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Dans les diagonales du temps
japon
31 octobre 2020

Odaiba, une presque ile dans la baie de Tokyo

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Odaiba est un des endroits les plus surprenants de Tokyo qui n'en manque pas. Odaiba est une ile quasi artificielle dans la baie de Tokyo, à quelques encablures de la ville. Sa création remonte à une vingtaine d'années, au temps du grand boom économique nippon. Pour y aller il suffit de passer le pont, le raimbow bridge, pont suspendu de 600 mètre de long qui est occupé par une route et une ligne de monorail, on peut même le passer à pieds (mais pas à vélo!) pour le prendre à pied il faut utiliser un ascenseur qui se trouve à proximité de la station Shibaura-Futo. En ce qui me concerne je suis adepte du monorail. Le Yurikamome une ligne privée en pilotage automatique. Plusieurs images de ce billet ont été prises depuis le Yurikamome.

  

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Cette ile abrite à la fois la plus grande partie du port de Tokyo. De nombreux sièges de grandes entreprises, Fuji TV building mécano géant réalisé en 1996 par Tange Kenzo, une grande roue (depuis laquelle certaines des photos de ce billet ont été prises) des musée dont le musée de la marine sorte de grand paquebot de béton, un centre commercial tout à fait particulier qui nous transporte dans une Italie rêvée du 18 éme siècle, baptisé Venus Fort (je ne sais pas d'ou vient ce nom et ce qu'il induit. Si vous pouvez me le dire, merci d'avance), le Tokyo Big Sight qui est le plus grand centre d'exposition du Japon constitué principalement de quatre pyramides inversées et même une plage. On y croise aussi une réplique de la statue de la liberté datant de 1998, des chantiers, un beau jardin... Le  centre avec ses grandes avenues donne une impression  de vide alors que sur le pourtour de l'ile se déploie une grande promenade dont certains tronçons  peuvent être très fréquentée le week-end.

  

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Odaiba est une sorte d'exposition d'architecture où certains architectes ont fait preuve de beaucoup d'audace.

Il reste que nous sommes à Tokyo, ville sous la menace constante de tremblements de terre. On peut donc s'étonner de voir de pareilles constructions érigées sur des fondements qui apriori peuvent être instables que l'on se souvienne des séismes qui ébranlèrent Mexico, ville construite en grande partie sur des sols de remblai. Mais le Japon n'est pas le Mexique. Tokyo a subit en 2011 des secousses dont la plus forte a atteint 7 sur l'échelle de Richter sans causer de dégat important à la ville. La très bonne et émouvante série animée, magnétude 8, qui montre Tokyo détruite par un tremblement de terre commence à Odaiba et on y voit le Raimbow bridge s'écrouler.

  

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Tokyo, Japon, avril 2010 

 

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23 octobre 2020

LES OISEAUX DE KYOTO

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Kyoto, Japon, avril 2010

22 octobre 2020

Fameux châteaux et temples du Japon par Ogawa

 

 

 

1. The Inner Moat Around the Castle, Tokyo 
2. Double Bridge of Inner Moat, Tokyo 
3. Choku-gaku-mon, Shiba Park, Tokyo 
4. Temple Gate, Shiba, Tokyo 
5. Tomb of Iyeshige (14th Shogun), Shiba Park, Tokyo 
6. Pagoda at Asakusa Park, Tokyo
7. Pagoda at Uyeno Park, Tokyo
 
 8. Inner Moat Around the Castle, Tokyo 
9. Kintai-bashi (or Shoroban-bashi), Su-o 
10. Interior Shrine of Iyemitsu (Haiden), Nikko 
11. Wood Carvings at Nikko Temple 
 
12. Inside of Temple Honjido, Nikko 
13. Wood Carvings of God of Wind and Thunder, Nikko 
14. Side View Door or Haiden, Shrine of Iyemitsu, Nikko  
15. Detail of Wood Carvings of Angels at Nikko 
 
16. Interior Haiden (Oainona), Nikko 
17. Shinto Priests and Musicans at Nikko 
18. Castle of Sendai 
19. The Daibutsu at Kamakura
J'ai photographié le grand bouddha de Kamakura en octobre 2011: tentative d'épuisement photographique du grand bouddha de Kamakura  
 
 20. Temple of Hachiman, Kamakura 
21. Stage for the Sacred Kagura Dance at Mitake Temple 
22. Inside of Minobu Buddhist Temple, Koshu 
23. Castle of Nagoya
 
24. The Shishinden, an old Imperial Palace, Kioto 
25. Inside Temple Chion-in, Kioto
26. Castle Ninko (Nijo), Kioto
 
27. Temple of Kiyomizu, Kioto
 
28. The Ho-o-do (Phoenix Hall), Uji 
29. The Castle, Osaka
 
30. Pagoda at Temple Horuji, Nara
  
31. Kondo at Horuji Temple, Nara 
32. Castle of Hineji, Harima 
33. Itsukushima (or Miyajima), Aka 
J'ai photographié en octobre 2011, le célèbre torii:  essai d'épuisement photographique du grand torii de Miajima, Japon
34. The Castle, Kumamot
 
35. The Castle, Kagoshima
 
7 octobre 2020

LES MILLE AUTOMNES DE JACOB DE ZOET DE DAVID MITCHELL

 

9782879297613

 

 

Avec l'ouvrage de David Mitchell, dont je n'avais rien lu jusqu'alors, nous avons à faire à un tour de force littéraire qui cache habilement son jeu par la fluidité de son écriture. Paradoxalement l'impatience qu'a le lecteur à ce précipiter sur la page suivante fait que celui-ci risque de ne pas remarquer la poésie des images que Mitchell instille dans le suspense du récit.

