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Dans les diagonales du temps
8 octobre 2020

pour se souvenir des barbares au Palazzo Grassi à Venise

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Le principal but de mon escapade vénitienne était la découverte du Palais Grassi, nouveau haut lieu de la culture dans la lagune. Ce célèbre bâtiment qui appartenait à Agnelli, le patron de Fiat a récemment été acquis par l'homme d'affaire François Pinault pour y organiser des expositions temporaires. Il est dirigé par l'ancien ministre de la culture Jean-Jacques Aillagon. Sa riche collection d'art moderne investira la douane de mer, près de la Salute en juillet 2009, j'ai déjà pris date. Le palais Grassi a été inauguré il y a quelque mois en y présentant un florilège de la collection du maître des lieux. Mais c'est l'exposition Rome et les barbare dont la flatteuse réputation m'a incité à faire le voyage. Disons le tout de suite que sa réputation n'était pas usurpée. Je regrette seulement sa date bien tardive de publication de ce billet pour que des lecteurs puissent faire une démarche identique à la mienne.

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Le grand sarcophage Ludovisi est un sarcophage romain du iiie siècle apr. J.-C. représentant une bataille entre Romains et Barbares.

 

 
C'est certainement l'exposition la plus agréablement pédagogique que j'ai vue depuis que j'use avec bonheur mes semelles dans les musées...
Son titre  n'est pas très bien choisi. Elle devrait plutôt s'intituler, de Jules César à Guillaume le conquérant puisqu'elle embrasse une période allant de la guerre des Gaules jusqu'à la conquête de l'Angleterre par les normands.  Plus qu'une exposition sur l'histoire d'une période, "Rome et les barbares" est une exposition d'un nouveau genre qui relèverait  plus de la sociologie historique. L'énorme quantité de pièces rassemblées sur les quatre niveaux de ce beau lieu où les salles tournent autour de l'atrium, illustrent quelques grands messages que veulent nous faire passer les organisateurs, d'abord la fragilité des empire et en même temps la permanence de leurs dessins repris par leurs successeurs, ensuite la diversité des influences qui ont fait le monde romain puis sa permanence mais aussi petit à petit sa dilution dans l'univers féodale du haut moyen âge. On y voit aussi cette Europe politiquement toujours à recommencer alors que toutes ses composantes ont bu aux mêmes sources ... Elle démontre surtout que le barbare antique n'était pas la brute épaisse que peut suggérer ce mot mais tout simplement pour un citoyen romain, l'autre...

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Casque Barbare 
Les commissaires n'ont pas choisi le spectaculaire, peu de belles pièces admirables autant pour leur valeur artistique que pour l'enseignement qu'elles apportent sur une période. Il faut tout de même citer cet exceptionnel masque en or de Marc Aurèle, ce totem phallique de cet homme se masturbant que vénérait les soldats goûts ou encore cet énorme pied en bronze trouvé très récemment, sans doute le seul vestige de la statue monumentale d'un empereur. Mais la plupart des objets présentés avec grand soin sont ceux de la vie quotidienne des époques traversées. Parfois, surtout vers la fin cela pourrait paraître répétitif, mais c'est justement pour nous montrer l'homogénéité des peuples dans leurs us et coutumes, barbares et romains confondus, à la fin de l'empire. 

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Pour bien goûter ce cours magistral l'audio guide me semble indispensable. Son commentaire n'est pas redondant avec les explications murales qui ouvrent chaque section. Celles-ci sont claires et synthétiques, rédigées en français, anglais et italien. On peut regretter que les cartouches se rapportant à chaque pièce exposée ne soit rédigés que dans les deux dernières langues. L'exposition est à la fois chronologique et thématique. Le splendide catalogue ne reprend pas complètement l'ordre de la présentation mais ce présente comme une suite de court essais. L'un d'eux est sur la relecture de l'histoire antique par la république française soucieux de légitimité. Ce qui nous vaut quelques beaux morceaux de peinture du XIX ème siècle rarement mis à l'honneur dans les musées qui les possèdent. 

