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Dans les diagonales du temps
5 mai 2020

le métro, Castro et la littérature

 

Pour aller Porte d'Auteuil, comme ailleurs, je prends le métro dont les couloirs et les quais me mettent parfois face à une image obscène, comme cette publicité en faveur du tourisme à Cuba sur laquelle on voit une image idyllique de La Havane où une voiture américaine pimpante des années 50 transporte des cubains hilares, sur fond d'architecture coloniale comme neuve. Voilà l'illustration parfaite de notre ploutocratie mercantile, de la complicité criminelle de notre gauche alliée à la lâcheté non moins criminelle de notre droite, traduite par une espérance de profits immoraux, envers le sinistre barbu qui n'en finit pas de crever. La bonne conscience occidentale lui sait gré d'avoir nettoyé le bordel de l'Amérique qu'était devenu Cuba sous Battista. Pour ma part, je préférerai toujours un bordel à une prison... Mon esprit d'escalier, mais c'est un escalier à la Escher qui me ramène toujours au même étage après de pénibles circonvolutions, me fait me souvenir d'une expédition ludique vers Cuba d'un groupe d?écrivains français en 2002 dont le but était de se faire goberger par Fidel sous le fallacieux prétexte d'assister à la 11e Foire internationale du livre de La Havane. À leur retour, les repus n'encoururent pas les foudres de leurs pairs. Je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec l'escapade que firent quelques intellectuels français en Allemagne en octobre 1941, promenade connue sous le nom du Voyage d'automne pour s'y acoquiner avec le régime nazi et furent, en 1945, voués aux gémonies. Entre parenthèses, ce groupe comportait deux homosexuels notoires, Jouhandau qui s'illustrait alors par des propos antisémites ignobles et André Fraigneau dont je crois ce fut presque la seule compromission. Et que croyez-vous qu'il advint ? Le premier n'eut guère à souffrir de ces vacances vert-de-gris, quant à la carrière du second elle fut définitivement brisée. Qui a dit que les temps changeaient... Il est possible de réparer d'une façon minime mais délectable cette injustice, en découvrant de Fraigneau Le Songe de l'empereur : Julien l'Apostat (éditions du Rocher)encore un vaincu dont je ne me console pas de la défaite...

 

 


Il faut se souvenir que le régime castriste est aussi répressif envers les homosexuels que le fut celui d'Hitler. Il n'y a qu'à lire pour s'en convaincre les livres d'Arenas et de voir Avant la nuit(DVD chez Films sans frontières), la belle biopic que consacra à Arenas Julian Schnabel, sans parler de l'éclairant documentaire de Nestor Almendros, Mauvaise conduite, mais comment revoir ce chef-d'oeuvre introuvable ?

Il n'est pas mauvais de se souvenir de cela et ne pas oublier non plus comment le PCF traitait l'homosexualité juste après mai 68, comme l'illustre très bien l'excellente mini série Les Camarades qui vient de sortir en DVD chez France 2 éditions.

 

 

Malgré tout j'aime beaucoup le métro. C'est pour moi un endroit propice à la lecture et... au matage, activités qui souvent entrent en conflit lorsque une agréable créature entre dans mon champ de vision, elle retarde ma connaissance de la suite de mon roman qui souvent aussi m'empêche de me repaître d'un beau visage comme je le voudrais... Parfois au cours de la lecture d'un livre, une bouffée d'émotions me submerge. Alors je lève les yeux de mon livre pour me refroidir le coeur dans la contemplation de ces voyageurs absents qui semblent se laisser transporter comme des ballots et qui me paraissent bien moins vivants que les personnages que je viens de quitter. C'est ce qui m'est arrivé à la fin du très beau Mon frère et son frère (édition 10-18) qui me provoqua une sorte de collapse entre Ranelagh et Jasmin.

 

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5 mai 2020

du coté de chez Cormon

 

du coté de chez Cormon

Il y a des fois, en pensant au pauvre égaré sur ce blog, environ 2600 par jour, j'éprouve le besoin, un peu impudique, de m'expliquer. Certains, enfin ceux qui sont un peu lucide et ont quelques lettres (plutôt quelques touches) doivent se demander mais qu'est-ce qui lui prend le père, de faire un billet sur Cormon (1845-1924) dont on a jamais entendu parler... Pourtant si un jour vous avez visité le musée d'Orsay, il est difficile d'échapper à sa horde préhistorique. Rassurez vous, si tant est que vous vous inquiétez sur ma santé mentale, je ne pense pas au sieur Cormon tous les jours; mais lisant une excellente bande-dessinée sur les jeunes années parisiennes de Picasso, "Pablo" dont je devrais vous reparler un jour prochain, voila que ce Cormon est cité. Ma mémoire étant un peu fatiguée je vais voir ce que j'ai en magasin et là lapuche, ou pas grand chose sinon dans "Orsay, le gout d'une époque" la reproduction de "Cain" que je continue dans ma petite tête à appeler "la horde" dont j'avais bien en mémoire l'image tout en étant pas complètement sûr que Cormon en soit le peintre. Ce tableau a une histoire. Il fut perdu en 1925 puis retrouvé dans les réserves du Palais de Tokyo à Paris en 1980. Il est à présent au musée d'Orsay. Dans le même livre, je découvre une autre toile intitulée "La forge", représentation intéressante et assez rare dans la peinture française du travail industriel. Ce sont des images qui ne correspondent pas à ce que je viens de lire puisque Fernande, dans "Pablo" les débuts parisiens de Picasso sont vus par sa première muse, pose pour des tableaux de Sultanes (sic) que peint le dit Cormon! Je vais donc voir sur la toile et merveille des merveilles du net, voilà que m'arrive plusieurs tableaux de harems. Le harem travaillait sérieusement notre peintre barbichu qui devait avoir une libido plus torride que son physique de troisième clerc de notaire le laisse penser... Souvent je me demande ce qui passait par la tête de ces esthète du pinceau pour s'attaquer à une vaste toile sur la mort de Ravanna, roi de Ceylan, un sujet dont doit tout de même pas penser d'une façon évidente en mettant le matin les pieds dans ses pantoufles. Outre les harems, ce brave Cormon faisait une fixette sur les gaulois ou du moins tels qu'on se les imaginait à la belle époque.

