Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans les diagonales du temps
2 juillet 2020

UN SOIR À SHIBUYA, TOKYO, JAPON

 

DSC01671.JPG

 

DSC01672.JPG

 

DSC01673.jpg

 

DSC01678.JPG

 

DSC01679.JPG

 

DSC01681.jpg

 

DSC01683.JPG

 

DSC01690.jpg

 

DSC01693.jpg

 

DSC01697.jpg

 

DSC01709.jpg

 

DSC01710.jpg

 

DSC01711.jpg

 

DSC01713.jpg

 

DSC01715.jpg

 

DSC01719.jpg

 

DSC01720.jpg

 

DSC01723.jpg

 

DSC01724.jpg

 

DSC01732.jpg

 

DSC01733.jpg

 

DSC01734.jpg

 

DSC01735.JPG

 

DSC01736.jpg

 

DSC01739.jpg

 

DSC01740.JPG

 

DSC01742.jpg

 

DSC01746.jpg

 

DSC01747.jpg

 

DSC01750.jpg

 

DSC01751_2.jpg

 

DSC01755.jpg

Tokyo, Japon, octobre 2011

Publicité
Publicité
2 juillet 2020

Mel Odom

 

tumblr_09bbcc2d7cc9e23062b747b02e53337c_5f600578_500

Mel-ODOM-6.jpg

 

Mel-ODOM.jpg

 

Mel-ODOM-4.jpg

 

 


Mel Odom est un illustrateur américain né 1950 dont le travail se caractérise par une sensualité venant tout droit du style Art-Déco, 

 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


 


2 juillet 2020

DÉPÔT DE LOCOMOTIVES À VAPEUR À LA HAVANE

imagine-6030.JPG

 

 

Je suivais mes pieds errant un peu au hasard, comme j'aime le faire dans toutes les villes du monde, y compris Paris, dans le centre de La Havane, non loin de la fameuse manufacture de cigares et près du quartier chinois, lorsque par une grande porte ouverte donnant sur un terrain vague, j'y vis échouées là, incongrues en ce lieu, mais y a-t-il vraiment quelque chose qui ne soit pas incongrue à Cuba pour des yeux d'européens policés, de vieilles locomotives. L'ouverture du lieu m'invitait à y entrer. Je commençais à photographier ces épaves évocatrices, lorsqu'un gardien débonnaire s'approcha, peu étonné de me voir dans l'enclos et visiblement heureux d'avoir un curieux s'intéresser aux machines sur lesquelles il veillait. Il m'apprit que ces locomotives venaient d'Allemagne, d'Angleterre, des Etats-Unis et sans doute d'autres lieux et que certaines étaient vieilles de plus d'un siècle et servaient à tirer les wagons qui transportaient la canne à sucre. Mon guide improvisé pendant que je continuais à tirer le portrait de ces vénérables mécaniques m'informa également que ces machines étaient là en attente de restauration avant de finir leurs jours confortablement dans un musée. La restauration semblait aller au rythme cubain qui n'est frénétique que pour la salsa, mais en effet une des locomotives avait retrouvé son aspect pimpant de sa sortie d'usine.  

 

 

imagine-6026.jpg

 

imagine-6027.JPG

 

imagine-6028.jpg

 

imagine-6029.JPG

 

imagine-6031.JPG

 

imagine-6032.JPG

 

imagine-6033.JPG

 

imagine-6034.JPG

 

imagine-6035.JPG

 

imagine-6036.jpg

 

imagine-6037.jpg

 

imagine-6038.JPG

 

imagine-6039.JPG

 

imagine-6040.JPG

 

imagine-6041.JPG

 

imagine-6042.jpg

 

Photos-0210.jpg

 

Photos-0211.jpg

 

Photos-0212.jpg

Cuba, La Havane, décembre 2009

2 juillet 2020

LA MEILLEURE PART DES HOMMES DE TRISTAN GARCIA

Capture-d-ecran-2011-07-03-a-08.22.54.jpg

 

Avec “La meilleure part des hommes” Tristan Garcia fait l’audacieux pari de dresser un portrait expressionniste des années 80. Pari d’autant plus ambitieux qu’il n’est pas tout à fait contemporain de ce temps là , tout du moins comme acteur de sa vie, puisqu’il est né en 1981. Il choisit de voir ces années à travers la communauté gay, puisque selon lui, il n’y avait que là qu’il se passait quelque chose. Point de vue discutable, mais indéniablement intéressant.

