GERHARD RICHTER, PANORAMA, AU CENTRE POMPIDOU
Malgré les critiques d'art qui parviennent à trouver de la cohérence dans n'importe quelle oeuvre, cette recherche me paraît pour Richter vaine. L'artiste allemand a constamment cherché sa voie, ce qui l'a amené parfois à mon avis dans des impasses, mais cette quête est tout à son honneur, c'est la démarche naguère de Picasso et aujourd'hui de David Hockney. Il n'en reste pas moins qu'il a été fortement marqué par le contexte historique dans lequel il est né et ensuite a travaillé. Il est difficile qu'il en soit autrement lorsque l'on est né à Dresde en 1932, un an avant l'arrivée au pouvoir des nazis et que son oncle est mort au front durant la guerre et que sa tante souffrant de troubles mentaux a été éliminée par le Troisième Reich; à treize ans il voit sa ville natale détruite par les bombardement anglo-américain. Il a vécu toute sa jeunesse en Allemagne de l'Est sous le joug soviétique qu'il parvient à fuir en 1961, date à laquelle il s'installe à Dusseldorf.
Ce qui est surprenant chez Richter c'est qu'il peut produire dans le même temps une toile abstraite et une toile figurative.
Je diviserais sa production en quatre grands groupes dont les chronologies interfèrent tout d'abord une peinture plus ou moins objective où je rassemblerais les toiles peintes d'après photos, comme l'escadrille de Mustang datant de 1964, elles sont alors le plus souvent en noir et blanc, et des peinture plus récente en couleur comme Betty, proche de l'hyper réalisme, cette fois en couleur. Ces images sont parfois directement autobiographiques. Ensuite viennent les toiles pour lesquelles il est sans doute le plus célèbre. Elles consistent, le plus souvent en des portraits, parfois en pied, peints toujours d'après photo d'une manière hyper réaliste mais avant que la peinture soit sèche le peintre parcourt toute la surface de la toile avec une brosse sèche donnant un effet de flou. Cette technique, peu utilisée, mais Richter n'est néanmoins pas le seul à utiliser ce procédé, donne des oeuvre souvent plaisantes au regard (comme Ema, nu sur un escalier) mais leur multiplicité fait que le procédé devient plus présent que l'image elle même ou que le discourt qu'elle est censée véhiculer. Autre direction des recherches de Richter, une sorte de réactualisation de Duchamp, ce qui me paraît parfaitement sans intérêt, tant Duchamp a rendu inopérant toutes tentatives pour ressusciter le ready made. Mais il ne faut pas oublier à la décharge de Richter que lorsqu'en 1961 à son arrivée à l'ouest toutes la production moderne et contemporaine « capitaliste » fut pour Richter un grand choc esthétique.
en référence avec le nu descendant l'escalier de Duchamp
J'en vient maintenant à ce qui a retenu mon attention et pour lequel je me suis déplacé au Centre Pompidou, l'oeuvre abstraite de Richter pour lequel, une fois que les anecdotes de ses autres tableaux auront fané, restera dans l'histoire de l'art un grand peintre. Devant ces toiles on se dit en admirant la subtilité des couches de peintures, les première réapparaissant par endroit grâce aux grattage méticuleux de l'artiste, la plupart de ces toiles demandent une élaboration de plusieurs mois, que Richter est l'égal de Pollock. Quelques autres toiles abstraites également très réussies appartiennent au courant de l'abstraction lyrique.
Parmi ses autres investigations plastiques, je retiens la série nages qui par des moyens différents de ceux de Rothko conduit le spectateur au même vertige que lorsqu'il est devant une panneau de l'américain.
Le Centre Pompidou fait des progrès en ce qui concerne l'accrochage de ses expositions, celui ci est clair et esthétique et mérite parfaitement sont titre de panorama, citons donc le (ou la) commissaire qui se nomme Camille Morineau. Petit plus pour une fois les photos sont autorisées sauf pour les oeuvres provenant de la National Gallery d'Ottawa!
Paris, juillet 2012
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