 

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5 mai 2020

La Villa Santo Sospir tatouée par Cocteau

 

 

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En 1949, le poète Jean Cocteau au cours du tournage des Enfants Terribles, film réalisé d’après son célèbre roman par un tout jeune cinéaste de l’époque, Jean Pierre Melville, fit la connaissance de Francine Weisweiller. Nicole Stéphane (de son vrai nom Nicole de Rothschild), l’actrice principale du film, cousine d’Alec Weisweiller, présenta le poète à Francine ; il y eut entre eux un véritable coup de foudre d’amitié. 

Au Printemps 1950, après le montage des  Enfants Terribles,  Francine invita Jean Cocteau, ainsi que son fils adoptif Edouard Dermit (interprète du rôle de Paul dans le film), à venir passer une petite semaine de vacances dans sa maison de St Jean Cap Ferrat surplombant la baie de Villefranche.Le Cap Ferrat qui, selon une vieille carte marine, se nommait "Saint-Soupir". L'actuel phare, visible depuis la villa, a été reconstruit au début des années 1950 au début de la "période Cocteau"

La villa Santo Sospir, construite peu de temps après la guerre, avait été achetée par Alec et Francine en 1946. Utilisée comme maison de vacances, les murs de la villa étaient restés vides. Quelques jours après son arrivée, Jean Cocteau dira : « l’oisiveté me fatigue je m’y dessèche…. ». Il demanda à Francine s'il pouvait dessiner au fusain la tête d’Apollon au-dessus de la cheminée du salon. De fil en aiguille, il tatoua de fresques tous les murs de la maison. Matisse lui avait dit : « Quand on décore un mur on décore les autres, il avait raison ». Cocteau disait également : « Picasso a ouvert et fermé toutes les portes, restait de peindre sur les portes, c’est ce que j’ai essayé de faire.  Mais les portes donnent dans les chambres, les chambres ont des murs et si les portes sont peintes les murs ont l’air vides… »

 

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En 1949, le poète Jean Cocteau au cours du tournage des Enfants Terribles, film réalisé d’après son célèbre roman par un tout jeune cinéaste de l’époque, Jean Pierre Melville, fit la connaissance de Francine Weisweiller. Nicole Stéphane (de son vrai nom Nicole de Rothschild), l’actrice principale du film, cousine d’Alec Weisweiller, présenta le poète à Francine ; il y eut entre eux un véritable coup de foudre d’amitié. 

Au Printemps 1950, après le montage des  Enfants Terribles,  Francine invita Jean Cocteau, ainsi que son fils adoptif Edouard Dermit (interprète du rôle de Paul dans le film), à venir passer une petite semaine de vacances dans sa maison de St Jean Cap Ferrat surplombant la baie de Villefranche.

La villa Santo Sospir, construite peu de temps après la guerre, avait été achetée par Alec et Francine en 1946. Utilisée comme maison de vacances, les murs de la villa étaient restés vides. Quelques jours après son arrivée, Jean Cocteau dira : « l’oisiveté me fatigue je m’y dessèche…. ». Il demanda à Francine s'il pouvait dessiner au fusain la tête d’Apollon au-dessus de la cheminée du salon. De fil en aiguille, il tatoua de fresques tous les murs de la maison. Matisse lui avait dit : « Quand on décore un mur on décore les autres, il avait raison ». Cocteau disait également : « Picasso a ouvert et fermé toutes les portes, restait de peindre sur les portes, c’est ce que j’ai essayé de faire.  Mais les portes donnent dans les chambres, les chambres ont des murs et si les portes sont peintes les murs ont l’air vides… »

 

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Tout l’été de 1950, Jean Cocteau a travaillé sur des échelles, sans aucune maquette préalable. Après avoir dessiné au fusain, le poète a rehaussé ses dessins de couleurs : un ouvrier italien lui préparait des poudres de couleur délayées dans du lait cru. C'est ce qu’on appelle des fresques a tempera. Cocteau écrira : « il ne fallait pas habiller les murs, il fallait dessiner sur leur peau, c'est pourquoi j'ai traité les fresques linéairement avec le peu de couleurs qui rehaussent les tatouages. Santo Sospir est une villa tatouée ».  

 

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Pour la plupart des fresques, Jean Cocteau s’est inspiré de la mythologie grecque, avec également des allusions à la Côte d’Azur : les pêcheurs de Villefranche et leurs filets, l’oursin, la fougasse (le pain niçois)…

Deux ans après avoir terminé les murs de la villa, Jean Cocteau s'attaque aux plafonds. Les trouvant trop blancs, il les colorie au pastel dans des tons très doux.

