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Dans les diagonales du temps

11 juin 2021

Les mémoires d’un chat de Hiro Arikawa

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Je me demande presque chaque jour, à quoi peut penser mon chat! Aujourd’hui arrivé à un âge canonique, je me contrefous de ce que pense mes congénères qui d’ailleurs semblent penser de moins en moins, mais il m’importe de savoir ce que pense mon chat. Avec « Mémoire d’un chat » enfin je le sais, du moins en partie car Nana, c’est lui le chat de ces mémoires, est tout de même un chat un peu particulier, mais tout chat ne l’est il pas?

Nana, dont le nom veut dire sept car sa queue vue d'en haut forme ce chiffre, est un chat errant, mais après environ un an d’errance il a été recueilli par Satoru, un jeune homme « dingue de chat » comme l’a diagnostiqué Nana. Nana s’était fait renversé par une voiture. Satoru lui a sauvé la vie. Cinq ans d’heureuse cohabitation sont passés mais Satoru pour une raison impérieuse que l’on apprendra vers la fin du livre, même si l’on avait pu se douter laquelle, doit se séparer de Nana.

Désireux de lui trouver un bon maitre, Satoru se tourne vers des anciens camarades d’études disséminés aux quatre coins du Japon. Chaque partie porte le ou les prénoms d'amis auxquels Satoru va rendre visite , pour faire adopter son chat.  Commence alors un une série de voyages et de retrouvailles qui sont pour Nana autant d’occasions de découvrir le passé de Satoru. Ce qui instruira le lecteurs sur maintes facettes de la société japonaise d’aujourd’hui. 

Ce road movie est aussi une occasion pour l’auteur d’écrire de belle description de différents lieux du Japon. Une fois de plus on se rend compte de l’importance pour les japonais des années qu’ils ont passé dans les institutions scolaires que ce soit l’école primaire, le collège, le lycée ou l’université. Ces années les marquent dans une proportion sans commune mesure avec ce qui se passe en France par exemple. Sans doute en partie du fait qu’en raison des multiples activités extra-scolaires, mais qui se déroulent cependant dans le cadre des établissements que les élèves fréquente, ceux-ci passent en fait assez peu de temps dans leurs familles.

Stylistiquement ce roman est original. Il n'est pas qu'un récit fait par un animal, il mêle différents points de vue. Ce qui au début est assez  déconcertant d'ailleurs car sur une même page, on peut passer d' une narration à la première personne ( Nana) à un point de vue omniscient puis à une focalisation interne de l'un des autres personnages. Mais on s’habitue vite à cette forme. 

Avec beaucoup de malice ce roman en dit beaucoup sur la société japonaise. Par exemple que certains enfants sont appelés " enfants avec clé" car ils sont délaissés par leurs parents, trop pris par leur travail et se retrouvent seuls dans un appartement dont on leur laisse la clé. 

Le lecteur de Murakami ne sera pas dépaysé, il y a presque toujours des chats dans les romans de Murakami et le héros, le propriétaire du chat ( Nana) qui nous livre ses mémoires est très murakanien. Les lecteurs de mangas non plus ne seront pas surpris car « Les mémoires d’un chat" pourrait être  un seinen presque un shonen.

Si vous risquez de sortir votre mouchoir vers la fin du livre « Mémoire d’un chat » n’est pas dénué d’humour en particulier lorsque Nana prend la parole, on sourit souvent devant sa lucidité teintée d'impertinence en me demandant :Et si mon chat pouvait parle. « Mémoire d’un chat »est un beau roman sur l’adoption, l’amitié, et la force des liens qui peut unir un homme avec un animal. Après avoir lu ce livre, et vous ne regarderez plus votre Neko (chat en japonais) comme avant.

 

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Canelle ma Nana à moi en avril 2001

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11 juin 2021

Une visite au Met' en mars 1990

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New-York, Metrepolitain museum, mars 1990.

11 juin 2021

Les goélands de Francis Francaix

 

Grâce à l'excellent BBjane j'ai découvert ce peintre  . Grand amoureux des goélands ces tableaux m'ont touché au coeur, lors de mon dernier séjour à La Baule, j'ai pu observer, sur le toit de ma résidence, combien ces beaux oiseaux veillent avec amour et intelligence, en famille élargie, sur leurs bébés.

