(actif 1954-1980)
Jeune homme en mouvement
Encre blanche et poudre dorée
Signé en bas à gauche
33 x 25 cm
(ancienne collection Roger Peyrefitte)
En 1970, Bruno Polius-Victoire, Thierry et Philippe Sellier, Philippe et Gabriel Képeklian et Harry Trowbridge, alors membres de la chorale des Petits chanteurs d'Asnières, sont choisis par Jean Amoureux pour intégrer un tout nouveau groupe au destin prometteur : les Poppys, constitués d'une petite vingtaine d'enfants de neuf à 14 ans. Durant trois ans, les Poppys surfent sur la vague hippie et accumulent les succès. Grâce à leurs chansons vantant la paix, l'amour et la fraternité, ils écoulent plus de cinq millions de disques et obtiennent deux disques d'or pour leur tube : "Non, non, rien n'a changé". Nostalgie...
En raison d'une censure aussi inique qu'inopinée mon précédant blog a subitement disparu de la toile, victime du politiquement correct et de l'hypocrisie bigote, sans me prévenir. Pour cette raison certains billets dans leur forme initiale ont disparu à tout jamais en particulier ceux liés à des évènements ponctuels. Trouvant dommage qu'il n'y est plus de trace des expositions que j'ai visitées naguère, je me propose de réintroduire dans ce blog les photos que j'ai prises de ces évènements ou des articles que j'ai écris ces derniers sont republiés dans leur état initial.
L'acteur de la comédie française Guillaume Gallienne, que j'ai applaudi pas plus tard que la semaine dernière dans « Les trois soeur » de Tchekhov à la salle Richelieu, a décidé de raconter ses débuts dans la vie sous la forme d'un one man show comme l'on dit en bon français. Sa jeune existence est marquée par une particularité: ayant tout, les goûts et les apparences d'un homosexuel, son entourage et sa famille l'on toujours considéré comme tel, mais lorsqu'il a annoncé son mariage avec... une femme, ils ont du se rendre à l'évidence, Guillaume en dépit de son allure efféminée est hétérosexuel! De ce outing à l'envers Guillaume Gallienne en à fait un spectacle hilarant entre Copi et Robert Lamoureux ou entre Barillet et Gredy et Luchini comme on voudra car les analogies avec d'autres bruleurs de planches sont nombreuses et variées. L'immense talent d'interprétation de Gallienne fait que seul sur scène dans une mise en scène efficace de Claude Mathieu, que j'aurais aimé encore plus épurée, il parvient à faire surgir une multitude de personnages. Ces caricatures, j'ai pensé souvent à celles aux traits aiguës de Philippe Jullian , si elles sont outrées sont toujours vraisemblables et sans méchanceté. C'est la différence qui existe entre le <<Rien sur Robert>> de Luchini et le spectacle de Gallienne, qui en outre nous épargne les allusions politiques sur les éphémères pantins de la républiques, la tendresse de son regard perce toujours sous la défroque des individus qu'il croque avec générosité. Et quelle troupe de réjouissants ostrogoths, pour nous, pas pour lui aux moments où il les rencontre, qui va du rapeur à la grande bourgeoise sénile en passant par le médecin militaire ou le beur obsédé sexuel (un pléonasme?) sans oublier la logeuse espagnole folle de danse et... la belle mère de Sissi impératrice. A évoquer toutes ces créatures on sent bien que Gallienne, libéré du carcan de la comédie française, jubile de leur donner vie et par la même nous fait partager son plaisir qui devient communicatif; ce qui lui a valu, le soir où j'ai assisté à la représentation une standing ovation de tout le public. Son audace qui le fait pousser les différents sketches par ailleurs très fluidement agencés, jusqu'à l'outrance fait parfois basculer le spectacle vers le surréalisme.
Mais il ne faudrait pas réduire « Les garçons et Guillaume à table!>> à une simple pochade aussi talentueuse soit-elle. C'est aussi et surtout une magnifique déclaration d'amour que fait Guillame Gallienne à sa mère. Et là, mais c'est sans doute relatif à mon histoire personnelle, ne considérant pas l'amour d'un fils pour sa mère et vice-versa comme chose obligatoire et allant de soi, ce qu'à très bien décrit Xavier Dolan dans son film « J'ai tué ma mère>>, je ne comprend pas l'amour immarcescible qu' à notre Guillaume pour sa génitrice qui me paraît une véritable marâtre aussi peu sympathique, exception faite de sa grand mère, que le reste de sa famille. A ce propos on souhaite pour son auteur, malgré ses déclarations et les apparences, que le spectacle soit aussi peu autobiographique que possible. D'ailleurs plutôt que d'autobiographie, le comédien préfère parler d'une « épopée de l'intime ».
Il faut noter aussi le courage moral du comédien dans cette entreprise. C'est un théâtre de la vérité. Grâce à son talent il balaye par l'auto-dérision toutes les étiquettes que l'on a pu lui coller. En utilisant tous es clichés liés à l'homosexualité et en les subvertissant remarquablement il crée un formidable ressort comique à son spectacle. Mes deux morceaux préférés sont deux intermède musicaux, la danse sévillanne et le rap molièresque. Nous pouvons et Guillaume Gallienne peut remercier Olivier Meyer, le directeur du Théâtre de l’Ouest Parisien à Boulogne Billancourt qui a eu le nez fin lorsqu’il a laissé carte blanche à Guillaume Gallienne pour écrire un spectacle. Cela a donné « les garçons et Guillaume, à table ».
Il ne faudrait pas non plus que le talent d'interprétation de Guillaume Gallienne paradoxalement éclipse celui de son écriture. « Les garçons et Guillaume à table! » est un peu le versant comique du beau livre « Voix-off» de Denis Poldalydes. Je souhaite de tout coeur que Gallienne continue son travail d'écriture. Je vois chez lui un possible rénovateur du « Boulevard » qui est tombé bien bas, c'est dans cet esprit que je citais plus haut Barillet et Grédy, car je crois qu'il pourrait se nourrir ailleurs que dans la veine autobiographique et que dans cette dernière il n'attendra pas le grand âge pour nous parler de son travail de comédien, comme l'a fait merveilleusement Rochefort, il y a deux saisons. Je me permet de suggérer à ce dernier de nous donner une version scénique de son autobiographie qu'avec son grand talent il interpréterait. Autre réflexion qui me vient et qui corrobore celle du billet sur « Les trois soeurs » est que la troupe actuelle de la Comédie Française est excellente, mais elle serait meilleure encore si elle utilisait complètement son potentiel (par exemple on ne peut pas dire que Guillaume Gallienne y soit sur employé!).
Enfin je voudrais souligner que « les garçons et Guillaume à table! » est le spectacle le plus drôle que j'ai vu depuis très longtemps.