Il compose ensuite deux mosaïques pour le patio d’entrée : sur le seuil, deux visages et un serpent ; sur le mur à gauche, une tête d’Orphée.

Enfin trois ans après, Jean Cocteau offre à Francine, pour le mur de la salle à manger laissé nu, la tapisserie Judith et Holopherne dont il a exécuté le carton au pastel en 1948 dans sa maison de Milly-la-Forêt.

Des années durant, Jean Cocteau passera de longs séjours dans la villa de Saint-Jean Cap-Ferrat. A propos de ce lieu, il écrira « Quand je travaillais à Santo Sospir, je devenais moi-même mur et ces murs parlaient à ma place ». 

 

 

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Carole Weisweiller, la fille de Francine, ouvre la villa à la visite, mais rattrapée par des problèmes fiscaux, doit la vendre. Un Russe l'achète, avec comme condition de poursuivre les visites au public, de faire des travaux de rénovation et de pouvoir y séjourner. Elle a également créé une association pour défendre la villa.

 

 

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5 mai 2020

Chris & Don, a love story

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USA, 2007, 90mn, documentaire biographique 
Réalisation: Tina Mascara, Guido Santi
Résumé:
Chris and Don retrace l'histoire d'amour de plus de trente ans qui unit deux hommes exceptionnels, l'écrivain Christopher Isherwood et le peintre et dessinateur Don Bachardy de 1952 à la mort d'Isherwood en 1986.

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Christopher Isherwood & Don BACHARDY  (1976) par David Hockney

 
L'avis de B. A.
Le film commence par évoquer à grands traits la vie de Christopher Isherwood avant sa vie commune avec Don Bachardy. On brosse le portrait de l'écrivain, de sa naissance en 1904 dans une riche famille anglaise, puis ses étude à Cambridgeà ce qui fut une étape importante dans sa vie, son départ en 1929 pour Berlin pour se consacrer à l'écriture et ... aux garçons. En compagnie de son ami le poète W Auden, il tombe amoureux d'une ville où il peut vivre son homosexualité jusqu'à l'arrivée d'Hitler qui le contraint à fuir ces lieux devenus désormais inhospitaliers. Après une errance en Europe, il embarque pour les Etats-Unis, pacifiste convaincu essentiellement pour fuir la guerre, d'abord pour New-York où il ne se plait pas, puis il met le cap à l'ouest et se fixe à Los Angeles. Il y découvre les religions orientales et des jeunes gens à son gout. Sur les rives du Pacifique la carrière littéraire de Christopher Isherwood s'épanouit. En 1952, sur la plage de Santa-Monica, il rencontre un joli garçon de 18 ans, Don...
 

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C'est le Don Bachardy d'aujourd'hui qui évoque d'abord son enfance et son adolescence fascinées par le cinéma et surtout par les stars d'Hollywood. Il nous raconte par le menu les débuts de son aventure avec Christopher Isherwood qui durera trente ans même si elle ne fut pas toujours au beau fixe. Il ne cache pas les réactions d'homophobie que leur relation provoqua. Il faut dire que le très appétissant Don d'alors faisait plus jeune que son âge et arborait parfois des tenues, que l'on voit sur les petits films d'époque, qui étaient de véritables appels au viol.
 
C'est avec beaucoup de simplicité et d'émotion que l'artiste renommée d'aujourd'hui se rappelle le garçon ignorant et naïf d'hier, angoissé et ébloui à la fois par les célébrités que son ami lui présentait. Le film est a ce titre un document exceptionnel car on y aperçoit dans leur quotidien, en compagnie du couple, les célébrités les plus diverses que côtoyait Isherwood, W. H. Auden, Forster, Anna Magnani, Burt Lancaster, Igor Stravinsky, Aldous Huxley, Raymond Chandler... Christopher Isherwood emmène son jeune ami en Europe et on les voit en amoureux à Venise et à Paris.
 
Comme en témoigne Leslie Caron, John Boorman, Liza Minnelli, et quelques autres Christopher Isherwood n'a jamais caché son ami. Il a toujours fait comme si c'était une évidence qu'ils étaient en couple. Ce qui n'allait pas de soit dans l'Amérique des années cinquante et soixante d'autant que le différence d'âge entre les deux hommes, plus de trente ans, ne passait pas inaperçu. C'est toujours avec la même évidence tranquille dont Don Bachardy ne se départira que lors de l'évocation de la mort de son ami, qu'il explique que c'est Christopher Isherwood qui le poussa à s'inscrire dans une école d'art, malgré l'hostilité de ses parents et que c'est lui qui paya ses études. Isherwood est donc un des très rares pygmalions qui ait réussi.

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C'est avec franchise que Don Bachardy explique que lorsqu' Il a commencé à se rendre compte qu'il pouvait vivre d'une façon indépendante en raison du succès de ses oeuvres, il s'est poser la question de rester avec Isherwood. 
 
J'ai appris que  pendant les années 70, Chris et Don ont commencé à collaborer sur divers projets d'écriture, tels qu'un "Frankenstein" dans lequel le monstre nait beau et se dégrade au fur et à mesure pour devenir repoussant. Les quelques images que nous voyons de ce film donne très envie de le voir (si quelqu'un en connait le moyen, il est le bien venu.). Car un autre immense intérêt de Chris and Don, a love story, est de nous montrer de très nombreuses oeuvres de Don Bachardy. Celles-ci seront une découverte pour beaucoup de spectateur tant un artiste de son envergure n'a pas le droit de citer dans notre triste landerneau artistique pour les raisons que j'ai moult fois décrites.