Pour ce panoramique sur une époque, le romancier à mis en place un procédé assez simple. Cette période serait vu par trois personnes qui la raconteraient à une quatrième. Cette structure est un peu équivalente à celle d’ un cinéaste qui filmerait une scène avec trois caméras, donnant chacune un angle différent de l’action.

Ces trois-hommes caméras ne sont pas vraiment inventés et le landerneau des lettre a eut vite fait d’éventer le coté roman à clefs du bouquin. N’étant pas plus aujourd’hui qu'hier un habitué du marigot gay, sans le bruissement des “gens de lettres” je n’aurais pas reconnu Didier Lestrade, que j’ai pourtant croisé, sous le masque de Dominique et aurais mis une bonne centaine de pages (car en fait je ne comprend pas complètement ce qu’il fait là) à m’apercevoir que c’était Alain Finkelkraut, dont je suis pourtant le fidèle auditeur tous les samedis matins sur ma chère France-Culture, qui était dissimulé sous le nom de Leibowitz. Il me semble qu’il a aussi quelque chose de Max Gallo...

Par contre j’aurais identifié dés les première lignes où il est question de Willie, ce sale con de Dustan. Si quelques uns de mes extrêmement rares lecteurs serait choqués que j’ affuble du qualificatif de sale con un mort, c’est que pour moi un sale con froid, reste un sale con et que je revendique le droit de cracher sur certaines tombes. D’ailleurs il ne manquerait de glavioteurs le moment venu sur la mienne; mais n’ayant pas prévu d’avoir de tombeau ou autre cénotaphe, il ne leur restera plus qu’à cracher dans la mer où mes cendres seront jetées.

Garcia malheureusement ne tient pas son procédé polyphonique si bien que l’ouvrage s’en trouve tout bancal. L’homme caméra Willie phagocyte tout le roman, bientôt il n’est plus question que de ses pitoyables pitreries et de la haine qu’il voue à Dominique.

Là encore qui se souvient aujourd’hui des tenants du bareback, quel intérêt y a t-il pour un jeune homme non dénué de talent de prendre pour sujet une poisseuse querelle, telle est peut être la seule question que soulève cet ouvrage.

Il est rare que j’éprouve du ressentiment à l’égard de l’auteur d’un livre. Mais cette fois j’en veux à Garcia d’avoir tiré du néant ce malfaisant dont tout le monde avait oubliè les diarrhées verbales qu’étaient ses livres que personne n’ouvrait plus.  

Même si parfois les hommes-caméras de Tristan Garcia, disent faux, comme des mauvais acteurs qui forceraient leurs textes, les dialogues ont parfois un curieux “style éthylique”. Leur auditrice-spectatrice, la trop discrète Elisabeth Levallois (pourquoi pas, Béatrice Mont de Marsan! Je n’ai pas saisi l’allusion de ce blase inepte, probablement un private joke) écrit, elle toujours juste. On se surprend à s’écrier, c’est ça, c’est tout à fait ça... Et forcement pour un lecteur survivant de l’ hécatombe de ces années là, cela fait souvent mal. Comme cette phrase: << Doumé baisait comme un dieu, mais c’était dans cette période de transition où ça commençait à devenir triste, toute cette joie. William a fait l’inverse, il n’était pas dans le sens du vent, le gamin. Je crois que, d’une certaine manière, c’est ce qui a ému et ce qui a tué Doumé.>>.

Il me semble qu’il faut éviter les affirmations générales péremptoires lorsque l’on veut peindre une époque et ne pas penser qu’un cas particulier, ou du moins celui d’un groupe, vaut pour vérité. Malheureusement Tristan Garcia n’a pas cette prudence. Lorsque je lis: << C’était sexy, tu sais. On baisait, on était politique. Tu embrassais un mec, tu faisais la révolution d’octobre. >> ou encore: << Les années quatre-vingt furent horribles pour toute forme d’esprit ou de culture, exception faite des médias télévisuels, du libéralisme économique et de l’homosexualité occidentale.>>, gay ayant vécu à Paris ces années 80, je ne me reconnais pas. A propos de la première insertion, en ce qui me concerne, il n’y avait aucune symbiose entre une action politiqáue et la baise qui, certes était plus visible qu’aujourd’hui, mais n’occupait pas tout le champ et surtout pas celui du politique. Il n’y avait donc aucune révolution d’octobre dans mes baisers ni dans ceux de mes partenaires d’autant que le Parti Communiste Français à l’époque était encore fort homophobe. Quant à la deuxième il me semble que les années 80 n’étaient pas plus un désert intellectuel que les années 70 ou 90.