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Germanicus par Lionel Royer

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Attila par Alfredo Tominz

 

 

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un des derniers empereurs romains par Jean-Paul Laurens
La plupart des pièces ne viennent pas de grandes institutions mais de petits musées, beaucoup des provinces françaises, où il serait bien difficile de les apprécier et de les remettre dans une perspective historique sans l'appareil critique qui les accompagne ici. Comme cet émouvant le Glossaire anglo-saxon, datant de 734 ( ?), conservé dans les collections de la bibliothèque intercommunale d’Épinal-Golbey (Vosges), véritable dictionnaire latin-vieil anglais dont les deux tiers des termes sont encore en usage dans l'anglais moderne.
 

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Très ambitieuse dans son questionnement, elle est raisonnable dans ces constatations, vous ne trouverez pas dans Rome et les barbares de considérations plus ou moins aventureuses sur le déclin de l'empire romain ou l'émergence du christianisme à ce propos le chapitre sur l'arianisme est un des plus passionnant. L'exposition privilégie, tout à fait dans l'esprit de l'Ecole des Annales une vision sur le long temps et les coutumes plutôt qu'une saga de grands hommes et de batailles.

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Il faut compter au minimum quatre heures pour goûter pleinement ce bain de culture où l'érudition n'est jamais synonyme d'ennui. Une des plus enrichissantes qu'il m'est été donné de voir et qui justifie sont prix d'entrée 15€. Il est impossible d'y faire la moindre photo! Après Venise elle déménage à Bonn en Allemagne à partir du 20 août et pour six mois. 
Dans l'avion me ramenant en France j'apprend par le Figaro que le British Museum organise à partir du 24 juillet jusqu'au 26 octobre une exposition sur l'empereur Hadrien, à moins que mon délabrement s'accélère, je ne devrais pas tarder à rendre visite au mentor d'Antinous sur les rives de la Tamise. D'autre part John Boorman termine actuellement l'adaptation des "Mémoires d'Hadrien" de Marguerite Yourcenar qui ne devrait pas trop tarder à arriver sur les écrans.
Nota
J'ai écrit ce billet en mai 2008 au retour de cette formidable exposition. Le catalogue est toujours un livre de référence aujourd'hui en ce qui concerne les relations entre les romains et les barbares. Il est facilement trouvable. Je suis allé voir cet été 2008 l'exposition Hadrien au British Museum, là encore le catalogue est utile pour avoir un éclairage sur Hadrien différent de celui qu'offre le chef d'oeuvre de Marguerite Yourcenar. Enfin malheureusement John Boorman a abandonné son projet d'adaptation du roman.
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7 octobre 2020

case en exergue: François Schuiten

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7 octobre 2020

DEUX AMIS À VENISE

 

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Venise, juillet 2010

7 octobre 2020

PASTELS ET DESSINS DE JEAN COCTEAU

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7 octobre 2020

Street art à la Butte aux cailles, octobre 2020

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Paris, octobre 2020

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7 octobre 2020

LES MILLE AUTOMNES DE JACOB DE ZOET DE DAVID MITCHELL

 

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Avec l'ouvrage de David Mitchell, dont je n'avais rien lu jusqu'alors, nous avons à faire à un tour de force littéraire qui cache habilement son jeu par la fluidité de son écriture. Paradoxalement l'impatience qu'a le lecteur à ce précipiter sur la page suivante fait que celui-ci risque de ne pas remarquer la poésie des images que Mitchell instille dans le suspense du récit.

