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Dans les diagonales du temps
19 février 2020

Rancillac chez les cocos

Rancillac chez les cocos (2)
Exposition Rancillac au siège du Parti Communiste Français
Rancillac chez les cocos (2)
Rancillac chez les cocos (2)
Rancillac chez les cocos (2)
Rancillac chez les cocos (2)
Rancillac chez les cocos (2)
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Rancillac chez les cocos (2)
Rancillac chez les cocos (2)
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Rancillac chez les cocos (2)
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Rancillac chez les cocos (2)
Rancillac chez les cocos (2)
Rancillac chez les cocos (2)
Paris, mars 2017

Paris, mars 2017

 

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19 février 2020

Barbara Anastacio

Ph. Barbara Anastacio

 

19 février 2020

AGUETS, JOURNAL 1988, DE RENAUD CAMUS

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On peut considérer “Aguets”, comme chronologiquement le véritable premier tome du monumental journal de Renaud Camus. En effet ce journal de 1988 n’a pas le prétexte cette fois d’un voyage ou d’un séjour particulier. Il est entendu que j’ai laissé de coté les deux volumes intitulés “Traverse” qui n’ont pas la même forme et ne sont pas circonscrits à une seule année. 

Ce qui ne cesse de m’ étonner le plus, depuis que je me suis plongé dans le fleuve camusien de son journal, je lis les volumes du journal dans le plus grand désordre et dans des lieux différents (amis lecteurs je n’ai toujours pas trouvé le “Journal romain” s’il s’empoussière chez vous pensez à moi, je l’adopterais volontier) c’est le constant changement de ton et de couleur de l’écriture d’une année à l’autre. J’allais écrire le changement de style; même si celui-ci ne change pas vraiment, on s’aperçoit que la manière d’écrire de Renaud Camus s’infléchit assez fortement dans une direction ou une autre suivant les années d’écriture du journal, selon l’humeur de l’auteur. “Aguets” est d’un style plus moelleux, plus “écrit” que “Vigiles”, chronologiquement le précédent opus. Peut être parce que l’on sent l’auteur plus serein, ce qui est paradoxale car son quotidien est beaucoup moins tranquille et balisé qu’il ne l’était lorsqu’il résidait à Rome, villa Médicis.
Dans cette année 1988, Renaud Camus est essentiellement parisien. Dans tous les sens d’abord géographiquement, il y a peu de voyage, à l’exception d’un paradisiaque séjour sur la côte d’azur et un court périple en Italie qu’il a du mal à quitter malgré les reproches qu’il adresse aux italiens. Il  profite de cette sédentarité pour faire une cure de parisianisme dans le bon sens du terme. Il nous fait ainsi profiter rétrospectivement de toute l’actualité culturelle du moment avec une prédilection pour la musique et toujours comme à son habitude sans langue de bois. Pourtant pour la première fois, depuis que je le lis, il me navre en ne comprenant absolument rien à Almodovar! Il se rachète à mes yeux, à la fin du volume en faisant l’éloge de Zefirelli, ce qu’on ne lit pas souvent. Il serait cependant stupide d’en conclure que Renaud Camus n’entend rien au cinéma puisque, quelque dizaines de pages plus loin, il nous délivre une critique particulièrement perspicace de “De bruit et de fureur de Jean-Claude Brisseau, magistrales lignes que se sont encore bonifiées avec le temps.


Il faut louer le remarquable oeil de Renaud Camus pour l’art contemporain. Ils étaient bien peu ceux, qui en France, avaient repéré, comme lui, en 1988, Jeff Koons dont l’oeuvre laisse toutefois le diariste assez dubitatif.

Cet érudit curieux peut néanmoins parfois faire preuve d’une exceptionnelle étroitesse d’esprit; comme à propos d’ “Une visite inopportune” de Copi, qui reste, en ce qui me concerne, un grand souvenir de Théâtre, grâce surtout à l’époustouflante interprétation de Michel Duchaussoy que Renaud Camus réussit à ne pas citer! Son dégoût de la pièce est nourri par la détestation de l’image de l’homosexualité qui y est montrée. Il exprime son rejet de la folle et par contamination de l’oeuvre de Copi, sous prétexte que ce n’est pas son genre. Ce qui est aussi pertinent de refuser l’oeuvre de Renaud Camus sous prétexte que l’on a peu d’attirance pour les moustachus! Ce qui est intéressant et qui fait une partie de la grande valeur du journal camusien est que par une digression dont l’auteur à le secret est que de cette absurde opinion il glisse au questionnement sur la notion de rôle, actif, passif dans les relations homosexuelles et en vient à exposer ses propres pratiques avec une tranquille et rare franchise: <<... T’es actif ou passif demandent ils tous, sur le minitel, et cette question pour moi n’a pas de sens. Comme je ne suis pas du tout passif je me range, si vraiment l’on insiste, parmi les actifs; mais je n’y tiens pas autrement. Je n’encule, à l’occasion que par convention (que j’observe parfois avec plaisir, soyons véridique); mon esprit ni même mon désir n’auraient jamais conçu tout seuls l’idée de cette pratique là. J’éprouve d’ailleurs, de temps en temps, désormais, certaines difficultés physiques à m’y livrer. Mon érotique personnelle n’aspire qu’à l’effusion, à l’embrassement, à l’étreinte toujours plus étroite: frottages, léchages, suçages (et encore...) sexe contre sexe, foutre se mélangeant. Ne serait-il pas concevable que cette particularité (à laquelle, accessoirement, je dois toute vraissemblance d’être encore en vie) recoupe, chevauche, explique, ma particularité toujours plus marquée parmi les gays, ma sainte horreur des copines, mon inappartenance militante?>>. Et voilà qu’au détour d’une page Renaud Camus m’éclaire à la fois sur mon attitude dans la vie et sur sans doute la raison  pour laquelle je suis toujours de ce monde (au grand déplaisir de certain)...

 


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portrait d'un gentilhomme par Bartolomeo Veneto.

 


Sa grande occupation de cette année 1988 est l’achat d’un appartement. Il en trouve un rue saint-Paul qui comble à la fois son désir de centralité et de ciel. Auparavant il y a eu un intermède de quelque semaines dans un logi d’attente, rue Campagne première, épisode qui reste flou. Il quitte donc l’appartement qu’il louait depuis seize ans rue du Bac. Ce déménagement nous vaut une interruption de plus d’un mois du journal, ce qui est bien inhabituel chez notre diariste.
Il renoue avec un plaisir presque sans mélange avec la vie parisienne dont il était sevré depuis deux ans et qui ne consiste pas seulement en jouissances culturelles mais en moult tricks et autres marivaudages maraisiens...

 


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Brutus et Portia par Michele Da Verona.

Comme je le signalait dans le billet précédent, je prend connaissance du journal de Renaud Camus dans le plus grand désordre chronologique. Dans cette pratique sans doute peu orthodoxe, il est alors très surprenant de passer de l’ ermite de Plieux des années 2000 au “muscadin” des années 80. Je suis bien conscient que le terme muscadin induit la jeunesse, ce qui n’est plus le cas pour Renaud Camus, il a alors 43 ans lorsqu’il rédige “Aguets” et pourtant on a constamment l’impression de lire le journal d’un jeune homme.
Mais en ces années, la légèreté ne pouvait être qu”éphémère et en une phrase simple et poignante, il retranscrit bien ce qui nous étreignait tous: << L’horreur de la situation présente, c’est que tous ces garçons qui furent en somme votre jeunesse (mais nous ne le savions pas), si nous ne les apercevons plus jamais, l’affreuse pensée nous vient que peut être ils sont morts.>>.

 


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cosmos lunaire par Georges Noel

 


En tant que lecteur, égoistement, je regrette qu’ autant de galipettes soient comtées par le menue. Non par pudibonderie, vous vous en dotez bien, mais par lassitude de ces répétitions gymniques. D’ailleurs Je m’etonne, et j’ en suis rétrospectivement un peu jalous,  des succès sexuels, à 43 ans, de l’auteur; sans pourtant jamais les mettre en doute alors, qu’en revanche, j’ai  toujours douté de la bonne fortune, parmi les nymphettes, de Gabriel Matzneff, succès qu’il étale complaisamment dans son sien journal. Ceci dit, je ne suis pas mécontent que les derniers tomes de celui de Renaud Camus soient allégés des exploits de lit ce qui en outre en facilite la lecture car tous ces amants numérotés et surnommés rendent parfois la lecture du journal aussi ardue que celle d’un roman fleuve russe..

