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Dans les diagonales du temps
5 juillet 2020

L’ESCALIER, (Staircase) un film de Stanley Donen

  

USA, 100 mn, 1969

  

Réalisation: Stanley Donen,

  

avec : Rex Harrison, Richard Burton, Cathleen Nesbitt, Beatrix Lehman, Stephen Lewis, Nei Wilson, Gordon Heath

  


 

  

Résumé

  

Charlie et Harry, deux homosexuels vieillissants, vivent en couple depuis bien des années. Ils tiennent ensemble un salon de coiffure. Harry (Richard Burton) perd ses cheveux, et c’est pour lui un drame. Il cache sa calvitie galopante sous de grotesques turbans. Il s’occupe avec dévotion de sa vieille mère impotente (Cathleen Nesbitt) qui dans sa chambre du premier étage geint et récrimine toute la journée. En plus Il doit dorloter Charlie (Rex Harrison), vieille folle frustrée, acteur raté dont le seul titre de gloire est une ridicule publicité télévisée. Charlie est toujours d’humeur massacrante car il est menacé de comparaitre devant un tribunal pour un délit de travestissement car, au cours d’une soirée de drague, il s’est travesti en femme et il a fait des avances à un jeune homme qui a porté plainte. Depuis il vit dans la terreur d’être convoqué devant le tribunal. Charlie toujours élégant malgré ses fausses dents, exploite de façon éhontée l’amour que lui voue Harry, n’hésitant pas à se moquer cruellement de lui et à l’abandonner pour aller draguer dans les bars gays. En dépit des ruses de Charlie pour fuir le facteur, la funeste convocation finit par arriver. Elle lui est remise par Georges (Neil Wilson), le policier du quartier. Charlie envisage, pour prouver son hétérosexualité, de faire témoigner la fille qu’il a eue d’un bref mariage, vingt ans plus tôt. Pour mettre toutes les chances de son coté, il faudrait qu’Harry accepte de quitter le domicile conjugale quelques jours emmenant en plus sa nauséabonde et très encombrante maman. Mais bien sûr Harry refuse. Pour payer l’avocat, il faudrait aussi que Charlie soutire de l’argent à sa propre mère (Beatrix Lehman), reléguée dans un asile de vieillards. Mais la vieille dame furieuse, le chasse en le traitant de sodomite. Pour oublier ses déboires Charlie drague un certain Jack (Stephen Lewis), qu’il ramène à la maison. Pour Harry l’humiliation est à son comble, surtout qu’ ils ont baisé dans le lit conjugal. Une violente dispute éclate. Harry se réfugie dans la salle de bains où il s’évanouit, victime d’un malaise cardiaque. Charlie le découvre inanimé et croit qu’il s’est suicidé. Il comprend combien il est attaché à Harry et qu’il ne peut vivre sans lui. Il se promet d’être plus gentil avec lui. Mais le lendemain Charlie retrouve toute sa verve pour se moquer de la perruque de son compagnon. Le jour redouté d’aller au tribunal arrive, Charlie ne veut pas qu’Harry l’accompagne, il ne veut pas être flanqué de cette -folle-. Mais au bord du trottoir, il hésite incapable de traverser la rue, incapable d’y aller seul. Harry se précipite pour l’aider...

  

L'avis critique

  

Ce film, tiré d’une pièce de théatre de Charles Dyer, est une sorte De qui a peur de Virginia Woolfgay de boulevard. L'escalier peut se résumer à une longue scène de ménage qui pourtant aura comme conclusion la prise de conscience de ces deux hommes qu’ils ne peuvent pas vivre l’un sans l’autre. Cinématographiquement ce film est plus proche du ”Chat” et de Ce Cher Victorque de La Cage aux folles.

Stanley Donen n'axe pas son film sur l'homosexualité. Il nous parle surtout de deux êtres qui tentent de créer au quotidien une relation humaine. Le réalisateur nous l'expose avec crudité dans un naturalisme sans fard où néanmoins la tendresse n'est pas absente.

L'escalier est une tragédie maquillée en comédie, jouée par deux monstres sacrés.