Si le livre est inégale certains chapitres ont la fulgurance de l’évidence. Comme celui où Elisabeth parle de la relation entre leibowitz et ses parents, les rapports entre le fils écrivain et ses géniteurs de modestes ouvriers tout est dit en quatre pages d’une écriture sèche qui donne envie de pleurer...

Mais les morceaux de cette qualité sont rares surtout après le premier tiers de l’ouvrage.

A la fin du livre j’ai été étonné qu’il soit de la plume d’un jeune homme né eˇn 1981. Non pas du fait qu’il n’ai pas pu être vraiment conscient au monde lors des premières années qu’il nous raconte ou plutôt qu’il était censé nous raconter, car les années 80 sont escamotées, les 90 survolées et le nœud de l’intrigue, le mot n’est guère approprié en l’occasion, se situe au début des années 2000, mais par la gravité et le désenchantement des réflexion à la fin du volume dont voici un florilège: << Vous comprenez que vous n’avez été proche de quelqu’un que par l’intermédiaire de quelque chose, qui en disparaissant soudain, vous laisse l’un à l’autre indifférent.>>, << S’ouvre à vous alors face à vous, n’est ce pas, le fait qu’il existe en réalité des milliards d’êtres humains et que nous n’en étions quatre, parmi d’autres. A une telle quantité, l’humanité vous apparaît bien plate, comparée à sa si petite partie, qui vous a occupé la meilleure part de votre vie.>>, << C’était quelqu’un de pur. Au contact du monde, cela donne une personne extrêmement sale.>>, << Quelqu’un qui, comme Williez, entre dans le monde des idées et des discours sans hériter de personne à l’avantage, un court moment, d’apparaitre génial, original et, le temps passant, les habitude reprenant leur long cours, il devient un idiot, un intrus - il doit désormais regagner son camp, auquel il n’appartient même plus.>>, << Il me semble de plus en plus que tout ce que j’ai pu admirer dans le monde, idées, œuvres, actes et vies, a dû provenir d’hommes opportunistes, que j’aurais pu choyer, dont la plupart m’auraient été indifférents et dont les occasions, bien saisies, ont fait des sortes de génie, en tout genre.>>, c’est peut être surtout pour elles, qui sonnent si juste, que finalement j’ai été content d’avoir lu ce livre. 

Le problème de ce premier roman est qu’il a été publié, mais pas été édité au sens américain du terme. L’éditeur aurait du signaler qu’écrire tous les chapitres d’une même longueur nuit au rythme de l’ouvrage donc au plaisir de la lecture. De même que les terminer par une petite phrase très courte en opposition avec le développement qui la précède est un procédé déjà un peu facile pour une nouvelle mais qui n’a aucunement sa place dans un roman.  L’éditeur aurait du aussi surtout, quand au fond, remettre le jeune homme dans les rails de son intention que proclame le bandeau mensonger: “Les années sida”, pour éviter de devenir ce qu’il est le portrait d’un dérisoire paillasse...

1 juillet 2020

La forêt carnivore de Valérie Mangin et Thierry Démarez

forzot12

 

couverture de l'album en édition courante

 

zod-lu10

 

couverture de l'édition de luxe

 

L’action de l’album se passe quelques dizaines d’années après la conquête. Certains Gaulois refusent la domination romaine, principalement ceux qui ont souffert dans leur chair de la guerre contre les Romains. Les vétérans dans La Forêt carnivore sont les rescapés du siège d’Uxellodunum, un oppidum situé dans le Quercy. César leur a fait couper les mains pour les punir de s’être révoltés après Alésia. Il les a, de fait, retranché de la communauté des hommes. Ce que montre bien l’album c’est que la Gaule de l’enfance d’Alix n’existe plus et que la civilisation gallo-romaine, totalement originale, est déjà en train de naître.

La Forêt carnivore est en rupture avec les neuf albums précédents de la série Alix sénator, alors que les autres étaient chacun en quelque sorte un chapitre d’une histoire plus longue, celui-ci est un one-shot comme l’on dit aujourd’hui. Il peut donc se lire indépendamment de tout les autres albums. Néanmoins, pour les lecteurs de la série Alix classique, c’est aussi en quelque sorte, bien des années après, la suite du "Sphinx d’or" et de "Vercingétorix", les deux albums dans lesquels Jacques Martin évoque Alésia. Pour renforcer cette filiation Valérie Mangin a demandé à Thierry Démarez de redessiner dans son style des cases des albums de Jacques Martin sur Alésia. Il y a un clin d’œil amusant au Sphinx d’Or. Dans cet album, Jacques Martin se trompe et situe le siège d’Alésia en hiver alors qu'il a lieu en été. Plus tard, Jacques Martin revient sur ce siège dans "Vercingétorix" et rectifie sa première version et cette fois le situe en été. Alix Senator est l’héritier de ces deux albums, de ces deux versions. En montrant Alix essayer de se souvenir et se tromper sur la temporalité de la bataille, la scénariste s’est amusé à faire comme si ces récits de jeunesse étaient ceux d’un Alix plus âgé à la mémoire pas toujours sûre.

