie dans laquelle expose Emma.

  

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Ce que montre le film au delà de la médiocrité de l'entourage est un la fois une totale impudeur, lorsque les copines de classe d'Adèle lui font subir un véritable interrogatoire sur ses pratiques sexuelles et amoureuses et un formidable égoïsme et manque total de civilité lorsque les parents bourgeois d'Emma pour recevoir l'amie de leur fille concocte un repas composer de fruits de mer sans s'enquérir des goûts d'Adèle. Deux situations qui étaient impensables au temps lointain où j'avais l'âge des deux amoureuses. Cela en dit beaucoup sur la dérive sociétale de la France. Mais qui le verra.

  

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Seul semblent être sauvé au yeux du cinéaste les jeunes du moins certains, d'abord les camarades de classe d'Adèle et surtout dans la deuxième partie du film, les enfants dont s'occupe Adèle, devenue institutrice, sont regardés avec bienveillance par Kéchiche. Mais qu'ils sont laids ces moutards! Avec les séquences d'Adèle en classe lorsqu'elle est lycéenne puis la même, quelques années plus tard, toujours dans une classe, mais cette fois institutrice de cour préparatoire apprenant aux enfants à lire, peu de film m'aura fait voir que contrairement aux apparences je n'habite plus le pays dans lequel je suis né... J'ai remarqué que la classe du lycée est plus calme de celle du cour préparatoire où les enfants semblent incapable de se concentrer.

  

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Les deux séquences scolaires, chacune dans une partie du film sont filmées en miroir. Cette construction se retrouve plusieurs fois par exemple à la première discussion en été, entre les deux filles sous le magnifique magnifique platane du parc public, répond l'endormissement mélancolique sous le même arbre en une après midi automnale, à la fête chez Adèle et Emma, lorsqu'elles sont heureuses en couple fait écho celle du vernissage qui clôt le film. Mais est-ce vraiment la fin, le sous titre de « La vie d'Adèle », partie 1, partie 2 peut faire penser que le cinéaste envisage de tourner une partie 3, une partie 4...

  

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Certaines scènes sont d'une très grande maîtrise, notamment dans cette façon presque gênante de ne jamais lâcher le regard des personnages, de transiter de l'un à l'autre, de coller au plus près des visages pour déceler une vérité profonde. Ce qui fait queLe cinéma de Kechiche n'est pas agréable ou confortable dans son regard sur l'autre.

  

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Ce que l'on voit à l'écran se sont des séquences dont certaines sont étirées jusqu'au malaise (encore Pialat), mais ce qui est aussi important c'est ce qui n'est pas sur l'écran. Kéchiche pratique aussi l'ellipse sauvage. Si on ne voit plus les parents d'Adèle dans la deuxième partie du film, on se doute que c'est parce qu'il y a eu rupture avec leur fille. Mais contrairement à la bande dessinée dont le film est vaguement inspiré (Le bleu est une couleur chaude de Julie Maroh), le cinéaste a choisi de ne pas montrer cette scène. Autre ellipse qui a provoqué mon interrogation, celle où l'on passe d'Adèle dévastée après sa rupture avec Emma à Adèle lors de la fête de fin d'année de l'école où elle est institutrice. Comment a-t-elle terminée sa nuit de cauchemard après avoir été jetée par Emma, comment s'est-elle réorganisée alors que visiblement elle a coupé les ponts avec ses parents? Autant de questions que le spectateur, qui colle depuis le début du film à Adèle, ne peut que ce poser. Petite frustration pour le gay que je suis de ne pas voir plus développer le personnage du meilleur ami d'Adèle, très bien joué par Sandor Funtek que l'on suppose gay. Certainement à cause de scènes coupées au montage, on n'est mis face à la proximité des deux adolescents sans préambule explicatif.

  

  

 

Le brillant chef opérateur, Sofian El Fani filme constamment caméra à l'épaule, mais avec relativement peu de mouvements des caméras, avec peu de plans larges mais en restant souvent très prés des acteurs d'où un grand nombre de plans moyens, pour les scènes de sexe et de gros plans pour toutes les scènes d'intimité. La plupart des scènes ont été tournées en deux caméras. Sofian El Fani a privilégié les couleurs chaudes. Le cadre est soigné. Petite critique pourquoi avoir laissé quelques reflets parasites à l'image alors qu'aujourd'hui il est facile de les éliminer numériquement.

Depuis longtemps on avait pas vu un film ayant une palme d'or cannoise aussi riche, profond et novateur. 

