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En cette année 1872, nous sommes juste après la fin de la guerre de sécession. en plein Texas, l’Ouest américain est encore un territoire sauvage, un continent à civiliser pour l’homme blanc. Et le lieu d’un génocide en cours, celui des indiens. Une petite expédition s’y aventure pour cartographier, recenser, photographier, rassembler tous les éléments pour préparer la colonisation des immenses territoires comanches, désormais envahis par l’homme blanc.
L’expédition est financée par une riche organisation privée. Elle à sa tête, un ingénieur géologue douteux et néanmoins d’origine irlandaise qui se promène souvent les fesses à l’air tout en prônant une utopie civilisationnelle extrémiste. Il a engagé un un photographe homosexuel et escroc, spécialiste des clichés spirites, fuyant son trouble passé. Elle est complétée par la présence d’un séduisant jeune boy qui ne laisse guère le daguerréotypeur indifférent. Le jeune garçon de ferme s'avérera bien moins naïf qu’il n’y paraissait de prime abord. Leurs secrets respectifs vont éclater sous le soleil texan, en même temps qu’un flot de magie ancestrale
Ce western atypique a été écrit sur mesure par Loo Hui Phang pour le dessinateur Frederik Peeters, l'auteur des « Pilules bleues », de « Lupus » ou d’« Aâma ». Ici le western n’est qu’un genre prétexte pour explorer le thème du secret propre à chacun et à aborder en profondeur la psychologie des personnages. Loo Hui Phang est une scénariste aux multiples facettes (elle travaille pour le théâtre, la littérature, le cinéma, les performances artistiques et la bande dessinée où elle a notamment collaboré avec des illustrateurs comme Philippe Dupuy, Michaël Sterckeman, Cédric Manche, Hugues Micol…). La scénariste tord les règles du genre pour sonder l’âme humaine et les relations entre hommes, femmes et nature. La question de la sexualité et du genre y est abordée avec subtilité, tout comme la description plus historique de l’éradication des derniers Comanches, le tout mêlé à une spectaculaire ouverture vers le fantastique. Loo Hui Phang a concocté ce récit aux dialogues remplis de délicieux sous-entendus qui détournent habilement les codes habituels de ce genre de fictions pour nous conter, en fin de compte, une imprévisible et belle histoire d’amour.
Le dessin est presque toujours somptueux et la mise en couleurs fait parfois penser aux grands tableaux fauve.
Il est toujours difficile de centrer une exposition sur un écrivain, l'écriture n'étant pas spectaculaire par essence. Ce genre d'expositions se résume souvent à une suite de manuscrits et d'objets intimes auxquels on ajoute une illustration prosaïque d'éléments figurant dans les oeuvres de l'auteur. Par exemple l'exposition vouée à Barthes, il y a quelques années au centre Pompidou ne m'avait pas convaincu. A l'inverse celle autour d'Aragon organisée par le musée de la poste était très réussie. Celle sur Wilde se rapproche de cette dernière.
Nous suivons la vie de Wilde chronologiquement. Le scénographe Philippe Pumain a choisi des couleurs denses et contrastées bien en accord avec l'époque de Wilde. Les aphorisme et maximes dont Wilde était un intarissable faiseur, reprises sur les cimaises accompagne le visiteur tout au long de sa visite.
Mais attention si l'espace a été bien décoré, le long couloir dévolu aux expositions temporaires au Petit Palais est toujours aussi exigu. Ce qui conduit à un contingentement sévère des visiteurs. Je vous conseille, si vous ne voulez pas trop attendre, la tranche horaire 12h-13 h 30...
Le début de l'accrochage est particulièrement réussi puisqu'il traite d'un pan méconnu de l'oeuvre de Wilde, celui de critique d'art, très influencé par les écrits de Ruskin, l'esthète soutenait les artistes de l'Aesthetic Movement en rupture avec l'académisme.
Ce qui nous vaut quelques très intéressants tableaux préraphaélites jamais vus dans nos contrées. L'exposition est indispensable pour tous les amateurs de peinture anglaise.
La suite est moins spectaculaire avec les premières éditions des ouvrages de wilde, de nombreuses photos du maitre qui ne détestait pas son image et bien sûr tout sur sa malencontreuse liaison avec Bosie qui le conduira en prison.
On peut admirer les originaux d' Audrey Beardsley pour Salomé. Aubrey Beardsley
Les dernières années sont également documentées avec l'émouvante lettre que Wilde écrit à Gide dans l'espoir que ce dernier l'aide financièrement.
Oscar Wilde assistant à un spectacle de la Goulue croqué par Toulouse Lautrec, l'homme à coté de Wilde est Félix Fénéon
au centre le manuscrit de Dorian Gray ouvert à la page qui fut censurée, la page est rétablie dans la nouvelle traduction en français qui vient d'être publiée
Et puis la présence du saint Sébastien de Reni (en ouverture du billet), en provenance de Géne, devant lequel le jeune Wilde était tombé en pâmoison, découvrant là son idéal de beauté mérite à lui seul la visite.
Un ami avec lequel j'effectuais la visite m'a fait remarquer que saint Sébastien avant son supplice n'avait pas oublier de s'épiler les aisselles. Les saints ont des prévenances que ne saurait avoir de simples mortels...
Petite exposition par le nombre des oeuvres présentées mais grande par le peintre et la qualité des tableaux. L'exposition s'articule autour de quelques belles toiles qu'entourent gravures et dessins. La grande qualité de ce Rembrandt intime est de nous faire souvenir quel grand dessinateur et graveur il était. Ces quelques pôles réussissent à donner un bon panorama de sa carrière et de l'évolution de sa manière passant de tableaux très dessinés du début à des toiles dans lesquelles s'expriment une touche plus libre donnant un léger flou au rendu des figures.
L'accrochage est soigné et la mise en lumière des oeuvres est généralement bonne. Les photos sont interdite mais le gardiennage n'est pas très vigilant en la matière mais de toutes manières l'affluence et le manque de recul rend la photographie difficile d'où le peu d'images illustrant ce billet.
La relative exiguité des salles de beau musée Jacquemart André contraint d'être vigilant sur le choix de l'horaire de sa visite d'autant que ce Rembrandt intime semble drainer beaucoup de monde. Je conseille comme à l'habitude de privilégier la tranche horaire midi-treize heure trente et si possible en semaine.
émouvant portrait de Titus fils de Rembrandt qui mourra peu après que son père l'ait immortalisé sur la toile
Est ce qu'un tryptique exceptionnel de Gilbert & George; deux oeuvres de Basquiat non moins exceptionnelles et quelques Warhol peu vus font ils une exposition, je passe sous silence par charité en cette période, les quelques installations vidéo indigentes qui les accompagnent. La réponse est oui si on mesure le plaisir à voir ou revoir des pièces majeures de Gilbert et George et Basquiat mais force est de constater qu'une telle manifestation est très loin d'être à la hauteur des cimaises qui l'accueille. La Fondation Vuitton étant certainement actuellement le plus beau lieu d'exposition de Paris. Monsieur Arnault est encore loin de se isser à la qualité des expositions proposées par Monsieur Pinault à Venise...