En partant de ces deux albums, dans son scénario, Valérie Mangin  a repris des éléments du Vercingétorix de la série mère et ses personnages principaux Ollovia femme du grand Chef, son fils Edorix devenu Caius, Vanik le fidèle cousin de Alix à qui elle donne un destin et aussi les loups des "Légions perdues".

Le scénario évoque le sort des vaincus de la guerre des Gaules, des gens qu’on oublie en général pour se centrer sur César ou le chef arverne. Il ne faut pas oublier qu’Alix est un vaincu du conflit contre les Parthes. Il y a perdu son père, disparu dans des circonstances troubles, et y a été réduit en esclavage. Il connaît donc les conséquences terribles d’une défaite d’où son empathie avec les gaulois vaincus.

 

premiz10

 

 

ja4-2-f30a4

 

 

Comme à son habitude Valérie Mangin s’appuie sur des sources historiques solides s’il n’y a pas eu de révolte gauloise dans cette région, c’est la part d’invention, en revanche, Alésia bien été reconstruite et est devenue une petite ville gallo-romaine de 4000 habitants avec son théâtre, son forum… On pourrait penser que certains détails sont de pures fantasmagorie comme le fait que les gaulois aimaient conserver les têtes de leurs ennemis en trophées dans leurs maisons et bien non cette charmante coutumes a été avérée par de nombreuse fouilles.

 

ja1-2-c7793

 

 

Je suis plus dubitatif au sujet des décors d’autant qu’ils me semblent en contradiction entre eux comme ceux quasiment mégalithiques de type Stonehendge (p17) qui donnent un cachet, une dimension ésotérique à l'histoire par rapport avec les éléments architecturaux de l'urbs d'Arquélia, qui eux font clairement penser à un municipe du IIème siècle de notre ère (p5). Je pense que la raison de ce hiatus est que Valérie Mangin a voulu avant tout mettre en exergue la romanisation accélérée de cette époque de transition et de transformation radicale du paysage à tel point que Alix ne reconnaît plus son pays.

 

ja6-2-8abd2

 

 

Deux choses m’ont principalement gêné dans « La forêt carnivore » d’abord le thème l’assimilation plus ou moins difficile d’un peuple conquis à la civilisation romaine, non par le thème en lui même, mais du fait que c’était déjà celui du dernier album, Les helvètes, de la série classique. Certes cela ne met pas en cause la qualité des scénarios qui sont globalement bon mais je trouve que leur concomitance est gênante.

 

ja17-32b63

 

 

Plus grave est le malaise que j’ai ressenti à la découverte de la première séquence de l’album d’autant que ces premières pages peuvent engendrer pendant longtemps un contresens dans la lecture. En effet j’ai pris tout d’abord l'enfant du début de l'histoire  pour Alix, car il est blond comme lui mais  je n’avais pas assez fait attention aux dates comme les événements se passent en -44 avant Jésus-Christ, cela ne peut pas être lui car notre héros aurait alors 22 ou 24 ans. Il reste qu’il aurait mieux valu éviter cette ressemblance qui jette le trouble.

 

ja10-5da5d

 

 

Il reste, qu'une fois encore, Mangin et Démarez livrent un travail soigné. Encore plus que précédemment, ils prennent en compte l'héritage de la série mère dans le scénario, donnant de la cohérence à toutes la saga alixienne et aussi dans le dessin avec quelques discrets hommages à Jacques Martin.

Préférez l'édition de luxe à l'édition courante car à la fin comme d'habitude on trouve une dizaine de pages supplémentaire qui délivrent un véritable cours d'Histoire et remet l'album dans son contexte historique. C'est un ajout précieux pour le plaisir de la lecture.

