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Dans les diagonales du temps
12 novembre 2020

Années de sable de Claude Michel Cluny

 

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Ce tome II du journal de Claude Michel Cluny couvre la période de 1963 à 1967. L’auteur est dans sa trentaine. « Années de sable » n’est pas le plus gratifiant à la lecture des volumes de « L’invention du temps ». Mais contrairement aux autres tomes, il en dit beaucoup sur Cluny écrivain. D’une part on assiste à la pénible gestation, que l’on suit presque jour après jour, de son roman « Un jeune homme de Venise ». Est-ce parce que son écriture fut laborieuse que sa lecture l’est également. D’autre part au fil des pages on voit se mettre en place la forme définitive du journal. A cette époque Cluny n’envisage pas de le publier. Il ne le considère pas encore comme véritablement appartenir à son oeuvre et sa forme est encore lâche du moins au début des « Années de sable. C’est véritablement qu’à partir de 1966 qu’il prend son activité de diariste au sérieux avec néanmoins toujours la tentation de détruire ce qu’il considère parfois comme un fatras. C’est une des constantes de l’auteur de détruire ce qu’il produit. Il dit qu’il écrit avec une gomme.

Plus que par la suite on trouve des sentences qui se veulent définitives comme celle-ci que j’approuve pleinement: Choisir de se donner la mort, qu’elle qu’en puisse être la raison, devrait s’inscrire au fronton des imprescriptibles libertés humaines.>>.

On rencontre moins dans ce deuxième tome de personnalités de la vie intellectuelle comme se sera le cas dans les volumes suivant. Il y a néanmoins quelques portraits express savoureux comme celui-ci: <<Jouhandeau promène Elise de groupe en groupe, comme le châtelain ferait faire un tour de parc à sa licorne favorite.>>. 

C.M.C bien que dénigrant constamment les tâches d’écritures alimentaires que sont les critiques de romans ,semble tout de même bien intéressé de se faire publier dans les gazettes et des plus diverses. Il confie sa copie à la fois à la NRF, ce qui nous vaut des portraits au scalpel de Marcel Arland et de Paulhan, et aux « Lettres française » que dirige Aragon. Je n’aurais pas penser que C.M.C avait eu des accointances communistes. Il est très critique sur la production romanesque contemporaine: << S’il n’y avait plus de prix littéraires combien de romanciers n’écriraient plus une ligne…>>

Aux romanciers Cluny préfère les poètes comme Jean-Philippe Salabreuil, ce météore de la poésie française. Plus encore que d’habitude on s’aperçoit que la poésie est la grande affaire de C.M.C qui alors parsème son journal d’esquisses de poème.

C.M.C. a déjà un besoin viscéral de voyages. Cette fois il nous emmène à Madère, puis au Portugal et enfin en une croisière faisant le tour de l’Amérique du sud.

On a souvent le sentiment que C.M.C évite la confrontation avec son moi profond ce qui est paradoxal pour un journal intime. Cela nuit à l’intérêt du journal et en particulier à ce tome.

 

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 Claude Michel Cluny

 

Pour retrouver Claude Michel Cluny sur le blog

 

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Commentaires
B
Dans Le Monde daté du 6 juillet, un papier sur la nouvelle chute, seconde liquidation judiciaire, des Editions de la Différence. Jamais, sans doute, ne paraîtront les 4 derniers tomes prévus du journal de CMC...<br /> <br /> Merci pour vos billets
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Dans les diagonales du temps
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