Après la mort de son compagnon, Bachardy a continué avec beaucoup de brio sa carrière d'artiste. On le voit, aujourd'hui, peindre un nu très puissant. J'ai été surpris de ne pas voir David Hockney dans ce film car outre qu'il pris Christophe Isherwood et Don Bachardy comme modèles pour le premier tableau de sa célèbre série des doubles portraits. Le couple fut ses premiers amis en Californie et leur relation était un modèle pour Hockney qui essaya de faire de même avec Peter Schlesinger, mais pas avec le même succès. Ceci explique peut être l'absence d'Hockney. Chris and Don, a love story est un documentaire passionnant, inventif dans sa forme et émouvant qui intéressera aussi bien les spectateurs qui s'intéressent à l'histoire, à la littérature, à l'art contemporain qu'aux belles histoires d'amour. En plus voila un film qui contrairement à de nombreux opus, en particulier ceux du cinéma gay qui nous force à rester 90 minutes avec des gens qui n'ont aucune espèce d'intérêt. Dans Chris and Don nous entrons dans l'intimité, sans voyeurisme, de deux grands artistes que nous sommes ravis et émus de rencontrer.

 

 

 

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  En 1981 a été diagnostiqué chez Christopher Isherwood un cancer de prostate. Bachardy l'a soigné au cours de sa maladie. Durant les six derniers mois de la vie de l'écrivain, Don Bachardy le prend comme unique modèle et le dessine tous les jours. Ultime preuve d'amour, tentative de repousser l'inéductable... Sur ses dessins extraordinaires de force, presque insoutenables de crudité l'artiste a figé la mort en marche.

Lorsqu'ils étaient éloigné l'un de l'autre, ils s'envoyaient de petites cartes sur lesquelles chacun se figurait en animal, Christopher Isherwood en cheval et Don Bachardy en chat. Ce dernier très spirituellement confesse qu'ils n'ont jamais eu d'animaux de compagnie car ils étaient chacun l' animal de compagnie de l'autre.

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Des courts dessins animé ayant un cheval et un chat pour héros ponctuent le film. Ils mettent en scène et à distance les différentes phases de la relation des deux homme de manière à la fois drolatique et émouvante. Au détour de ces insères, on apprend que c'est lors d'une des phases difficiles des rapports entre Chris et Don, lorsque Christopher Isherwood donnait des cours de littérature à San-Francisco, tandis que Bachardy était resté à Los-Angeles, qu'est né "Single man"  merveilleusement adapté par Tom Ford, court roman dans lesquels Christopher Isherwood prend pour héros un homme qui a perdu son amant. Les réalisateurs sont moins heureux lorsqu'ils ont éprouvé le besoin de faire des séquences de reconstitution pour illustrer les propos de Don Bachardy, heureusement elles sont courtes et rares.
Commentaires lors de la première édition de ce billet

le "frankenstein" qu'ils ont écris ensemble, avec James Masson en Polidori et Michael York en créature (ne me souviens plus du tout de qui fait le baron apr contre? David Mc Callum peut être, ou alors je melange deux version?) est passé il y a quelques année sur france 3 en fin de soirée. 

Je me rappelle avoir était fortement marqué pour le double sens qui semblait flotter sur 'l'ensemble du film, et je n'ai découvert qu'après qu'il avait été écris par l'auteur fétiche de ma prime adolescence.
...nostalgie!

Posté par valentine deluxe, 27 mai 2010 à 21:45

oups! après verif, ce n'est pas Michael York mais Michael Sarazin qui faisait la bestiole!
Posté par valentine deluxe, 27 mai 2010 à 21:46

Merci...

... de m'avoir fait découvrir ce documentaire, Bernard, après lecture de votre article. J'en sors abasourdi par tant d'intelligence, de beauté, de profondeur... Et je découvre avec une joie infinie l'œuvre de Don Bachardy, stupéfiant portraitiste... Je me demande quel sujet n'est pas abordé dans ce film : la vie, l'amour, la mort, l'art, les correspondances entre les quatre, l'homosexualité, la fascination des gays pour les stars... Je déplore avec vous l'usage (heureusement limité) des reconstitutions, qui s'intègrent moyennement bien à l'ensemble. En revanche, la scène animée finale avec le cheval sur la lune et le chat qui fait dodo est vraiment de trop, et ruine le finale en y apportant une touche de mièvrerie à la limite du risible, bien dispensable après tant de sincère émotion...

Un film superbe, ceci dit, qui risque de tourner souvent dans mon lecteur...

Posté par BBJane, 27 mai 2010 à 23:01

Nota bene...

Que de ressemblances également avec le "Gods and Monsters" de Condon !... Faut-il s'étonner que le spectre de Frankenstein flotte sur l'ensemble ?...
Posté par BBJane, 27 mai 2010 à 23:03

réponse à Valentine deluxe

Merci pour toutes ces précisions et informations
Posté par b a, 28 mai 2010 à 06:46

réponse à BB jane

Encore merci pour les liens vers le Frankestein.

