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Dans les diagonales du temps

15 décembre 2023

Le chat qui... de Lilian Jackson Braun

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Qwilleran journaliste américain de son état, est le héros récurrent de cette série policière, du moins à égalité avec son chat siamois KoKo. Pour une fois le quatrième de couverture ne ment pas c’est bien de l’Agatha Christie avec en plus de l’humour. Je dirais même plus comme les Dupont(d) les livres signés Lilian Jackson Braun sont mieux écrits que ceux signés par la reine du crime. L’écriture de Lilian Jackson Braun est beaucoup plus fluide. Paradoxalement elle l’est même trop; si bien que l’on a un peu de peine à mémoriser tout les personnages qui passent dans ses romans qui sont à mon avis un peu trop nombreux. Autre défaut mais moins net que chez cette chère Agatha nombreux de ses romans, du moins ceux que j’ai lu jusqu’à présent ont une construction assez semblable et ils explorent des mondes assez similaires disons parallèles mais à chaque fois c’est tout de même un grand plaisir de lecture. Pour continuer sur les points communs entre les oeuvres d’Agatha Christie et celles de Lilian Jackson Braun, il y a, et c’est prépondérant, la moustache de leur héros respectif; si celle d’Hercule Poirot est en pointe et cirée, celle de Qwilleran serait plutôt façon Léon Blum. Contrairement à l’appendice  pileux du belge aux petites cellules grises effervescentes celui du journaliste américain d’origine écossaise, d’où l’orthographe bizarroïde de son patronyme, joue un rôle important dans la résolution des énigmes auxquelles il est confronté même si le véritable limier est… Koko, son chat siamois. Autre similitude entre Agatha Christie et Lilian Jackson Braun les milieux dans lesquels se déroulent les intrigues. Disons qu’ils se situent plutôt chez les privilégiés et souvent dans une mouvance artistique au sens large du terme, même si contrairement à la romancière anglaise Lilian Jackson Braun ne néglige pas les humbles. On sent que l’auteure connait très bien les milieux dont elle parle, le journalisme bien sur mais aussi la peinture, la décoration et l’art en général. Elle n’est pas étrangère à la littérature non plus. Qwilleran est un grand lecteur plutôt porté sur la littérature américaine des années 40-50 mais sans exclusive ce qui nous vaut quelques surprises par exemple il n’est pas courant qu’un personnage d’auteur américain, en 1966, cite Ionesco ou aille diner en prenant pour compagnon « L’ile des pingouins » d’Anatole France ceci dans « Le chat qui jouait aux dominos. Dans ce même roman on se croirait à un certain chapitre dans une pièce de Tennessee William, comme quoi Lilian Jackson Braun n’ignore pas non plus ses confrères américains.  Pour qui aime les livres on ne peut qu’avoir de la sympathie pour un limier qui déclare: << qu’une ville sans librairie est comme un poulet à une seule patte.>> 

Les arnaques que notre détective amateur et son chat (bientôt deux chat, car une femelle siamoise rejoint bientôt le duo) réussissent à démonter sont parfois très sophistiquées comme celle dans le premier volume centrée sur le monde des galeries d’art. Avec ma toute petite expérience des peintres et des antiquaires, la peinture de ces petits milieux avec ses accointances et ses jalousies m’ont parus très justes et très semblables à ce que l’on pourrait écrire de ces mêmes milieux en France et sans doute partout ailleurs. Juste aussi cette description des microcosmes culturels de ce qui est vraisemblablement la capitale d’un état du Middle ouest, là encore j’en ai eu un aperçu lorsque j’ai présenté mon film dans les différentes universités américaines dans un état comme par exemple l’Arkansas l’université est le seul pôle culturel public de l’état avec ses propres notables, ces célébrités artistiques locales, sa presse… C’est quelque chose que les français n’appréhendent jamais, le fait que les Etats-Unis sont un assemblage d’états qui sont chacun des petits pays…

Les rapports de Qwill avec les femmes de tous âges est savoureux (avec les personnes âgées aussi, et avec la nourriture, l’art etc… on aimerait avoir cet homme comme relation à défaut d’être son ami) et sa relation à Polly , l’amie de coeur de notre limier, m’amuse parce que j’ai l’impression que l’autrice ne l’aime pas vraiment. Elle en fait un personnage complexe et moyennement sympathique bien qu’érudite et raffinée, secrète et indépendante mais capable de jalousie, de petites mesquineries… Qwill lui est résolument un être libre sans être égoïste, j’apprécie beaucoup sa façon de gérer sa relation à Polly entre recevoir/donner le tout à une saine distance. Les « Chats qui… » finalement, ce sont peut-être eux qui les incarnent le mieux ce type de relation! C’est une manière de fonctionner en couple très intéressante. Les constations de Lilian JB sur ces rapports sont très fines et pleine d’humour. Chaque livre ausculte un univers particulier qui est toujours bien disséqué. 

Pour les quatre premiers volumes, je recommande grandement de les lire dans l’ordre chronologique de la parution américaine (voir ci-dessous) qui semble être fidèle à la chronologie de Qwilleran; c’est moins important lire pour la suite de la série dans l’ordre chronologique mais néanmoins préférable (mais je n’ai pas lu tout les volumes mais tout de même un grand nombre). Les quatre premiers romans « Du chat qui… » ont donc pour cadre une grande ville américaine, il en va tout autrement pour les suivants qui sont situés, suite une au déménagement du héros du à une très bonne fortune financière, dans un comté imaginaire, comme dans les romans de Faulkner, le comté de Moses. Il se trouve non dans le sud comme celui inventé par le lauréat du prix Nobel, mais à « 600 km au nord de tout »… Au fil des volumes ont a une idée assez précise d’où il se trouve d’abord au bord d’un grand lac frontalier entre les Etats-Unis et le Canada, il y a dans plusieurs romans des affaires de contrebandes, la très grande ville plusieurs fois citée la moins loin du comté étant Chicago, on peut légitimement penser qu’il s’agit du lac Michigan. Qwilleran et ses chats habitent une petite ville dont les activités principales sont l’agriculture et le tourisme.