L'attaque du roman n'est pas aimable, si d'emblée nous savons que nous sommes dans le Japon ancien, nous ne savons pas immédiatement quand. Nous tombons, sans préambule, au beau milieu d'un accouchement difficile et sanglant dont aucun détail nous sera épargné. Avalé cet apéritif déconcertant d'une vingtaine de pages, le roman se déploie sur 700, nous sommes projeté en 1799 dans l'ile de Méjima, appendice de Nagazaki, une ile artificielle, de 120 mètres de long et de 75 de large, dans la baie de Nagazaki, reliée à la grande ile par un pont, le microcosme dans lequel les japonais confinaient une petite communauté de la Compagnie des Indes orientales unies, seule entité étrangère avec laquelle l'archipel concédait à commercer. Pendant plus de deux siècles ses résidents européens ont fourni le Japon en coton, en soie, en sucre contre de l'argent et de l'étain. L'ilot a initialement été construite pour les portugais avant d'échoir aux néerlandais de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Durant 250 pages nous faisons connaissance avec les habitants de cette chiche enclave par les yeux du jeune Jacob de Zoet, clerc impécunieux venu tenter de faire fortune dans l'espoir de revenir au bout des cinq ans de son engagement les fontes suffisamment pleines pour que le père de sa promise lui accorde l'autorisation de se marier avec sa fille. Il avait trouvé Jacob trop démuni lors de sa première demande. Zoet qui est à la fois malin, curieux et savant est malheureusement pour lui un brin naïf ce qui donne au portrait qu'il dresse de ses compagnons de quasi captivité, les hollandais n'ont pas le droit, sauf quelques uns en de très rares occasions, de quitter leur ilot, un rendu souvent humoristique bien différent de celui du premier chapitre. Notre héros (et son récit) est une sorte de mélange de Sinouhé l'égyptien (du roman éponyme de Waltari) et du Zénon (héros de L'oeuvre au noir) de Marguerite Yourcenar. Mitchell réussit à rendre passionnantes les intrigues cocasses et crapoteuses qui occupent ces expatriés. Le pur Jacob qui pensait être là pour éradiquer la corruption sous l'égide du mentor qui l'a amené dans ce bout du monde perdra vite ses illusions en s'apercevant que la plupart des ses collègues sont plus préoccupés de leur enrichissement personnel que de la prospérité de la compagnie. Il tente de se consoler, tout en ayant conscience de trahir l'amour de celle qui est censée l'attendre, avec une jeune sage femme japonaise, Orito qui lui est bientôt enlevée pour être séquestrée dans un lieu diabolique. Orito supplante alors Jacob comme personnage principal du roman et l'on ne comprend qu'alors le sens du premier chapitre, ce qui devrait laisser tout lecteur époustouflé devant l'habileté de la construction romanesque échafaudée par David Mitchell. De goguenard le ton du livre devient alors très noir. Avec ce changement de voix, même si le livre est entièrement écrit à la troisième personne, on pense désormais au "Roman de la rose" d'Umberto Eco et au Dumas du comte de Monte-Cristo; mais un Dumas qui aurait lu Sade et Ridder Haggard et aurait trempé sa plume dans l'encrier de Nabokov.

 

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Dejima 

 

« Les milles automnes de Jacob de Zoet » empreinte avec les malheurs de la jeune femme, les chemins du roman d'aventure et va, à partir de là, de rebondissements en rebondissement. Il est presque impossible d'en dire plus de l'intrigue, sans en tuer le suspense haletant, même si ce n'est qu'une des nombreuses facettes du livre, il serait dommage de vous en priver. Sachez seulement qu'un autre acteur va bientôt s'avancer au devant de la scène, l'interprète Uzaemon, lui aussi épris d'Orito... C'est avec beaucoup de maitrise que l'auteur met en avant tel ou tel personnages, alors que d'autres s'effacent pour réapparaitre plus loin ou définitivement quitter la scène. Le tour de force est d'autant plus grand que ces premiers rôles alternatifs sont d'une grande diversité. On passe d'un esclave africain à un capitaine d'un vaisseau anglais, d'une herboriste à un samouraï.

Le roman est divisé en trois grandes parties à peu près égales. La première partie est centrée autour d'un personnage. Dans le deuxième, il y en a deux. Dans le troisième, trois. Le rythme de la narration s'accélèrent au même rythme que l'augmentation des pôles de narration, pour finir en un staccato haletant.

Lorsque l'on a refermé ce volume de 700 grandes pages, paradoxalement une de ses qualités les plus saillante en est la concision du romancier. Alors que nous étions avec l'un des esclaves de Dejima, que jusque là on avait à peine remarqué, Mitchell nous précipite dans la cabine du capitaine d'un vaisseau de la marine royale anglaise perdu dans la mer de Chine. Nous voila apparemment dans une histoire et des gens sans aucun rapport avec ce qui a précédé. On ne sera pas long à comprendre le pourquoi de cette incise lorsque réapparaitra un personnage avec lequel on avait fait quelques pas au début du livre. En 20 pages nous faisons connaissance avec tout l'équipage, le bateau et la raison qui les a conduit dans ce triste océan et nous serons triste à la fin du chapitre de quitter ces marins espérant les revoir sans trop tarder, voilà bien une prouesse d'écrivain...

L'habitué du cinéma japonais ne sera pas sans avoir de réminiscences à la lecture des « Mille automnes de Jacob de Zoet qui parfois lui évoquera le Imamura de « La ballade de Narayama » et à d'autres occasions le Rashomon de Kurosawa. Un autre film de Kurosawa est en rapport direct avec le roman c'est « Barberousse » d'après le livre de Yamamoto Shugoro qui raconte l'histoire de Noboru Yasumoto qui fraichement sorti d'une école de médecine hollandaise de Nagasaki, espère une carrière prestigieuse auprès du Shogun, grace à ses appuis. Pourtant à sa grande déception, il est affecté dans un dispensaire qui soigne gratuitement les indigents, auprès de Kyojo Niide, surnommé Barberousse... Je conseille, à ceux qui possède le tropisme médical de l'auteur d'approfondir ce pan de l'ouvrage en voyant ce film de Kurosawa et en lisant deux Manga, "l'arbre au soleil" de Tezuka et "Jin", ils découvriront ce que les élèves du docteur Marinus sont devenus... 

