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Dans les diagonales du temps

12 mars 2020

ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) un film d'Auraeus Solito

ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée
Fiche technique :
Avec Nathan Lopez, Soliman Cruz, JR Valentin, Ping Medina, Bodgie Pascua et Neil Ryan Sese.
Réalisation : Auraeus Solito. Scénario : Auraeus Solito & Michiko Yamamoto. Directeur de la photographie : Nap Jamir. Musique : Pepe Smith. Montage : Kanakan Balintagos, Clang Sison & JD Domingo.
 
Philippine, 2005, Durée : 100 mn. Actuellement en salles en VO et VOST.
 

 

Résumé :
Dans un quartier pauvre de Manille, Philippines, Maximo 12 ans (Nathan Lopez), très féminin, est le garçon à tout faire de sa famille de petits voleurs. Il fait le ménage, la cuisine, la lessive, recoud leurs vêtements, et parfois même leur sert d'alibi. En retour, son père et ses deux frères aînés qui l'aiment le protègent. Ce bel équilibre va se briser lorsque Maximo rencontre Victor, un jeune policier intègre et séduisant. Ils deviennent amis. Victor (Soliman Cruz) encourage Maximo à changer de vie, ce qui provoque la colère de sa famille...


L’avis critique


L’éveil dont nous parle le titre c’est l’éveil sexuel d’un pré-adolescent dont l’objet de son premier amour est un homme.
Ce qui est le plus troublant pour nous, spectateurs français, c’est l’acceptation de la singularité de Maximo, charmante petite folle, par sa famille de petits malfrats hyper virils qui semblent trouver naturel que le garçon endosse le rôle féminin dans leur foyer en remplacement, en quelque sorte, de la mère trop tôt disparue.
Le film est en partie autobiographique, nourri par les souvenirs du réalisateur de sa découverte, lorsqu’il avait 13 ans, de son homosexualité.
Le tournage de L'Éveil de Maximo Oliveros a duré seulement treize jours, en numérique, avec pour tout budget les 10 000 dollars octroyés par la Fondation Cinemalaya. Auraeus Solito démontre qu’avec le système débrouille, on peut tourner un film lorsque l’on est animé de la passion du cinéma... et que l’on a du talent. Par exemple la maison du policier est ainsi sa propre maison et les figurants sont ses voisins et ses amis...

 

   

 

Auraeus Solito fait preuve d’un vrai sens du cinéma, même si certains plans sont mal éclairés, mais il y en a de magnifiques ; si le montage est parfois trop brutal et si le rythme aurait été meilleur en resserrant, surtout au début, les scènes. Il inscrit son film dans la grande tradition du cinéma philippin de Lino Brocka, sachant comme lui nous proposer un cocktail équilibré de cinéma social, proche du documentaire, et de mélodrame. Solito pose un vrai regard sur ses personnages et dirige ses comédiens avec talent. Sans mièvrerie, sans tomber dans le glauque, avec une pointe de kitch bien venu et inévitable aux Philippines, il délivre un message d’espoir et de courage.
Le film est riche d’informations sur la vie quotidienne d’un pays que l’on connaît assez peu en occident. On peut être surpris par la façon dont les personnages considèrent l’homosexualité. Dans le dossier de presse, le réalisateur s’explique sur la place de l’homosexualité dans la société et dans le cinéma de son pays : « La société philippine accepte mieux les gays à présent. Je préfère le mot "accepter" que "tolérer" qui implique trop négativement la différence. Dans tout le pays, vous pouvez voir beaucoup de jeunes gays, habillés en femme sans que cela pose de problèmes, même avec leur famille. Peut-être est-ce dû au fait que les anciennes générations philippines croyaient que les meilleurs médiums pour communiquer avec les Dieux étaient les gays : ils possèdent une double sensibilité spirituelle, celle de l'homme et de la femme... Dans les années 70, les personnages étaient des homosexuels oppressés qui ne pouvaient pas s'accepter eux-mêmes. Dans les années 80, les gays au cinéma faisaient pression sur les beaux garçons défavorisés pour qu'ils deviennent des "macho dancers" ou des strip-teaseurs. Enfin, dans les années 90, les homosexuels n'étaient plus que des faire-valoir comiques et hystériques. Dans mon film, je voulais mettre en scène un personnage libéré, aimé pour ce qu'il est. Le fait qu'il soit gay est juste un détail de l'histoire. »
Dans ce genre de film à très petits moyens, qui en plus repose sur les épaules d’un adolescent, le casting pour le rôle principal est essentiel. Le réalisateur avait déjà auditionné plus de cent garçons pour le rôle de Maximo sans être satisfait, lorsqu’il a aperçu deux frères jumeaux, danseurs de hip hop qui se présentaient pour un autre film. L’un deux, Nathan Lopez, avait à la fois le dynamisme et le côté féminin qu’il recherchait. Il est né en 1991 et confesse en interview être un excellent danseur. Les thaïlandais ont pu le voir dans la série télévisée Anghel na walang langit, Mga en 2005 et plus récemment dans Sana maulit muli.
Après un succès inattendu au box-office dans son pays, où il a devancé les grosses productions américaines et hongkongaises, le film a raflé un nombre de prix impressionnant dans les festivals gays, en particulier celui de Berlin où il a reçu le Grand Prix du meilleur premier film, le Prix du public jeune et le Teddy Bear d'Or récompensant le meilleur film du festival. Auraeus Solito a tourné en 2006 son second film, Tuli, au sujet d'un circonciseur et de sa fille, amoureuse de sa meilleure amie. Il a été sélectionné au Festival de Sundance et de Berlin.

