Canalblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Dans les diagonales du temps
antiquite romaine
20 mars 2020

La voie des sépulcres à Pompéi par Christen Købke

  •  
La voie des sépulcres à Pompéi par Christen Købke
Publicité
Publicité
18 mars 2020

Virgil et Varius dans la maison de Mécéna. Charles Francois Jalabert, 1819-1901.

 

Virgil et Varius dans la maison de Mécéna.  Charles Francois Jalabert, 1819-1901.
14 mars 2020

une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)

  •  
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
une visite au Musée National d'Archéologie d'Athènes (4)
Athènes, Grèce, juin 2014

Athènes, Grèce, juin 2014

11 mars 2020

Auguste au Grand Palais

  •  
statue du doryphore

statue du doryphore

L'Auguste Prima Porta

L'Auguste Prima Porta

 

Moi Auguste empereur de Rome au Grand Palais est la plus belle exposition ayant pour sujet l'antiquité que j'ai vue. Encore plus réussie que celle organisée par le British Museum autour d'Hadrien il y a quelques années qui était pourtant fort belle (il doit y avoir quelques images de cette manifestation sur le blog). L'exposition et encore plus le catalogue, vraiment indispensable à tous ceux qui s'intéressent à la Rome antique, considère Auguste et son époque sous différents angles et montre bien l'autoconstruction de son personnage d'empereur et son talent politique. On peut dire que l'on peut y voir, à travers les très nombreuses pièces présentées, un echo des plus récentes recherches historiques sur la naissance de l'empire romain. Les cartouches sont remarquablement pédagogiques comme le catalogue, j'insiste sur cette merveille, qui pour être extrêmement pointu est néanmoins accéssible à qui a un minimum de culture historique. Cette mise en perspective  de la naissance d'un monde fait songer, combien l'Europe d'aujourd'hui aurait besoin d'un nouvel Auguste...

Mes photos ne sont qu'un petit aperçu de cette splendide exposition car certaines oeuvres étaient interdites de reproduction et d'autres, je pense particulièrement aux superbes camés et aux monnaies étaient impossible à photographier.

Cette promenade d'une après midi dans la Rome antique m'a donné l'envie de me replonger dans le chef d'oeuvre de Robert Graves "Moi Claude empereur" d'autant que la généalogie de la famille d'Auguste devient, après la visite ,presque claire...

 

Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
plaque campana à décor nilotique

plaque campana à décor nilotique

Auguste au Grand Palais
Tête de Crassus

Tête de Crassus

portrait d'Octavien (Auguste jeune)

portrait d'Octavien (Auguste jeune)

Auguste représenté en pontife

Auguste représenté en pontife

Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
portraits de Caius César et de Lucius César prédestinés à être empereur et qui mourront tous deux avant leur vingtième année...

portraits de Caius César et de Lucius César prédestinés à être empereur et qui mourront tous deux avant leur vingtième année...

Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Marcellus idéalisé

Marcellus idéalisé

Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Tête de Marcellus, j'ai toujours été fasciné par ces destins inaccompli comme celui de Marcellus choisi par Auguste pour lui succéder et qui mourra jeune bien avant Auguste

Tête de Marcellus, j'ai toujours été fasciné par ces destins inaccompli comme celui de Marcellus choisi par Auguste pour lui succéder et qui mourra jeune bien avant Auguste

Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Niobides des jardins de Salluste

Niobides des jardins de Salluste

masques du théâtre de Marcellus

masques du théâtre de Marcellus

Oreste et pylade

Oreste et pylade

Oreste et Electre

Oreste et Electre

Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Balsamaire en forme de colombe. Ce type de récipient renfermait des poudres cosmétiques ou des onguents parfumés qui en était extraits lorsque l'on brisait la queue

Balsamaire en forme de colombe. Ce type de récipient renfermait des poudres cosmétiques ou des onguents parfumés qui en était extraits lorsque l'on brisait la queue

Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
Auguste au Grand Palais
détail d'un trépied avec brasero découvert à Pompei

détail d'un trépied avec brasero découvert à Pompei

Paris, mai 2014

Paris, mai 2014

10 mars 2020

Thermæ Romæ, un film d'Hideki Takeuchi

  

  

  

Japon, 2012, 108 mn

  

Réalisation: Hideki Takeuchi, scenario d'après le manga éponyme de Mari Yamazak : Shōgo Mutō

  

Avec: Aya Ueto, Kai Shishido, Masachika Ichimura et Kazuki Kitamura, Matsuo Satoru, Morishita Yoshiyuki, Sasano Takashi, Kimura Midorik

  

Lucius Modestus est un architecte romain alors qu'Hadrien est empereur. Il se retrouve projeté dans le futur par le biais d'une source thermale. Avec l'aide de Mami, une apprentie mangaka (dont le rôle est confié à Aya Ueto), Lucius découvre les technologies contemporaines et voyage entre les époques pour rapporter à l'empereur les améliorations de l'art du bain. C'est « Les visiteurs » entre garum et saké!

Thermae-Romae-3

 

 

Il s'agit d'une adaptation du manga signé Mari Yamazaki (on peut aller voir le billet que je lui ai consacré. C’est donc un film en costume, avec la toge et tout et très bizarrement, dans la Rome Antique on parlait japonais. Le manga jouait sur l'étrangeté d'un romain projeté au Japon, mais comme le dit romain est joué par un acteur japonais ainsi que tous les autres y compris l'empereur Hadrien, c'est Antinous qui aurait été surpris, l'effet de décalage entre Lucius et les japonais qu'il rencontre est inexistant, vous me direz avec raison qu'il y a d'autres décalage dans ce film. De ses voyages dans le temps et dans l'espace (il lui suffit de plonger dans une piscine et il se retrouve au Japon, j'ai essayé mais cela n'a pas fonctionné mais je ne me décourage pas, voilà bientôt un an que j'essaye et toujours sans résultat!) ramène des inventions géniales comme la visière de bain qui permet de se laver les cheveux sans s’en mettre plein les yeux (en bas à droite de l'affiche du film, Il y avait cette sorte d'auréole en plastique dans la salle de bain de ma chambre d'hôtel et n'étant pas très intelligent je me suis bien demandé à quoi ce truc pouvait servir. En lisant le manga j'ai eu enfin la réponse.), des pommes de douche, les fresques dans les bains ou une sorte d’aquarium avec des méduses… ainsi que les bains à remous (avec des esclaves qui soufflent dans des tubes) mais uniquement pour l’empereur !!!

  

Thermae Romae

 

La découverte du papier toilette par notre citoyen romain

 

Le film, même au Japon, est une comédie; pour un occidental possédant quelques connaissances sur l'antiquité romaine hilarité garantie. Le plus extravaguant est que la réalisation a été soucieuce d'exactitudes historiques. Le film a été tournée dans les décors de la série Rome. Le seul gros hiatus est que tous les romains sont joués et pas avec légèreté par des japonais. Ne vous privez pas de ce plaisir coupable. Le film au Japon est sorti en salle en 2012 et a été un énorme succès (la suite sort au japon en avril 2014!). Il y a aussi une série télévisée animée qui suit à la page le manga.

  

une adresse pour télécharger le film: http://www.asia-choc.biz/thermae-romae-ddl-vostfr-film-japonais/

 

THERMAE ROMAE Trailer | Festival 2012

 

Publicité
Publicité
9 mars 2020

Pompéi, un film de Paul W. S. Anderson

[Critique] POMPÉI

  

 

Si vous êtes sourcilleux d'exactitudes historiques et amoureux des acteurs qui jouent tout en nuance je ne vous conseillerais pas le film d'Anderson; mais si en revanche les fantaisies historiques vous amusent, même si nous sommes ici plus dans le film catastrophe que le péplum, et que vous êtes nostalgique des péplums genre Ulysse contre les martiens (ne cherchez pas dans votre vidéothèque ou votre bibliothèque de cinéphile j'ai inventé ce titre mais je suis sûr que les amateurs me comprennent) ne vous privez de ce plaisir un peu honteux (mais vous n'êtes pas obligé d'avouer à votre entourage que vous fréquentez des mauvais lieux). En plus vous ferez une bonne affaire pour le prix d'un billet vous verrez plusieurs films dans l'ordre Spartacus, pas le film de Kubrick mais la série australienne que le scénariste de Pompéi a un peu trop regardé (on peut aller voir mon billet sur cette série:  Spartacus: Blood and sand (saison 1) réédition complétée. Durant toute la première partie on a l'impression de voir une séquelle de cette série, malheureusement l'érotisme en moins. Puis le volcan fume et nous sommes dans « Les derniers jours de Pompéi » en beaucoup moins romantique. Le noeud de l'histoire, dénouée si je puis dire par l'éruption du Vésuve, est que le très méchant sénateur poursuit de ses assiduité une belle jeune femme, Flavia (Emily Browning)fille d'un des patriciens les plus important de la ville. Celui-ci est prêt à tout pour la mettre dans son lit. Mais par bonheur elle est aimée par un beau gladiateur, Milo le celte Milo joué par Kit Harington (vu dans le trône de fer), l'acteur manque un peu de charisme et de muscle pour le rôle. Les parents de Milo ont été massacrés jadis par l'affreux sénateur. Le celte n'a qu'une obsession se venger du vilain romain qui en plus convoite son aimée. Il sera aidé dans son entreprise par un autre gladiateur, Atticus (Adewale Akinnuoye-Agbajevu dans Oz et Lost, le meilleur acteur de cette curieuse distribution) très fort et très gentil donc noir. L'affreux sénateur est joué à la truelle par Jack Bauer, alias Kiefer Sutherland tout en rictus et regards torves. Comme vous le constatez les subtilités scénaristiques ne sont pas de mise. En bonus vous aurez droit à une poursuite en char à situer cinématographiquement entre « Bullit » et « Ben-hur » et un tsunami avec un vaisseau sur la crête de la monstrueuse vague poursuivant la foule éperdue dans une rue de la ville. Enfin coté pyrotechnie vous devriez pas être déçu non plus et vous aurez une bonne représentation de ce qu'a pu être le bombardement de Dresde ou de Tokyo par des bombes incendiaires en 1945, ce qui n'a bien sûr aucun rapport avec ce qui s'est passé en réalité à Pompéi car si ce que nous voyons sur l'écran avait réellement eu lieu il n'y aurait plus rien à voir au pied du Vésuve.

Le scénario du film vous rappellera si vous êtes doué pour les transpositions « Le titatic » de James Cameron et la première scène, le massacre des habitants du village celte le « Gladiator de Ridley Scott.Si vous êtes vraiment pervers vous vous souviendrez peut être aussi de Conan le barbare dans lequel un enfant abandonné devenait gladiateur. Ils se sont mis à quatre pour concocter le scénario qui ne semble être au final qu'un patchwork de films et de séries...

Tout dans le film d'Anderson n'est tout de même pas qu'élucubrations, si la ville n'est pas judicieusement placée par rapport au Vésuve, elle est beaucoup plus près du volcan que dans la réalité, la reconstitution de la ville dans ses détails monuments et rues me paraît assez juste (je l'ai arpentée il n'y a pas si longtemps) en revanche sa géographie générale est assez fantaisiste ou disons qu'on lui a adjoint Herculanum. La topographie de la villa romaine est bien reconstituée dans celle des X, le modèle en étant probablement la villa des mystère tant par sa situation par rapport à la ville que par la répartition des pièces.

Grâce aux effets spéciaux et au colossal budget alloué pour le film on ne s'ennuie pas mais on espère que pas trop de lycéen iront voir ce film dèjà qu'ils sont persuadés qu'Hitler a été flingué dans un cinéma parisien par un commando de juifs américain grâce à Tarantino, cette fois à cause d'Anderson ils auront une curieuse image de la fin de Pompéi...

 

  

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

9 mars 2020

un songe autour du péplum

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.47.17.jpg

  

J'ai écrit cet article pour un feu blog, en aout 2007 (mais je ne suis pas certain de la date) et mis à part quelques corrections orthogaphiques et quelques rectifications syntaxiques, je n'y ai rien retranché ni ajouté sinon les quelques ajouts d'actualisation .

  

 

Mon été fut antique, et plus précisément romain, sans pourtant quitter la région parisienne, grâce au péplum et en particulier à la deuxième saison de la série Rome qui a déclenché en moi une fringale de toges. 

 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-18.03.30.jpg

  

Le genre était en déshérence lorsque le courageux Ridley Scott le ressuscita avec Gladiator. Comme toujours a Hollywood, un succès ne reste jamais veuf. On vit donc arriver sans tarder sur les écrans Troie de Wolfgang Petersen qui réussit,  pour cette adaptation de l’Illiade et de ses suites, par des tours de passe passe, pas toujours convaincants, à escamoter de cette épopée les dieux grecs, sans doute pour ne pas troubler le bigot du middle west. N’étant pas à un travestissement près, il transforma Patrocle l’amant d’Achille en son... cousin! Ce qui est particulièrement faux cul pour un cinéaste qui se fit connaître par un film gay, La conséquence... Dans son Alexandre, Oliver Stone ne fut guère plus courageux sur le sujet, car si on ne cesse de parler de l’amour d’Alexandre pour le beau  Hephaistion, on ne les montre que se faisant un chaste baiser. De ce film assez mal fichu on retiendra surtout les morceaux de bravoure des deux grandes batailles en particulier celle avec les éléphants... Puis arriva la fantaisie spartiates des 300 qui auraient ravi feu la Grèce des colonels si elle avait eu les moyens de le tourner. Les amateurs de corps bodybuildés auront pu se rincer l’oeil, ( ce que je fis sans complexe ) durant tout le film, néanmoins très chaste. Il est curieux de noter que pour une toile aussi peu politiquement correct, qu’il en va tout autrement avec le regard porté sur le panthéon religieux spartiate particulièrement trash qui trahit un regard judéo-chrétien rabbinique. Mais surtout l’été nous apporta la diffusion de la deuxième saison de Rome ( mille fois hélas c’est la dernière d’autant que l’on a appris que les décors avaient brûlés par le plus grand des hasards )... Il est affligeant d’apprendre que  pour sa diffusion par la RAI, coproductrice, les scènes les plus explicites de violence ou de sexualité, furent remplacées par des versions alternatives plus douces, filmées spécialement pour le public italien. Parmi les séquences coupées : les scènes de lutte sanglantes et de sexualité, celles qui montrent les graffiti obscènes qui barbouillaient les murs de la Ville Eternelle et surtout les références aux relations homosexuelles... 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-20.47.04.jpg

  

Polanski nous avait annonce le prochain tournage de la énième mouture des Derniers jours de Pompéi, comme on le voit, après son Oliver twist, le cinéaste ne se risque pas à l’inédit, mais en définitive ce n'est pas lui qui tourna le film. Et puis nous attendons fébrilement l’adaptation du chef d’oeuvre de Marguerite Yourcenar, Les mémoire d’Hadrien par John Boorman. On ne peut que souhaiter qu’il mène son projet à terme (Hélas mille fois hélas ce ne fut pas le cas). Antonio Banderas est pressenti pour être Hadrien; son Antinous serait Charlie Hunnam... Quant à La dernière légion elle devrait nous arriver avant Noël (Le film en fait s'appelera  L'aigle de la neuvième légion ). 

Pour parfaire mon immersion estivale dans l’antiquité, j’ai dégusté les dvd de Moi Claude empereur, une série shakespearienne, de 13 épisodes de 50 minutes, écrite par Jack Pulman  datant de 1976 d’après le merveilleux roman éponyme de Robert Graves (éditions Gallimard les références des éditeurs correspondent à celles des livres de ma bibliothèque. Il est possible qu'il en existe à la fois des plus récentes, ou des éditions plus, ou moins luxueuses...) produite par la talentueuse BBC. Derek Jacoby dans le rôle titre est remarquable. 

  

 

claude et messaline

Claude (Derek Jacobi) et son épouse Messaline (Sheila White) : 
un couple décidément fort mal assorti, imposé par la volonté méchante de Caligula 

  

  

Pour parfaire cette cure, l’indispensable France-Culture a eu la bonne idée de consacrer ses matinées, durant la première semaine d’ août, à Marguerite Yourcenar... Sans oublier qu’en juin parut un nouveau tome de la bande dessinée Murena qui nous permet d’attendre avec moins d’impatience le nouvel Alix et vice versa... 

Mais avant d’aller plus loin osons une définition du péplum: Italien,  américain ou venant d’une toute autre contrée, tout film traitant d'un épisode de l'Antiquité, quel que soit son souci de sérieux ou sa volonté de parodie, est un péplum. Comme il me semble que le seul support cinématographique me semble bien restrictif, j’agrandirais le spectre aux livres, écrits ou dessinés, au théâtre (La guerre civile de Montherlant comme exemple), l’opéra, la peinture. 