L'attaque du roman n'est pas aimable, si d'emblée nous savons que nous sommes dans le Japon ancien, nous ne savons pas immédiatement quand. Nous tombons, sans préambule, au beau milieu d'un accouchement difficile et sanglant dont aucun détail nous sera épargné. Avalé cet apéritif déconcertant d'une vingtaine de pages, le roman se déploie sur 700, nous sommes projeté en 1799 dans l'ile de Méjima, appendice de Nagazaki, une ile artificielle, de 120 mètres de long et de 75 de large, dans la baie de Nagazaki, reliée à la grande ile par un pont, le microcosme dans lequel les japonais confinaient une petite communauté de la Compagnie des Indes orientales unies, seule entité étrangère avec laquelle l'archipel concédait à commercer. Pendant plus de deux siècles ses résidents européens ont fourni le Japon en coton, en soie, en sucre contre de l'argent et de l'étain. L'ilot a initialement été construite pour les portugais avant d'échoir aux néerlandais de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales. Durant 250 pages nous faisons connaissance avec les habitants de cette chiche enclave par les yeux du jeune Jacob de Zoet, clerc impécunieux venu tenter de faire fortune dans l'espoir de revenir au bout des cinq ans de son engagement les fontes suffisamment pleines pour que le père de sa promise lui accorde l'autorisation de se marier avec sa fille. Il avait trouvé Jacob trop démuni lors de sa première demande. Zoet qui est à la fois malin, curieux et savant est malheureusement pour lui un brin naïf ce qui donne au portrait qu'il dresse de ses compagnons de quasi captivité, les hollandais n'ont pas le droit, sauf quelques uns en de très rares occasions, de quitter leur ilot, un rendu souvent humoristique bien différent de celui du premier chapitre. Notre héros (et son récit) est une sorte de mélange de Sinouhé l'égyptien (du roman éponyme de Waltari) et du Zénon (héros de L'oeuvre au noir) de Marguerite Yourcenar. Mitchell réussit à rendre passionnantes les intrigues cocasses et crapoteuses qui occupent ces expatriés. Le pur Jacob qui pensait être là pour éradiquer la corruption sous l'égide du mentor qui l'a amené dans ce bout du monde perdra vite ses illusions en s'apercevant que la plupart des ses collègues sont plus préoccupés de leur enrichissement personnel que de la prospérité de la compagnie. Il tente de se consoler, tout en ayant conscience de trahir l'amour de celle qui est censée l'attendre, avec une jeune sage femme japonaise, Orito qui lui est bientôt enlevée pour être séquestrée dans un lieu diabolique. Orito supplante alors Jacob comme personnage principal du roman et l'on ne comprend qu'alors le sens du premier chapitre, ce qui devrait laisser tout lecteur époustouflé devant l'habileté de la construction romanesque échafaudée par David Mitchell. De goguenard le ton du livre devient alors très noir. Avec ce changement de voix, même si le livre est entièrement écrit à la troisième personne, on pense désormais au "Roman de la rose" d'Umberto Eco et au Dumas du comte de Monte-Cristo; mais un Dumas qui aurait lu Sade et Ridder Haggard et aurait trempé sa plume dans l'encrier de Nabokov.

 

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Dejima 

 

« Les milles automnes de Jacob de Zoet » empreinte avec les malheurs de la jeune femme, les chemins du roman d'aventure et va, à partir de là, de rebondissements en rebondissement. Il est presque impossible d'en dire plus de l'intrigue, sans en tuer le suspense haletant, même si ce n'est qu'une des nombreuses facettes du livre, il serait dommage de vous en priver. Sachez seulement qu'un autre acteur va bientôt s'avancer au devant de la scène, l'interprète Uzaemon, lui aussi épris d'Orito... C'est avec beaucoup de maitrise que l'auteur met en avant tel ou tel personnages, alors que d'autres s'effacent pour réapparaitre plus loin ou définitivement quitter la scène. Le tour de force est d'autant plus grand que ces premiers rôles alternatifs sont d'une grande diversité. On passe d'un esclave africain à un capitaine d'un vaisseau anglais, d'une herboriste à un samouraï.

Le roman est divisé en trois grandes parties à peu près égales. La première partie est centrée autour d'un personnage. Dans le deuxième, il y en a deux. Dans le troisième, trois. Le rythme de la narration s'accélèrent au même rythme que l'augmentation des pôles de narration, pour finir en un staccato haletant.

Lorsque l'on a refermé ce volume de 700 grandes pages, paradoxalement une de ses qualités les plus saillante en est la concision du romancier. Alors que nous étions avec l'un des esclaves de Dejima, que jusque là on avait à peine remarqué, Mitchell nous précipite dans la cabine du capitaine d'un vaisseau de la marine royale anglaise perdu dans la mer de Chine. Nous voila apparemment dans une histoire et des gens sans aucun rapport avec ce qui a précédé. On ne sera pas long à comprendre le pourquoi de cette incise lorsque réapparaitra un personnage avec lequel on avait fait quelques pas au début du livre. En 20 pages nous faisons connaissance avec tout l'équipage, le bateau et la raison qui les a conduit dans ce triste océan et nous serons triste à la fin du chapitre de quitter ces marins espérant les revoir sans trop tarder, voilà bien une prouesse d'écrivain...