L’Éveil de Maximo est la pureté du premier amour d’un garçon de douze ans pour un homme ; confronté à l'horreur et à la corruption des quartiers pauvres, un drame social poignant habillé en un beau mélodrame.

 

 
L'épanouissement de Maximo Oliveros 1

 

 

 

L'épanouissement de Maximo Oliveros, 3

 

 

 

L'épanouissement de Maximo Oliveros 5
 

 

ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée
ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée
ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée
ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée
ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée
ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée
ANG PAGDADALAGA NI MAXIMO OLIVEROS (L'ÉVEIL DE MAXIMO OLIVEROS) réédition complétée

Boy - trailer

 

 

Ang Pagdadalaga Ni Maximo Oliveros Auraeus Solito, 2005

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12 mars 2020

La septième fonction du langage de Laurent Binet

La septième fonction du langage de Laurent Binet

La septième fonction du langage c'est un peu « Le Nom de la rose » (paru en 1980) chez les structuralistes avec un zeste de « Choix de Sophie ». D'autre part l'influence de la bande-dessinée est patente dès les premières pages. Le héros du roman, le commissaire Bayard (le choix du nom de notre limier ne serait-il pas un hommage à Pierre Bayard professeur de littérature à Paris VIII-Vincennes ?) qui évoque irrésistiblement le Palmer de Pétillon; quant à deux méchants bulgares, ils ont la silhouette des Dupont et Dupond...

Derrière le beau titre obscur se cache une enquête drolatique que mène Bayard sur l'assassinat de Roland Barthes; car contrairement à ce que vous croyez probablement Barthes au sortir d'un déjeuner avec François Mitterrand a été occis car il était en possessions d'un document estampillé secret d'Etat qui pouvait mettre en péril la République et pas seulement celle des lettres! Il révélerait la nature de la septième fonction du langage, suggérée par Roman Jakobson dans son ouvrage de référence, Essais de linguistique générale, fonction qui permettrait à celui qui la maîtrise de prendre l'ascendant tous ses interlocuteurs... et finalement de devenir le maitre du monde. Ce document lui a été volé immédiatement après sa malencontreuse rencontre avec la camionnette qui lui a été fatale. Par qui? Pour quoi? Il vous faudra arriver presque au bout des 493 pages pour le savoir.

On rit beaucoup en lisant les mésaventures de l'inspecteur Bayard contraint de fréquenter pour élucider l'affaire un monde qui n'est pas le sien et auquel il ne comprend à peu près rien. Il va rencontrer toute la crème de la « French Theory », Foucault, Althusser, Lacan, Derrida, Deleuze plus quelques autres Sollers, Kristeva, BHL, Cixous et aussi Umberto Eco, Jack Lang, Laurent Fabius, Serge Moati, Régis Debray, Mitterrand, Giscard et encore bien d'autres.Ayant la lucidité de son ignorance, Bayard s'adjoint un jeune sociologue, Simon Herzog, pour lui traduire ce que disent ces messieurs du gratin structuraliste. Le postulat du livre est que le langage est le fondement de tout. Première inversion par rapport aux canon du roman policier, ici le Watson de Bayard en sait plus que lui mais il n'est guère courageux tout du moins au début car les deux limiers évolueront bien au cours du roman. Cet improbable couple est une invention très astucieuse de l'auteur car par le truchement des explication de Simon à Bayard c'est un cours de sémiologie pour les béotiens que le lecteur reçoit. 

Tout le long de la « Septième fonction du langage » on se demande si tout ses brillants intellectuels ont prononcé les phrases que Binet fait sortir de leur gosier... Si je ne puis donner mon avis sur la véracité du ton des dialogues de sieur Foucault et autre Derrida, ne fréquentant pas dans les années 70 de telles sommités en revanche en ces mêmes temps j'étais fort client des gigolos de Saint Germain des prés (très présent au début de cette histoire); le goût m'en est passé vers cette même année où Roland Barthes rencontra malencontreusement la camionnette d'un blanchisseur... Or donc je peux assurer qu'en cette belle dernière année du giscardisme, régime que je ne cesse de regretter, presque autant que le drapeau blanc, les gigolos de Saint-Germain ne s'asseyaient pas, contrairement à se qu'écrit Laurent Binet, au café de Flore. Quelques fois, souvent à l'invite d'un client, ils prenaient place furtivement à la terrasse du drugstore qui était situé juste en face du Flore. Autre erreur de l'auteur sur cette espèce, les gigolos n'avaient pas la trentaine (leur date de péremption était alors depuis longtemps dépassée) mais la vingtaine; il y avait même exceptionnellement des mineurs. L'âge maximum pour ces frénétiques de la ronde, ils arpentaient inlassablement, presque toujours dans le sens inverse des aiguilles d'une montre, un quadrilatère formé par les rues de Renne, de Palissy, du Dragon et par le boulevard Saint Germain, tournait autour de 25 ans, si l'on excepte un quadragénaire à l'air dégagé, qui semblait être un peu leur mentor, et qui ne s'était pas résigné à la retraite de la semelle... Autre erreur cette fois en matière d'automobile, qui dénonce la jeunesse de notre auteur, la Fuego n'était pas hors de portée de la bourse d'un ouvrier pour peu qu'il y consacre tout son pécule. Si cette voiture avait un bel air, elle n'en avait guère la chanson car elle était dotée d'un moteur anémique que cachait son allure sportive.

Si vous êtes un (une) habitué de ce blog, vous avez sans doute remarqué combien je suis snob (mais ce n'est pas le seul défaut que je gobe). Or donc je peux apporter mon expertise, non seulement en matière de gigolo et d'automobiles Renault, mais également en ce qui concerne quelques un des personnages qui apparaissent dans ce name dropping qu'est « La septième fonction du langage ». Car j'ai eu la chance de rencontrer et de converser avec deux seconds et même troisièmes couteaux du livre, qui sont le prince Poniatowski et le comte d'Ornano deux aristocrates de la politique française (enfin comme disait ma grand mère, la noblesse d'empire ça ne compte pas) et si je confirme que le prince biberonnait sec, il me semble que le comte d'Ornano avait un langage moins trivial que dans le roman, il est vrai que nos échanges à Roland Garros, qui ne s'était pas encore horriblement démocratisé, sur les jeux comparés de Ramirez et Parun n'incitaient pas à la grossièreté.

Le roman de Binet n'échappe pas au post-modernisme, comment le pourrait-il avec de tels personnages ainsi il mêle des personnes réelles à des personnages fictif ou surnuméraire comme l'écrirait Deleuze, plus vrais que nature et parfois échappés d'un autre roman comme se Morris Zapp croisé chez David Lodge dont il est je crois son inventeur. 

L'auteur farcit son texte de références pour « faire époque » mais il frise parfois l'anachronisme quand par exemple il dote en février 80 un gigolo d'un Walkman ce qui est bien précoce lorsque l'on sait que le premier exemplaire de ce petite appareil fut vendu le 1 er juillet 1979 au Japon et qu'il arriva en Europe que quelques mois plus tard, d'abord en Angleterre...

Binet tombe dans le défaut des romans historiques qui veut que tout fasse sens; ainsi quand nos deux enquêteurs vont interroger Deleuze chez lui, la télévision est allumée. On y voit un match de tennis, Nastase-Connors. Clin d'oeil pour faire savoir au lecteur plus ou moins familier de Deleuze que ce dernier était grand amateur de tennis (voir son abécédaire) mais où le bât blesse c'est qu'il était à l'époque rigoureusement impossible de voir en février une rencontre de tennis sur le petit écran. Il n'y a pas de compétition majeures dans ce sport à cette période de l'année. Elles ne pouvaient donc pas être retransmises. Le tennis est très présent dans le récit. On assiste même (d'une loge, je suis comblé) à la finale de Roland Garros de 1981 entre Lendl et Borg...

Certes je prend tout cela au sérieux, alors que visiblement parfois Binet galéje; par exemple je ne peux pas croire que la nécrologie de Barthes rédigée par Poirot-Delpech pour « Le Monde » commence par: << Depuis juste vingt ans que Camus à rendu l'âme dans une boite à gant, la littérature aura payé à la déesse chromée un tribut un peu rude...>>. Ce qui est très original dans ce roman c'est que tous les personnages réels sont traités comme des personnages de pure fiction: contrairement aux conventions généralement admises dans un roman mettant en scène des personnes publiques. Je ne vois comme équivalence qu' « Inglourious basterds » de Tarantino.

Comme le dit le vieil adage, les plaisanteries les plus courtes sont les meilleures et le plus gros défaut du livre est sa longueur. Il faut dire que Binet a considérablement lester sa barque. Il nous apprend que si Althuser (pour les intimes tu serres trop fort!) a étranglé sa femme c'est directement lié au document pour lequel on aurait assassiné Barthes, itou pour le carnage de la gare de Bologne qui fit en 1980 une centaine de morts. Et ce n'est pas tout mais ce serait pécher que de vous en dévoiler plus...

Si Binet n'est pas ici un maitre de la construction romanesque, ce qui est raccord lorsque l'on écrit un roman sur les déconstructionisme, en revanche il a un sens remarquable de la scène, sa poursuite façon « Bullit » dans les rues de Paris est un modèle de scène d'action. La mise en scène de la controverse John Searle-Derrida est une prouesse. Les scènes de sexes sont hilarantes, surtout celle où deux voyeurs dont le docte Searle matent une baise musclée sur une photocopieuse à travers les rayons d'une bibliothèque américaine où s'exhibent les chef-d'oeuvres du nouveau roman. Parfois l'auteur fait des embardés dans son récit, si elle sont presque toujours savoureuses, elles auraient néanmoins pu être supprimé ou pour le moins allégées comme cette joute oratoire du club où je me suis cru dans une nouvelle de Roal Dahl (ce qui n'est pas désagréable).

En refermant le livre ont ne peut avoir que de la nostalgie pour une époque où les intellectuels français dominaient le monde universitaire, même si l'on peut penser que la French theory débouchait sur une impasse. 

Fi de la franche rigolade qui nous saisit, surtout dans les deux cent premières pages du livre, les plus réussies, on se demande bien ce qu'en fin de compte, Binet à bien voulu dire. Enfin je le subodore un peu; dans l'épisode se déroulant à Cornell (où malheureusement je ne suis pas allé), il laisse pointer quelques unes de ses idées en matière de philosophie qui ne me paraissent peu éloignées de celles d'Onfray développées dans sa fameuse « contre Histoire de la philosophie ». « La septième fonction du langage » sous ses habiles frusque » de polar ne serait il pas une mise en pièces du structuralisme? Les malveillants pourraient taxer ce livre de brulot anti élitiste mais ce serait être bien partial, car si les intellectuels sont étrillés, les politiques, qu'ils soient de gauche comme de droite ne sont pas épargnés. Mais peut être que l'unique ambition de Binet n'est peut-être que de nous distraire. Sur ce plan c'est parfaitement réussi.