C'est avec beaucoup de délicatesse que David Mitchell fait entrer des questions purement littéraires dans son passionnant roman par l'intermédiaire des traducteurs japonais (à propos saluons la qualité de la traduction de l'anglais du texte original en français par Manuel Berri), personnages importants du livre qui sont les indispensables truchements entre les hollandais reclus sur leur ilot et le pouvoir japonais. Ce corps de lettrés ne cesse de s'interroger sur les bons mots en japonais pour transcrire ceux des hollandais qui ont, eux, l'interdiction d'apprendre le japonais. « Les milles automnes de Jacob de Zoet » se déroule à la fin de la période Edo, le shogunat des Tokugawa (1639-1867) ère de complète isolement voulu de l'archipel par rapport au reste du monde. Cet hautain cavalier seul géopolitique prendra fin avec l'arrivée en baie de Tokyo des « bateaux noirs » du commandant Perry en 1853. A l'époque à laquelle se déroulent les péripéties de Jacob de Zoet et des autres protagonistes de cette histoire, une cinquantaine d'années avant l'intrusion américaine dans le champ clos nippon, on voit les premières lézardes dans les remparts isolationnistes de la forteresse Japon; ne serait-ce que par la timide ouverture à la science occidentale et en particulier à la médecine figurée par les contacts qu'entretient le docteur Marinus, le personnage le plus truculent du récits, avec le petit aréopage de lettrés japonais locaux. Cette mise en lumière de l'impossible isolement d'une nation au XIX ème siècle, n'est pas sans écho avec notre actualité...

L'un des grands intérêts du roman, mais il en a de nombreux autres, est que nous apprenons beaucoup de choses sur les moeurs des japonais à la fin de l'ére Edo. Le talent de Mitchell est de nous faire passer son érudition, qui est grande, sur le sujet, il a vécu plusieurs années au Japon, sans pour cela altérer le rythme de sa narration. Nous sortons du livre riche de connaissances que nous avons acquises sans nous en apercevoir. Contrairement par exemple à Umberto Eco, que je citais précédemment, il parvient à faire infuser son savoir dans tout le roman, tantôt par une phrase de dialogue, tantôt par une courte description ou par une anecdote. La masse d'informations que l'auteur a du accumuler avant d'écrire son roman est considérable sur des sujets aussi divers que: la médecine les Japonais, les Anglais, les Hollandais, le sexe, la politique, l'Histoire... à l'aube du XIX ème siècle, et pourtant rien ne pèse.

Autre prouesse du romancier faire vivre autant de personnages, en leur donnant à chacun une voix reconnaissable, que ce soit dans les dialogues ou les monologues.

Certains chapitres peuvent se lire comme des nouvelles indépendantes, alors que pourtant ils sont tous parties prenantes de l'ensemble et indispensables pour son bon équilibre. Aux détours des pages on peut également y isoler des haikus, respirations qui reposent des longs dialogues.

Mitchell fait preuve d'une puissance romanesque que l'on ne croyait plus possible dans notre XXI ème siècle croupissant. Il a écrit au présent, cette ouverture du Japon à l’occident. Le roman débute en 1799 et se clôt en 1817. Son livre est à la fois un récit d'aventure haletant et une magnifique histoire d'amour et bien d'autres choses encore, un roman historique, un conte gothique, une réflexion philosophique, un roman maritime, un récit ethnographique...

On ne peut être que d'accord avec le critique James Wood lorsqu'il écrit dans le New Yorker: << David Mitchell est l'un des rares écrivains dont le don pour l'artifice est proprement surnaturel. Un écrivain qui mieux que la plupart, peut camper un paysage, dresser un portrait, moduler une voix, poser une intrigue, faire monter le suspense... Chez lui le fait de révéler le caractère imaginaire de la fiction ne fait que lui donner plus de réalité.>>.

Dans une ancienne interview David Mitchell dressait la liste des auteurs qui l'avait influencé: Borges, Kundera, Perec (il lui a emprunté l'art d'emboiter subtilement les histoires), Calvino, Dickens, Alice Munro, Marilynne Robinson, John McGahern, Bulgakov, DeLillo, Zola, Peter Carey, Orwell, Isaac Asimov (pour le soufle du récit), Ishiguro (chez Mitchell on retrouve l'héroïsme passif de certaines figures de cet écrivain), Hesse, Tanizaki, Helen Simpson, Nabokov (qui est certainement l'auteur dont il est le plus proche stylistiquement), Tchekhov, Thekhov et Tchekhov. Il ajoutais: << Je pourrais changer le sac de l'aspirateur de Tchekhov et considérer ça comme un grand honneur.>>. Il est incontestablement déjà à la hauteur de ses admirations à son cinquième livre. A l'époque Mitchell ne citait pas Melville mais lorsque l'on aborde la dernière partie du livre, il est difficile de ne pas y déceler une dette envers Billy Budd...

"Les mille automnes de Jacob de Zoet" fait parti de ces livres que l'on aime tant qu'à l'approche de la fin, on ralentit sa lecture, pour le quitter moins vite. Et puis quand sera venu le temps inéluctable de la séparation, de la dernière ligne qui vous aura peut être fait verser une larme, surtout si dans le coeur et dans les yeux vous avez la nostalgie d'un visage aimé, disparu depuis longtemps ou celui d'une baie japonaise désormais bien lointaine, ou peut être encore les deux, soyez certain que vous n'oublierez jamais Jacob de Zoet.

