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Dans les diagonales du temps
12 mai 2020

Olrik d'Hubert Védrine et Laurent Védrine

Olrik

 

Si certaines biographies dévoilent des pans entiers de la vie privée de leur sujet que celui-ci avait tenu secret, je pense plus particulièrement à celle de Montherlant par Pierre Sipriot. Celle-ci révèlent un pan secret de la vie de son auteur, l'amour de la bande-dessinée et surtout des albums de P. E. Jacobs, je veux parler de l’ancien ministre français des Affaires étrangères de 1997 à 2002, Hubert Védrine. Pour enquêter sur la vie sulfureuse d'Olrik il a prit en renfort son fils, Laurent. Ils n'étaient pas trop de deux pour évoquer la vie tumultueuse et l’énigmatique personnalité du Colonel Olrik. On apprend dans cette biographie non autorisée que l’ombre de ce grand méchant couvre la plupart des grands événements du XXe siècle. Olrik ? Oui, le responsable du 13e Bureau de l’Empire Jaune fondé au Tibet par des rescapés de la Division asiatique de Cavalerie du Baron von Ungern-Sternberg. L’homme qui essaya de s’emparer des secrets de la Grande Pyramide, qui explora l’Atlantide, qui fut la « Marque Jaune » et qui tenta de voler le collier de la reine Marie-Antoinette à Paris !

Au terme de longues et patientes recherches souvent infructueuses, les Védrine publient un premier bilan passionnant dans Olrik. La biographie non autorisée (Fayard, 2019, 220 p., 20 €). On y apprend que ce maître espion et grand criminel rencontre avant-guerre Edgar P. Jacobs qui, très impressionné, en fait l’adversaire principal du professeur Philip Mortimer et du capitaine Francis Blake. Les auteurs confirment aussi une entrevue avec le jeune réalisateur américain George Lucas qui s'en inspira pour la figure éminemment politique du Chancelier galactique Palpatine alias Dark Sidious, le futur Empereur des Sith dans la seconde trilogie de StarWars 

Olrik est né sur les pourtours de la Baltique au temps de la Russie tsariste. Il aurait fait adolescent ses premières armes dans la guerre qui opposa quelques patriotes balte aux rouges, nous sommes dans "Le coup de grâce de la grande Marguerite. Ensuite, Olrik, dont la mère était hongroise, aurait été proche des mouvements nationalistes d’Europe centrale. Puis ce génie de la dissimulation aurait tour à tour travaillé pour la CIA, puis pour le KGB. On retrouve sa trace sur presque tous les continents. Il aurait même vécu en Californie aux côtés des réalisateurs, des producteurs de cinéma, des acteurs célèbres et de belles actrices en quête de gloire dont l’une d’elles lui donna sa fille unique, Julia.

Peu soucieux de cohérence idéologique surtout motivé par l'appât du gain, il a de gros besoins pour maintenir son train de vie luxueux Olrik serait à l’origine du programme nucléaire pakistanais. Il aurait aussi permis à la Corée du Nord de contourner l’embargo international afin de se doter de la dissuasion nucléaire. Les auteurs insinuent qu’au début des années 1960, leur sujet aurait rencontré un certain Lee Harvey Oswald. De là à envisager que le célèbre colonel, aurait trempé dans l'assassinat de JFK, les Védrine ne le pensent pas, mais le doute persiste… A ce propos il est dommage que les deux enquêteur se soit cantonner aux sources officielles, peut être qu'une entrevue avec James Ellroy leur  aurait donné un éclairage inattendu sur ce crime...

Il reste tout de même de nombreuses questions auxquelles nos deux enquêteurs ne répondent pas. On s'étonne du quasi blanc dans cette biographie sur la période de la seconde guerre mondiale même si l'on sait qu'Olrik aurait été un proche de l'amiral Horthy. Les relations entre Olrik et l'empire soviétique restent trop flous. Espérons sur ce sujet une prochaine communication d'un soviétologue aussi capé qu'Alexandre Adler... On peut surtout s’interroger comment un homme presque seul a-t-il pu survivre à la traque de si nombreux services spéciaux d'autant qu'à plusieurs reprises il aurait été agent double sinon triple! À moins qu’Olrik soit affilié à une puissante organisation clandestine telle SPECTRE bien décrite par Ian Fleming ou encore Hydra vaincue naguère par Captain America. Cette biographie qui a le mérite d'être la première, on s'étonne un peu qu'un spécialiste de Jacobs et des biographies comme François Rivière se soit laissé distancé par des amateurs, ne m'apparait pas comme une biographie définitive. On peut penser que dans quelques temps paraitra une somme sur un personnage aussi considérable.

Commentaires
I
Voilà qui me rend Hubert Védrine encore plus sympathique … Je ne le connaissais que sur le registre du commentaire politique, où je l’apprécie chaque fois pour l’originalité et la profondeur de ses interventions.
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