Si je suis entièrement d'accord avec vous avec l'écho que ce film fait avec le Gods and monsters de Condon en revanche je trouve que la petite scène animée est particulièrement bien venu, mettant à distance, pudiquement le chagrin de Don Bachardy. Et faisant que le film se termine par une séquence plus légère que celle des larmes du peintre. Mais ce ne sont là que des détail pour ce film superbe aussi bien dans la forme que le fond

Posté par b a, 28 mai 2010 à 06:52
5 mai 2020

Kyrie Eleison de Mathéo Feray

 

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James Aubrey dans le rôle de Ralf dans l'adaptation de Peter Brook

 

(à la mémoire de James Aubrey, décédé le 6 avril 2010)

Pendant longtemps, j’ai voulu écrire un petit chose sur le bouquin de Golding... vous savez... ‘’ Lord of the Flies ‘’. A n’en pas douter, l’un des livres les plus époustouflants que j’ai lu. Avec ‘’ Voyage ‘’ bien sûr. Enfin, tout ça pour dire que c’est inatteignable, un livre. Ça ne s’explique pas, ça se vit. Et alors... poussé par la curiosité, j’ai visionné l’adaptation de Peter Brook... 1963... Oh, ça casse pas des briques. Mais c’est d’un naturel... la cruauté des mômes, sagement retransmise... la dégueulasserie de l’homme, pudiquement exposée... Affirmatif. Un petit joyau tout en longueur qui rend sagement hommage à l’œuvre du maître. C’était sur le point de se finir et j’attendais le générique de fin. Le garçon, Ralph, roule au pied du marin, pleure... l’île s’embrase. Désolation. Et là, surprise. Le générique ! Un chœur enfantin, plein d’entrain, fredonnant quelque chose, comme une ritournelle, tandis que les noms défilent, que les arbres flambent... ‘’ Kyrie Eleison ‘’... naïf on ne peut plus. J’ai pourtant ressenti un indescriptible frisson. Comme si j’avais déjà entendu ça quelque part. Au début, peut-être... lorsque Jack et sa bande rappliquaient, en ordre, pour rejoindre Ralph, traversant la plage. Figures serpentants entre les palmiers et le sable. Je pourrais pas dire... Toujours est-il que j’ai ressenti quelque chose. ‘’ Kyrie Eleison ‘’. Un vieux souvenir fabriqué. Écoutez et vous verrez. Ça dure pas longtemps. C’est joyeux, au premier abord. Insouciant. Et puis, progressivement, quand vous retournez ça dans votre tête, vous réalisez le tragique. Vous réalisez la civilisation condamnée, les coutumes artifices. Constatez... les garçons pieusement encapés qui terminent nus et sauvages, barbares. De quoi vous faire dire, assez intuitivement, que l’humanité est foutue. Foutue par nature. Trop violente. Trop débordante. Trop fervente à refouler ce qui l’abaisse, pour mieux exploser après... Golding avait bien théorisé. Magnifiquement schématisé. La dérive. Des hommes, il y en a la pelle. Quelques-uns seulement résistent. Simon, par exemple... Le contemplateur silencieux. Massacré, naturellement. Comme tout ce qui est bon sur cette Terre: massacré. Automatiquement massacré. Ralph, je reviens pas dessus. C’est au-delà de la raison. Porcinet non plus. Tout le bon finit au néant. Et le mal, seul, comme une force divine, prospère, attaque, pille, détruit. Comme je plains le nourrisson... Je me verrais bien, moi, imprécateur sur un rocher, ordonnant l’avortement des femmes enceintes et le massacre des enfants avant que tout ne tourne au cauchemar... Ce serait déjà faire appel à mon instinct sauvage. Et prouver mon altruisme ! Pas légendaire, soit, mais minimum ! Raisonné ! Vraiment... Ce monde n’est plus qu’une question de cent ans... D’ici là, le bon Dieu sera complètement dépassé. Quelle merde ! Complètement dépassé... par ces amas d’horreurs qui nous attendent... neuf décennies foutrement inquiétantes en perspective... 

Savez-vous, en outre, que j’ai déjà rédigé mes dernières volontés ? Depuis presque un an ? Choisi mon cercueil ? Et mon cimetière ? Là, au moins, je serai tranquille ! Devant l’étang. Plus personne pour me faire chier. Toutes mes cellules, mortes, pourries, décomposées... J’ai néanmoins exigé deux ou trois choses : un exemplaire du ‘’ Voyage ‘’ de Céline, un autre de ‘’ Lord of the Flies ‘’ de Golding... Peut-être aussi ‘’ La recherche ‘’ de tonton Proust... tous avec moi, dans la caisse... Et aussi le dernier disque de Brel. Qui chante la mort et les regrets. Qui survole les Marquises, grave et mélancolique. Jamais rien entendu de pareil. Jamais rien... Voilà ce que je veux, en somme ! Mes derniers caprices en cas de pépin ! Pas grand-chose à vrai dire... trois livres, un disque... peut-être plus... Rien de plus. Cercueil bibliothèque. C’est important, par les temps qui courent.
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5 mai 2020

Victor François Eloi Biennourry (1823-1893)

 

Victor François Eloi Biennourry (1823-1893)
5 mai 2020

LE CABARET DES HOMMES PERDU

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France, 2006, 120mn
Réalisation de la captation: Olivier Ciappa , texte: Christian Siméon, mise en scène : Jean-Luc Revol, musique : Patrick Laviosa , assistant à la mise en scène : Laurent Courtin, scénographie : Sophie Jacob, son : Clément Hoffmann, costumes : Aurore Popineau,lumières : Philippe Lacombe, chorégraphe : Armelle Ferron
avec : Denis D'Arcangelo, Sinan Bertrand, Alexandre Bonstein, Jérôme Pradon
 