L'habitué du cinéma japonais ne sera pas sans avoir de réminiscences à la lecture des « Mille automnes de Jacob de Zoet qui parfois lui évoquera le Imamura de « La ballade de Narayama » et à d'autres occasions le Rashomon de Kurosawa. Un autre film de Kurosawa est en rapport direct avec le roman c'est « Barberousse » d'après le livre de Yamamoto Shugoro qui raconte l'histoire de Noboru Yasumoto qui fraichement sorti d'une école de médecine hollandaise de Nagasaki, espère une carrière prestigieuse auprès du Shogun, grace à ses appuis. Pourtant à sa grande déception, il est affecté dans un dispensaire qui soigne gratuitement les indigents, auprès de Kyojo Niide, surnommé Barberousse... Je conseille, à ceux qui possède le tropisme médical de l'auteur d'approfondir ce pan de l'ouvrage en voyant ce film de Kurosawa et en lisant deux Manga, "l'arbre au soleil" de Tezuka et "Jin", ils découvriront ce que les élèves du docteur Marinus sont devenus... 

C'est avec beaucoup de délicatesse que David Mitchell fait entrer des questions purement littéraires dans son passionnant roman par l'intermédiaire des traducteurs japonais (à propos saluons la qualité de la traduction de l'anglais du texte original en français par Manuel Berri), personnages importants du livre qui sont les indispensables truchements entre les hollandais reclus sur leur ilot et le pouvoir japonais. Ce corps de lettrés ne cesse de s'interroger sur les bons mots en japonais pour transcrire ceux des hollandais qui ont, eux, l'interdiction d'apprendre le japonais. « Les milles automnes de Jacob de Zoet » se déroule à la fin de la période Edo, le shogunat des Tokugawa (1639-1867) ère de complète isolement voulu de l'archipel par rapport au reste du monde. Cet hautain cavalier seul géopolitique prendra fin avec l'arrivée en baie de Tokyo des « bateaux noirs » du commandant Perry en 1853. A l'époque à laquelle se déroulent les péripéties de Jacob de Zoet et des autres protagonistes de cette histoire, une cinquantaine d'années avant l'intrusion américaine dans le champ clos nippon, on voit les premières lézardes dans les remparts isolationnistes de la forteresse Japon; ne serait-ce que par la timide ouverture à la science occidentale et en particulier à la médecine figurée par les contacts qu'entretient le docteur Marinus, le personnage le plus truculent du récits, avec le petit aréopage de lettrés japonais locaux. Cette mise en lumière de l'impossible isolement d'une nation au XIX ème siècle, n'est pas sans écho avec notre actualité...

L'un des grands intérêts du roman, mais il en a de nombreux autres, est que nous apprenons beaucoup de choses sur les moeurs des japonais à la fin de l'ére Edo. Le talent de Mitchell est de nous faire passer son érudition, qui est grande, sur le sujet, il a vécu plusieurs années au Japon, sans pour cela altérer le rythme de sa narration. Nous sortons du livre riche de connaissances que nous avons acquises sans nous en apercevoir. Contrairement par exemple à Umberto Eco, que je citais précédemment, il parvient à faire infuser son savoir dans tout le roman, tantôt par une phrase de dialogue, tantôt par une courte description ou par une anecdote. La masse d'informations que l'auteur a du accumuler avant d'écrire son roman est considérable sur des sujets aussi divers que: la médecine les Japonais, les Anglais, les Hollandais, le sexe, la politique, l'Histoire... à l'aube du XIX ème siècle, et pourtant rien ne pèse.

Autre prouesse du romancier faire vivre autant de personnages, en leur donnant à chacun une voix reconnaissable, que ce soit dans les dialogues ou les monologues.

Certains chapitres peuvent se lire comme des nouvelles indépendantes, alors que pourtant ils sont tous parties prenantes de l'ensemble et indispensables pour son bon équilibre. Aux détours des pages on peut également y isoler des haikus, respirations qui reposent des longs dialogues.

Mitchell fait preuve d'une puissance romanesque que l'on ne croyait plus possible dans notre XXI ème siècle croupissant. Il a écrit au présent, cette ouverture du Japon à l’occident. Le roman débute en 1799 et se clôt en 1817. Son livre est à la fois un récit d'aventure haletant et une magnifique histoire d'amour et bien d'autres choses encore, un roman historique, un conte gothique, une réflexion philosophique, un roman maritime, un récit ethnographique...