 

 

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5 juillet 2020

DÉSORDRE VESTIMENTAIRE

 

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La Varenne, février 1984

5 juillet 2020

LE LOUISIANA, PRÈS DE COPENHAGUE, LE JARDIN DE SCULPTURES

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Il y a des musées d'hiver pour se réchauffer l'âme et l'oeil les jours de froidure et d'autres auquel il faut consacrer une journée d'été pour pleinement en jouir, le Louisiana est de ceux là. Il est né de la volonté d'un richissime homme d'affaire, Knud W. Jensen qui acheta en 1954 la villa dont le nom restera celui du musée. Celle-ci datait du XIX ème siècle et était érigée dans un parc en bord de mer et arboré d'essences rares. Le musée sera agrandi jusqu'en 1991 pour avoir l'aspect qu'il a aujourd'hui, ces ajouts réalisés sur plus de trente ans sont homogènes car confiés au même architecte, et que j'ai eu la grande joie de découvrir le mois dernier. L'idée de Jensen était de faire un musée dans lequel le spectateur se trouverait aussi bien que l'oeuvre qui, elle devait dialoguer avec la magnifique nature qui l'entourerait.  On devait pouvoir voir la majorité des pièces de la collection de l'intérieur du musée vers l'extérieur. Cela tombait bien car comme dans tous les musées danois que j'ai pu voir c'est la sculpture qui est mise à l'honneur, le Louisiana ne fait pas exception à la règle avec le "Sculpture Park" d'où la nécessité d'avoir beau temps pour profiter de ce lieu enchanteur d'où l'on aperçoit les rivages de la Suède voisine. 

 

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Dans ce cadre idéal, où l' implantation de chaque pièce a été murement réfléchi pour que l'oeuvre soit mise en valeur et puisse dialoguer avec la nature, nous avons en nous promenant un bon et beau panorama de la sculpture de la deuxième moitié du XX ème siècle avec des pièces majeures pour la plupart des sculpteurs. C'est le cas de Arp avec ces cinq pures abstractions, que l'on peut voir immédiatement ci-dessus.

 

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Jensen qui ne manquait pas de moyens allais voir des sculpteurs comme Dubuffet et Moore pour leur commander des oeuvres dont le parc pouvait être l'écrin idéal, comme pour les superbes bronzes de Moore , ci dessus, ou le Dubuffet que l'on voit surtout bien de l'intérieur, ci-dessous

 

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C'est atablé à la terrasse très agréable du restaurant que l'on peut le mieux admirer les imposants assemblages de Calder que les mouettes utilisent comme perchoir.

 

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D'autres artistes ne sont représentés que par une sculpture comme Max Bill proche de l'esthétique de Arp.

 

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Plus loin des seins abandonnés de Louise Bourgeois, en fait ce serait des yeux.

 

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Une incursion dans la sculpture d'avant guerre avec Henri Laurens que l'on aperçois derrière le Arp de la deuxième photo en partant du haut. Très joyeuse est la statue de Max Ernst.

 

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Tout comme celle de Miro

 

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Tout en haut d'une belle pente herbeuse qui mène à la mer, on surplombe un assemblage de Joel Shapiro.

 

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Au détour d'un chemin une pierre suspendue de Nobuo Sekine

 

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Au tournant d'un couloir une ouverture sur une suite d'Henry Heerup

 

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Copenhague, juillet 2011hhhh

 

Il y a encore dans ce jardin extraordinaire des oeuvres de George Trakas, de Richard Serra (que je n'ai pas vu car je n'ai pas pris ce raidillon en bord de mer), de Per Kirkeby, de Dani Karavan, de Bryan Hunt, de Gunther Frog ext... mais je ne les ai pas photographiées du moins au premier plan. 

 

 

5 juillet 2020

OLIVIER DANS MA SALLE DE BAIN

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La Varenne, juillet 1983

5 juillet 2020

QUEL EST MON NOM DE MELVIL POUPAUD

 

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Naguère j'avais mis en amorce du billet que j'ai consacré à « Voix » de Podalydes que je me méfiais des livres signés par des acteurs. Après avoir lu « Quel est mon nom », qui n'est pas sans rapport avec l'ouvrage pré cité, je vais m'en méfier de moins en moins car celui-ci aussi est épatant. Quel est mon nom est un beau livre d'abord parce que Melvil Poupaud s'y révèle une belle personne. Lorsque après la lecture de son bel album partiellement autobiographique, on se dit que du coté des nuage le joli Melvil a, pour l'instant, je lui souhaite que cela dure, a décroché le gros lot de la vie.