  

La vie d'Adèle | Official Trailer 2013 HD

 

10 mars 2020

Violette, un film de Martin Provost

Violette : Affiche

   

Je vais de moins en moins au cinéma, probablement parce que la plupart des histoires qu'on y raconte ne m'intéressent plus beaucoup. Mais "Violette" m'a fait sortir de ma tanière. La littérature m'a toujours passionné, de même que la vie des écrivains. En cela je suis plus du coté de Sainte-Beuve que de celui de Proust. Et puis les lectures des livres de Violette Leduc ont été de celles qui ont accompagné mon adolescence. En se remémorant ces lectures lointaines et en les confrontant avec les plus récentes d'Annie Ernaux, je m'aperçois combien cette dernière s'est inscrit dans l'héritage de Violette Leduc. A ce propos comme pour Annie Ernaux, cela aurait été le moment judicieux pour les éditions Gallimard, mais il me semble qu'ils gèrent de moins en moins bien leur fabuleux fond, de consacrer, comme ils l'ont fait justement pour Annie Ernaux (sur ce quarto on peut consulter mon billet  Écrire la vie d'Annie Ernaux), un quarto à Violette Leduc. J'ai donc immédiatement pensée qu'un film racontant les tumultueuses relations entre Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain) et Violette Leduc (Emmanuelle Devos). Le réalisateur, Martin Provost a coécrit le scénario avec un autre écrivain, René de Ceccaty. 

 

Violette : Photo Emmanuelle Devos

 

Comme à chaque fois que je connais l'image du personnage dont le film va retracer un épisode de la vie, je me heurte à son incarnation par un acteur. Si Sandrine Kiberlain à la même sécheresse physique que Simone de Beauvoir, Emmanuelle Devos n'a en rien la silhouette de Violette Leduc dont il est vrai on connait surtout la physionomie à la fin de sa vie. Seul point commun entre les deux femmes leur gros pif! Mais Emmanuelle Devos est beaucoup plus belle que son modèle, ce qui n'est pas très difficile. Cette relative beauté de la comédienne fausse la perception que l'on peut avoir de la vie de Violette Leduc qui souffrait autant de sa laideur que de sa bâtardise. Le talent d'Emmanuelle Devos fait qu'à la fin du film on ne peut absolument pas imaginer une autre actrice dans le rôle. On peut dire la même chose de Sandrine Kiberlain qui est une Simone de Beauvoir très convaincante. C'est d'autant plus remarquable que lui échoit une partition moins flamboyante que celle proposée à Emmanuelle Devos, mais qui est sans doute plus difficile, son personnage étant beaucoup plus intériorisé que celui de sa partenaire. Puisque je traite de l'interprétation restons y, pour louer l'excellence de la distribution (et de la direction d'acteur) jusqu'au moindre petit rôle (comme celui de Nathalie Richard qui est Hermine, l'ex de Violette), sauf pour un, sur lequel je reviendrai. Le mimétisme par exemple entre Genet et Jacques Bonnafé est prodigieux. Il faut aussi noter la performance d'Olivier Gourmet qui interprète Jacques Guérin (1902-2000), le riche patron des parfums d'Orsay qui fut un des bienfaiteurs de Violette Leduc. Pour ma part j'aimerai en savoir davantage sur ce très curieux personnage d'homosexuel mécène. Vous me direz que le travail du réalisateur a été facilité par ces acteurs fort réputés qui sont habitués à la perfection; comme c'est le cas de Catherine Hiégel in fine émouvante dans le rôle de la mère de Violette Leduc. Ce casting serait un sans faute si Martin Provostn'avait pas eu la fâcheuse idée de confier le rôle de Maurice Sachs à Olivier Py qui comme à son habitude est mauvais. La notoriété de ce monsieur ne cesse de m'étonner, doté d'un physique des plus quelconque, affublé d'une voix maniérée de fausset qui ferait passer celle de feu Jean Marais pour un organe de bronze, toujours mauvais dans tous les rôles dans lesquels je l'ai aperçu, ce qui ne l'empêche pas de se répandre en tribunes et déclarations dans lesquelles il étale une mégalomanie maladive, le voilà à la tête du Festival d'Avignon...

Un peu d'Histoire littéraire pour bien appréhender l'existence hors norme de Violette Leduc. Le film commence en 1942 (petite incise: Le film couvre une période de 1962 à 1964 et comme cela est la tendance actuelle dans les films qui se déroulent sur de longues années, on ne voit aucun vieillissement des personnages tout au long du film). La première scène la voit faire du marché noir. Elle a alors trente cinq ans et n'a encore rien écrit. Elle est né à Arras en 1907. Sa mère, Berthe, était bonne chez des bourgeois de Valencienne. Elle se fait engrosser, dans la grande tradition, par le fils de la famille qui en plus était tuberculeux. Berthe fuit accoucher à Arras. Violette a une enfance miséreuse. Au collège elle connait deux grands amours, d'abord avec une compagne de dortoir (Elle romancera cette idylle dans « Thérèse et Isabelle » qui sera adapté au cinéma.), puis avec une surveillante avec qui elle vivra plusieurs années. En 1938, elle a un petit emploi aux éditions Plon, elle rencontre de nombreux écrivains dont Maurice Sachs dont elle tombe amoureux mais il est homosexuel! Elle se marie avec un photographe. Elle tombe enceinte mais avorte et quitte son mari. Au début du film elle est réfugiée en Normandie avec Maurice Sachs, joué par Olivier Py.