 

Nota

Cette critique a été écrite en 2012. Depuis j'ai lu tous les romans de Mitchell, mais à ce jour celui-ci est son chef d'oeuvre et je suis allé à Dejima dans les pas de Zoet (voir:Dejima où sur les pas de Jacob de Zoet)

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Pour retrouver David Mitchell sur le blog

 

  • ECRITS FANTÔMES DE DAVID MITCHELL
  • COMMENTAIRE lors de la première édition du billet:

    L'histoire nous fait suivre un jeune clerc, Jacob de Zoet, qui prend son poste dans un comptoir reculé de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, dans la baie de Nagasaki, à la fin du 18ème siècle. Alors que le sujet semble limité, David Mitchell parvient à nous entrainer dans un monde fascinant, peuplé de personnages drôles, mystérieux ou attachants, et qu'on quitte bien à regret une fois le livre terminé.

    On ne peut pas parler des Mille Automnes sans mettre en avant ses qualités littéraires, son ambition folle: fresque historique, conte exotique, roman d'aventure, récit de marin, l'écrivain enchaîne les styles avec une virtuosité incroyable qui force l'admiration.
    Sa concision et sa précision sont redoutablement efficaces. Quelques mots, quelques phrases lui suffisent pour faire vivre un personnage, pour dresser un décor. L'aspect documentaire sur la vie des marchands hollandais et des japonais de l'époque n'est jamais ennuyeux, et c'est tout en subtilité que David Mitchell analyse la confrontation de deux mondes, de deux cultures.

    On pourra peut-être trouver que l'intrigue tarde à se dessiner : en effet le livre est construit sur l'alternance des points de vue, et il nous faudra passer un peu de temps avec chaque personnage avant que les enjeux apparaissent clairement. Mais dès lors il devient difficile de lâcher le livre. Rebondissements, trahisons, complots et actes de bravoures, le suspense est haletant.

    La dernière partie du livre, plus courte et plus calme, n'en est pas moins très émouvante, et donne à méditer.

    Enfin ce que nous raconte aussi et surtout Les Mille Automnes, c'est une très belle histoire d'amour qui défie le temps et les distances. Un livre inoubliable.

    Cédric
6 octobre 2020

TAKESHITA STREET, TOKYO, UN DIMANCHE APRÈS MIDI D'AUTOMNE

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Tokyo, Japon, octobre 2011

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20 septembre 2020

LE JARDIN NATIONAL SHINJUKU-GYOEN, TOKYO, JAPON

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Tokyo, Japon, octobre 2011

18 septembre 2020

UN ARTISTE DU MONDE FLOTTANT DE KASUO ISHIGURO

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Le titre est quelque peu trompeur car pour l'imaginaire occidental, et particulièrement français, il évoque des estampes illustrant les quartiers de plaisir d'Edo (Tokyo) sur une période qui va du début du XVIII ème siècle jusqu'à l'avènement de l'ère Meji. Il ne s'agit pas du tout de cela dans le roman d'Ishiguro. Si le narrateur qui s'exprime, à la première personne du singulier, est bien un peintre, les remémorations de Masugi Ono commencent en octobre 1948 et se termine en juin 1950. Les souvenirs évoqués courent sur la première moitié du XX ème siécle. Le texte s'apparente à un journal que le peintre aurait tenu entre ses deux dates. Il n'est fait que digressions successives d'une construction très proustienne. Ici, il faut entendre monde flottant ( ukiyo ) dans le sens de celui de la tradition bouddhique qui enseigne que les plaisirs terrestres sont fugitifs, que tout est évanescent, changeant, éphémère, bref flottant. Cette incertitude fondamentale conduit au flottement qui accompagne le Tao qui enseigne la relativité de toute chose, dans le cas présent les souvenirs d'Ono.
Ono ne fait que méditer et constater sur l'éphémère de ce qu'il avait cru. Il a perdu sa femme et son fils à la guerre. Il vit avec sa plus jeune filles qui commence a être vieille pour se marier, c'est le grand souci de son père. Sa fille ainée est mariée à un salaryman, archétype de ces jeunes soldats qui reviennent de la guerre pour se transformer en hommes fidèles à une entreprise comme hier ils étaient fidèles à l'empereur. Ils sont désireux d'oublier le passé impérial et de consacrer le reste de leur vie au capitalisme renaissant. Ono a été un peintre reconnu, un maitre de la peinture officiel, au service du régime militaire nationaliste. On ne sauras pas jusqu'à quel point il était engagé politiquement. Il y a peu de descriptions par Ono de ses tableaux. Il se concentrent à leur propos sur la technique picturale, mentionnant les sujets comme s'ils étaient sans importance, bien qu'ils révèlent la nature propagandiste de son travail. Il n'est pas tout à fait clair si cet accent sur le style plutôt que sur les sujet doit être attribué à Ono comme narrateur, montrant rétrospectivement une gêne inconsciente, ou si cet gêne quand aux thème de ses oeuvres  était déjà présente en lui au moment où il faisait ses peintures (montrant que letotalitarisme exploite la capacité des gens à restreindre leur conscience aux aspects limités de leurs actions). 
 

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Les derniers moments de l'Amiral Yamaguchi, 1942, peinture commémorative de la guerre de la grande Asie orientale. un tableau qu'aurait pu signer Ono?
 