Si les habitués des salles obscures et en particulier de la cinématographie de Raul Ruiz savaient déjà que Melvil Poupaud est une des plus belles gueules du cinéma français qui n'en compte guère, il découvrirons avec « Quel est mon nom » qu'il a surtout une belle gueule à l'intérieur, ce qui à l'avantage d'être souvent plus durable. C'est du moins ce qui transparait à travers les émouvantes évocations qu'il fait de son entourage et en particulier de Serge Daney et de Raul Ruiz. Ce garçon qui a fréquenté dès le plus jeune âge, grâce à sa mère un nombre de sommités impressionnantes dans divers domaines Ruiz lui offre l'hospitalité lorsque sa copine l'a largué, Duras, Daney qui l'aide à faire ses dissertations, il est photographié par Hervé Guibert... ne se pousse jamais du col, il ne tombe pas non plus dans l'admiration béate devant ces célébrités qu'il voit au quotidien, démaquillées loin des sunligts. S'il les admire, il est surtout attentif à ce qu'ils disent, même s'il ne comprend pas toujours la totalité de ces discours tombés de ces bouches érudites. Il reste toujours lucide, ce qui est assez extraordinaire de la part d'un garçons de cet âge (je parle de la partie du livre qui traite de son adolescence), peut être parce qu'il voit certaines de ces célébrités tituber dans l'appartement de sa mère sous l'effet de substances aussi diverses que variées.

 

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Le livre est divisé selon quatre époques de la vie de Melvil Poupaud, l'enfance, l'adolescence, l'âge adulte et maintenant, dans cette dernière partie on parfois l'impression de lire du Kessel...

L'ouvrage, qui est aussi un bel objet, le papier est d'un grammage inhabituel, se présente comme une sorte de scrapbook de la vie de l'auteur. On y trouve, en plus du texte, des photos prises par Melvil Poupaud mais surtout par des gens qui ont accompagné sa vie comme sa mère et Chiara Mastroianni ou qu'il a croisé tel Hervé Guibert, qu'il parvient à cerner en une phrase: << On aurait dit un enfant triste, cherchant désespérément un camarade pour jouer avec lui.>>, ou Bruno Nuytten. Il y a aussi des dessins des photogrammes de films dans lesquels Melvil Poupaud a tournés ou qu'il a réalisés. L'écrit lui même revêt des formes variées, autobiographie, essai sur le métier d'acteur, récit de voyage, nouvelle, scénario, quête mystique... Le texte est agrémenté de notes en bas de pages dans lesquelles les protagonistes du récit commente les dire de Melvil Poupaud qui leur a donc soumis avant de le publier. Sa mère apporte des précisions amusées aux dires de son fils, Raul Ruiz (on est ravi d'apprendre ainsi qu'il a pu lire ce beau livre, où il tient une grande place, avant de mourir) se fend d'une notule aussi érudite qu'ironique, bien dans sa manière, on a également droit à une remarque italianisante de Chiara Mastroianni.

 

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Au détour d'une page on tombe sur une anecdote de tournage, elles sont souvent hilarantes, une méditation sur l'identité de l'acteur, d'où le titre, un morceau de scénario ou une belle description de la solitude dans la ville.

Le surréalisme ruizien a incontestablement déteint sur Melvil Poupaud en témoigne cet extrait: << Pour m'occuper durant le long tournage du film de James Hurt, Lucky Luke, western français tourné en Argentine en 2008, j'avais emporté dans mes bagages le scénario d'un autre film, écrit par Hugo Santiago, metteur en scène argentin et ancien collaborateur de Jorge Luis Borges, dont je comptais me servir comme guide touristique...>>.

Ce qui donne encore plus de prix à ce livre c'est la lucidité, on peut dire la modestie de son auteur envers lui même. J'ai rarement constaté dans un récit autobiographique une aussi juste distance entre celui qui écrit et son double, son sujet.

