Photographies du Japon de la période Taishō jidai 大正時代 (1912-1926)
Le musée de la ville de Tokyo est certainement le plus extraordinaire de la capitale japonaise pourtant peu d'étrangers le visite mais il est très fréquenté par les autochtones. Sont architecture est très originale car cet imposant bâtiment à la forme d'une geta, la chaussure traditionnelle japonaise. Le musée est voué à l'Histoire de la ville de Tokyo. La ville a été en constante mutation depuis le milieu du XIX ème siècle. Elle a surtout été presque totalement détruite à deux reprises. D'abord par le grand tremblement de terre de 1923, puis par les bombardements américains de 1945. Le musée veux montrer ces Tokyo à jamais disparu par des reconstitutions à l'échelle 1 mais surtout par de magnifique et impressionnante par la taille reconstitution à petite échelle de tout un quartier d'avant l'ère Meji. Sont présenté aussi des sculptures qui ont été sauvées et qui se trouvaient dans des temples détruits.
Tokyo, avril 2017
Tokyo magnitude 8 est une superbe série animée de onze épisodes tourné en 2009. Il décrit les conséquences d'un terrible tremblement de terre à Tokyo. Deux enfants, Mirai, une collégienne d'une douzaine d'années accompagne son frère, Yukii (ce qui ne l'amuse pas beaucoup) d'âgé d'environ huit ans. Ils sont venus de leur quartier périphérique de Tokyo à Odaiba (on peut voir le billet que j'ai consacré à ce quartier de Tokyo: Odaiba, une presque ile dans la baie de Tokyo) parce que Yukii veut y voir une exposition de robots, la passion du garçon, et aussi pour acheter le cadeau d'anniversaire de leur mère. Soudain un séisme très violent de magnitude 8 secoue Odaiba. Ce qui provoque le lent engloutissement de l'ile dans la baie de Tokyo. Les deux jeunes héros rencontrent une jeune femme généreuse et dynamique qui les prend sous son aile. Ils vont tenter de rejoindre le centre de Tokyo pour retrouver leurs familles. Au fil de péripéties très émouvantes, ils découvrent une ville complètement détruite. On assiste à la destruction du raimbow bridge et de la Tokyo tower. C'est l'occasion pour l'auteur de mettre en scène l'humanité des uns et l'égoisme des autres. Une série qui s'attache à décrire avec beaucoup de réalisme les conséquences d'un séisme, l'organisation des secours et la recherche de moyens de subsistance. Il y a un coup de théâtre déchirant à la fin de l'histoire dans laquelle le suspense ne manquait déjà pas. Cet évènement remarquablement bien amené donne beaucoup d'épaisseur au récit tout en le rattachant à la tradition du récit japonais. On ne peut que saluer le talent du scénariste Natsuko Takahashi.
Outre que ce film réalisé par Masaki Tashimada, le découpage en épisodes n'est là que pour la diffusion télévisuelle et on peut considérer Tokyo magnitude 8 comme un long métrage, est une histoire passionnante qui n'est pas sans rappeler dans sa forme et par sa force le chef d'oeuvre qu'est "Le tombeau des lucioles", il est aussi très pédagogique et montre ce qu'il faut faire et ne pas faire lorsque l'on est pris dans un tremblement de terre de grand ampleur. La manière dont les bâtiments emblématiques de la capitale nipponne pourrait être détruit a été étudié avec le plus grand sérieux. Tokyo magnitude 8 ne fait pas l'impasse sur la mort. Avec beaucoup de pudeur le film met en scène les victimes morts et blessé et donne les chiffres des morts.
.
S'il n'est pas nécessaire pour aimer ce film de connaitre Tokyo ou même le Japon, il est vraiment bouleversant et inquiétant lorsque l'on a arpenté comme moi les rue de la ville de voir les quartiers que l'on connait bien, Akasuka, Ginza, Odaiba... presque complètement démolis et cela rendu avec beaucoup de réalisme. C'est ce plausible qui fait que le spectateur est autant ému à suivre l'errance du trio dans la capitale détruite.
Le dessin est de grande qualité et l'animation est à l'unisson. L'éclairage est très soigné. Le jeu des contrastes souligne la dramatisation du scénario. Peut être encore plus remarquable est la profondeur psychologique, qui a le temps en plus de quatre heures, de chaque personnage que l'on voit évoluer ainsi que les rapports qu'ils ont entre eux à mesure qu'ils prennent conscience de la gravité de la catastrophe
Un film inoubliable, très ancré dans le Japon d'aujourd'hui et pourtant universel est à voir par les adultes et les enfants. Tokyo magnitude 8 peut également permettre d'aborder par l'enfant le problème de la mort.
