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Dans les diagonales du temps
12 mai 2020

Stanley Kubrick, New York en 1947

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12 mai 2020

Eddy Varekamp

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12 mai 2020

Le saint Sébastien de Bruce Weber

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12 mai 2020

Adieu Bonaparte de Youssef Chahine

   
Fiche technique :
 
Avec Michel Piccoli, Mohsen Mohiedine, Mohsena Tewfik et Patrice Chéreau.
Réalisé par Youssef Chahine. Scénario : Youssef Chahine. Directeur de la photographie : Mohsen Nasr. Compositeur : Gabriel Yared.
 
Egypte-France, 1985, Durée : 115 mn. Disponible en VO, VOST et VF.

Résumé :

Avide de puissance et de gloire, Bonaparte entame la campagne d'Égypte. Loin de ces préoccupations guerrières, Caffarelli, l'un de ses généraux, part à la découverte de ce pays et de son aâme. Il va s'opposer à l'action exclusivement destructrice de Bonaparte.

L'avis critique
 
Le film retrace la campagne d'Égypte de Bonaparte en 1798 vue sous le regard d'une famille d'Alexandrie composée du père, de la mère et de trois fils dont Aly, le poète et Yehia, le plus jeune. De nombreux scientifiques accompagnent Bonaparte qui se pose en libérateur, parmi eux, le général Caffarelli (Michel Piccoli). Ce dernier se lie d’amitié avec deux jeunes égyptiens, Aly, un poète et son jeune frère, Yehia (Chahine reprend ce prénom dont il a nommé son double dans sa trilogie autobiographique. Est-ce à dire que le réalisateur s’identifie au jeune garçon ?). L’attirance sexuelle du général pour les deux garçons est évidente, Aly pour son esprit et Yehia pour son corps. Sa personnalité séduit les deux frères mais la guerre détruit leur amitié. Devant Saint-Jean d’Acre Caffarelli mortellement blessé accuse Bonaparte d’avoir trahi l’idéal révolutionnaire. Son amour des deux garçons a fait qu’il s’est désolidarisé du colonialisme brutal du futur Napoléon. Il meurt laissant Aly à sa tristesse, mais fort de l’humanisme qu’il a su lui transmettre. 
Caffarelli est une figure magnifique de grandeur blessée, un personnage à contre courant du sens de l’histoire qui se sait condamné, (par ses supérieurs, par son âge, par ses désirs ) et n’a plus envie de jouer aucun jeu, désire seulement faire tomber tous les masques et s’ouvrir aux autres. 
À signaler qu’au milieu d’un casting inventif, dominé par Michel Piccoli qui trouve là peut-être son plus beau rôle, on voit passer fugitivement Christian Patay, ex-meurtrier bressonien de L’Argent interprétant Horace Say et Claude Cernay acteur récurrent des films de Gérard Blain. Claude Cernay est populaire en Égypte où il a joué dans plusieurs feuilletons télévisés, quant à Patrice Cherreau sa piètre interprétation de Bonaparte est la seule fausse note du film mais ce choix est cohérent avec les déclarations du réalisateur : « Bonaparte a été un abominable dévastateur, mais finalement, il a été l’un des personnages les moins importants de l’expédition... Ce qui a compté pour l’avenir des Égyptiens, ce n’était pas Bonaparte, c’étaient les âmes universelles et cultivées dont il avait eu l’idée lumineuse de s’entourer, des gens comme Monge ou Caffarelli. Caffarelli est le symbole de cet amour que les français de 1799 éprouvèrent pour l’Égypte. Du coup, leur image chez nous est restée celle d’amants et non pas d’oppresseurs. Un mélange de science et de curiosité amoureuse ont fécondé l’Égypte, et l’Égypte moderne est née. Le colonialisme anglais au contraire, fut sec, fermé. »
Ce grand film a inspiré à Serge Daney, sous le titre ”La petite phrase” un de ses plus beau texte sur le cinéma dont voici un court extrait: « Caffarelli est dans le film cet aventurier-général-savant-utopiste qui s’intéresse moins à ce qu’il devine (la froide ambition de Bonaparte) qu’à ce qu’il découvre (l’Égypte, mythe réel, un monde à civiliser, un peuple à respecter, des garçons à aimer – d’un amour sublime, s’il se peut). Youssef Chahine a aimé inventer le personnage de Caffarelli. Il y a mis la partie universelle de ses affects. Car Caffarelli est le précurseur de tous ces soldats plus ou moins perdus que la sensualité du desert et des villes arabes révélera à eux-mêmes.»
Serge Daney (Ciné journal, ed. Cahiers du Cinéma.) 
12 mai 2020