 

Intimité

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Intimité
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(2007)

Fond d'oeil

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Fond d'oeil
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Les animaux malades de l'homme.

Série réalisée en 2007. 

Insolites, surréalistes, ces oeuvres renvoient l'homme à sa condition animale, ainsi que l'a fait l'écrivain Pierre Boule dans son roman "La planète des Singes". Elles confrontent les goélands non domestiqués et libres, à ceux qui ont choisi la civilisation et l'emprisonnement.

Amoureux de la Bretagne, j'ai choisi cette région pour décor principal.

 

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La naufrageuse
(huile 61x46)

 

11 juin 2021

Lust caution un film d'Ang Lee

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La matière romanesque de “Lust Caution” est plus épaisse que celle du “secret de Brokeback Mountain qu’Ang Lee avait étirée plus que de raison, ce qui donne un rythme languissant au film, sauvé par l’émotion, son image soignée due au même chef op,  Rodrigo Prieto  que Lust caution, et sa remarquable interprétation. Pour rester dans le registre gay avec “Un garçon d’honneur” le cinéaste en disait plus  et avec beaucoup plus de légèreté  sur la perception de l’homosexualité qu’il ne l’a fait dans son “western gay”.

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Il en va tout autrement dans son dernier film pendant lequel on ne s’ennuie pas une seconde durant les 2h 40 mn de projection. L’histoire et l’atmosphère rappellent celles des romans cruels et surannés d’ Ambler. Un groupe d’étudiants de Hong-Kong décident de tendre un traquenard pour tuer un haut dignitaire chinois, monsieur Yee qui collabore avec l’occupant japonais. Pour appâter le traître ils se servent d’une de leurs camarades, la belle Wong. Le rôle est tenu par une débutante, Tang Wei. Née en 1979, cette ex-mannequin fut finaliste du concours Miss Univers à Pékin en 2004.  Après quelques péripéties et hésitation le collabo, interprété par Leung qui semble avoir séché sur pied depuis sa dernière apparition, tombe dans le piège. Une relation sado masochiste s’engage entre les deux amants. Ce qui nous vaut des scènes de sexe torride (et parfaitement filmées), du jamais vu dans le cinéma chinois et d’un paroxysme rarement vu ailleurs... 
Lust, Caution est l'adaptation d'une nouvelle d'Eileen Chang (1920-1995), un des plus grands noms de la littérature chinoise du XXe siècle. Son oeuvre a déjà inspiré plusieurs longs métrages : “Fleurs de Shanghai” de Hou Hsiao Hsien (1998)., “Love in a Fallen City” (1984) et “Eighteen Springs” (1997) d'Ann Hui ou encore “Red Rose, White Rose” de Stanley Kwan (1994), dans lequel on retrouve déjà Joan Chen au casting. C’est le plus beau film avec “Center stage” du cinéaste de Lan Yu.

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L’argument rappelle bien sûr celui de “Black book” de Verhoeven, mais c’est aussi à deux autres films du hollandais que Lust caution fait penser d’abord à “Soldier of orange” pour cette bande de courageux mais naïf patriotes qui se dresse avec témérité contre l’occupant et à “Basic instinct”.
Lust caution est beaucoup plus noir que Black book. Les dits résistants sont assez lamentables et au final leurs sacrifices aura été inutile, quant à l’homme à abattre c’est une absolue ordure qui ferait passer l’officier ss du film du hollandais pour presque fréquentable. Pourtant l’ accorte infiltrée tombera amoureuse, ou plutôt sexuellement dépendante de lui. Aucun des personnages du film sera sauvé, peut être parce qu’il n’y en a pas un qui le méritait.
Dans l’état actuel des choses je m’explique mal comment la censure chinoise a pu laisser passer un film où tous les chinois brillent surtout par leur cynisme, sans doute parce qu’elle était obnubilée par les scènes de sexe qui sont coupées pour le public chinois.