"Tokyo Magnitude 8.0" Trailer (English Subbed)
Tokyo Magnitude 8.0 Full
Les japonais comme tous les peuples sont travaillés souterrainement par des démons, des questionnements, des fantasmes qui leurs sont propres. Le phénomène des kamikazes est l'un d'eux (je conseille vivement sur le sujet, au visiteur de Tokyo de visiter le sanctuaire Yasukumi, voir le billet que je lui ai consacré: Le sanctuaire de Yasukuni-jinja, Tokyo, Japon ). Les japonais ont un rapport très ambivalent avec la question des Kamikases s'ils sont révérés par l'extrême droite nationaliste nipponne, il ne faut pas oublier qu'en 1945, après la défaite les jeunes qui étaient entrainés dans des camps spéciaux dans le seul but de mourir pour la patrie ont été traités en quasi paria. Toutefois la grande majorité des japonais ont été ulcérée du glissement sémantique qui a fait qualifier les terroristes du 11 septembre 2001 de Kamikaze. Je pense que le point de départ du livre (dont je situe le présent il y a une dizaine d'années donc assez proche de l'attentat contre les tours) est cet amalgame opéré par les média étrangers entre kamikases et terroristes.
Ce manga a été d'abord un roman. Pour l’écrire, Naoki Hyakuta, qui l'a adapté lui même pour en faire le scénario de ce manga, a rassemblé de nombreux témoignages d’anciens pilotes destinés à devenir kamikazes. Il s’est aussi inspiré de l’histoire de son oncle. Véritable best-seller au Japon, ce récit permet de vivre le quotidien des pilotes japonais de la Seconde Guerre mondiale. L’adaptation cinématographique sortira en salle en 2013 au japon. Ce fait illustre une spécificité du monde culturel japonais: la propension parfois extravagante à adapter une oeuvre en un autre médium, ainsi un manga peut devenir un animé (ce qui est assez logique), un roman, un film avec de vrais acteurs, une adaptation radiophonique, un C.D audio, une pièce de théâtre et même une comédie musicale ou un opéra! J'ai pris le manga comme point de départ mais cela peut être n'importe lequel des modes d'expression que j'ai cité décliné dans tous les autres ou certains d'entre eux. Contrairement à ce qui se passe souvent en occident, une des adaptations est fréquemment meilleures que son origine. Le problème est que l'on oublie souvent qu'elle est l'oeuvre originale devant toutes ces transmutations.
Le manga, « Zéro pour l'éternité » aborde le sujet des kamikaze par un angle original. (Il n'est pas le premier, il y a aussi le très beau Tsubasa d'Ayumi Tachibata, on peut voir à ce propos le billet Tsubasa et L'ile des téméraires que j'ai écrit sur ce manga: , si des lecteurs connaissent d'autres manga, y compris en japonais qu'ils soient assez aimable pour me les signaler). L'éditeur nous informe que cette série comprendra 5 tome. Mon texte ne porte que sur les deux premiers tomes qui sont actuellement disponibles en français.
Kentaro est un étudiant prolongé qui poursuit ses études sans les rattraper. A la demande de sa soeur, journaliste et jeune écrivain, il va partir à la recherche des documents et témoignages sur son grand père qui est mort en Kamikaze quelques jours avant la fin de la seconde guerre mondiale.
D'emblée j'étais très emballé par le sujet et par le fait qu'il soit transposé en manga ayant toujours aimé les représentations des combats aériens depuis mes lectures enfantines de Battler Britton et de Buck Danny jusqu'à ma récente découverte, lors d'un voyage à Tokyo des superbes illustrations de Shigeru Komatsuzaki . Mais j'ai d'abord été rapidement agacé par le choix d'un héros vraiment trop anti héros; cela semble être une tendance actuel dans le manga. C'est un peu la même chose dans « I am hero ». Désappointement augmenté par le fait que l’histoire débute sur des idées reçues, mais je m'en apercevrais vite que c'était pour mieux les circonvenir au fil du récit. J'ai été ensuite aussi rapidement conquis par la profondeur du propos et sa sensibilité. Notamment dés que Kentaro avec sa soeur rencontre monsieur Hasegawa, un ancien pilote de guerre, camarade de leur grand père. Séquence très émouvante. Les auteurs font des va et vient constants entre le présent et le passé. Il n'est pas difficile de supposer que chaque tome de la série s'organisera autour d'une rencontre par Kentaro d'un témoin ou d'un informateur capital sur la vie de son grand père. En tous cas le lecteur n'oubliera pas de sitôt monsieur Hasegawa.
