L’HOMOSEXUALITÉ AU CINÉMA, Didier Roth-Bettoni
La Musardine, 750 pages, 34,90 €
Didier Roth-Bettoni déroule avec élégance l’histoire du cinéma en pointant tout ce qu’elle recèle de gay et de lesbien. Nourrissant de ses prodigieuses connaissances une pertinente réflexion sur la représentation des gays dans les différentes cinématographies du monde, ne négligeant aucune contrée, des premières images animées à aujourd’hui.
Ce qui épate le plus, c’est la faculté qu’à Didier Roth-Bettoni de débusquer un personnage gay dans des films qui ne le sont pas du tout, comme par exemple dans La Métamorphose des cloportes ou La Belle américaine. Il faut saluer l’exploit du critique qui va jusqu’à voir Embraye bidasse ça fume, Ces flics étranges venus d’ailleurs ou encore Drôle de zèbre de... Guy Lux pour y dénicher le pédé qui s’y cachait. Tous mes respects à l’artiste. Voilà qui prouve bien que tout bon essayiste est un tant soit peu masochiste.
On pourra remarquer aussi dans la plongée dans le cinéma français des années 60 et 70 que l’auteur est un esprit libre et ne suit pas le diktat des laudateurs sectaires de la nouvelle vague, par exemple en reconnaissant toutes les qualités aux Amitiés particulières du honni Delannoy.
L’auteur pousse la probité, lorsqu’il n’a pas vu un film, ce qui est rare, d’abord de le signaler puis à citer un confrère pour nous donner un aperçu de l’œuvre.
Le livre au fil des pages se présente comme une formidable caverne d’Ali Baba, faisant découvrir à son lecteur, en quelques lignes souvent très suggestives, une quantité de films dont il aura, probablement pour un bon nombre, jamais entendu parler, par exemple en ce qui me concerne L’Homme de désir de Dominique Delouche. Mais surtout ce livre donne envie de découvrir et de revoir de nombreux films, ce qui devrait être l’un des buts de tout livre sur le cinéma.
Je vous conseille un jeu, celui de faire la liste des films que vous ne connaissiez pas et dont Didier Roth-Bettoni vous donne l’envie de connaître. Vous aurez ainsi moult espérances de bonheur que vous pourrez combler petit à petit lors de descentes dans les magasins de vidéo et DVD en France et de par le monde. Cela sera très profitable pour votre connaissance du cinéma mais beaucoup moins pour votre compte en banque.
Autre jeu, je le reconnais un peu vain, celui de dresser une autre liste beaucoup plus courte, tant cet essai tend vers l’exhaustivité, des œuvres oubliées par notre forçat de la critique. Il faut toutefois rappeler que le livre embrasse tous les genres cinématographiques et que s’il privilégie le long-métrage de fiction, il n’en oublie pas pour autant les documentaires, la fiction télévisée, le court-métrage pas plus que le cinéma expérimental. À l’aune de mes modestes connaissances, j’ai réussi à trouver quelques manques : en ce qui concerne l’Amérique, j’ai noté l’absence surprenante de Victor Salva et de son très beau Rites of passage,sans oublier ses deux Jeepers Creepers aussi horrifiques qu’homo-érotiques et surtout le quasi silence sur des séries comme Oz, Six Feet Under, Queer as folk qui, grâce à leur audience sans commune mesure avec la presque totalité des films dont il est question dans cet ouvrage, ont bouleversé la perception des gays par le grand public ; je m’étonne aussi, mais c’était déjà le cas dans Celluloïd Closet, de l’absence du film de Vicente Minelli Celui par qui le scandale arrive dont le personnage du fils est la future Sissi type ; le cinéma gay allemand se voit amputé d’une de ses plus belles réussites, la biographie de la famille Mann, Die Manns : Ein Jahrhundertroman (Thomas Mann et les siens) dans laquelle l’homosexualité est omniprésente et où on découvre l’épisode de la vie de Thomas Mann qui donnera naissance à Mort à Venise et de la romance entre deux adolescents issus d’univers opposés qu’est David au pays des merveilles. Pour l’Espagne, l’auteur a oublié le court-métrage sexy et virtuose Backroom de Guillem Morales. En ce qui concerne la France sont ignorés Le Garçon d’orage, les films de Philippe Sisbane et... Comme un frère ! Le fait que l’auteur ait fait l’impasse, la seule de cette magistrale étude, sur le cinéma d’animation nous prive pour le Japon de ses lumières sur le yaoi animé (le yaoi animé, souvent issu de mangas yaois, est un dessin animé dont les personnages sont gays, et certains sont pornographiques).