Le coeur du film est la rencontre de la bâtarde avec Simone de Beauvoir (Sandrine Kiberlain) dans les années d'après-guerre à Saint-Germain-des-Prés. commence une relation intense entre les deux femmes qui va durer toute leur vie, relation basée sur la quête de la liberté par l'écriture pour Violette et la conviction pour Simone d'avoir entre les mains le destin d'un écrivain de grand talent qui en outre peut faire avancer la cause de l'émancipation des femmes.

La figure de Simone de Beauvoir apparaît dans le film beaucoup plus sympathique qu'ailleurs, en particulier sur un point précis, il semble que ce soit elle et Sartre qui, sur leurs deniers auraient versé durant près de quinze ans une pension à Violette Leduc, ce qui lui permettait de vivre modestement en ne se consacrant qu'à l'écriture. Gaston Gallimard n'aurait été qu'un intermédiaire. Alors que par exemple Edmund White dans son Genet indique que l'argent venait des éditions Gallimard et de personne d'autre.

Le réalisateur a divisé son film en chapitres. Un carton portant le titre du chapitre apparaît au début de chaque segment. Défilent ainsi de façon chronologique les grandes étape du calvaire qui mènera, plus que douloureusement, Violette Leduc à la gloire littéraire que lui procurera la parution de « La bâtarde ».

Le métier de cinéaste est bien difficile car pour faire un bon film il faut être complet et malheureusement si Martin Provost a le sens du casting, il n'a pas celui de la mise en scène. Que de scènes inutiles qui, coupées amélioreraient le film comme celle où le mari de Berthe la besogne ou celle de l'apparition de Maurice Sachs, dix ans après sa mort. Et pourquoi montrer le dit Sachs mort alors que l'on ne sait pas comment il a disparu! Que de plans attendus et lourdingues telle cette montée de caméra vers le plafond fissuré du galetas de Violette pour bien signifier sa misère... En revanche bonne idée d'avoir laissé Sartre hors champ...

Je n'ai pas pu satisfaire un de mes grands vices impunis: trouver un anachronisme. Je n'en ai pas vu. Mais tout est trop propret. Comme à l'habitude au cinéma toutes les voitures viennent d'être lavées. Classiquement tous les acteurs portent des vêtements pimpants et neufs, même s'ils sont dans la dèche. Je me souviens que lors d'une interview, François Maistre m'avait dit que lorsqu'il touchait son costume de scène la première chose qu'il faisait après l'avoir mis, était de se rouler par terre pour le vieillir (je ne suis pas certain que cette méthode radicale l'ait aidé à trouver des rôles...). Mais le plus gênant est ce que j'appellerait le retour de l'esthétique Butte Chaumont avec des scènes de rue sans perspective, dotées d'une figuration étique mais d'un sol d'une propreté de salle de dissection, pas un papier, ni un mégot dans les caniveaux, pas une crotte de chien sur les trottoirs (le cinéma fera un grand progrès vers l'authenticité à l'apparition de la première crotte de chien. Cher lecteur n'oubliez pas de me la signaler!).

Le dialogue n'est pas non plus d'une grande légèreté. Simone de Beauvoir était-elle aussi sentencieuse, même en privé?

Je suis ressorti du film avec mauvaise conscience. Pourquoi abandonne-t-on les écrivains que l'on a aimés. Ainsi sans que je sache pourquoi, cela fait plus de trente ans que je n'ai pas ouvert un livre de Violette Leduc. Je vais relire « La bâtarde ». Je suis sûr que ce film donnera à de nombreux spectateur l'envie de lire ou de relire Violette Leduc; ce qui n'est déjà pas rien...

Le film passionnera tous les gens qui s'intéressent à l'Histoire de la littérature du XX ème siècle. Il comblera moins les cinéphiles. 

  

Violette : Photo Emmanuelle Devos

 

 

 

10 mars 2020

25 novembre 1970, le jour où Mishima choisit son destin un film de Koji Wakamatsu

  

  

Mishima est le dernier film de l'infortuné Wakamatsu qui a eu la très mauvaise idée de se faire écraser par un taxi dans une rue de Tokyo avant la sortie de son film, triste et banale fin pour un homme à la vie bien aventureuse. Réalisateur, Marqué fortement à gauche son dernier opus, paradoxalement fait l'apologie (si on ne tient pas compte des cinq minutes finales) de l'action politique durant les dernières années de la vie de Mishima qui a eu pour épilogue son suicide retentissant. Ce film clot une trilogie dans laquelle le cinéaste a autopsié les démons politiques du Japon: Le Soldat-Dieu(2010) et United Red Army(2007), réflexion et retour sur le militarisme nippon pour le premier titre et les dérives sanglantes de l'extrême gauche radicale dans les années 1970 pour le second.