Dans le deuxième tome, le personnage que rencontre Kentaro est en tout point différent de monsieur Hasegawa; alors que ce dernier était un perdant de l'existence, vivant presque misérablement, le nouveau témoin de la courte vie du grand père de Kentaro, monsieur Ito est un chef d'entreprise à la retraite. Il vit en province dans une belle maison à l'ancienne. On comprend que par le biais des différentes personnes que Kentaro va rencontrer l'auteur va nous faire faire à la fois une visite dans la sociologie japonaise et dans la géographie de l'archipel.
Ito fait un portrait différent du grand père de Kentaro de celui de monsieur Hasegawa a tracé. "Zéro pour l'éternité " est aussi une réflexion sur la perception de l'autre. Le manga s'interroge sur les différentes manières d'appréhender un évènement selon son âges, son histoire et le contexte historique dans lequel il s'inscrit. Le manga se penche aussi sur l'incommunicabilité entre les générations. Sur l'absurdité de l'Histoire qui fait que monsieur Ito a fêté ses cinquante ans de mariage à Hawai alors que sont plus cher désir soixante ans auparavant était de bombardé cette même ile.
Zéro pour l'éternité explore également à travers les anciens combattants que rencontre le héros les différentes attitudes face à la mort, face à la guerre.
On apprend beaucoup de chose sur les conditions très brutales et parfois absurdes de la vie des militaires japonais avant 1945, déjà bien décrites dans « Opération mort » de Shigeru Mizuki. Le scénario, incidemment révèle aussi bien particularité de la vie quotidienne japonaise d'hier maisaussi d'aujourd'hui. On s'aperçoit que les auteur s'appuie sur une grande documentation (elle est parfaitement digérée). Le manga est bien édité car à sa suite, on trouve en bonus, des articles très instructifs sur ce que l'on vient de lire. On sait ainsi tout sur l'origine du nom Zéro pour le célèbre avion de chasse.
Historiquement, "Zéro pour l'éternité" couvre une période beaucoup plus large que celle de l'utilisation des kamikazes. C'est un survol de toutes les batailles de la guerre du pacifique dans lesquelles l'aviation japonaise a participé.
Le dessin est soigné avec comme dans presque tous les mangas ce léger hiatus qui existe entre le dessin des personnages qui est plus caricatural que celui des décors dans lesquels ils évoluent, lui très réaliste et presque toujours réalisé d'après des photographies.
Lorsque le dessin d'un manga est aussi précis que celui-ci, il existe un plaisir supplémentaire à lire une histoire ainsi illustré, plaisir surtout réservé à ceux qui connaissent les lieux, celui de reconnaitre, de retrouver des ambiances que l'on a connues, que l'on a aimées...
Le découpage des page est sage, comme c'est presque toujours la règle dans les seinens. Le dessin est majoritairement à dominante claire. Pour différencier les épisodes qui de déroulent dans le passé par rapport à ceux qui se passent dans le présent, Naoki Hyakuta a choisi de disposer les cases ayant trait au passé sur un fond noir alors que les autres sont classiquement sur un fond blanc. L'utilisation des trames est élégante. Les avions et autres matériels guerriers sont très bien reproduits ce qui n'empêche pas le dessinateur de bien faire passer les émotions et les sentiments sur le visage de ses personnages.
On peut voir sur le lien ci-dessous les 40 premières pages du manga
Zero pour l'éternité T.1 - AKATA
.
Parallèlement, tiré du roman et du manga un long-métrage a été tourné. Il fut projeté dans les salles obscures nippones courant 2013.
Le film dirigé par Takashi Yamasaki avec Ozada Junichi, Miura Haruma, Inoue Mao et Aral Hirofumi, est remarquable surtout pour la partie se déroulant lors de la guerre du Pacifique. Les effets spécaux sont extraordinaire en particulier ceux des combats aérien. On est véritablement dans le cokpit du zéro. Le jeu des acteur pour les épisode contemporain est un peu outré selon les standard occidentaux mais tout à fait correct selon les critères japonais.
Sumoto Souichi alias Souichi Moto est Né le 16 aout 1963, dans la préfecture de Kanagawa.
Il débute sa carrière de mangaka en 1980, en recevant le prix d’honneur du concours jeune talent de la revue « Weekly Sunday » de l’éditeur Shogakukan. Pourtant, après quelques années d'activités, il interrompra sa carrière de mangaka pour devenir acteur. Il obtiendra quelques rôles,mais n'y trouvera pas autant de plaisir qu'avec le dessin. Il décidera alors de revenir à ses premiers amours. Il crée alors de nombreuses séries se déroulant dans l’univers du Mah-Jong, une de ses passions.