 

Publicité
Publicité
1 juillet 2020

EVOCATION DE BERNARD FAUCON

Capture d’écran 2020-06-30 à 13

 

 

Il me faut souvent un déclic pour que je me décide à consacrer un billet à un artiste surtout lorsque celui-ci me tient particulièrement à coeur, comme c'est le cas pour Bernard Faucon. Ce petit coup de pouce fut un commentaire de Bruno, qu'il en soit remercié, qui me signalait une émission diffusée sur les ondes de France-Inter dont l'invité était Bernard Faucon. On avait eu guère de nouvelles de lui depuis la superbe rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie en 2006. Cette émission est remarquable et j'y ai retrouvé un Bernard Faucon plus apaisé que dans les années durant lesquels je le connaissais. Chose rare dans cette émission l'interviewer se hisse à la hauteur de son invité. On peut l'écouter à cette adresse: http://www.franceinter.fr/emission-la-periode-bleue-la-periode-bleue-de-bernard-faucon

 

 

 

Capture d’écran 2020-06-30 à 14

 

 

 

Je n'ai pas mis cette photo de Bernard Faucon en début du billet qui est consacré à cet immense artiste par hasard. On y voit à gauche Cyril endormi. Ce garçon m'a également servi de modèle (voir l'image immédiatement ci-dessous, j'ai pris cette photo en 1990). Ciryl était l'ami de Dominique Mauries, c'est ce dernier qui me fit découvrir Bernard Faucon en m'emmenant à la galerie Loplop où se déroulait la première (?) exposition parisienne de l'artiste, ensuite je crois que je n'ai manqué aucun de ses vernissages. J'ai toujours l' affiche, un peu défraichie, elle un temps été épinglée sur un mur de mon logis d'alors. Cette affiche fut peut-être la cause d'un de mes impaires les plus cuisants. Lors d'une de mes rencontres avec le photographe, j'évoquais la découverte de son oeuvre à la galerie Loplop et je lui soutint que certaines des photos étaient en couleur. Il me détrompa et je vis bien que cela ne lui plaisait pas du tout que je puisse émettre l'idée qu'il ait réalisé des photos en noir et blanc!

 

 

PICT0452.JPG

 

Les vernissages de Bernard Faucon étaient toujours de belles fêtes où comme dans les kermesses dans lesquelles ne sont conviées que les enfants, il n'y avait que des jus de fruit à boire et des bonbons à sucer. C'est avec beaucoup d'émotion que j'ai trouvé sur la toile ces petits films, sur lesquels je ne me suis pas vu, réalisés par Jean-Paul Hirsch lors d'un de ces vernissages chez Agathe Gaillard en 1986. On peut y apercevoir des modèles et anciens modèles du photographe ainsi qu'Yvette Troipoux la photographe des photographes en pleine action...

 

 

 

 

Mais ses vernissages n'étaient pas les seules fêtes qu'organisait Bernard Faucon. Deux années de suite, en 1991, Hans-Georg Berger a invité Bernard Faucon à organiser la fête de la lumière dans l'Ermitage de Santa Caterina, sur l'île d'Elbe. Le petit film ci-dessous est une trace d'une de ces fêtes.

 

 

Capture_d__cran_2020_06_30___14

 

 

 

Pour les lecteurs qui ne connaitraient pas Bernard Faucon j'ai tenté de donner une idée de l'homme et de son travail en puisant à différentes sources.

 

 

 

Capture_d__cran_2020_06_30___14

   

Bernard Faucon est né en 1950. Il a produit des photos pendant vingt ans, sans plan de carrière, porté par les évènements, le succès international, ses sentiments et ses désirs. Il est miné par le temps qui passe, regrettant presque chaque jour l’époque de son enfance qu’il tente de retrouver dans ses mises en scène.

 

Capture_d__cran_2020_06_30___14

 

Capture_d__cran_2020_06_30___14

 

Régis au rocher de la croix

 

Capture d’écran 2020-07-01 à 09

 

Capture d’écran 2020-06-30 à 14

 

Le meilleur moyen de connaitre Bernard Faucon est de se procurer le magnifique album édité à l'occasion de la somptueuse rétrospective qu'a organisé, il y a quelques mois la Maison de la photographie de Paris. L’éditeur a choisi une présentation chronologique qui montre bien l’évolution du travail du photographe mais aussi de ses tourments. Chaque évolution chez Bernard Faucon est le résultat d’une lassitude, d’une envie de ne pas sombrer dans la routine.

 

Au commencement il découvre la photographie grâce à sa grand mère qui lui procure un boîtier Semflex. Il photographie son frère, les alentours de la maison familiale. A cette époque Bernard Faucon a peu d’estime pour la photographie car il se consacre à la peinture, le livre présente ses premières photos sous le titre : Le temps d’avant.

 

 

Capture_d__cran_2020_06_30___15

 

Bernard Faucon a 16 ans quand il prend cette photographie...

