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Dans les diagonales du temps
17 mai 2021

A propos de Tony Duvert

Billet rédigé le jour où j'ai appris la mort de Tony Duvert

 

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J’ai appris la mort de Tony Duvert  grâce à un de mes lecteurs, qu’il en soit remercié. Curieusement il avait oublié de citer son nom dans le commentaire qu’il faisait à un article qui déplorait une autre disparition, seuls figuraient les qualicatifs qu’il attribuait à l’homme dont il m’annonçait le trépas; ceux d’écrivain oublié et de paria absolu. Un seul nom m’est alors venu à l’esprit, celui de Tony Duvert dont je n’avais pas ouvert les livres, pourtant tant aimés, depuis plusieurs années et dont les couvertures blanches des éditions de Minuit s’engrisaillent sur les rayons d’une de mes bibliothèques. Les œuvres de Tony Duvert se serrent aux cotés des premiers opus d’Hervé Guibert, “Voyage avec deux enfants”, “Les chiens”, “Fou de Vincent”... d’une plaquette tout en longueur dans un format à l’italienne inversé, “ Le vieillard et l’enfant” écrite par un autre paria, François Augieras, de “Nos plaisirs” d’un certain Pierre Sébastien Heudaux, dont je ne sais plus rien, et où l’on peut lire des phrases comme celle-ci: <<... Pour lui le cul d’Herbert vaut souvent plus qu’un billet de cinq cent francs, c’est que l’argent n’a pas d’odeur alors que le trou du gamin est un régal, un doux mélange de foutre et de merde séchée que la sueur a fixées ensemble, le docteur y laisserait son nez des heures si à la longue cette station nasale n’agaçait sa bite.>>. Le quatrième de couverture informe le chaland que: << Capo, un père de famille nombreuse, contraint ses enfants (seulement des garçons) à se prostituer aux habitants de Barbecoul. Nos héros - tous homosexuels, pédophiles, coprophages, sadomasochistes et héroïnomanes - ne sont pas dépourvus de tares réelles, comme l’aigreur, l’avarice ou la malveillance.>>. Je ne sais pas pourquoi mais je me dit que cet Heudaux pourrait bien être en fait le pseudonyme de Mathieu Lindon dont les romans se reposent à quelques centimètres de ceux-ci. Il est amusant de penser que tous ces volumes ont été publiés sous la direction de l’érudit égrillard Alain Robe-Grillet grand homme à femmes entre tous mais aussi érotomane distingué...
Ces livres sont les témoignages d’un autre temps, comme l’écrit très bien Eric Loret dans “Libération”: << Ses textes (éditions de Minuit et Fata Morgana), viennent d’un temps où l’on ne croyait pas qu’un roman revenait exactement au même qu’un viol, une époque où les adultes se rappelaient avoir eu, vers 7 ou 8 ans, des désirs sexuels.>>. Je dirais même plus (aucune allusion aux Dupond et  Dupont) d’un autre pays que les habitants qui l’habitent, croient être la même contrée que jadis et semblent avoir oublié ce qu’elle était où les gens ne parlaient pas la même langue, n’avaient pas la même couleur et utilisaient une autre monnaie et qui surtout pensaient tout autrement. Je n’ai pas la nostalgie de l’ancien pays où je me sentais tout aussi étranger que dans l’actuel, mais autrement.
Il est amusant, si je peux dire, de lire comment la presse régionale locale dresse le portrait de l'écrivain "silencieux alors qu'il me semble qu'il faudrait dire contraint au silence, à l'occasion de son décès. Ainsi on peut lire dans "La Nouvelle République", dans son édition du Loir-et-Cher: << Il vivait depuis une vingtaine d’années à Thoré. Avec sa mère, tout d’abord, puis seul, au décès de cette dernière, en 1996. Autant sa mère était ouverte et côtoyait les gens du village, autant son fils Tony avait la réputation d’être solitaire et de ne parler à personne, sans pour autant faire l’objet de commentaires désobligeants.Tout juste certains savaient-ils qu’il avait eu un prix littéraire, sans d’ailleurs pousser la curiosité plus loin. Tony Duvert allait de temps en temps à l’épicerie du village, et c’est tout. Il ne se montrait guère, à l’image de l’écrivain célèbre qu’il a été dans les années soixante-dix : il refusait en effet rencontres, débats et interviews, se contentant d’un lapidaire : « Vous n’avez qu’à lire mes livres », ainsi que le confirme son éditeur, les Éditions de Minuit.>>.