Le jeune pêcheur de Camogli

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Camogli, Italie, aout 1992

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12 mai 2020

Cahiers-décharge de Pascal Françaix

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Le plus gros défaut, il n’en a guère qu’un autre, du roman de Pascal Françaix est son impossibilité de le lire dans les transports en commun et tous lieux publics, à moins d’être doté d’un flegme estonien, tant vos voisins pourraient être alarmés de vous voir pouffer et pleurer de rire toutes les minutes. Pour ma part, pour dévorer le volume, j’ai choisi mon carré d’herbes et la seule compagnie de mes chats. Ébaudissements que provoquent à la fois les péripéties et le style de l’ouvrage.

Commençons par son argument… même si dans le cas présent la manière prend le pas sur l’action ce qui ne veut pas dire que celle-ci ne vous tiendra pas en haleine jusqu’à la fin. LesCahiers-Décharge sont ceux dans lesquels Philippe, au milieu de la trentaine alcoolisée, nous narre, à la première personne, pour se soulager des avanies qui l’accablent et elles ne seront pas minces durant les 380 pages du récit.

Même avant l’avalanche de calamités qui s’abattent sur sa tête, la situation du héros n’était déjà guère enviable. Pour subsister Philippe écrit des romans pornographiques qu’il doit livrer à raison d’un par mois, à son éditeur, un dénommé Morbac, aussi crampon que son nom le laisse supposer. Cette activité lui permet de travailler à son domicile, ce qui semble indispensable puisqu’il doit s’occuper de sa mère grabataire et muette depuis cinq ans, date de l’accident qui a tué son mari et l’a transformé en légume. Les deux seules distractions de notre narrateur sont de s’imbiber dans son bistrot préféré et de martyriser sa mère pour la punir de lui avoir fait vivre une enfance trop heureuse, ce qui ne l’a pas suffisamment endurci pour pouvoir vivre sa chienne de vie. Cette morne vie va tout à coup s’accélérer lorsque, par le plus grand des hasards, Philippe va faire la connaissance de Rachid, un jeune beur en délicatesse avec un gang de néo-nazis locaux. Le jeune homme va immédiatement tomber amoureux de Philippe, pourtant raciste et homophobe : « Comment j’avais pas pu deviner. Peut-être à cause qu’il est arabe ? Être en même temps crouye et tapette, raton et castor à la fois, ça me paraissait trop poussé – trop malchanceux pour être vrai... »

Mise ainsi à plat, on mesure la performance de Pascal Françaix d’avoir rendu cette histoire hilarante dont le héros n’est pas sympathique.