Mishima le 25 novembre 1970, accompagné de quatre hommes de sa milice privée (le Tatenokaï) a pris en otage un général pour contraire les responsables militaires à rassembler leurs hommes pour qu'ils écoutent le discours de l'écrivain. Celui-ci espérait qu'ils se révolteraient, en l'entendant, pour rétablir l'honneur du Japon en s'opposant à la fois aux communistes et aux américains, vus toujours comme des occupants. Devant son échec, il se fait seppuku (suicide par éventrement à l'arme blanche). Le coup de grâce, décapitation au sabre, lui sera porté par un de ses disciples, membre du groupuscule para-militaire que Mishima avait créé. Cet acte hautement médiatique eut à la fois un retentissement international et un effet nul sur la politique du Japon.

Pour m'en débarrasser je vais traiter d'emblée l'aspect purement cinématographique du film (celui-ci me paraissant moins intéressant que les symptômes présent dans la société japonaise qu'il révèle (mais aussi plus généralement de l'air du temps). Le film est hiératique brossant la vie de Mishima uniquement d'un point de vue politique, en une suite de scènes très dialoguées, le plus souvent à l'intérieur du local de la milice privée ou chez l'écrivain qui habite une belle villa de style occidental. Cette construction fait penser à l'adaptation d'une pièce de théâtre, j'ai parfois eu l'impression d'être devant une version nipponne et modernisée des « Possédés » de Camus. Pourtant les quelques aérations de l'action sont assez réussies, belles vues du mont Fuji. L'interprétation est remarquable de justesse. Arata est parfait dans le rôle de l'écrivain.

Mais abandodons la forme pour en venir au fond: Wakamatsu voit dans le geste d'un jeune homme, Yamaguchi Otoya qui poignarda à mort en 1960 le leader des socialistes japonais, Oyuki Dantai (le meurtrier se suicidera en prison), le point de départ de l'action politique de Mishima. Néanmoins, le véritable modèle de l'écrivain de son semblant de coup d'état est l'assassinat en 1936 du premier ministre japonais par quelques jeunes officiers bellicistes. Indirectement leur acte conduira à un renforcement de la militarisation du pays. Plus polémique, le réalisateur fait le parallèle entre les actions de l'extrême droite et celles de l'extrême gauche qui pareillement s'auto-détruisirent dans le sang au début des années 70.

  

 

Comme les militants d’extrême gauche, Mishima voulait transformer le Japon pour le sauver. Mais, avec le recul, chacun peut constater que les bases de la société japonaise n’ont pas fondamentalement changé depuis Mishima.

Le cinéaste évacue tout psychologisme pour expliquer l'acte de Mishima. Ne sont pas prise en compte des explications, qui si elles ne sont pas évidentes, sont néanmoins plausibles et ont pu entrer dans le processus de décision de l'écrivain, comme l'homosexualité, (les relations entre Mishima et son disciple préféré, Masakatsu Morita, qui dédia sa vie, et sa mort, à Mishima, et qui lui donnera le coup de grâce, sont montrées comme celles qu'entretenaient les personnages interprétés par James Dean et Sal Mineo dans « La fureur de vivre ») ou l'hypothèse d'un geste purement artistique ou enfin celle de la stérilité littéraire frappant le romancier dont l'engagement politique aurait été alors une sorte de palliatif à son impuissance littéraire. Je vois alors un parallèle à établir entre Mishima et Drieu la Rochelle par exemple... On peut aussi penser que le fait que pressenti pour le Prix Nobel, les jurés de Stockholm lui aient préféré Kawabata qui devient ainsi en 1968, le premier japonais a obtenir le Prix Nobel de littérature, a pu influer sur son jusqu'au boutisme politique. Je ne suis pas loin de penser que le « petit chose » de « Confession d'un masque » ait voulu devenir un samouraï, d'où son culte du corps et en particulier de son corps, et mourir comme tel.