 

 

 

Après une maîtrise de philosophie, la réalisation de quelques toiles, il s’invente un métier : mannequiniste. Son travail consiste à sillonner les villes de province pour dénicher des mannequins dans les arrières boutiques. Il les achète entre 20 et 100 francs pour les revendre sur les puces de Saint-Ouen, entre 200 et 500 francs. Il se fait connaitre du monde de la photo en réalisant la série, Les grandes vacances. Cette série est la plus importante en nombre de son oeuvre. Nostalgique de son enfance passée dans le Lubéron natal, il réinvente des scène d'une enfance qu'il aurait sans doute aimé avoir. Pour cela  il a à sa disposition une camionnette remplie de mannequins d’enfants. Il les dispose en respectant des mises en scène très soignées, les habille et les fixe dans des positions qui simulent le mouvement. La scène photographiée semble être prise ou dans l'attente d'un évènement ou après que celui-ci se soit produit. Avec ses mannequins anciens vêtus de vêtements passés de mode, ses photos sont avec leur côté rétro intriguantes. Les visages de plâtre, de cire ou de celluloïd de ces enfants donnent une allure morbide aux scènes de jeux d’une colonie de vacances imaginaire. Il met aussi la mort en scène, un mannequin brûle avec des enfants qui dansent autour, un mannequin désarticulé gît dans les herbes comme cet enfant violé et tué évoqué dans le film de Bertrand Tavernier en 1975 dans Le juge et l’assassin. Notre regard n’est pas dupe, il voit qu’il s’agit de mannequins. Par la suite Bernard Faucon va intégrer de vrais enfants dans sa scénographie, d’abord son frère et puis d’autres enfants. Ces scènes ne sont pas toujours ludiques puisque certaines figurent, un champ de bataille, un enfant crucifié, un gibet au loin... Bernard Faucon nous plonge dans les méandres des angoisses enfantines, des jeux où l’on s’amuse aussi à se faire peur. Dans toutes ces scènes, les petites filles sont absentes (à deux ou trois exceptions). Ce n’est pas un hasard, il y a de plus en plus de jeunes garçons nus, on sent l’expression d’un désir homosexuel entre mannequin et personnage réel.

 

Bernard Faucon à 6 ou 7 ans © Radio France - 2011

 

La dimension des tirages photographiques est de 60×60 cm. Le choix du tirage par procédé Fresson, c'est-à-dire un procédé au charbon et la pigmentation sur gélatine déposée sur le papier, crée un effet d'optique proche du pointillisme.

 

faucon_4.jpg

 

 

A partir de 1981 Bernard Faucon abandonne les mannequins. La photo La scène introduit cette transition, elle représente une table où, seul un calice est présent, le Christ et ses apôtres sont partis.

L’auteur ajoute une dimension spirituelle en introduisant le feu avec une boule de feu dans le paysage, une chambre qui brûle, comme si cette manifestation lumineuse était une volonté divine.

 

 

Capture d’écran 2020-06-30 à 14

 

 

Pierre à la cigarette

 

Capture d’écran 2020-06-30 à 14

 

Pierre devant la fresque

 

A partir de 1984 Les chambres d’amour nous présentent des chambres mises en scène. Le sol est parfois recouvert de sable, de sucre, de lait, de coton, de glace, de cendres rouges, il y a des matelas qui traînent, parfois juste un drap sur le sol. Les murs sont bleus, jaunes, ocres la pièce est dépouillée, elle semble être la trace d’un souvenir, d’un amour, d’une étreinte. Les personnages ont presque disparu, on les retrouve dans trois photos sous la forme de deux corps nus de jeunes garçons dans le même lit, sur la même couche.

 

Après un voyage en Asie, Bernard Faucon est fasciné par des offrandes sous forme de feuilles d’or, aussi il entreprendLes chambres d’or et recouvre de feuilles d’or : des chambres, des branches, des rochers, une grotte.... La pièce maîtresse de la série est un jeune garçon de type asiatique, nu recouvert de copeaux d’or Le petit Bouddha. Bernard Faucon magnifie le corps du jeune garçon pour le transformer en idole. De cette couleur or il en cherchera la lumière dans Les idoles et les sacrifices. Une série où alternent les portraits de douze jeunes garçons nus, du haut du corps jusqu’au pubis, éclairés à l’aide de feux de Bengale jaunes et des paysages traversés par des sillons où coule un liquide épais et rouge. On peut voir également des paysages de neige souillés de rouge. D’une très belle esthétique cette série met en avant la fascination de Bernard Faucon pour ces jeunes corps.  Ses photos deviennent épurées avec des portraits où le modèle et la lumière sont les uniques éléments de mise en scène.

