parc du Château de Fontainebleau (77).
avril 2020
Peu de livres sont aussi impur dans leur forme que ce texte de Steiner que par facilité, on va ranger dans les essais, mais l’impossibilité de mettre les oeuvres du penseur dans une catégorie pré-établie est une partie de leur richesse. Cela commence comme une autobiographie, mais bien vite les considérations triviales sur le quotidien passé de l’auteur débouche sur un sujet qui à première vue, et même à seconde n’apparait qu’en relation lointaine avec son point de départ. Ainsi les souvenirs d’enfance de George Steiner dérivent vers des considérations aussi profondes qu’excentriques, au sens premier de ce terme loins de la vulgate, sur le théâtre shakespearien. Puis l’évocation de ses tumultueuses années de lycée à New-York pendant la guerre le mène à analyser les racines de l’Histoire du judaïsme. A ce propos il pose une question taboue entre toute: la non absorption totale des juifs dans le reste de l’humanité valait-elle la somme de souffrances incommensurables qu’a du subir le peuple juif durant 2000 ans, depuis la destruction du grand temple de Jérusalem par Titus?
Steiner s’interroge sur l’essence du judaïsme ce qui l’amène à des propositions qui au départ semblent un peu farfelues mais qui résistent bien à la réflexion, comme celle de voir dans le marxisme une hérésie de la pensée juive canonique.
Au fond de lui, George Steiner reste un romantique-socialiste, jamais guéri des utopies du XIX ème siècle: << Le marxisme sécularise, rend « de ce monde » la logique messianique de la justice sociale, de l’abondance édénique pour tous.>>. On pourrait avancer que cette théorie a vu son application, éphémère, dans les premiers kibboutz israéliens. Mais ce qui fait la force de Steiner, c’est que cet idéaliste ne perd jamais de vue l’essence de l’homme: << Les idéaux de Moise, de Jésus et de Marx harcèlent la psyché de « l’homme moyen sensuel », cherchant à s’accommoder de son imparfaite existence.>>.
Dans un chapitre suivant l’auteur médite sur la lutte des mots et de la musique en explorant le mystère de cette dernière: << L’interaction collaboratrice d’une voix et d’un piano dans un lied, ou l’exécution d’un quatuor à cordes pourraient bien être l’évènement le plus compliqué et le moins analysable qui soit sur cette planète.>>.
De ce mystère Steiner passe vers l’évidence du multilinguisme pour tout homme de culture s’appuyant sur son exemple mais surtout sur des exemples historiques. Il fustige le monolinguisme prôné insidieusement par les américains. Mais Steiner ne reste jamais longtemps dans le constat amer. C’est un incurable optimiste, optimisme qu’il teinte de beaucoup de scepticisme, mais qui ne peut s’empêcher d’espérer: << Avec la musique, le langage, tout langage recèle en lui des resources d’êtres infinis. Il est le don suprême: don à l’homme et don de l’homme. Il permet de bâtir des tours à mi chemin des étoiles.>>.
Puis des étoile il nous ramène au lit d’où parfois on peut admirer les étoiles et même le septième ciel. On découvre que notre penseur ne néglige pas le sexe. Ce qui le conduit a réfléchir sur les rapport que le langage tisse avec le sexe et cela plus particulièrement aux mots que l’on prononce au cours de l’acte sexuel.
Jamais la pensée méandrique de George Steiner s’arrête après avoir glosé sur l’amour physique, il énumère les fleuves et les eaux dans lesquels il s’est miré. Il se livre alors à un exercice concluant d’écrivain paysagiste mais c’est pour bientôt nous offrir une autre énumération, celle de ses regrets. Comment on glisse de l’une à l’autre est un des mystères de l’écriture de Steiner que je ne suis pas parvenu à élucider. Ces regrets vont de n’avoir pas appris l’hébreu à n’avoir pas essayé le L.S.D. en passant par celui de n’avoir pas acquis une toile de Nicholson de ces réminiscences naissent chez Steiner des interrogations sur la solitude cosmique de l’homme.
Errata, récit d’une pensée est un voyage aux multiples escales dans l’intelligence hors norme de George Steiner.
Nota
Errata, récit d'une pensée est contenu dans le "Quarto" voué à George Steiner aux éditions Gallimard.
J'ai trouvé ce beau texte, que j'aurais aimé écrire, sur un site en déshérence. Il est signé Ursus, signature aussi mystérieuse que talentueuse.
Les années 1990, puis les années 2000, ont sonné le glas des libertés les plus élémentaires de l'individu et les précipitent avec rage dans trou profond, aussitôt creusé aussitôt rebouché, afin que nous les oublions et nous imaginions pouvoir vivre sans elles.
Mais nos années 1960, 70 et 80 furent si belles qu'elles nous hantent douloureusement chaque jour de cette médiocre époque que nous vivons.
"Les Autrefois", ou notre enfance (qui n'est pas si loin...)
Enfants, nous allions en voiture sans ceinture de sécurité ni airbag. Voyager à l'arrière d'une camionette ou sur le plateau d'un camion vide était une promenade merveilleuse.
Lorsque nous partions à vélo, nous n'avions ni casque, ni protection. Nos parents ne portaient pas plainte parce qu'il y avait un trou dans le goudron qui nous avait fait tomber. Notre papa ou notre maman badigeonait de mercurochrome nos genoux couronnés en riant et nous en riions aussi.
Nous buvions l'eau du robinet du jardin, ou bien là où nous en trouvions, jusqu'à ce que l'on ait plus soif. On n'était pas obligé d'emporter des bouteilles d'eau minérale.
Nous mettions des journées entières à nous fabriquer des "voitures" avec des caisses, des planches, des tuyaux qui ne respectaient pas les normes AFNOR ou CEE. Que de jeux, que de plaisirs ! Après quelques chocs, nous avions appris à régler le problème. Nous nous laissions tomber contre un arbre ou par terre. Personne ne faisait intervenir le SAMU à chaque chute. Nous étions libres et débrouillards.
Nous sortions seuls jouer avec nos amis. Nous rentrions comme nous l'avions promis pour l'heure du repas.
Nous allions à l'école pour travailler et pour apprendre et non pas pour "développer notre potentiel de créativité". Nous savions lire, écrire et compter dès l'âge de trois ou quatre ans. Nous aimions nos maîtres et nos maîtresses. Lorsque nous ne travaiillons pas, l'instituteur qui n'était pas un "professeur des écoles", nous donnait des punitions ou des coups de règles sur les doigts. Nos parents n'allaient pas porter plainte. Nous savions que nous le méritions.
Certains n'étaient pas très bons à l'école ; ils devaient simplement redoubler l'année si ils ne réussissaient pas. Personne n'allait chez un psychologue ou un "psychopédagogue". On redoublait et on avait une deuxième chance. Ceux qui ne voulaient pas faire d'études ne restaient pas à traîner dans les rues ou dans les cours d'immeubles, ils allaient en apprentissage ; ce n'était pas une sanction, mais l'assurance d'un métier bien appris et d'un vrai avenir.
Nous n'avions pas de téléphones portables. Nous écrivions des lettres et des cartes postales.
Nous jouions aux gendarmes et aux voleurs, nous faisions claquer des pétards. Personne ne faisait brûler des voitures.
Nous nous coupions, nous faisions des bleus, des ecchymoses, on se cassait un bras ou une jambe. Personne ne portait plainte pour ces petits accidents. Personne n'était coupable, nous apprenions la vie.
Nous partagions un soda à quatre ou cinq, nous buvions tous à la même bouteille. Personne n'est mort pour ça.
Nous n'avions pas de PLAYSATION, MP3, MP4, X BOX, jeux vidéos, ni cent chaînes de télévision, antennes satellites, ordinateurs..., par contre nous avions de VRAIS AMIS.
Quand on avait envie et si nos parents étaient d'accord, nous sortions et nous allions tout simplement chez nos copains jouer avec eux. On ne s'envoyait pas de SMS ou de WIZZ sur MSN.
Nos amis s'appelaient Jacques, Pierre, Edouard, Sylvie, Christine et non labelle75, bossdu69 ou sluppXX.
Nous jouions avec des bâtons, de la ficelle, des ballons, des billes, à cache-cache, aux cow-boys et aux indiens ou aux petites voitures et non aux SIM'S ou a SECOND LIFE.
Nous passions des soirées entières à écouter nos parents ou nos grands-parents nous raconter des histoires de leur enfance ou des contes qui nous faisaient hurler de rire ou alors très peur. Personne n'a jamais été "traumatisé" pour ça.
On nous a laissé faire l'expérience des succès et des échecs, des responsabilités et nous avons appris à nous débrouiller dans la confiance. Nous étions LIBRES.
La maçonnerie de l'entrée des grottes date du XIX ème siècle
Le temple d'Or de Dambulla bouddhiste du Sri Lanka, situé à Dambulla, au nord de Kandy dans le district de Matale, à quelque vingt kilomètres au sud-ouest de Sigirîya. La ville de Dambulla est construite autour d'un large rocher de granit qui renferme un important complexe de grottes, le Raja Maha Vihara, datant du ier siècle. Il s'agit du plus important et du mieux préservé des complexes de grottes du Sri Lanka.
Le site consiste en quelque quatre-vingts grottes, cinq sanctuaires, quatre monastères principaux. Il comporte 157 statues, 153 images du Bouddha, 3 images royales et 4 images de divinités. Les peintures murales, recouvrant 2 100 mètres carrés, représentent, entre autres la tentation de Bouddha par le démon Māra et son premier sermon. On y trouve aussi des statues des divinités hindoues Vishnou et Saman. Comme toujours au Sri-Lanka la visite se mérite. Il y a un peu de marches à monter mais ce n'est pas bien méchant surtout après l'assencion du rocher du lion.
L'origine de l'implantation à Dambulla est la fuite du râja Vattagamani Abhaya, détrôné de Anurâdhapura en 104 av. J.-C. par des Tamouls et qui trouve refuge à Dambulla. Restauré sur son trône, il crée le complexe de grottes.
Le mouvement nationaliste cinghalais débute ici en 1848.
Des pèlerins viennent au temple d’or pour prier, pour leur religion. Le fait que ces grottes sacrées de Dambulla soient aujourd’hui encore un lieu de culte actif, après 2000 ans d’activités donne à la visite un tout autre aspect. Nous ne sommes pas dans un musée mais dans un lieu de culte vivant.
l'effigie du râja Vattagamani Abhaya
Sri-Lanka, mars 2018