En considérant les dates auxquelles ont été écrit ces roman, on est stupéfait de l’avance qu’avait Jackson Braun sur nos préoccupations actuelles. L’écologie est très souvent au coeur de ses intrigues. Elle pointe du doigt à ce propos sur des questions très concrète comme la gentrification d’un quartier, les problèmes que posent le tourisme de masse, les heurts inévitables entre le monde agricole et celui des vacanciers qui ne sont là que quelques semaines par ans, la pression que peut exercer un promoteur immobilier sur une communauté, la dépendance d’un petite ville des quelques grosses fortunes qui y résident… Toutes ces questions sont rarement présentées de front mais irriguent les histoires dont l’auteur tire discrètement une morale.

Si l’écriture est toujours fluide, parfois la construction du livre est un peu bancale. Stylistiquement le tour de force de Jackson Braun réside dans son art du dialogue. Ceux-ci sont presque toujours anodins et n’ont pas d’utilité évidente ni pour faire avancer l’intrigue ni pour la peinture psychologique des personnages et c’est pourtant par ces anodins bavardages, toujours justes, que se construit au fil des volumes la personnalité des personnages récurrents de la série. Je ne connais qu’un autre auteur pour offrir des dialogues badins d’une telle justesse c’est Nancy Mitford. 

 

Nota

Ci-dessous vous trouverez la liste des roman Le chat qui dans l'ordre chronologique de ces aventure avec à la suite de chaque titre la date de parution en France et aux Etats-Unis. Ces livres sont difficilement trouvables en librairie de neuf mais ils pullulent dans les librairies d'occasion et sur la toile où on les trouve généralement à des prix très très modiques mais pas toujours. Il faut donc être vigilant.

 

1* Le chat qui lisait à l'envers (T-1)(Éd. 10/18 - 1992), Ed USA- 1966

2* Le chat qui mangeait de la laine (T-2)(Éd. 10/18 - 1992) Ed USA- 1967

  1. 3*  Le chat qui aimait la brocante (T-3)(Éd. 10/18 - 1992)ou Brocante et chats siamois Ed USA- 1968
  2. 4*    Le chat qui voyait rouge (T-4)(Éd. 10/18 - 1991)
  3. 5* Le chat qui jouait Brahms (T-5)(Éd. 10/18 - 1991) Ed USA- 1987
  4. 6* Le chat qui jouait au postier (T-6)(Éd. 10/18 - 2004)
  5. 7* Le chat qui connaissait Shakespeare (T-7)(Éd. 10/18 - 1991)
  6. 8* Le chat qui sniffait de la colle (T-8)(Éd. 10/18 - 1992)
  7. 9* Le chat qui inspectait le sous-sol (T-9)(Éd. 10/18 - 1992)
  8. 10* Le chat qui parlait aux fantômes (T-10)(Éd. 10/18 - 1993)
  9. 11* Le chat qui vivait haut (T-11)(Éd. 10/18 - 2000)
  10. 12 Le chat qui connaissait un cardinal (T-12)(Éd. 10/18 - 1994)
  11. 13  Le chat qui déplaçait les montagnes (T-13)(Éd. 10/18 - 1994)
  12. 14 Le chat qui n'était pas là (T-14)(Éd. 10/18 - 1994)
  13. 15  Le chat qui allait au placard (T-15)(Éd. 10/18 - 1995)
  14. 16*  Le chat qui jouait aux dominos (T-16)(Éd. 10/18 - 1995) Ed- USA 1994
  15. 17*  Le chat qui donnait un coup de sifflet (T-17)(Éd. 10/18 - 1995) Ed USA- 1995
  16. 18  Le chat qui disait cheese (T-18)(Éd. 10/18 - 1996)
  17. 19*  Le chat qui flairait une piste (T-19)(Éd. 10/18 - 1997)
  18. 20*Le chat qui parlait aux oiseaux (T-20)(Éd. 10/18 - 1998) Ed USA 1998
  19. 21  Le chat qui regardait les étoiles (T-21)(Éd. 10/18 - 1999)
  20. 22  Le chat qui volait une banque (T-22)(Éd. 10/18 - 2000)
  21. 23  Le chat qui flairait l'embrouille (T-23)(Éd. 10/18 - 2000)
  22. 24  Le chat qui remontait la rivière (T-24)(Éd. 10/18 - 2002)
  23. 25  Le chat qui cassait la baraque (T-25)(Éd. 10/18 - 2003)
  24. 26*  Le chat qui parlait dindon (T-26)(Éd. 10/18 - 2004)
  25. 27  Le chat qui jetait des peaux de bananes (T-27)(Éd. 10/18 - 2005)
  26. 28  Le chat qui faisait la bombe (T-28)(Éd. 10/18 - 2006)
  27. 29  Le chat qui avait un don (T-29)(Éd. 10/18 - 2007)
  1. 1   La vie secrète du chat qui... (Éd. 10/18 - 2007)
  2. 2.  Le chat qui racontait des histoires (Éd. 10/18 - 1998)
  3. 3.  Légendes du Comté de Moose (Éd. 10/18 - 2007)
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