 

Capture_d__cran_2020_07_01___09

 

Capture_d__cran_2020_07_01___09

 

 

 

Il façonne le paysage pour créer des sillons et des flaques de sang. Le rouge sang des paysages donne une dimension tragique aux portraits qu’ils accompagnent, s’agit-il du sang du christ avec ses douze apôtres ? Ce Christ enfant que l’on a vu crucifié au début de l’ouvrage, ceux là même qui sont absents de la Cène ? S’agit-il du sang d’un animal sacrifié sur un autel sacré ? Simple jeu esthétique ou référence à un atroce carnage ? Bernard Faucon déclare à propos de ce rouge : "Le rouge des sacrifices devenant la blessure, le désespoir de la photographie elle-même".

 

faucon_3.jpg

 

 

On se demande s’il ne s’agit pas de son désespoir personnel, en effet tout au long du livre, il ne cesse de regretter le temps qui passe. Probablement conscient que cette quête est vaine, on sent alors un être déprimé dans la série Les écritures. Ces images représentent des textes inscrits sur des paysages, absents de toute présence humaine comme par exemple : Un jour nous aurons connu le bonheur. Sur un paysage de désert : A quoi ça ressemble la fin du désir ? Là encore ses photos sont parfaitement originales, les paysages sont beaux et l’écriture les habille, leur donne une griffe. La série La fin de l’image, qui, comme son nom l’indique clôt son œuvre est la moins démonstrative, la photo n’est plus suffisante, il faut que l’écriture, les mots viennent en renfort. Sur un fond uni de peau de jeunes gens, il écrit à l’encre blanche des petites phrases. Ces images ont un format minuscule de 7,5 x 5 centimètres. Bernard Faucon considère cela comme "un projet quasi conceptuel : ramener dans la chair les mots qui en sont sortis".

 

« La fin de l'image n'exprime pas seulement mon désenchantement personnel, la fin de ma propre histoire avec les images, mais aussi une sorte de révolte.
L'image, c'est la manière d'actualiser le monde la plus directe et la plus efficace, donc une expression fragile, un compromis ambigu avec les facilités du temps : la sensibilité, le goût particulier d'une époque pour les apparences. Quand la nécessité personnelle est contaminée par d'autres nécessités, l'équilibre se rompt, les images se vident.
Je ne vois pas, aujourd'hui, une seule image dont l'origine me surprenne, une seule qui renouvelle mon regard, toutes les images me semblent vieilles. Elles répondent aux mêmes critères émotionnels et esthétiques : cadrages tout faits, fausses fraîcheurs, fausses surprises et disparaissent dans la grande toile de fond publicitaire. L'image a perdu cette part d'ombre (d'ignorance) sans laquelle il n'y a ni au-delà, ni art.
Mes images étaient des pièges, des dispositifs, des ruses pour attraper un peu de vérité. Par le calcul et les artifices de l'art, ouvrir des fenêtres sur des bonheurs, des paradis perdus...  sans être dupes !
Mes images n'étaient pas des leurres. Comment le marketing, cette guerre des leurres, a-t-il pu pervertir, à ce point, le champ de l'image ? Comment a-t-on pu jouir un moment de ce privilège d'être un artiste et de produire des images ? Je ne sais pas répondre. Débordement quantitatif ? saturation des imaginaires ? quand même le cinéma de création copie le spot publicitaire... fatalité ? l'image serait dès le départ, une concession, une pente et ne mériterait pas de finir autrement !
Quand l'image n'a plus d'autre sens que d'être belle, aux prix de n'importe quel mensonge, quand l'injonction esthétique se généralise, il s'en suit un dévoiement du beau, une dictature. Dans le tout esthétique s'immisce peu à peu le jugement moral : ce qui n'est pas beau, pas vendeur, est douteux.
Non seulement les belles images dénient ou volent le monde, mais elles le jugent : on ne punira plus que les fautes de goût. » (Bernard Faucon)

 

La mise en scène d’une introspection permanente a donné naissance à une œuvre très esthétique, parfois troublante et déconcertante. Bernard Faucon a su construire un univers mélancolique, poétique et onirique unique. Cette oeuvre originale était quelque peu tombée dans l’oubli (du moins en France mais pas du tout au Japon où Bernard Faucon jouit d'une grande notoriété) avant la grande exposition à la Maison de la photographie à Paris. Il en reste le magnifique catalogue (voir les photos ci-dessus) qui est toujours disponible. Ce livre et les expositions qui lui sont consacrés sont là pour révéler à un large public sa force et contribuent à l’ancrer dans l’histoire de la photographie du XX ème siècle.

