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Dans les diagonales du temps
12 juin 2020

JEUNES BAIGNEURS NAPOLITAINS (2)

 

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Naples, Italie, aout 1985

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12 juin 2020

POUR SE SOUVENIR DE MA VISITE À L'EXPOSITION D'ERIC ITSCHERT

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Bruxelles, juin 2011

12 juin 2020

LE JOUR DE MA MORT

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Dans une ville, Trieste ou Udine,
le long d'une allée de tilleuls,
quand, au printemps,
les feuilles changent de couleur,
je tomberai mort sous le soleil
qui brûle, blond et haut,
et je fermerai les yeux,
abandonnant le ciel à sa splendeur.

Sous un tilleul tiède de verdure
je tomberai dans le noir de ma mort
qui dispersera les tilleuls et le soleil.
Les jeunes et beaux garçons
courront dans cette lumière
que je viendrai de perdre,
s'échappant des écoles,
avec leurs boucles sur le front.

Je serai encore jeune,
avec une chemise claire
et des cheveux soyeux tombant en pluie
sur l'amère poussière.
Je serai encore chaud,
et un enfant, courant
sur l'asphalte tiède de l'allée,
posera sa main sur mon ventre de cristal.


12 juin 2020

Francisco Soria Aedo (1898-1965

12 juin 2020

L'ARBRE ET LA FORET JACQUES MARTINEAU

 


 

France, 2010, 1h 37 mn

 

Réalisation: Olivier Ducastel et Jacques Martineau, scénario: Olivier Ducastel et Jacques Martineau, image: Matthieu Poirot-Delpech, montage: Mathilde Muyard

 

Avec: Guy Marchand, Françoise Fabian, Sabrina Seyvecou, Yannick Renier, François Négret, Catherine Mouchet, Sandrine Dumas, Pierre-Loup Rajot

 

Résumé

 

Nous sommes à la fin de l'année 1999. Une belle maison de campagne, environnée d'une forêt sera le décor unique à l'intrigue. Depuis plus de cinquante ans Frédérick (Guy Marchand), soixante dix sept ans, plante des arbres dans cette forêt et depuis plus de cinquante ans, Frédérick vit dans le mensonge. Au retour de l'enterrement de Charles ( Pierre-Loup Rajot ) son fils ainé, auquel ostensiblement il n'a pas assisté, la famille se réuni dans la gentilhommière. Il y aGuillaume, le fils cadet ( François Négret ) et sa femme Elisabeth ( Sandrine Dumas ), Françoise ( Catherine Mouchet ), veuve du fils aîné Charles, ainsi que sa fille Delphine ( Sabrina Seyvecou ), accompagnée de son petit ami Rémi ( Yannick Renier ). Frédérick décide de leur révéler la véritable raison pour laquelle il fut déporté par les nazis alors qu'il habitait en Alsace, Il était homosexuel et a mené toutes ces années une double vie tout en étant profondément attaché à sa femme (Françoise Fabian). Seuls sa femme et son fils aîné savaient la vérité sur son histoire.

 

L'avis critique

 

Je suis fidèle à Ducastel et Martineau comme on est fidèle à un vieil amant ou une vieille maitresse, d'abord par respect. Voilà deux cinéastes éminemment respectables, c'est sans doute le principal défaut de leur cinéma, comme on le dirait d'un tennisman,qui ne jouent jamais « petit bras ». Ils empoignent des sujets plus gros qu'eux, cherchent des angles d'attaque inédits, promènent leurs thèmes de comédies musicales en mélo, concoctent des castings toujours excitants, n'hésitant pas à mêler professionnels chevronnés et amateurs. Au final cela ne donne pas des films entièrement réussi, mis à part leur premier, « Jeanne et le garçon formidable », leur coup d'essai est jusqu'à ce jour leur coup de maître, mais que l'on est content toujours content d'avoir vu. Il en va de même avec « L'arbre et la forêt ». Après avoir avec « Né en 68 » balayé quarante ans d'histoire de France avec pour pivot la libérations sexuelle, cette fois c'est la déportation des homosexuels qu'ils mettent au centre de leur film. La géniale idée est d'aborder le sujet par un biais minimaliste et très borné, la réunion de famille. « L'arbre et la forêt » est un huis-clos qui se résume à la confession de Frédérick et aux réaction des différents membre de sa famille devant la révélation qu'il leur fait. La science consommée du cinéma de Ducastel et Martineau réussit à rendre fluide et cinématographique, ce qui n'aurait pu être que du théâtre filmé. Si du point de vue du filmage s'est totalement convaincant cela l'est beaucoup moins en ce qui concerne le scénario. Il n'est en effet pas très crédible que Frédérick vide son sac par épisode et en différents tête à tête avec les membres de la maisonnée.

 

 

 

Je pense que je ne peux aller plus loin dans l'analyse du film sans parler de Guy Marchand qui fait là une composition mémorable tout en retenu et en subtilité. Guy Marchand est de ces acteurs dont on redécouvre périodiquement le talent, alors que cela devrait être une évidence depuis longtemps, que l'on se souvienne du salaud mirlitonesque de « Coups de torchon », du veule adjoint de « Garde à vue » ou encore du père amorti de «Dans Paris » de Christophe Honoré... Peut être pâtit il d'être dans l'esprit d'une grande partie du public une sorte de macho égrillard au sourire en coin, alors qu'il peut être tout autre chose. Olivier Ducastel évoque le choix du comédien pour le rôle de Frédérick: << En regardant Guy Marchand dans le film de Christophe Honoré nous nous sommes dit qu'il serait un formidable Frédérick. Et une chose amusante, c'était que pour écrire le personnage de Frédérick, nous nous sommes pas mal inspirés de Jean-Louis Trintignant, auquel nous avons aussi pensé offrir le rôle sans trop y croire non plus étant donné qu'il avait dit qu'il ne ferait plus de film. Mais en engageant Guy marchand nous avions oublié un petit détail de sa filmographie, il avait joué dans Le maître nageur, un film de Jean-Louis Trintignant justement. >>.

C'est dans ce choix à contre emploi que l'on mesure combien le tandem sont des pro du casting, maestro du contre pied également dans ce registre la bonne idée d'employer, le toujours bon Yannick Renier dans un registre lisse et solaire, alors que jusqu'à présent on ne l'a connu qu'interprétant des personnages sombres et tourmentés. Le duo ne rechigne pas parfois néanmoins à aller vers l'évidence comme de faire incarner un personnage d'alcoolique raté à François Negret quand on sait que cet ancien espoir du cinéma français a ruiné sa carrière à grand coup de rasades de Whisky. On l'avait quitté il y a 20 ans en adolescent rebelle on le retrouve émacié par l'alcool. Certains humains sont séché par l'alcool comme les harengs par le sel! Le casting peut être un métier cruel... Le couple formé par Guy Marchand et Françoise Fabian, est si crédible qu'on les croirait ensemble à la ville. Et puis quel plaisir de retrouver Catherine Mouchet, en vieille petite fille aussi formidable que dans Pigalle.

Puisque j'en suis aux acteurs force est de constater qu'ils sont tous bien distribués et que leur qualité est le grand atout du film d'autant qu'ils réussissent à donner de l'épaisseur à des personnages qui en manquent un peu sur le papier.

Quitte, comme c'est encore fois le cas dans le film français, à jouer le naturalisme, faudrait-il aller au bout de cette démarche et doter les personnages d'un métier. Une fois de plus l'argent dans cette famille semble tomber du ciel et ces gens, si l'on excepte Frédérick qui subsiste grâce à la sylviculture, s'ils ont des loisirs ne semblent pas subir de contraintes sociales. Alors que Ducastel et Martineau sont fort habile autant pour inscrire leur film dans une temporalité précise, la menace de la grande tempête de 1999 plane sur le film, que de suggérer les opinions politiques de Frédérick (enfin un homosexuel de droite, voilà qui est bien contraire à la doxa communautariste ), on s'étonne qu'encore une fois ils ne parviennent pas à doter leurs personnages d'une surface sociale crédible. Je pense qu'il y a un petit manque de travail sur le scénario. Il eut été bon également de supprimer les trois courtes scènes dans lesquelles le fantôme du fils défunt apparaît. Elles enlèvent au film du mystère sans pour autant lui apporter un surcroit de densité.

 

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De densité le personnage de Marianne n'en manque pas et fait apparaître une figure neuve dans le cinéma français. Elle nous dit que l'amour peut se dissocier du sexe. On peut penser que Frédérick et elle ont une vie sexuelle ténue et qui pourtant nourrissent l'un pour l'autre un amour très fort. C'est Marianne qui a choisit Frédérick, puis à continué de vievre avec lui et de l'aimé en connaissant la vérité sur ses goûts sexuels. Françoise Fabian avec son talent et son expériense sait exprimer toute la richesse du personnage de Marianne qui culmine dans la remarquable scène dans laquelle elle se confie à sa belle-fille interprétée par la toujours parfaite Catherine Mouchet.

 

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Dans « Drôle de Felix » puis dans « Ma vrai vie à Rouen » Ducastel et Martineau avaient démontré leur talent de cinéaste paysagiste. Ils le confirment avec les belles images de forêt sur musique wagnérienne de « L'arbre et la forêt ». La photographie est signé Matthieu Poirot-Delpech qui a travaillé sur tous les films du duo Ducastel-Martineau.

 

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Alors que « Jeanne et le garçon formidable » était un modèle de légèreté sur un sujet on ne peut plus grave, la mort par le sida, cette fois encore comme dans « Né en 68 » Ducastel et Martineau n'ont pas su faire taire les militants qui sommeillent, jamais profondément, chez eux. Le sujet de 'L'arbre et la forêt » est assez fort, il pouvait se passer d'une poussée d'activisme et de didactisme qui ne fait qu' alourdir le propos.

La force de « L'arbre et la forêt » est qu'il parvient a évoquer la déportation comme dans « Shoah »de Claude Lanzmann sans aucune image de reconstitution, mais uniquement par le biais de la parole de Frédérick. Jacques MartineauS'explique sur ce choix:<< Le film a toujours reposé sur ce principe. Il était clair pour nous qu'il n'y aurait aucun flashback ni de reconstitution historique, nous avons toujours été dans le témoignage présent ou plutôt dans le non témoignage. En insistant sur un seul témoignage intime, nous soulignions que la déportation pour raison d'homosexualité pendant la guerre n'avait jamais été clairement évoquée. On est face à un mur de silence sur le sujet. Le film n'est pas là pour mettre le public face à ce fait historique, pas pour ouvrir une page d'Histoire mais pour se poser la question de la raison de ce silence pesant. Nous abordons cela en observant le comportement d'une famille en particulier. Il y a évidemment des facteurs historiques à ce silence mais surtout des facteurs sociaux. Cette page historique s'ouvre par l'entremise du secret familial. Nous avons en effet mis un peu plus longtemps à développer ce projet, mais ce long développement nous a permis de nous concentrer davantage sur le domaine de l'intime, du cercle familial >>.

Le projet de Ducastel et Martineau de faire un film sur la déportation homosexuel, thème qui apparaît fugitivement à la fin de leur précédent film, était ancien. Olivier Ducastel raconte la genèse de « L'arbre et la forêt »: << Il y a eu deux facteurs qui expliquent le délai qu'il a fallu pour que le film voit le jour. Le premier était le sujet même du film, un sujet délicat qui s'est imposé à nous dès que « Crustacés et coquillages » fut terminé. On avait eu une première mouture du scénario assez rapidement mais le projet a mis du temps à évoluer et a connu différents producteurs. Le second facteur est arrivé lorsque le film était en production, prêt à tourner. Au même moment, deux producteurs nous ont demandés de reprendre un projet au pied levé pour la chaîne Arte, une fiction en deux parties sur laquelle ils étaient en développement depuis très longtemps. La réalisatrice pressentie venait de jeter l'éponge. Ce projet, c'était « Nés en 68 ». En se concertant avec Philippe Santos, le producteur de L'arbre et la forêt, il nous a dit que ce n'était pas possible de décliner une telle offre de double fiction. Cela nous permettait aussi d'avoir plus de temps pour affiner le montage financier du film. >>.

 

 

Ducastel et Martineau se sont inspirés pour écrire leur scénario du témoignage de Pierre Seel, seul triangle rose français à avoir parlé de sa déportation en tant qu'homosexuel.

Le film a été sélectionné au Festival de Berlin 2010 et a reçu le Prix jean Vigo en 2009.Il bénéficie d'une superbe affiche signée Pierre Le Tan. 

 



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11 juin 2020

Takato Yamamoto

 

 

 

11 juin 2020

SKATE BOY ISLANDAIS PHOTOGRAPHIÉ PAR ROMAIN LE CAM

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11 juin 2020

DANS LE CAFÉ DE LA JEUNESSE PERDUE DE PATRICK MODIANO

 

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Dans le café de la jeunesse perdue, est la réponse l'inquiétude, que dis je, à l'angoisse qui tenaillait depuis deux ans les admirateurs de l’écrivain, dont je suis, mais je m’explique mal comment un amoureux des lettres ne pourrait il pas être un fervent de Modiano, à mon humble avis le seul grand écrivain français en activité, écrirait-il encore après l’époustouflant “Pedigree”? Livre, qui nous offrait, d’une façon aussi lapidaire que magistrale, les clefs de l’oeuvre, même si nous avions déjà un trousseau bien fourni qui en ouvrait la plupart des portes. Nous voici rassuré avec Dans le café de la jeunesse perdue, Pedigree n’était donc pas le chant du cygne. La deuxième bonne nouvelle est que cet opus est un chef d’oeuvre. Si Pédigrée nous raconte comment Modiano est devenu l’homme qu’il est aujourd’hui, Dans le café de la jeunesse perdue est comment il est devenu l’écrivain qu’il est (et qui scandaleusement n’est pas encore dans la Pléiade!). Le livre se déroule au début des années soixante; il commence dans un café du coté du carrefour de l’Odéon, le Condé, fréquenté par une jeune femme, Louki. Pour se souvenir d’elle, Modiano convoque trois personnages (auxquels il prêtera son je), un étudiant, un détective et un apprenti romancier. Il recueille aussi la confession testamentaire de Louki, la jeune fugueuse qui aime à la fois la drogue, l’ésotérisme et les errances dans Paris. Nous retrouvons le Paris de Modiano une ville imaginaire, une cité onirique où les époques se superposent et s’incarnent. Dans notre littérature française, un grand écrivain se reconnaît, pas seulement, mais tout de même, par son talent à faire vivre sur la page ce précipité de Paris qu’est le café, comme avant lui Céline, dans un registre bien différent Modiano est un maître en l’exercice. Au Condé à la fois louche et littéraire se croisent, parmi les déclassés Adamov, Olivier Larronde, Maurice Raphaël et bien d’autres personnages mystérieux. A propos de Maurice Raphaël (1918-1977), voici ce qu’écrivait de lui Olivier Bailly dans Le Nouveau Quotidien, << Maurice Raphaël, styliste du gluant, exerçait ses talents en exergue du grand air, se confinant au rayon exténuant de la poisse, de l’étouffoir, de l’impasse, se mouvant dans l’air vicié, naviguant entre le bris et le débris.». Quant à Alfred Eibel il en fait un membre de la carlingue, « responsable aux Questions juives pour les départements de l'Eure et de l'Eure-et-Loir durant l'Occupation, et membre de la Gestapo française de la rue Lauriston. Il y « torturait, au service de l'occupant, avec les braqueurs, faussaires, bordeliers, bookmakers et tueurs à la lame facile qui constituaient la bande Bonny-Lafont » Modiano ne pouvait pas passer à coté d’un tel personnage. Il l’a rencontré Maurice Raphaël alias Lepage alias Bastiani à l’époque où il situe Le café de la jeunesse perdu: << Quant à Victor Maurice Le Page, c'était un ami de Breton et de Queneau. Il a eu des ennuis après la guerre et fait de la prison. Quand je l'ai rencontré, dans un café de la rue de Seine, j'ignorais tout de son passé trouble sous l'Occupation. Il écrivait des romans policiers, il avait un physique très bizarre, inquiétant, célinien, il aurait pu jouer dans des films noirs, “Touchez pas au grisbi”, par exemple.>>. De la légende de Maurice Raphaël, écrivain oublié, Modiano page 139, en une phrase, nous dit tout: «On dit tant de choses... Et puis les gens disparaissent un jour et on s'aperçoit qu'on ne savait rien d'eux, même pas leur véritable identité.». Au Condé on ne se contente pas de frôler des écrivains on y lit aussi des livres comme “Louise du Néant” de Jean Maillard, mais aussi “Horizons perdus.” de James Hilton le livre qui a inspiré le film éponyme de Capra. Cette métaphore du paradis terrestre fut un best-seller très connoté sixties, que bien des voyageurs en partance pour Katmandou emportaient dans leur sac en l'idéalisant. Le ton et les thèmes du livre ne surprennent pas, l’habitué de l’oeuvre de Modiano, mais sa forme, très originale, ne pourra que combler les amoureux à la fois de la tradition littéraire et de l’avant garde. Oui Modiano est d’avant garde, c’est dire qu’il ne reprend pas les vieilles lunes lettristes ou situationnistes, dont pourtant ce roman fait écho, mais ose une figure littéraire rare: le je multiple. Si l’écrivain emploie la première personne du singulier ce “je” n’a pas toujours la même voix; il le prête tour à tour à plusieurs de ses personnages qui ne sont que des masques sous lesquels perce le jeune Modiano d’hier. Modiano une fois de plus, heureusement, nous fait une topographie de Paris ou plutôt celle d’une nouvelle traversée de Paris qui nous mène du carrefour de l’odéon à Pigalle. Pour les maniaques de l’exactitude géographique et historique, il faut signaler que “Le Condé” (mot à double sens à la fois le grand commis de l’état mais aussi un policier en argot) n’a jamais existé mais est une addition de plusieurs cafés situés entre l’Odéon et Saint Germain des prés. Mais comme le dit justement Modiano: << “Le condé” appartient désormais à l’imaginaire.>>. Les nom sont toujours important chez l’écrivain. Si certaines célébrités ou demie célébrités passent dans ses livres c’est souvent parce qu’il les a connu mais aussi parfois parce que leur patronyme lui plaît, << Je n’ai pas connu le danseur Babilée, mais je l'ai mis là parce que c'est un nom dont la sonorité me fait rêver.>>. Ailleurs un des protagonistes louches du roman se nomme Béraud-Bedoin, Béraud comme l’écrivain collaborationiste, une autre Jeannette Gaul, Gaul comme Charly Gaul le champion cycliste luxembourgeois dont les exploits sont contemporains à l’action du roman... Ce dernier livre réussit à faire une synthèse des plus improbable entre Fargue, Pérec, Nimier, Roussel et Debord (auquel il emprunte le beau titre de l’ouvrage) et c’est une merveille. La première surprise du livre est dans la signature de la magnifique phrase aposée en ouverture du roman, << A la moitié du chemin de la vraie vie, nous étions environnés d’une sombre mélancolie, qu’ont exprimée tant de mots railleurs et tristes, dans le café de la jeunesse perdue.>>. Elle est de Guy Debord, avec un peu de reflexion, elle n’aurait cependant pas du nous surprendre, mais on avait oublié, sous le tumulte de ses partisans, la douceur mélancolique du ton de nombreuses pages du pape du situationnisme. Lorsque l’on s’en souvient on s’aperçoit alors que Pédigrée ressemble au panégérique de Debord et que chez ce dernier la figure de la jeune fugueuse est fréquente; enfin que les situationnistes, après Benjamin, ont légitimé intellectuellement les dérives pédestres dans paris. Modiano est le seul écrivain qui réussit à écrire court sans jamais être sec. Lorsqu’on refermera, l’ouvrage, la dernière ligne lue, longtemps il cheminera en nous. Plus que la nostalgie pour une époque Modiano à le talent pour faire émerger à la surface de notre conscience les regrets et même les remords d’être passé à coté, d’avoir esquivé, des paysages et des personnes a jamais disparus... Il nous amène à cette évidence, nous ne sommes que de piètres observateurs à la mémoire défaillante. Alors que lui bien qu’il dise le contraire jouant l'éternel amnésique, peut être pour ne pas nous accabler, à tout vu, à tout compris, se souvient de tout et de tous. Nous nous retrouvons en pays de connaissance avec les personnages du roman. Louki ressemble aux jeunes filles portraiturées dans “Des inconnues” et aussi à la Jacqueline, (Jacqueline est le véritable prénom de Louki) Du plus loin de l’oubli (Gallimard,1996) qui passait ses journées dans les cafés de la rue Dante, reniflait de l’éther