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Dans les diagonales du temps
13 mars 2021

Ils voyagèrent vers des pays perdus de Jean-Marie Rouart

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Sous ce titre qui ne veut pas dire grand chose, égare-t-on un pays comme on égare une chaussette? Se cache une (pseudo) uchronie; soit une Histoire qui n’a pas eu lieu mais qui aurait pu être. Le propre d’une uchronie est de posséder un point de divergence avec l’Histoire telle qu’on la connait. Dans le cas présent il se situe le 11 novembre 1942 lorsque les allemands envahissent la zone libre. Le maréchal Pétain au lieu de ne pas broncher et de rester à Vichy, dans le roman de Rouart s’envole pour Alger et devient de facto le chef des français qui s’opposent à l’occupation allemande. Cela pour le plus grand plaisir des américains qui ont débarqué en Afrique du Nord depuis trois jours. La nouvelle donne politique rend la situation du général de Gaulle à Londres problématique… C’est le coeur du roman de Jean-Maris Rouart dont le général de Gaulle est le personnage principal

Rouart en lousdé reprend antienne du maréchal jouant sur les deux tableaux, vieille histoire historiquement fausse qui déjà nourrissait l’autre uchronie qu’est « L’appel 17 juin » d’André Costa. La première faiblesse de livre est donc de reposer sur un point de divergence peu probable car même si Pétain entretenait de vieilles relations avec Roosevelt, on sait bien que ses penchants ne risquaient pas de le faire tomber du coté de la démocratie américaine. Néanmoins le départ de Petain à Alger est un postulat certes fort douteux mais qui aurait pu permettre quelques rêveries historiques. Mais prévenons sans tarder les éventuels lecteurs qu’hélas il n’en est rien et qu’à la place Rouart a écrit à un livre qui sans doute se voudrait mondain,  alors qu’il est surtout vulgaire remplis de personnages fat et d'inutiles scènes de rencontres amoureuses mornes et mièvres.

La plupart des uchronies, c’est le cas dans « Ils voyagèrent vers des pays perdus » mêlent personnages réels et historiques à des personnages de fiction. Le premier écueil pour l’écrivain est d’inventer des héros imaginaires aussi fort existentiellement que les figures historique qu’il va faire se mouvoir dans son roman, hélas ce n’est pas le cas dans ce livre dans lequel les créatures inventées par Jean-Marie Rouart ne sont que des ectoplasme évanescents. Une autre difficulté est de faire parler et penser des personnages historique de manière convaincante dans ce domaine n’est pas Philp Kerr qui veut… Et surtout de les faire agir dans cette Histoire imaginaire  les personnages ayant existé d’une manière plausible par rapport à ce que nous savons d’eux. Et là on touche le grotesque. Le général si dépité du volte face du Maréchal qu’il s’embarque sur un vieux navire concédé par Churchill pour destination inconnue. Il est suivi par un groupe de fidèles hétéroclite dont Raymond Aron, André S. Labarthe (dont la présence est complètement incongrue), Joseph Kessel, Maurice Druon… Jean-Marie Rouart nous donne alors une version au petit pied de « La nef des fous » d’Ann Porter. Puis le Général est débarqué avec sa poignée de fidèle dans une contrée septentrionale pour une rencontre qui va changer l’Histoire… Je ne vous en dirais pas plus pour ne pas divulgacher ce roman dont pourtant je ne recommande pas la lecture, sinon qu’il a une fin assez ridicule que je situerais littérairement entre Pierre Benoit et Louis Pauwels.

Le projet de Renouart était visiblement d’écrire un roman picaresque, le coté uchronique  est accessoire, dont le héros serait le général de Gaulle, ce qui est une curieuse idée mais il y a bien une bande-dessinée qui a pris de Gaulle comme personnage principal, « de Gaulle à la plage » et c’est très drôle, donc pourquoi pas! Comme les auteurs de cette bande-dessinée, Jean-Marie Renouart a eu l’ambition de faire sinon rire, du moins sourire. On reste aussi bien étranger aussi bien au coté picaresque du livre, puisque d’emblée on ne croit pas une seconde à cette pérégrination d’abord maritime puis terrestre, qu’à l’humour supposé et rien n’est plus triste qu’une blague qui ne fait pas rire. On parvient tout de même parfois à sourire par la façon dont sont amené les nombreuse et diverses citations qui émaillent les deux premiers tiers du livre. 

Le livre n’est pas sauvé par le style. On est tenté de croire à une plaisanterie tant l’auteur enfile les lieux communs sur tout les pluriels qu’il aborde: les anglais, les américains, les allemands, les femmes, les intellectuel… Ce ne sont qu’enfilades de clichés. Serait-ce une potacherie d’un normalien attardé ou plutôt d’un homme frustré de n’être pas entré à Normal. Sup auxquelles ses médiocres études ne lui aurait pas permis d’accéder? Le livre plutôt qu’écrit a sans doute été dicté à un de ces logiciels magiques qui transforment la parole en écrit; tant les longues phrases mal construites abondent. Le plus gênant est que l’on perçoit ce livre comme un véhicule pour régler ses comptes envers certaines personnes en particulier Raymond Aron. Presque à chaque page on trouve une pique contre les intellectuels.

Rouart avec ce mauvais livre fait de surcroit une mauvaise action celle de sur enchérir contre les élites intellectuels dont assurément il ne risque pas de faire partie en écrivant un tel livre plus grave encore il frise le révisionnisme en prêtant des propos absurde au général de Gaulle et faisant du maréchal Pétain un grand homme sympathique… 

 

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Commentaires
I
J’avais lu par hasard une critique très élogieuse de ce livre, qui le situait entre Jean d’O - la grande référence de Rouart paraît-il, et Kessel... Quant à son style, il était qualifié de "désopilant" ! Mais j’avais un doute, confirmé par la lecture de votre billet, lui fort amusant et intéressant. <br /> <br /> Je n’ai rien lu de Rouart, mais je lui en veux d’avoir profité du privilège – mérité ? - d’être de l’académie française, pour y faire entrer son amie Mme Dominique Bona qui elle ne le mérite certainement pas. J’ai lu d’elle une biographie tout à fait indigente, à tous points de vue. <br /> <br /> Pour en revenir à l’uchronie de Rouart, ce qu’il imagine de Pétain m’a rappelé un livre de l’historien royaliste François-Marin Fleutot que je viens de lire. Il y est longuement question de cette confiance dans le double jeu de Pétain que Maurras avait, et que beaucoup avaient hélas, autant à gauche qu’à droite. Mais que Rouart donne corps maintenant à cette confiance idiote … ? Et démolir Raymond Aron qui avait raison contre Sartre, ce n’est pas très malin non plus … Bon, la couverture du livre est plutôt jolie quand même !
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