 

JPG - 34.8 ko
Expo Bernard Faucon à la MEP
© DidierGualeni

 

Fidèle à cet esprit de clôture qu'il évoque dans l'interview au début de ce billet, les L4 et 5 mars 2010, derniers jours de l'exposition rétrospective de Bernard Faucon à la Maison Européenne de la Photographie, a eu lieu la "Liquidation du cabanon", pendant laquelle l'artiste a distribué aux visiteurs (malheureusement je n'y était pas) tous les objets provenant de son ancien cabanon-atelier du Luberon. Cette opération a été filmée par l'ami de toujours de Bernard Faucon, Jean-Claude Larrieu, lui aussi un excellent photographe.

On peut voir ci-dessous une ballade, toujours filmée par Jean-Claude Larrieu dans la rétrospective de La MEP.
 
 
 

 

Ph

 

Les photographies de Bernard Faucon ont inspiré la série télévisée Oh! Mikey de la télévision japonaise. Celle-ci présente les aventures de la famille Fuccons, des américains installée au Japon, tous les personnages étant joués par des mannequins.

 

 

De 1997 à 2000 il réalise dans 25 pays du monde l’événement : « Le Plus beau jour de ma jeunesse ». Bernard Faucon a organisé dans vingt pays une fête à laquelle à chaque fois cent jeunes munis d’un appareil photo étaient conviés . Avec les milliers d’images collectées lors de chaque fête, Bernard Faucon a créé " Le plus beau jour de ma jeunesse " : Une journée de fête, un retour aux sources de la photo où l’on photographie ce qu’on aime, les bons moments, le bonheur. Il publie en 1999 son premier recueil de textes sans image : «La peur du voyage ». En 2005, une grande exposition rétrospective à la Maison Européenne de la Photographie a donné lieu à la publication d’un catalogue raisonné de son oeuvre par les éditions Actes Sud. En 2009 parait un deuxième recueil d‘écrits illustrés de ces photographies: « Été 2550 », aux éditions Actes Sud. Ci-dessous une promenade dans l'exposition "été 2550

 

En terminant cette évocation de Bernard Faucon, je m'aperçois que ses images m'ont accompagné toute ma vie comme en témoigne ces image ci-dessous dont l'une est une affiche japonaise pour les grands magasins de Tokyo, Parco et une photo qui serait un essai d'une image qui restera, à ma connaissance, inédite qui sont aujourd'hui dans mon bureau, et pourtant je ne partage pas sa fascination pour l'enfance et encore moins, en ce qui me concerne, sa nostalgie pour cette partie de la vie mais les photos de Faucon possèdent une force qui vont bien au delà de leur immédiate apparence.

 

DSC01134.JPG

 

DSC01135.JPG 

 

Capture_d__cran_2020_06_30___14

 

 

1 juillet 2020

DEUX COLLÉGIENS ANGLAIS QUI N'ONT SANS DOUTE PAS ÉTÉ SAGES

Capture-d-ecran-2011-08-16-a-18.26.31.jpg

1 juillet 2020

KARL GEISER

Capture d’écran 2021-12-02 à 14

Karl Geiser, Fritzli

 

Karl Geiser, David (study)

 

Capture-d-ecran-2011-07-06-a-21.13.22.png

 

Capture-d-ecran-2011-07-06-a-21.12.27.png

 

 

Fritz Morgenthaler modeling for sculptor Karl Geiser (1930s)

Fritz Morgenthaler modeling for sculptor Karl Geiser (1930s)

tumblr_ef6c25a6e3029e7a6709c6e1bbfeda03_28d5c597_1280

Unknown

Fritz Morgenthaler

 

karl-geiser-knabenfigur

 

Capture-d-ecran-2011-07-06-a-21.11.53.png

1 juillet 2020

LE JARDIN NATIONAL SHINJUKU-GYOEN, TOKYO, JAPON

 

DSC01778.jpg

 

DSC01779

 

DSC01782.jpg

 

DSC01783.jpg

 

DSC01784.jpg

 

DSC01788.JPG

 

DSC01789.jpg

 

DSC01790.jpg

 

DSC01791.JPG

 

DSC01792.jpg

 

DSC01793.JPG

 

DSC01794.jpg

 

DSC01795.jpg

 

DSC01796.JPG

 

DSC01797-copie-1.JPG

 

DSC01798.JPG

Tokyo, octobre 2011

1 juillet 2020

ARNO BREKER


















Publicité
Publicité
<< < 10 11 12 13 14 > >>
Dans les diagonales du temps
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité