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Dans les diagonales du temps
26 janvier 2021

L'été jaune de Claude Michel Cluny

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N’aimant guère Eskine Cadwell et ses petits arpents, je ne suis sans doute pas d’emblée bien disposé envers un roman comme cet « été jaune ». Que voulez vous je ne parviens pas à m’intéresser à des bouseux tarés qu’ils soient du sud profond des Etats-Unis ne change rien à l’affaire. Ils pourraient de la Dordogne, de la baie de Somme ou du Bade-Wurtemberg ou encore du Sénégal cela n’arrangerait pas plus la chose.

Cet été jaune est d’un ennui abyssale, comme l’est la vie dans le trou de Caroline du nord dans lequel se passe la non action du livre car il ne se passe rien dans cette vallée oubliée du New-deal notons que cette absence de péripéties se déroule juste avant la dernière guerre. Ces terres ont non seulement été ravagées par la guerre de sécession mais plus récemment par le crash financier de 1929. Le personnage central de cette non histoire est une femme sur le retour. Elle ne s’est pas mariée pour différentes raisons mais surtout, semble-t-il, parce qu’elle est la fille unique d’un nordiste ayant tenté sa chance dans ce sud dévasté qui offrait après la guerre civile des possibilités à des affairistes. Sa réussite n’a eu qu’un temps dont le seul témoignage qui reste est sa demeure désormais menacée de ruine. Elle est le plagiat des demeures aristocratique du lieu. Dans cette demeure déjà décatie en dépit de sa relative nouveauté, végète sa fille entourée de loosers pathétiques. C’est qu’avec un peu de peine que l’on parvient à comprendre tout cela car le récit est littéralement bouffé par le paysage. C’est entre les interstices des longues descriptions dans un style heurté, rien de moins fluide que la prose de Cluny ici, de la maison et de la campagne environnante que parviennent à se glisser des personnages qui ne sont que des silhouettes de peu de consistance.

En cherchant bien on décèlera le mirage d’une intrigue gay entre un adolescent noir, qui semble obnubilé par un autre adolescent  aveugle au visage crayeux… Le cadre et le pays font immanquablement penser aux romans américains de Julien Green et en particulier à Mont-Cinère mais dans ce dernier roman ce qui en fait sa valeur c’est la force des trois personnages de femme qui en sont le centre, personnages inoubliables, tout le contraire des ectoplasmes de Cluny.

Heureusement pour aider la lecture C.M.C. a joint un plan du patelin  où s’enlise l’été jaune et surtout a rédigé des notes en postface de son roman lors de sa réédition en 1994, sa première mouture datant de 1981. Il a la lucidité d’écrire que << Les divers faisceaux de connaissance que l’écrivain rassemble ne font pas un roman. L’été jaune est le roman d’une invasion: celle de l’auteur par les lieux.>>. On ne saurait mieux dire, on voit que si C.M.C. est un piètre romancier, il est un bon critique y compris pour ses oeuvres. Plus loin l’auteur semble se flatter de n’avoir pas écrit ce livre sur « le motif » mais  dans les environs de Tunis, au sri-Lanka, dans une ile anglo-normande et enfin à Paris donc pas du tout sur le sol américain. Est-ce à l’effort de remémoration des paysages du sud profond qui a causé l’envahissement du récit par le décor?

Claude Michel Cluny est un cas d’école, s’il est fréquent qu’un bon diariste soit un mauvais romancier, il est rare qu’un aussi bon nouvelliste soit un aussi piètre auteur de romans. Oubliez les romans de Claude Michel Cluny et précipitez vous sur ses nouvelles, ses poèmes et surtout sur son récit autobiographique « Sous le signe de Mars » et les dix tomes de son journal.

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Commentaires
M
En effet la modestie est la qualité des médiocres ou des tricheurs. Il y a bien peu en fait de modestes. Ce sont souvent des orgueilleux qui font les modestes pour mieux se faire complimenter. Alors jour de deuil le 24 février pourquoi pas, comme l'est le 21 janvier anniversaire de l'assassinat de Louis XVI ou le 4 aout égalitariste.
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X
Le 24 février, la Saint-Modeste, jour de deuil !!!
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