Résumé
 

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Minuit, le cabaret des hommes perdus est désespérément vide, comme souvent, le barman se résout enfin à en fermer les portes, faute de clients. Mais subitement, un jeune homme fait irruption et s’écroule. C’est un Jeune provincial paumé, tout fraîchement débarqué en ville, qu'une “chasse aux pédés”  a jeté dans cette boîte pour drag queen des bas-fonds new yorkais. Il y est recueilli par trois curieux personnages : un beau barman tatoueur, une écervelée blonde (femme, drag, ou trans ?) et un homme qui se présente comme le Destin tout en préférant qu’on l’appelle… Dédé. A peine ont-ils sauvé le jeune homme que ses trois nouveaux compagnons lui font miroiter un avenir (un destin) à la fois ridicule et grandiose, mirifique et pathétique, hilarant et tragique : devenir, lui, le petit hétéro quelconque la nouvelle star du porno gay. Il faut dire que l’idée leurs est venu instantanément et concomitamment lorsqu’il découvre ce qu’a le garçon entre les jambes. Il le surnomment aussitôt... Dick Teyer en rapport à son mastard phallus. Dick n'a pas le choix s'il veut « s'en sortir » il devra accepter le deal du destin....devenir une star du X Gay.
On assiste à ses débuts dans ce milieu extravagant et impitoyable, à son ascension vers les sommets de la célébrité,  puis à sa chute à cause d’ un mauvais choix de carrière, l’humiliation féroce par les critiques, l’abandon du public et enfin la cruauté de l’anonymat. Déchu et sans le sou, il finit par accepter des strip-tease dégradant dans des peep-show minables. Commence alors pour Dick la descente aux enfers : la drogue, la prostitution, la maladie avec la mort pour seule issue.

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L’avis critique
 
J’avais vu le spectacle dans la belle salle du Rond point des Champs Elysée et il m’avait enchanté, la meilleur soirée au théâtre de l’année 2006. L'oeuvre a été créée au Théâtre du Rond-Point en septembre 2006 avant d'occuper le haut de l'affiche plusieurs mois durant au Théâtre Pépinière-Opéra  avant d’entamer une tournée qui fut un véritable tour de France du succès (et qui continue encore) pourtant l’organisation de la tournée ne fut pas simple comme le confiait Jean Claude Revol à un journaliste de Têtu: << Je croyais naïvement que les spectacles traitant de l'homosexualité étaient rentrés dans les moeurs mais croyez-moi, nous avons eu beaucoup de mal à trouver des théâtres pour nous programmer.>>.
 

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Dès l’ouverture on sent que l’on va assister à un spectacle pas comme les autres. Dans la grande tradition du cabaret de l’entre deux guerres le client se fait engueuler;  il n’est pas caressé dans le sens du poil mais plutôt  invité… à déguerpir ! On vous demande « de rallumer vos portables » de « sortir d'ici tant qu'il est encore temps ». Jean-Luc Revolretrouve l’esprit subversif originel du cabaret. Il faut dire que sa définition du cabaret est à la fois traditionnelle et novatrice: <Joey Stefano [star du porno gay, séropositif et mort d’une overdose à l’âge de 26 ans]. C’est comme ça qu’est apparu le personnage de Dickie, interprété par Alexandre Bonstein. Dickie arrivant dans ce cabaret, c’est comme un début de comédie musicale traditionnelle : Gene Kelly arrivant à New York par exemple, un héros débarquant dans un monde où tout peut arriver… ». A travers la trajectoire fulgurante et pathétique de Dickie, star du porno gay malgré lui, le spectacle, au passage, aborde quelques thèmes pas franchement consensuels, l’homophobie, les peep-shows, la pratique du tatouage, le travestissement et le trans-genre, l’iconographie hollywoodienne gay, les pratiques extrêmes, le désir, le besoin de reconnaissance, le miroir aux alouettes de la gloire,  le X gay, la peur de l'avenir, le chemin à prendre, les rencontres qui marquent, la peur, la drogue, la mort, les drag-queen... à mille lieues du formatage ambiant. Dans ce cabaret dont  le point de départ référentiel en tant qu’inspiration première est la revue de « la Grande Eugène » en son temps, on passe des rires aux larmes. Le glauque côtoie le sublime, le saugrenu s’allie à l’insolent, le grotesque au sexuel. Le sang et le sperme se mélangent au strass et aux plumes. Le tour de force de la mise en scène toute en nuances de Révol est grand tant celle -ci est amené à être toujours sur le fil du rasoir par le texte de Siméon , passant sans intermède de la folle gaieté au noir absolu.
 

