Pandekager hver torsdag un court-métrage de Jørgen Vestergaard
Danemark, 1966, 22 mn
Réalisation:Jørgen Vestergaard
Pandekager hver torsdag est un documentaire sur un orphelinat pour garçons, puisqu'il n'y a pas de sous-titres, et je ne comprends pas le danois.
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Le roi Lear à la Comédie Française
Les personnes qui croiront voir "Le roi Lear" à la Comédie Française seront trompées. Il verrons plutôt une pièce qui pourrait s’appeler « La succession des Gloucester » tant le metteur en scène, Thomas Ostermeier, a coupé dans l’intrigue principale pour favoriser la secondaire qui est le récit de la machination du fils bâtard des Gloucester (Christopher Montenez) pour déposséder le fils légitime (Noam Morgensztern) de l’héritage son père (Eric Génovèse). Cette orientation due réduction de la pièce, mais il n’y a pas là de quoi se scandaliser car on voit rarement sur scène l’intégral d’une pièce de Shakespeare en raison de leur longueur, est plutôt une bonne idée même si elle surprendra le spectateur. Il n’y donc pas à crier à la trahison pour cela. En revanche, il y a trahison complète de la pièce du fait que la fin en est changée, ce qui fait dire à Shakespeare le contraire absolu de ce qu’il avait voulu dire. Ostermeier ne fait pas mourir le roi Lear (Denis Podalydes) sur le cadavre de sa fille bien aimée Cordelia, mais montre un roi sénile qui s’accroche à son trône avec Cordelia dans son ombre; alors que la pièce est l’histoire (pas seulement mais surtout) d'un roi qui abdique en faveur de ses filles qui, une fois qu'elles sont nanties, rejettent leur père causant sa folie et sa mort.
Heureusement quand on regarde attentivement la couverture du programme on voit inscrit d’après William Shakespeare. Dans ce cas là, ce n’est pas le nom de l’auteur que l’on aurait du mettre en grand mais le « d’après ». On assiste une fois de plus à un abus de pouvoir d’un metteur en scène mégalomane qui s’imagine plus grand que l’auteur, en espèce Shakespeare tout de même… Mais pourquoi monsieur Ostermeier n’écrit-il pas ses propres pièces au lieu de charcuter celles de ses pairs. Ou plutôt de les faire charcuter car le texte, on ose pas dire la traduction, est due à Olivier Cadiot qui vulgarise le texte. Mais il est vrai que c’est beaucoup plus difficile d’écrire quelque chose d’original sans s’appuyer sur une oeuvre existante…
Le travail d’un metteur en scène c’est de mettre en scène. Ce n’est pas de réécrire la pièce qu’on lui a confié. C’est tout bête mais Ostermeier semble l’avoir oublié.
La mise en scène c’est deux choses: la première est ce que l’on appelle aujourd’hui pompeusement la scénographie c’est à dire, plus simplement faire bouger les acteurs sur un plateau. Les faire entrer, les faire sortir, faire qu’ils ne se parlent pas à cinq mètres l’un de l’autre lorsqu’il s’agit d’une conversation intime, qu’ils ne se rentrent pas les uns dans les autres lorsqu’ils sont nombreux sur scène… C’est pas bien compliqué. Certains vous en feront un fromage pour se faire reluire… Il faut bien justifier ses émoluments…
La deuxième c’est la direction d’acteur. Alors là c’est une autre paire de bretelles. C’est très très compliquée.
Voyons d’abord ce dernier point pour notre pseudo roi Lear. Ostermeier a une chance extraordinaire il a sous la main une troupe formidable où les acteurs sont tous bons. Faut-il encore bien les distribuer ce qui va à peu près; mis à part le rôle de Kent dont d’ailleurs avec les coupes dans le texte on ne comprend pas bien ce qu’il fait là. La négrophilie et la grossophilie ayant frappé durement Ostermeier a choisi pour ce rôle, habituellement dévolu à un jeune homme, une jeune femme noire disons quelque peu enveloppée (litote) dont la principale caractéristique du rôle est de passer inaperçus sous différent déguisements. Il me parait très difficile que Séphora Pondi puisse passer inaperçu... Si Ostermeier voulait faire un contre emploi politiquement correct pourquoi n’avoir pas distribué Séphora Pondi dans le rôle du fou du roi (rôle très diminué dans cette version) où sa vivacité et son talent aurait fait merveille.
Mais le principale défaut de la direction des acteurs est que ceux-ci ne semblent pas jouer la même pièce. Si le toujours excellent Eric Génovèse joue Gloucester dans un registre dramatique celui qui interprète, avec beaucoup d’abattage, son bâtard de fils, Christophe Montenez, lui est constamment dans la parodie. Au milieu de ces extrêmes Denis Podalydes a bien du mal à trouver le ton juste. Ce qu'il y a de plus royal dans ses apparitions ce sont les beaux solos de trompette qui annonce sont arrivée.
Voyons la scénographie maintenant, si l’idée de faire entrer les comédiens par une passerelle qui traverse la salle en partant du fond de celle-ci est une bonne idée, elle permet d’entendre quelques répliques lancées par des acteurs face au public en revanche le bric à brac d’effets qui se veulent chics et chocs est seulement laid et superflu.
Pourquoi faire tant souffrir Shakespeare?