Et cela grâce à un style qui m’a totalement surpris par le décalage qui existe entre celui-ci et le ton des proses blogueuses de l’auteur (sous le pseudonyme de BBJane Huson). Ce ton, cette manière ont ravivé dans ma cervelle oublieuse toute une bibliothèque. Au premier abord, j’eus l’impression de continuer ma visite chez les pasticheurs, puisque je lisais en parallèle de ceCahiers-DéchargeLes Morot-Chandonneur de Philippe Jullian et Bernard Minoret, qui feront l’objet d’un prochain billet et qui eux-mêmes m’auront fait revisiter des maîtres dans le domaine que sont Reboux et Muller, sans oublier Jean-Louis Curtis. J’eus donc le sentiment avec le début de Cahiers-Décharge de lire un pastiche de Céline et plus particulièrement de Mort à crédit et des Beaux draps. Je m’en réjouissais d’autant que les vaillants auteurs précités n’étaient pas aller voir du côté de l’ermite de Meudon, mais aussi, je dois dire que la longueur de l’exercice m’inquiétait quelque peu, le pastiche étant généralement une nouvelle et pas un gros roman de plus de trois cents pages...

Heureusement, très vite, à la voix de Céline s’ajoute celle de Jean-Pierre Martinet dont le Jérôme par son alcoolisme et ses relations avec sa mère est un cousin de notre Philippe. Ce personnage n’est pas pour rien dans l’esclaffage continu que provoque ce roman, pessimiste misanthrope à faire paraître comme de joyeux rousseauistes le Ferdinand de Mort à crédit et l’Ignatius de La Conjuration des imbéciles de John Kennedy Toole… que l’on en juge : « J’ai jamais rien su intégrer – aucun groupe d’aucune race. On est tout seul sa propre race, la seule, l’unique qui vaille ! Tout autrui est rascaille ! Au bûcher nos prochains ! Au fagot ! À la destripade ! Moi je ne me suis jamais reconnu de semblables ! “Les miens” me sont pas moins étrangers que les autres – On n’a pas de frères en ce monde, on est tous fils et filles uniques, bâtards orphelins dans la merde... » Si le Philippe déteste les arabes, les gros bras d’extrême droite, les homos, les belges, sa famille, et les gens du peuple de son rade favori, c’est uniquement parce qu’il les croise. Il rencontrerait des juifs, des aristocrates, ou des italiens ce serait tout pareil. C’est l’humanité toute entière qu’il vomit. Cette haine du bipède n’est pas comme chez un Léautaud compensée par un amour des animaux, curieusement aucune bestiole dans l’univers deCahiers-Décharge.

L’alcoolisme est une constante du livre, ce qui nous vaut quelques portraits savoureux de piliers de bistrots : « Yvres, lui c’est l’aimable tututeur, ennemi des tintouins. Un biberonneur flegmatique, toujours tiré à quatre épingles. Un mister Beam neurasthénique au regard en trou de pine. Il a rien contre les basanés – rien contre personne, pour tout dire, depuis qu’il a plus rien pour lui. Il sirote en indifférent à son coin de comptoir, un pied sur la rampe en laiton pour affermir son équilibre, tel un funambule hydropathe en arrêt sur son fil, perdu dans sa berlure, trois cents mètres au-dessus du commun des rampants. »

La misanthropie affichée de Philippe, énorme, laisse entrevoir par quelques interstices, le portrait d’un rebelle sensible, généreux et blessé, qui en définitive s’aime peu.

Le récit nous étant conté à la première personne, naïvement dans cette configuration romanesque, on a toujours la tentation, même si l’on s’en défend, de faire un amalgame entre l’auteur et son personnage disant « je ». Il reste à espérer pour l’écrivain, dont je n’ai lu aucun autre ouvrage, qu’il soit le plus éloigné possible de Philippe. À ce sujet on ne peut qu’en rester aux supputations, Françaix n’ayant pas décrit physiquement son héros, ce qui me parait être une rare faiblesse de Cahiers-Décharge, il n’y a même aucune allusion ni à son aspect pas plus qu’à sa vêture, ce que je trouve dommage, le psychomorphisme n’étant pas que légende. On peut me rétorquer que Céline n’a pas non plus dépeint son Bardamu, mais depuis le génial Tardi s’est chargé de lui donner des traits... À cette démarche je préfère celle d’Alphonse Boudard, autre parentèle de Françaix, avec Simonin, A.D.G., Apruz, Paraz... qui me parait évidente, qui a tracé la silhouette de son Alphonse, il est vrai que c’était la sienne...