Depuis quelques années, son thème de prédilection pour ses mangas est « La Guerre », et il publie notamment de nombreuses œuvres mettant en avant l’aviation. Il n’hésite pas non plus à s’investir dans des projets plus originaux consacrés aux laissés-pour-compte. En 2004, il a participé à la création d'une série de livres/manga-documentaires, en partenariat avec le gouvernement japonais, qui évoque les problèmes relationnels entre le Japon et la Corée du Nord à cause des enlèvement de jeunes adolescentes japonaises. Une des histoire, « Megumi » a d'ailleurs été adaptée en anime diffusé gratuitement en plusieurs langues (y compris le français):
http://www.youtube.com/user/takapi2008
Et ce n'est pas tout : en 2009, il s'est investi bénévolement dans le projet caritatif « Be Smile » consacré aux enfants maltraités :
http://www.besmile.org/
A n'en pas douter, Souichi Moto est donc un auteur s'investissant particulièrement dans les problèmes de société et soucieux d'exprimer à travers ses œuvres de profonds messages.
Dans le but de surprendre son public, mais aussi pour insister sur l’aspect unique de ce manga, Souichi Sumoto a signé Zero, les ailes de l’éternité sous son véritable nom : Souichi Moto. C’est la première fois qu’il le fait, depuis le début de sa longue carrière. Une preuve indéniable du statut très exceptionnel de ce seinen.
Commentaires lors de la première publication de l'article
Cher Bernard,
Je crois avoir déjà eu l'occasion de vous l'écrire, j'ai vécu une dizaine d'années au Japon pour des raisons professionnelles. j'ai beaucoup aimé ce pays et continue de le faire. Ce qui m'amène à vous féliciter pour vos chroniques régulières sur l'archipel nippon.
Ceci dit, sur la question des kamikazes (de "kami kazé" ou littéralement "vent des dieux"), je voudrais attirer votre attention sur l'incroyable mystification de ce phénomène. J'ai eu un jour la chance de rencontrer au Japon un très vieux monsieur qui était un ancien instructeur de kamikazes. Ce qu'il m'a raconté m'a fait froid dans le dos. La plupart des jeunes gens qui rejoignaient ce corps d'élite des forces impériales le faisaient pour l'honneur de leur famille. Il n'y a presque plus qu'au Japon que l'on comprend ce genre de concept. Même aujourd'hui et chaque année, des jeunes étudiants se suicident par dizaines pour éviter le déshonneur à leur famille alors qu'ils ont échoué à l'examen d'entrée d'une grande et prestigieuse université. C'était un peu le même principe du temps des kamikazes. L'enrôlement d'un jeune homme pouvait non seulement sauver sa famille d'une honte ou l'autre mais encore la hisser à un niveau supérieur d'honorabilité. La plupart n'étaient nullement des fanatiques, comme on se complaît trop souvent à décrire. Au moment où ils prenaient la juste mesure de leur engagement, c'était trop tard au moment où il fallait embarquer pour la mission suicide. Beaucoup d'entre eux étaient morts soûls pour se donner du courage et il fallait les porter jusqu'à leurs avions. De nombreux autres poussaient des crises de nerfs, s'effondraient en larmes, appelaient leur mère et refusaient d'embarquer. Il fallait là aussi les forcer par toutes sortes de moyens et c'était dans un état d'halluciné qu'ils prenaient leur envol. Finalement, comble du cynisme, l'armée ne mettait dans les réservoirs que le strict minimum de carburant pour atteindre la flottille US qui était leur cible. Histoire de décourager tout changement d'avis en cours de route !
J'aime beaucoup les Japonais (surtout les jeunes gens qui sont souvent infiniment plus sexys qu'on ne l'imagine en Europe)mais il faut se méfier d'eux lorsqu'ils vous balancent la version officielle de leur histoire entre 1930 et 1945. Même les jeunes générations exercent très peu d'esprit critique à ce propos. Ils ont été défaits par une puissance qui leur était militairement supérieure. Point à la ligne !