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Lorsque j’ai voulu vérifier l’information du décès de Tony Duvert sur la toile, j’ai eu bien peu de sites à consulter. Ce qui vérifiait le mot d’oublié, ce que m’apprit les maigres informations le confortait encore puisque l’on a découvert le corps de l’infortuné près d’un mois après sa mort ce qui montrait également la justesse du terme paria puisque l’écrivain vivant dans un village de 900 personnes n’avait aucune relation avec cette petite communauté.
Il est émouvant de penser que l’écrivain dans son roman “Portrait d’homme couteau”, trente ans avant, a décrit cette solitude campagnarde que l’on peut imaginer misérable...
Cet oublié a pourtant été célébré par des gens de lettre aussi prestigieux et influent que Roland Barthes ou François Nourissier qui parlait ainsi du romancier qu'il admirait: << Il vivait dans une cabane au bord d’un étang. C’est tout ce que j’ai pu apprendre, mais après tout, je n’avais pas besoin d’en savoir davantage, je n’ai pas la curiosité des étangs, j’ai celle du style et avec Tony Duvert, je suis servi… La période d’innocence qui s’offrait aux artistes dans les années 70 est révolue : on ne peut plus parler librement de ces choses en ce moment >>.  A la diffusion du téléfilm tiré de "L'ile atlantique" sur Arte, interrogée par Daniel Garcia, la journaliste Josyane Savigneau disait de lui : << J’étais persuadée qu’il serait le plus grand écrivain de sa génération. Tony Duvert a disparu un jour, sans même avoir cherché à théoriser son silence. Je rêvais de le rencontrer, évidemment, ça ne s’est pas fait et je ne sais même pas à quoi il ressemble ! Même son éditeur, quand je suis entrée dans le métier, ne correspondait déjà plus avec lui que par lettres.>>.

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La campagne est à, l’exception de l’”Ile atlantique”, sorte de “Signe de Piste” pour adulte perverti en une parfaite mise en forme romanesque de la critique radicale de la famille française et de son moralisme inquisitorial et destructeur; actuellement Bruce Benderson  travaille à sa traduction en anglais à ce propos on peut trouver aux USA "Le bon sexe illustré", je ne suis pas certain qu'il soit trouvable en France; Gérard Mordillat a signé en 2005 l’adaptation télévisuelle de l'"Ile Atlantique"; et surtout d’”Interdit de séjour”, errance sexuelle nocturne de l’homosexuel à la fois individu et foule dans la grande ville, toujours le lieu des orgies (tristes et grises) dans les romans de Tony Duvert. Cette campagne n’est pas riante, elle est sombre, l’horizon est barré par les bouchures. Une cambrousse des année 50, celle de l’enfance (?) de l’écrivain où la seule intrusion de la modernité est l’ampoule nue, constellée de chiures de mouche, qui pend du plafond et jette une lumière blafarde sur l’enfant qui attend d’être violé...