 

Commentaire de cet article lors de sa première parution

 

 

ismau03/09/2015 14:40

Si vous recommandez vraiment ce livre – ce que je n'avais pas compris – je suivrais très volontiers votre recommandation ! Je vous dois en effet plusieurs belles découvertes littéraires - pas seulement littéraires d'ailleurs - . Pour les littéraires les plus récentes : ''Les Domaines hantées'' de Truman Capote et aussi son ''Petit-déjeuner chez Tiffany'', publié avec ''la guitare de diamants '' . Lu cet été : tous excellents ! Et en ce moment '' Le sourire du chat '' de François Maspero  : témoignage exceptionnel à tous points de vue, que vous aviez qualifié de ''merveille'' … et vous aviez raison ! (c'était dans un billet sur Mendoza, dont il était le traducteur )

lesdiagonalesdutemps03/09/2015 15:00

juste avant de m'envoler: Le Binet n'est pas à la hauteur des livres que vous citez mais on s'y amuse bien ce qui est rare et même exceptionnel dans la production littéraire actuelle. En plus il est parfaitement irrévérencieux et connait bien ce dont il parle. J'ajouterais qu'il donne envie d'aller se promener en Nouvelle Angleterre, à Venise et à Bologne. Comme les critiques littéraires patentés crient au chef d'oeuvre chaque semaine je pointe les défauts de ces prétendus chef d'oeuvres d'autant qu'il arrive aux plus grandes oeuvres d'avoir des scories. Mes critiques sont totalement indépendante car j'achète mes livres, C.D. et autres DVD. Comme je suis persona non grata presque partout je ne reçois quasiment plus d'invitations pour les vernissages et autres avant premières. A propos de scorie mon blog en contient de nombreuses...

xristophe03/09/2015 14:00

Si votre blog disparaissait ce serait en plus du reste pour nous comme la disparition d'un ami - que nous tenons en haute estime : un être stupéfiant de culture et d'énergie. Maintenant Barthes : il ne faut pas adopter les appellations incontrôlées des crétins collectifs, journalistes, américains, universitaires etc. Vu de loin on peut bien parler de "french théorie" comme on parle outre-Manche de "mangeurs de grenouilles", cela se mange sans pain, n'est pas méchant d'ailleurs mais n'est pas pertinent - en ne se voulant pas, même pas, impertinent : quand il y a polémique, au moins, on sait à quoi s'en tenir et que c'est du malveillant. Mais les "connotations" (c'est le moment d'employer ce terme-notion très usuel "barthésien" !) qui viennent de mots ou de locutions comme "french théorie" repris "chez nous", c'est déjà l'oxydation quotidienne de la bêtise qui se dépose et s'accumule dans les vieux trous tout préparés de la paresse de la pensée. Barthes a bcp écrit sur Gide, au début et à la fin, je vous donnerai les titres et les dates (si vous voulez). Il l'aime bcp, il se situe par rapport à lui. Pour moi il écrit dans le même esprit que Gide : pour comprendre et pour (s') éclairer, non le contraire; (et parle, aussi : sa merveilleuse aisance, alors, découvre pour l'interlocuteur enchanté sa non moins merveilleuse "authenticité", solidité, absence de frime : il faut, aussi, écouter Barthes parler - pour le rencontrer". Je ne connais d'alambiqué (si c'est bien votre mot) que le peu lisible en effet "Système de la mode", fruit d'un travail collectif ("systématique" - pour une fois) avec ses étudiants. (C'est - évidemment - la faute des étudiants...) /// Par ailleurs rien n'est moins difficile à comprendre que la théorie des niveaux de langages de Jakobson, universitaire raide et chiant mais très clair...

ismau02/09/2015 21:48

Des ''malveillants'', au sujet de ce livre ... j'en ai écouté récemment qui m'avaient convaincue, c'était sur Fcult : ''La Dispute'' du 22 août . Trois avis sur quatre y étaient extrêmement négatif . Leurs arguments tenaient très bien ; il en ressortait que cette parodie était un tantinet naïve et que la caricature manquait légèrement de finesse ; que les personnages n'étaient pas crédibles, que c'était trop long etc ... Vous même soulignez tous ces détails qui sonnent faux, et ces fautes de style . Pourquoi le fond serait-il meilleur? Quant à l'humour, ils ont dit préférer ''Le Roland Barthes sans peine'' de Rambaud et Burnier : plus drôle et plus court .
Pour moi, je me contente modestement de recommander les dernières émissions d'Onfray ( suis ravie que vous le citiez) Plusieurs concernaient justement le structuralisme, la French Théorie, et tous les personnages du livre de Binet : je les ai trouvées passionnantes, étonnamment éclairantes, et pleines d'humour en plus . 
Et puis, sur les mystères de la mort de Barthes, le très intéressant début de la biographie de Tiphaine Samoyault ( je n'ai lu que ce début )

lesdiagonalesdutemps02/09/2015 22:27

Je recommande ce livre qui est très drôle et littérairement culotté car je le répète les personnages réels sont traités comme des personnages de fiction et c'est très réussi et très rare. Rien à voir avec le pesant La meilleur part des hommes de Garcia qui avait raté quelque chose d'approchant mais sans aucun humour. C'est bien sûr une caricature de ce milieu intellectuel et politique, bien sûr cela ne peut plaire au sectaire du politiquement correct de la Dispute qui sont d'ailleurs étonnamment peu cultivé hors "ce qu'il faut avoir lu". J'ai écouté les dernières émissions d'Onfray en effet très intéressante mais disons qu'il est comme ce livre un trop du coté de Sainte-Beuve. Je n'ai pas lu la biographie de Tiphaine Samoyault. Je suis tenté.