 


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allégorie maritime par Jules-Elie Delaunay.

 


C’est pourtant plus l’amour que le sexe que le Renaud Camus de 1988 espère trouver en multipliant les rencontres, comme le suggèrent ces lignes: << Il me semble que les êtres, les contrées et les choses, lorsqu’on sait bien qu’on va les perdre, sont un peu moins perdus, tout de même, si quelqu’un qui nous est proche, de préférence, mais pas nécessairement, a partagé notre regard, et peu attester auprès de nous, plus tard, que nous n’avons pas rêvé, que ce visage n’était pas un mirage, ni cet orage, ni cette foudre.>>.
Renaud Camus n’est jamais aussi intéressant que lorsqu’il s’interroge, comme il le fait par exemple le 30 septembre, à propos de l’exposition Garouste au Centre Pompidou, sur la hiérarchie des artistes, le marché de l’art et sa posture devant l’art contemporain. Il n’hésite pas à remettre en question ses certitudes sur ces sujets avec une liberté d’esprit rare en ce domaine et qu’il n’a pas toujours, il faut bien le dire, pour d’autres problématiques. Les fluctuations de la réception de l’art le questionne: << Cette passion que nous avons aujourd’hui, pour les ébauches, les esquisses et les oeuvres inachevées, charrie probablement beaucoup d’ambiguité. Ce n’est pas le génie de l’artiste ou son originalité que nous chérissons dans ces cas là, c’est la curieuse intimité que semble suggérer la rapidité de sa main, la nervosité de son pinceau, la fraîcheur forcément “moderne” de sa touche. >>.

 


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Olivier Mosset.

 


Mais c’est surtout la peinture italienne de la rennaissance qui a sa prédilection. Au fil des pages il nous délivre, toujours avec légèreté, un véritable cours de l'histoire de l'art sur cette période. Pourrais-je lui suggérer de rassembler dans un volume illustré, sur le modèle de ses “Demeures de l’esprit”, tous les nombreux passages qui se trouvent dans les différents volumes de son journal?

 


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Mastelletta.

 


L’auteur se connait bien et se permet de donner une bonne définition de lui-même: << mélange de modernisme choisi et de conservatisme profond, d’audace délibérée et de classicisme foncier, de pessimisme grognon et d’humour.>>.
Ce volume comporte de beaux passages poétiques, tel cette évocation d’un soir à Antibes: << Six heures... On a un continent en face de soi, pourtant, avec ses sommet, ses cités, ses routes et ses solitudes. Alentour, des pins, des parcs profonds quelques balustrades, des terrasses. On s’assoit côte à côte à une branlante table de fer, devant le petit café qui jouxte la chapelle. On se tait, les mains se frôlent pour atteindre les verres ou se passer les jolies cartes postales anciennes qu’on vient d’acheter. On songe aux singularités du destin, à la fragilité des amours, à la tendresse des soirs, à la préciosité des moment, à des morts, à des disparus, à des oubliés, à des inoubliables qui vous oublient.>>.

 


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Apollon et Daphné par Maratta.

 


Il y a aussi quelques beaux morceaux de bravoures dont l’humour n’est pas absent comme dans cet épisode du noeud papillon récalcitrant lors d’une soirée de duchesses en la présence du prince de Danemark  ou encore cette visite à l’exposition des années 50 au centre Pompidou en compagnie d’une de ses connaissances, que je ne peux imaginer, aller savoir pourquoi, que ressemblant à la tante Zulma dans “Oscar le petit canard”, une bande dessinée que je chérissait en ma lointaine enfance et à laquelle je ne pense pas tous les jours, or donc cette redoutable personne ne fait que dénigrer les artistes exposés, Rothko, Pollock, Burri... ce qui embarrasse fort le malheureux Camus qui ne manque pas de rencontrer force connaissances très surpris de le voir en cet équipage.