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Dans l’assez piteux petit papier que j’ai lu sur le site de Têtu, article grandement repris du communiqué de l’Agence France-Presse, mais qui néanmoins avait le mérite d’exister, dans le silence assourdissant entourant la mort de Tony Duvert. Dans son abécédaire, à silence, on peut lire: <<Des écrivains cheminent vers le silence, renoncent à s'exprimer, à communiquer. Jugent-ils trop mensonger de dire, de croire, de faire croire ? Tout progrès intellectuel vous rend plus apte à créer, mais plus réticent à le faire. On rejoint l'abstention des bons esprits qui n'ont rien mis au monde. " (Abécédaire malveillant, article " Silence ").
“Le Monde” a attendu son numéro daté du dimanche 24 août pour se fendre d’une nécrologie, signée Jean-Noel Pancrazi qui dans un très habile texte use de moult circonvolution pour ne pas dire que dans l’oeuvre de l’écrivain on encule des gamins. Mis à part cette pusillanimité, Pancrazi parle fort bien du style de l’écrivain. Or donc dans têtu, une expression qui a retenu mon attention: (Tony Duvert) amateur de jeunes garçons. Amateur veut dire au sens premier celui qui aime, mais ce mot induit aussi, certes dans un tout autre contexte, sportif, quoique j’ai rencontré des hommes qui voyait la drague garçonnière comme une sorte de sport, de chasse... une notion de non professionnalisme, de dilettantisme. J’ai alors songé aux “amateurs de jeunes garçons” que j’ai pu connaître dans ma vie et qui en la matière était tout sauf des dilettante tant leur passion pour les jeunes personnes dévorait leur vie. Si bien que très souvent, il ne demeurait rien pour le reste, ce qui les conduisait plus ou moins rapidement à une misère matérielle qui engendrait (?) une misère sexuelle et morale. J’ai constaté aussi que ces monomaniaque (ne voyez aucun jugement quant à l’objet de la passion mais seulement sur son exclusivité), par une sorte de mimétisme deviennent enfantins par leurs goûts et la légèreté de leurs jugements. Leur horizon s’amenuise pour devenir guère plus vaste que celui de l’objet de leur désir. Ce qui m’a fait constater, même s’il est toujours dangereux et même oiseux de généraliser, le pluriel voilà bien l’ennemi de l’intelligence, que la pédophilie et l’exact contraire de la pédérastie (dans l’entendement antique du terme et dans sa tradition, mais aussi telle que la prônait un Roger Peyrefitte) qui n’a que pour but avoué d’élever le plus jeune vers le savoir de l’ainé, le commerce des corps aidant celui de l’esprit. Il faut dire que mes “amateurs de jeunes garçons étaient, contrairement à Tony Duvert peu enclin à remettre en question la société. L’écrivain ne manquait pas de se désolidariser de la pédophilié telle qu’il la voyait. En 1979, dans Libération, interviewé par Guy Hocquengheim et Marc Voline, à ce propos il déclarait: << Une des choses qui font que les pédophiles m’agacent, c’est l’enfant stéréotype qui leur plait. C’est l’enfant des pubs pour slips dans “Elle” et “Marie-Claire”. Un premier communiant un peu pervers.>>. On peut retrouver cette interview ici



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Son combat était «contre les droits culturels exclusifs de la famille, de plus en plus refilés à cette espèce de sous-produit humain en quoi les femmes sont changées. Et je dis que dans la mesure où la vie en société m’intéresse, je souhaiterais que les gens qui vont devenir adultes soient en contact avec des êtres moins infirmes que ceux qu’on a transformés en femmes. […]Le combat à mener, c’est pour que l’Etat et la sexualité n’aient plus le moindre rapport.>>
D’autre part le rédacteur du poulet de chez Têtu ne connaît pas plus la vie privée et sexuelle de Tony Duvert mais d’après ses livres, qu’il n’a probablement pas lu, il ne peut qu’avoir bibliquement des jeunes garçons. On voit bien là une perversion des jugements (littéraires) du temps tellement baigné d’autofiction qu’il va de soit pour le commun des plumitifs qu’un auteur à forcement pratiqué la sexualité décrit dans ses romans. Peut être faudrait il rappeler que Sade a écrit la quasi totalité de son œuvre en prison où les possibilités érotique étaient tout de même limitée et que l’on peut aussi considérer son œuvre entre beaucoup d’autres choses) comme compensatoire. Pourquoi n’en serait il pas aussi ainsi avec celle de Tony Duvert? Car quel écrivain dans notre littérature est plus l’héritier de Sade que Tony Duvert qui peut aussi dans les interstices du désespoir de ses récit se réclamer de l’hédonisme d’un Petrone.
Le personnage ne devait pas être de tout repos si j'en crois ce passage trouvé dans le tome II du “Journal” : de Matthieu Galey (éditions Grasset) à la date du 20 mars 1975: << Marrakech. Dès l’arrivée ici, on est dans le burlesque. Jean-Pierre Dorian qui organise ce prix depuis vingt-trois ans, est dans tous ses états parce qu’il y a eu un scandale au dîner d’hier. Invité par raccroc, le jeune Tony Duvert a fait un esclandre épouvantable, jetant des bouteilles à la tête des invités, cassant des verres et insultant tout le monde. Au point que le gouverneur qui était du dîner, voulait le coffrer. Motif de ce scandale : Duvert, jeune romancier de gauche, avait reproché à ces vendus capitalistes de se goberger à la Mamounia en suçant le sang du peuple ? Pas du tout. “Il avait tenu, dit Dorian, outré, des propos inadmissibles sur Mozart”… Espérons que le diable, là où il est, en rit encore.
En 1973, le critique littéraire du Figaro, à propos de “paysage de fantaisie” écrivait “de la perversion la plus vertigineuses nait(..) l’innocence”. Poirot Delpech dans son fameux rez de chaussée du “Monde” alors très lu,  défendait aussi Duvert avec des mots remarquables: << La jeune génération qui rêve d’une contre-culture sans compromis ne fait que reproduire, en plus dur, l’idéal de consommation, et préfère les arts d’image, tellement plus apaisants. La seule vraie subversion conduisant à un monde libéré passerait donc par le risque, partagé entre auteurs et lecteurs, de détruire jusque dans nos corps les vestiges de l’idéologie en place.
Pour opérer cette sape – d’autres disent dé-construction –, Tony Duvert compte notamment sur la pornographie, jugée moins bourgeoise, moins récupératrice que l’érotisme, et sur des comportements réputés anormaux : homosexualité, sadomasochisme, nécrophilie. Ces thèmes se retrouvent développés jusqu’à l’obsession dans Paysage de fantaisie.>>. Le même toujours dans le Monde commençait son article à propos de “Quand mourut Jonathan” ainsi: <<  Rien de piteux, je trouve, comme ces parents qui se demandent en catimini si leurs gosses se touchent ou couchent, avec qui, comment, plus voracement qu’eux au même âge, ou moins, pas question de se renseigner directement, alors par qui, un prêtre ? Madame Dolto ? Si encore cette liberté qu’eux n’ont pas eue rendait les gamins heureux, mais regardez-les, bougons, terreux, quelle époque !...>>. A comparer avec la prose de Pancrazi... édifiant... Aujourd’hui, la bien-pensance diffuse ferait que les chroniqueurs et critiques littéraires n’oseraient pas promouvoir une telle œuvre car on fait passer les mots pour la chose, comme le privé pour le public...
Si l’on excepte “Quand mourut Jonathan” qui est une histoire d’amour entre un homme, Jonathan pour un garçon Serge, il n’est pas question d’amour dans l’oeuvre de Duvert mais de désir pour de jeunes corps.
Je voudrais faire entendre maintenant la voix de l’écrivain Tony Duvert:
<< Le beau brun à dix sept ans, ça doit être très gros, très gonflé, très gluant, ça doit bousiller mes boyaux quand il s’enfonce et quand on est sur le ventre le sang descend dans le ventre et la bite devient encore plus large, plus longue et plus dure, il faudrait qu’il m’encule doucement, oui, et en crachant beaucoup de salive...>> (Tony Duvert, Récidive, page 53, éditions de Minuit)
<< Quand la grappe est belle c’est qu’on arrose la vigne. Autrement dit: si tu en a beaucoup devant, c’est qu’on t’en met beaucoup derrière. Cette façon de moucher les surmâles prétentieux est jolie; mais elle rappelle aussi une chose que nous sommes instruits à ne pas exploiter: l’unité de la pine et du cul. Cette région, comme chacun sait, est d’un seul tenant; la bite n’est pas un morceau de chair isolé qui dépasse, mais un long tuyau qu’on chevauche; il commence à l’anus et fini au bout du noeud, il a un petit trou d’un coté, un grand trou de l’autre. Toutes les connexions imaginables (musculaires, nerveuses, spatiale) relient la cavité rectale au pénis et font d’elle son intérieur à lui. Racine du membre et orifice du creux sont un membre unique, l’anus. Ainsi la nature, plus malicieuse que ceux qui se réclame d’elle pour imposer leur ordre des choses, a donné aux garçons deux sexes en un seul.>>( Tony Duvert, journal d’un innocent, page 94, éditions de minuit)
Comme on peut le constater la prose de Tony Duvert est presque naturalisme dans la précision crue de ses descriptions mais elle est presque toujours non contingente d’une réalité sociale. Ce qui ne veut pas dire bien au contraire, que l’écrivain ignore les classes sociales mais il transpose la lutte des classes dans son univers qui relève parfois de la fable, comme ici dans “Paysage de fantaisie”: << Les petits culs-terreux ne ressemblaient pas aux pensionnaires du château ils étaient laids, sales tarés mal bâtis mal vêtus et crétins ils avaient des parents ils ne se sodomisaient pas le soir ils ne se regardaient pas nus ils se masturbaient seuls dans de vieux mouchoirs collés ils ne savaient ni parler ni vraiment se battre ils étaient écoliers ils se torchaient mal ils allaient au catéchisme le jeudi et à l’église le dimanche ils touchaient les filles l’été aux champs ils n’avaient que quelques sous >> 
Dans son “abécédaire” bien différent de celui de Deleuze mais tout aussi revigorant, il fait œuvre de moraliste. Voici ce que l’on peut lire à l’entrée vertu: << Le vice corrige mieux que la vertu. Subissez un vicieux, vous prenez son vice en horreur. Subissez un vertueux, c’est la vertu tout entière que vous haïrez bientôt.>>.
Peut être plus que le silence qui entoure la disparition de cet écrivain majeur, le premier Guibert lui doit beaucoup, c’est la litote permanente sur la sexualité accolée à une froideur de constat dans presque toutes les notules qui lui sont consacrée qui m’ont fait réagir. Seul Pierre Assouline dans son précieux blog , sous le titre "mort d'un écrivain à Thore-La-Roch parle avec justesse et sans langue de bois du romancier.
Je me permet de citer un extrait d’un commentaire, au bel article d’Assouline, rédigé par une certaine Christiane, tant il traduit mieux que je ne saurait l’écrire mon sentiment: << On mesure, effrayé, le chemin parcouru dans la régression morale de notre société.je rappelle cette phrase dans “voyage au bout de la nuit”:“les vivants qu’on égare dans les cryptes du temps dorment si bien avec les morts qu’une même ombre les confond déjà. A la critique littéraire de n’être pas le simple médecin légiste des grands écrivains. On a égaré Duvert.>>. Mais peut être que l’oubli n’était pas définitif et que de nouveau lecteur vont retrouver cet égaré et que les ancien vont desenfouir ses livres et ce souviendront d’une aussi belle façon qu’on peut le lire ici ...
Le meilleur hommage que l’on peut rendre à Tony Duvert est simplement de le lire. “L’ile Atlantique” a été réédité récemment. Assouline nous apprend qu’il écrivait encore. Il nous reste à espérer que peut être, un éditeur, secrètement honteux de son indifférence passée, aura le courage et la vertu d’éditer ces inédits peut être même qu'il aura la bonne idée pour la couverture de choisir une oeuvre de Jean Rustin dont les "enfants" m'évoquent ceux du romancier.