De même, lorsque Ono raconte un épisode dans lequel il était confronté aux résultats de ses activités d'indicateur de police, on peut se demander si sa tentative d'atténuer la brutalité de la police est une invention rétrospective conçue pour tromper sa mauvaise conscience. On le voit désapprouvé le traitement que la police fait subir à la personne qu'il a lui même dénoncée. Il se met à distance de ses actes, refusant de reconnaître les traitements abusifs comme une conséquence directe et prévisible de son action.
Ishiguro suggère que l'événement déclencheur du passage d'Ono de l'esthétisme au fascisme se produit lors d'une promenade avec Matsuda (que l'on peut considérer comme le funeste tentateur d'Ono) à travers un bidonville. Cette promenade remplit Ono d'une sympathie toute Dickensienne pour les personnes souffrantes et l'amène à peindre sa première image de propagande politique, dans laquelle les enfants d'un sordides bidonville sont présentés comme des combattants nationalistes contre les parasites internationaux. En d'autres termes, c'est un sentiment que les lecteurs d'aujourd'hui associent à la gauche politique, un désir de justice sociale et de soulagement de la pauvreté. C'est paradoxalement ce qui va mettre Ono sur la voie de la ruine morale.
Ono était entouré d'élèves dévoués*, respectueux et admiratifs. Mais le monde sur lequel il avait construit sa vie s'est écroulé. Les bombardements américains ont ravagé les villes japonaises. Le pays a été défait et il est occupé. Beaucoup des responsables politiques et militaires qui ont conduit à ce désastre ont préféré le suicide au déshonneur. Certains ont été exécuté comme criminel de guerre. Ono a été mis à la retraite. Ses anciens amis encore vivants lui tournent le dos, le trouvant compromettant car Ono n'a pas renoncé, du moins lorsque le roman commence, à pour ce quoi, il s'est battu. L'homme qui parle à probablement une soixantaine d'années. Dans sa belle maison**, relativement épargnée par la guerre, il se souvient surtout de ses années de bohème lorsqu'il était un jeune peintre. A travers ses souvenirs et les rapports qu'il entretient avec ses deux filles c'est toute la société japonaises des années 20 jusqu'à l'immédiate après guerre qui resurgit de la mémoire du vieux peintre.
Avec beaucoup d'habileté dans, une prose fluide, par petites touches, au fil des pages se dessine le portrait d'un homme déchiré entre la satisfaction qu'il a de lui (c'est ce qu'il montre le plus souvent) et les doutes sur le bien fondé de ses actions et convictions passées. Ce doute qui progressivement l'assaillent ne fera que grandir. Le vieil homme doté d'une personnalité psycho-rigide éprouve de grandes difficultés à se remettre en question. Il est à la fois égocentrique et en même temps soucieux de marier sa fille cadette mais ne voyant pas que le seul obstacle au bonheur de sa fille, ce qu'il veut plus que tout, est sa personne en raison de ses engagements idéologiques passés.
Dans ce roman on apprend beaucoup de choses sur la société japonaise des années 40. Par exemple on voit combien elle est formelle et hiérarchisée que les mariages, du moins dans la bourgeoisie, sont tous arrangés. Que la place des femmes est toujours subalterne...
 

Ci-dessus un tableau de propagande de Fujita qui ressemble peut être à ce que peignait Ono

 

Ishiguro ausculte le frôlement entre l'histoire individuelle d'Ono et l'Histoire du Japon. La part de l'Histoire ne semble pas au départ de l'évocation du passé, prépondérante dans la trajectoire du vieil artiste. Néanmoins le narrateur s'aperçoit progressivement, après coup, que le contexte historique a profondément marqué son destin. Alors qu'au début du roman on peut croire que la seule préoccupation d'Ono est le désir de d'épancher en évocations nostalgiques du quartier de plaisir de sa jeunesse et en particulier du petit bar où il se rend toujours en 1948 et qui est désormais une relique de ces temps anciens, entouré de ruines. C'est dans ce subtil et progressif glissement entre le dérisoire et le capitale que réside tout le grand talent de l'auteur.
Le livre est écrit à la première personne ce qui rend le lecteur dépendant de la vision subjective du seul narrateur Ono, peu fiable, exprimant un point de vue que le lecteur identifie progressivement comme limité et faillible, sans autre voix en contrepoint. Ono indique souvent lui même, qu'il n'est pas sûr de l'exactitude de son récit. Ces remarques peuvent avoir des conséquences contraires sur la perception qu'il a d'Ono; cela peut soit le rendre prudent quand à la véracité de ce qu'il lit, soit au contraire, lui suggérer qu'Ono est très honnête et, par conséquent, digne de confiance. Cette ambiguité fait en partie la force du roman.
Au-delà de son histoire personnelle, du questionnement sur la place de l'artiste dans la société, le personnage d'Ono pourrait tout aussi bien symboliser son pays, ce Japon qui se relève tout juste du désastre de la seconde guerre mondiale, ce pays défait qui éprouve un sentiment de honte tellement puissant que l'évocation de cette période devient tabou. Le lent examen de conscience auquel se livre Ono se déroule sous les yeux sévères de ses filles, qui condamnent la propagande militariste du passé. La prise de conscience tardivement lucide du peintre est une manière de préserver sa dignité, inconsciemment de racheter ses erreurs par souci d'honnêteté. Une fois le roman achevé, Ono n'est plus le même homme qu'au début.
Mais Ishiguro montre l'ironies de l'Histoire quand il insiste fortement sur le fait qu'Ono a surestimé l'importance de sa propre complicité dans les déprédations de la Seconde Guerre mondiale. Le suspense du roman, tel qu'il se déroule, est de savoir si les activités d'Ono durant la guerre vont faire capoter les perspectives de mariage de sa plus jeune fille. Le lecteur, cependant, comprend peu à peu, par la prise de conscience d'Ono, que la famille du prétendant de sa fille est à peine consciente de son passé et le considère seulement comme une relique conservatrice et inoffensive du passé.
Avec ce livre ceux qui connaissent les villes japonaises seront assaillis par beaucoup d'images et transposeront les souvenirs d'Ono dans le Tokyo ou toutes autres villes qu'ils connaissent ou ont connu. Ono désigne l'endroit où il vit comme La ville. Son nom n'est jamais cité et l'auteur brouille les pistes en nommant des quartiers et des lieux qui appartiennent à différentes cités japonaises. Cela pourrait être Tokyo mais il n'est jamais fait allusion au grand tremblement de terre de 1923 qui détruisit les 2/3 de la ville. Mais il pourrait tout aussi bien s'agir d'Osaka ou encore plus probablement de Nagasaki en raison de sa géographie vallonnée. Ono ne fait que monter et descendre dans ses promenades, mais le vieux peintre ne parle pas de la bombe atomique. Il faut néanmoins se souvenir qu'Ishiguro est natif de Nagasaki et que ses souvenirs de sa petite enfance ont Nagasaki pour décor. D'autre part sa mère fait partie des survivants de la bombe atomique lancée sur Nagasaki. On peut penser que son fils a été nourri de ses récits. Il est donc très difficile de situer où est construite la belle maison ancienne dont Ono est si fier probablement dans un des confins de la ville. C'est volontairement qu'Ishiguro laisse ce flou géographique, n'ayant jamais vécu au Japon, il n'a pas voulu trop ancrer les souvenirs d'Ono dans un lieu précis ce qui aurait empêché celui-ci d'être une sorte d'archétype des hommes de la génération qui ont approuvé la guerre tout en n'y participant pas en raison de leur âge. Le Japon d'Ishiguro est un Japon rêvé alors que l'auteur a quitté son pays natal à l'âge de cinq ans avec sa famille pour l'Angleterre où son père océanographe avait trouvé du travail. Ishiguro, parfaitement bilingue a écrit son livre en anglais. Il est paru en 1986.
Dans une interview le romancier, décrit la genèse de son deuxième roman en se référant à son premier roman: «Il y avait une intrigue secondaire dans A Pale View of Hills sur un vieil enseignant qui doit repenser les valeurs sur lesquelles il a bâti sa vie. Je me suis dit, que je voudrais écrire un roman centré sur un homme dans cette situation, dans ce cas, un artiste dont la carrière devient contaminée parce qu'il lui est arrivé de vivre à certains moments.>>.
La chronologie est-elle même assez flou on ne connait pas l'âge de Ono lorsque nous faisons connaissance avec lui en 1948. Nous savons en revanche que sa plus jeune fille a alors 26 ans On apprendra par la suite qu'il s'est installé dans sa maison en 1933... Il y a un anachronisme patent dans « Un artiste du monde flottant ». Le vieil peintre en 1949, emmène sont petit fils de huit ans, Ishuro, par ailleurs très perméable à l'influence américaine, au cinéma voir un film qui ne peut être que Godzilla alors que ce film n'est sorti qu'en 1954! Il est probable qu'Ishiguro a prêté ses propres souvenirs à son jeune héros.
La retenue dans le comportement des personnages en dit souvent beaucoup plus sur leurs sentiments et leurs motivations. Bien qu'Ono soit un homme qui n'est pas sans défaut, le lecteur entre en empathie avec lui. Ce n'est pas qu'il sera d'accord avec ses choix de carrière en temps de guerre mais il voudra croire  que ce que croyait Ono, il le croyait sincèrement pour le bien de son pays. Ce qui pourra poser un problème au lecteur c'est l'incapacité, mais pas tout à fait jusqu'à la fin, à la réévaluation de l'état d'esprit expansionniste après la guerre. Mais le point de vue auquel il est difficilement parvenu est sans peut être plus proche de sa vérité que ses croyances sincères en temps de guerre qui était grandement nourries par la propagande. Ono n'est pas un monstre, c'est même un bon père de famille, prêt a récuser ses opinions passées sur un grand nombre de sujets, mais il est aveugle sur certains aspects de son passé. Cet aveuglement est probablement délibéré parce que ces aspects peuvent mettre en question son intégrité en tant que peintre.
Ishiguro suggère au lecteur que l'artiste politisé ne commettra pas seulement des actes malfaisants, comme celui d'Ono dénonçant Kuroda, mais que son action restera sans prise réelle sur la marche de l'Histoire et que cela n'aurait rien changé si Ono était resté apolitique. L'engagement de l'artiste au service d'un pouvoir est nul est dérisoire en regard de l'Histoire.
 