Frank
Je ne crois avoir écrit quoi que ce soit dans mon billet qui puisse contredire ce que vous écrivez. Votre commentaire n'est d'ailleurs absolument pas en contradiction avec le manga Zéro puisqu'un des personnages de pilotes (il n'est pas kamikaze) ne pense qu"à revenir vivant de chaque mission. La pression sociale était (et est toujours relativement) très forte au Japon. Les kamikazes craignaient aussi en cas de "lacheté" des représailles sur leur famille. Mais il n'en était pas si différent dans l'armée française (mon père était officier) lorsque l'on demandait un volontaire pour une mission dangereuse, mon père me racontait que tous les hommes étaient volontaires pour ne pas paraitre dégonflé devant leurs camarades. Quant au rôle de l'alcool c'était la même chose avec les troupes qui devaient sortir en première ligne des tranchées en 1914. On augmentait la distribution de gnole pour ces hommes, ordre du haut commandement. Moins une société est individualiste plus la pression sociale est importante, avec ses bons cotés et ses beaucoup moins bons. Ceci dit comme disent très justement les japonais ce sont les vainqueurs qui ont écrit l'histoire. Encore plus que le manga Zéro je vous conseille sur le sujet le one shot dont je parle dans l'article qui ne sera pas non plus en contradiction avec ce que vous écrivez. Merci pour ce nouveau commentaire.
Bernard,
Vous tombez exactement dans le travers des Japonais lorsqu'ils disent (pour vous avec raison) que ce sont les vainqueurs qui ont écrit l'histoire. Derrière ce quasi-slogan sibyllin se cache toute une politique de déni de que fut l'Empire nippon durant les années '30 et la guerre. C'est au nom de cette phrase qu'aujourd'hui encore au Japon, à l'école, on enseigne à peine le militarisme et l'impérialisme sur l'Asie. La plupart des professeurs se contentent d'arrêter le cours d'histoire vers les années '20 et disent à leurs élèves que, par manque de temps,il leur est conseillé de lire le reste mais que ce ne sera pas matière d'examen. On imagine la réaction des potaches ! Vous évoquez le sanctuaire Yasukuni, parfaite illustration de cette idéologie aveugle des Japonais à propos de leur passé. Sont enterrés ou du moins honorés dans ce sanctuaires quelques unes des plus belles crapules du fascisme nippon. Il est d'ailleurs de notoriété publique au Japon que, pour faire tomber un ministre un peu trop débutant, il suffit de l'entraîner sur cette histoire de Yasukuni. Prenez garde lorsque vous conseillez d'aller visiter cet endroit à bien éveiller l'esprit critique de vos lecteurs. C'est exactement comme si vous leur suggériez d'aller visiter un mémorial qui honorerait Hitler, Himler, Goebels et quelques autres grandes pointures du nazisme. Oh non, ce ne sont pas les vainqueurs qui ont écrit l'histoire !
Frank
Tout d'abord je veux toujours dire d'où je parle. Le moins que l'on puisse dire est que mes idées ne sont pas dans l'air du temps. Je ne pense pas que l'impérialisme soit toujours à condamner. Je considère par exemple que le colonialisme n'a pas eu que des points négatifs et je soutiens qu'il aurait mieux valu pour la France et l'Algérie que cette dernière reste française. Bien ceci dit par exemple qu'il y eu des crimes coloniaux est indéniable que le Japon ait commis des crimes de guerre l'est tout autant (quel peuple en guerre, en quel temps n'en a pas commis? Certes pas tous dans les mêmes proportions, parfois les victimes d'hier n'ont pas tardé à se transformer en bourreau, l'histoire et l'actualité ne manque pas d'exemples). A propos des crimes de guerre on parle toujours, à juste titre de Nankin mais par exemple on ne dit jamais que le fait d'attaquer Pearl arbour sans avoir déclaré la guerre aux Etats-Unis est en droit international est un crime de guerre. Je connais bien l'argumentaire des japonais sur le sujet mais ils avance toujours et avec raison outre les bombes atomiques sur l'Achipel mais aussi l'anéantissement de Dresde, ville qui n'avait aucune importance stratégique, le seule but était de terroriser la population allemande pour qu'il s'oppose au nazisme, aussi idiot qu'improductif. Je continue à conseiller (avec toujours un esprit critique d'aller visiter Yasukumi d'abord parceque c'est une source de connaissance extraordinaire, sans parler de certaines d'oeuvres d'art, je parle de certaines estampes et tableaux, en particulier celles concernant les guerre contre la Chine et la Russie à la fin du XIX ème siècle. D'autre part j'aimerais beaucoup qu'il y ait un tel sanctuaire en France pour les hommes qui ont donné leur vie pour leur pays (parfois sans doute pour des causes que l'on peut trouver douteuses). Je suis très respectueux et admiratif du sacrifice des soldats japonais pour l'indépendance de leur pays. Je crois que vous admettrez que la mojorité des ames qu'abritent le sanctuaire de Yasukumi n'étaient pas celles de crapules. Il y en a bien sûr d'ailleurs ce sont peut être pas les pires qui ont été pendues par exemple ce fut le cas du général qui commandait en titre l'armée japonaise lors des massacres de Nankin mais en fait malade il était au Japon à l'hopital. Il n'aura plus aucun commandement et prendra position contre les jusqu'au boutiste de la guerre et bien il sera pendu alors que l'homme qui commandait en fait l'armée japonaise au moment des massacres de Nankin était l'oncle de l'empereur. Il ne passera même pas en jugement... J'arrête là car on débouche sur la question impériale au Japon, ce qui n'est pas simple.