Alma Tadema est le maître insurpassable du tableau péplum mais il ne faudrait pas oublier Cabanel, Chassériau, Gérôme... Les peintres pompiers sont les grands fournisseurs de scènes antiques mais ils ont été précédé par les néoclassique et le concours du Grand Prix de Rome est également gourmand de ces sujets. 

La photographie n’est pas en reste, l’antiquité fut le paravent commode pour les photographes pédérastes tels von Gloeden , Pluschow, Herbert List, Horst P. Horst... qui leur permit d’exercer leur talent sur des hommes et des adolescents dénudés. 

Cette antiquité peut être romaine (ma préférée), grecque, égyptienne, assyrienne... Ecrivant cette énumération je remarque qu’on exclut toujours le monde amérindien pré-hispanique. Pour ma part je ferais rentrer sans scrupule le film de Mel Gibson Apocalypto dans la catégorie des péplums; de même que le roman Une princesse indienne, sous-titré Avant la conquête de Désiré Charnay (édition Hachette 1888). Une remarque en introduit une autre Vous connaissez, chers lecteurs, (le pluriel est-il de mise) si vous avez déjà peiné à me suivre dans mes errances mémorielles, mon esprit d’escalier (pentu).  

Le nom de Charnay, grand recenseur, trop oublié, des ruines de l’Amérique centrale, auquel, le musée du quai Branly a rendu dernièrement un discret hommage, me fait songer à vous mettre en garde sur l’ extension fallacieuse de la notion de péplum. Les travaux des savants sur l’antiquité n’ont rien à voir avec la notion de péplum, même s’ ils nourrissent les fantasmes; l’ égyptomania française doit beaucoup à l’expédition de Bonaparte en Egypte dont est issu champollion. Théophile Gautier s'inspira des lettres écrites par le savant pendant la campagne de fouilles franco-toscane pour écrire son Roman de la Momie... On ne peut pas plus considérer que les rêveries romantiques sur les ruines comme celles d’un David Roberts par exemple se rattachent au genre. 

L’origine du mot péplum est plaisant. Il vient d’un vêtement féminin ( au début de son utilisation cinématographique certains journalistes inventèrent le pluriel pépla ou par coquetterie lui préférèrent péplon...). Le grand Larousse nous dit que le mot latin est dérivé du grec péplos et que c’est une tunique de femme, sans manches, agraphée sur l’épaule. Homère décrit le péplum d’Athéna comme d’un travail varié et d’une extrême finesse. A Athènes chaque année, à la fête des panathénées, on portait processionnellement  au Parthénon le péplum brodé par les jeunes filles des meilleures familles d’Athènes, et on le substituait à celui de l’année précédente. Un peu comme on le fait aujourd’hui avec le Manekenpis de Bruxelles ou le Jésus de Prague. Sur le vêtement était brodé des scènes de la légende de la déesse ainsi que les noms des citoyens qui dans l’année avaient rendu des services à la république. Le Littré lui met l’accent sur les nombreux plis du vêtement et sur sa finesse, mais souligne bien qu’il est exclusivement féminin. 

Il est amusant de penser que le genre qui véhicule à la fois le plus de machisme et d’homosexualité ait pour nom un vêtement de femme. Là encore le cinéma est semblable à la peinture; l’histoire antique a pris le relais dans la représentation du nu masculin des variations sur le martyre de saint Sébastien... 

Le paradoxe est qu’aucun des cinéastes qui tournèrent le millier de films environ que l’on peut rattacher au genre, ont su qu’ils filmaient un péplum! En effet le mot dans son utilisation moderne est une invention française et relativement récente. Elle n’est toujours utilisée qu’en France; aux USA, on parle de films épiques, en Grande Bretagne de merveilleux mythologique... C’est en 1963 qu’apparut le mot dans un cénacle de cinéphiles emmené par Bertrand Tavernier (il faut se précipiter sur son blog de critique de dvd), au sujet d’un film datant 1960 de Ricardo Freda, Le géant de Thessalie. Le nom de péplum fut choisit par analogie au terme, film en costumes qui regroupe, en France seulement, tous les films dont l’action ne se déroule pas de nos jours. En somme il est logique que pour une époque donnée on ait choisi une pièce d’un costume... Bien qu’il me semble que “Film à l’antique” aurait été plus judicieux. 

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-07.27.34.jpg

 

Certains vont très loin dans le laxisme catégoriel, par exemple Claude Aziza, dont il faut lire la curieuse réhabilitation de Néron dans la collection découverte chez Gallimard, range le Mépris de Godard dans les péplums, sous prétexte que Fritz Lang y tourne une version de l’Odyssée! C’est allé trop loin. Pourquoi par exemple, dans le même ordre d’idées, ne pas ranger dans cette catégorie la formidable comédie de Dino Risi La marche sur Rome (1963) parce que l’on y voit Vittorio Gassman habillé en centurion romain se rendant à une soirée costumée!   

Pendant longtemps les esthètes de la cinéphilie vouèrent le genre aux gémonies, dégoûtés qu’ils étaient, à juste raison de la poisseuse bondieuserie chrétienne qui enrobait certains péplums. La nouvelle cuvée échappe heureusement au saint sulpicisme, les lions seraient ils repus de la chair molle des vierges effarouchées? Ils étaient gêné aussi du mauvais genre d’autres, avec leurs mâles vêtus de jupette et aux pectoraux huilés. 

Pourtant les péplums sont des films, qui, au delà de leur exotisme, nous renseignent sur la manière dont la société moderne projette ses fantasmes sur le monde antique (donc sur ceux-ci). Je ne peux m’empécher de citer la savoureuse considération sur le genre, généralement attribuée à Boris Vian  et qui, est en réalité de Claude Aziza: << Le péplum est à la version latine ce que le caviar  est au brouet spartiate.>> 

Si le péplum prend souvent ses distances avec l’histoire, en particulier dans la préhistoire du genre, par exemple dans la première version de Ben Hur, les chars romains de la fameuse course n’étaient autres que les voitures, à cheval bien sûr à l’époque, des pompiers new-yorkais plus ou moins bien grimées, il peut être aussi riche de connaissances sur hier et de réflexions sur aujourd’hui comme le pense justement Marguerite Yourcenar: << Le coup d’oeil sur l’histoire, le recul sur une période passée, ou comme aurait dit Racine vers un pays éloigné, vous donne des perspectives sur votre époque, vous permet d’y penser d’avantage, de voir les problèmes qui sont les mêmes et ceux qui diffèrent et d’en voir les solutions...>>. 

On compterait plus de mille films relevant du péplum depuis le début du cinéma. Il y a des péplums dès l’origine du cinéma. Presque contemporain à l’entrée du train en gare de La Ciotat, dès 1898, les frères Lumière produisent un Néron essayant du poison sur un esclave d’une durée de 52 secondes, concentration en moins d’une minute des poncifs, l’empereur fou, les victimes innocentes... qui feront flores durant plus d’un siècle.  

Les premiers films muets qui veulent recréer l’antiquité sont directement inspirés de la peinture. Dix ans avant, Cabanel montre Cléopatre essayant des poisons sur des esclaves. 

A ses débuts il est aussi sous les auspices de l’opéra, de la tragédie et du roman sulpicien. 

  

Capture-d-ecran-2014-03-29-a-08.10.18.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-29-a-08.10.52.jpg

vaincre à Olympie 

   

Le cinéma français, lors du passage au parlant, abandonne assez vite le genre. Je me demande s’il n’y pas un corollaire entre le fait que l’école archéologique française soit farouchement opposé aux reconstitutions architecturales, contrairement à leurs homologues anglo-saxonnes et surtout allemande et cette désaffection. Il y eut tout de même en 1938 Golgotha de Julien Duvivier et en 1977, Vaincre à Olympie, un téléfilm méconnu de Michel Subiela avec Jean Marais, Jean Topart, Georges Marchal (on peut voir ce dernier fort avantageux dans Le colosse de Rhodes)... qui n’échappe pas toujours au ridicule mais dans lequel, fait rarissime à la télévision, la nudité masculine est à l’honneur! (on peut aller voir le billet que j'ai consacré à cette perle:  VAINCRE À OLYMPIE

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.07.10.jpg

 

L’Italie et les Etats-Unis reprennent le flambeau. Ces deux états, relativement récents, avec peu d’Histoire, contrairement à la France, se sont servi du cinéma pour s’en construire une. Pour l’Italie, dont l’unification ne date que de quelques dizaines d’années elle plonge dans la seule autre période où elle fut unifiée, l’antiquité romaine. Elle se servira de l’image de l’empire romain pour justifier ses conquêtes coloniales. Dés 1890 elle tente de se tailler un empire africain. Elle a d’abord des vues sur la Tunisie, mais elle se heurte à la France. Puis c’est la conquête de la Tripolitaine (notre actuelle Libye) qu’illustre en 1914 le premier grand péplum italien, un film fleuve de 250 minutes de Piero Foscio et Giovani Pastrone, Cabiria. Il est assez évident que dans cet épisode des guerres puniques les carthaginois  sont les transpositions des indigènes tripolitains de 1914. Voyons ce qu’en écrit l’indispensable Lourcelle dans son non moins indispensable dictionnaire du cinéma (éditions Laffont, collection Bouquins): << Premier très long métrage et première superproduction de l’histoire du cinéma, Cabiria est un jalon capital dans l’évolution du film à grand spectacle et du film tout court. Il comporte pour ainsi dire au complet les éléments - mélodrame, aventures, faste, prodiges, compagnonnage permanent du quotidien, du merveilleux et de l’histoire qui constitueront pendant des décennies la substance du cinéma à grand spectacle. En ce sens  il annonce très précisément DeMille aussi bien que Griffith... 

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-18.30.34.jpg

 

En 1937 en pleine aventure éthiopienne Mussolini commande, ce qui reste à la fois un des chef d’oeuvre du cinéma fasciste et du péplum italien, Scipion l’africain de Carmine Gallone. A son propos je laisse la parole à l’un de mes maîtres en critique cinématographique, Michel Mourlet (Si par le plus grand des hasard Michel, vous me lisez, voici bien longtemps que je n’ai pas eu de vos nouvelles...): << Jusqu’en 1936 les tentatives cinématographiques de célébration de fascisme n’avaient pas été couronnées de succès. La décision officielle de mettre en chantier un film comme Scipion l’africain répondait donc à de nombreux impératifs: besoin d’affirmer le prestige industriel du cinéma italien, désir d’apparenter les faste de la Rome mussolinienne à ceux de la Rome antique, espoir de suggérer un rapprochement entre la toute fraîche victoire d’Addis-Abeba et celle de Zama et, ainsi légitimer historiquement l’impérium fasciste.>>. Le Film est si politique que la France refuse qu’il soit projeté sur son territoire ce qui causa une crise diplomatique. Un modus vivendi entre les deux pays est bientôt trouvé. La France accepte que le film de Gallone soit diffusé sur son sol, si l’Italie permet que La grande illusion de Renoir pénètre la botte. Le gouvernement fasciste trouvait le film de Renoir trop pacifiste... 

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-17.57.25.jpg

Scipion l'africain 

 

A la même époque le cinéma italien n’est pas le seul à instrumentaliser l’histoire romaine, l’écrivain allemand Lion Feuchtwanger dans son Néron l’imposteur(éditions Jean-Cyrille Godefroy, 1984) imagine que 11 ans après la mort de Néron, le potier Térence, qui servait naguère de doublure à l’empereur (comme dans Kagemusha de Kurosawa ), se fait passer pour le véritable Néron. Soutenu par un sénateur déchu, l’imposteur veut s’emparer de l’empire... Le parallèle avec l’ascension d’Hitler est transparent... 

 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-08.16.31.jpg

 

La chute du fascisme ne signifie pas la mort du péplum italien, Fabiola de Blasetti en est le meilleur exemple. Mais c’est à partir de 1955 qu’il se développe avec une nouvelle version d’Ulysse réalisée par Camerini. En 1957 est relancé le péplum mythologique avec Les travaux d’Hercule, quelque peu imité de Samson et Dalila de Cecil B. DeMille. Hercule est joué par un ancien monsieur univers, Steve Reeves qui en fit fantasmer plus d’un... Le péplum italien de l’après guerre s’en tient à des schémas simples. Il emprunte les aventures de ses héros tantôt à la mythologie, le plus souvent, tantôt à l’histoire sans oublier malheureusement le martyrologe chrétien. Son style doit beaucoup à l’imagerie populaire, à la bande dessinée et au roman photo. Ces intrigues mêlent aventure, l’héroisme et l’amour. Les héros de ces films semblent tous sortir du même moule. Ils sont jeunes beaux et musclés. 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-18.37.08.jpg

 

Ils incarnent les valeurs positives de justice et de liberté. Ils sont les porte parole des opprimés. Le héros idéal est Hercule, comme il n’est qu’un demi dieu, il reste soumis à la condition de simple mortel. Ainsi le public peut mieux s’identifier à lui et le réalisateur lui faire subir les pires avanies dont il sortira indemne et plus valeureux que si on l’avait cru invincible. D’autres presque dieu eurent leur part de Gloire, ils s’appellent Maciste, Samson, Ursus Goliath... La vogue en Italie va se poursuivre jusqu’au milieu des années 60 et faire les beaux jours des acteurs culturistes . 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-21.51.42.jpg

 

Sergio Leone tourne en 1961 Le colosse de Rhodes, film catastrophe autant que péplum. La vision de cette merveille du monde est particulièrement délirante puisque le film nous la présente comme une gigantesque statue creuse emplie de machines de guerre. Les italiens vont user le genre jusqu’à la corde, des dizaines de films seront tournés en dix ans. Il y eu quelques confrontations improbable comme Hercule contre les vampires de 1961 du à ... Mario Bava! Il y eut aussi un Hercule à la conquête de l’Atlantide de Vittorio Cottafavi dans lequel Hercule (Reg Park)  libère le peuple de l’Atlantide d’une reine qui fait peser sur l’humanité une terrible menace. On peut y voir une parabole anti nucléaire  (ce n’ai pas du tout ce que j’ai compris lorsque je vis ce film vers ma dixième année, depuis je cherche à le revoir, aimé lecteur si vous en avez une cassette ou un dvd de cette herculade contactez moi). 

 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-08.29.21.jpg

Il est amusant de constater le glissement d’un genre épuisé à un autre en devenir, le western spaghetti, dans l’improbable film Samson et les incas. Au milieu du tournage du film, sans changer les péripéties du scénario le producteur décide de déplacer son histoire du monde antique à l’ouest américain! Ce qui montre que le péplum est aussi un genre populaire; le propre d’un genre populaire est d’avoir des intrigues interchangeables avec un autre genre populaire. Nous sommes alors très loin de la filiation shakespearienne directe pour le Jules César de Mankiewicz  ou indirecte pour la série Moi Claude empereur. 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.41.21.jpg

 

Ce n’est pas un hasard si la littérature populaire foisonne de romans à l’antique où l’on retrouve les grosses ficelles des feuilletons du XIX ème siècle. De même les escapades de la littérature de jeunesse vers l’antiquité sont nombreuses. Ces livres, souvent illustrés, offrent quelques représentation affriolantes de beaux éphèbes. En particulier dans ceux écrits par Jean-François Pays , que ce soit dans Le dieu du Nil, qui se déroule dans l’Egypte de Toutankhamon ou dans la trilogie composant Le signe de Rome, qui a pour cadre la Rome impériale, les amitiés y sont torrides surtout lorsqu’elles sont magnifiées par les dessins de Michel Gourlier... 