xristophe02/09/2015 21:21

On voit un peu passer des gigolos autour du Flore dans le Journal de Barthes édité après sa mort. Mais je ne sais pas ce que c'est que la "french théorie" - et bien avant sa mort, je sais que Barthes en avait bien fini avec les théories, y compris "la" structuraliste, qui n'est d'ailleurs qu'une tendance de l'esprit. (Je ne "suis" pas structuraliste mais vous si, B.A) En aucun cas Barthes n'a jamais usé d'un sabir obscur "par théorie" - pour "initiés" etc - surtout pas à la fin. L'intelligence et l' attention seules sont requises. Il est pour moi la limpidité absolue - quelque chose entre Racine et Montaigne, avec en moins pour ce dernier, l'ancien français. La légende sur quoi table en s'amusant tout seul mais tout de même à côté, disons, "du matelas" (allusion à cette formule qui m'a toujours, très vulgaire, tant amusé... - je la dirai seulement à ceux qui ne le connaissent pas) le sieur Binet en tient pour une image de Barthes assez ringarde ; qui ne sait aujourd'hui (pour l'avoir tout simplement lu) que Barthes est "notre Gide" (qui, après Montaigne et Racine, arrive ici très logiquement) ; pas un jargonneur moliéresque. Sans doute ce Binet est un livre ressorti de tiroirs vermoulus (époque Giscard). Et puis Barthes, à la fin c'est aussi le premier des grands Réactionnaires (dont je suis le second - bon disons le troisième ou quatrième). "Et si les Modernes" écrit-il "n'avaient pas de talent !" Et le célèbre et scandaleux "Il m'est devenu tout à fait indifférent de ne pas être moderne". C'est d'ailleurs ainsi qu'on le reste, c'est connu.

lesdiagonalesdutemps02/09/2015 22:16

La French theory est le nom donné par les américain au structuralisme (pour faire simple). Leurs héros étaient essentiellement Foucault et Derrida et un peu en dessous en notoriété Deleuze. Etait annexé Lacan Barthes et quelques autre penseurs presque tous français ces derniers étaient reçu comme des rock stars dans les universités américaine. Le roman est basé sur la maitrise du langage et tourne plaisamment autour des théories de Jacobson. Si au début en effet Barthes dans ses mythologies est on ne peut plus clair, idem pour la fin de son oeuvre, Fragment du discours amoureux, au milieu certains de ses texte sont parfaitement jargonnant presque autant que du Derrida. Je ne voix pas bien le rapport entre Barthes et Gide, sinon les jeunes arabes (moins jeune pour Barthes). Barthes n'est absolument pas attaqué dans le livre sinon à la rigueur pour son cours au collège de France. C'est surtout Sollers et Kristeva qui payent. J'ai beaucoup ri en lisant ce Binet qui n'est pas celui des Bidochon mais est encore plus drôle dans ce roman qui m'a replongé dans le début des années 80.

    

12 mars 2020

Michel-Martin Drôlling : Jeune adolescent au bord d'une Fontaine

 

 

12 mars 2020

Yann Faucher (3)

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12 mars 2020

Après mai, un film d'Olivier Assayas

Après Mai

  

  

Il m'est difficile d'écrire sur Après mai, comme il m'était douloureux de le faire sur "Les témoins" de Téchiné qui chroniquait l'irruption du sida. Car ce sont des films qui me parlent de mon vécu, ou plutôt d'un possible qui n'a pas été le mien, mais dont j'ai été très proche. Assayas est un cinéaste beaucoup plus courageux, et par la même meilleur, que Téchiné ce dernier me paraissant toujours comme encombré des fausses pudeurs du puceau. Tout cela pour dire qu'Après mai ne me concerne pas que sur le plan cinématographique étant le presque contemporain du réalisateur qui revisite sa jeunesse.

Nous sommes en 1971, Gilles (Clément Métayer), 17 ans lorsque nous faisons sa connaissance, le double du réalisateur, auquel il emprunte de nombreux détails biographiques comme le metteur en scène, il va abandonner la peinture pour se vouer au cinéma, étudie avec ses copains et copine dans un lycée de la banlieue parisienne, une banlieue qui est encore presque la campagne. Il faut prendre le train pour se rendre à Paris. En ce temps là, les lycéens sont très politisés. Hors les heures de cours ce ne sont que collages d'affiches, manifs, A.G... Le cinéaste parvient avec justesse à faire revivre cette ébullition politique. Il n'en fait pas qu'un décor mais l'une des matières de son film. Si Gille a le désir de changer le monde cela ne l'empêche pas d'être amoureux. Son coeur balance entre Laure (Carole Combe) qui tombe dans tous les pièges de contre culture hippie, elle gravite dans tous les cercles de la contre culture, lieux inatteignable pour Gilles, trop sage et trop habité par son désir d'être un artiste, et Christine (Lola Créton) qui fait passer l'amour après l'engagement politique. Mais encore plus que l'amour et la politique, la grande préoccupation de Gilles est son devenir d'artiste. Sera-t-il peintre ou cinéaste?