Je ne crois pas que l'on puisse faire le parallèle entre le régime militariste japonais et le nazisme pas plus qu'il faille confondre nazisme et fascisme. A propos de Goebels j'ai trouvé dans le grand magasin de jouets en bas de Ginza, la poupée de Goebels et la reproduction en miniature de son bureau! hallucinant...
Okaihabara, Tokyo, Japon, octobre 2011
P.S
Si vous n'avez pas vu le documentaire sur Ishiwara, l'homme qui déclancha la guerre (en attaquant la Chine) puis s'opposa à une généralisation du conflit en 1937, il apparait dans l'extraordinaire manga uchronique qu'est Zipang). il faut lire le livre "Ishiwara, l'homme qui déclancha la guerre" de Bruno Birolli paru aux édition Armand Coln.
C'est un film pour ceux qui savent écouter le vent, l'été dans les arbres, pour ceux qui préfèrent la neige des pétales des cerisiers en fleurs à celle de décembre, pour ceux, qui un jour, ont fêté hanami au parc Ueno et y ont trop bu de saké, pour ceux qui ont suivi des yeux le départ des pétales de sakura pour l'océan sur la rivière Sumida... et bien sûr pour les gourmands qui savent combien les dorayaki*, ces sortes de pankas fourrés à la pâte de haricots rouges (le an, qui est le titre original du film) sont savoureux et puis bien sûr pour tous les amoureux du Japon, ce pays qui ne ressemble à aucun autre. Les cinéphiles qui ont Ozu pour cinéaste préféré ne devraient n'être pas déçus non plus.
Un jeune homme, Sentaro, cuisine et vend ses doriyakis dans une petite échoppe. Comme celle-ci est près d'un collège, la clientèle de Sentaro est surtout composée de collégiennes pépiantes (les collégiennes japonaises me semblent encore plus bavardes que les anglaises. Est-ce possible?). Si la pâte de ses pâtisserie est bonne, le an que Sentaro se fait livrer est médiocre. Un jour alors que le grand cerisier qui fait ombrage à la boutique est en pleine floraison apparait une curieuse petite vieille aux doigts déformés (Kirin Kiki). Elle veut absolument travailler dans la boutique. Sentaro refuse. Quelques temps après la septuagénaire apporte du an de sa confection. Sentaro le goûte, il n'en a jamais mangé d'aussi bon. Il engage Tokue. Le commerce qui vivotait devient une petite affaire prospère grâce à la pâte de haricot rouge de Tokue. Mais bientôt quelques uns remarquent les doigts déformés de la vieille dame...
A ce sujet j'ai été très surpris d'apprendre d'une part que la lèpre semblait avoir été une maladie rependue au Japon à l'époque contemporaine et que les lépreux y était reclus jusqu'en 1996!** Si un lecteur peut apporter un témoignage sur ce point, je le remercie d'avance. Naomi Kawase par le biais de son film avec discrétion nous montre combien la société japonaise est dure et exigeante.
Pour la première fois Nomi Kawase a choisi de filmer un scénario écrit par un autre en l'occurence Durian Sukegawa qui a adapté son propre roman, et c'est une bonne idée, cela ajoute une tension dramatique qu'il n'y avait pas dans les films précédents de Naomi Kawase.
La cinéaste a construit son film autour du cycle des saison, d'un printemps l'autre, illustré par un majestueux cerisier.
Il y a une parfaite harmonie entre l'histoire et les acteurs choisis qui jouent avec une grande sobriété, ce qui n'est pas toujours le cas dans le cinéma japonais. Le casting se résume presque à trois acteur, à ce propos je songe qu'il serait très facile d'adapter cette histoire au théâtre, mais c'est peut être déjà fait; les japonais étant les champions des recyclage des romans, mangas, animés, péra, dramatique radio, souvent pour le meilleur si bien que l'on a souvent du mal à dire qu'elle a été la forme première de l'histoire (ici c'est un roman). Or donc, il y a Kiri Kirin, grand-mère idéale du cinéma japonais, qui fit ses début à la Shoshiku dans les années 60. Elle est aujourd’hui une actrice familière des cinéastes Kore-eda et Kawase Naomi. Nagase Masatoshi que l'on est heureux de voir accéder enfin à un premier rôle. On l'avait vu en second rôle convaincant dans Mistery train, La servante et le samourai, Electric dragon... Un acteur au jeu raffiné dont le visage fermé s’épanouit à mesure que le récit avance. Et enfin dans le rôle de Wakana, la jeune collégienne réservée, une révélation qui s’appelle Uchida Kyara, elle n’est autre que la petite fille de Kiri Kirin.