Dans les trois ans sur lequel s'étale le récit le Japon change.  Ces années correspondent à la période de l'occupation américaine qui n'est présente que de façon allusive dans le roman, le pays apprend la démocratie et commence à se reconstruire. Ono lentement, douloureusement fait son deuil de l'ancien japon et de ses anciennes convictions...
 
* J'aimerais beaucoup connaitre à quelles sources Ishiguro s'est abreuvé pour nous décrire l'organisation des ateliers de peintures du Japon à cette époque. Ils apparaissent dans le roman comme de petites sociétés fermées, presque des sectes, dont le maitre serait une sorte de gourou sévère. J'ai le sentiment que les ateliers des mangakas d'aujourd'hui dérivent de cette organisation.
** Cette demeure remarquable dans laquelle le maitre prodiguait son savoir à des élèves studieux et captifs m'a évoquée la belle villa de Fumio Asakura que l'on peut visiter à Tokyo dans l'arrondissement de Taito.
Pour retrouver Ishiguro sur le blog:
13 septembre 2020

TAMOTSU YATO


Tamotsu Yato, vers 1970




La biographie de Tamotsu Yato est très mystérieuse. On ne connait que très peu de choses de sa vie avant son arrivée à Osaka en 1956. La date de sa naissance exacte n'est pas connue. Les estimations vont de 1924 à 1928. Il est né à Nishinomiya, une banlieue d'Osaka. Il a fait de fréquentes mentions de sa mère mais jamais de son père. Il aurait eu un frère, qui aurait menacé l’éditeur de Yato après la mort de ce dernier, lui interdisant de rééditer les photographies de Tamotsu Yato. Mais même ce frère reste un mystère.








Il semble qu’il ait été renié par sa famille, et est venu s’installer après cela à Osaka en 1956. Il a ensuite changé son nom de famille de Takada (高田) pour Yato qui signifie « flèche ». C’est à Osaka qu'il rentre pour la première fois dans un bar gay et qu’il rencontre Meredith Weatherby (1914 - ?), un éditeur anglais expatrié au Japon avec lequel il restera en couple jusqu'en 1970.
 
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Festival nu, 1968




On a la preuve de sa présence à Tokyo en 1957 car il apparait comme acteur vedette dans le film de Donald Richie, « Aoyama Kaidan », un film sur le flamenco. Ensuite, il a travaillé pour un seul studio, la Nikkatsu, pour lequel il a joué dans plus de 10 films. Il y joue généralement des petits rôles de voyou et de dur à cuire. Yato decida alors de s’orienter vers la danse, mais sa vocation tourna court quand il eut les deux jambes brisées dans un accident de voiture. Après sa convalescence, il fit pendant un certain temps des petits boulots à Tokyo.
 