Je ne vois pas pourquoi le Prix Médicis chercherait un autre lauréat que Melvil Poupaud, son livre est d'une nouveauté absolu et subvertit merveilleusement les différents genres qu'il aborde dans ces pages ludiques et profondes.

 

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5 juillet 2020

UN LAPIN ROSE ET DEUX ESCARGOTS BOULEVARD SAINT-GERMAIN

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Paris VII, avril 2010

4 juillet 2020

Frisbee à La Baule

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4 juillet 2020

Etés anglais de Jane Elisabeth Howard

 

 

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Etés anglais est le premier tome d’une pintalogie (si l’éditeur français édite la totalité de la saga et respecte le découpage initial) intitulée « La saga des Cazalet » qui couvrira les années de 1937 à 1958. Ce titre fait immédiatement songer à une autre saga anglaise célèbre, celle des Forsyte de John Galsworthy. Elizabeth Jane Howard (1923-2014) explore le même monde que son prédécesseur, soit la grande bourgeoisie anglaise, mais un demi siècle plus tard puisque les étés dont il est question sont les étés 1937 et 1938 durant lesquels  3 générations de la famille Cazalet, grand-parents, parents et enfants vivent à Home place, la vaste propriété du patriarche, sise dans la  verte campagne du Sussex à une quinzaine de kilomètres d’Hasting. Je rappellerais que la saga des Forsyte commence en 1887. La concordance des dates à 50 ans d’écart  ne peut pas être un hasard. Pour l'ampleur de cette série de romans, On peut aussi évoquer les ouvrages de Jonathan Coe comme « Bienvenue au club » et ses suites. 

Il ne faudrait pas s’imaginer, en dépit du titre, que la saga des Cazalet serait une sorte de remake de celle des Forsyte. C’est beaucoup plus fort, et ce n’est pas rien puisque John Galsworthy a obtenu le prix Nobel de littérature pour son grand oeuvre; ce qui n’était pas immérité. La supériorité de Jane Elisabeth Howard sur son prédécesseur se situe principalement sur deux points; d’abord celui de faire exister en un peu plus de 500 pages une cinquantaine de personnages beaucoup plus que dans les romans de Galsworthy et deuxièmement de les faire parler et réfléchir chacun d’une voix singulière. Ce qui est surtout remarquable est que la romancière se mettent à chaque fois à hauteur de chaque personnage et qu'ils paraissent tour à tour le personnage principalde cette histoire, alors qu’ils sont d’âge et de conditions sociale différente alors que les personnages des Forsyte sont plus homogène, et qu'il n'ont ou n'auront pas une place identique dans la saga. 

Le roman d’Elizabeth Jane Howard constitue un document précieux sur les rituels et les mentalités du monde de la grande bourgeoisie anglaise d’avant-guerre, monde qu’elle a connu dans son enfance. Cette fresque familiale est profondément humaine et chaleureuse. Les enfants y occupent une place très importante. « Etés anglais » se révèle dès les premières pages très addictif. On sent d’emblée que Jane Elizabeth Howard aime profondément tous ses personnages même s’ils ne sont pas toujours aimables. Elizabeth Jane Howard entraîne le lecteur avec une grâce indicible, une poésie sage, rayonnante d'humanité au coeur de la vie intérieure de chacun de ses  personnages. On partage leurs émotions , leurs faiblesses , leurs préoccupations… On découvre les loyautés cachées ou non de cette famille anglaise nombreuse et de ses satellites, du patriarche vieillissant, à la femme de chambre, de la cuisinière dévouée, au nouveau-né William si attendrissant en passant par la ribambelle des cousins et cousines. 

Par le biais de ses personnages, Elizabeth Jane Howard n'hésite pas à aborder des sujets graves, tels l'antisémitisme, l’angoisse de la maternité, la différence d'éducation offerte aux filles et aux garçons, le désir ou la frustration sexuelle, l’inceste et surtout la condition des femmes, alors soumises au désir des hommes … On voit combien avant la contraception et le droit à l’avortement, la venu d’un enfant, arrivée souvent inopinée, pesait sur la femme et parfois mettait sa vie en danger. L'auteur distille ces réflexions au coeur de sa construction narrative avec beaucoup de finesse. Alors que l’on l’impression qu’il ne se passe pas grand chose dans ces vies pourtant il y a tout cela et encore bien d'autres choses. Comme trop souvent, on a jamais le sentiment que Jane Elizabeth Howard charge par un surplus d’évènements sa barque narrative, tout simplement parce que l’on suit une cinquantaine de personnages et que ces graves questions sont vécues individuellement que par quelques uns dans cette cohorte. Paradoxalement cette polyphonie sauve le roman du trop plein. 