 


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Alberto Burri.

 


C’est pourtant le passage évoquant une après-midi mélancolique à Drouot qui m’a le plus parlé lors d'une vente aux enchères, Renaud Camus pose une question qui me tarabuste également depuis longtemps, comment certains marchands d’antiquités peuvent ils être aussi vulgaires et d’une âme aussi médiocre alors qu’ils côtoient journellement des merveilles?
Je vais reprendre ma marotte de considérer ce journal comme une suite romanesque, ce que d’aucun doivent trouver stupide, dont le narrateur en serait le héros. Le lecteur désordonné que je suis est encore amené à se poser, à la lecture de cet épisode de 1988 de nombreuses questions. Comme celle de se demander comment notre écrivain désargenté, c’est lui qui le proclame régulièrement, peut être en possession de tableaux, assez suffisant en nombre et en qualité, dont la vente peut lui permettre l’achat d’un logement parisien qui, s’il ne semble pas être un palais, n’est pas, bien que sous les combles, un galetas non plus.

 

Comme le faisait remarquer Véhesse , on trouve dans un volume des  réponses aux questions que l’on se posait dans un précédent “chapitre”. Ainsi dans “Aguet” je suis rasséréné sur le devenir de D. dont la disparition dans “Vigiles” m’avait inquiété...

Quant aux projets littéraires de l’auteur, 1988 est une année peu féconde. Je me demande si en cette année 1988, il ne pressent pas que c’est le journal qui va devenir la pièce maîtresse de son oeuvre, ce dont je ne suis pas si sûr, et ce dont Renaud Camus ne doit pas l’être plus et je subodore même qu’il ne le désire pas.
Comme à son habitude l’auteur dans cet ouvrage nous apparait comme multiple. Mais dans “Aguets” celui qui s’impose c’est Renaud Camus ravi de Paris.

 


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 Jean-Baptiste Debret

Nota:
1/ Je sais bien que je fais un peu le bénet en m’ interrogeant sur les béances de ma lecture du journal; d’une part parce je la fais d’une manière non chronologique (j’aggrave encore mon cas en ne chroniquant pas les différents tomes du journal dans l’ordre où je les lis), mais ce n’est qu’en parti volontaire, puisque j’avais déjà certains de ces volumes dans ma bibliothèque, certains lus et d’autres que je n’avais jamais ouverts et qu’en plus lorsque je veux en acquérir de nouveaux je n’ai pas toujours le choix, le volume que je convoite n’étant pas toujours disponible en librairie (je n’ai toujours pas trouvé le journal romain) et d’autre part que je m’empêche de  consulter la chronologie sur le site personnel de 
Renaud Camus , une merveille, je ne le visite que pour ses images,  qui serait fort utile pour compléter mon information mais qui me priverait de mes rêveries.
2/ Il faut une fois encore saluer l'excellence de l' édition de  volume qui est complété par  deux index l'un des noms propres et l'autre des lieux  ce dernier etant divisé en plusieurs sections, musées, palais, villas, ... transformant ce livre en un  guide aussi pratique que subjectif...
3/ J'ai choisi pour illustrer ce billet des oeuvres d'artistes dont il est question dans "Aguets".
4/ Sur ce 
site  vous trouverez un dictionnaire propre à cet ouvrage, très éclairant.

Aguets, journal 1988, Renaud Camus, 1990, éditions P.O.L.

 

 

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19 février 2020

Miguel Villalobos

Ph. Miguel Villalobos

 

19 février 2020

Leni Riefenstahl

Ph. Leni Riefenstahl

 

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19 février 2020

Laurent Honoré Marqueste, Cupidon

Laurent Honoré Marqueste, Cupidon
19 février 2020

René Lalique, Vase Palestre, 1928.

René Lalique, Vase Palestre, 1928.
19 février 2020

Will McBride

Will McBride
Will McBride
Will McBride
Will McBride
Will McBride

 

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19 février 2020

Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki

Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Un boys band sur un train entre Shito-Tosu et Nagasaki
Japon, mars 2017

Japon, mars 2017

 

19 février 2020

Hideki Koh

Hideki Koh
Hideki Koh
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