 

Toukaram taureau sauvage, by Jean-François PAYS -image-50-150

 

La littérature populaire à l’antique, le plus souvent ne fait que recycler les schémas simplistes de la littérature sentimentale en les plaquant sur des décors de forum en carton pâte. Ces gros volumes aux couvertures cartonnées sous des jaquettes pelliculées sur lesquelles on aperçoit le mâle profil d’un impérator dont le casque au cimier pourpre cache les parties intéressantes d’une louve alanguie sur sa couche, envahissent les devantures des librairies américaines. Mais il se cache dans cette pléthorique production des chef d’oeuvre comme le Sinouhé l’égyptien de Mika Waltari (édition Olivier Orban). Ce livre fait revivre l’Egypte antique avec une truculence inégalée. Longtemps j’ai rêvé sur la décoction bue dans ce roman, la queue de crocodile qui semble aussi délicieuse qu’ enivrante. Après des multiples lectures de l’ouvrage je n’y ai toujours pas trouvé la recette. L'adaptation de Michael Curtiz, sous le titre L'égyptien, si elle n'est pas honteuse est néanmoins très inférieure au livre. 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-18.19.06.jpg

 

S’ils n’ égalent pas cette merveille, les livres de Mary Renault sont cependant aussi gays que bien écrits. Je ne connaît d’elle que sa geste sur Alexandre. Dans Le feu du ciel, elle n’ occulte rien de l’ amours d’Alexandre pour Hephaistion. Les jeux funéraires traite de la rivalité des généraux du conquérant après sa mort. Mais le meilleur volume de son alexandriade (Julliard éditeur) est L’enfant perse qui s’intéresse aux dernières années d’Alexandre le grand vues par son jeune favori Bagoas. A propos de ce personnage historique voici ce qu’en dit Quinte-Curce : 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-21.46.03.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-21.47.07.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-21.47.31.jpg

 

" Nabazanes ayant reçu un sauf conduit rencontra Alexandre en apportant de grands présents. Parmi eux était Bagoas, un eunuque d’une remarquable beauté et dans toute la fleur de son adolescence qui avait été aimé de Darius et ensuite devait être aimé d’Alexandre...". A ce propos il faut tordre le cou à cette croyance qui voudrait que tous les eunuques deviennent gras et flasques. Un portrait du grand Farinelli, fameux castrati de l’opéra, le montre à l’age mûr doté d’un beau visage et d’une taille bien prise...  

On peut considérer que la conquête de l’ouest est un peu l’ équivalent de la sortie d’Egypte. On peut penser qu’intuitivement cette similitude a favorisé l’éclosion du péplum biblique américain qui sera toujours écartelé entre un moralisme étriqué et un imaginaire débridé. Cecil B. DeMille, fils de pasteur, est la quintessence de cet antagonisme. Il tourne en 1956 Les dix commandement où l’on retrouve un des grands poncifs du roman de gare: un bébé de haute naissance est abandonné par ses parents, il est recueilli par de pauvres, mais braves gens mais après moult mésaventures, l’enfant retrouvera sa haute position sociale à laquelle sa naissance le destinait, ici le bébé c’est Moîse! Les fondateurs de Rome, Remus et Romullus ont, eux aussi été abandonnés, recueillis cette fois par une louve; lupa en latin un mot qui désignait aussi les prostituées qui faisaient le tapin sur les bords du Tibre... Cecil B. DeMille avait tourné une première version des Dix commandements en 1923 qui est typique des films de l’époque du muet. Chaque fois que l’on tournait un film sur l’ancien testament il y avait un volet antique et un volet moderne. La partie antique servant de précepte moral à la partie moderne. On voulait alors montrer par le truchement de l’antiquité que le monde moderne était corrompu... Cecil B DeMille revient au film biblique en 1949 avec Samson et Dalila dans lequel paradoxalement le mot hébreux n’est jamais prononcé... 

  

Capture-d-ecran-2014-03-29-a-10.44.57.jpg

les dix commandements 

 

Petit décodage pour ce film, exercice à conseiller pour tout péplum, genre friand de masques comme on l’a déjà vu; Samson et Dalila se passe à Gaza; Samson (Victor Mature) est juge de la tribu des danites qui subissent le joug des philistins (d’où vient le mot Palestine). En 1949, juste après la création de l’état d’Israel on peut faire sans grande malice l’association des danites avec les juifs qui chassent les philistins / les anglais. Cecil B. DeMille en bon fils de son père, détourne les yeux des épisodes scandaleux de la vie de Samson (Stone ne fera pas autre chose avec celle d’ Alexandre), comme celui dans lequel Samson va à Gaza pour trouver une prostituée. Il passe la nuit avec une femme mais il est surpris par les philistins. Il parvient à leur échapper. Par vengeance, en fureur, il brise les portes de la ville, les charge sur son dos et va les jeter dans le désert... Pourtant quelle belle scène à filmer. 

  

Capture-d-ecran-2014-03-29-a-10.40.14.jpg

 

En 1959 on assiste à un détournement politique du péplum avec Salomon et la reine de Saba dirigé par King Vidor. Le tournage est endeuillé par la mort de Tyrone Power qui jouait Salomon, victime d’un infarctus lors d’un duel qu’il l’opposait à George Sanders. Il est remplacé par Yul Brynner. Le clou du film est la scène de bataille qui oppose les chars (à cheval) hébreux, peu nombreux, à la multitude des chars égyptiens. Le tournage a lieu trois ans après l’épopée des chars (motorisés) de Moshe Dayan à travers le désert du Sinai qui écrasèrent l’armée égyptienne du régime du colonel Nasser. Le spectateur de 1959 ne pouvait que penser à la guerre israélo-égyptienne en voyant le film. Notation amusante renforçant l’identification moderne, si les chars égyptiens du film sont attelés à l’antique, les chars hébreux, j’allais écrire israéliens, sont eux, attelés d’une façon moderne, alors que cet attelage n’a été inventé qu’au moyen âge... J’ajouterai que Salomon n’a jamais fait la guerre à l’Egypte, il a même épousé une égyptienne! 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.36.35.jpg

 

Autre appropriation de l’antiquité par le XXème siècle, l’importance faite au personnage de Spartacus dont historiquement on ne sait pas grand chose, c’est peut être pour cela qu’il a enflammé l’imagination... 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.39.23.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.11.43.jpg

 

En 1960 Stanley Kubrick tourne Spartacus. Il a remplacé, à la demande de Kirk Douglas  l’acteur vedette et le co-producteur du film, Anthony Mann qui tournera en 1963 La chute de l’empire romain. Kubrick qui reniera ensuite plus ou moins le film, le fait par amitié pour Kirk Douglas et aussi pour des raisons militantes. C’était un peu braver la censure, car Spartacus est adapté d’un roman d’Howard Fast (et aussi de celui, plus philosophique, d’Athur Koestler, édité au livre de poche Hachette); écrivain de gauche américain il était sur la liste noire du maccarthysme qui sévissait toujours en 1960. Encore un film dans lequel le sous texte, ou le derrière les images est important. Par exemple il est curieux de remarquer que tous les bons sont joués par des acteurs américains et tous les méchants par des acteurs anglais! A Hollywood, Spartacus devient une figure christique, puis une figure christique inversée, lorsque la femme du révolté, au pied de la croix, montre à leur fils son père crucifié... Il existe un autre beau Spartacus celui de Ricardo Freda plus conforme à la réalité historique bien qu’il ait ignoré qu’en - 73 la ville de Rome ne possédait pas encore d’amphithéâtre construit en dur . Il ne sera construit qu’en -20 lorsque Statilius Taurus en fera bâtir un en pierre, celui que l’on voit dans le film sont les arènes de Vérone où Spartacus devait défendre sa bien-aimée contre les crocs des lions. On l'oublie trop fréquemment tant les gladiateurs sont devenus un cliché “des Romains”, mais cette pratique d'origine campanienne, ou peut-être étrusque, n'apparaît que tardivement à Rome où les combats avaient lieu au Forum, dans des installations provisoires, en bois, et il en sera donc ainsi jusqu'en -20. Pour ceux qui s’intéressent aux gladiateurs il ne faut pas manquer Gladiateur, suite du sulpicien La tunique (premier film en cinémascope), dans lequel, comme dans le film de Kubrick l’entrainement des gladiateurs est bien montré quant au récent téléfilm "Spartacus" il vaut surtout pour l’acteur qui tient le rôle titre et qui est très “mignon” renouvelant l’idée que l’on se faisait du héros ( depuis l'écriture de cet article nous avons eu droit à une version australienne de Spartacus, riche en sexe et en sang, voir le billet que j'ai écrit sur cette série: Spartacus: Blood and sand (saison 1) réédition complétée). 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.14.47.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.45.48.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.51.17.jpg

 

Ces corps virils, musclés, huilés à demi-nus (toujours trop habillés dans les films par rapport à la vérité historique) ont fait de Spartacus une icône gay qui donna son nom au guide gay international de voyages... Dans le film de Kubrick, une scène qui subtilement par le dialogue, indiquait une relation entre un maître et son esclave “privé” a été censurée comme on nous le montre dans Celluloid closet. 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-20.44.48.jpg

Dans deux films américains qui sont aux extrémités de la précédente vague de péplums s’épanouissent les deux créatures de l’antiquité qui ont le plus fait fantasmer à travers le temps. Il s’ agit dans Quo Vadis de Néron et de Cléopatre dans le Cléopatre de Mankiewicz dont l’échec financier, du en grande partie par le surcoût occasionné par les caprices des deux stars du film, Elisabeth Taylor et Richard Burton, causa l’arrèt du péplum pour trois décennies. On a du mal à s’imaginer l’énorme succès que rencontra le livre de Sienkiewicz (édition le livre de poche) et l’impact qu’il eut sur ses lecteurs mais aussi la haine dont le poursuivait l’intelligentia française de la belle époque. Il suffit de lire, pour mesurer la tempête que provoqua le roman, La Fortune de Quo Vadis en France de Maria Kosko (librairie José Corti). Henry de Montherlant confesse ce qu’il doit à cet œuvre: << A huit ans, je baigne dans Quo Vadis comme la plaque photographique baigne dans le révélateur chimique: Quo Vadis fait apparaître la plus grande partie de ce qu’il y a en moi, et qui y sera toujours.>>. Par ailleurs il décèle très bien ce qui en fait encore aujourd’hui la qualité: << L’ œuvre est résolument artificielle. Mais le miracle est que des personnages qui ne sont pas fouillés sont cependant assez vivants et assez vrais pour s’imprimer dans l’imagination du lecteur et y prendre une place inexpugnable." (Le treizième César). 

  

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-18.09.19.jpg

Quo Vadis 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-07.44.37.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-07.45.27.jpg

 

L’attrait qu’exerce le roman est surtout du aux personnages de Néron et de Pétrone. S’il est toujours lisible aujourd’hui c’est qu’il n’est pas écrit dans le style amphigourique 1900, comme par exemple à la même époque le Byzance de Paul Lombard, mais dans une langue claire et directe. Il échappe également à la bondieuserie galopante qui gâte Ben Hur, le livre comme le film, qui n’est à voir que pour ses moments de bravoure, l’abordage de la galère, la course de chars et aussi pour la tendre relation que l’on suppute entre Massala et Ben Hur lors de leurs retrouvailles, en maintenant un subtil équilibre entre personnages chrétiens et païens. Equilibre que malheureusement Mervyn Le Roy n’a pas su imposer dans le film (1951) et si Peter Ustinov bien que trop âgé pour jouer Néron est convainquant le rôle de Pétrone (Leo Genn) n’est pas assez développé. Quant à la véracité historique de l’intrigue qui tourne autour du martyr des chrétiens mieux vaudrait ne pas en parler! Il n’y avait à rome au temps de Néron que quelque judéo-chrétiens, des juifs convertis au christianisme et ils pas été plus de quelques dizaines a apaiser la fringale des lion dans l’arène. Tout cela a été fantasmé d’abord par les pères de l’église à commencer par l’apocalypse de Jean qui considère que Néron est la bête de l’apocalypse parce que les lettres de son nom transposées en chiffres donneraient 666! Néron est victime des patristiques relayés par Hollywood! 

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-21.58.35.jpg

  

Autre réservoir à fantasmes Cléopatre qui dans l’antiquité était déjà qualifiée par Juvénal de “serpent du Nil”. Au cinéma la fortune de Cléopatre aurait pu être tout autre si l’on se penche sur d’autres aspects de sa biographie que ceux habituellement représentés. Par exemple la reine d’Egypte était présente à Rome lors de l’ assassinat de Jules César. Elle logeait dans la villa d’une riche romaine, en résidence surveillée en quelque sorte. Marc Antoine l’aida à échapper aux troubles qui suivirent le meurtre en la faisant fuir de la ville. Voilà une belle trame pour un scénario mais elle ne fut jamais utilisé car elle ne correspond pas aux fantasme du public pour qui Cléopatre est une femme fatale, croqueuse d’hommes politiques, ce qui ne cadre pas avec la femme traquée fuyant Rome grâce à son amant.  

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-07.29.57.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-07.32.58.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-07.35.34.jpg

 

Je dois un de mes premiers grands émois tant sexuels que cinématographiques à un péplum, Fellini-Satyricon. Presque en même temps Mort à Venise de Visconti me remua aussi beaucoup. Je suis sûr que bien des lecteurs seront outrés de voir le maestro ravalé au rang d’un faiseur d’anticailleries. Je leur rappellerais que le film à l’antique est loin d’être l’ apanage des tâcherons, voir certains noms qui parsèment cette rêverie sur un genre. Si on peut dénier la qualité de péplum à Fellini-Satyricon c’est pour une toute autre raison. Le film péplum est une reconstitution de l’antiquité à partir d’un scénario moderne écrit spécialement ou tiré d’un roman écrit la veille ou pour les plus anciens à la fin du XIX ème siècle ou au début de XXème comme Ben-Hur ou Quo Vadis. Il est souvent, comme j’ai tenté de le montrer une projection d’aujourd’hui sur hier. 

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-08.22.59.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-08.22.32.jpg

 

La source du film de Fellini est radicalement différente puisque c’est l’adaptation d’un roman antique contemporain de Néron. Il nous est parvenu malheureusement incomplet d’où les lacunes narratives du film qui malgré son titre est fidèle au roman tout en étant une lecture personnelle de celui-ci par Fellini. Mais revenons à notre érection d’antan. J’avais eu la curieuse idée pour ma découverte de ce qui était alors le dernier opus d’un des cinéastes les plus célèbres d’alors, de me faire accompagner par une délicieuse dinde que j’avais levée sur ma plage. Inutile de dire qu’elle n’avait jamais entendu parler de Petrone et peut être pas plus de fellini. Il n’y a que Gabriel Matzneff (http://www.matzneff.com/) pour dénicher des minettes dont le QI est aussi vaste que les bonnets de leur soutien à boite à lait. Je dois avouer que ce n’est pas les caresses que je prodiguais à la demoiselle qui me mirent dans un état intéressant mais l’apparition de giton (Max Born jamais revu sur les écrans), d’où depuis peut-être ma prédilection pour les crevettes roses; Giton qu’ensuite, pendant de nombreuses années j’ai recherché en vain sur les trottoirs de la planète... J’ajouterais que les parents de mon éphémère conquête furent horrifiés que leur fille qu’il devait imaginer vierge, les pauvres, ait vu cette chose. Il lui interdire de me revoir, ouf! 

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-08.22.02.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-08.21.33.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-08.21.06.jpg

 

Montherlant rappelle que " Le génie de l’empire, aux heures difficiles de Rome, se montrait aux Césars endormis, quelques fois sous les espèces d’un adolescent au front pensif "(Le treizième César, édition Gallimard). Je me demande s’il en est toujours ainsi pour les grands de notre monde? 

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.43.36.jpg

Pour boucler notre songe, revenons à ce qui l’a fait naître, la série Rome. Sa grande originalité est de faire des personnages les plus imaginaire, Pullo et Vorenus, qui ne sont évoqué que brièvement dans la guerre des Gaules de Jules César (éditions de La Pléiade) les moteurs de l’intrigue et paradoxalement de l’Histoire d’autant que les scénaristes se sont ingéniés à établir des parallèles entre les destins fictifs et historiques. Mais cette gageure réussie fait que le téléspectateurs s’attachent aux vies des héros non historiques ce qui contrebalance le fait de manque de suspense. En effet Rome, un peu comme le film Titanic,  est l’une des rares séries dont on connaît le dénouement, l’assassinat de Jules César pour la saison 1 et l’écrasement de Marc-Antoine par Octave, le futur Auguste, dans la saison 2. 

Si Rome nous fait entrer dans les palais, on fréquente surtout des lieux que l’on avait jamais arpentés dans les autres péplums, les insulae de la plèbe, les bordels et même les latrines publiques à l’instar de la bande dessinée Murena qui ne nous épargne rien des recoins fangeux de la Rome de Néron. Rome nous fait bien entrevoir quelle société de classe était le monde romain antique ce que l’on percevait peu dans les autres films à l’antique, y compris dans Spartacus qui a pourtant un sous texte marxiste. Ne serait-ce par le choix des comédiens et de leur accent respectif (encore un film à voir en V.O.) comme l’explique Bruno Heller l’un des pères de la série: " J’en suis revenu à Ken Loach et à la notion de classe, qui était très présente dans la société romaine. Pour traduire cette hiérarchie la plus simple est de la traduire dans sa version anglaise. Le prolétariat de Londres parle un anglais cockney et ses dirigeants un anglais plus technique. Il en est de même dans Rome. Lucius Vorenus et Titus Pollo, qui viennent des provinces, parlent avec un accent gallois et irlandais. Mettre dans cette organisation un américain ou un australien la bouleverserait." 

  

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.48.38.jpg

 

Ce fut donc le déclic de la série Rome qui me fit butiner aussi bien dans ma vidéothèque que dans ma bibliothèque un film me faisant consulter un livre, un roman provoquant le désir de voir une peinture ou une sculpture, le tout me faisant lisser mes souvenirs. D’ errance sur le net en albums de photos j’ai un peu vécu, l’espace d’un été, dans l’intimité de Trajan et consort... 

Lors de ces voyages autour de “ma chambre” je me félicite d’avoir une bibliothèque si fournie, qui ne cesse de déborder, tant la pièce que les meubles qui portent ce nom, même s’il m’arrive de pester devant la masse de ces volumes qui s’empoussièrent. 

  

Nota: la plupart des illustrations proviennent du merveilleux site d'Hervé Dumont: http://www.hervedumont.ch/L_ANTIQUITE_AU_CINEMA/  

 

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-22.05.55.jpg

 

Commentaires lors de la première édition de ce billet

 

Voilà un texte bien riche et qui m'a fait également voyager dans mes souvenirs, mes associations littéraires, cinématographiques et ... érotiques.

J'ai bien aimé l'orthografe d"agraphée" comme si tu étais envouté par l'écriture grecque. J'ai lu qu'il existe une agraphie et heureusement tu n'en sembles pas atteint.

En vrac quelques associations: j'ai pensé au film "Caligula" de Tinto Brass qui me semble pourrait entrer dans cette série sur les films sur l'antique d'autant que dans ce film il y a une scène où l'on voit Claude nager avec de jeunes éphebes "mes petits poissons" , scène dessinée dans un épisode d'Alix !

Tu fais un rapprochement entre le peplum et le western spaghetti (dans leur enchainement chronologique) , peut on penser que le western hollywoodien n'aurait pas été le pendant du peplum façon américaine ? Il y a dans le western cette même référence à l'histoire, à la simplicité du récit (les bons et les méchants) etc...

et en ce qui me concerne le western avec ses indiens souvent bien dévêtus avaient de quoi émoustiller ma libido.

Je vais tacher de visionner la série "Rome" et lire cette BD "Murena", en attendant "les mémores d'Hadrien" façon Boorman. Charlie Hunnam n'étais-ce pas cet acteur qui jouait dans la série anglaise "queer as folk" ?

Posté par psykokwak, 22 août 2007 à 18:02

Pour une fois (mes textes comportent des fautes diverses) l’orthographe d’agraphe n’est pas fautive. C’est l’une possible de la pièce qui, dans l’antiquité, reliait deux pans d’étoffe d’un même vêtement, souvent sur l’épaule. J’ai choisi cette forme pour que l’on ne confonde pas avec l’agrafe moderne, même si leurs fonctions sont proche.

  

clacla 0066

 

J’ai oubliè bien des titres de films (Pharaon), comme de romans (les assez médiocres de Rachet ou Jacques comme les bons de Fontaine, Bordonove...). C’est un songe et non un essais. Le film de Tinto Brass avait sa place mais il n’a pas traversé ma rêverie... Comme beaucoup d’autes, et puis ils suffisaient qu’ils soit cachés dans mes bibliothèques par d’autres volumes ou dvd ou perdus, ou ailleurs...

Je n’ai rien dit de la poésie pourtant Cavafi, José Maria de Hérédia...

Tu fais une erreur ce n’est pas l’empereur Claude (la série est un chef d’oeuvre à voir absolument) qui barbote dans un bassin avec ses petits poissons c'est Tibère. Quant à la série d’Alix, elle est censée se passer à l’époque de Jules César...

Il me semble que j’ai écrit, mais peut être est-ce ailleurs que la sortie d’Egypte des juifs avait quelque chose à voir avec la ruée vers l’ouest.

Charlie Hunnan est bien l’acteur qui jouait le rôle du jeune Nathan dans le Queer as folk anglais.

Posté par Bernard A, 23 août 2007 à 08:34

Capture-d-ecran-2014-03-28-a-07.36.56.jpg

 

félicitations

Juste ces quelques mots pour vous dire combien votre site est bien documenté et passionnant, tout en étant très personnel. Ai-je manqué "Sebastiane" en déroulant les pages ? C'est aussi un peplum, pas au sens azizien mais au sens propre,et romain qui plus est, ce qui correspond à vos goûts.

Encore bravo.

Y.Quintin

Posté par Yvan Quintin, 03 décembre 2007 à 12:12

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-18.44.07.jpg

Capture-d-ecran-2014-03-27-a-18.44.37.jpg

 

Impressionnant et jouissif... Ça réveille des souvenirs et des fantasmes toujours présents
COMMENTAIRE N°1 POSTÉ PAR RENAUD IL Y A 5 JOURS À 12H49

C'était un peu le but en republiant cet ancien billet. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 5 JOURS À 18H38
Merci pour cette belle ré édition
Je regrette aussi l'abandon du projet "Mémoires d'Hadrien" !
Un autre site intéressant :
http://www.peplums.info/
COMMENTAIRE N°2 POSTÉ PAR BRUNO IL Y A 5 JOURS À 16H47

Vous n'êtes pas le seul à regretté l'abandon des Mémoire d'Hadrien surtout par un aussi grnd cinéaste. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 5 JOURS À 18H45
Merci pour cette belle re-edition, d'autant plus qu'en 2007 je n'etais pas encore votre lecteur.
Moi aussi, j'ai vu le Fellini Satyricon a un age impressionable, et j'ai ete frappe a l'epoque par le nom du jeune acteur qui jouait Giton sur l'ecran, Max Born. Y aurait-il parente avec le grand physicien, collegue de Einstein et de Bohr, du meme nom? L'acteur Max Born est ne a Oxford, ce qui suggere du moins une parente academique , mais je n'ai pu trouver aucune preuve de lien entre les deux. Dommage ( ou pas ). S'il etait de la famille Max Born, il aurait comme cousine Olivia Newton-John, une dinde peut-etre aussi grande que celle avec qui vous avez vu le film de Fellini pour la premiere fois. Auriez-vous des informations la-dessus?
Autre question ( qui n'a aucun rapport ): existe-t-il encore a La Baule des clubs qui organisent sur la plage des exercises gymanstiques matinales pour enfants?
Merci pour votre blog. Je regarderai Rome a partir de demain.
Carl ( ancien du Club des Canetons )
COMMENTAIRE N°3 POSTÉ PAR GUYDETROP IL Y A 4 JOURS À 03H38

Très intéressantes vos considérations sur la parentèle de Giton, malheureusement je n'ai aucune information à ce sujet. 

En ce qui concerne La Baule, il y a toujours des clubs, dont le club Mickey qui s'occupent des enfants sur la plage. De là à dire qu'ils organisent des séances de gymnastique comme celles que j'ai connues dans les années 50, je ne crois pas. Mais je n'ai pas de certitude en la matière n'allant jamais à La Baule en juillet ou en aout. 

Où était situé le club des canetons qui a ou disparu ou changé de nom... A moins que ce soit vers Pornichet que je connais moins, mon quartier étant celui de la plage Benoit. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 4 JOURS À 08H32
Jetez un oeil sur le Satyricon de Polidoro ( l'italien est assez facile); le traitement du personnage de Giton y est intéressant...
http://www.youtube.com/watch?v=0qfZ6vzRNt0
COMMENTAIRE N°4 POSTÉ PAR BRUNO IL Y A 4 JOURS À 19H29

merci pour ce lien 

Je connais ce film injustement éclipsé par celui de Fellini. Je lui avais même consacré un billet mais il a sombré dans mon ancien blog. Peut être que j'en referai un... 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 3 JOURS À 07H31
Merci d'avoir ravivé quelques cinématographiques et érotiques souvenirs (même pour moi ) A l'adolescence Ben Hur , puis surtout le Satyricon, ce n'est pas original. Je suppose que je devais être « impressionnable » moi aussi, ... et pourtant je ne connaissais pas intimement Mr Matzneff . J'ajoute que j'avais lu Pétrone, mais pas Matzneff ( je l'avais juste vu et entendu à la télé où il m'avait fort impressionnée ; il y racontait très excité toutes ses jeunes conquêtes : une autre époque, comme vous dîtes fort justement )
Plus récemment, de nouvelles émotions avec un beau peplum et le très beau Niels Schneider dans la série  Odysseus  en juin dernier sur Arte :
http://www.allocine.fr/series/ficheserie_gen_cserie=10560.html
Des infos ici sur Max Born :
http://www.maniaco-deprebis.com/index.php?post/2011/01/20/Max-Born
COMMENTAIRE N°5 POSTÉ PAR ISMAU IL Y A 4 JOURS À 19H59

Je n'ai pas vu Odysseus ce que je regrette mais je pense bientôt me rattraper. Il est assez facile à trouver sur la toile. 

merci pour les informations sur Max Born. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 3 JOURS À 07H10
Des nouvelles de Max Born ! mais, quel scoop ! (L'émulation entre Ismau et Benoît fait merveille)
Hélas comme on a l'habitude de dire en ces cas-là, déjà Max Born n'est pas Giton - et le Temps pour lui a passé aussi, sans doute, et ne l'a pas laissé intact, lui non plus. Il venait d'avoirrr' 18 ans, l'acteur, comme chante en choisissant son chiffre Dalila dans un coin du passé disparue elle aussi - mais, moi, j'ai découvert le Fellini-Satyricon en compagnie, remarquée et tout à fait chaste, dans cette salle un peu bobo tout en haut de la rue Saint Jacques, d'un ami garçon de 14 : le film n'était interdit qu'aux moins de 13. Rien entre nous ! de ces attouchements, que B-A conte avec tant dégoût avec sa "dinde", le pauvre, la pauvre... aussi quelle idée d'amener des dindes au cinéma... je n'en ai jamais vu moi sur les plages. J'avais déjà et qq jours avant, découvert, en reconnaissance, la merveille dans cette même salle, et prévenu mon jeune élève du chef-d'œuvre qui l'attendait. Je l'avais obligé même à jeûner tout un jour à genoux (et d'ailleurs je faisais de même) pour se purifier avant de rencontrer l'œuvre maîtresse du dieu Federico. (Que moi je ne connaissais pas avant). Je surveillais du coin de l'œil son éblouissement. (J'étais un "pédagogue", un précepteur, un professeur qq peu tyrannique mais - merveilleux - on s'en doute)
COMMENTAIRE N°6 POSTÉ PAR XRISTOPHE IL Y A 3 JOURS À 15H28

Espéront qu'il reste encore des pédagogues de votre trempe. 

Je crois que j'ai également découvert Fellini avec ce film qui n'est pas aujourd'hui mon préféré même si je le place très haut je lui préfère Roma Roma et Nave va (je ne suis pas sûr du titre) je réalise en écrivant cette réponse que ce dernier film à quelque chose à voir avec "La nef des fous"... 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 3 JOURS À 20H23
PS pour Ismau - que je ne voudrais pas importuner avec ces apartés qui - heureusement vont déclencher des cataclysmes je l'espère de polémiques : évitez, évitez Ismau, de perdre votre temps avec Matzneff - le clone le plus fadasse, factice et toc des "disciples" de Montherlant ! Ses rodomontades bisexuelles autour de l'affreuse piscine Deligny (que j'ai dû couler pour cela, je plaisante, dans la Seine)n'ont,stylistiquement au moins pas la moindre virgule de crédibilité - à vingt ans il m'exaspérait, de singer sans pudeur et bien sûr sans que personne d'autre ne s'en aperçoive le grand Chateaubriand du quai Voltaire, mais il fit qqchose de bien - c'est la fameuse affaire des Cendres répandues sur le forum de Rome, après larcin de la Poussière opime au Père Lachaise. (Là, dans le récit qu'il en fit, il y avait de beaux accents de vérité). Sinon "Montherlant pour les salles de baby foot", eût dit Angelo Rinaldi qui aime bien, lui aussi, comme moi, Montherlant, mais le vrai)
COMMENTAIRE N°7 POSTÉ PAR XRISTOPHE IL Y A 3 JOURS À 15H53

Mais comment c'était très bien Deligny. Je me souviens d'y avoir bronzeé agréablement, certes cela ne valait pas La Baule mais je ne vous félicite pas de l'avoir coulé. Vous étiez donc capitaine de péniche (ce qui est mieux que de pédalo...). 

C'est un peu méchant pour Matzneff qui a donné beaucoup d'espoir aux lettres française en 1976 avec un premier tome épatant de son journal " Cette camisole de flammes", hélas la suite fut de plus en plus illisible. Quant à ses romans ils ne sont que la reprise poussive du dit journal, aucune invention. Il faut néanmoins sauvé certains de ses articles parus jadis dans Combat et réédité depuis en volume. Ces livres sont gratifiés de titres assez réussis comme "Le sabre de Didi...  

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 3 JOURS À 20H34
http://www.youtube.com/watch?v=WFcxVumk5nA
COMMENTAIRE N°8 POSTÉ PAR BRUNO IL Y A 3 JOURS À 20H51

merci pour ces belles images de Giton guitariste. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 3 JOURS À 22H00
Un autre "bon point" pour Matzneff c'est cet air de Tintin qu'il avait (depuis il a vieilli contrairement à Tintin): un air limpide et pur d'innocence sympathique, de très jeune scout fragile.
COMMENTAIRE N°9 POSTÉ PAR XRISTOPHE IL Y A 3 JOURS À 22H14

Il ressemble de plus en plus à son viel ami de Ricaumont dont il parle dans son petit livre sur Saint Gremain des près qui n'est pas mal du tout. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS IL Y A 3 JOURS À 22H43
Ces belles images de Giton Guitariste, je les ai reconnues pour les avoir vues projetées à l'expo « Fellini la Grande Parade »  au jeu de Paume en 2009 . Il doit s'agir du documentaire tourné en 71 par Gideon Bachman « Ciao Federico », le 2ème et dernier « film » où apparaît Max Born .
Je vous rassure Xristophe, je n'ai jamais perdu mon temps avec Matzneff, et d'ailleurs je me suis très bien passée d'un mentor de son acabit . Je ne l'ai mentionné que par ironie, pour rappeler la jolie phrase de ce billet où son nom est cité . Sur les plateaux télé où je l'avais vu plusieurs fois quand j'étais lycéenne, sa prétention démonstrative à séduire et à éduquer les demoiselles, m'amusait beaucoup, mais m'agaçait aussi quelque peu . Résultat, je ne l'ai toujours pas lu à ce jour . Mais contrairement à ce que laisserait croire le manque de QI habituellement attribué à mon sexe , je n'ai eu nul besoin de professeur pour être bouleversée par la beauté du Satyricon de Fellini . Je devais avoir entre 14 et 16 ans, je ne sais plus exactement, mais je sais que je partageais mon goût pour ce film et d'ailleurs pour tous les films de Fellini et de Pasolini, avec une autre fille de mon âge . C'est dire à quel point nous devions être exceptionnelles ... et elle plus encore, puisqu'elle ne se contentait pas comme moi de lire Petrone en français ; excellente latiniste, elle lisait avec plaisir Petrone dans le texte ; c'était du latin facile, disait-elle . Autre différence entre nous, elle préférait Ascylte-Hiram Keller, alors qu'il me semblait évident que les deux autres garçons étaient plus beaux et surtout Giton . J'y ai repensé en lisant Hervé Guibert qui voue un véritable culte, à l'adolescence, d'abord à Terence Stamp ( le Tobby Dammit de Fellini, dans « Les histoires extraordinaires » ) et ensuite à Hiram Keller ; c'est dans « Mes parents » et puis surtout dans « l'image fantôme » p27 chapitre « l'image érotique » ( à lire ou à relire ! )
COMMENTAIRE N°10 POSTÉ PAR ISMAU AVANT-HIER À 13H55

Ah regret j'ai raté le film et l'expo dont vous parlez. On peut de passer de Matzneff même s'il y a bien pire dans les lettres françaises contemporaines qui ne brillent pas par leur excellence surtout si on les compare avec leurs passés ou la production actuelle anglo-saxonne (surtout britannique). 