Le malaise devant ce film nait de l'empathie que semble avoir le cinéaste pour la posture de Mishima et de son groupuscule, sans prendre partie sur le bien fondé de son action, alors qu'elle paraît pour le spectateur relever d'une méconnaissance totale de la politique et de la chose militaire, d'une faiblesse idéologique criante, Mishima ne s'appuie sur aucun corpus philosophique, il prône l'action avant la réflexion, ce qui est tout de même curieux pour un intellectuel. Car sur l'écran on ne voit qu'une secte totalement coupée de leur environnement et du contexte historique. Ce dernier nous est rappelé par des bandes d'actualités de l'époque, malheureusement d'une piètre qualité technique, (artifice probablement utilisé par Wakamatsu pour pallier aux limites de son très petit budget) qui montrent les affrontements d'une extrême violence entre les gauchistes japonais et la police dans le quartier de Shibuya. La grève des étudiants à Tokyo a durée en 1969, cinq mois. Je crois que la plupart des français ont oublié la violence politique qui régna au Japon de la moitié des années 60 jusqu'au début de la décennie suivante. Ce film nous la remet en mémoire. Il y avait toute une tradition de violence dans la société japonaise moderne (ce n'est guère différent dans la société française ou américaine par exemple) des attentats anarchistes du début du XX ème siècle (à ce sujet on peut se plonger dans ce chef d'oeuvre du manga qu'est « Botchan » de Taniguchi) aux massacres des coréens pris comme boucs émissaires du tremblement de terre du Kanto de 1923 (sur ces évènements il faut lire le livre somme et terrifiant d'Akira Yoshimura, Le Grand Tremblement de terre du Kanto, éditions Acte sud.).

Une scène devrait nous interpeler et pour les férus d'Histoire rappeler un épisode de l'Histoire de France. On y voit Mishima devant une assemblée d'étudiants gauchistes leur disant que leur combat ne diffère pas du sien et qu'il est prêt à les rejoindre. Si l'union capote c'est qu'elle achoppe uniquement sur la divinité de l'empereur, qui est pour Mishima un des fondement de la culture japonaise ce que les gauchistes réfutent. Ce renoncement pour ce qui peut paraître un point de détail (mais essentiel pour Mishima) n'est pas différent de ce qui se passa en France en 1871, lorsque le prétendant au trône ne fut pas roi car il ne voulait pas abandonner le drapeau blanc! Ces mouvements violents de droite de gauche ou d'ailleurs (on peut penser aux sectes) n'ont pas réussi à entrainer la société nippone qui venait depuis peu de sortir de la misère de l'après guerre, elle était en pleine ascension économique, connaissait le plein emploi et avait surtout l'envie de consommer. Mais qu'en serait-il aujourd'hui si de telles alliances apparemment contre nature réussissaient dans une société en plein délitement; vous avez compris que je ne pense pas cette fois au Japon...

Ma surprise fut grande, quand cherchant à voir ce film, je me suis aperçu qu'il n'était diffusé à Paris, et je crois en France, que dans une seule petite salle. Il me semble pourtant que cette histoire peut intéresser un large public même si son traitement est un peu trop hiératique. Surtout que le Japon fascine de nombreux jeunes amenés à ce pays, entre autre par le biais des mangas (ce fut mon cas après avoir été conquis par son cinéma). Est-ce que le nom de Mishima ne dit plus rien? Est-ce Qu'on ne lit plus ses livres ou qu'on ne lit peut être plus de livres?

La dernière séquence se passe cinq ans après la mort de l'écrivain; dans un petit bar de Tokyo, sa femme, demande au garçon qui a achevé son mari, ce qu'il a laissé derrière lui lorsqu'il a abandonné le corps de Mishima. Le garçon se tait et ouvre les mains, les paumes tournées vers le ciel. Sur cette image défilent les titres des romans de Mishima...  

  

  

  

 

 

11.25 Le Jour Où Mishima A Choisi Son Destin - Bande-annonce (VOST-HD)

 

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10 mars 2020

Thermæ Romæ, un film d'Hideki Takeuchi

  

  

  

Japon, 2012, 108 mn

  

Réalisation: Hideki Takeuchi, scenario d'après le manga éponyme de Mari Yamazak : Shōgo Mutō

  

Avec: Aya Ueto, Kai Shishido, Masachika Ichimura et Kazuki Kitamura, Matsuo Satoru, Morishita Yoshiyuki, Sasano Takashi, Kimura Midorik

  

Lucius Modestus est un architecte romain alors qu'Hadrien est empereur. Il se retrouve projeté dans le futur par le biais d'une source thermale. Avec l'aide de Mami, une apprentie mangaka (dont le rôle est confié à Aya Ueto), Lucius découvre les technologies contemporaines et voyage entre les époques pour rapporter à l'empereur les améliorations de l'art du bain. C'est « Les visiteurs » entre garum et saké!