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Le film d’Ang Lee a d’autres atouts que son scénario passionnant tout d’abord une impeccable interprétation et un montage soigné même si la construction aurait pu être simplifiée pourquoi ces retours en arrière qui n’apporte rien à la narration. Mais c’est surtout les stupéfiantes reconstitution des rue de Shanghai et d’Hong-kong qui m’ont bluffées, on est parfois dans le Lotus bleu d’Hergé. Le dossier de presse nous livre quelques secrets sur l’élaboration de ces décors, << Lust, caution a nécessité un gigantesque travail de reconstitution. Le film a été tourné dans différentes régions d'Asie (Malaisie, Hongkong, Shanghaï), pendant 118 jours. Pour le tournage en extérieurs à Shanghaï, il a fallu retirer provisoirement la climatiseurs de pas moins de 3000 habitants... Le scénariste et producteur James Schamus se souvient avec émerveillement des décors créés dans les Shanghaï Film Studios : "Vous pouviez vous tenir là et regarder jusqu'en haut d'une rue entière, puis de l'autre côté, jusqu'en bas d'une autre. L'équipe a habillé 182 devantures de magasin différentes, les a stockées, puis les a toutes vieillies pour qu'elles ne semblent pas neuves.>>.
Ces prodigieux décors semblent avoir laissé de marbre l’ensemble de la critique déjà blasé par les prouesses du numérique. Un bel hommage au cinéma classique à voir aussi pour se rappeler de David Lean.

 

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11 juin 2021

Conrad Félixmüller

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10 juin 2021

Figuration narrative au Grand Palais

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Réjouissons nous le Grand Palais est libéré des impressionnistes. Enfin une exposition officielle de peintres vivants.
Voilà un accrochage qui chez moi à la fois remué bien des souvenirs et fait naître bien des questions.
Avant remémorations et interrogations, voyons de quoi il s’agit . Nous avons à faire à un panorama de l’”école”, non constituée, de la figuration narrative  qui a regroupé un certains nombre de peintres qui s’opposaient au diktat de l’abstraction de l’école de Paris. Il s’agissait entre autres de Monory, Fromanger, Rancillac, Klasen , Arroyo , Erro... Comme le nom de leur groupe l’indique trouvé, par leur rassembleur, le critique Gérald Gassiot-Talabot , ils se voulaient et se veulent toujours pour les survivants de cette équipée, figuratifs mais au delà de la forme (et pourtant!) qui est nourri de la BD, de la photographie, du cinéma ou des images d'actualité. Ils avaient aussi en commun un grand sens de la couleur qu’ils utilisaient souvent pure en et aplat.


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Peter Saul

Mais ils étaient surtout, et le sont resté pour certains, très engagés à gauche. A  ce titre ils ne s’opposaient pas seulement à l’abstraction mais aussi à la “figuration bourgeoise” que l’on pouvait voir rive droite avenue Matignon où à la galerie de Paris qui était le fief d’Yves Brayer, cette peinture aujourd’hui se survit, complètement ignorée de la critique, chez un Jouenne par exemple. Contrairement à ces peintres dont la peinture, surtout de paysages, est étrangement intemporelle, riche en “petites bretagnes” et “provences ensoleillés, nos mousquetaires de la figuration narrative voulaient ferrailler avec les tenants du pouvoir capitaliste. Ils entrèrent très vite en conflit avec un autre groupe, Les nouveaux réalistes César, Arman, Ben..., organisés par le charismatique Restany, qui étaient les tenants d’un art sociologique. Ils étaient classés à droite à cause de leur mentor. Cette guerre des clans curieusement ne paraissait pas, alors ridicule; mais ce dont ne s’aperçurent pas les belligérants c’est que les américains allaient les mettre très vite tous d’accord. Paris n’était plus le centre du monde de l’art c’était dorénavant New York. Un événement allait les réveiller, mais trop tard, l’attribution du Grand Prix à la biennale de Venise de 1964 à Rauschenberg.