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Je ne voudrais pas m’exclure de la médiocrité et de la veulerie de nos jours puisque je n’évoque Tony Duvert qu’à l’occasion de sa mort alors que ces livres qui m’avaient tant inspirés s’empoussièraient sur une étagère...

 

Commentaires lors de la première parution de ce billet

Brillant hommage à celui qui fut considéré autrefois par une certaine "élite" intellectuelle comme l'un des plus grands écrivains français du 20ème siècle. Ecrire cela aujourd'hui semble tellement irréel. Autre temps...
Je me suis souvent demandé ce que devenait Tony Duvert. Il a fallu qu'il disparaisse pour que cette énigme soit résolue. 
J'avoue que son décès m'a beaucoup touché... Mort dans la plus grande solitude. Est ce là la rançon amère de la vraie subversion. Notre société, si libre en apparence, se venge t-elle ainsi de ceux qui osent remettre en cause ses fondements ? Faire défiler rapidement et lire en diagonale les commentaires sur le blog d'Assouline concernant son décès sont édifiants. Que viennent faire des noms comme Dutroux, nazi ... Cela en dit long sur les dérives d'une certaine gauche compassionnelle devenue si désespérante à force de bêtise victimaire.. 
Oui, il faut relire Tony Duvert aujourd'hui.
Et dernière chose : Assouline écrit que Duvert écrivait toujours, et on le croit tant on a du mal à concevoir qu'un tel écrivain puisse renoncer à son art. Puisse son éditeur les publier. Ce seraît le plus bel hommage à lui rendre.