Philippe est comme Ignatus resté au fond un grand enfant, mais presque tous les personnages de ce livre semblent immatures. Philippe, aux goûts cinématographiques exclusifs et récessifs pour les films de série Z, en a d’ailleurs conscience et il essaye de combattre cet état, par exemple en refusant une chasse au snark, jeu qu’il partageait lorsqu’il était collégien avec son meilleur copain Gautier. À ce propos, on peut regretter que les relations entre les deux hommes n’aient pas été plus fouillées. Les pages qui leur sont consacrées sont les plus émouvantes et poétiques. Comme si, dans celles-ci, libéré de son extraordinaire faconde volubile, Philippe s’évadait de la prison qu’est son langage argotique, qui parfois par son systématisme étouffe son être profond, pour laisser parler enfin son cœur.

Le récit dans sa forme est, comme chez Céline, un combat constant entre le naturalisme et le délirant.

Le plaisir principal que le lecteur retire de Cahiers-Décharge est nourri par une invention langagière constante qui d’ellipses en néologismes donne, chez Françaix, comme chez Céline, une profondeur au texte due à l’équivoque, au flou, à l’imagé, au double sens (à commencer par celui du titre). Pourtant jamais les tournures inusitées obscurcissent la lecture.

Mais le roman est bien autre chose encore, comme le portrait sans fard et sans illusion d’une France d’en bas provinciale, en l’occurrence celle de Cambrai, où se mêlent beurs minables trafiquants des cités, bas du front piétaille d’un borgne, et alcooliques de père en fils (ce ne sont plus les chtis roses bonbon!)...

Philippe n’est pas un imprécateur comme le Bardamu célinien ou un anarchiste de droite comme le double d’Alphonse Boudard. Il n’en appelle pas non plus au ciel et aux hommes, comme le fait parfois Paraz, pour être témoin de sa mouise. Non, c’est un fataliste, un passif, qui ne va pas vers les coups dans des engagements ou des aventures risquées mais qui les reçoit parce qu’il est au mauvais endroit au mauvais moment. S’il déteste les arabes, il exècre tout autant leurs persécuteurs : « Les FF,... le sens des initiales... Pas les Faibles Félouzes... ni les Fignons Farcis... les Frileux Fribourgeois ? peut-être les Foireux Frangins ?... Fous furieux ?... Fières Fripouilles ?... les Fachos Frappadingues ?... On brûle !... – Force de Frappe ! C’est ça le sens du sigle ! Un sombre groupuscule de malfreux malabars, haineux, toccards, agités du caisson (...) des crânes-derges ! Milichiens de garde ! Svastiké à la mord mein-kampf ! (...) un tas de tronches plates, d’abrutis pochtronneux zonards atrophiés du bulbe et schmectant du goulot... »

C’est aussi un recueil de morceaux de bravoure comme cette description du rayon gadgets d’un sex-shop : « ... Des sortes de joujoux pataphysiques. Qu’on s’interroge duraille s’y sont fait pour servir, et comment ? et à quoi ? – pour donner quels frissons ? apaiser quelle fièvre ?... Ou si c’est pas des fois des éléments décoratifs – bibelots bizarroïdes ?... On peut pas dire. Ça rend perplexe. On sait pas du tout quoi en penser. On doit pas être assez pervers. Doit falloir une tournure d’esprit tout à fait tortueuse pour résoudre l’énigme de ces schmilblicks. Sûrement qu’on est trop niais... » ou encore la description d’un gogo boy : « Quand l’autre tombe le string, c’est le nirvana des délires. La frénésie des vocalises. À faire péter tous les cristals à dix kilomètres à la ronde... Faut, le petit pâtre, il est outillé colossal ! Pesamment burné et nanti d’un de ces chibraques ! Déjà rien qu’au repos, c’était racornissant à voir ! Fallait pas songer en action ! Aux heures de pointe son siffredi devait lui faire hausser le menton ! »