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Fromanger

Comble de malheur pour la figuration narrative, dans ces mêmes années, Paris découvre le pop art anglais et surtout américain avec notamment Wahrol et Rosenquist. Des critiques assez mal intentionnés (et dollardisés) accuseront la figuration narrative de copier les anglo-saxons.
Faisons immédiatement un sort à cette accusation. Si comme les artistes de la figuration narrative ceux du pop art se servent, d’une part des objets du quotidien et d’autre part la photographie et la reproduction mécanique entrent dans leurs pratiques, ces derniers font un art de constatation alors que pour les peintres de la figuration narrative sont fermement ancrés dans la contestation.

 

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Télémaque

Une réflexion entendue lors du vernissage, émise trop fort par une jeune femme élégante, trop jeune pour percevoir l’enjeu politique de ces œuvres, je reviendrais sur la perception que l’on peut en avoir aujourd’hui, se plaignait de la laideur des tableaux (avis que je ne partage en rien). Cette remarque met en exergue une autre grande différence entre la figuration narrative, qui ne s’est jamais souciée du beau, et le pop art dont le souci décoratif est évident. Je précise que le beau et le décoratif, concernant l’art, ne sont pas des gros mots chez moi. A ce propos je mettrais un peu à part deux artistes de la bande Monory et surtout Gilles Aillaud dont j’ai beaucoup de mal à imaginer que le beau n’est pas été une de leurs préoccupation majeure.

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Gilles Aillaud, La bataille du riz, 1968

En 2005 Fromanger s'exprimait sur la notion de beauté: << Certes, il y a des critères, des définitions, des codes, un académisme de la beauté. Aujourd'hui, les définitions sont contradictoires, d’ailleurs aussi bonnes les unes que les autres. Si pour reprendre Breton, la beauté doit tenir  le coup devant le journal du matin, je suis d’accord. Voilà un des sens que je peux donner à la beauté : tenir le coup devant le journal du matin. Si, comme Picasso, la beauté doit sentir sous les bras, je suis encore d’accord. A une époque où l’on ne pisse plus, on ne chie plus, on ne sent plus, on ne crache plus, c’est pas mal. Je peux t’en dire vingt comme ça. Mais LA beauté, je ne sais pas ce que c’est.>>. 
Petit aparté à  propos de Monory , il est amusant de voir chez un peintre membre d’un groupe qui contestait la consommation sa fascination pour l’automobile, fascination qui ne s’est jamais démenti comme le prouve ses dernières toiles montrées à Art Paris , il y a deux semaines. Cet amour de la bagnole chromée il le partage avec son collègue américain du pop art Rosenquist. Monory est à mon avis le Seul artiste de la figuration narrative que l’on peut rapprocher du pop art.



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Monory, voiture de rêve, 2007

Un aparté menant à une digression voyons le cas de Gilles Aillaud  (1928-2005) dont le discour politique est parfaitement inaudible face à ses splendides toiles (exception faite pour “Vietnam la bataille du riz”) qui représentent des animaux dans leur cage au zoo. La dénonciation de l’enfermement ne me parait pas sauter au yeux. Son talentueux suiveur, Bourquin peint le même type de sujets sans vouloir y mettre aucune charge politique.

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Oeuvres de Gilles Aillaud dans l'exposition.

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Gilles Aillaud, à la fin de sa vie, devant une toile qui est exposé au Grand Palais

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Une digression conduisant à un complément d’information, le peintre Cuéco est bien le même homme qui, il n'y a pas si longtemps ravissait les auditeurs de l'indispensable émission de France-culture, "Les papous dans la tête de ses propros cocasses sur les latrines et autres lieux d'aisance. Il est aussi l'auteur de "Dialogue avec mon jardinier" récemment adapté au cinématographe.

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Henri Cuéco, Marx Freud Mao, 1969

Un complément d'information pouvant induire un nota, le lecteur attentif du blog s'apercevra combien les pièces de Fromanger exposées ici sont éloignée de celles qu’en chantre de la Bastille j’ai admiré au salon du dessin contemporain.

