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Dans les diagonales du temps
24 novembre 2020

Le cri du Moloch de Jean Dufaux, Christian Cailleaux et Etienne Schréder

 

Couverture-scaled

 

Enfin après deux aventures dans lesquelles Black et Mortimer faisaient quasiment des « ménages » s’occupant de babioles chinoises ou de momies shakespeariennes, les voilà qui à nouveau sauvent le monde et pas d’un petit péril: une invasion extraterrestre.

Dans  « L’Onde Septimus », Londres et le monde libre étaient à nouveau menacés par un engin extraterrestre du nom d’Orpheus dont l’action maléfique avait été neutralisée grâce au sacrifice d’Olrik. Depuis, l’ennemi juré de nos héros britanniques passe ses jours dans un asile psychiatrique. Tandis que Philip Mortimer tente de ramener à la raison son vieil adversaire, en usant de la célèbre formule du sheik Abdel Razek, il apprend qu'il existe un autre Orpheus. À bord d'un cargo transformé en laboratoire secret, Mortimer découvre cette l'étrange pilote de cette machine venue d'ailleurs : un alien à forme humanoide auquel les scientifiques ont donné le nom de « Moloch », la divinité biblique…

Le cri de Moloch est donc la suite (sept ans après!) de « L’onde Septimus » si ce premier album de ce qu’il faut considérer comme un diptyque pouvait se lire seul, ce n’est pas vraiment le cas de ce « Cris de Moloch », sa lecture demande d’avoir bien en tête les péripéties de « L’onde Septimus ». Ce que l’éditeur se garde bien de préciser même s’il a eu l’amabilité de faire figurer en tête du nouvel album un résumé du premier opus. Car si bien sûr c’est le même scénariste, Jean Dufaux pour les deux albums, les dessinateurs ont changé entre le tome I et le tome II et cela m’a un peu gêné non que les dessinateurs du premier soient inférieurs à ceux du second mais bien qu’ils ne s’éloignent pas trop des canons jacobsiens leurs styles diffèrent et cela est perceptible pas dans les décors pour la bonne raison que c’est le même dessinateur qui s’en charge le très talentueux Etienne Schréder mais en ce qui concerne les personnages. Aubin qui a oeuvré sur « L’onde Septimus » les dessinait plus réalistes que le fait Cailleaux qui a un trait un peu plus caricatural qu’Aubin en cela peut être plus fidèle à celui de Jacobs. La gêne créée par cette différence n’est pas trop dans la représentation des personnages principaux que dans la physionomie des comparses comme par exemple celle du docteur qui soigne Orlik, peu reconnaissable entre les deux albums. Cailleaux ne savoir dessiner les nez qu’en pied de marmite, l’influence de Tardi, sans doute. L’influence de Tardi est aussi perceptible dans le rendu de Londres et c’est très bien. Pour continuer sur le dessin, les couleurs, assez sourdes, dues à Laurence Croix sont très réussies. Quant au gaufrier, troué de ses nombreux récitatif, il est conforme à la tradition jacobsienne.

 

Blake-et-Mortimer-1-scaled

 

 

Si l’aventure se passe au début des années 50, j’ai eu la bizarre impression de lire une histoire de science-fiction des années 30, ce qui n’est pas forcément un défaut. Je pense que Dufaux a voulu rendre hommage à une certaine littérature de science-fiction que l’on trouvait ces années là dans les Pulp aux Etats-Unis ou en France dans certains ouvrage de littérature de gare à cette époque. Le cris de Moloch se déroule même précisément entre 1951 et 1955, période de retour aux affaires de Churchill que j’ai cru reconnaitre, bien qu’il ne soit pas cité, en premier ministre. C’est d’ailleurs devenu presque une récurrence dans les reprises des aventures de Black et Mortimer de faire apparaitre en Guest star des personnage bien réels, ce que Jacobs se gardait bien de faire, rien de moins que la reine, sa gracieuse (et dessinée comme telle) majesté la reine Elisabeth II, d’autres sont évoqués comme Oswald Mosley.

 

Blake-et-Mortimer-scaled

 

 

Le cri de Moloch est un album ambitieux et presque réussi. Il souffre un peu des contraintes éditoriales. D’une part pour le dessin, les deux dessinateurs n’ont eu que neuf mois pour rendre leur copie et à cette aune le résultat est remarquable, très au-dessus de la production courante où pourtant souvent le dessinateur à plus de temps que cela et d’autre part en ce qui concerne le scénario; comme l’explique Jean Dufaux dans le numéro de novembre de la très bonne revue sur la bande-dessinée qu’est Casemate, il a été contraint, sous l’injonction de l’éditeur, de condenser son scénario en deux albums alors qu’à l’origine il l’avait prévu pour se développer sur trois. Ce qui donne des ellipse un peu problématique en particulier pour tout ce qui touche aux références au « Mystère de la grande pyramide ». On le voit les pratique éditoriales de la bande-dessinée franco-belge se rapproche, pour certaines séries, de celles de l’édition japonaise de manga dans laquelle l’éditeur est très souvent le maitre d’oeuvre.

 

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 projet non retenu de couverture

 

Dufaux complexifie les personnages de la saga jacobsienne, il donne ici un plus grand rôle à Blake souvent éclipsé dans d’autres aventures par le truculent Mortimer, ils ne sont plus tout noir ou tout blanc. Même Olrik a soudain un élan de générosité, c’est d’ailleurs lui, le véritable héros du livre et cela pour mon plus grand plaisir.

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Commentaires
B
Une exposition :<br /> <br /> <br /> <br /> https://www.hubertybreyne.com/fr/expositions/tienne-schrder-christian-cailleaux-blake-et-mortimer-le-cri-du-moloch?fbclid=IwAR16adI62HlqJxpfAfSc_fL4qGB1uMwgaplJswGmHQ4I7RdLlz7GZT87h3M<br /> <br /> <br /> <br /> Merci pour vos billets
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