On ne peut être que d'accord avec le critique James Wood lorsqu'il écrit dans le New Yorker: << David Mitchell est l'un des rares écrivains dont le don pour l'artifice est proprement surnaturel. Un écrivain qui mieux que la plupart, peut camper un paysage, dresser un portrait, moduler une voix, poser une intrigue, faire monter le suspense... Chez lui le fait de révéler le caractère imaginaire de la fiction ne fait que lui donner plus de réalité.>>.

Dans une ancienne interview David Mitchell dressait la liste des auteurs qui l'avait influencé: Borges, Kundera, Perec (il lui a emprunté l'art d'emboiter subtilement les histoires), Calvino, Dickens, Alice Munro, Marilynne Robinson, John McGahern, Bulgakov, DeLillo, Zola, Peter Carey, Orwell, Isaac Asimov (pour le soufle du récit), Ishiguro (chez Mitchell on retrouve l'héroïsme passif de certaines figures de cet écrivain), Hesse, Tanizaki, Helen Simpson, Nabokov (qui est certainement l'auteur dont il est le plus proche stylistiquement), Tchekhov, Thekhov et Tchekhov. Il ajoutais: << Je pourrais changer le sac de l'aspirateur de Tchekhov et considérer ça comme un grand honneur.>>. Il est incontestablement déjà à la hauteur de ses admirations à son cinquième livre. A l'époque Mitchell ne citait pas Melville mais lorsque l'on aborde la dernière partie du livre, il est difficile de ne pas y déceler une dette envers Billy Budd...

"Les mille automnes de Jacob de Zoet" fait parti de ces livres que l'on aime tant qu'à l'approche de la fin, on ralentit sa lecture, pour le quitter moins vite. Et puis quand sera venu le temps inéluctable de la séparation, de la dernière ligne qui vous aura peut être fait verser une larme, surtout si dans le coeur et dans les yeux vous avez la nostalgie d'un visage aimé, disparu depuis longtemps ou celui d'une baie japonaise désormais bien lointaine, ou peut être encore les deux, soyez certain que vous n'oublierez jamais Jacob de Zoet.

 

Nota

Cette critique a été écrite en 2012. Depuis j'ai lu tous les romans de Mitchell, mais à ce jour celui-ci est son chef d'oeuvre et je suis allé à Dejima dans les pas de Zoet (voir:Dejima où sur les pas de Jacob de Zoet)

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Pour retrouver David Mitchell sur le blog

 

  • ECRITS FANTÔMES DE DAVID MITCHELL
  • COMMENTAIRE lors de la première édition du billet:

    L'histoire nous fait suivre un jeune clerc, Jacob de Zoet, qui prend son poste dans un comptoir reculé de la Compagnie néerlandaise des Indes orientales, dans la baie de Nagasaki, à la fin du 18ème siècle. Alors que le sujet semble limité, David Mitchell parvient à nous entrainer dans un monde fascinant, peuplé de personnages drôles, mystérieux ou attachants, et qu'on quitte bien à regret une fois le livre terminé.

    On ne peut pas parler des Mille Automnes sans mettre en avant ses qualités littéraires, son ambition folle: fresque historique, conte exotique, roman d'aventure, récit de marin, l'écrivain enchaîne les styles avec une virtuosité incroyable qui force l'admiration.
    Sa concision et sa précision sont redoutablement efficaces. Quelques mots, quelques phrases lui suffisent pour faire vivre un personnage, pour dresser un décor. L'aspect documentaire sur la vie des marchands hollandais et des japonais de l'époque n'est jamais ennuyeux, et c'est tout en subtilité que David Mitchell analyse la confrontation de deux mondes, de deux cultures.

    On pourra peut-être trouver que l'intrigue tarde à se dessiner : en effet le livre est construit sur l'alternance des points de vue, et il nous faudra passer un peu de temps avec chaque personnage avant que les enjeux apparaissent clairement. Mais dès lors il devient difficile de lâcher le livre. Rebondissements, trahisons, complots et actes de bravoures, le suspense est haletant.

    La dernière partie du livre, plus courte et plus calme, n'en est pas moins très émouvante, et donne à méditer.