Si Giton m'avait fait un grand effet à sa découverte aujourd'hui je ne serais pas loin de pencher du coté de votre amie Hiram keller était bien joli. Je vais me replonger dans Guibert. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS AVANT-HIER À 17H27
Que lis-je ? que vous, B.A, ne connaissez pas ce film que cite Ismau précisément (je l'évoque vaguement ailleurs) sur le tournage du chef-d'œuvre de Fellini !(que je mets toutefois en parallèle et à égalité avec le "Fellini-Roma" - ici je vous retrouve - où la séquence du souterrain de métro creusé sous la ville de Rome perce à un moment déjà étrangement paroxystique une bulle de temps antique et nous voilà re-basculant dans le "Satyricon" ! - larmes et frissons garantis chaque fois pour moi au rendez-vous de cette séquence à suffoquer vivant). Mais sachez que ce film existe en dvd et reprenez espoir et - ne péchez plus...
COMMENTAIRE N°11 POSTÉ PAR XRISTOPHE AVANT-HIER À 22H17

J'ai du mal m'expliquer mais non seulement je connais Fellini Roma mais c'est mon film préféré du maestro. J'y pense à chaque fois que je vais à Rome qui est une ville que je connais bien et qui est curieusement la seule où je ne me perd pas (je n'ai aucun sens de l'orientation). 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS HIER À 07H13
Pour Ismau
"Le manque de QI" des jeunes filles" ? Qu'est-ce que c'est qu'cette histoire ??? J'ai jamais trempé là-dedans !... J'ai jamais entendu causer !
Mais - comme bizarres sont les "points de vue" découpant le réel... Et par exemple, je livre mon aberration : pourquoi-comment (me dis-je, au comble de l'étonnement) rapprocher ces deux grands garçons (indifféremment Encolpius ou Ascilto) du petit dieu Giton ? Ils sont tout à fait sympathiques et touchants l'un et l'autre - Ascylte fauve et Encolpius le mou rêveur... Mais ils ne sont pas là pour être DéSiRéS !... pour fasciner... pour rendre fou et même amoureux fou... C'est eux qui le deviennent - (et moi ! en 70) D'ailleurs ils ne sont ni du même sexe, ni de la même espèce, (et j'évite "genre"), ni de la même chair etc que le petit Giton "delicati" (latin que vous corrigerez !)... (J'ai dû ne rien comprendre au film...)
COMMENTAIRE N°12 POSTÉ PAR XRISTOPHE AVANT-HIER À 22H42

C'est votre perception en ce qui me concerne ils sont du même sexe et je dois dire qu'aujourd'hui mes sens pencherais plus vers Ascylte que vers Giton mais où vous avez raison c'est que dans le film ni Ascylte ni Encolpe sont là pour être désirés. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS HIER À 07H17
C'est amusant comme en ce domaine chacun trouve bizarre les « points de vue » des autres . J'ai mené l'enquête sur un individu supplémentaire et  différent , tout à l'heure chez moi . Il m'a répondu qu'il n'avait évidemment désiré aucun des trois garçons, même pas Giton, certainement pas Giton, mais évidemment la jeune esclave abandonnée dans la maison patricienne .
Pour Hervé Guibert, qui à 14 ans avait déjà des points de vue bizarres (!) l'image la plus érotique est bien une image d'Ascylte : « Hiram Keller, entièrement nu, le sexe seulement enfermé dans une coque d'or, le sein traversé d'une fine lanière de cuir pour retenir un carquois sur son dos . Il tient par la main une femme en pagne, les cheveux surmontés d'une tiare . Cette image me fait irrésistiblement bander ... (suite à lire p 27 de l'image fantôme) ( on trouve très facilement cette image sur internet- autre époque- alors qu'HG a dû se donner tellement de mal pour se la procurer)
Grâce à Xristophe, je m'aperçois que j'ai ce documentaire« Ciao, Federico » dans un DVD intitulé « Fellini au travail », acheté à l'expo , mais qui m'avait déçu dans l'ensemble : à revoir donc, au moins pour ce beau documentaire .
COMMENTAIRE N°13 POSTÉ PAR ISMAU HIER À 15H27

Les avis différents sont surtout dépendants des goûts sensuels de chacun. Cet éventail d'avis montre aussi la richesse de l'oeuvre qui va bien au delà du désir fantasmé que provoque chacun des garçons. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS HIER À 17H50
C'est moi qui m'exprime mal : je sais que "Fellini Roma" est votre film préféré du "maestro de Rimini"... (pour moi aussi, disais-je, et en plus il est, ex-aequo, "parallèle" au "Satyricon" - j'essayais vaseusement d'expliquer pourquoi); mais je parlais du film que vous dites n'avoir pas vu (exposition Fellini 2009 du Jeu de Paume), ni posséder en DVD. Ce double, en fait, DVD s'appelle donc "Fellini au travail", contient cinq reportages, dont le "fameux" et à-ne-PAS-posséder-sous-aucun-prétexte (c'est-à-dire : à posséder) : "Ciao Federico", par un monsieur Bachmann, un reportage d'une heure sur le tournage historique du "Satyricon" - et c'est là que l'on voit Max Born, sinon Giton, chanter en grattant sa guitare, dragoter une actrice à l'arrière d'un bateau, dire une parole profonde sur Fellini etc. etc. Ce document précieux est édité chez Carlotta.
COMMENTAIRE N°14 POSTÉ PAR XRISTOPHE HIER À 16H03

Je vais me le procurer d'autant que k-j'ai mes entrées (de service) à Carlotta excellente maison d'édition. 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS HIER À 17H52
Ismau j'attire votre attention tout de même sur ceci: j'ai dit trouver bizarre "les points de vue découpant le réel" : tous, en somme, ou plutôt : le phénomène, dans son ensemble, de notre kaléidoscope humain sensible (et puis, mais en second, "intellectuel"): je n'ai pas dit trouver bizarre et "les points de vue des autres" ! je n'en suis plus là, tout de même. (D'ailleurs je commence en parlant de "mon aberration"...) Ensuite seulement, je feins le style naïf, "premier degré", pour donner, après les principes, les grands principes - un peu de relief à la narration ! (Pas très brillante, du reste)(Je suis plus "susceptible" que "fâché", croyez-le bien !)
COMMENTAIRE N°15 POSTÉ PAR XRISTOPHE HIER À 20H10

Je profite de cette adresse à Ismau pour répondre à une question que m'a posé Ismau à propos de Fromanger. 

Je lui ai demandé de quand dataient les toiles exposées. Il m'a répondu que les tableaux "drapeaux" datent de 1968-1970 sauf un qui a été retouché en 2014 puisque y apparait le drapeau de Russie.  

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS HIER À 22H45
http://www.dailymotion.com/video/x41juo_satyricon-tournage-1_shortfilms
COMMENTAIRE N°16 POSTÉ PAR BRUNO HIER À 23H31

merci pour le lien 

RÉPONSE DE LESDIAGONALESDUTEMPS AUJOURD'HUI À 07H11

 

 

7 mars 2020

Alix l'intrépide de Jacques Martin

Alix l'intrépide de Jacques Martin
L'histoire commence à Khorsabad, en Mésopotamie, pendant la guerre entre Rome et les Parthes. Marsalla, un général romain qui n'aurait pas dû se trouver là, découvre un jeune Gaulois, Alix, dont il tente vainement de se débarrasser. Celui-ci est ensuite recueilli par des Parthes qui poursuivent les Romains. Après les avoir quittés, Alix rencontre d'autres personnages, tantôt bienveillants, tantôt inquiétants, et finit par arriver à Rome où il retrouve Marsalla. Mais entre temps, Alix est devenu citoyen romain... Contrairement à ce qu'il fera plus tard pour la plupart des autres aventure d'Alix, Jacques Martin a situé précisément celle-ci. 
L'événement historique qui ouvre les aventures d'Alix est la bataille de Carrhes, au cours de laquelle l'armée parthe de Suréna vainquit les légions romaines de Crassus ; elle eut lieu le 28 mai -53. L'épisode suivant, Le sphinx d'or, qui enchaîne sur celui-ci, commençant en septembre -52, cette première aventure d'Alix dure environ quinze mois, maistrès inégalement répartis : quelques jours ou quelques semaines au début et à la fin, entrecoupés par une séquence romaine résumée en une seule image, page 32 ! Mais s'il se passe tant de chose dans cet album, c'est que chaque page comporte 4 bandes qui contiennent elles-même 3 vignettes, ce qui fait donc 16 images par planche. Chaque case contient en plus un texte, composé aussi bien de récitatifs que de copieux dialogues. Il y a un total d'environ 900 cases par album ... soit le double de ce que l'on a actuellement dans un album 44 pages couleur. Quelle différence !
Alix l'intrépide de Jacques Martin
Alix l'intrépide de Jacques Martin

Toute cette aventure est sous l'influence de Ben Hur. L'histoire est globalement différente, bien sûr, mais il y a de multiples séquences qui semblent  être des "réminiscences" du livre ou du film muet de 1929 puisque ne faisons pas d'anachronisme, le grand film de William Wyler n'existait pas au moment où Jacques Martin a dessiné cet album en 1948. Premier exemple frappant : le début avec Alix qui se penche depuis un mur et qui fait tomber des pierres sur un général romain en train de défiler. Par la suite, on découvre aussi une galère attaquée par des pirate, l'adoption d'Alix par un patricien romain puis le décès de celui-ci, la fameuse course de char spectaculaire ... ce sont des scènes marquantes du roman de Lewis Wallace.

 

La planche 1 telle qu'elle est parue en 1948 dans l'hebdomadaire Tintin

ci-dessous l'originale de la planche

 

 

En ce qui concerne l'élaboration de cette première aventure n'oublions pas que nous sommes en 1948 et que les sources de documentation n'ont rien à voir avec ce qu'on trouve aujourd'hui. Dans "Avec Alix", J Martin explique qu'il se rendait régulièrement dans une bibliothèque de Verviers à l'époque et que sa source principale d'information était le Dictionnaire des Antiquités grecques et romaines de Charles-Victor Daremberg, qui comprenait 9 volumes. C'est là qu'il y découvrit les éléments pour reconstituer le palais du roi Sargon à Khorsabad, ainsi qu'une représentation du colosse de Rhodes et d'autres encore.


 

Alix l'intrépide de Jacques Martin

 

Une planche de l’épisode «Alix l’intrépide» représentant une scène navale comme celle ci-dessus et publiée dans le journal Tintin du 3 février 1949 a été vendue à 32.002 euros alors qu’elle avait été estimée entre 13.000 et 15.000 euros, indique dimanche soir la salle de vente bruxelloise Banque Dessinée.

Où sommes nous? On se déplace beaucoup, dans ce récit, qui commence à Khorsabad, puis on traverse l'Arménie et on arrive à Trébizonde ; après un voyage maritime au cours duquel on rencontre des pirates, nous voici à Rhodes ; nouvelle croisière pour arriver à Rome ; l'histoire se poursuit à Vulsini et s'achève au pied des Alpes.
Nous faisons connaissance d'Alix à Khorsabad. Nommé à l'origine Dûr-Sharrukin, « forteresse de Sargon », ce n'est plus qu'un petit village de l'Irak, à 15 km à l'est de Mossoul. En -713, l'empereur assyrien Sargon II ordonna la construction d'un nouveau palais au nord de Ninive. Cette cité rectangulaire mesurait 1760 m sur 1635 m pour 300 hectares. Ses murailles étaient protégées par 157 tours et étaient percées de sept portes, correspondant aux principales routes de la région. Une terrasse pavée accueillait le palais royal et les temples, ainsi qu'une ziggourat. La cour s'y installa en -706, mais Sargon mourut au combat l'année suivante. Son fils et successeur Sénachérib revint à Ninive. La cité inachevée fut abandonnée un siècle plus tard lors de la chute de l'empire assyrien. Il est fort peu probable qu'un trésor y soit resté intact pendant six siècles, s'il s'y trouva jamais. D'ailleurs, au temps d'Alix, la cité était déjà en ruines et inoccupée. Elle fut fouillée par des archéologues français au XIX° siècle, ce qui vaut à une partie de ses statues et bas-reliefs de se trouver au Louvre... et une autre partie au fond du Tigre, où le bateau qui la transportait coula en 1855, et jamais retrouvée.
Le choix de Khorsabad par Jacques Martin pour faire apparaitre Alix est assez curieux, car on peut se demander ce que Marsalla, le fictionnel légat de Crassus (décalqué sur le Messala de BEN HUR)! allait faire à Khorsabad avec toute sa légion, sur les talons d'Alix? D'autant qu'en marchant dans cette direction il s'enfonçait dans l'Empire parthe et rompait ses lignes de communication avec son Crassus son supérieur.
On peut penser que la raison de la présence de Khorsabad serait que JM avait dû lire quelque chose sur les fouilles archéologiques françaises de Khorsabad par Paul-Emile Botta (en1840-1850) (dont quelques Kerubs sont au Louvre), d'où l'imagination qu'un trésor s'y trouverait encore.
Alix l'intrépide de Jacques Martin
Alix l'intrépide de Jacques Martin

De Khorsabad à Trébizonde, Alix traverse le royaume d'Arménie, qui, chose curieuse, n'est jamais nommé. En -610, les Haïkans, une tribu thraço-illyrienne, se fixe en Médie, où elle se mélange pacifiquement aux anciennes tribus autochtones, formant un État indépendant (Alix rencontre une tribu de Haikanes qui semble être traquée par les autres groupes ethnique du lieu...) ; le nom d'Arménie n'apparaît qu'en -520. La région passe successivement sous la tutelle des Mèdes, des Perses et des Macédoniens d'Alexandre ; elle prend à cette occasion une forte teinture hellénistique qu'elle ne quittera plus. En -190, les Grecs ayant été battus par les Romains, l'Arménie redevient indépendante. En -95, son roi Tigrane le Grand fonde un vaste empire qui va du Caucase à Mossoul et de la Caspienne à Antioche. Mais Rome finit par s'inquiéter de sa puissance et, en -66, il est vaincu par les légions de Pompée ; le pays devient un protectorat romain, tout en restant gouverné par ses rois ; au siècle suivant, il sera partagé entre Rome et les Parthes. A l'époque à laquelle Alix le visite, le pays est en paix. A ce propos il y a une bizarrerie à relever : c'est la conquête de Khorsabad par le général Marsalla. Comme le récit débute quelques semaines après la bataille de Carrhes, au moment de l'entrevue entre Suréna et Crassus, j'imagine mal qu'un général romain ait poursuivi le siège d'une ville en territoire ennemi alors que l'armée principale était en train de faire retraite.

 

Alix l'intrépide de Jacques Martin

Khorsabad est un lieu crucial dans l'existence du héros il y retrouve sa mère, dans le roman "Le sortilège de Khorsabad".Elle avait été enlevé par Arbacès. Voici la biographie de Myrdinna, la mère d'Alix. C'est Arbacès qui parle:

"Elle a été mon esclave, Alix! A Délos, elle avait avalé une drogue qui l'avait fait passer pour morte. Le mélange de ce breuvage et de son antidote eut des effets imprévisibles.Ta mère a sombré inexorablement dans la démaence. Je ne te connaissais pas encore quand elle est entrée en ma possession, sinon...
-Monstre!Je ne sais ce qui me retient...hurle Alix
-Elle devint de +en+ incôntrolable. Pendant son séjour à Tyr, je l'ai cédée à un aubergiste nommé Damon pour payer mes dettes de jeu. Et tu vois Alix, les gardes, les archers , les citoyens de Tye, et même les chiens et les rats: tous savent que ta mère est folle!"
Plus tard, Alix retrouve Myrdinna, qui meurt dans les bras de son fils
"Myrdinna, petite mère...C'est moi, Alix, ton fils...Myrdinna petite mère...
Mais qu'arrive t'il? Son petit Alix s'est-il blesssé. Il pleure. Allons viens chez maman, elle va poser un doux bisou sur le vilain bisou. Et parce que tu es sage, j'ai un cadeau pour toi.Regarde, une belle poupée.
-Myrdinna petite mère...
Je sais, les poupées, ce n'est pas pour les garçons mais c'est tout ce que je possède. Je l'ai gardé rien que pour mon Alix. Je lui ai tellement parlé qu'elle est devenue un peu toi, un peu moi.Maintenant, tu peux l'avoir , mais tu dois cesser de pleurer. Ecoute la, elle t'aime comme je t'aime. Et toi?
-Oh, oui, je t'aime .Maman...
-Il se fait tard. Il faut dormir.Serre-moi encore dans tes bars....Et nous dormirons...Alix...
Alix étreint sa mère.Et pour elle, qui ne l'entend plus,il retrouve le langage lointain de son enfance et chante à voix basse:
-Un matin, petit moineau, tu étendras tes ailes et tu vaicras le ciel." 