Considérons d'abord le coté purement cinématographique d'Après mai. La réussite principale du film tient en la qualité (très rare) qu'a Olivier Assayas d'être capable de faire exister de nombreux personnages concomitamment dans un scénario; ce qu'il avait déjà fait parfaitement dans « Fin aout début septembre ». D'autre part Il a la sagesse de les suivre durant une période assez brève, ici environ deux ans (un an dans « Fin aout, début septembre ». Ainsi il ne s'embarque pas dans une saga au long cour, écueil qui a fait couler « né en 68 » de Ducastel et Martineau. Il a aussi la modestie de ne pas vouloir embrasser toute la complexité de l'époque. Il ne parle que de ce qu'il a vécu ou côtoyer de près. Ainsi il choisit de ne pas attaquer de front les événements de mai 68 comme l'avait fait Philippe Garrel dans son calamiteux « Les amants réguliers ». Il aborde l'époque par le biais comme l'avait fait Bresson dans « Le diable probablement », jusque là, le plus beau portrait au cinéma de l'adolescence des années 70. « Après mai » réussit le tour de force en partant d'une situation bien particulière à être un film où toute une génération peut se reconnaître. Autre pari tenu celui de mêler une histoire intime, peu ou prou la sienne, c' est aussi le récit de l''initiation amoureuse de Gilles, à l'Histoire. Mais Assayas a été encore plus ambitieux en traitant en sus la découverte d'une vocation artistique par un adolescent. Il est curieux de remarquer que si Gilles est indécis quant à ses choix amoureux et politiques, il est très déterminé à faire une carrière artistique.

Le réalisateur a le culot de tourner, avec des acteurs presque tous débutants, des scènes assez longues tout en étant assez peu bavarde. Ce qui est heureux car les acteurs ne sont pas bon tout le temps et surtout la diction claire n'est pas leur fort. C'est la seule chose qui peut faire penser que nous regardons un film réalisé aujourd'hui et non contemporain des évènements que nous voyons à l'écran, tant la reconstitution des années 70 est impeccable, mais à cette époque on parlait plus distinctement. Taiseux le film est donc contraint à l'être en raison de ce défaut inhérent à aujourd'hui qui ne touche pas que les comédiens novices.

Assayas filme souvent en plans larges avec des focales courtes d'où une grande profondeur de champ. La caméra est souvent fixe. Ces choix laissent le temps aux spectateurs de scruter le décor. Aimant les livres, comme les habitués du blog doivent s'en douter, j'ai été particulièrement vigilant aux deux bibliothèques qui apparaissent dans le film. Là comme ailleurs, je n'ai relevé aucun anachronisme. Dans celle du père de Gilles qui adapte les romans de Simenon pour la télévision (comme le père d'Olivier Assayas qui signait ses scénarios Jacques Rémy) , il y a une édition des oeuvres du romancier belge reliée et toilée très dans le goût des années 60 et dans celle de l'appartement qu'occupe Alain (Félix Armand), le copain de Gilles, comme lui aspirant peintre, on aperçoit la collection complète (je suis jaloux) des anthologies Planète, très en vogue au début des années 60. Applaudissons à tout rompre le décorateur et l' accessoiriste et encore plus le créateur des costumes; ils sont dessinés par Jürgen Doering, qui je l'espère ne sera pas oublié aux Césars.

J'aimerais que ceux qui regarderont ce film est toujours en mémoire qu'il est aussi difficile de faire une reconstitution historique des années 70, qu'une à l'époque de Charlemagne. Plus peut être parce qu'une partie des spectateurs ayant vécu à cette époque se souvienne d'infimes détails et traqueront sans pitié l'anachronisme, ce qui ne risque pas d'arriver dans une fiction se déroulant sous le règne de Charlemagne!

Assayas pour argumenter son propos le parsème d'inserts variés illustrant subtilement la culture d'alors comme des citations de Guy Debord et de Simon Leys, de plans sur des affiches, des revues, des fanzines et plus original et parfaitement intégré au scénario un extrait d'un film militant de Madeleine Riffaud. De même qu'à la toute fin la séquence du tournage d'un nanar dont Gilles est ne énième assistant, dans les studios londoniens de Pinewood (Assayas a travaillé sur les tournages des film de série B de Kevin Connor) fait corps avec le reste de la narration alors que sur le fond et la forme, elle est très différente du reste du film. Le regard porté sur tous les acteurs de ces différents cinémas, même s'ils se trompent est plein d'empathie de la part d'Assayas.

Je m'en voudrais d'oublier de citer la remarquable B. O. d'époque mais originale où l'on retrouve Nick Drake, Incredible String Band, Kevin Ayers, Syd Barrett, Johnny Flynn...

Le filmage est d'une grande fluidité, sans doute en parti grâce au recours à la grue en particulier pour la scène de la fête qui fait échos à celle de « L'eau froide », film d'Assayas de 1994, et aussi aux images du « Buisson ardent », de Laurent Perrin auquel « Après mai » est dédié. De Laurent Perrin je vous recommande chaudement Passage Secret; Assayas a collaboré au scénario de ce film.

Assayas à la bonne idée de ne pas circonscrire son tournage à Paris et sa banlieue. Il dépayse l'histoire en province, puis en Italie et à Londres, on a même droit à un film d'amateur tourné à Kaboul, sans que ces voyages paraissent artificiels, au contraire ils aident à construire les personnages.

Ma seule réserve sur le scénario réside dans l'épisode sur le terrorisme (sur le sujet, je ne peux pas manquer la déclaration du cinéaste: << Le terrorisme est le prolongement du gauchisme lorsque rien d'autre ne marche.>>) ou pour une fois l'ellipse narrative n'est guère convaincante. Même si le personnage de Rackham le Rouge (Martin Loizillon) d'un dogmatisme glacial, qui manipule ces jeunes gens est d'une vérité terrifiante.