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Oeuvres de Fromanger dans l'exposition

Le nota ne pouvant conduire qu’à une précision en voilà une à propos de Rancillac car si vous avez connu de près ou de loin mai 68, vous ne pouvez pas avoir eu connaissance d’une de ses affiches (que l’on voit au Grand Palais) celle célèbre du portrait de Daniel Cohn-Bendit, légendé Nous sommes tous des juifs et des allemands ".  Elle a été dessinée en juin 1968 par Bernard Rancillac, pour protester contre l'expulsion du meneur du mouvement alors qu'il s'était réintroduit clandestinement en France quelques jours plus tôt. Elle a été réalisée dans l'Atelier populaire, autrement dit l'atelier de lithographie de l'Ecole des beaux-arts, annexé pour l'occasion. Le 5 avril 2008 un exemplaire de cette affiche a été vendue pour 2687 euros!

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Rancillac

La politique est rarement bonne conseillère ainsi la plupart des membres de la figuration narrative firent sur l'invitation de Fidel Castro et du peintre Lam un voyage à Cuba où il exposèrent leurs toile. Je ne peux que rapprocher cette excursion avec le fameux voyage en Allemagne en 1943 dans lequel se compromirent des peintres comme Derain et de Vlamynck, même si ce n'est pas tout à fait semblable de se faire goberger par Hitler en 1943 et par Fidel en 1967 mais tout de même...

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Fidel par Rancillac

Autant de considérations historiques et politiques quasi absentes de l’exposition, fort peu pédagogique. Tout le contraire du formidable catalogue qui offre à l’acheteur, pour 50€ tout de même, un extraordinaire voyage dans le temps avec le calendrier très illustré des combats artistiques qui se déroulaient dans le Paris des années 60. S’y ajoutent, en fin de volume, après les belles reproductions des œuvres exposées, d’éclairantes interviews des protagonistes, Erro, Cuéco, Jouffroy, Klasen , Rancillac, Télémaque ...
La grande question qui se pose, hors de son contexte politique, ces tableaux tiennent-ils pour ceux qui n’ont pas connu cette période. Je suis incapable de répondre à cette question, car trop d’ affectes, en ce qui me concerne, polluent mon jugement. Jouffroy dans l’interview du catalogue semble bien avoir raison quand il dit: << La figuration narrative, c’est la peinture à laquelle il faut ajouter les commentaires innombrables qu’elle a suscité l’espérance qu’on a eue.>>. (ci-dessous une toile de Klasen)

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Il me semble que c’est le bon moment pour montrer cette peinture, car je sent monter, pour le meilleur et pour le pire, une repolitisation des esprits, même si je ne pense pas qu’elle puisse atteindre le degré d’exaspération qu’elle atteignait à l’époque où étaient peints ces tableaux. Une conscience politique me parait indispensable pour appréhender les courants artistiques de ces années là. Mais n’en est-il pas de même pour la littérature contemporaine à la figuration narrative tel le roman “Les choses”   de Pérec à qui cette rétrospective m’a fait beaucoup penser.

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Fromanger

Pour continuer dans ce difficile mariage entre la peinture et la politique, qui irrigue toute l’exposition, un oubli me parait dommageable pour la compréhension du public à la continuité historique de l’histoire de l’art, celui de Fougeron (décédé en 1998). Il faudra bien un jour sortir Fougeron du purgatoire et admettre, malgré son statut durant l’immédiate après guerre de peintre officiel du Parti Communiste Français et seul représentant du réalisme socialiste à la française, qu’il fut un peintre digne d’intérèt et le précurseur de la figuration narrative. Avec des moyens plus traditionnels Fougeron avait le même but que des artistes comme Arroyo, Fromanger , Télémaque, faire passer un message politique à travers la peinture. On retrouve aujourd’hui l’echo de la facture des tableaux de Fougeron dans ceux d’Erro qui eux même ne sont pas pour rien dans ceux de Speedy graphito.

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Fougeron

On peut s’etonner aussi de l’absence de Jean Jacquet, trop jeune? pourtant actif dans les mêmes années, ou de celle de Cremonini et Segui un temps compagnons de route...
Il ne faut pas oublier de rappeler que cette peinture est aussi une peinture générationnelle. Tous les membres du groupe, on aujourd’hui aux alentours de soixante dix ans. Et qu’elle est aussi le fruit de  l’émergence de nouveautés techniques comme l’arrivée de la peinture acrylique, de l’épiscope et de l’aérographe...