et se voyait fuir à Majorque. Elle épousait un certain Georges Caisley... Chaque livre de Modiano plus qu’un roman me parait être une strophe d’un grand poème sur la fuite du temps, << Quelquefois, je me demande si mes livres sont vraiment des romans, s'ils ne sont pas plutôt une romance, une sorte de musique qui se poursuit de l'un à l'autre.». On trouve dans cette dernière livraison, les invariants de l’oeuvre, comme ce refus des contingences quotidiennes, << Et chaque fois, à la perspective de retourner à Neuilly, elle éprouvait une sorte de découragement. Ainsi elle était condamné désormais à prendre toujours le métro sur la même ligne. Changement à Etoile. Descente à Sablons...>> (page 105), le bonheur dans l’esquive, dans la fuite, la détestation de l’installé, << Je n’étais vraiment moi même qu’à l’instant où je m’enfuyais. Mes seuls bons souvenirs sont des souvenirs de fuite ou de fugue.>> (page 95), les circonvolutions du temps, << Au creux de ces après-midi d’été où vous ne savez plus très bien en quelle année vous êtes. Tout va recommencer comme avant. Les mêmes lieux, les mêmes rencontres. L’Eternel Retour.>> (page 107)... Il suffit d’une phrase à Modiano pour bouleverser le lecteur mais pour cela il faut être vigilant, car avec sa syntaxe limpide l’auteur demande une lecture attentive, << Je ne savais pas qui était mon père. J’étais né là-bas en Sologne, mais nous n’y étions jamais retournées. Voilà pourquoi ma mère me répétait souvent: “Nous n’avons plus de charpente...”>>(page 72). Tout est dit en une phrase du malheur des déracinés. L’ excellent Jean-Paul Enthoven, dans “Le Point” sur le café de la jeunesse perdue a écrit une sorte de petit chef d’oeuvre à la fois analytique et statistique que voici:<< Signalons aux vrais toxicos de Modiano que son opus mentionne quatre-vingt-trois rues ou squares parisiens ; que le mot « étrange » - ce mot-modiano qui sert d'enseigne à sa boutique spécialisée dans la vente d'articles flous - apparaît dès la seizième ligne : n'est-ce pas par ce genre de comptabilité qu'on distingue désormais un nouveau Modiano du précédent ou du suivant ? Mais cette obsession topographique n'est pas gratuite, tant le romancier et ses antihéros ont besoin de repères, d'itinéraires, d'adresses précises, afin de mimer quelque appartenance à une réalité que tout, en eux, congédie par ailleurs. L'ensemble est parfait. C'est une version épurée et humide des registres de mains courantes qu'on trouve dans les commissariats. C'est un galet compact qui ricoche sur l'eau trouble d'un lac rempli de passé et de questions auxquelles nul ne répond.>>. Alors que l’on met souvent en exergue les premières lignes d’un roman avec les dernières pages de Dans le café de la jeunesse perdue, Modiano réussit une des fins les plus poignantes, tout en étant d’une remarquable sobriété, du roman français contemporain. L’art de Modiano est de pousser l’ellipse à son comble tout en nous donnant un roman bouleversant.

11 juin 2020

JEUNES BAIGNEURS NAPOLITAINS (3)

 

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Naples, Italie, aout 2012

11 juin 2020

LES DAIMS INVESTISSENT NARA AU JAPON

 

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Si théoriquement les daims de Nara doivent restés dans le parc de la ville, le plus grand du Japon, en fait les animaux sacrés investissent presque toute la ville et les collines qui d'un coté jouxtent le parc. Il arrive même qu'il rentre dans les boutiques! Certains se postent à proximité de  l'étale des marchands qui vendent des galettes qui leurs sont destinés. Aussitôt qu'un touriste en achète, les entreprenantes bestioles se précipitent contre lui et n'hésitent pas à lui faire les poches. Si vous sortez une carte de la ville ou un billet de banque, ils risquent de terminer dans l'estomac de ces gloutons avec une étonnante rapidité.

 

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Nara, Japon, avril 2010

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Dans les diagonales du temps
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