USA, 2007, 90mn, documentaire biographique
Réalisation: Tina Mascara, Guido Santi
Résumé:
Chris and Don retrace l'histoire d'amour de plus de trente ans qui unit deux hommes exceptionnels, l'écrivain Christopher Isherwood et le peintre et dessinateur Don Bachardy de 1952 à la mort d'Isherwood en 1986.
L'avis de B. A.
Le film commence par évoquer à grands traits la vie de Christopher Isherwood avant sa vie commune avec Don Bachardy. On brosse le portrait de l'écrivain, de sa naissance en 1904 dans une riche famille anglaise, puis ses étude à Cambridgeà ce qui fut une étape importante dans sa vie, son départ en 1929 pour Berlin pour se consacrer à l'écriture et ... aux garçons. En compagnie de son ami le poète W Auden, il tombe amoureux d'une ville où il peut vivre son homosexualité jusqu'à l'arrivée d'Hitler qui le contraint à fuir ces lieux devenus désormais inhospitaliers. Après une errance en Europe, il embarque pour les Etats-Unis, pacifiste convaincu essentiellement pour fuir la guerre, d'abord pour New-York où il ne se plait pas, puis il met le cap à l'ouest et se fixe à Los Angeles. Il y découvre les religions orientales et des jeunes gens à son gout. Sur les rives du Pacifique la carrière littéraire de Christopher Isherwood s'épanouit. En 1952, sur la plage de Santa-Monica, il rencontre un joli garçon de 18 ans, Don...
C'est le Don Bachardy d'aujourd'hui qui évoque d'abord son enfance et son adolescence fascinées par le cinéma et surtout par les stars d'Hollywood. Il nous raconte par le menu les débuts de son aventure avec Christopher Isherwood qui durera trente ans même si elle ne fut pas toujours au beau fixe. Il ne cache pas les réactions d'homophobie que leur relation provoqua. Il faut dire que le très appétissant Don d'alors faisait plus jeune que son âge et arborait parfois des tenues, que l'on voit sur les petits films d'époque, qui étaient de véritables appels au viol.
C'est avec beaucoup de simplicité et d'émotion que l'artiste renommée d'aujourd'hui se rappelle le garçon ignorant et naïf d'hier, angoissé et ébloui à la fois par les célébrités que son ami lui présentait. Le film est a ce titre un document exceptionnel car on y aperçoit dans leur quotidien, en compagnie du couple, les célébrités les plus diverses que côtoyait Isherwood, W. H. Auden, Forster, Anna Magnani, Burt Lancaster, Igor Stravinsky, Aldous Huxley, Raymond Chandler... Christopher Isherwood emmène son jeune ami en Europe et on les voit en amoureux à Venise et à Paris.
Comme en témoigne Leslie Caron, John Boorman, Liza Minnelli, et quelques autres Christopher Isherwood n'a jamais caché son ami. Il a toujours fait comme si c'était une évidence qu'ils étaient en couple. Ce qui n'allait pas de soit dans l'Amérique des années cinquante et soixante d'autant que le différence d'âge entre les deux hommes, plus de trente ans, ne passait pas inaperçu. C'est toujours avec la même évidence tranquille dont Don Bachardy ne se départira que lors de l'évocation de la mort de son ami, qu'il explique que c'est Christopher Isherwood qui le poussa à s'inscrire dans une école d'art, malgré l'hostilité de ses parents et que c'est lui qui paya ses études. Isherwood est donc un des très rares pygmalions qui ait réussi.
C'est avec franchise que Don Bachardy explique que lorsqu' Il a commencé à se rendre compte qu'il pouvait vivre d'une façon indépendante en raison du succès de ses oeuvres, il s'est poser la question de rester avec Isherwood.
J'ai appris que pendant les années 70, Chris et Don ont commencé à collaborer sur divers projets d'écriture, tels qu'un "Frankenstein" dans lequel le monstre nait beau et se dégrade au fur et à mesure pour devenir repoussant. Les quelques images que nous voyons de ce film donne très envie de le voir (si quelqu'un en connait le moyen, il est le bien venu.). Car un autre immense intérêt de Chris and Don, a love story, est de nous montrer de très nombreuses oeuvres de Don Bachardy. Celles-ci seront une découverte pour beaucoup de spectateur tant un artiste de son envergure n'a pas le droit de citer dans notre triste landerneau artistique pour les raisons que j'ai moult fois décrites.
Lorsqu'ils étaient éloigné l'un de l'autre, ils s'envoyaient de petites cartes sur lesquelles chacun se figurait en animal, Christopher Isherwood en cheval et Don Bachardy en chat. Ce dernier très spirituellement confesse qu'ils n'ont jamais eu d'animaux de compagnie car ils étaient chacun l' animal de compagnie de l'autre.