Thermae-Romae-3

 

 

Il s'agit d'une adaptation du manga signé Mari Yamazaki (on peut aller voir le billet que je lui ai consacré. C’est donc un film en costume, avec la toge et tout et très bizarrement, dans la Rome Antique on parlait japonais. Le manga jouait sur l'étrangeté d'un romain projeté au Japon, mais comme le dit romain est joué par un acteur japonais ainsi que tous les autres y compris l'empereur Hadrien, c'est Antinous qui aurait été surpris, l'effet de décalage entre Lucius et les japonais qu'il rencontre est inexistant, vous me direz avec raison qu'il y a d'autres décalage dans ce film. De ses voyages dans le temps et dans l'espace (il lui suffit de plonger dans une piscine et il se retrouve au Japon, j'ai essayé mais cela n'a pas fonctionné mais je ne me décourage pas, voilà bientôt un an que j'essaye et toujours sans résultat!) ramène des inventions géniales comme la visière de bain qui permet de se laver les cheveux sans s’en mettre plein les yeux (en bas à droite de l'affiche du film, Il y avait cette sorte d'auréole en plastique dans la salle de bain de ma chambre d'hôtel et n'étant pas très intelligent je me suis bien demandé à quoi ce truc pouvait servir. En lisant le manga j'ai eu enfin la réponse.), des pommes de douche, les fresques dans les bains ou une sorte d’aquarium avec des méduses… ainsi que les bains à remous (avec des esclaves qui soufflent dans des tubes) mais uniquement pour l’empereur !!!

  

Thermae Romae

 

La découverte du papier toilette par notre citoyen romain

 

Le film, même au Japon, est une comédie; pour un occidental possédant quelques connaissances sur l'antiquité romaine hilarité garantie. Le plus extravaguant est que la réalisation a été soucieuce d'exactitudes historiques. Le film a été tournée dans les décors de la série Rome. Le seul gros hiatus est que tous les romains sont joués et pas avec légèreté par des japonais. Ne vous privez pas de ce plaisir coupable. Le film au Japon est sorti en salle en 2012 et a été un énorme succès (la suite sort au japon en avril 2014!). Il y a aussi une série télévisée animée qui suit à la page le manga.

  

une adresse pour télécharger le film: http://www.asia-choc.biz/thermae-romae-ddl-vostfr-film-japonais/

 

THERMAE ROMAE Trailer | Festival 2012

 

9 mars 2020

Non Gérard Blain n'est pas oublié

  

Comme ce blog ne le montre pas, je lis énormément de gazettes, mais j'évite de commenter les commentaires... Chaque mois c'est donc plusieurs magazines que je parcours. Ceux-ci me laisse de plus en plus indifférent puisqu'ils sont presque tous nourris de la molle doxa ambiante.

Toutefois hier, j'ai réagi en découvrant au dessus du nom du journal, « Les cahiers du cinéma, revue que je lis depuis des lustres, même si je lui préfère « Positif » dont je ne manque aucun numéro, le bandeau sur lequel j'ai lu le nom de Gérard Blain. Je précise que c'est la première fois, à ma connaissance, que l'on peut voir son nom en une d'une revue de cinéma; j'aimerais qu'un docte visiteur me contredise sur ce point.

Je me suis donc précipité aux dernières pages des Cahier où se trouve un article de 8 pages dont deux montrant chacune une belle photo en pleine page au titre qui aurait beaucoup plus à l'intéressé, d'ailleurs issu d'un de ses propos: « Gérard Blain, légitime défense ». Le texte est signé d'un nom inconnu de moi: Nicolas Azalbert.

  

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Je voudrais tout d'abord saluer l'initiative des Cahiers du cinéma de consacrer un petit dossier à Gérard Blain et ensuite loué la qualité de celui-ci qui offre à qui ne connaitrait pas l'oeuvre cinématographique de Blain une juste analyse de celle-ci doublée d'un rapide travelling sur la vie de l'acteur réalisateur.

J'y ai trouvé des phrases qu'il eut été bon d'écrire du vivant du cinéaste. Pourquoi attendre que les gens soient morts pour les couvrir d'éloges. Comme le dit d'ailleurs l'article, le cinéaste a souffert de l'indifférence des média à son encontre. Un article sur Gérard Blain c'est bien mais je ne peux pas m'empêcher de me dire que c'est trop tard.

Mais ne boudons pas trop tout de même notre plaisir lorsqu'on tombe sur de telles phrases: << Les amis frappe pour un coup d'essai, par sa maturité et arbore d'emblée les caractéristiques d'un cinéma en marge: prédilection pour le silence, acteurs non professionnels, refus du naturalisme et de la psychologie, une certaine rigueur morale et esthétique. Le film aborde aussi frontalement un thème qui ne cessera de revenir dans la majorité des films de Blain: les relations homosexuelles entre un adulte d'âge mûr et un adolescent. Il y a une conception grecque de ce type de relations chez Blain. La sexualité se double toujours d'un rapport familial (père/fils), d'un rapport de classes (riche/pauvre) et d'un rapport de transmission (maître/élève). La fascination qu'exerce chez Blain l'homosexualité provient de la complexité et de l'ambiguité qui se nouent entre les amants et qui explique plus généralement les positions du cinéastes face à la société. Ce qui est recherché (l'amour, le père, la connaissance) se heurte à ce qui est détesté (l'hypocrisie, le pouvoir, l'argent). D'où le tragique des films de Blain.>>.