Posté par rody, 26 août 2008 à 20:43
Merci

Merci pour votre long article qui recense, développe et commente de nombreux points qui me tiennent à coeur et que j'aurais été incapable d'écrire moi-même.

Plus que je ne saurais le dire, la mort de Tony Duvert m'a réellement bouleversé. Il se trouve que je vis non loin de l'endroit où Duvert s'était reclus et que je me demande sans cesse depuis quelques jours si j'aurais dû tenter de le "rencontrer". Mais je crois fondamentalement que non, parce que comme il l'exprimait très clairement lui-même, tout était dans ses livres, son oeuvre, ce qu'elle suggère puissamment, pas dans sa personne. S'il avait choisi de se retirer du monde en quelque sorte, ce n'était certainement pas pour que qui que ce soit vienne le déranger, quel que soit les intentions de celui qui aurait voulu entreprendre la démarche.

Pour tout un tas de raisons, je me suis toujours refusé à côtoyer ou tenter de rencontrer d'autres personnes qui, telles que moi a priori, "aiment" les garçons. Même si la tentation existe car cette solitude est parfois pesante, il me semble que je ne souhaite guère me confronter aux "pédophiles" décrits par Duvert ou vous-même, Bernard, dans votre article. Je ne reconnais guère de points communs avec eux, du moins je le crois.

J'ai naturellement découvert les livres de Duvert des années après qu'il les ait écrits. Mais ce fut une découverte essentielle pour moi, et ils ont changé ma vie et mon regard sur l'existence, même si je n'ai certainement pas calqué ma vie sur celle du narrateur du "Journal d'un innocent", par exemple. Au fond, ce qui me rend malheureux, mais peut-être est-ce une insatisfaction féconde, c'est de ne pas avoir lu "plus" de lui, c'est-à-dire les livres qu'il n'a pas écrits ou ceux qu'il n'a pas pu faire publier. Comme Assouline ou vous, Bernard, j'espère (sans trop y croire) que cela n'est pas définitivement impossible, qui sait ?

Peut-être est-ce parce que tout cela m'a pas mal perturbé, peut-être est-ce parce que j'ai cru à la suite des premiers rares articles dans la presse que tout le monde était forcément au courant et en était marqué comme moi, que j'ai évoqué sa mort sans me rendre compte que je ne le nommais pas, comme si cela était devenu un sujet d'évidence frappant tout le monde tel un événement majeur.

En tout cas, merci pour votre article. Il représente désormais pour moi, plus encore que l'article d'Assouline, une sorte d'oraison funèbre, indispensable, belle, juste et digne de l'oeuvre de Duvert.

Et maintenant, qui reste t-il ?

Posté par Olivier, 26 août 2008 à 20:52
Surprenant

Curieux comme on peut être sensible à certains événement alors que rien ne nous y poussait... Je ne suis pas de la même génération que Duvert, je n'ai largement pas tout lu de lui et les impressions de ce que j'en ai lu en ont été très mitigés: certains m'ont impressionnés pour différentes raisons (Paysage de fantaisie, Quand mourut Jonathan...) d'autres m'ont ennuyés (L'Ile atlantique, Récidive...), entre les deux toute la gamme. Peut-être me faisais-je une idée romantique du personnage, à la Rimbaud: celui qui disparait courir le monde en aventurier après avoir marqué par son oeuvre littéraire. Toujours est-il que, tout comme Olivier ci-dessus, son décès m'a beaucoup plus marqué que je ne l'aurais imaginé. 