Nous entrons véritablement dans la tête de chacun des acteurs de ces « Etés anglais ». Les monologues intérieurs sont fréquents et cette fois c’est bien sûr à Virginia Woolf que nous pensons. Ce qui est remarquable dans « Etés anglais » c’est que l’auteur réussi a faire parler et penser chaque personnage selon son âge et sa condition. Même si l’auteur n’a bien sûr pas chercher à vouer un nombre de lignes égales à chacun, on peut dire que chaque acteur de cette histoire est traité d’une manière identique que ce soit un enfant de 9 ans, un grand bourgeois de 40 ans ou une domestique rien de plus égalitaire que ce roman d’ailleurs il s’ouvre et se ferme sur des paragraphes dans lesquelles figurent, pour le début une jeune femme de chambre et pour la fin, la vieille préceptrice désargentée des enfants de la famille.

Il reste néanmoins que la narration est principalement centrée sur les familles des trois fils du patriarche Cazalet, Hugh, Edward et Rupert respectivement âgés en 1937 de 41, 40 et 34 ans. Chacun ont plusieurs enfants et une domesticité. On les découvre, comme nous tous, ambivalents; tel goujat avec les femmes peut-être le plus attentionné des frères ou une mondaine superficielle peut aussi connaitre le désespoir.

Quant au style narratif, le plus notable, et le plus évident à remarquer est que nous sommes toujours dans le présent des personnages; ce qui est assez exceptionnel dans l’univers romanesque. Je m’explique presque dans tous les romans les personnages reviennent artificiellement sur leur passé, ce que l’on ne fait que rarement ou du moins que par courtes bribes dans la réalité. Cet artifice sert à informer le lecteur du passé de tel ou tel acteur de l’histoire. Dans « Eté anglais » ce n’est jamais le cas. Chacun est trop occupés à vivre son présent, même si celui-ci ne parait pas toujours trépident, pour avoir le temps à de longues remémoration de leur vie passé. A l’exception de la vieille préceptrice, qui a un regard rétrospectif sur sa vie et semble au bout de son chemin. Cette exception est très habile car elle renforce le présentisme des autres.  

Ce choix narratif force le lecteur a imaginer ce qui c’est passé avant cet été 1937 durant lequel nous faisons connaissance abruptement d’une foule de personnages. Par exemple nous ne savons rien, du moins dans ce premier tome, de l’origine de la fortune de la famille Cazalet. On peut imaginer qu’elle n’est pas ancienne et que c’est William Cazalet dit le Brig qui en est le principal responsable et qui est peut être à l’origine de la belle aisance familiale. Il a 77 ans lorsque nous le rencontrons, et est toujours très actif en affaire malgré son déclin physique.

"Eté anglais" illustre subtilement la théorie qu'a élaborée David Lodge dans "L'art de la fiction" pour les romans d'Ishiguro, celui du narrateur peu fiable. En effet les évènements nous sont révélés à travers les yeux d'une personne et parfois ensuite par le prisme d'une autre. On s'aperçoit alors qu'elles n'ont pas vêcu la même chose. Si le narrateur peu fiable n'est pas au coeur du livre dans "Etés anglais" comme il l'est dans par exemple dans "Un artiste du lmonde flottant", la lecture du roman de Jane Elisabeth Howard demande au lecteur de ne pas toujours prendre pour argent comptant les dires des uns et des autres.

Le roman s’attache surtout à décrire le quotidien estival de cette grande famille, jeux de plages et pique-niques, lectures, dîners, soirées passées auprès du gramophone... Il décrypte les rouages de l’organisation de la maisonnée. Les enjeux dramatiques sont néanmoins très bien dessinés. Les mésententes familiales ou conjugales, les émois amoureux, les petites et grandes mesquineries, les élans de générosité, les blessures de guerre qu’on panse tant bien que mal, et la crainte qu’une seconde guerre éclate sont autant de thèmes prédominants.