Il est dommage que la parution de l'article et certains fait que Nicolas Azalbert rapporte tel que le résultat à la question, << citez un chef d'oeuvre de cinéma méconnu, que posa en septembre dernier la revue « Transfuge » à quatre jeunes réalisateurs français dont trois citèrent un film de Gérard Blain, chacun un différent, « Les amis » (on peut aller voir le billet que j'ai consacré à ce film: LES AMIS, un film de Gérard Blain), « Un enfant dans la foule » et « Le pélican », ou encore la tenue récente d'une rétrospective démente son entame d'article qui proclame: << Le génial et marginal cinéaste qu'était Gérard Blain est aujourd'hui, plus méconnu, complètement oublié. >> J'espère que ce blog est le vivant exemple du contraire.

 

Gérard Blain - Biographie

Enfin par vanité personnelle, j'aurais aimé que Nicolas Azalbert qui écrit qu' « Un enfant dans la foule » est le chef d'oeuvre de Gérard Blain mentionne que ce film avait été édité remarquablement en d.v.d. (j'en suis l'éditeur. il doit être aujourd'hui sans doute très difficile à trouver) il y a juste dix ans. J'avais particulièrement soigné l'édition de ce d.v.d. En souvenir des presque trente ans d'amitié avec Gérard (qui avait l'art de cloisonner ses relations) en proposant de riches bonus d'abord la leçon de cinématographe d'une durée d'une heure que Gérard Blain avait donnée dans le cadre de l'université Marc Bloch de Strasbourg, puis les premières images tournée par Gérard Blain sur le tournage d'Hatari d'Howard Hawks; j'avais demandé à Michel Marmin d'en écrire le commentaire. Ces images étaient complètement inédite et je les avais obtenues grâce à Paul Blain que je fais apparaître dans l'interview de Claude Cernay, ami de toujours de Gérard Blain et acteur dans « Un enfant dans la foule ». Cette interview, que je conduisais, était filmée par Philippe Vallois. Un beau casting d'un beau souvenir...  

 

Les Amis - Gérard Blain

9 mars 2020

On Your Mark, un clip réalisé par Miyazaki

 

On Your Mark-Speedpaint

9 mars 2020

Another year, un film de Mike Leigh

 

 

Si j'aime les films de Mike Leigh, et "Another year" ne fait pas exception à la règle, c'est qu'en autre chose leurs personnages sont de vrais gens à la différence de la plupart de ceux qui habitent les films français qui sont souvent de purs esprits sans métier et n'ayant presque jamais de soucis d'argent celui-ci semblant leur arriver comme l'eau coule au robinet. 

C'est tout l'inverse que l'on constate chez le cinéaste anglais. Tous ses personnages qui ne sont pourtant jamais caricaturaux, parfois il ne sont qu'un peu excessifs, sont tous fortement caractérisés par leur position dans l'échelle sociale, beaucoup plus acceptée dans l'imaginaire britannique qu'elle l'est dans la société française où elle sciemment occultée.

  

 

Le film est rigoureusement construit. Le récit s'articule autour d'un couple aux abords de la soixantaine. Il est formé par Tom, ingénieur, et Gerry, psychologue. Il vivent confortablement dans leur coquette maison des alentours de Londres. Leur passion est le jardinage. Autour d'eux s'agrègent plusieurs personnes toutes au départ du film plus ou moins esseulé et mis à part leur fils qui travaille dans un cabinet juridique, d'une condition sociale inférieur à la leur. On comprendra que Tom et Gerry viennent de la classe ouvrière mais qu'ils s'en sont libérés contrairement à leurs proches.

  

 

Celle de cet entourage qui compte sans doute le moins pour le couple, Mary (Lesley Manville), une collègue de Gerry, qui est en quelque sorte son négatif, est pourtant celle qui par ses navrantes frasques donne l'impulsion à l'histoire.  

L'espace social n'est pas le seul auquel Leigh apporte tout son soin. On trouve dans "Another year" une grande attention au temps; celui qui passe, le film est découpé en quatre parties suivant les saisons ce qui induit aussi le temps qu'il fait et un souci constant chez le réalisateur que le chromatisme de son film soit à l'unisson du climat qui règne dans son histoire: couleurs chaudes pour l'été, froide s pour l'hiver dans une palette très réduite. Chaque séquence se déroule dans un climat différent qui est illustré par les changements des travaux auxquels Tom et Gerry se livrent dans leur jardin qui a la particularité de n'être pas contiguë à leur belle maison typiquement anglaise. L'écoulement du temps dans "Another year" a quelque chose de tchekhovien. 

