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Dans les diagonales du temps
11 février 2022

La vallée des immortels d'Yves sente, tenu Berserik, Peter van Dongen

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Couverture alternative (édition bibliophile - Dargaud 2018

"La vallée des immortels" commence à l'instant où se termine « Le  Secret de l’Espadon », paru dans l'hebdomadaire Tintin entre 1946 et 1949, le tyrannique Basam-Damdu était anéanti dans son palais tibétain de Lhassa, "La vallée des immortels reprend même exactement quelque cases de l'épilogue du "Secret de l'Espadon",  cette victoire alliée mettant fin à la Troisième Guerre mondiale. Pourtant, rien n’était achevé ! Après avoir raconté les évènements ayant précédé le chef-d’œuvre d’E.P. Jacobs dans « Le Bâton de Plutarque » paru 2014, épisode dessiné par André Juillard, Yves Sente s’est penché sur ce qui se passe après. La nouvelle aventure se déroulera sur deux tomes. Elle est dessinée par deux Hollandais dont je n'avais jamais entendu parler: Peter Van Dongen et Teun Berserik. Cette suite débute en Chine en 1949 au moment où la guerre civile fait rage entre les communistes de Mao et les nationalistes de Chang Kai chek, sans oublier quelques  le Seigneurs de la guerre. L'un d'eux, Xi-Li cherche à mettre la main sur un manuscrit qui lui permettra d’asseoir son pouvoir sur l’Empire du Milieu... 
 
Les communistes chinois menaçant la colonie en 1949, Mortimer travaille sur un nouvel engin capable de défendre Hongkong. Parallèlement, il mène sur place une quête archéologique. De son côté, le capitaine Blake apparaît une fois de plus en défenseur de l’Empire britannique. Blake et Mortimer vont avoir fort à faire, ce d’autant plus que l’insaisissable Olrik mûrit sa revanche… Premier volet d’un diptyque annoncé, « La Vallée des immortels », 25e opus de la série, replonge aux sources des grandes arcanes et thématiques jacobsiennes. C'est paradoxalement par là que l'on pourrait voir une faiblesse de l'album qui reprenant nombre d'obsessions et de figures jacobsiennes empêche la surprise à la lecture. Pour ma part je regrette qu'une fois de plus le ressort de l'intrigue soit une trouvailles historico-mythologiques qui servent d'éléments déclencheurs comme le papyrus de la Pyramide, procédé que des repreneurs comme Sente ou Van Hamme s'ingénient à réutiliser, voir par exemple le "Testament de William S"...  
La menace communiste (planches 1 et 2 - Dargaud 2018)
Les différents scénaristes de la série tiennent à coeur de ne rien laisser dans l'ombre de la vie des personnages, ainsi nous apprenons ce qui est arrivé à Olrik entre sa disparition dans les ruines fumantes de Lhassa et sa réapparition dans "Le Mystère de la Grande Pyramide" paru entre 1950 et 1952. Même si nous avions déjà une explication car dans "L’étrange rendez-vous", les hommes du futur enlèvent le colonel Olrik avant l’explosion nucléaire… Cette éventuelle incohérence dans la saga est d'autant plus curieuse que  Yves Sente fait un clin d’œil à "L'étrange Rendez-vous" page 11 vignette 7, Olrik remarque :"Ce damné empereur ne méritait rien d'autre que ... Au fait ! Où est-il passé celui-là ? Il ne s'est quand même pas volatilisé..."
Il y a également un petit problème de chronologie car Jean Van Hamme précise dans "L'étrange rendez-vous" que l'empereur Basam Damdu a failli conquérir le monde en 1946. Alors qu'Yves Sente, qui commence son histoire, juste à la fin du "Secret de l'Espadon"  et la situe en 1949! 
Par ailleurs nous pouvons dorénavant dater l'installation des deux amis au 99 Park Lane. 
La couverture qui représente  Mortimer arrivant en pousse-pousse dans le quartier hongkongais de Wan Chai est presque le décalque d'une case du "Lotus bleu" dans laquelle on voyait Tintin en pousse pousse dans une rue de Shanghai  qui a été pré-publié en 1934 et 1935 dans Le Petit Vingtième. Dans le même ordre d’idée Yves Sente convoque l'américain Gibbon que l'on voyait furtivement dans le "Lotus bleu". Ce personnage peu sympathique se plaint amèrement d'avoir été chassé de Shanghai en raison de la fin des concessions internationales dans cette ville. Référence plus étonnante celle d'Odilon Verjus, le missionnaire déjanté de Yann!
 
 
Crayonné pour la couverture finalisée, et la référence au Lotus Bleu
Encrage pour le dernier strip de la planche 46
Planche d'essai des auteurs
 
Image
 
Dans un format plus panoramique et un style ligne claire, les dessinateurs 
Peter van Dongen et Teun Berserik ont reproduit presque à l’identique la dernière case mythique du
   
«Secret de l’espadon».
 
La vallée des immortels mêle l’histoire, l’archéologie, la science-fiction uchronique et l’action, ingrédients indispensables aux albums de la série. Il faut tirer son chapeau à Yves Sente qui réussit à passé d'une histoire uchronique avec l'empereur Basam Damdu qui veut conquérir le monde à l'Histoire réelle, celle de la guerre civile en Chine entre nationalistes et communistes.  Interviewés dans un hors-série consacré dès septembre 2016, à propos de la répartition des tâches graphiques, Teun Berserik expliquait : «Nous avons découpé ensemble les cinquante-quatre planches et nous les sommes réparties, vingt-sept chacun. […] Je suis meilleur sur la partie technique et les personnages quand Peter [Van Dongen]excelle sur les décors de ville. Mais il nous arrive très souvent d’inverser. Travailler à deux permet d’être plus rapide et plus efficace. Chacun a sa page qu’il travaille seul dans son coin, puis on se corrige mutuellement. […] ».

Si, du moins dans ce premier tome le scénario dense à l'arrière-plan historique expliqué de belle manière parvient à convaincre, l'excellente impression de l'album tient surtout à la qualité du dessin. Le trait du duo batave est le plus jacobsien de tous les repreneurs du moins pour les personnages qui sont tels que les dessinait Jacobs à la fin du "Secret de l'Espadon" car si le trait de Jacobs a assez peu évolué, il y a tout de même une différence entre les premiers albums et les derniers. Autre grande réussite, les décors qui sont aussi variés que détaillés pourtant les dessinateur en ce domaine ne se facilitent pas la tâche en s'imposant un gaufrier dans lequel il y a très peu de grandes cases. Ils m'ont paru néanmoins souvent plus hergéein que jacobsien...  
La mise en couleur de Peter Van Dongen est parfaite avec une riche gamme de tons assourdis.
 
Illustration hors texte (encrage) pour l'édition bibliophile
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