 

Alix l'intrépide de Jacques Martin
Alix l'intrépide de Jacques Martin
 
Ensuite nous voici à Trébizonde. C'est l'ancienne Trapézonte grecque, fondée en -756 par des colons de Milet. C'est de là que Xénophon et ses Dix-Mille aperçoivent enfin la mer après leur retraite de l'empire Perse. ( L'Anabase, -IV° siècle ). Indépendante pendant la domination Perse, elle est intégrée par Alexandre au royaume du Pont, puis annexée par Rome en tant que cité libre ; elle resta très prospère. Elle fut la capitale d'un empire grec aux XIII° et XIV° siècles. C'est aujourd'hui la ville turque de Trabzon, 200 000 habitants.
Après une petite visite chez les pirates nous abordons à Rhodes célèbre pour son colosse. Peuplée par les Doriens, l'île commerça surtout avec la Grèce et l'Égypte. Elle conclut un traité avec Rome en -164. Son école de philosophie, où étudièrent Pompée et Cicéron, était célèbre.
Le colosse fut érigé en commémoration d'un siège qui eut lieu en -305 et qui échoua. La statue, d'une hauteur de 32 m, représentait Apollon-Hélios et était considérée comme la 6° des sept merveilles du monde. C'était l'œuvre de Charès de Lindos ( autre ville de l'île ), qui se suicida en découvrant une erreur dans ses calculs ; un de ses assistants les corrigea. C'était parti pour 12 ans de travaux.
 

minet 9154

DSC05577.JPG

le sanctuaire d'Apollon à Rhodes (octobre 2012)

 

A partir de là, les historiens ne sont plus d'accord. Sur l'emplacement de la statue d'abord : elle ne pouvait se trouver dans la posture traditionnellement représentée, enjambant l'entrée du port, un pied sur chaque jetée ; l'écart, d'environ 40 m, aurait été trop grand pour sa taille ; on pense qu'elle pouvait être érigée, soit sur les hauteurs de l'île, ou en contrebas de l'Acropole, ou encore sur un côté du port, et peut-être adossée à une falaise. Sur sa composition ensuite : sur un socle de marbre, elle aurait été constituée d'un bâti de bois recouvert de plaques de bronze, mais ces matériaux semblent difficilement compatibles avec sa hauteur pour des raisons de solidité ; alors, une statue de pierre recouverte de bronze ? La représentation qu'en fait Jacques Martin est néanmoins vraisemblable.
Toujours est-il que les Rhodiens n'en profitèrent pas longtemps : terminée en -292, un séisme la jeta bas en -226. L'oracle de Delphes aurait interdit aux habitants de la relever. Ses débris restèrent sur place jusqu'en 653, date à laquelle ils furent vendus : il y avait 13 tonnes de bronze et sept tonnes de fer. Il n'en reste absolument plus rien... S'il ne reste rien du colosse, il y a tout de même des vestiges romains comme le montre ci-dessus, les photos que j'y ai prises, il y a quelques années.
A Rome C'est l'époque où la population urbaine s'accroît considérablement sous l'effet de la transformation des structures économiques et sociales ; la petite propriété paysanne disparaît, remplacées par les grandes exploitations fondées sur le système esclavagiste. D'énormes quartiers d'habitations sont crées, avec pour corollaires : la spéculation immobilière, les effondrements et les incendies. Des architectures monumentales et de prestige transforment Rome en une capitale comparable aux grandes villes hellénistiques avec le concours d'architectes et d'artistes grecs, et comprenant notamment des nouveaux temples, des aqueducs et des magasins portuaires. La ville commence à se sentir à l'étroit dans son enceinte archaïque, dite de Servius, pourtant récemment étendue, dont le périmètre de 11 km englobe 427 ha : des faubourgs poussent à l'extérieur. L'époque de grandes réalisations architecturales dans la cité. Le théâtre de Pompée est construit au Champ de Mars entre -61 et -55, c'est le premier théâtre en pierre à Rome ; pour conserver l'aspect sacré donné aux représentations théâtrales, un temple dédié à Vénus Victrix se trouve au sommet des gradins ( on les voit bien page 19 de Roma, Roma ). De -54 à -46 s'érige le forum de César sur les côtés de la place s'élèvent les grandes basiliques destinées à abriter les procès, ainsi que les transactions financières et bancaires ; il sera le modèle des futurs forums impériaux. Mais à part la demeure d'Alix et quelques rues, on voit assez peu de choses de Rome dans cet album, à l'exception du Cirque Maximesiège des courses de chevaux et de chars depuis les débuts de la cité ; ses installations furent d'abord en bois, le premières structures en pierre datant du -II° siècle ; il pouvait contenir 250 000 spectateurs.
On voit aussi un amphithéâtre qui évoque le Colisée, mais celui-ci ne fut construit qu'un siècle plus tard, sous Vespasien ; son nom est d'ailleurs : l'amphithéâtre Flavien ; il pouvait contenir 60 000 spectateurs. Au temps d'Alix, les spectacles avaient lieu sur le Forum Boarium ( le forum aux bestiaux ), près du Champ de Mars, la place servant d'arène, avec des galeries de service creusées par en dessous et des gradins de bois autour pour les spectateurs. Le premier amphithéâtre en pierre de Rome ne fut construit qu'en -29. Les amphithéâtres servaient pour les spectacles de gladiateurs ( munera ), les batailles navales ( naumachies ), et les chasses aux fauves ( venationes ).
L'album se termine à Vulsini, une ville se situe à 100 km au nord de Rome ; c'est aujourd'hui Bolsena, près du lac du même nom. Alix y retournera au début des Légions perdues.
 
Quel était le contexte historique de l'album? Nous sommes à la fin de la République romaine, qui est gouvernée par le « triumvirat » Pompée-Crassus-César. Tandis que ce dernier, nommé par le Sénat proconsul des Gaules conquiert méthodiquement le pays depuis -58, à la fois pour s'assurer la gloire militaire et une fortune qui lui permettra de payer ses dettes, Pompée est le maître de Rome. Pour le « Grand Homme », comme il se fait appeler ( Pompéius Magnus ), la gloire et la fortune sont déjà là : ses campagnes en Espagne contre Sertorius, en Orient contre Mithridate et contre les pirates lui ont accordé l'une et l'autre ; ce bon stratège est très populaire,mais c'est un mauvais orateur et un piètre politique.
Quant à Crassus, on dit que c'est l'homme le plus riche du monde, sa fortune étant estimée à 170 millions de sesterces, pas tous acquis honnêtement...mais il lui manque la gloire militaire : même celle de son modeste succès contre Spartacus lui a été soufflée par Pompée, arrivé en ouvrier de la onzième heure. Alors, bien que Pompée ait signé un traité de paix avec les Parthes, dix ans plus tôt, Crassus le dénonce et se met en tête de conquérir leur royaume qui, accessoirement, contrôle l'accès de la Route de la Soie et des richesses de l'Asie qu'elle apporte. A la fin de l'année -54, le voilà à Antioche, à la tête de sept légions dont une de cavaliers Gaulois fournie par César. Pendant que Crassus perd son temps à piller le Proche-Orient, jusqu'au temple de Jérusalem, Suréna renforce l'armée Parthe.La confrontation aura lieu à Carrhes.... La seule chose dont nous soyons sûr, c'est que Crassus avait franchi l'Euphrate à la hauteur de Zeugma («le lien») où, comme le nom l'indique, il y avait un pont reliant Séleucie de Commagène et Apamée (deux villes se faisant face de part et d'autre du fleuve, aujourd'hui noyées par le barrage de Birecik). Crassus marcha donc vers Carrhæ - où il avait laissé une garnison l'année précédente - puis descendit le Ballissos (act. Balikh), un affluent de l'Euphrate.
Il semble que la bataille de Carrhæ eut lieu à 40 km au sud de cette ville, mais les spécialistes discutent encore pour savoir si ce fut sur la rive droite ou la rive gauche du Ballissos.
Crassus, de fait, ne sortit pas du bassin de l'Euphrate (Carrhæ est à la frontière de la Turquie/Syrie).

 
Jacques Martin a maintes fois raconté comment la première page d'Alix, fournie à l'éditeur de Tintin à titre « d'échantillon », fut publiée sans qu'il en soit prévenu et comment on lui réclama précipitamment la suite... Quand Leblanc lui a demandé de faire une planche par semaine après sa première planche-test qu'il avait proposée quelques semaines plus tôt et qui a d'ailleurs été publiée telle quelle, J Martin n'avait pas prévu de scénario pour la suite, persuadé qu'on ne le rappellerait plus. Il a donc du élaborer son scénario petit à petit, c'est pour ça que cet album fait un peu "feuilleton". Mais à partir du moment où Alix apprend d'Honorus Galla, son père adoptif, qu'il est le fils d'un chef gaulois, l'histoire décolle alors vraiment
Il faut croire néanmoins qu'il avait soigneusement préparé son affaire, accumulant références et documentation, car on ne sent guère l'improvisation.
Au début, cependant, il n'y a pas d'intrigue : Alix rencontre des Romains, des Parthes, traverse l'Arménie, comme si c'était une période d'observation, mais tout change avec l'arrivée d'Arbacès, puis de Galla, et Alix doit faire face à des enjeux de plus en plus importants, au péril de sa vie. Le scénario est serré et les rebondissements fréquents.
Si le caractère de notre héros est déjà bien fixé, et ne variera plus guère, le dessin se cherche : l'auteur n'a pas encore mis au point le style « martinien » que l'on trouvera quelques épisodes plus loin, bien que les attitudes des personnages soient déjà bien présentes. Les décors sentent parfois le dessin d'architecte et la couleur, assez neutre, ne les met pas en valeur.
Dans cet album commencé dans l'urgence, on trouve peu de décors détaillés ou de grande image panoramique. On peut signaler bien sûr une grande case spectaculaire qui représente le Colosse de Rhodes, mais est-elle véridique ? Les images sont le plus souvent subordonnées à l'action et l'auteur n'a pas le temps de se consacrer aux détails. Il y a parfois quelques vignettes aux décors étonnement précis, et c'est le signe que Jacques Martin est en train de rechercher son style.


Tout cela évoluera donc par la suite, mais après un départ qui aurait pu mener n'importe où, on voit le récit prendre de l'ampleur tout en conservant sa ligne directrice, et Alix, qui ne cherche d'abord qu'à sauvegarder son existence, se voit vite confronté aux exigences de la politique, et il ne s'en affranchira plus à l'avenir. 
Au début des aventure d'Alix, Jacques Martin dit avoir donné à son héros quinze ou seize ans. Comme il n'est pas tombé du ciel à Khorsabad, il a bien dû passer quelque part les premières années de sa vie, et il n'est certainement pas resté inactif.
Pourtant, à ce moment-là, on sait assez peu de choses sur lui et on n'en apprendra guère plus par la suite. Lorsque son portrait s'affinera, ce sera au fil de ses aventures, et il permettra de préciser certains aspects de sa personnalité, par exemple son rapport avec le pouvoir, ou ses relations, souvent controversées, avec les femmes. Mais on reviendra rarement en arrière, sur ses premières années, aussi est-il intéressant de faire le point à ce sujet.
Il est Gaulois, il est esclave ( on verra que c'est discutable ), il sait monter à cheval et combattre ( deux talents qui ne « collent » pas tellement bien avec son statut servile ), il connaît au moins une autre langue que la sienne, certainement le grec, la langue commune de tous les gens cultivés de l'époque, ce qui lui permet de converser d'égal à égal avec Suréna, alors que son interlocuteur est général en chef et premier ministre du roi des Parthes. Drôle d'esclave, en vérité !
Par la suite, grâce à Galla, on apprend qu'il est le fils d'un chef gaulois et que ses parents ont disparu pendant la guerre des Gaules, tandis que lui-même était vendu comme esclave.
Correction un peu plus tard : nous apprenons alors la participation des siens à la légion de cavalerie gauloise sous les ordres de Crassus à Carrhes ( dans Iorix le grand ) et nous le voyons arriver à Khorsabad après avoir voyagé avec cette armée et perdu de vue le reste de sa famille ( dans C'était à Khorsabad).
Enfin, dans plusieurs épisodes, nous constatons sa maîtrise à la conduite des chars de course, avec succès, puisqu'il gagne généralement ; à plusieurs reprises également, il se retrouve contraint de combattre comme gladiateur, toujours avec succès. Or, ces deux « métiers », difficiles et dangereux, ne s'improvisent pas et mettent du temps à s'apprendre.
Ces éléments disparates sont à peu près tout dont nous disposons pour esquisser une biographie sommaire du personnage, sans compter que certains sont contradictoires entre eux et avec les faits historiques et de société. C'est pourtant suffisant pour reconstituer sa vie en s'en tenant au plus vraisemblable.
Cette histoire commençant en -53, Alix est né en -69 ou -68 en Gaule. Rappelons que les opérations militaires de la guerre des Gaules n'ont commencé qu'en -57, Alix ayant alors 11 ou 12 ans, et ces opérations ne concernaient que la Gaule Belgique, entre Seine et Rhin, et la façade océane, pas encore l'intérieur du pays, qu'il a en fait quitté en -54, on verra comment.
Si on s'en tient au seul critère géographique, cet album ne nous dit rien de son lieu de naissance; fort heureusement, deux autres albums sont un peu plus bavards. Dans Le sphinx d'or, nous voyons Alix revenir au pays, alors que le siège d'Alésia se déroule non loin de là. Un peu plus tard, la localisation de ce pays, où il retrouve son cousin Vanick, est plus précise dans Vercingétorix : entre la Saône et Alésia. Ce territoire est celui des Eduens, un riche et puissant peuple Celte, allié de longue date des Romains, sauf pendant une brève période de l'année -52, lors de la campagne de Vercingétorix.
Mais les révélations de Galla nous disent tout autre chose : pour qu'un peuple Gaulois soit vaincu de la manière dont il le raconte, il aurait fallu qu'il soit Belge, Armoricain ou Aquitain, et que l'événement se soit déroulé entre -57 et -54.
Pourquoi cette dernière date ? Parce que si Alix a suivi l'armée de Crassus, avec ou sans sa famille, les légions étaient à pied d'œuvre en Orient dès l'automne -54, et on sait que Crassus perdit ensuite son temps à piller la région jusqu'en mai -53, une aubaine pour les Parthes. Or, les Eduens ne se joindront à la révolte qu'à l'été -52, après Gergovie.
Que peut-on conclure de ces indications ? Seul le critère géographique me paraît pertinent, en éliminant les peuples trop éloignés dont il n'est jamais question dans les récits : Alix est un Eduen, c'est l'hypothèse la plus vraisemblable. Ce peuple étant romanisé depuis longtemps, Alix n'aura pas beaucoup d'efforts à faire pour devenir citoyen romain par adoption.
Fils de chef gaulois, Alix appartient donc à une famille aristocratique celte. Ces nobles possèdent la terre que des paysans cultivent pour eux. Autour des nobles gravitent leurs « clients », les ambactes : guerriers sans fortune, paysans ou artisans à qui le noble donne des biens ou des denrées en échange d'un service militaire. Les nobles choisissent parmi eux leur roi ou leur magistrat suprême, le vergobret ; ceux-ci sont élus et leur charge n'est pas, en principe, héréditaire.
Seuls les nobles sont assez riches pour posséder des chevaux et disposent d'assez de temps pour recevoir un entraînement militaire très poussé. Du point de vue de l'équipement, rien ne ressemble plus à un légionnaire romain qu'un guerrier gaulois, d'autant plus que les Celtes, habiles métallurgistes, approvisionnent toutes les armées ; ce sont eux qui ont inventé la cotte de mailles, que portent tous les soldats de l'époque.
On voit donc qu'Alix était bien placé pour recevoir une bonne formation aux armes et à l'équitation ; il reçut également une bonne culture générale, puisqu'on le voit s'exprimer sans difficultés en grec et en latin. A son époque, les druides n'étant déjà plus chargés de l'éducation des jeunes nobles; il est probable qu'il a disposé d'un précepteur ( grec, naturellement ), et d'un maître d'armes. Comme il devait en outre avoir quelques loisirs, je suppose qu'il ne les consacrait pas seulement à la chasse, et c'est certainement là qu'il apprit, pour s'amuser, à si bien conduire les chars et aussi à combattre comme un gladiateur. En effet, ces deux « métiers », bien que parfois occupés par des hommes libres étaient considérés comme des métiers d'esclave, déshonorants pour un citoyen de haute lignée ; mais ceux-ci se distrayaient parfois en s'entraînant et en cherchant des émotions, sûrement pas pour faire carrière (comme on le voit dans Timour), d'autant plus que l'armement et les méthodes de combat n'avaient rien à voir avec ceux des militaires.
Tout cela a donc bien occupé Alix jusqu'à son adolescence et il est en pleine possession de ses moyens lorsque nous le trouvons lancé dans ses aventures : il aurait pu avoir une moins bonne préparation à ce qu'il allait vivre !
Comment Alix s'est-il retrouvé en orient? Il paraît difficile de retenir la version de Galla, qui est là pour renforcer l'aspect romanesque et dramatique du récit, mais qui se trouve corrigée par la suite, ainsi que l'appartenance d'Alix à un autre peuple que celui des Eduens, que rien ne vient appuyer. L'hypothèse la plus probable est que des membres de sa famille, ou de son clan, se sont engagés volontairement comme cavaliers mercenaires dans l'armée de Crassus, peut-être sur l'instigation de Galla et de César ; ce dernier devait « rembourser » Crassus, qui avait payé une partie de ses dettes, en lui fournissant un contingent de cavalerie levé en Gaule. Il n'y avait pas eu de contrainte, mais seulement l'attrait du butin. On sait que les choses, à Carrhes, se sont mal terminées pour les Gaulois comme pour les Romains, mais sans cela, il n'y aurait pas eu d'aventures d'Alix. Et voilà comment celui-ci s'est retrouvé vraisemblablement prisonnier de guerre, ce qui, à l'époque, était synonyme d'esclave, sauf si une rançon pouvait être payée.
De noble gaulois, Alix est devenu un noble romain après son adoption (parcours identique à Ben-Hur qui de noble juif devient un aristocrate romain après avoir été adopté) car il appartient désormais, selon toute vraisemblance, à la classe équestre ; les chevaliers étaient ceux qui, à l'origine, devaient le service militaire à cheval, considéré à juste titre comme le plus onéreux. Pour être chevalier, il fallait posséder 400 000 sesterces de biens fonciers, comme pour les sénateurs, mais à la différence de ceux-ci, les chevaliers pouvaient librement investir et commercer, et ils ne s'en faisaient pas faute. Au fil du temps, ils obtinrent les mêmes pouvoirs que les sénateurs, et ils purent défendre leurs intérêts dans toutes les instances de la vie publique et économique. Sans cela, Galla n'aurait pas été général en Gaule, ni gouverneur à Rhodes.
Tout cela n'est pas dit, ni montré, mais peut se déduire du train de vie apparent d'Alix à Rome, ainsi que de ses relations sociales. On ne voit que sa maison familiale de Rome, mais on sait qu'il doit posséder également des biens fonciers, sans doute des fermes en Italie, et probablement aussi des parts dans des fabriques ou des navires. En tout cas, il est visiblement à l'aise, à la différence d'Enak (dont on fera connaissance dans l'album suivant, le sphynx d'or), qui ne possède rien, sauf son titre ( discutable ) de « prince », et qui ne subsiste que grâce à la générosité de son ami.
Toutefois, Alix n'est pas patricien, contrairement à ce qui est parfois dit, tout simplement parce qu'un nom de patricien se termine obligatoirement en « ius », mais le nom en « ius » ne suffit pas pour faire un patricien : ainsi, C. Julius César et M. Licinius Crassus sont patriciens, mais C. Pompéius Magnus n'est que chevalier. Un Graccus n'est donc pas patricien ; à cette époque, il ne restait qu'une quinzaine de familles ( gens ) patriciennes, avec toutefois de nombreuses branches, soit quelques centaines de personnes seulement. Cela n'empêchait pas qu'on pouvait être noble tout en étant issu de la plèbe, comme l'étaient de nombreux chevaliers : la nobilitas s'acquérait par l'exercice de magistratures lorsqu'on était élu consul, prêteur, censeur, questeur ou édile. Il ne faut pas non plus confondre son nom avec celui de Tibérius et Caïus Gracchus, les célèbres « Gracques », qui vivaient au siècle précédent et dont le nom de famille était d'ailleurs Sempronius, Gracchus n'étant que leur surnom ( cognomen ).
Alix l'intrépide est en fait un album séminal, à la construction hâtive et aux idées multiples. Le récit frappe par son dynamisme et son enthousiasme, maisaussi quelques inexactitudes (j'ai déjà évoqué la curieuse présence de Pompée et César ensemble au cirque Maxime). L'auteur a tout mis dans ce premier récit où il devait faire ses preuves : des personnages historiques, un héros exemplaire, un méchant à la fois dangereux et séduisant, un monde antique richement documenté, des affrontements dramatiques et un magnifique voyage à travers la Méditerrannée.