Je tenais à donner un lien vers un hommage surprenant (de la part d'une femme!) mais finalement peut-être le plus juste qu'il m'ai été donné de lire: 

http://www.mediapart.fr/club/blog/anne-simonin/260808/duvert-est-mort-vive-duvert 
Par ailleurs, Bernard, pourquoi vous efforcez vous, vous aussi, à essayer de "disculper" le personnage de ses éventuels agissements? Il pourrait aussi bien avoir baisé 1000 gamins à partir de 6 ans, comme il le prétend dans "Le bon sexe illustré" je crois bien, que ça ne changerait rien. En fait il faudrait surtout se foutre completement de ses aventures sexuelles réelles ou imaginaires: seule son oeuvre compte. Dailleurs, pour ce que j'en sais, aucun gamin ne s'est jamais plaint de lui... Si le moindre d'entre eux avait eu le moindre reproche à son encontre, nul doute que les tribunaux s'en seraient mélé depuis le temps (la justice est bien en train de cuisiner ce directeur de l'ex-Ecole en bateau pour des faits reprochés il y a plus de 20 ans...). Quoiqu'il ai fait ou pas avec des gamins, on peut largement lui accorder la supposition qu'il ne leur a pas fait de mal. Et puis dailleurs, on s'en fout...

Enfin, Bernard, je tenais à vous dire toute mon admiration pour votre Blog: j'en lis silencieusement des passages depuis que je l'ai découvert voilà quelques mois et je le trouve particulièrement riche et sensible. Continuez!





Enfin je tenais à vous féliciter

Posté par Guil, 26 août 2008 à 22:15

Derrière Pierre Sébastien Heudaux (phonétiquement "pseudo")se cachait Mathieu Lindon.

Posté par Jean-Yves, 27 août 2008 à 09:54
GAY LITERATURE IS VERY MUCH ALIVE!

I have read TONY DUVERT in English and Spanish. He was a great writer and advocate of gay rights. GAY LITERATURE is, however, progressing a lot… in all languages. I just read, in Spanish, a very interesting and illustrating “testimonial novel”. Its title is YAGRUMA: AMORES PROHIBIDOS EN EPOCAS DE TIRANIA by Francisco Calderon Vallejo. In 854 pages, Calderon Vallejo tells us what it means to be born and live in a homophobic country… in this case Cuba… knowing from his very childhood that he is “different”. I highly recommend this book to all sensitive readers of gay literature. Duvert has died, but new authors that are exploring gay literature in a very successful way are leaving their mark. Calderon Vallejo is one of them. The ISBN for YAGRUMA is 978-0-939193-141. You can buy it through AMAZON or BARNES & NOBLE. Thank you.

Posté par SILVIA AMORES, 04 novembre 2008 à 14:19
P.S. Heudaux

Cher Renaud Camus, 
Si, contrairement à vous je ne sais pas bien écrire, nous avons un point commun : les oeuvres de Tony Duvert sont, dans ma bibliothèque, les voisines de celles d'Hervé Guibert. Merci pour cet article à la mémoire de l'écrivain remarquable que fut Tony Duvert.
Comme le dit ci-dessus l'un des lecteurs de ce blog, l'auteur de "Nos Plaisirs" qui signe si joliment Pierre Sébastien Heudaux, serait Mathieu Lindon (un descendant de Minuit !) ; ainsi est-il présenté dans la petite biographie liminaire à l'un de ses ouvrages,"Les Apeurés".
A la lecture de l'un des autres écrivains par moi aimés, il me semble que vous aviez eu la curiosité (satifaite) du nom de Morterolles ; je vous avoue que le joli nom de Plieux et la beauté hiératique de son château me font rêver.
Merci à vous pour tout ce que vous nous donnez au travers de vos écrits et de vos actes.
Cordialement, mais avec respect,
Nils-Paul

Posté par Ursus, 15 février 2009 à 15:49
Errata

Désolé d'avoir commis sur le commentaire précédent une petite faute de frappe dans l'énoncé de mon site web qui ne peut ainsi s'afficher. Il fallait lire : http://journaldursus.canalblog.com

Posté par Ursus, 15 février 2009 à 15:55
Réponse à Ursus

Mathieu Lindon est le fils de Jérôme Lindon qui dirigea les éditions de Minuit de 1948 à sa mort en 2001.
D'autre part cher Ursus vous m'honorez grandement en me prenant pour Renaud Camus mais il n'en est rien.

Posté par B A 15 février 2009 à 17:57

 

Pour retrouver Tony Duvert sur le blog:

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Commentaires
A
Nostalgie quand tu nous tiens!!n'oublions pas non plus que duvert était un écrivain remarquable avec une langue classique d'une grande pureté;je pense notamment à son journal d'un innocent, qui est une superbe élégie pour des paradis baudelairiens désormais perdus;pl
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