On trouve aussi quelques sentences définitives qui ne sont peut-être pas de mauvais viatiques tel : « Ça compte un peu la première pipe ! Quand on s’est fait bouffer l’aspic, on n’avale plus de couleuvres. Les lèvres des amantes désamorcent l’amour des mères. »

Le souci du style est constant chez Françaix. Avec les extraits qui parsèment cet article, le célinien aura reconnu sans mal les recettes savoureuses du maître, phrases en apposition, souvent sans verbe, prolifération des trois points et des points d’exclamation, répétitions, pratique constante de néologismes accolés presque toujours avec des termes argotiques souvent désuets ou des termes savants et techniques, interpellations du lecteur... Françaix nous informe lui-même sur sa cuisine (même si dans les lignes qui suivent il décrit la pratique romanesque de son héros qui n’est pas la même que celle de son géniteur. Il fait même l’inverse) : « Mes lecteurs (...) ne lisent pas seulement d’une main : aussi que d’un œil ! ils vont vite ! ils tracent ! ils ont hâte ! ils se ruent au passage croustillant ! il leur faut du limpide, clair net et précis ! Du style coulant qu’on glisse à la surface... Si tu les paumes en tarabiscotages, c’est terminé : ils banderont plus. Ils ont beau tous être tordus, pervers déviés jusqu’à la moelle : ils sont rigides en orthographe, pudibonds en grammaire. Ils tiennent au bon ordre des phrases. Sujet-verbe-complément. Pipe-enfilage-orgasme. C’est leur structure de base, faut pas en décarrer. Si t’inaugures dans les tournures, si tu leur déplaces une virgule, ils vont paniquer complètement, s’emmêler les pédales. Ils sauront plus différencier un joufflu d’une cramouille. »

Deux choses curieuses à propos des livres et de l’orthographe, si le héros est écrivain, un scribe particulier certes, nulle trace dans son paysage de livres et pas plus d’allusions littéraires mise à part celle à Lewis Carroll et pourquoi orthographier maman, mamman avec deux m ?

Ce qui empêche Cahiers-Décharge d’accéder au rang des chefs-d’œuvre est sa fin dans laquelle le précaire équilibre que Françaix avait réussi à maintenir jusque là, entre le naturalisme et le délirant, est rompu au profit malheureusement de ce dernier. Le final a, à la fois, un côté Sade chez les Bidochon et petit malin post moderne avec sa pirouette du texte dans le texte. Cette extravagance précieuse gâche un peu l’excellente impression qu’avait donné jusque là l’ouvrage. Il me semble que Cahiers-Décharge est, malgré, ou à cause, du talent de son auteur, encore un de ces livres non édités au sens anglo-saxon du terme. Cette vacance des éditeurs est l’un des maux principaux dont souffrent les lettres françaises. Peut-être faudrait-il se mettre aux pratiques anglo-saxonnes avec leurs agents littéraires pour remédier à ces carences. Je ne ferais pas non plus de compliments aux éditions Baleine, chez qui on doit pouvoir commander cet indispensable ouvrage, pour leur maquette particulièrement laide.

Il n’en reste pas moins que la lecture de Cahiers-Décharge est à recommander à tous les amoureux de la langue. Il est en plus un médicament insurpassable contre la morosité.

12 mai 2020

Quirin Fürst photographié par Jürgen Wiesmayer (2)

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Les Saint Sebastian de Ronaldo Gutierrez

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11 mai 2020

David Wojnarowicz, Arthur Rimbaud à New York

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Le photographe David Wojnarowicz réussit merveilleusement à marier dans son œuvre ses passions littéraires et visuelles, de façon tellement admirable qu’elles sont inextricablement entrelacées comme le démontre sa série photographique "Arthur Rimbaud à New York" (1979-1980) dont on peut en voir un exemplaire au  Whitney Museum de New York (sauf lorsqu’il y a des expositions thématiques). Les photos portent des titres comme "Rimbaud à Brooklyn jour et nuit", "Rimbaud dans Chinatown", "Rimbaud dans Bowery", "Rimbaud sur le fleuve inférieur du côté Ouest"...