Les délices de Tokyo nous invite, avec modestie, à une réflexion sur la transmission du savoir, l'importance de la communion entre le maitre et l'élève...
Il y a beaucoup d'émotion dans cette rédemption par le doriyaki pour Sentaro qui va se pacifier au contact de Tokue dont il retiendra la leçon d'humilité devant la nature et de plaisir qu'apporte de faire bien une chose, avec amour même si ce n'est qu'un humble gâteau comme le doriyaki. Si le film est sombre, la dernière image est pleine d'espoir... Toute la leçon de vie de ce beau film tient dans cette réplique de Tokoe: << Quand je cuit le an, je tend toujours l'oreille à la parole des haricots rouges. C'est à dire que j'imagine les jours de pluie et les jours ensoleillés que les haricots ont vus. Je prend le temps d'écouter l'histoire de leurs voyages, de connaitre quel genre de vent a soufflé pour les amener jusqu'ici. Oui, j'écoute.>>
* En japonais, dora signifie « gong », et cela expliquerait donc le nom de la pâtisserie. Celle-ci consiste en deux pâtes en forme de pancake, faites en kasutera, enveloppant une garniture de pâte de haricot rouge nommée anko (ingrédient courant en cuisine japonaise). À l'origine, cette pâtisserie n'avait qu'une seule couche. La forme actuelle fut inventée en 1914 à la pâtisserie Usagiya à Ueno, un quartier de Tokyo. Dans des endroits de la région du Kansai, comme Osaka ou Nara, cette pâtisserie est souvent appelée mikasa (三笠). Le nom signifie initialement « triple chapeau de paille », mais est également un des noms du Mont Wakakusa, une petite colline se trouvant à Nara. La colline ayant une pente assez douce, on dit que de nombreux habitants pensent à la forme de la colline lorsqu'ils mangent un mikasa. Il y a un plus grand mikasa réputé à Nara, faisant environ 30 centimètres de diamètre.
les délice de Tokyo n'est pas la première incursion du doriyaki dans une oeuvre de fiction. En effet le dorayaki est la nourriture favorite de Doraemon, héros du manga éponyme. On peut donc voir ce robot en forme de gros chat bleu sans oreilles se goinfrer de dorayaki.
Les doriyaki n'est pas une pâtisserie "noble" au Japon. Elle appartient à la catégorie des namban-gashi, littéralement "sucrerie des barbares du sud" des gâteaux influencés par l'occident et les premiers visiteurs portugais. Dans les doriyaki, comme dans les autres douceurs japonaises, il y a beaucoup moins de sucre que dans les pâtisseries occidentales. Elles contiennent beaucoup de protéines végétales. La plupart des gateaux nippons ne contiennent ni crême ni gluten.
Deux bonnes adresses pour les pâtisseries japonaises qu'hélas pour la bonne santé ma balance, qui ne peut supporter qu'un poids limité, j'ai testées (même si les gâteaux nippons sont moins caloriques que leurs homologues occidentaux): Aki 16 rue Sainte Anne 75001 Paris et Walaku 33 rue Rousselet 75007 Paris
** La lèpre est attestée au Japon dès le VIe siècle. La possibilité d’une origine contagieuse est envisagée très précocement,mais les conceptions inspirées du bouddhisme font état d’une maladie dite kharmique, résultant des fautes commises dans les vies antérieures. Les malades rejoignent ainsi les confréries de mendiants aux abords des temples et des rizières. Il semble qu’à l’intérieur même de ces groupes ait également existé une discrimination.
La perspective change au XVIe - XVIIe siècle et la conception d’une maladie héréditaire s’impose progressivement. Dans la pratique, la situation des lépreux est très variable. Certains malades, rejetés par leurs familles, se trouvent condamnés à une vie d’errance et tendent à se regrouper autour de sources thermales, constituant peu à peu de véritables colonies, parfois bien acceptées par la population locale. D’autres continuent à être soignés à domicile. Quoi qu’il en soit, la notion de quarantaine, fondamentale en occident, ne joue ici aucun rôle et c’est surtout la crainte d’épouser un membre d’une famille de lépreux qui motive la discrimination.