Ce que j'apprécie également c'est le courage qu'a un cinéaste aujourd'hui de mettre en scène non l'extraordinaire mais l'ordinaire de vies communes et, c'est pour cela que les films de Mike Leigh sont aussi poignants.

  

 

Another year met le doigt sur une particularité anglaise à moins qu'à l'inverse ce soit une situation purement française que le film met en exergue; en Angleterre la présence d'une classe ouvrière blanche, alors que de ce coté ci de la Manche, elle s'est comme évaporée. Il est patent également que le marqueur de ce lumpen prolétariat anglais est son alcoolisme chronique qui l'exclut du reste de la société l'enfermant dans un enclos destructeur d'où leur impossibilité à s'exprimer. Ils sont comme vitrifiés par l'alcool. Le personnage du frère de Tom (David Bradley) est l'illustration de cela.

Comme toujours chez Mike Leigh, les acteurs, que l'on a déjà vus presque tous dans ses films précédents, sont si extraordinaires que l'on a jamais l'impression que ce sont des personnes qui jouent un rôle mais qu'en dehors de la tranche de vie que nous voyons à l'écran, ils continuent leur existence dont nous sommes presque gênés d'en avoir été les momentanés voyeurs.

Discrètement "Another year" est un grand film sur le sens de la vie.

  

  

Nota

Est-il besoin de le préciser, c'est l'immense Floc'h qui a signé l'affiche.    

 

 

9 mars 2020

Minuscule un film d'Hélène Giraud et Thomas Szabo

  

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Je ne suis pas un grand regardeur de programmes télévisés mis à part quelques séries et les films que j'ai raté en salle et bien sûr les retransmission des tournois de tennis mais j'ignore à peu près tout des émissions destinées aux enfants. Je ne savais donc pas quand j'ai vu Minuscule que cela avait été d’abord une série de courts métrage destinés à la télévision créée en 2006 par Hélène Giraud (la fille de Jean Giraud dit aussi Moebius) et Thomas Szabo. Or donc ce qui frappe immédiatement c'est la forme assez inhabituelle dans l'animation. On y voit des insectes assez façon Disney, mais en 3D voletant, rampant, bourdonnants vivant leur vie d’insecte de manière assez farfelue tout en gardant une espèce de réalisme qui est renforcé par le concept visuel du film puisque les créatures animées bougent d'une manière très vériste sur des décors réels (principalement dans les Alpes de haute Provence. Les petites bêtes ne parlent pas mais se contentent de "buzzer".

C'est la bande annonce, épatante qui m'a donné envie de voir ce dessin animé. J'ai eu raison car c'est drôle et original, même si ce n'est pas la première fois que le héros d'un film d'animation est un insecte.  

Le scénario est simple. Dans une belle vallée au sein des montagnes où glougloute les torrents et bruissent les sapins une patrouille de fourmis noires (sympathiques) tombent sur un véritable trésor, une boîte à sucres pleine abandonnée. Elles décident de la ramener dans leur fourmilière. Elles croisent des fourmis rouges (très méchantes) qui n'ont qu'une idée, piquer le sucre aux fourmis noires. Les rouges se lancent à leur poursuite des noires. Ces dernières ont une alliée inattendue: une coccinelle accidentés (très très gentilles) qui s’est réfugiée dans la boîte.

 

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L’histoire  reprend des tas de structure des récits d’aventure, de western. Les personnages ne causent pas mais s’expriment par onomatopées rigolotes. On prend un bon bol d'air au rythme trépidant des péripéties de ces pauvres fourmis noires qui rassuré vous cela se terminera bie pour les gentils, mais je pense que vous vous en doutiez.

Le film donne l'envie de se coucher dans l'herbe pour la Nature, à s’émerveiller de ses trouvailles visuelles. Ça reprend des tas de recettes qui ont fait leur preuve. On pense a Microcosmos ou à Fourmiz pour les insectes ou de Qui veut la peau de Roger Rabbit ? pour le mélange de prises de vue réelle et d'animation mais dans une perspective différente.

Minuscule est une sorte de western chez les sympathiques insectes et je dois dire qu'à mon avis notre petite coccinelles remplacent avantageusement le cow-boy défourailleur. C'est aussi un film pour cinéphiles, il y a plein de private jokes mais même si j'en ai repéré quelques un la plupart m'ont sans doute qui m’ont échappé… Un très joli film qui fait regarder avec plus d'empathie toutes les petites bêtes. 

 

MINUSCULE - Hélène Giraud & Thomas Szabo - Officiële Nederlandse trailer - 2014

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