    Enfin ce que nous raconte aussi et surtout Les Mille Automnes, c'est une très belle histoire d'amour qui défie le temps et les distances. Un livre inoubliable.

    Cédric
7 octobre 2020

Malcolm T Liepke (2)

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7 octobre 2020

L’œuvre de Sainte-Beuve n’est pas une œuvre profonde

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« L’œuvre de Sainte-Beuve n’est pas une œuvre profonde. La fameuse méthode, qui en fait, selon Taine, selon M. Paul Bourget et tant d’autres, le maître inégalable de la critique au XIXe, cette méthode qui consiste à ne pas séparer l’homme et l’œuvre, à considérer qu’il n’est pas indifférent pour juger l’auteur d’un livre (…) d’avoir d’abord répondu aux questions qui paraissent le plus étrangères à son œuvre (comment se comportait-il…), à s’entourer de tous les renseignements possibles sur un écrivain, à collationner ses correspondances, à interroger les hommes qui l’ont connu (…), cette méthode méconnaît ce qu’une fréquentation un peu profonde avec nous-même nous apprend : qu’un livre est le produit d’un autre moi que celui que nous manifestons dans nos habitudes, dans la société, dans nos vices ».

 

Proust, Contre Sainte-Beuve

 

Pour retrouver Marcel Proust sur le blog:

 

7 octobre 2020

Michael Descendre

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7 octobre 2020

POUR SE SOUVENIR D'ALECHINSKY DE A À Y À BRUXELLES

 

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La rétrospective Alechinsky  de A à Y est l’exposition de la fluidité, fluidité bien sûr du traits et de la peinture, presque toujours de l’acrylique, sur les œuvres, mais aussi fluidité de la circulation dans l’exposition où chaque dessin, chaque toile respire, fluidité  des thèmes puisque l’on va de fleuves en cascades, de calmes navigations en naufrages. Il faut louer les organisateurs qui nous proposent une vraie rétrospective, quasiment exhaustive, aussi bien des manières que des matières tout en étant digeste. Ni les dessins, ni les multiples ne sont oubliés, et quelle bonne idée de nous amener à l’exposition par un couloir dans lequel sont fixées les nombreuses affiches que l’artiste à illustrées, pour ses expositions, mais surtout pour des causes les plus variées. Dès sa série des métiers fantasmagoriques de 1948 on voit que c’est par le graphisme que l’artiste va se construire. Nous découvrons ensuite les peintures du jeune artiste et sa participation active au groupe CoBrA. Acronyme pour Copenhague, Bruxelles, Amsterdam, en 1948 le danois Jorn, les néerlandais Appel et Constant et les belges Dotremont et Noiret fondent le groupe à Paris. Ils veulent libérer la création des dogmes alors puissants aussi bien de ceux de l’abstraction géométrique que de ceux du réalisme socialiste. Bientôt d’autres peintres les rejoignent dont en 1949 Alechinsky, natif de Bruxelles en 1927. Il participe en 1949 à la première exposition Cobra  organisée par Willem Sandberg au Stedelik Museum d’Amsterdam. Cette période est représentée par des gouaches et des lithographies faites aux Ateliers du Marais à Bruxelles. Mais cette période représente peu de pièces, il est alors bien trop occupé à imprimer la revue Cobra (il a étudier la typographie à l’Ecole nationale supérieure d’architecture et des arts décoratifs de Bruxelles) dont le tirage culminait à 500 exemplaires. “Cobra fut mon école confiait-il en 1961 à “L’oeil”. Mais en 1951 c’est Alechinski, resté seul à Bruxelles, qui prend l’initiative d’annoncer en quatrième de couverture du numéro 10 de Cobra que c’est le dernier numéro de la revue.  Il part à Paris, où il retrouve Corneille et Appel, pour perfectionner sa technique de graveur.


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Dans la fourmilière qui date de 1954 on perçoit la prolifération qui sera une constante de ses tableaux. Cette haine du vide qui le pousse à couvrir toute la surface sur laquelle il peint influencera un autre artiste du plein Keith Haring lorsqu’il découvrira les peintures de son aîné.
Son intérêt pour les signes, le conduit au Japon dont il rapporte un film “Calligraphie japonaise” dont on peut voir des extraits dans l’exposition. A son retour en Europe son œuvre s’éloigne peu à peu de l’informel. Selon les périodes les tableaux sont habités par des figures récurrentes, aucunes ne déserteront définitivement le travail d’Alechinsky. Ce sont d’abord des monstres puis les volcans et vers les années 80, le disque, quant au serpent véritable totem du peintre voici plus de cinquante ans qu’il repte de toile en toile.