 

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Si la grande Histoire est présente dans le roman, elle est à sa juste place et n’intervient que lorsqu’elle peut bouleverser le quotidien de la famille et de son entourage, par exemple les accords de Munich. La plupart des Cazalet sont bouleversé par la possibilité d’une guerre, beaucoup la juge inévitable. Ils craignent même que les allemands débarquent. Ils seraient alors en première ligne…

Le livre est divisé en deux parties, chacune correspondant à un été, première partie 1937, deuxième 1938. Ces parties ne sont pas chapitrées. Le texte est divisé en paragraphe qui sont chacun dévolu à un personnage. Les paragraphes sont de différentes longueurs d’une page à une dizaine. Ils sont séparés par trois astérisques disposés en triangle.

Comme je l’ai souvent mentionné j’ai la bonne habitude, lorsque je lis un roman chorale de dresser la liste des principaux protagonistes. Je fais suivre chacun des noms de quelques mots mentionnant leur états et les rapports qu’ils entretiennent avec d’autres personnages. Jane Elizabeth Howard a eu la riche idée de faire précéder son texte par, d’une part l’arbre généalogique des Cazalet, et d’autres part de la liste de la progéniture des quatre enfants du patriarche ainsi que la liste des domestiques attachés à chaque maison. Cette judicieuse initiative pourtant ne dispense pas de mon utile habitude car si cette famille est particulièrement endogène, des éléments qui lui sont étrangers ont autant de place dans le récit que les Cazalet et puis ces préambules font l’impasse également sur les cousins dont certains sont importants dans le récit.

La traduction d’ Anouk Neuhoff me parait parfois un peu rapide même si je n’ai pas sous les yeux le texte original il me parait douteux que l’auteure dans ses descriptions de personnes ait autant employé le terme osseux. Il est bien connu que la langue anglaise pour ce genre de chose offre de nombreuses possibilités, il aurait été judicieux que la traductrice se plonge plus dans son dictionnaire des synonymes… Il reste que le français proposé est d’une très agréable lecture.

Cette saga a été adoptée en série pour la BBC en 2001, The Cazalets, et quarante-cinq épisodes diffusés sur Radio 4 l’année suivante.Elle est devenue un classique contemporain au Royaume-Uni.

 

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Elizabeth Jane Howard était chic talentueuse et belle selon David Lodge (sa beauté est confirmée par la photographie) dans son essais sur Kingsley Amis, le troisième époux de Jane qui se serait grandement inspirée de sa propre famille pour écrire la saga des Cazalet. La mère de l’auteur était également une danseuse qui a renoncé à sa carrière pour se marier comme l’épouse d’Edward Cazalet. Elizabeth Jane Howard a été éduquée par une gouvernante pendant que ses frères avaient le droit d’aller au collège (en pension), comme les enfants d’Edward… L’auteur, après sa séparation d’avec le romancier Kingsley Amis, cherchait à la fois des ressources financières et un sujet de roman capable d’absorber ses pensées. Pari réussi avec la saga des Cazalet. Les quatre premiers volumes ont paru entre 1990 et 1995, le dernier, réclamé par les fans de Howard, en 2013, quelques mois avant son décès.

On doit cette édition à Alice Déon, fille de Michel Déon, bon sang ne saurait mentir… On peut tout de même s’étonner qu’un ouvrage d’une telle qualité ait mis trente ans pour traverser la Manche!

J’avais bien déjà lu le nom d’Elisabeth Jane Howard dans des articles consacrés à la littérature anglaise mais je serais certainement passé à coté de cette merveille sans la beauté de sa couverture due à Mathieu Persan. 

 

 

4 juillet 2020

La Carlsberg Glyptotek de Copenhague

Si le Louisiana est un musée d'été la Carlsberg Glyptotek est un musée d'hiver. Il est même distribué autour d'un magnifique jardin d'hiver, véritable agora du lieu. Le musée a été créé à la fin du XIX ème siècle par Carl Jacobsen, le fabricant de la Carlsberg.

  

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Autour de cette grande place arborée et couverte se trouve plusieurs salles consacrées à la sculpture essentiellement du XIX ème siècle et du début du XX ème siècle, nous ne serions pas à Copenhague sinon. La plupart des statues viennent de France comme ce petit pêcheur napolitain de Carpeau.