Didier Roth-Bettoni
Si d’emblée dans son avant-propos Didier Roth-Bettoni a l’honnêteté de nous dire : « S’agit-il d’un livre militant ? Dans une certaine mesure, puisqu’il est question de corriger une injustice vis-à-vis des homosexuels... Il s’agit tout autant d’un ouvrage cinéphile proposant une relecture de l’histoire du cinéma sous un angle différent où l’homosexualité (des auteurs, des acteurs, des personnages, des sujets, des spectateurs, etc.) aurait le premier rôle... », il n’en reste pas moins que cette posture et le fait que son auteur soit un français, qui plus est un français issu à la fois du sérail cinéphile et de celui du militantisme gay, lui fait trouver souvent un film homophobe lorsqu’un personnage homosexuel n’a pas un rôle positif, attitude politiquement correcte, bien que l’auteur ne cesse de se défendre de ce travers tout au long du volume.
Cette francitude ne lui fait pas néanmoins centrer son ouvrage sur son pays, comme c’était le cas pour le précédent ouvrage sur le sujet L’Homosexualité dans le cinéma français d’Alain Brassart. Le seul livre auquel on peut comparer cette somme, est Image in the dark (sous-titré An Encyclopédia of Gay and Lesbian Film and Video, pas moins !) de Raymond Murray, en anglais et datant de 1994. Cependant, il ne parvient pas complètement à s’extraire des tics et défauts bien spécifiques à la critique française dont le principal est une certaine morgue, quelque peu condescendante, envers le cinéma américain et en particulier à l’encontre du cinéma non hollywoodien souvent qualifié de communautaire, avec la charge négative que cela comporte dans la bouche d’un français. On voit ainsi sourdre insidieusement, probablement au corps défendant de Didier Roth-Bettoni, un certain anti-américanisme, stigmate presque obligatoire de tout intellectuel français de gauche (forcément de gauche, je suis bien conscient du pléonasme).
Parfois l’allégeance au diktat de la critique (surtout pour la période qu’il nomme de « la visibilité », qu’il fait commencer en 1980 et poursuivre jusqu’à nos jours, alors qu’il montre une grande liberté de jugement pour les périodes antérieures) lui fait surévaluer les œuvres de cinéastes qui ont le « ticket d’entrée » comme le dit son confrère, le très lucide Michel Ciment, comme Asia Argento avec son très médiocre Livre de Jérémy, Larry Clark et celles de Gus van Sant en particulier le raté Last days, alors qu’il expédie en quelques mots le très estimable Gypsy 83 de Todd Stephens et que le très beau The Journey of Jared Price – aussi romantique qu’inventif dans sa construction – est seulement cité.
Sans parler de son admiration béate, à l’unisson de presque toute la profession, devant cette supercherie pour snobs qu’est Tarnation. En revanche, on voit avec plaisir qu’il met à sa vraie place des cinéastes comme Todd Haynes avec Velvet Goldmine et John Cameron Mitchell avec Shortbus, c’est-à-dire tout en haut, ce dont bien peu de critiques se sont aperçus.
En ce qui concerne la production récente française Didier Roth-Bettoni est un bien trop gentil garçon, ce que j’ai pu vérifier l’ayant rencontré pour une longue interview qui s’est muée en un exposé magistral dans lequel il balaya tout le spectre du cinéma gay. Cette rencontre donna le film intitulé Un Siècle de cinéma gay qui se trouve en bonus sur le DVD To play or to die chez Eklipse, une excellente introduction et un bon complément à ce passionnant essai.
Sa gentillesse, et peut-être le désir de ne pas se fâcher avec des gens avec lesquels il entretient un commerce fréquent, l’amène parfois à de coupables indulgences comme de traiter le désolant Rome désolé de début d’un exigeant voyage artistique ou les navrantes fictions de Rémi Lange de farces incorrectes et réjouissantes... En revanche, il fait preuve d’une belle liberté en mettant en avant la qualité des films de François Ozon, ce qui n’est pas monnaie courante chez ses confrères.
