OLIVIER SOUS LA DOUCHE
La Varenne, juillet 1983
Je suivais mes pieds errant un peu au hasard, comme j'aime le faire dans toutes les villes du monde, y compris Paris, dans le centre de La Havane, non loin de la fameuse manufacture de cigares et près du quartier chinois, lorsque par une grande porte ouverte donnant sur un terrain vague, j'y vis échouées là, incongrues en ce lieu, mais y a-t-il vraiment quelque chose qui ne soit pas incongrue à Cuba pour des yeux d'européens policés, de vieilles locomotives. L'ouverture du lieu m'invitait à y entrer. Je commençais à photographier ces épaves évocatrices, lorsqu'un gardien débonnaire s'approcha, peu étonné de me voir dans l'enclos et visiblement heureux d'avoir un curieux s'intéresser aux machines sur lesquelles il veillait. Il m'apprit que ces locomotives venaient d'Allemagne, d'Angleterre, des Etats-Unis et sans doute d'autres lieux et que certaines étaient vieilles de plus d'un siècle et servaient à tirer les wagons qui transportaient la canne à sucre. Mon guide improvisé pendant que je continuais à tirer le portrait de ces vénérables mécaniques m'informa également que ces machines étaient là en attente de restauration avant de finir leurs jours confortablement dans un musée. La restauration semblait aller au rythme cubain qui n'est frénétique que pour la salsa, mais en effet une des locomotives avait retrouvé son aspect pimpant de sa sortie d'usine.
Cuba, La Havane, décembre 2009