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Festival nu, 1968




Au milieu des années 60 Meredith Weatherby est à la fois le bienfaiteur, le tuteur et l'amant de Yato. L’intérêt de Weatherby pour les arts eut une forte influence sur son jeune amant et le nombre de livres d'art et d'œuvres d'art dans l’apparemment encouragèrent Yato à s’intéresser à la photographie, un hobby qui, jusque là, n’était qu’une distraction de week-end lorsque ses rôles au cinéma lui offraient la perspective d’une carrière prometteuse.




Festival nu, 1968




Une autre influence contribua à orienter Yato vers la photographie ce fut la relation professionnelle qu’entretenait depuis le milieu des années cinquante Weatherby avec Yukio Mishima. Weatherby et Mishima travaillèrent en effet sur la traduction anglaise de Confessions d'un masque (1949) et sur celle du Tumulte des flots (1954).
 
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Festival nu, 1968




Cette relation de travail se transforma en amitié, et dans les années soixante, Mishima fit connaitre à Weatherby et à Yato les mileux intellectuels de tokyo. Au fil des ans, leur maison se transforma en une sorte de salon artistico-intellectuel où l'élite des mondes artistiques et intellectuels se réunissait.




Festival nu, 1968




L’œuvre de Tamotsu Yato a été publiée de son vivant en trois ouvrages: « Jeunes Samourai » (体 道: 日本 の ボディ ビルダー たち) paru en 1966, «Festival Nu » (裸 祭り) en 1968 et « Otoko » (男), publié en 1972.
 
 




Otoko, 1972




Mishima fut alors l’un des modèles de Yato. Il apparait dans les trois livres des photographies de Yato. On le voit ainsi au gymnase Korakuen dans « Jeunes Samourai », dans « Festival Nu », et en pagne dans « Otoko », publication qui lui est dédiée, deux ans après son suicide que Mishima effectua suivant le rituel du seppuku (harakiri). C'est dans "Otoko" que Mishima pose en Saint-Sébastien, une des photos les plus célèbres de l'écrivain.














Yukio Mishima




Yukio Mishima, vers 1970




Yukio Mishima en Saint-Sébastien




Yukio Mishima
Mishima, seppuku
 
 
Yato fut influencé dans les années soixante par le livre de George Rodger « Le Village des Noubas » paru en 1949 et notammament par les photographies de scènes de combat où l'anthropologie rencontre l'érotisme, influence que l’on retrouve dans ses photographies des festivals nus et celle des concours de culturisme. Les publications gay telles que nous les connaissons aujourd'hui n'existaient pas au Japon à l'époque pendant laquelle Yato photographiait. La plupart des magazines à caractère érotique prenaient pour prétexte l'étude de la sexologie, mais ils étaient si restreint par les lois de censure qu’il leur était même interdit d’imprimer le nom des parties génitales, et encore moins d’en montrer les photos. Ce tabou est encore vif au Japon et si par exemple certains mangas n'hésitent pas à représenter des scènes de sodomie les sexes ne sont pas apparents.
 
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Otoko, 1972




Otoko, 1972





Otoko, 1972



Otoko, 1972




Il a fallu attendre le début des années 60, avec la publication de "Bara" pour que l’on puisse parler pour la première fois d'un magazine gay érotique japonais. « Bara » était un magazine plus ou moins vendu sous le manteau que l’on se passait de main en main. Il fut finalement censuré par le gouvernement. Il fallut attendre ensuite 1972, pour qu’apparaisse "Barazoku", l’héritier de « Bara ».




Otoko, 1972




Yato fut fortement influencé par l’esthétique de ces magazines  en particulier pour "Young Samurai", où l'influence des magazines américains culturiste est assez évidente.





Otoko, 1972




Le soutien financier de Weatherby lui permit d’échapper aux travaux alimentaires. Toutefois, durant cette période il travailla parralèllement comme photographe de plateau pour les scènes japonaises du film "Tora Tora Tora", qui raconte la défaite de la marine japonaise face à la flotte américaine du Pacifique. Les photos furent publiées dans la revue « Camera Mainichi ». Il a également travaillé sur des projets de photojournalisme pour « Caméra Asahi » et "Asahi graphique". Il publia notamment un reportage photographique dans l’édition du 26 décembre 1969 de « Asahi graphique » sur le sculpteur Nagare Masayuki.




Otoko, 1972




Il avait sa propre technique de recrutement de ses modèles, plutôt que d'utiliser ses relations dans l'industrie du cinéma ou ses amis homosexuels, lorsqu’il voyait un homme séduisant dans la rue, il marchait droit vers lui avec sa carte et lui demandait : "Voulez-vous être mon modèle?".




Otoko, 1972




Sans association avec des galeries et avec pratiquement aucune affiliation avec d'autres artistes en arts visuels, le travail de Yato n'a pas été montré publiquement. Tous les tirages réalisées étaient réservés à la publication et ensuite offerts aux modèles ou à des amis. Aucun n’était signé. Yato vendait ses publications dans les bars.




Otoko, 1972




En 1970, après le suicide de Mishima, Weatherby et Yato se séparent, et Yato déménage dans le district de Takanadobaba à Tokyo.




Otoko, 1972




Tamotsu commença à boire et à fumer trop, même s'il était déjà malade, il s’orienta vers une fin de vie autodestructrice. Il est mort en mai 1973, d'une hypertrophie du cœur. Weatherby était à l’étranger quand Tamotsu est mort. Après sa mort, ses amis découvrir dans son appartement que les appareils photos et tout son matériel technique avaient disparu, et qu’il ne restait que très peu de negatifs et de tirages.