 
 
Alix : si son aspect physique n'est pas encore celui auquel les albums suivants nous habitueront, son caractère est déjà bien affirmé et s'étoffe au fil des pages. D'abord simplement soucieux de sa survie, ce qui est légitime, il gagne en audace au fur et à mesure que les événements se précipitent à sa rencontre, et on découvre vite qu'il sait être altruiste et dévoué. Il est bientôt confronté à des questions politiques qui le dépassent un peu, mais desquelles il se tire honorablement. Dès qu'il s'agit d'action, on le sent à son affaire, mais chez lui, la réflexion approfondie entraîne parfois le doute. C'est pourquoi il tient encore aux images paternelles réconfortantes, comme Galla, Toraya, voire César, qui compensent l'inexpérience de sa jeunesse. Fort heureusement pour lui, il ne désespère jamais.
 
Et, par ordre d'entrée en scène :
 
Marsalla : voilà un général romain fort soucieux de ses intérêts et peu regardant sur le choix des moyens ; il faut dire qu'il était à bonne école : son chef Crassus ne venait-il pas de passer plusieurs mois à piller la région ? Son équipée à Khorsabad est du même ordre, tout comme elle signifie pour lui le début des ennuis : il ne va plus cesser de s'enfoncer, malgré l'alliance avec Pompée, vers une issue fatale. Pour avoir voulu s'enrichir au lieu de combattre, cet homme peu scrupuleux est devenu un perdant.
 
Suréna : le général des Parthes est aussi le premier ministre de son roi, Orodès II. On ne sait pas avec certitude si Suréna est son nom ou son titre : les historiens penchent plutôt pour la seconde solution, ce qui voudrait dire « général en chef ». C'est un personnage conscient de sa valeur, et on comprend pourquoi : battre l'armée romaine n'est pas à la portée de tout un chacun, mais il sait reconnaître la valeur d'autrui quand il la rencontre en la personne d'Alix, et le grand seigneur devient comme un compagnon d'armes. Orodès, jaloux de ses succès contre les Romains et les Arméniens, le fera assassiner ( voir l'album : C'était à Khorsabad ). En dehors de Jacques Martin, peu d'auteurs se sont intéressés à lui ; seul, Pierre Corneille lui a consacré sa dernière tragédie, en 1674 : ce n'est pas son chef d'œuvre, mais quel beau français !
 
Marcus : « le plus vaillant officier de l'invincible armée romaine » selon Arbacès, mais il ne faut jamais croire Arbacès ! Il est surtout vaillant devant des adversaires moins bien armés que lui. C'est aussi un combinard, comme son chef Marsalla, avec lequel il cherche désespérément à se sortir du guêpier où il se sont fourrés par esprit de lucre, et malgré ses efforts, il n'y réussira pas plus que lui.
 
Toraya : ce sympathique colosse est ému par la détresse d'Alix, qui lui rappelle son fils disparu. Il profite de cet incident pour régler quelques comptes avec son chef, n'étant pas d'accord avec sa conception de l'accueil des étrangers. N'ayant plus rien à perdre après son esclandre, il s'enfuit avec son protégé, et un séisme leur apportera une aide opportune. Par la suite, il partagera un temps le destin d'Alix et tombera, victime de son dévouement, en essayant de le tirer d'affaire une nouvelle fois. Il représente l'une de ces figures paternelles qu'Alix rencontre de temps à autre et qui viennent compenser la disparition de sa lignée naturelle.
 
Quintus Arenus : le proconsul de Trébizonde ne fait que passer, mais il représente bien le magistrat romain de l'époque : tout puissant et sûr de son fait,mais ne dédaignant pas à l'occasion un petit pourboire. Alix le retrouvera dans : La chute d'Icare et Roma, Roma.
 
Arbacès : c'est bien connu, une histoire est d'autant meilleure que le méchant est parfait ! Celui-ci commence sur un mode mineur, connaît quelques déboires avec la concurrence, et termine avec une montée en puissance tout à fait remarquable, et on n'a pas encore tout vu. Le voilà devenu l'homme de confiance de Pompée, qu'il semble connaître de longue date. On peut d'ailleurs se demander pourquoi il exerce tout d'abord ses talents si loin de son patron,mais il faut se souvenir que Pompée avait combattu en Orient contre Mithridate, de -66 à -62, pour soumettre les territoires anatoliens devenus provinces romaines ; leur complicité doit venir de là. Avide et sans scrupules, il rebondit à chaque fois qu'on le croit abattu, toujours pour retrouver sur son chemin cet Alix à qui il ne fait pas de cadeau ( il lui en a pourtant fait un d'importance : sa fameuse tunique rouge dont on peut voir le premier exemplaire page 22 ! ). Le nom d'Arbacès a déjà servi pour un autre « méchant » : le prêtre égyptien des « Derniers jours de Pompéi », roman écrit par Bulwer Lytton en 1834.
 
Honorus Graccus Galla : c'est, selon toute évidence, un brave homme que la seule trahison qu'il ait commise dans sa vie obsède jusqu'à la fin. Quand il a l'occasion d'offrir une compensation à celui qu'il a lésé, il n'hésite plus et donne à Alix une famille, un nom, une fortune et la considération. Ce n'est pas rien, et son souvenir servira souvent de caution à Alix par la suite. Mais il disparaît très vite, laissant Alix orphelin pour la seconde fois.
 
Rufus : cet agent de César est un officier dévoué et efficace, tout le contraire de Marcus quant à la mentalité. Il sait toujours ce qu'il a à faire et le fait bien sans se poser de questions.
 
Les personnages historiques : Pompée, César, Labiénus : à l'époque où se déroule la seconde partie de cette histoire, au milieu de l'année -52, Pompée est seul à Rome.
En effet, depuis sa nomination en -59 comme proconsul de Gaule Cisalpine, Gaule Transalpine et Illyrie, et jusqu'au passage du Rubicon le 12 janvier -49, César ne remet pas les pieds à Rome. Il risquait d'être mis en cause devant la justice pour des accusations d'illégalités commises pendant son consulat, maisla Lex Memmia interdisait toute poursuite contre un citoyen absent de Rome pour le service de la République, à condition qu'il ne revienne pas dans la ville. Les affaires de César étaient alors gérées à Rome par son secrétaire, le chevalier d'origine espagnole Lucius Cornélius Balbus.
Quant à Labiénus, adjoint de César en Gaule, il n'a pas non plus quitté ce pays ; on trouvera son portrait dans : La cité engloutie.
Alix n'aurait donc pas pu, dans la réalité, rencontrer César à Rome, mais le roman permet tout, à commencer par faire passer Pompée pour un infâme conspirateur, et ça ne s'arrangera pas dans les récits suivants. Pourtant, Pompée n'aurait pas eu besoin de jouer un tel rôle.
Pourvu de la gloire militaire à la suite de ses campagnes en Espagne contre Sertorius, en Orient contre Mithridate et contre les pirates, Pompée était riche et immensément populaire. Mais ce n'était pas un tribun, seulement, pour son malheur, un politicien maladroit, hésitant et mal conseillé. Pour l'instant, il cherchait plutôt les accommodements avec César et ne rompit réellement avec lui qu'après le coup de force du Rubicon qui allait entraîner la guerre civile.
César, lui, est un politicien dans l'âme depuis toujours. Patricien ruiné et endetté, il s'est enrichi au fil de ses campagnes, en particulier celle dans les Gaules. Il y a aussi gagné une armée puissante, entraînée, disciplinée et obéissante, et, pour lui-même, un immense prestige. Quand il faudra foncer, devant un Pompée peu sûr de lui, il foncera, et gagnera, mais son destin le rattrapera vite. Parfois débonnaire, parfois cruel, César était un personnage complexe dont c'est plutôt l'aspect positif et sympathique, soucieux du sort de Rome, qui nous est présenté ici quand il prend Alix à son service.
 
 
Conclusion : cette première aventure d'Alix est un peu l'ébauche de ce qui viendra ensuite, même si les principaux caractères, à commencer par celui du héros, y sont déjà. Plus tard, les scénarios seront plus serrés et le dessin perdra de sa rigidité. Mais tous les ingrédients y sont, de l'arrière-plan historique soigné, aux études physiques et psychologiques des personnages.

 

7 mars 2020

L'étreinte de Némésis de Steven Saylor

L'étreinte de Némésis de Steven Saylor

 

Il est indispensable lorsque l'on aborde un livre de Steven Saylor de doublement le situer, d'abord dans l'Histoire et ensuite dans la chronologie des enquêtes du limier Gordien. Dans « L'étreinte de Némésis », nous sommes en 72 av. J.C. Mis à part l'épilogue qui se passe deux ans plus tard soit en 70 av. J.C. L'histoire se déroule dans un laps de temps de cinq jours. Rome tremble. La République est sous la menace d'une révolte d'esclaves conduite par Spartacus. Plusieurs consuls successifs ne sont pas parvenu à vaincre cette horde. Crassus, militaire expérimenté et l'homme le plus riche de Rome lève une armée privée pour vaincre Spartacus. Le temps presse car Crassus veut battre de vitesse Pompée, le prestigieux général, qui d'Espagne marche sur l'Italie ne doutant pas d'écraser la révolte avec son armée aguerrie. Une victoire sur Spartacus ouvrirait pour le vainqueur immanquablement la route vers le consulat.

Gordien a maintenant 38 ans. Il vit toujours maritalement avec son esclave Béthesda et Eco qu'il a adopté. Sa situation matérielle s'est amélioré par rapport à la période où il a connu le garçon, lors de son enquête sur la mort de S (voir « Du sang sur Rome » http://lesdiagonalesdutemps.over-blog.com/2016/08/du-sang-sur-rome-de-steven-saylor.html. )Dans cette nouvelle enquête Eco joue un peu le rôle qui était attribué à Tiron dans la précédente.

Une nuit le richissime Crassus fait dépêcher en urgence Gordien à Baia où un de ses hommes liges, Lucius Licinius a été sauvagement assassiné dans sa luxueuse villa. Deux de ses esclaves sont en fuite. Sont-il allés rejoindre Spartacus? Gordien ne croit pas à cette éventualité qui paraît trop évidente. Si le soir des funérailles de Licinius, Gordien n'a pas trouvé un autre coupable, tous les esclaves de la maison, ils sont cent, seront exécutés, femmes et enfants compris, comme l'exige la loi romaine car lorsqu'un maitre a été tué par un esclave tous les esclaves de la maison doivent être tués (Saylor s'appuie là sur un texte qui se trouve dans « Les annales de Tacite ». La femme de Licinius ne croit pas à la culpabilité des deux esclaves et voudrait sauver sa domesticité de même que Mummius,* le principal général de Crassus car il est fou amoureux d'un des esclave de Licinius, le bel Apollonius... Gordien parviendra-t-il a arracher les esclaves de feu Licinius des bras de Némésis, la déesse du châtiment? Saylor distille à chaque page une foule de détails sur la vie quotidienne des Romains, nourriture, découpage de la journée d'un citoyen, traditions, contexte politique, moeurs sexuelles, lois..., tout en peignant un cadre si évocateur, ici les riches villas patriciennes de la baie de Naple, qu'on plonge littéralement dans son intrigue sans plus se soucier de ce qui se passe autour de nous. Avec ce roman Steven Saylor montre qu'il est un maitre du suspense. Après Sylla dans son premier opus, c'est cette fois la figure de Crassus que l'auteur place au centre de son roman.

Contrairement à son premier roman, ici Saylor n'a pas de texte ancien qu'il peut utiliser comme un guide pour développer son histoire. Il place le thème de l'esclavage au premier plan qu'il traite dans ses divers aspects (galériens, révoltes d'esclaves, combat de gladiateurs) à côté d'autres thèmes comme la peinture, les médicaments et les poisons. Comme dans « Du sang sur Rome » Saylor se révèle un remarquable paysagiste avec la peinture du golfe de Cumes avec ses champs soufrés et la grotte de la Sibylle. Cest particulièrement réussie.