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Derrière l’anecdote communautariste et le divertissement iconoclaste se cache une réflexion profonde et tragique à laquelle le spectateur ne s’attend pas et qui ne peut que le toucher car elle concerne tous les humains: que doit on faire lorsque l’on est à la croisée des chemins? Peut-on prendre à la légère une décision qui va influencer toute sa vie ?
Siméon s’est expliqué sur la genèse du spectacle: << Le Cabaret des hommes perdus est une commande, c'est-à-dire la manifestation puissante du désir partagé d’un metteur en scène et d’un auteur de travailler ensemble. L’acte d’écrire pour le théâtre trouve alors sa pleine détermination, sa totale amplitude. Ce n’est plus un acte solitaire mais une geste collective, l’élaboration précise et accompagnée d’une oeuvre qui se déploiera sur la scène dans la synergie des talents. L’auteur y trouve sans renoncer jamais à son entière liberté de création, la force jubilatoire d’une contrainte exogène qui le met sur les rails d’une histoire à laquelle il n’aurait probablement pas songé. Le Cabaret des hommes perdus : c’est par ces cinq mots que le metteur en scène Jean-Luc Revol m’a présenté son projet. Et ce curieux projet répondait à de nombreux désirs d’auteur qui m’habitaient.>>.
Pour mettre en musique ce beau monstre qui se situe entre le cabaret, la revue et la comédie musicale, Jean-Luc Revol a fait appel à Patrick Laviosa, avec qui il avait déjà travaillé sur plusieurs spectacles. Le compositeur connaît bien la sensibilité du metteur en scène. « Tout d’abord, j’ai voulu que ma musique soit en adéquation avec l’univers de Jean-Luc. Je sais comment il aime utiliser les contrastes par exemple, comme le fait d’avoir une musique guillerette sur une scène sordide. Pour l’esprit cabaret, il fallait aussi un côté disparate, de bric et de broc, et en même temps, je voulais que ma musique reste simple et accessible. Quand j’ai pu faire quelques références, je les ai faites ! L’ouverture est influencée par Kurt Weill, le duo d’amour est écrit comme un boléro de l’entre-deux-guerres et il y a du parlé-chanté proche des Parapluies de Cherbourg. Pour certains morceaux, Jean-Luc avait des idées très précises. Pour un numéro, il avait envie d’une ambiance très sixties : j’ai donc écrit un twist avec des choeurs qui font choop-doo-wap. Pour d’autres, c’est moi qui ai proposé des choses. De même, avec Christian, on a fait un ping-pong, en procédant par petites touches dans un échange permanent d’idées. »
Seule petite frustration pour le compositeur : le fait de se retrouver seul au piano pour des contraintes budgétaires, alors qu’il devait disposer au départ d’une petite formation orchestrale. Mais c’est un mal pour un bien ainsi le musicien avec son instrument est sur la scène en symbiose avec les acteurs, faisant partie intégrante de la troupe. 
La distribution est brillante. Les quatre comédiens sont portés par  le chaleureux un piano  placé sur scène. Ils  ont une telle énergie que parfois on penserait qu’il sont une douzaine.  Alexandre Bonstein, Denis D’Arcangelo, Sinan et Jérôme Pradon sont des habitués des spectacles musicaux des plus variés comme Les Misérables, Hair, Créatures ou Mme Raymonde... L’alchimie entre eux fonctionne parfaitement. Ils se métamorphose en plusieurs personnages. Mais les décors, les costumes ou du jeu des acteurs, tout évolue.
 

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Néanmoins J’avais trouvé lors de la représentation que Denis D’Arcangelo faisait un meneur de jeu un peu trop monocolore et pas assez Méphistophélique mais il est !irrésistible en castaphiore du pornos gay, faisant des claquettes avec une prothèse en strasses! On ne voit pas un autre acteur français ayant son abatage pour ces rôles qui comme pour ses camarades ont été écrit pour lui. Il faut remonter au trop oublié Jean Parédes  pour retrouver un pareil mélange de gouaille et de noirceur. Quant à Alexandre Bonstein qui avait déjà travaillé avec Revol sur La Tempête, la seule chose un peu gênante est qu’il faut l’accepter en très jeune homme, presque un adolescent, ce qui est possible en regard de son corps mais assez improbable quant à son visage par trop marqué qui est en divorce avec ses formes graciles et musculeuses. Mais son abatage fait vite oublier cette réserve. Il est bouleversant dans la dernière scène. Sans doute est il impossible dans le théâtre lyrique comme pour l’opéra de trouver des physiques en parfaite adéquation avec leurs rôles mais ici c’est pourtant bien le cas de Jérôme Pradon à la fois sexuel et émouvant et de Sinan Bertrand, parfait, au corps troublant qui voit ainsi ses rôles: << Chacun de nous représente un aspect de l’homosexualité. Moi, c’est la partie féminine/trans/drag queen, dirons-nous. Je suis un peu la blonde, naïve, généreuse, avec un grand cœur et en même temps, je suis tout le temps dans une extravagance et une hystérie. Lullaby, mon personnage est drôle mais je souhaiterais qu’elle soit aussi attachante et touchante. Comme les pensionnaires du cabaret jouent des scènes du destin de Dickie, on endosse tour à tour plusieurs rôles. Evidemment, j’ai principalement des rôles féminins, comme celui de Marpessa Glove, vieille diva de Broadway ou de Debbie, actrice porno...>>.
 

