La biennale des antiquaires 2008 au Grand Palais
J'essaye de ne jamais rater ce merveilleux musée éphémère qu'est la biennale des antiquaires de Paris qui a retrouvé tout son lustre depuis qu'elle se déroule de nouveau sous la verrière du grand palais. Cette année le décor était à la fois post moderne et arboré transformant la grande nef en un jardin d'hiver parsemé de kiosques de pierres. Moins extraordinaire que la réplique de la ville idéale de la renaissance il y a quelques années cette présentation m'a évoquée les assemblages de boutiques cossues que l'on trouve dans les villes d'eau, non loin du casino... C'est peut être un peu trop sage mais néanmoins très agréable.
Je vous présente ici ce qui est un peu le carnet de notes de ma visite, mon "picorage" dans tant de pièces d'exception toutes dignes des grands musées. Les images sont donc plus le témoignage de mes goûts qu'un panorama objectif de la biennales, donc plus de peinture que de meuble, et plus du moderne que de l'ancien... Je n'ai tout de même pas pu résister à cet Ulysse massacrant les prétendants qui était particulièrement périlleux à photographier et dont, honte à moi, j'ai oublié le nom du peintre...
Si toutes les pièces présentées sont comme à l'habitude de première qualité l'ensemble est toujours beaucoup plus sage qu'à la FIAC et les découvertes sont généralement peu nombreuses. Les artistes exposés étant presque tous habituellement consacrés sur le marché international.
En voici quelques exemples ci-dessous:
Une gouache d'Edward Hopper
Un miro un peu inattendu et très épuré
En effet j'aime beaucoup ce Rosenquist qui m'a rappelé la belle rétrospective que j'ai visitée à la fondation Guggenheim à New-York en 2002.
Un très beau Soulage d'avant le noir seul
La cathédrale de Chartre par Soutine
Un beau Nicolas de Stael, peintre que je considère très inégal et dont le statut de grand peintre ne dépasse guère les frontières françaises.
Un beau Tanguy à la palette très réduite.
Un beau tennisman de Gromaire.
Ma gourmandise de la visite, un superbe Riopelle, certainement le tableau que j'aurais acheté si j'en avais eu les moyens.
Mais j'aurais peut être hésité avec ce Wilfredo Lam.
Toutefois on peut tomber sur une curiosité comme ce Clovis Trouille ci-dessus, qui m'a particulièrement plu à ce moment car j'avais eu quelques peines à fendre la foule des papistes qui venait de faire leurs dévotions, pour entrer dans le Grand Palais. Une autre étrangeté, de beaux grands dessins de Calder.
Chapoval
Pourtant cette fois grâce à la Galerie Antoine Laurentin j'ai découvert un artiste dont j'ignorais complètement l'existence. Il s'agit de Youla Chapoval un peintre français né à 1919 à Kiev et venu avec sa famille à Paris alors qu'il n'avait que neuf ans et mort en 1951 à seulement 32 ans, à l'aube de la gloire, alors qu'on le voyait comme le grand espoir de la peinture française à l'égal de Nicolas de Stael. C'est en tout cas ce que m'a dit le directeur de la galerie, aussi disert pour promouvoir le peintre que charmant. Il reste, à voir cette exposition, que ce mélange de cubisme tardif et de Kandinsky est d'un bel effet, et qu'il est en effet bien triste que cette carrière est été prématurément interrompue.
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Tout comme à la FIAC, un des grands plaisirs de la biennale est la juxtaposition d'oeuvres qui ne se rencontrent que dans ce genre de manifestation, créant parfois des installations incongrues ou des voisinages éclairants comme ci-dessous, ce beau Basquiat dans une galerie d'art primitif africain.
Une autre belle rencontre pour Basquiat celle d'un grand Mathieu et d'une des bonnes femmes de Niki de Saint-Phalle...
On pourrait penser que cette sculpture de Marini a été faite pour dialoguer avec ce Picasso. Comment ne pas acheter la paire? Car ne l'oublions pas tout ce que nous voyons est à vendre...
Il y avait aussi de très beaux ensembles de mobilier, je recommande particulièrement celui de Charlotte Perriand et le japon et ce rêve ci-dessous des années trente.
Il est amusant de faire un petit recensement des artistes exposés, ce qui donne une idée des tendances du marché et du goût des collectionneurs (français), je ne parlerais que pour la peinture seule discipline que je connaisse un peu. J'ai constaté une écrasante domination de la peinture (peu de dessins et presque pas de photographies) de la première moitié du XX ème siècle; toujours beaucoup de Picasso et des plus beaux, présence habituelle de Dubuffet, confirmation de l'émergence des cubistes tardifs. Dans plusieurs galeries j'ai remarqué de superbes Marquet, ce qui est nouveau...
On peut regretter le coté un peu franco-français de cette manifestation, peu de grandes galeries étrangères et les antiquaires étrangers qui on fait le déplacement, semblent s'ingénier à exposer dans "le goût français", ce qui indique que les collectionneurs étrangers ne font pas (plus) le voyage pour cette biennale, encore malheureusement un signe de la faiblesse du marché de l'art dans notre pays...
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