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Dans les diagonales du temps
17 mai 2021

Retour à Tony Duvert

J'ai écrit le texte ci-dessous en aout 2008 en réponse à des commentaires au billet A propos de Tony Duvert mais si les références citées ont un peu vieilli, ce texte me parait plus que jamais d'actualité.

 

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Encore une fois lorsque ma réponse aux commentaires se fait longue je préfère la page à la marge... Tout d’abord merci pour ces commentaires chaleureux et pertinents.
Je ne cherche en rien à “disculper” Tony Duvert, pas plus qu’ à le juger ou le condamner. Que Duvert ait réellement sodomisé tout un régiment de gamins m’est absolument indifférent, si cela est vrais j’espère que tous les participant y ont pris du plaisir... Ce que je voulais dénoncer c’est le constant amalgame que l’on fait aujourd’hui entre ce qu’écrit un auteur et son vécu comme si l’autofiction était une évidence. Le funeste engouement, un grand mystère à mes yeux, pour les pertes blanches de madame Angot, n’y est pas pour rien. Je ne voudrais pas non plus que l’on pense que je rejette cette forme de littérature qui a donné de bien beaux livres comme “Courir avec des ciseaux” d’Augusten Burroughs (éditions 10-18) ou “L’homme marié” d’Edmund White (éditions 10-18), mais en Amérique!
Le ridicule en cette rentrée littéraire a atteint son summum. On fait des gorges chaudes d’un premier roman, celui de Tristan Garcia, “La meilleure part des hommes” (éditions Gallimard), sur lequel je reviendrais, dans lequel le romancier brosse un tableau des années 80, sous prétexte que son jeune auteur n’a pas été contemporain de ce qu’il raconte! Mais que je sache Alexandre Dumas n’a pas traîné la rapière chez monsieur de Fleurville, ni Tolstoi tapé le carton avec les soudards de la Grande Armée! Il faut conseiller à ceux qui se piquent en ce moment de critique littéraire de lire le Contre Sainte Beuve de Marcel Proust, ils y trouveraient matière à réflexion...
Anne Simonin dans son passionnant article,  que Guil a eu la judicieuse idée de signaler, dit ce qu’il faut dire de cette constante et niaise confusion entre le créateur et sa création: << En des temps moins obsédés par la recherche du « misérable petits tas de secrets », c’est la trace littéraire, non la biographie de l’auteur, qui devrait retenir et attirer l’attention sur une œuvre qui est une radicale entreprise de subversion morale certes, mais avant tout politique.>>.
Cette juste considération sur la contestation radicale de notre société, patente dans chaque livre de Tony Duvert, me permet de tenter de lever une confusion pour mes lecteurs, en ce qui me concerne. Les plus sagaces de ceux-ci auront probablement supputé que la révolution n’est guère mon affaire. Peut être que mon anglophilie tient en bonne partie au fait que ces insulaires n’est pas eu à subir le désastreux chambardement de 1789! Or donc si je n’apprécie que fort peu notre époque de beaufrerie ploutocratique, je ne regrette en rien que les idées de Tony Duvert ne soient pas arrivées au pouvoir. En passant je répète qu’il n’est pas nécessaire d’avoir les mêmes goûts sexuels (ou autres) et les mêmes opinions philosophiques ou politiques d’un auteur pour l’apprécier (dans ma bibliothèque je m’amuse à mettre Brasillach à coté d’Aragon du temps où mes visiteurs  savaient lire cela intriguait...).
L’intronisation, que dis je, la quasi canonisation actuelle de l’enfant, en particulier du jeune mâle, accompagnée de sa paranoïa protectrice, (les pauvres damoiseaux seraient traumatisés à vie par une main exploratrice dans leur culotte! Quel sera leur état lorsqu’ils seront confrontés aux guerres de tout acabit ou à leur petit cancer?) n’est pas plus stupide, mais pas moins, que les élucubrations qui prônaient la liberté sexuelle alliée à toutes absences de contraintes pour les galopins, sous prétexte que cela leur ouvrirait l’esprit! Un coup dans le fion, quelque soit l’âge, n’a jamais rendu les idées plus claires, ce qui à la réflexion est bien dommage, mais c’est ainsi... Il faut se souvenir des thèses développées dans la revue “Possible” pour s’apercevoir que nous sommes vraiment aujourd’hui dans un autre monde, aussi fou mais radicalement différemment. Mais ces approches de l’enfant qui paraissent si opposées ont néanmoins la même source ce stupide rousseauisme qui veut que le chérubin soit un être pure et doué de tout les talents avant d’être perverti par, au choix selon votre secte ou la mode du moment, la société, les vilains messieurs, le capitalisme, le sexisme (liste sans fin)...
Dans son post, Anne Simonin, à lire absolument, a tout à fait raison d’écrire, en se référant à l’analyse de Poirot-Delpech, qui déclarait: << Il y a quelques années, la revue [Recherches] a démontré très finement que les amitiés transies du bel Éric n’étaient qu’un tissu et une mine de fantasmes homosexuels […]. Moi qui ai un peu connu ces gens […] je peux vous dire qu’en effet, le scoutisme mielleux dont sont sorties ces images étaient à l’homosexualité ce que furent à Vichy ses écoles de cadres… Si on en doutait, un auteur de cette tendance mais affiché, lui, le prouve avec fracas depuis quelques livres. Il s’agit de Tony Duvert aux Éditions de Minuit. Profondément, Duvert est un pur produit de “Signes de piste“ . Il en a l’innocence perverse, mais non l’hypocrisie. Cela donne la littérature la plus sauvagement érotique qu’on puisse lire depuis longtemps. », que les sources de Duvert sont plus à chercher du coté du Signe de Piste, mais à mon avis plus chez Jean-Louis Foncine que chez Dalens, que de ceux de Genet ou de Sade que pourtant je suis sûr qu’il connaissait très bien. Où je diverge avec elle c’est quand elle suggère que les livres de cette collection seraient de la sous littérature, allez y regarder de plus près et vous verrez que nombreux sont les romans du Signe de piste qui ont un style bien supérieur à ceux qui déferlent dans cette rentrée littéraire. Ayant connu les deux compères Dalens et Foncine, qui étaient l’âme bicéphale du Signe de Piste, je ne suis pas offusqué du qualificatif d’hypocrites, par Poirot interposé, que cette talentueuse blogueuse suggère d’accoler  aux noms de ces deux romanciers; ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient dénués de talent. Et puis, imaginez le désert de votre bibliothèque, si en plus de ne lire que des auteurs avec lesquels vous partagez les opinions, vous deviez en plus exclure ceux qui ne sont pas franc! 

 

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