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Pour ses photos, Wojnarowicz a employé un masque de Rimbaud grandeur nature qu'il a confectionné à partir d'une reproduction d’une photographie du poète à 17 ans, prise par Etienne Carjat à Paris en 1871.
L'artiste a collé cette image de Rimbaud sur un morceau de panneau de carton fort et a découpé en suivant le pourtour de la tête. Il a alors attaché une bande élastique au dos du masque avec des bandes noires qu'il a collé de chaque côté des yeux près des tempes. Wojnarowicz a également fait deux petites ouvertures pour les yeux, et une pour la bouche.



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Wojnarowicz a décrit son travail  comme des images jouant avec une idée de compression du temps, entre celui historique de Rimbaud et celui aujourd’hui. Il voulait fondre le poète français dans la ville (Ernest Pignon-Ernest l’a également fait mais dans un tout autre esprit) en le mettant dans des situations qui seraient la plupart du temps illégales. Pour réaliser ces photos, Wojnarowicz lui-même et deux ou trois autres hommes ont porté le masque de Rimbaud.



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N'importe quelle figure masquée soulève la question de qui est caché sous le masque, mais cet Arthur Rimbaud photographié à New York pose également la question plus intrigante de qui était derrière la légende de Rimbaud. Wojnarowicz a employé le masque de Rimbaud pour créer l'identité ou l'esprit du poète décédé, mais la nature manifeste de sa mascarade est compatible avec l’approche journalistique qu'il a adoptée pour cette série. Comme William Klein, qui a photographié New York au milieu des années 50, Wojnarowicz nous livre aussi avec cette série sa propre vision de New York vers la fin des années 70.



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David Wojnarowicz a été clairement fasciné par Rimbaud, à la fois par son écriture, et à la fois par sa vie. Il était probablement une source d'inspiration et d’identification pour lui. Jean Genet le sera également.



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Wojnarowicz (1954-1992) a vécu presque exactement cent ans après Arthur Rimbaud (1854-1891). Il y a beaucoup de parallèles entre la vie des deux hommes. Les similitudes les plus évidentes sont : la violence qu'ils ont éprouvé dans leur jeunesse ; le sentiment d'emprisonnement qu'ils ont tous les deux ressenti lorqu’ils étaient adolescents (Wojnarowicz avec un père violent et Rimbaud avec une mère dominatrice) ; leur désir de vivre entièrement en dehors de l'environnement bourgeois ou de la classe moyenne de leur naissance ; et bien sûr leur homosexualité...



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David Wojnarowicz naît à Red Bank dans le New Jersey en 1954. Enfant battu et maltraité, il abandonne l'école secondaire lorsqu’il découvre son homosexualité à l'adolescence. Il s’enfuit à New York, où il vit dans la rue et subsiste grâce à la prostitution occasionnelle.



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Wojnarowicz, autodidacte, a trouvé son salut dans l'art et l'écriture. Pourtant sa manière de vivre entrera souvent en conflit avec sa pratique artistique. Il traverse les États-Unis en auto-stop et vit à San Francisco puis à Paris pendant plusieurs mois.



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En 1978, il s'installe à New York. De la fin des années 1970 jusque dans les années 1980, il réalise des films en super 8 tels que Heroin (on peut voir un exemple de son cinéma expérimental ici), commence la série photographique "Arthur Rimbaud", effectue un travail de pochoirs, joue dans le groupe appelé 3 Teens Kill 4, et expose dans les galeries fameuses de l'East Village.