On peut penser que le montage financier du film, dont le budget s'élève à 5,5 millions d'euros, a du être très difficile avec autant de lieux de tournage, tant en extérieur qu'en intérieur, de jour et de nuit, demandant pour certaines scènes une figuration importante à laquelle il faut ajouter de nombreuses silhouettes et petits rôles, tous très justes. Surtout quand on sait combien il est compliqué d'avoir les participations financières des grandes télévisions sans tête d'affiche, la plupart des acteurs sont des débutants. A ce propos Les maladresses passagères de certains des jeunes protagonistes paradoxalement aident à leur crédibilité; elles traduisent bien les hésitations de la jeunesse. Même Carole Combes, qui joue Laure et qui n'est pas assurément une comédienne née, devient possible lorsque son personnage se drogue. Sa diction molle convenant alors parfaitement. La grande révélation d' « Après mai » c'est Clément Métayer qui, interprétant le rôle de Gilles, le double du cinéaste, porte parfaitement une grande partie du film sur ses épaules. Il est amusant de remarquer que le seul passage où il semble embarrassé est celui dans lequel il doit mettre un trente trois tours sur la platine d'un tourne disque, geste complètement inconnu pour ce garçon d'aujourd'hui. Il tient le microsillon comme si c'était le saint sacrement et son léger tremblement est perceptible. Je verrais bien pour lui un avenir à la Romain Duris, révélé dans « Péril jeune » dont Après mai est un peu la version politisée.

Il est amusant de constater qu'Olivier Assayas (qui n'est pas indemne de narcissisme, l’Eau froide(1994) était déjà incursion fiévreuse parmi les décombres de son adolescence seventies sur laquelle il est revenu dans son essai, Une Adolescence dans l'après-mai.) donne le beau rôle à son alter égo. C'est le seul a ne pas s'engouffrer dans l'impasse gauchiste ou l'hédonisme frelaté. Le cinéaste rappelle combien les illusions de l'époque ont détruit ou abimé des vies de ceux, peut être les plus purs, qui ont cru à ses généreux mirages. Je pense par exemple au personnage de Jean-Pierre joué par un beau rouquin buté qui s'appelle Hugo Conzelmann.

Les marques de courage cinématographique de la part d'Olivier Assayas ne manque pas et celle de se colleter avec la représentation de la peinture, ici parfaitement réussie, au cinéma n'est pas la moindre. On voit bien que le cinéaste connait bien la question. Ces déclarations sur l'art pourraient être mis au fronton de ce blog: << Pour évoquer Warhol, ce qu'il peint représente quelque chose et a un propos qui est immédiat et direct. D'une certaine façon, Bacon ou Balthus font la même chose: ces artistes m'ont donné le sentiment qu'il y avait la possibilité d'une pratique figurative de l'art moderne.>>. Cette ode à la peinture figurative moderne n'empêche pas Assayas d'apprécier l'avant garde. Je rappelle qu'il a consacré un essai à Keneth Anger.

Je voudrais bien que ceux qui n'ont pas connu ce temps, que les moins de 50 ans ne peuvent pas connaître, aillent voir ce film, ce qui ferait tout de même du monde, en particulier ceux qui ne cessent de maudire notre présent et qui idéalisent ces années 70, celles d'avant le chômage et le sida. Ils découvriront que l'époque était d'une violence insensée. Ce que nous montre bien la première séquence du film mettant en scène une charge de police d'une violence inouïe contre des lycéens qui manifestaient pour protester contre... les violences policières, un de leurs camarades ayant perdu la vue lors d'une précédente manifestation. Plus loin on voit que la brutalité n'était pas que l'apanage des forces de l'ordre. Ces braves jeunes gens adeptes du maoïsme que l'on a vus sauvagement matraqués, n'hésitent pas à faire tomber d'une passerelle un parpaing de ciment sur la tête d'un vigile qui les poursuivait après qu'ils aient couvert d'inscriptions révolutionnaires les murs de leur lycée. Ils laissent sans guère de remord le vigile pour mort. Le dit vigile n'aurait pas fait plus de quartier s'il avait pu attraper l'un des jeunes gens... On apprend en une phrase, il faut être vigilant à tout dans un film aussi dense, que la victime appartiendrait au S.AC. Le groupe occulte de barbouzes-nervis de Charles Pasqua qui après avoir pourchassé les séides du F.L.N., puis de l'O.A.S, joué parfois les briseurs de grève s'était reconverti dans le cassage d'étudiants gauchistes; ces gens là ratissaient large au nom de... la défense de la république! (pour ceux que le sujet intéresse je recommande chaudement la lecture de la bande dessinée « Le service » de Djian, Legrand et Paillou, opportunément sous-titrée: L'histoire des hommes de l'ombre de la V éme république et un escadron de la mort à la française. Curieusement cet album, paru en 2011 aux éditions Emmanuel Proust est passé assez inaperçu...). Rien d'exagéré dans le film donc sur cette banalisation de la violence, j'ai vécu ou vu des épisodes semblables. Je me souviens que le lendemain de la grande marche de la droite sur les Champs-Élysée en 1968 pour le soutien du pouvoir, les caniveaux étaient remplis de gros boulons; les manifestants, j'en sais quelque chose, j'y étais, avaient garni leurs poches de ces pièces métalliques pour les lancer contre les gauchistes s'ils apparaissaient. Une autre fois pour "libérer" un lieu occupé par les gauchistes j'ai participé à un commando et ai massacré à coups de matraque un malheureux qui n'avait pas eu le temps de sortir de son sac de couchage (rétrospectivement je ne suis guère fier de ce « fait d'arme »). Une autre fois j'assistais à un cours, réputé n'être suivi que par des réactionnaires lorsque un commando (c'était le terme en vigueur) de l'UNEF renouveau a fait irruption. Ses membres nous ont roué de coups. Je suis sorti la tête en sang et j'ai du arborer un bandage autour de la tête qui m'a fait ressembler pendant plusieurs jours à un pieu sikh (ce qui est rigolo c'est que le chef de cette bande sera bien des années plus tard un élu parisien écologiste, plutôt pacifiste et il me fera beaucoup rire dans la merveilleuse émission de France-Culture, "Les papous dans la tête"; peut être avez vous trouvé de qui je veux parler. C'était aussi un habitué du regretté Panorama sur cette même antenne ). J'étais très content de m'en être tiré à si bon compte alors que beaucoup de mes camarades avaient gagné dans l'aventure un séjour à l'hôpital. Mais le plus fort c'est que nous trouvions ces actions sauvages quasiment normales. Nous ne sommes pas passé si loin, au tout début des années 70, de la guerre civile! Peut être qu'il serait bon, à la lumière de ce passé (et d'autres) de relativiser nos malheurs d'aujourd'hui. Non tout n'était pas rose en 70, 71. C'est ce que montre avec beaucoup de justesse Assayas. Je ne dis pas que la violence ait disparu ou même diminuée de notre pays mais elle est moins frontale, plus sociale, sans doute plus sournoise.

