Hier soir il régnait une atmosphère particulière au Casino de Paris pour le concert du groupe de tambours japonais Yamato en raison des évènements tragiques que vit le Japon en ce moment. Avant le spectacle ces virtuoses du tambour, on fait une annonce comme quoi il versait la moitié des bénéfices du spectacle à la croix rouge japonaise.
Le groupe est composé de cinq filles et de cinq garçons originaires de Nara, la ville aux daims en liberté. Yamato, qui est le nom ancien du Japon, a été fondé en 1993 et est dirigé par Ogawa Masa. Durant deux heures, le spectacle « matsuri » qui est le nom pour les fêtes traditionnelles au Japon, que l'on traduit assez improprement par kermesse, se divise en 9 tableaux répartis en deux périodes de cinquante minutes que sépare un entracte. Les jeunes gens frappent leur kyrielle de tambours ( les taiko) de toutes formes et de toutes tailles, avec un enthousiasme et une énergie qui deviennent vite communicative. Les taiko servent à parler aux Dieux au Japon lors de cérémonies et de fêtes, espérons qu'hier soir les dieux du shintoïsme aient été réceptifs, le pays du soleil levant en ces jours a besoin de toutes leurs mansuétudes.
L'extraordinaire énergie des musiciens ne connait pas la moindre baisse durant tout le spectacle. J'avais un peu la crainte de sortir assourdi d'un tel spectacle, comme après certains concerts de rock, mais pas du tout. Est-ce parce que le son est un son « naturel » il sort directement de la peau tendu des tambours frappés tantôt par de frêles baguettes, tantôt par de sortes de battes de base-ball, parfois même pour le plus volumineux par une espèce de massue, et et non par l'intermédiaire de hauts-parleurs?
Le spectacle n'est pas que pour les oreilles. Les yeux se repaissent du ballets des corps musculeux des musiciens sculptés par des lumières savantes qui contribue beaucoup à la magie du spectacle (d'autant mieux que j'étais assis au premier rang de l'orchestre). Il est difficile de ne pas se laisser prendre par les chorégraphies et le rythme. Pour délasser nos oreilles et reposer notre concentration, les artistes savent faire participer le public aux moyen de sketchs musicaux cocasses d'un humour typiquement japonais.
A un moment, fermant les yeux, j'ai eu l'impression, lorsque les batteurs ne faisaient que caresser leur instrument que les tambours s'éloignaient comme pour se perdre sur les chemins qui serpentent, vers les dieux, du coté du mont Koya.
A la fin du spectacle les artistes reçoivent une standing ovation. Ils se précipite encore en tenue de scène dans le hall du casino de Paris pour recueillir des dons pour les victimes du tsunamis, des spectateurs qui visiblement en amoureux du Japon se montrent généreux.