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Nous cheminerons ainsi à la poursuite du reptile jusqu’aux dernières création où l’on ne décèle aucune marque de fléchissement.

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L’ excellence du choix des tableaux et leur nombre raisonnable nous permet de faire la synthèse de cette œuvre cohérente sans avoir une indigestion de peinture comme c’est trop souvent le cas dans ce genre d’exercice.


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Est ce un hasard ou une volonté des organisateurs belges, mais le visiteur habitué de l’oeuvre d’Alechinsky qui a eu la chance de parcourir la précédente et belle rétrospective Alechinsky au Jeu de Paume voici déjà dix ans, a le plaisir de découvrir d’autres tableaux important du peintre, si bien qu’il y a assez peu de doublons dans les deux riches catalogues de ces manifestations. Même si bien sûr nous retrouvons quelque toiles incontournables comme “Les grands transparents” ou celle judicieusement choisie pour l’affiche: “Central park” qui date de 1965 et qui est la première où apparaît la manière, aujourd’hui emblématique de l’artiste: Un tableau central, souvent de couleurs vives, entouré de cases sur un ou deux rang, un peu comme un mandala de bandes dessinées, presque toujours en noir et blanc, ce que l’artiste nomme ses “remarques marginales”.


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Il joue constamment du contraste entre le centre au couleurs stridentes et le noir et blanc des cases du pourtour. Le centre comme la périphérie du tableau sont peints à l’horizontal (comme le faisait Pollock, (on ne sera pas surpris de relever une parenté entre un tableau comme “Les grands transparents” et le travail du peintre américain) à l’aide d’un pinceau au long manche qu’Alechinsky trempe dans l’acrylique pour déposer ensuite la peinture d’un geste souple, hérité de son ancien apprentissage de la calligraphie japonaise, sur le papier. Les différents éléments seront ensuite agencés puis marouflés sur une toile pour donner le tableau définitif. Nous voyons ces opérations dans un film qui est projeté sur un écran suspendu au beau milieu de l’exposition, ce qui est une bien meilleure idée, que comme à l’habitude reléguer un tel film dans une petite salle annexe.


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Les grands transparents, 200x300cm, 1958

Le peintre aime à rappeler prosaïquement ce qu’il doit à ses particularités physique. C’est un gaucher contrarié qui écrit de la main droite mais peint de la main gauche: << Ils m’ont laissé la main gauche pour le dessin, les menus travaux>>.
On s’amusera, il y a de la gravité dans la production d’Alechinsky, mais surtout beaucoup d’humour, à suivre les quelques figures récurrentes qui habitent les toiles de l’artiste, comme le serpent, le volcan ou la pelure d’orange...


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Autres surprise ludique celle de retrouver la pratique enfantine qui consiste a apposer une feuille de papier sur un objet plat comportant de petites excroissances puis de crayonner avec légèreté  toute la surface de la feuille, n’apparait alors que les parties en relief de l’objet. L’artiste a appliqué ce procédé non à des piécettes comme nous le faisions dans notre enfance mais à des... plaques d’égout!


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A la recherche de beaux papiers originaux il investit des cartes marines sur lesquelles des mers et des continents il fait surgir des images inquiétantes ou cocasses (la présence de la carte, de la vue de dessus est permanente tout au long de la carrière d’Alehinsky, “Central park n’est il pas une sorte de plan?). Il s’empare aussi de vieux livres de compte et d’anciennes factures faisant naître des personnages drolatiques des en-têtes, des estampilles et des ornements de ces papiers commerciaux.
Ce grand voyageur comme l'atteste sa tranquille obsession des cartes et des navires n'a pas oublié sa jeunesse belge comme en témoigne son gilles et son hommage à Ensor.


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le gilles

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Une rétrospective en forme de labyrinthe aéré où il fait bon musarder et dont l’on ressort les yeux et l’esprit en fête.


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Bruxelles, février 2008
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Dans les diagonales du temps
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