Otoko, 1972




Le corps de Yato fut incinéré et les cendres furent déposées dans un temple proche de l'endroit où il avait vécu avec Richie et Weatherby. On ne sait actuellement pas où elles sont. Après sa mort un prétendu frère ordonna aux éditeurs de cesser de publier les photographies de son « frère ». Ses livres ne furent jamais réimprimés. Les négatifs et tirages restant sont gardés à Tokyo et San-Diego.




Otoko, 1972



Yato a dépeint une virilité japonaise particulière, ancrée dans la tradition japonaise mais échappant aux stéréotypes, et absolument contemporaine. "Jeunes Samouraï" a été une révolution dans la photographie japonaise. Avant 1966 aucun livre de photographie ressemblant, même de loin à celui-ci, n’avait été publié au Japon.
 
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Otoko, 1972




Le concept de jeunes hommes japonais exposant la beauté de leur corps dans une telle collection de photos quasi-nues était totalement inconcevable. Aujourd'hui encore, il n'est pas entièrement accepté dans la culture japonaise que l'homme doit être fier de sa musculature et exposer son corps avec un tel exhibitionnisme.
Même si le travail de Yato n'eut qu'une diffusion limitée, il a suscité un véritable culte et a été reconnu comme une influence majeure par un certain nombre d'artistes qui travaillent sur l'érotisme au masculin. Ainsi, Sadao Hasegawa remarques dans ses visions du Paradis: «Tamotsu Yato atteint la célébrité en créant Otoko, un livre de photographie où l'on voit des types d'hommes qui ont pour la plupart disparus aujourd'hui en cela aussi les photographies d' Otoko sont précieuses (il est vrai qu'aujourd'hui l'idéal masculin japonais est plutôt à l'androgynie avec des modèles sensiblement plus jeunes que ceux que l'on voit sur les photos de Tamotsu Yato).
 
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Otoko, 1972



Otoko, 1972




Otoko, 1972




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Otoko, 1972





Otoko, 1972




Otoko, 1972
 
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Tamotsu Yatō
 
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Tamotsu Yato, Body Builder
 
 

 
11 septembre 2020

Asakusa, Tokyo, Japon

 

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Le quartier d'Asakusa est surtout connu grâce au temple Senso-ji et à sa porte Kaminarimon littéralement, la porte du tonnerre. Ce temple, qui serait le plus ancien de Tokyo, en ce qui concerne l'ancienneté au Japon il faut toujours utiliser le conditionnel, tant les temples ont été détruits et reconstruits, possède une gigantesque porte au centre de laquelle pend une non moins gigantesque lanterne. Sous cette dernière gaijins et nippons se font photographier à la queue leu leu. La lanterne est gardée de part et d'autre par deux cerbères, le dieu du vent et celui de la foudre.  

 

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Le temple est dédié à la déesse Kanon. Près de ce haut lieu touristique de jolis tireurs de pousse-pousse font l'article pour appâter le client. Ils sont chaussés de la traditionnelle et populaire jikatabi, des chaussures où le pouce est séparé des autres doigts de pieds et qui donnent un peu l'impression que l'on est pieds nus lorsqu'on les porte. Les jikatabi sont avant tout des chaussures pour les ouvriers.  

 

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Une fois passer la porte Kaminarimon, pour arriver au temple Senso-ji, on chemine dans une rue piétonne bordée des deux cotés par une multitude d'échoppes qui proposent nourriture et souvenirs de toutes sortes, masques, tissus (les fameux furoshiki ces pièces d'étoffes qui servent à envelopper tout et n'importe quoi, cadeaux, déjeuners, bouteilles...), jouets, vaisselle, estampes...       

 

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Du temple, on voit la Sky tree, la plus haute tour de Tokyo qui n'est pas encore tout à fait terminée à l'automne 2011.

 

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Typiquement japonais les petites pancartes nous informant d'une manière humoristique d'un éventuel désagrement.

 

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Tokyo, Japon, octobre 2011

27 août 2020

L'ARMURE DU SAMOURAI AUX MUSÉE DU QUAI BRANLY

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Je ne peux que conseiller à tous ceux qui s'intéressent au Japon de se précipiter au musée du quai Branly pour y voir l'exceptionnelle collection Ann et Gabriel Barbier-Mueller en provenance de Dallas! qui rassemble des pièces toutes plus extraordinaires les unes que les autres se rapportant à l'armure du samourai. Malheureusement un incident technique sur mon appareil photo m'a empéché de prendre des photos de qualité. J'ajouterais que si l'exposition est à voir absolument, son éclairage, comme souvent dans ce musée n'est pas à la hauteur des pièces présentées. Il est parfois difficile de voir les armures à cause des reflets sur les vitrines les protégeant.

 

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Les chevaux étaient eux aussi artistiquement caparaçonnés...

 

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Si avant le seizième siècle, les armures servaient dans les combats, ensuite pendant toute la période Edo, elles furent des marques distinctives de caste et de rang et affichaient la magnificence et la puissance de ceux qui les portaient.

 

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pantalon qui se portait sous l'armure.

 

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Remarquez sur les bottes de l'armure ci-dessus que les doigts de pieds sont séparés en deux, c'est toujours pratiqué sur certaines chaussures japonaises...

 

 

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Les casques sont plus extravagants les uns que les autres 

 

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Armure de garçon. Elle était destinée à un fils de grand seigneur et lui était donnée vers douze treize ans, marquant son entrée dans l'âge d'homme, un peu comme la prise de la toge viril à Rome.

 

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Ce casque est inspiré par la forme d'une aubergine! En regardant bien, tout à son sommet, on voit la petite queue du légume! Au Japon, comme souvent l'important est dans le détail...

 

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Ce casque semble avoir pris feu!

 

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Paris, décembre 2011

 

Un assez maigre et maladroit aperçu d'une exposition que tous les amoureux du Japon ne peuvent pas manquer. Le catalogue est superbe et est très informatif sur la vie des samourai, il est malheureusement cher, 48 € mais mérite l'investissement.

 

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