  

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Dans le jardin et aussi dans quelques salles qui le jouxtent s'y mêle des sculptures françaises et danoises du XIX ème siècle à des antiques romains et grecques.

  

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Le musicien florentin de Paul Dubois

  

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Ci-dessus le cycliste de Maillol beaucoup mieux traité que dans son propre musée parisien où on ne peut pas le photographier! Il est tout de même curieux qu'il faille aller à Copenhague pour bien voir la statuaire française du XIX ème siècle. Les habitués du musée d'Orsay reconnaitront certaines pièces, ici bien mieux mises en valeur, mais surtout en découvriront d'autres assez stupéfiantes comme cette sirène de Denys Puech (1854-1942).

  

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Stephen Sinding (1846-1922), Adoratio (Detail),&#160;!909 (1903), Ny Carlsberg Glyptotek, Copenhagen, Denmark

Stephen Sinding (1846-1922), Adoration (Detail)

  

Dans ces salles, comme dans les autres, s'il ne faut pas oublier de tourner autour des statues, il ne faut pas oublier non plus de de lever les yeux.

  

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Au même niveau que le jardin d'hiver se trouve une étonnante salle de spectacle qui possède les proportions de l'intérieur d'un temple grec.

  

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Après avoir vu ces oeuvres du XIX ème à la manière antique, on peut voir une belle collection de sculptures romaines

  

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antonio-m: HylasH.W. Bissen, 1846Carlsberg Glyptotek Museum Copenhagen, Denmark

Un facétieux conservateur a assemblé en un tableau des nez et des oreilles qu'il ne parvenait pas à attribuer.

  

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Le laboratoire du musée a cherché sur quelques statues et poteries des traces de leurs couleurs d'origine et ensuite peint des copies de ces pièces de quoi voir l'antiquité radicalement différente.

  

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Plus loin un essai de confrontation de l'antique avec le contemporain ci-dessous avec une oeuvre de Louise Bourgeois.

  

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Non loin de là, une très rare statue grecque en bronze...

  

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Le musée contient également une belle exposition d'expressionnistes et post expressionniste français, mais je n'étais pas venu à Copenhague pour voir des peintres que j'admire régulièrement à Paris, j'y ai fait donc un rapide tour. J'en ai rapporté cette image d'un Bonnard, un peintre qui me rend toujours heureux... Il y a aussi de très rares peinture antique.

  

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J'ai été curieux de découvrir quelques peintres danois du XIX ème siècle qui semblaient faire tous le voyage en Italie.

  

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Christen Kobke

  

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C.W. Eckersberg

  

Quand je suis sorti, il pleuvait. A la porte du musée, il y avait ces garçons...

  

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Copenhague, Danemark, juillet 2011

 

4 juillet 2020

Modiano, le cinéma et mes souvenirs du 6 ème arrondissement

 

J'ai habité une dizaine d'années dans le sixième arrondissement de Paris, une petite rue qui joignait la rue de Sèvres à la rue du cherche midi qui est une de mes rues préférées de la capitale et pas seulement parce que de nombreux souvenirs heureux m'y rattache. Je faisais mes courses rue de Sèvres, à la Grande Epicerie du Bon Marché que je continue de fréquenter au moins une fois par semaine et que je quitte la bourse plate et l'échine courbée sous les provisions, mais aussi pour le tout venant à la moyenne surface qui était à cent mètre de chez moi. Et voilà qu'au détour d'un blog Les avant dernières choses dont voici l'adresse, http://avantderniereschoses.blogspot.com. Vous ne regretterez pas la visite; c'est une véritable caverne d'Ali baba d'enregistrements rares. Je reconnais le lieu de mes anciennes emplettes parcouru par Patrick Modiano qui est un de mes écrivains préférés, comme vous l'avez sans doute deviné, si curieusement vous me lisez et qui m'apprend que l'endroit était un cinéma où il connut ses premiers émois cinéphiliques. C'est un extrait datant de 1990 de la regrettée émission "Cinéma, cinéma" du non moins regretté Michel Boujut C'est en dessous...

 

 

 

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