Une loi de 1871 met fin à toutes les discriminations qui persistent dans la pratique. Les préjugés concernant l’hérédité subsistent au sein même du monde médical et bien après que la découverte de l’étiologie bactérienne, par le norvégien Hansen, ne soit connue au Japon. Jusqu’en 1895, la lèpre intéresse peu les pouvoirs publics et le gouvernement, plus préoccupé par les épidémies de choléra qui troublent l’ordre public et entraînent des émeutes, tend à négliger les maladies chroniques comme la lèpre ou la tuberculose. Dans les faits, ce sont des religieux occidentaux, comme le Français Testuide ou l’Anglaise Hanna Riddel, qui fondent entre 1889 et 1894 des léproseries. Tous ces occidentaux ont en effet été choqués par le spectacle de ces lépreux qui vagabondent avec leurs visages et leurs membres déformés par la maladie, spectacle désormais oublié en Occident.
Le dermatologue Mitsuda Kensuke, dont l’influence sur la politique du Japon en matière de lèpre ne cessera de croître, prône inlassablement la mise en place d’une quarantaine absolue. Les débats parlementaires aboutiront, en 1907, au vote d’un premier règlement pour la prévention de la lèpre. Celui-ci prévoit d’interner les lépreux surpris en situation de vagabondage dans cinq établissements publics. Les capacités d’accueil sont limitées (à peine 1000 patients pour environ 30000 malades) et paraissent bien dérisoires pour une maladie que l’on dit, à corps et à cris, plus contagieuse que le choléra.
En 1920 est créée une léproserie sur l’île de Nagashima ayant pour objectif d’enfermer 10 000 malades, rassemblés sur l’ensemble du Japon, dans les 10 ans à venir. Dans cet établissement dirigé par Mitsuda les conditions de vie ont tout du régime pénitentiaire. Sous des dehors paternalistes, Mitsuda, qui prône une structure familiale, impose une vie en autarcie avec une monnaie propre. Les patients sont assujettis à diverses corvées et subissent des châtiments corporels. L’encadrement médical et infirmier est quasi-inexistant et le personnel est en majorité constitué d’anciens policiers. On se dirige ainsi vers une quarantaine absolue, d’ailleurs consacrée par la loi qui sera votée en 1931. A la fin des années 30 les lépreux sont stérilisés.
1947 au Japon, un traitement par Promine est disponible. L’avènement de cette thérapeutique, qui va d’ailleurs transformer l’existence des lépreux et conduire à supprimer définitivement la quarantaine, ne suffit pas à mettre fin à la discrimination au Japon. Un malade traité et non contagieux reste considéré comme dangereux. Une nouvelle loi de 1948 prévoit cette fois explicitement la stérilisation des lépreux ou la pratique d’avortements thérapeutiques, ceci en dépit de la nature infectieuse de la lèpre.
Ce n'est qu'en avril 1996 que Le Parlement japonais vote l'abrogation de la loi de 1953 sur la prévention de la lèpre, stipulant l'internement obligatoire des malades. En juin 1995, une commission du ministère de la Santé avait reconnu que «le fait d'isoler les malades et d'attiser la peur malgré le caractère peu contagieux de la maladie» avait été une «grave erreur». Le milieu médical japonais fut bien obligé d'admettre à son tour qu'en approuvant tacitement cette loi il avait en fait fermé les yeux sur les progrès de la médecine. La léproserie d'Oshima Seisyoen (le Jardin des pins verts) est l'une des 15 léproseries au Japon. La plupart ont été créées au début du siècle. La France, par contraste, n'a pratiqué que des hospitalisations.
Le fundoshi (褌 ) est le sous-vêtement traditionnel pour homme du Japon. Courant au début du xxe siècle, le port du fundoshi a fortement régressé après la Seconde Guerre mondiale et l'occupation américaine. Dans la vie quotidienne, les sous-vêtements occidentaux ont aujourd'hui remplacé le fundoshi. Cependant, il reste utilisé dans les fêtes traditionnelles japonaises, porté seul ou avec une veste.
Toshiteru Yamaji, photographe basé à Kagawa, a passé dix ans à documenter le lien d'Otchan avec ses animaux.L'agriculteur aimant et bienveillant joue des sérénades à ses cochons avec une guitare, il les emmène à la plage, leur fait des câlins, ou tout simplement passe du temps avec eux. On est loin des conditions souvent abusives et inhumaines vécus par les porcs dans les fermes de production intensive.