Si l’on peut être en désaccord avec les opinions de Roth-Bettoni sur tel film ou la place qu’il accorde à tel autre, on ne peut que louer cette subjectivité assumée et étayée qui fait que l’ouvrage dépasse la nomenclature de films gays qu’il aurait pu être si son auteur avait eu moins de personnalité et de passion.
Un essai c’est aussi un style et l’on ne peut qu’admirer la fluidité de celui de Didier Roth-Bettoni dans cette promenade dans le cinéma à travers le temps et l’espace.
Un tel livre serait d’une utilisation bien mal aisée s’il était édité sans sérieux. Rassurez-vous, ce n’est pas le cas. L’éditeur a pris soin d’aérer le texte, scindé en de très nombreux chapitres. Il lui a donné de larges marges dans lesquelles viennent s’insérer les notes. De petites vignettes photographiques, se rapportant aux films cités, viennent égayer la lecture. Pour faciliter la consultation, on trouve en fin de volume deux index : l’un répertoriant les 5 000 films ; l’autre de 3 000 personnalités apparaissant dans les différents développements. S’y ajoute une précieuse chronologie et une liste de 100 films emblématiques accompagnés de leur pitch.
Cet ouvrage me paraît indispensable à tous ceux qui s’intéressent à l’homosexualité et au cinéma, donc à tous les visiteurs de ce blog. Ce gros et élégant volume de 750 pages est une mine de renseignements où vous ne cesserez pas de puiser.
Dino Valls
A l’occasion du Salon du dessin contemporain je vous ai parlé d’un grand peintre dérangeant d’ Aujourd’hui, Jean Rustin dont le blog de Jean-Yves parle très bien. Voici dans ce post un nouvel artiste aussi malaisant, Dino Valls, cette fois non du coté de la France et de l’expressionisme comme Rustin, mais de l’Espagne et de sa peinture mystique du XVII ème siècle.
Dino Valls est un peintre espagnol né en 1959 à Saragosse. Actuellement il vit et travaille à Madrid. il est aujourd'hui l'un des représentants espagnols de l'avant-garde de l'art figuratif.
Dino Valls est un artiste autodidacte, avant de se lancer dans une carrière artistique, il a préalablement obtenu son diplôme de médecin et de chirurgien.
Il a commencé à peindre en 1975 au cours de ses études de médecine à l'Université de Saragosse à l’époque il participe à de nombreuses exposition de groupe en Espagne et en France, où il reçoit plusieurs prix.
Sa première exposition personnelle a lieu à Saragosse en 1981. L'année suivante, il a reçu le San Jorge récompense pour la première place dans la peinture espagnole. Après avoir reçu son diplôme en médecine et de chirurgie en 1982, il décide de se consacrer exclusivement à la peinture. lIl déclare que sa peinture s’inscrira dans une perspective humaniste influencée par son l'étude de l'homme. Cette d'attitude n'est pas sans rappeler celle de nombreux peintres de la Renaissance.
Il semble avoir garder de ses études médicale un penchant pour la dissection et une fascination pour les cire anatomiques. Ses toiles sont peuplées de personnages des deux sexes d’age divers, mais tous semblent sous l’emprise d’une taraudante souffrance intérieure qui rappelle celle que l’on peut lire dans les portraits des grands mystique dans la peinture espagnole de la renaissance.
Sa peinture s'élaborer et se développer selon les méthodes et techniques des maîtres du passé.
L’art de Valls est centré sur la psyché humaine. Sa technique figurative est au service d’un concept qui prend en charge les plus obscurs des pulsations qui habitent l’esprit humain par le biais de processus symboliques et intellectuelle.
Sa passion pour la peinture ancienne lui fait faire de nombreux voyages pour aller étudier sérieusement les techniques des maîtres anciens dans les grands musées européens.
Entre-temps, il a continué à participer à de nombreuses expositions de groupe.
En 1991, Valls étudie l'art de la tempera à l'œufs et la technique des maîtres italien et flamands des 16e et 17e siècles; cette technique reste sa favorite aujourd’hui.
En 1993, Valls a commence à participer à diverses foires d'art aux États-Unis à Miami, New York et aussi en Amérique du Sud en Australie et en Europe.