Café à l'angle de la rue des Solitaires et de la rue Arthur-Rozier, Paris, 1967 - par Léon Claude Vénézia (1941 - 2013)
BEAUTIFUL THING un film de Hettie Mac Donald
Grande Bretagne, ,90 mn, 1996
avec: Scott Neal, Glen Berry, Linda Henry, Tameka Empson, Ben Daniels, Garry Cooper,
Au sud de Londres, dans la cité de Thamesmead, en plein été, trois adolescents se morfondent. Jamie (Glen Berry) est rejeté par ses camarades de classe et sèche les cours, Ste (Scott Neal) se fait battre par son père alcoolique et par son frère. Leah (Tameka Empson) est renvoyée du lycée et se réfugie dans le monde de la musique de Mama Cass. Sandra, mère de Jamie, battante, généreuse et enjouée, essaie de comprendre son fils. Serveuse dans un pub, elle se bat pour obtenir une promotion: la gérance d’un bar. Elle essaie de sauver sa relation avec son amant baba cool, Tony qui vit à ses crochets.
Un soir, Sandra ramène Ste couvert de bleus chez elle. Sté trouve de plus en plus souvent, à partir de ce jour refuge chez Sandra où il partage la chambre de Jamie. Les deux garçons se confient l’un à l’autre et leur amitié se transforme en sentiment amoureux...
En 1994 Hettie Mac Donald monte à Londres, Beautiful Thing, pièce de Jonathan Harvey. Channel Four, l’exellente chaine britannique, la plus gay du paysage audiovisuel européen, toujours à l’affût, s’y intéressa et parce que l’on ne change pas une équipe qui gagne, embaucha les mêmes comédiens, tous très convaincants, pour faire de la pièce à succès ce très beau film dans la droite ligne de ceux de Mike Leigh. Une remarquable réussite, même si le film aurait gagné à avoir des mouvements de caméra plus sobres, une musique plus discrète, d’être moins bavard, le défaut de bien des films anglais, et plus allusif. Comment ne pas aimer ces deux adolescents d’une banlieue prolétaire de Londres qui s’ouvrent ensemble à une homosexualité décomplexée et pacifiée. Il faudra atteindre Comme un garçon (Get real), encore un beau film anglais, pour retrouver une telle réussite dans la peinture de l’adolescence homosexuelle.
Le passage du lieu clos de la représentation à sa mise en espace et en temporalité narrative devant la caméra, offrent des problèmes qu’Hettie Macdonald tente de résoudre par des mouvements d’appareil, un montage souvent heurté, des recours mal soulignés de la musique, ce qui n’atteint pas trop la force originale de l’oeuvre... Malgrè ses défauts d’écriture, Beautiful thing appelle une utile reconsidération des tolérances et des intolérances des citoyens, donc de la morale d’état.
Comme Sebastian de Svend Wam, le film de Hettie Mac Donald montre que l’on peut être un adolescent gay heureux, ou tout du moins il permet de l’espérer; surtout il donne une image réaliste de deux adolescents qui découvrent l’amour homosexuel. Un film dans lequel bien des jeunes spectateurs s’identifieront et qui offre un autre modèle de bonheur que celui de l’impérialisme hétéro.
La pièce a été montée à Paris au Vingtième Théatre en 2009, image ci-dessus