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Dans les diagonales du temps
31 mai 2021

Un Año sin amor un film d'Anahi Berneri

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Argentine, 2005, 95mn

 

Réalisation : Anahi Berneri. Scénario : Anahi Berneri et Pablo Perez, d’après l’oeuvre de Pablo Perez. Compositeurs : Leo Garcia et Martin Bauer.

 

Avec Juan Minujín, Mimí Ardú, Carlos Echevarría, Bárbara Lombardo, Javier Van Der Couter, Osmar Nunez, Ricardo Merkin, Carlos Portaluppi, Monica Cabrera et Carlos Echevarria.

 

 

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Résumé :


En 1996, à Buenos Aires, Pablo est un jeune poète qui vient d’apprendre sa séropositivité. Aucun éditeur n'a encore accepté de le publier. Pour subvenir à ses besoins, il donne quelques cours particuliers et surtout, il doit demander le soutien de sa famille. Il est hébergé chez sa tante qui souffre de troubles psychiques et son père lui verse une pension. La trithérapie venant de faire son apparition, il refuse tout d’abord l’absorption massive de médicaments, puis s’y résout progressivement. En quête d'amour, il se met à fréquenter un cercle « d'amateurs de cuir », adeptes du sado-masochisme. La sexualité devient bientôt un moyen d'affirmer son individualité. Un an plus tard, Pablo a écrit des pages et des pages sur ses aventures sexuelles et sur le traitement qu'il suit pour combattre sa séropositivité. Cette fois, le texte est édité ce qui bouleverse sa famille qui décide de lui couper les vivres.

 

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L’avis du critique


Une année sans amour est surtout pour le spectateur 100 minutes avec ennui malgré un sujet neuf : comment un malade du sida en 1996 à l’apparition des trithérapies ne sachant rien de leur efficacité appréhendait le traitement, ceci par le biais de l’autofiction et d’un journal écrit. Mais la maladie semble n’être qu’un accélérateur car Pablo devait un jour ou l’autre en venir à s’interroger sur ce qui le pousse à vivre et à (se) révéler son désir de cuir et de douleur. Le scénario, basé sur des faits réels, est l’adaptation du livre éponyme de Pablo Perez qui a participé à son écriture. La plupart des œuvres de cet écrivain relève de l’autofiction. Le livre de Pablo dans la réalité connaîtra un grand succès de librairie, ce qui en fera une sorte d’Hervé Guibert argentin ce que ne dit pas le film, celui-ci s’arrêtant aux premiers jours de la parution de l’ouvrage. Mais pour que le spectateur s’intéresse à une autofiction, faut-il encore qu’il entre un minimum en empathie avec son narrateur et cela me parait impossible avec l’anti-héros d’Un an sans amour tant le personnage est égoïste, autocentriste, égotiste et doté d’un cœur sec. Cette distance est encore aggravée par la réalisation. 

 

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Le film, tourné en 16mm gonflé en 35, est d’une laideur constante avec ses plans à la profondeur de champ infinie qui viennent buter sur des décors crapoteux et ses images charbonneuses. La médiocrité du filmage est encore accentuée par le parti pris de la réalisatrice de choisir systématiquement ce qu’il y a de plus laid. Le Buenos Aires de Berneri est encore plus moche que le Rome désolé de Duteurte, c’est peu dire. Malgré les déclarations de la cinéaste : « Mapplethorpe a été une grande influence pour moi. Il y a peu de représentations crédibles du fétichisme en dehors de films spécialisés, ou de quelques films récents comme Irréversible de Gaspar Noé ou Romance de Catherine Breillat. Mapplethorpe aborde la sexualité avec une rigueur et une frontalité qui rendent à ses sujets toute leur noblesse. Il ne pose aucun jugement, c’est cela que je recherchais. » Nous sommes loin du modèle revendiqué car jamais elle ne parvient à dépasser les images convenues du sado-masochisme.


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Le film n’est presque composé que de gros plans et de plans moyens filmés caméra à l’épaule, et si nous sommes toujours au plus près de Pablo, les autres personnages ne parviennent pas à exister et pourtant ils sont tous interprétés avec talent. Mais surtout le film bénéficie d’une extraordinaire performance d’acteur avec Juan Minujin qui a véritablement investi la personnalité de Pablo. Juan Minujin fait partie d’une troupe de théâtre de Buenos Aires qui travaille sur le thème de l’érotisme. Sa performance est criante de vérité et l’on est persuadé que l’on assiste à un documentaire et non à une vie recréée à l’instar du très beau Les petit-fils d’Ilan Duran-Cohen qui sait, lui, nous toucher parce que ses protagonistes sont beaucoup plus dignes d’amour que celui d’Une année sans amour.

 

 

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D’autre part, ni la sincérité ni le sérieux de la réalisatrice ne peuvent être mis en doute. Un Año sin amor est documenté par de nombreux fragments, pages de journal intime, écrans d’ordinateur, couvertures de magazines, pictogrammes, dossier d’aide sociale ou fiche de patient... Suffisamment. Ils ancrent le film dans le réel tout en l’éloignant du strict documentaire. Dans le film, l’amant disparu de Pablo se prénomme Hervé, rencontré lors du séjour du jeune homme à Paris. Évocation d’Hervé Guibert, mort du sida, dont l’autofiction était la marque littéraire. Pablo, qui a pu vivre, continue de lire Neruda.

 

 

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Un Año sin amor n'en est pas moins un film sur la liberté, la liberté d'aimer malgré la maladie. Un film sur la recherche de l'amour, la perte de l'amour, la peur de mourir ; tout cela nous concerne mais l’art consiste entre autres à amener vers l’esprit ces grandes interrogations par l’intermédiaire du cœur et la cinéaste n’y parvient pas, faute d’avoir pris un passeur si peu aimable.

 

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Pour son premier film, Berneri a mis la barre trop haute mais elle a eu le grand mérite de l’ambition et du courage.
Anahi Berneri est née en 1975 à Martinez, province de Buenos Aires. Elle est diplômée de Institute Audiovisual Production School (ORT) et de l'Institut National de l'Audiovisuel à Paris. En 1997, elle écrit et réalise le court-métrage documentaire Modelo para amar qui reçoit une récompense. Depuis cette date, elle a exercé dans l'industrie cinématographique des métiers aussi variés que directrice de casting, assistante réalisatrice, directrice de production et assistante monteuse. Elle a notamment travaillé avec Daniel Burman, Martín Rejtman, Marco Bechis, Mercedes García Guevara et Santiago García. En 2002, elle réalise le show télévisuel Maximo, produit par Wap Media pour TV Pramer. Elle est chargée de cours à l'Université de Buenos Aires et enseigne le design du Son et de l'Image. 

 

 

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Un Año sin amor est sorti en France le 19 avril 2006, C’est son premier long-métrage. Le DVD, édité par Épicentre.

 

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