L'enquête que mène Gordien ressemble un peu à celle que mènerait Hercule Poirot dans un manoir du Kent. Même riche assemblé, la nuit du crime il y avait du beau monde chez, ou dans les parage de la villa de Licinius, une peintre célèbre et son assistante, un architecte, Sergius Orata**, spécialisé dans la construction de thermes (on se croirait un instant dans « Thermae Romae », voir le billet que j'ai consacré à ce manga: Thermae romae de Mari Yamazaki (réédition augmentée)), un vieux philosophe grec, obligé de la maison, Crassus en personne et ses deux lieutenants Marcus Mummius et Faustus Fabius. Même problème classique du roman à énigme, le crime a eu lieu dans un lieu clos. La villa était gardée par les hommes de Crassus, personne n'a pu y entrer sans être vu. Mais bien sûr, c'est beaucoup plus compliqué que cela et le roman a énigme se mue rapidement en thriller antique.

Outre l'intrigue passionnante et l'épaisseur des personnages, il est difficile de ne pas entrer en empathie avec Gordien et son fils Eco, Steven Saylor nous fait visiter des lieux spécifiques du monde romain antique, aussi divers que la chiourme d'une galère ou que l'antre d'une pythie. Avec une science consommée du romancier il fait passer en contrebande ses leçons d'Histoire.

Il n'en demeure pas moins que je soupçonne quelques anachronismes dans ce livre pas dans les moeurs ou dans les détails de la vie quotidienne de ce premier siècle avant J.C., bien que j'ai été surpris qu'on y parle d'une bouteille de falerne mais surtout dans la psychologie des personnages. La question des rapports entre hommes libres et esclaves me paraît avoir dans l' « Etreinte de Némésis » une importante trop grande. De même que le souci constant de Gordien des esclaves me semble excessif; certes sa femme est une ancienne esclave, il l'affranchit à la fin du livre, ce qui peut expliquer cette sensibilité au monde servile. J'y vois aussi un américanisme, je pense qu'un européen mettrait moins l'accent qu'un américain sur le phénomène, très important néanmoins, de l'esclavagisme dans le monde antique. En cela la scène dans laquelle Gordien découvre les conditions horribles dans lesquelles les galériens vivent, me paraît exemplaire de cet anachronisme psychologique. En outre elle me parait directement influencée par une scène similaire qui se trouve dans Ben-Hur, tant dans le roman de Wallace que dans le film Wyler, mais Saylor souligne encore plus fortement que Wallace l'attitude inhumaine du chef de chiourme, sans doute trop fortement, car nous ne savons presque rien sur l'organisation exacte des galériens dans un navire de guerre romaine; les esclaves auraient été utilisés qu'en cas d'urgence. Autre américanisme, à la présentation de Memmius j'ai cru voir surgir un officier des Marines! Et j'ai immédiatement penser au personnage principal de « Reflet dans un oeil d'or »... 

Dans « L'étreinte de Némésis, les révolte d'esclaves. Vous apprendrez probablement que celle de Spartacus n'a pas été la première et qu'elle a été précédé par celle dirigée par Eunus en Sicile vers 130 av. J.C. Cet Eunus se disait capable de prédire l'avenir et se fit couronné roi des esclaves!

L'ouvrage se termine par des notes de l'auteur contenant une précieuse bibliographie dont le lecteur curieux saura faire son miel.

Le fait que l'intrigue soit haletante ne doit pas faire oublier la réelle qualité d'écriture de Steven Saylor comme l'illustre le savoureux incipit de « L'étreinte de Némésis »: << Malgré ses indéniables qualités (son honnêteté et son dévouement, son intelligence et sa troublante agilité), Eco n'était pas vraiment la personne indiquée pour répondre à la porte : il était muet.>>. Les dialogues sont très réussis et montre que les langues de putes sont éternelles: << - Vous devez connaître l'opinion des pythagoriciens. Les haricots produisent d'importantes flatulences, ce qui crée une situation conflictuelle avec une âme en quête de vérité.
- Vraiment ? Comme si c'était l'âme et non le ventre qui se remplit de vent! s'exclama Metrobius.
Puis il se pencha vers moi et à voix basse :
-Ces philosophes... Aucune idée n'est trop absurde pour eux. Et celui-là est certainement un sac à vent, mais je pense que dans son cas tout le vent sort de sa bouche et pas d'ailleurs !>>. L'auteur sait également parsemer ses pages d'obsevations bien senties: << Il arborait le sourire supérieur de celui qui s'est levé tôt.>>.

J'insiste pour conseiller de lire les aventures de Gordien dans leur ordre chronologique, qui est aussi l'ordre dans lesquelles elles ont parues aux Etats-Unis. « L'étreinte de Némésis » est le deuxième tome de cette saga. Il est paru en 1992 aux Etats-Unis. Apparaît dans ce livre, à la page 72, Meto*** qui aura ensuite une grande importance par la suite...

Un roman passionnant qui réussit parfaitement à faire revivre la Rome antique de la République. 

 

* Mummius est un personnage historique. Il appartient à la gent Mummia un clan plébéien dont au moins un membre, Lucius Mummius Achaicus, le vainqueur de la Grèce et le destructeur de Corinthe, avait occupé le consulat romain en 146 avant notre ère. Ce que mentionne Saylor. Mummius a bien participé à la lutte contre Spartacus, Il fut envoyé par Crassus pour aidé son fils Tibère Crassus mais leur armée fut vaincu. Saylor à la toute fin de son roman évoque ce fait d'arme. On ne sait pas si Mummius survécu à la bataille. Du moins je n'ai rien trouvé sur la suite de son existence, mais l'auteur qui lui prète ensuite une carrière politique a peut être trouvé des éléments que je ne possède pas.

** Caius Orata est également un personnage qui a existé. Simplement dans son cas Steven Saylor a pris quelques libertés avec la chronologie puisqu'il est mort en 91 av J.C.! C'est un sénateur romain réputé pour ses activités commerciales et son art de vivre. Les sources antiques insistent sur ses pratiques spéculatives et le présentent comme l'exemple du luxe et du bien-vivre. Il y est considéré comme l'introducteur à Rome des bains chauds suspendus (hypocauste) et des huîtres du lac Lucrin. Selon Valère Maxime,pour qui il est un exemple du luxe dans l'aristocratie de la fin de la république, il fut le premier à utiliser des bains suspendus (balneae pensiles) et consacra d'importants travaux hydrauliques à la pisciculture et à l'ostréiculture. Orata fit notamment fermer partiellement l'entrée du lac Lucrin pour permettre l'élevage de l'huître en régulant les mouvements de l'eau. Selon Pline l'Ancien, Sergius tira grand profit de ses huîtres, il tirait aussi de grands profits de l'aménagement et de la vente de villas équipées de bains.

*** Dans l'étreinte de Némésis nous ne connaissons pas l'âge exact de Méto mais dans « L'énigme de Catilina » qui se déroule en 63 av. J.C, le garçon à 16 ans. Il est donc né en 79 av. J.C. Il est par conséquent âgé de 7 ans dans le présent roman.

 

buste de Crassus

buste de Crassus

 

7 mars 2020

L'enigme de Catilina de Steven Saylor

L'enigme de Catilina de Steven Saylor (édition révisée)
L'enigme de Catilina de Steven Saylor

 

Avec cette 3ème aventure, chronologiquement de la série de Steven Saylor, nous retrouvons Gordien, détective dans la République romaine, 17 ans après les évènements racontés dans « Du sang sur Rome » et 7 ans après ceux narrés dans "L'étreinte de Némesis". Nous apprenons, page 318, que Gordien a 47 ans; comme nous sommes en 63 av J.C., il est donc né en 110 av. J.C. La situation de notre héros a considérablement évolué depuis ses démêles avec Sylla, puis avec Crassus. Il n'habite plus sa maison dominant Subure. mais une vaste propriété agricole qu'il a héritée de son client et ami Lucius Claudius. Ce dépaysement trouble Gordien qui peine à oublier Rome. Cette nouvelle résidense du détective permet à l'auteur de nous montrer la vie dans une exploitation agricole à cette époque. Cet héritage n'a pas plu du tout aux cousins du défunt dont les terres entourent la propriété de Gordien. Ils ont contesté la validité de l'héritage mais comme Gordien lors de son procès a été défendu par Cicéron, il l'a gagné. Ce qui n'empêche pas ses voisins, membres de la puissante et vieille famille des Claudii, d'intriguer pour chasser, celui qu'ils estiment être un intru, de ce qu'ils estiment être toujours leurs terres, d'autant qu'ils trouvent la famille de Gordien pas du tout convenable. Notre nouveau propriétaire a en effet affranchi Bethesda, son esclave concubine avec laquelle, il s'est marié. Il y a sept ans; un enfant est bientôt arrivé au jeune-vieux couple, Diane. Elle a rejoint les deux fils de Gordien, tous deux adoptés. Il y a Eco, l'enfant mutique que le lecteur a rencontré dans « Du sang sur Rome ». Eco est aujourd'hui marié. Il a repris à la fois la profession et la maison de l'Esquilin de son père. Mais le grand souci de Gordien est son fils cadet, Meto, connu dans "L'étreinte de Némesis". On voit revêtir la toge virile pour ses seize ans. C'est surtout pour lui que tremble Gordien car son vieil ami Cicéron, devenu consul, auquel il doit d'avoir conservé sa ferme malgré les plaintes des Claudii, l'a contraint à une tâche difficile et dangereuse, la surveillance de Catilina sénateur corrompu qui joue la carte du Parti Populaire. On murmure dans Rome qu'il complote contre la République, trame des assassinats et rêve de dictature. Mais il n'est pas le seul à faire ce rêve. Il le partage avec Crassus, le citoyen le plus riche de Rome, qui n'est pas vraiment un ami de Gordien depuis l'affaire qui les a opposé dans "L'étreinte de Némésis", et peut être avec César, l'homme qui "monte" à Rome. Gordien et surtout Meto ne sont pas insensibles au charme de Catilina. Les cadavres ne tardent pas à cerner Gordien...

"L'énigme de Catilina" à l'intrigue passionnante et aux personnages attachants, j'ai un faible pour le naïf et cependant perspicace Meto, est un roman historique très intéressant par l'éclairage qu'il donne sur ce qu'il est convenu d'appeler la conjuration de Catilina. On connait principalement cet épisode de l'Histoire de Rome essentiellement par les quatre Catilinaires de Cicéron, l'ennemi juré de Catilina. On voit que Saylor à travers le personnage de Gordien a une approche moins manichéenne de cet épisode et sans prendre le parti des conjurés, il comprend leur révolte et semble regretter que Cicéron d' « homme nouveau » soit devenu l'homme lige des optimums. L'auteur parvient avec beaucoup d'élégance à insérer un exposé très claire de ce moment périlleux de l'Histoire de la République romaine dans son intrigue. Il fait sienne l'hypothèse que Crassus et peut être César soutenaient en coulisse Catilina. Si cela est probable, mais toutefois pas certains, pour Crassus, qui s'était enrichi grâce aux proscriptions de Sylla, les soutiens de Catilina se recrutaient principalement parmi les anciens partisans du dictateur, le soutient de César à Catilina est beaucoup moins évident. On peut tirer des conclusions opposées de cette lecture en faisant de Catilina un comploteur manipulateur mais on peut voir aussi en Catilina une victime d'un complot ourdi par Cicéron et ses affidés. Les deux lectures ne s'excluant pas obligatoirement dans cette lutte à mort que se livrent les deux camps.

L'histoire de Gordien et des siens se mêle aux événements politiques réels, qui sont vus du point de vue du détective: Catilina n'est pas vraiment réhabilité, mais cette personnalité est plus que fascinante, tandis que Cicéron apparaît comme un habile manipulateur. Saylor semble avoir à coeur d'humaniser les figures mal aimées de l'Histoire romaine, ici Catilina et précédemment Sylla dans « Du sang sur Rome » et Crassus dans "L'étreinte de Némésis". La confusion qui régnait aussi bien dans les rues de Rome que dans les esprits lors de la conjuration est bien rendue. L'intrigue plus particulièrement policière, qui touche le héros, trouve un dénouement assez surprenant. Gordien aura la révélation de la solution de l'énigme lors d'un songe très « martinien »; procédé qui devrait ravir les lecteurs des aventures d'Alix.

Le livre décrit avec précision le quotidien des romains de cette époque. Il traite principalement du cursus et des modalités des carrières politiques et, par l'entremise de Meto, des rites du passage d'adolescent à l'âge adulte.

Cette peinture de la fin de l'adolescence permet à l'auteur de mettre en scène les croyances et les superstitions des anciens romains: << Certains hommes politiques, Cicéron en fait partie, pensent que les auspices et les augures sont de pures absurdités et ne manquent jamais une occasion de le dire et de l'écrire. D'autres politiciens tel César considèrent l'art augural comme un instrument utile au service du pouvoir, au même titre que les élections, les impôts ou les cours de justice, que personne ne songe à mépriser (…) Les augures divisaient les oiseaux en deux classes : ceux dont les cris expriment la volonté divine-le corbeau, la corneille, la chouette et le pic-et ceux dont le vol fait connaître le vouloir des dieux : le vautour, le faucon et naturellement l'aigle, oiseau favori du roi des dieux.>>

Il ne faudrait pas faire un procès d'anachronisme au romancier du fait que sa description des hommes politiques romains soit très semblable à celle que l'on pourrait faire des nôtres. Je rappelle tout d'abord que l'ouvrage a été écrit en 1993. On y voit que le populisme est un ressort pour une carrière politique qui ne date pas d'hier. On peut juste trouver que la psychologie de Gordien est plus moderne que romaine, mais il est vrai que notre enquêteur est un romain atypique ce qui dédouane Saylor du péché d'anachronisme.

Pour les besoins de son récit, Saylor, outre qu'il prend clairement parti pour une des hypothèses historiques de l'affaire, modifie quelques détails de ce que l'on sait (toujours par les ennemis de Catilina, il ne faut jamais l'oublier). Par exemple il transforme Vettius, ce chevalier romain, d'abord partisan de Catilina qui passe dans l'autre camp et sert d'informateur, notamment à Cicéron, un espion de bas étage selon Carcopino, en Marcus Caelius, personnage beaucoup plus ambigu, plus jeune et plus séducteur que Vettius.

A travers les enquêtes de Gordien, Saylor met l'accent sur certains cotés du quotidiens de la Rome antique sous la République, ici en particulier son système politique mais aussi les imbrications qui existaient entre les citoyens romains, le citoyen quel que soit son statut social semble être toujours l'obligé d'un autre. L'auteur s'étend aussi longuement sur  les  relations qui existaient entre maitre et esclaves, entre patriciens et plébéiens, entre anciens familles nobles et parvenus. C'est surtout, au delà de la vie publique, la vie privée que met en lumière l'auteur et dans cet « Enigme de Catilina » particulièrement les relations père-fils.

Jadis le curieux des moeurs de la Rome antique n'avait guère comme ressource que le sec et puritain « Vie quotidienne à Rome » de Carcopino puis vint l'un peu moins austère « Histoire de la vie privée » sous la direction de Philippe Ariès et Georges Duby, aujourd'hui il ne mesure sans doute pas sa chance de pouvoir s'informer en suivant les aventures de Gordien; geste écrite à la première personne dans le style alerte de Steven Saylor (traduit par Denis-Armand Canal à qui l'on doit également de rares mais pertinentes notes en bas de page). C'est le talent de l'auteur, de faire passer son savoir, qui est grand*, du monde romain en l'incarnant en des personnages inoubliables qui nous émeuvent.

 

* A ce sujet la bibliographie de l'ouvrage est impressionnante par sa qualité. Toutefois je me permettrais d'ajouter un titre à cette liste: Catilina ou la gloire dérobée d'Yves Guéna (Flammarion, 1984) où les évènements sont vus du coté des partisans de Catilina, roman intéressant mais qui traite surtout des intrigues politiques sans s'attarder sur le quotidien de l'époque et aux personnages qui n'ont pas l'épaisseur de ceux de Saylor.

             

Cicéron démasque Catilina par Cesare Maccari

Cicéron démasque Catilina par Cesare Maccari

Cicéron au sénat par Cesare Maccari

Cicéron au sénat par Cesare Maccari

 

commentaires Lors de la première édition de ce billet:

 

patrick13/09/2016 16:04

Dans Les Sept Merveilles, le jeune Gordien découvre, et moi par la même occasion, l'importance de la moustache chez les Gaulois Qui ont de bien BELLES Manières!

 

lesdiagonalesdutemps13/09/2016 16:13

Je ne ai pas encore lu Ce livre Qui est en bonne position Dans ma pile de mes futures conférences.

Publicité
Publicité
<< < 1 2 3 4 5 6 7 8 9 > >>
Dans les diagonales du temps
Publicité
Archives
Derniers commentaires
Publicité