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Pendant les années 80, il devient un artiste reconnu (photographe, vidéaste, peintre, sculpteur et écrivain). Il appartient au mouvement artistique de l’East Village et évolue dans le milieu alternatif new-yorkais (Nan Goldin, Richard Kern, Lydia Lunch, Kathy Acker...). Le poète William Burroughs ne s’était pas trompé sur son talent, qui écrivait : « David Wojnarowicz déclare qu’il crée chaque peinture, chaque photographie, chaque phrase comme si c’était la dernière. (Lorsque nous sommes directement confrontés à la mort, à cet instant-là, nous sommes immortels.) Il dit que la chose la plus dangereuse, la plus subversive que nous puissions faire est d’observer et de voir la structure de la société ou de la réalité. Lorsqu’on la voit, elle disparaît. »



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En 1985, il est inclus dans le "so-called Graffiti Show" de la Biennale du Whitney Museum of American Art. Homosexuel militant, il critique farouchement la société américaine. Il est diagnostiqué séropositif en 1987. Il dira alors : « Lorsqu’on m’a appris que j’avais contracté le virus, j’ai tout de suite compris que c’était surtout cette société malade que j’avais contractée. » Il est le premier artiste américain gay à répondre à la crise du sida avec colère et indignation. Il a utilisé son art comme un outil de polémique pour dénoncer ceux qu'il a tenu pour responsables de l'épidémie du SIDA. Au-dessus de la photo représentant sur son lit de mort Peter Hujar, illustre photographe devenu son amant, son mentor, son ami, il avait aussi écrit : « Et je trimballe ma rage tel un œuf gorgé de sang, et la ligne est ténue entre le dedans et le dehors, et la ligne est ténue entre la pensée et l’action, cette ligne est formée de sang, de chair et d’os, et je me surprends de plus en plus fréquemment à rêver tout éveillé que je trempe des flèches amazoniennes dans du sang contaminé puis les plante en plein dans la nuque de certains hommes politiques. » David Wojnarowicz meurt du sida en 1992.



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Il ne faudrait pas que la mise en lumière récente du travail photographique de Wojnarowicz grâce à l’acquisition d’une de ses images de la série Rimbaud par le Whitney Museum (une adresse à fréquenter régulièrement lorsque l’on est à Manhattan) éclipse le reste de l’œuvre, en particulier ses sensuels collages et ses puissants dessins.



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Ses films non plus ne doivent pas tomber dans l’oubli. David Wojnarowicz a décrit par son art hallucinatoire la faune interlope de l’East Village, ses rencontres sexuelles furtives et anonymes, sa révolte politique contre la société américaine (son homophobie et son ultra-conservatisme face à l’épidémie du sida, notamment). La série des "Sex Series and others", co-réalisée avec les cinéastes Marion Scemama et François Pain résulte de leur longue amitié, et laisse se dessiner les rêves et cauchemars de Wojnarowicz, sa rage devant le traitement que réserve « l’usine à tuer américaine » aux marginaux et laissés pour compte du rêve américain.



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Deux de ses livres ont été édité en France : Au bord du gouffre (2004) et Chroniques des quais(2005), tous deux dans la collection Désordre aux éditions du Serpent à plumes.
Félix Guattari a parfaitement définit l’œuvre de cet artiste : « C’est parce que l’œuvre créatrice de David Wojnarowicz procède de toute sa vie qu’elle a acquis une pareille puissance. Alors que tout semble dit et redit, quelque chose émerge du chaos de David Wojnarowicz qui nous place devant notre responsabilité d’être pour quelque chose dans le cours du mouvement du monde. »
Nota : Vous trouverez ici une interview en français de Wojnarowicz par Nan Goldin où il s’explique entre autres sur ses désirs sexuels.



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11 mai 2020

Chiron Teaching Achilles to Shoot with the Bow. 1811. Bertel Thorvaldsen.1770-1844.

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