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Erro

S’il y a une assez grande unité politique entre les membres de ce que j’hésite à qualifier d’école, il n’y a en rien une unité esthétique. Cette diversité pourra surprendre le visiteur. Autre chose qui pourra le désarçonner nous sommes en face de tableaux qui sont au début ou et à l’origine des oeuvres de peintres qui n’étaient alors âgés que d’une trentaine d’années et qui sont pour la plupart loin de leur apogé artistique. Comme vous le voyez une exposition où il ne faut jamais perdre de vue le sablier du temps.

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Arroyo, une toile de 2007

Cette visite comme je le disais en préambule a ravivé bien des souvenirs. Il se trouve que j’étais présent au vernissage de “l’exposition Pompidou”, dans ce même Grand Palais en 1972, événement que les commissaires de l’exposition d’aujourd’hui ont choisi comme le terme de la figuration narrative. Je ne me souviens plus, au tout jeune homme que j’étais alors, ce qui avait valu cet honneur. Je me rappelle d’avoir échappé aux horions qui furent le cuisant souvenir de cette escapade artistique pour certains et de n’avoir entendu qu’au loin le hourvari des protestataires. Je dois dire qu’en cette belle année 1972, je n’avais à peu près rien compris à ce que j’avais vu n’ayant aucune formation artistique et un mince bagage culturel. J’avais tout de même compris l’orientation politique des artistes et certains messages qu’ils voulaient faire passer. 
Cette incompréhension d’alors, nourrit mon inquiétude d’aujourd’hui, car au moins à l’époque je baignais dans l’actualité dont étaient issu de nombreux tableaux et j’étais en pleine bataille d’idées; nous sommes avec la figuration narrative dans une peinture d’idées, là encore comme pour les vocables beau et décoratif rien de péjoratif dans ce terme de peinture d’idées; la grande peinture classique d’un Poussin est entre autres cela. Le spectateur de 2008, dans un monde qui bannit l’idée, ignorant de la sophistication technique que demande la réalisation de plusieurs des œuvres exposée et coupé de l’actualité du moment qui les a accouchées que comprendra-t-il? Que verra-t-il? 

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Paris, avril 2008.

10 juin 2021

Joseph Wackerle

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10 juin 2021

Lucioles la nuit, Kobayashi KIYOCHIKA (1847-1915)

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10 juin 2021

Arthur Tress (5)

 

Roll Me Over

 

 

Hermaphrodite

 

Superman Fantasy

 

Groom white Arabian

 

Dockside Interview

 

Stephen Brecht, Bride and Groom, New York

Arthur Tress - Adam in the Park, New York

Adam in the Park, New York

 

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Skateboarder, Los Osos, CA, 2005
Pour retrouver Arthur Tress sur le blog:
10 juin 2021

Joseph Hirsch

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Joseph Hirsch, auteur de Naked Man, entre 1959 et 1962, a capturé ici un rite de passage familier aux jeunes Américains pendant les années de la guerre froide. L'homme nu montre une grande silhouette jeune, portant des vêtements empilés, des plaques d'identité et des bottes qui signalent avoir été enrôlé pour le service militaire. Sa peau nue pâle sur fond sombre souligne la vulnérabilité d'un jeune homme dépouillé de son identité. À ses pieds, des flèches émergent de l'obscurité, marquant le chemin que lui et les autres conscrits doivent suivre alors qu'ils sont transformés de civils en soldats. 

 

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Joseph Hirsch - Window in spring, 1948 Huile sur toile 2250

 

 

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Joseph Hirsch (1910-1981), était un peintre, dessinateur, muraliste, illustrateur et enseignant américain, né à Philadelphie, où il a également commencé ses études d'art au Philadelphia Museum of Art à l'âge de dix-sept ans, en plus d'étudier en privé avec Henry Hensche à Provincetown et George Luks à New York. En plus de ses études formelles, Hirsch a beaucoup voyagé, y compris un séjour de cinq ans en France. Un peintre réaliste dont le travail était souvent socialement orienté et imprégné d'humanisme, n'hésitant pas à raconter la corruption civique et l'injustice raciale. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été artiste-correspondant pour le gouvernement américain.

 

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