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Le bonheur du spectateur est dans l’ accumulation à un rythme effréné (trop parfois on aimerait avoir plus de temps pour jouir complètement d’un gag avant l’arrivée du suivant, c’est ce que permet heureusement l’indispensable dvd) des numéros chantés, dansés tous remarquablement joués. Les plus improbables et les plus  hilarants sont le tournage d’un film porno avec une réalisatrice hystérique et des acteurs défaillants et le spectacle cauchemardesque et ringard d’une vieille diva égocentrique tentant de faire son come-back sur scène sans oublier la parodie du bonheur formaté d’un couple hétéro coincé, un des airs les plus enlevés de la partition. 
La force de cette revue est aussi d’assumer, en les revendiquant avec panache, tous les clichés véhiculés par l’homosexualité. Le talent de Revol est d’avoir fait un spectacle à la fois 100 % tapiole, très cryptopédé, les personnages féminins sont inspirés de Mae West et Gloria Swanson, dans une une chanson qui s’appelle ”Porno Song” on cite des acteurs gays, mais qui est fait pour être vu par tout le monde.
Je ne fus pas le seule m’émerveiller du spectacle puisqu’il  remporta deux Molières pour l’année 2006. Le premier, celui du meilleur auteur, pour Christian Siméon (le texte de la pièce est publié à L' Avant-Scène Théâtre) et  le second, celui du meilleur spectacle musical. La performance est d’autant plus remarquable qu’il avait face à lui la super production franco américaine Cabaret qui ne déméritait pas et un autre merveilleux “petit” spectacle “Swing rutabaga” qui fut ma deuxième meilleur soirée de l’année. On le voit face à une telle opposition le mérite de cette victoire est grand.

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J’étais tellement enthousiasmé que je fis part au metteur en scène l’excellent Jean-Luc Révol de mon désir de réaliser la captation de cette merveille pour qu’un tel bonheur ne soit pas éphémère. La chose semblait bien engagée, ayant déjà travaillé en bonne entente avec lui pour la captation de Vincent River . Hélas pour moi cela ne se fit pas pour des raisons indépendantes de ma volontés...
C’est donc avec un grand plaisir avec néanmoins une once de regret que je me procurais le dvd de la captation à son premier jour de mise en vente.
Tout d’abord quel bel objet avec un beau et sobre digipack contenant deux dvd et un petit livret aussi élégant qu’informatif.
La captation a eu lieu au théâtre de la Pépinière-Opéra ce que l’on peut regretter car le Théâtre du rond point possède une scène plus grande où la mise en scène élégante et efficace de Jean-Luc Revol pouvait mieux se déployer. Cette contrainte supplémentaire ne fait qu’ajouter à l’admiration que j’ai pour la réalisation de la captation d’Olivier Ciappa. Un seul petit regret dans ce dvd exemplaire que Ciappa ne livre pas quelque secrets de la recette de cette époustouflante réussite. On sait juste qu’elle s’est déroulée de décembre 2006 à mars 2007 (et pas un faux raccord, chapeau l’artiste). Avoir pu choisir entre plusieurs représentations, mêlant un morceau de l’une avec un bout d’une autre fait au final que les acteur paraissent encore meilleur, c’est difficile à croire, que lorsqu’on les a vu sur scène.  
 

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Le dvd de bonus est une merveille d’intelligence, de pédagogie et d’inventivité. La grande idée a été de mettre en scénariser les interviews des protagonistes de la pièce, transformant ainsi ce qui est souvent fade et ennuyeux en une suite de sketchs très drôles. Car chacun s’y trouve affublé d’une épouse (toutes jouées par l’épatante Agnes Boury, épouse professionnelle louable à la journée nous indique le livret si vous êtes intéressé...). Cette invention dynamite l’interview. Ce jeu évite aussi ce qu’il pourrait y avoir de voyeurisme  en pénétrant dans les appartements de chacun dont la vraie vie est suggérée avec beaucoup de délicatesse et d’humour.  L’ irresistible drôlerie de ces entretiens n’ empèche pas que l’on y apprend beaucoup de choses sur la gestation du Cabaret des hommes perdus et sur les interviewés qui nous invitent vraiment dans leur intimité. Si après le spectacle on était sûr de leurs talents après ces rencontres on sait qu’ils sont en plus intelligents et sympathiques.
L’autre bonus principal, Dans les coulisses du cabaret des hommes perdus, nous y emmène vraiment. Il nous fait prendre conscience de l’intelligence du propos que Denis d’Archangelo résume très bien << La pièce est d’autant plus sérieuse qu’elle est légère et digeste.>>. Grâce à l’habile montage, on ne s’ ennui jamais dans cet envers du décor qui ne tue en rien la magie du spectacle mais approfondi la compréhension que l’on peut avoir de la pièce en nous ouvrant de nombreuses perspectives. Là encore beaucoup de sérieux, beaucoup d’intelligence conjugué avec beaucoup d’humour un vrai régal qu’il faut goûter jusqu'à la fin du générique où une surprise attend le spectateur patient.
 
Le fait de montrer longuement David Macquart excellent lui aussi qui remplace Jérôme Pradon, engagé à Londres dans une autre production montre la générosité de l’entreprise et l’esprit d’équipe qui l’anime ce spectacle où souffle un esprit de troupe. Il est toujours intéressant de voir un autre comédien interpréter un rôle. A ce propos Jean-Luc Revol surprend en remplaçant  pour quelques représentation Denis D’Archangelo quand ce dernier est obligé d’honorer des dates de son spectacle de madame Raymonde (à quand un dvd de celui-ci?). Le dvd contient également la remise des Molières et la possibilité de visionner à part tous les morceaux chantés.
5 mai 2020

Michel Plaisir, l'arlequin démasqué

 

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5 mai 2020

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5 mai 2020

Federico Castellon. (1914 - 1971) Le meurtre du Minotaure

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Federico Castellon. (1914 - 1971) Le meurtre du Minotaure
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