Je voudrais rappeler que les grandes gagnantes, indirectes, de ces affrontements violents furent... les femmes. Il est indéniable que le machisme a reculé et surtout il y a eu la pilule contraceptive et ensuite le droit à l'avortement, les plus grands progrès du XX ème siècle avec la machine à laver... A ce propos, plus que la scène, un peu convenue où Martine range les courses qu'elle vient de faire pendant que son homme discute révolution avec deux comparses, tout pénétrés de leur savoir à ce qui est bon pour la classe ouvrière, il suffit au cinéaste de quelques répliques pour mettre en évidence la condescendance de ces « révolutionnaires » envers la classe ouvrière. La meilleure illustration du machisme de l'époque se trouve dans le passage dans lequel  Alain conseille à Leslie, sa petite amie (India Salvor Menuez), d'aller faire un tour à Haarlem, non loin d'Amsterdam ou elle part se faire avorter des oeuvres du dit Alain; pour aller admirer deux tableaux (particulièrement sinistres) parce que Claudel en a parlé dans un de ses livres. C'est hallucinant d'ailleurs de connerie plus que de machisme  et subsidiairement  montre l'égoïsme du mâle et la différence de maturité qui existe, aux abords de la vingtaine, entre les filles et les garçons.

Si j'espère que le film connaitra un grand succès, j'en doute un peu. Car il parle d'un monde qui doit paraître aux jeunes d'aujourd'hui plus éloigné que Mars. La maturité politique des lycéens de 1971 est incompréhensible à ceux de 2012 qui se préoccupe de la politique et de l'histoire politique, qu'ils ignorent absolument, comme de leur première paire de Nike... Un des nombreux intérêt d'Après mai » réside dans la comparaison entre la jeunesse française de la fin des années 60 à celle d'aujourd'hui. Le film parle d'un monde dans lequel pour un jeune tout paraissait possible alors qu'en 2012 les jeunes se voient comme face à un mur infranchissable. Autre grande différence la jeunesse des années post soixante huit se sentait dans l'Histoire, une histoire vectorisée. 1968 leur apparaissait comme une révolution ratée mais ils étaient persuadés que la prochaine, dont ils seront parti prenante, sera la bonne. Il y avait une fois dans le collectif qui a totalement disparu en 2012.

Comme on le voit Après mai est un film qui fait réfléchir tout en étant émouvant. Il laisse derrière lui un parfum de mélancolie... C'est sans doute le film français le plus ambitieux de l'année et probablement le meilleur.

 

Après mai - Bande annonce

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12 mars 2020

Steven C. Corry

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12 mars 2020

Birk Thomassen

 

 

 

 

 

 

 



12 mars 2020

Young Boy Ted Bronze 2005 Karoly Szekeres

Young Boy Ted Bronze 2005 Karoly Szekeres
12 mars 2020

La Tapette en bois de Jacki

Une chanson d'hier trouvée sur le site "désirs et émois"         http://desirs-emois.blogspot.it. Tout en sous textes et allusions. Peut être qu'un érudit pourra nous dire l'auteur et compositeur de cette immortelle chanson.

On a depuis quelques temps
Les jeux les plus amusants
Le yoyo, c'était beau
Quand c'était nouveau
Mais à présent, c'est fini
Car les grands et les petits
Ont déjà remplacé
Ce jeu distingué
- Refrain -
Aujourd’hui partout on voit
La tata, la tapette
C’est un jeu des plus adroits
La tapette en bois !
 
On peut voir un peu partout
Le fameux billard à trous
Pour ce jeu merveilleux
Chacun fait la queue
Mais quand on attend son tour
Désormais l'on peut toujours
S'amuser gentiment
Pour passer son temps
- Refrain -
Ce petit jeu-là n’est rien
Il suffit d’un va-et-vient
Toc-toc-toc, pan-pan-pan
Ça c’est épatant !
Mais la balle en caoutchouc
Parfois rebondit sur vous
Et soudain, quel écueil
On la prend dans l'œil !
- Refrain -
Toto qui est un malin
Y joue du soir au matin
Ses parents ont la paix
Grâce à cet objet
Hier, dans la salle à manger
Son ballon s'est détaché
D'un seul coup il cassa
Les verres et les plats
- Refrain -
C'est un jeu qui fait fureur
Sur la plage et même ailleurs
On joue par-ci et par-là
Ce petit jeu-là
Des vieux messieurs distingués,
Des p’tits jeunes gens pommadés
Deux à deux, sans témoin
Y jouent dans les coins
- Refrain -

La tapette en bois

12 mars 2020

sempé, le diariste

sempé, le diariste
sempé, le diariste
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Dans les diagonales du temps
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